Il y a plus de sept milliards d’humains qui se posent de plus en plus de questions quant à leur réalité d’humain. La machine créée par une technologie débordante n’est pas là pour servir l’homme. Elle a remplacé l’homme alors que la technologie et la robotique auraient pu l’aider considérablement, mais sans l’asservir.
Comment la technologie aurait-elle pu être une aide considérable pour l’homme ? Déjà en limitant son travail ! Au lieu de travailler comme vous le faites des heures et des heures, des années et des années, la technologie aurait pu vous libérer de beaucoup de contraintes professionnelles et, à ce moment-là, vous auriez tous eu du temps pour vous épanouir spirituellement, pour être des créateurs de beauté et pour vivre dans la fraternité…
Au contraire, la technologie actuelle divise les hommes car ils n’ont pas envie de perdre leur travail ; les hommes sont forcés de « gagner leur vie » ; c’est une expression terrible ! La vie ne se gagne pas, la vie se vit, tout simplement !
Beaucoup de jeunes enfants et d’adultes sont complètement addictes à la technologie, à leur téléphone, à leur tablette, au point de perdre le goût d’échanger avec leurs frères humains, si ce n’est à travers une petite machine, inhumaine bien sûr.
Vous disposez de certaines choses qui pourraient être extraordinaires comme Internet et les réseaux sociaux.
Tout cela, croyez-le bien, n’a pas pour but de vous faciliter la vie ou d’aider à l’éveil de l’humanité, mais sert à ceux qui ont investi votre planète afin de pouvoir dominer l’humanité ; c’est leur objectif. Ils travaillent pour l’ombre ! La seule chose qu’ils ne comprennent encore pas tout à fait, c’est que nous sommes là et que nous veillons à ce que cela soit encore un peu supportable pour l’homme et que, petit à petit, avec ses prises de conscience, il ne soit plus esclave d’une technologie, quelle qu’elle soit.
Bien évidemment sur Internet vous pouvez trouver le pire et le meilleur ; il faut que vous ayez suffisamment de discernement.
Nous aimerions vous dire : méfiez-vous des réseaux sociaux ! À travers les réseaux sociaux, ceux qui dominent le monde vous connaissent parfaitement. Ils vous connaissent et connaissent vos besoins, ils savent comment vous fonctionnez et ils ont beaucoup plus de pouvoir sur les humains.
Nous arrivons maintenant au côté terrible de vos réseaux sociaux : les humains préfèrent communiquer au travers des réseaux sociaux plutôt que de se réunir entre amis pour échanger dans la joie et la sérénité ! Ils préfèrent cet outil impersonnel. Ils sont heureux d’avoir beaucoup « d’amis » sur les réseaux sociaux, même s’ils ne les connaissent pas… C’est ce qui est terrible ! Il vaut mieux avoir peu d’amis, les connaître, les aimer et avoir du plaisir à être avec eux.
Le problème des réseaux sociaux, c’est que vous aurez beaucoup de difficultés pour retirer tout ce que vous y avez mis. C’est bien entendu fait exprès ! Ceux qui tirent les ficelles, les marionnettistes, peuvent vous connaître à travers ce moyen.
Le côté positif est que les humains peuvent aussi communiquer entre eux pour se libérer des manipulations, des fausses lois, de l’oppression, etc. Cela amène le peuple à se soulever et à dire non, parce qu’il se sent soutenu. Le côté positif est aussi la fraternité qui peut se manifester grâce à Internet et aux réseaux sociaux.
Vous avez pu le voir avec les Gilets Jaunes, et vous pourrez le voir dans le monde entier par les manifestations qui augmenteront, car le monde entier sera secoué très fortement par les énergies qui l’inondent de plus en plus.
Un autre aspect d’Iinternet est lui aussi très positif puisqu’il permet de diffuser notre enseignement ; nous ne disons pas que notre enseignement est le meilleur, car il peut correspondre à certaines personnes et pas à d’autres.
Certains humains peuvent être en quelque sorte emprisonnées par de fausses religions, par certaines croyances. Elles peuvent aussi trouver sur Internet des messages, religieux ou non, qui leur conviennent.
Notre canal et son équipe ont aussi accès à Internet et ont pu y diffuser notre enseignement. Soyez certains qu’il participe grandement à l’ouverture des consciences et aux voiles qui se soulèvent de plus en plus.
D’autres canaux et d’autres êtres peuvent aussi y insérer des messages pour éveiller l’humanité.
Vous pouvez alors constater la présence des deux énergies aussi bien dans votre vie que sur Internet ou sur tous les outils dont disposent les humains.
Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes :
Expliquer la finance est un exercice fastidieux qui demande d’abord de la comprendre. Denis Robert, par son approche très personnelle, en inventant un journalisme littéraire, nous permet d’appréhender la mécanique interne du monstre BlackRock en remontant à sa genèse et en brossant le portrait de son boss : le mystérieux et très puissant Larry Fink.
Si on me demande aujourd’hui qui de Donald Trump, XiJingPing, Vladimir Poutine, Mark Zukerberg ou Larry Fink, est l’homme le plus puissant du monde ? Sans aucune hésitation je pointe Larry. Larry a plus d’influence sur nos vies que nos parents. Savez-vous que BlackRock possède 6,3% de Total, 6,5% de Sanofi, 6,4% de Publicis, 5,9% de Danone… en gros 5% du Cac40 ? Que BlackRock conseille la BCE, Airbus, Exxon, JP Morgan, Apple, la Grèce, l’État allemand ou la Commission Européenne ? Savez-vous que ses représentants votent aux assemblées générales de 17000 sociétés dans le monde ? Qu’elle brasse 31000 milliards de fonds par an, qu’elle a sauvé l’économie américaine après la crise du Covid ? Qu’elle possède une intelligence artificielle appelée Aladdin, née de la paranoïa maladive de Larry Fink sur la gestion du risque ? Mais pour survivre, BlackRock a besoin d’argent et de nouveaux espaces. On a ainsi retrouvé Larry à plusieurs reprises depuis deux ans chez Emmanuel Macron pour pousser – entre autres – au vote de la réforme des retraites par capitalisation.
Larry Fink a accès à la matrice du capitalisme. Il peut lire tous les bilans de pratiquement toutes les sociétés du monde. Il sait ce qui se joue entre concurrents. Il peut ainsi privilégier l’un ou l’autre dans le plus grand secret. Il est le dieu vivant du capitalisme. Rien que ça ? Non, pire encore. Attachez vos ceintures…
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Si vous avez aimé Homo Deus vous goûterez à la réussite financière du plus grand fonds de pension américain BlackRock très investi en France notamment auprès du Président de la République et du gouvernement pour la réforme des retraites mais aussi dans le CAC 40.
La puissance de BlackRock réside dans son système d’intelligence artificielle Aladdin gestionnaire des risques et qui lui permet de conseiller les plus grandes sociétés de Wall Street comme du Cac 40. BlackRock est un avant-goût du monde des algorithmes appliqué à la finance.
La société emploie 14 500 personnes et possède 70 bureaux à travers 30 pays pour une clientèle répartie dans plus de 100 pays.
Lors de la crise bancaire et financière de 2008, la société maintient sa santé financière ; alors que la faillite touche plusieurs sociétés d’investissement, BlackRock profite de la crise financière et acquiert son pouvoir actuel. « Avec la chute de Lehman Brothers, Wall Street est en pleine perdition : plus personne ne sait ce que recèlent les milliers de portefeuilles financiers, ce qui se cache derrière les dérivés, ce qui est toxique ou non, dangereux ou non. BlackRock comprend vite tout le parti qu’il peut tirer de cette situation. Depuis sa création, la firme a développé en interne son propre outil de gestion des risques, Aladdin, (I.A. au service de la gestion de risque) “capable d’analyser les risques d’investissement dans n’importe quelle action, de mettre en évidence où il faut vendre des obligations pour en tirer le meilleur prix, de suivre toutes les transactions, de combiner toutes les données pour trouver les informations essentielles pour les investisseurs” », explique le Financial Times.
En 25 ans, BlackRock est devenu le plus gros investisseur au monde. Est-ce un problème de dominance ? s’inquiétait The Economist fin 2013.
Alors que l’image sociale et environnementale de l’entreprise était écornée et qu’émergeait en Chine la pandémie de Covid-19, la valeur des actifs de BlackRock a chuté, passant de 7.430 milliards fin décembre à 6.470 milliards de dollars mi mai 2020, mais l’entreprise compte rebondir, en se verdissant, pour répondre à la volonté d’un grand nombre de ses clients d’oeuvrer à un monde plus résilient pour l’après-pandémie ; une étude publiée mi-mai indique que sur les trois premiers mois de 2020, les « fonds ouverts durables » (fonds et ETF) ont collecté pas moins de 40,5 milliards de dollars (+ 41% par rapport à 2019, pour un cinquième sur le marché américain qui a récolté la somme record de 7,3 milliards de dollars de la part des investisseurs) et une autre étude (Morningstar) concluait aussi que de depuis janvier à mai 2020, 51 de ses 57 indices durables avaient mieux performé que leurs équivalents traditionnels ; idem pour MSCI dont 15 de ses 17 indices durables ont dans le même temps également « surperformé »
BlackRock a des activités très diversifiées. Les caisses de pension et autres institutions représentent 66 % de ses affaires,
Il est, en 2020, l’un des principaux actionnaires du CAC 40, derrière les familles Arnault, Bettencourt et l’État Français.
BlackRock a dépensé en 2018 près d’1 million et demi d’euros en lobbying auprès du Parlement européen et organise des dizaines de rendez-vous avec les responsables de la Commission.
Cette société s’appuie sur une intelligence artificielle qu’elle a créée elle-même, Aladdin. Celle-ci évalue les risques et aide BlackRock à investir ou à s’abstenir de le faire. Par voie de conséquence, Aladdin gère 18 000 milliards de $ chaque jour.
Denis Robert à Sud Radio le 26 novembre 2020 avec André Bercoff
Il y a bien dans la pensée occidentale une opposition frontale et fondamentale entre une vision de l’homme conscient de la mesure, partisan de la modération et de la sobriété et l’homme atteint par l’hybris, la démesure, qui veut rivaliser avec les dieux dans la pensée grecque.
Il y a aussi dans la religion chrétienne une opposition frontale entre la voie suivie par le Christ et celle que lui propose le diable. La « tentation du Christ » relatée à la fois dans les évangiles de Marc, Matthieu et Luc relate l’épisode du jeûne de quarante jours dans le désert épisode au cours duquel le diable offre à Jésus le pouvoir sur tous les royaumes du monde s’il se prosterne devant lui.
Après avoir massivement porté un préjudice global à la planète et au vivant sur terre l’homme veut s’orienter vers la conquête et l’exploitation de l’espace. Il poursuit son orientation prométhéenne qui veut ravir le feu sacré de l’Olympe et qui dans la mythologie grecque est sévèrement sanctionnée par les dieux. Cette volonté de conquête s’accompagne parallèlement de sa transformation à la fois pour augmenter sa puissance et résister à l’intelligence artificielle.
Une partie du courant écologique s’oppose frontalement aux orientations et dérives du monde techno-scientifique mais ce dernier mondialement tout puissant vise à sortir de notre planète limitée pour conquérir l’espace y voyant des sources de profits importantes, le moyen de contourner la limitation des ressources terrestres en métaux rares et retrouver une indépendance face à la Chine qui domine le monde des métaux et terres rares. Nous sommes encore dans une phase de rêve scientifique et technologique de surpuissance qu’il convient de faire partager par le plus grand nombre et par les investisseurs et qui va orienter la rivalité entre les grands états.
Elon Musk industriel milliardaire est dans ce domaine et pour l’instant la figure emblématique de cette orientation.
Au passage, dans une conférence le 16/7/19 il présente son projet Neuralink dans lequel il veut relier smartphone et cerveau via cable USB et implant discret dans le cerveau. Musk poursuit aussi comme Google son projet transhumaniste en vue de maintenir les capacités humaines à la hauteur de celles de l’intelligence artificielle.
Outre son projet Starlink de lancement de milliers de satellites pour améliorer la connexion globale d’internet sur la terre Elon Musk poursuit le projet de la conquête de Mars et il veut débuter ses premiers vols habités dès 2024.
Son concurrent direct est Jeff Bezos président d’Amazon et homme le plus riche du monde. Le 9/5/19 celui-ci a présenté son projet Blue Moond’alunisseur. Il veut lui aussi coloniser l’espace en vue de développer le tourisme spatial et de faire de la lune un relais pour une exploitation plus lointaine. Il ne néglige pas une coopération avec la NASA qui envisage dès 2024 son retour sur la lune.
Dans ce domaine, il faut signaler le lancement le 22 juillet 2022 de la fusée indienne qui doit propulser un atterrisseur et un robot sur le pôle sud de la lune. L’alunissage prévu aux alentours du 6/9/22 a échoué.
Par ailleurs, les USA dès 2015 puis le Luxembourg en 2017 ont adopté des lois qui autorisent les sociétés installées sur leur territoire à exploiter et utiliser les ressources de l’espace.
Deep Space Industries – société américaine créée en 2013- a notamment pour objet l’exploitation des astéroïdes
Planetary Resources -société américaine a aussi pour objet l’exploitation des astéroïdes. Créée en 2010 par Larry page dirigeant de Google et James Cameron mais ayant aussi parmi ses actionnaires le Luxembourg.
A l’opposé des défenseurs du vivant sur notre planète, plusieurs entrepreneurs milliardaires et d’autres qui rêvent de le devenir, construisent des projets gigantesques de conquête et exploitation de l’espace dans les buts mêlés de profits envisagés, d’échappatoire à une planète limitée et aussi de lutte entre les plus grandes puissances pour accéder à des ressources nouvelles.
Demain, dans dix ans, dans cent ans, si des historiens trouvent encore quelque intérêt à notre époque, ils pourront se souvenir qu’au début du XXIe siècle, alors que des laborantins frénétiques appelaient à l’avènement de l’homme augmenté, que les flèches des cathédrales flambaient dans le grand méchoui de la fiesta postmoderne et que les kangourous prenaient feu en plein bush, un livre connut une belle faveur dans les librairies du monde occidental: il s’intitulait La Vie secrète des arbres. Plus qu’un succès, ce fut un phénomène. L’Allemagne nous avait habitués aux philosophes du fond des forêts. L’un d’eux, il y a plus d’un demi-siècle, avait composé dans une clairière de la Forêt-Noire la plus féroce critique contre l’arraisonnement du monde par la technique.
Cette fois l’auteur ne s’appelait pas Martin Heidegger, c’était un forestier du massif de l’Eifel, du nom de Peter Wohlleben. Il révélait dans son ouvrage, en les ordonnant très pédagogiquement, des choses douces à entendre.
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Ces secrets là, les forestiers ne les ignoraient pas, ni les amoureux des arbres. Les poètes les savaient depuis Virgile. L’artiste est toujours en avance sur les scientifiques, la sensibilité étant un outil plus performant que la raison. Victor Hugo avait fait de la puissance magique de la forêt l’un des thèmes obsessionnels des Contemplations. Nul arbre n’indifférait le poète en exil et il percevait en entrant dans un bois le murmure des arbres à son approche : «C’est lui, c’est le rêveur.» Tous les hommes des campagnes de l’avant-guerre nourrissaient ces antiques intuitions.
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Hypertrophie, accélération, indifférenciation: cette nouvelle organisation des sociétés humaines propose l’exact contraire de l’enseignement des arbres. Car enfin, qu’est-ce que l’arbre? Une force lente, immobile, sûre d’elle, dont le projet est contenu en puissance dans son propre commencement. En d’autres termes, le chêne est dans le gland. Rien ne fera dévier le grain de son désir de devenir un fruit. L’arbre croît lentement, s’étire vers le soleil, caresse le vent, boit la lumière puis meurt sur lui-même, se brise ou se couche en levant son chablis, se met à pourrir, se recycle. Et la forêt alors se pousse à nouveau dessus. Les arbres se côtoient sans jamais se toucher.
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En ces temps de désordre, notre besoin de stabilité est impossible à rassasier. Dans le déséquilibre général subsistent des arbres. Dieux! qu’ils sont beaux. On dirait qu’ils nous signalent nos erreurs. Le vent les agite, ils semblent murmurer des choses. Le feuillage dans le vent est l’inquiétude de l’arbre. Que murmurent-ils? «Nous sommes puissants, nous sommes immobiles, nous triomphons dans la lumière, nous sommes enracinés et pourtant nous ouvrons nos bras dans le ciel. Nous sommes de la Terre et du ciel, de l’ombre et du vent, de la racine et de la lumière. Notre écorce est la chair du temps qui passe. Vous, les hommes, vous vous agitez à la surface. Vous devriez parfois nous regarder mieux et vous inspirer de notre présence.»
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Depuis la première révolution industrielle, l’homme gagne comme une ombre à la surface de son petit globe. Deux peuples se font face. Les hommes et les arbres. La ligne de front s’appelle l’orée. Le combat est asymétrique. Les premiers se déplacent, les seconds tiennent position. Les premiers ont une hache, les autres sont nus. Les premiers sont passés de 1,5 milliard en 1900 à près de 8 milliards aujourd’hui. Les seconds reculent.
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Le retour de la forêt entraîne une vertu ultime. Elle est suprême. La grande respiration des arbres exhale une couche d’humidité au-dessus des houppiers. Alors, la pluie revient. Ce phénomène très connu des savants nous paraît magique parce que c’est un mécanisme invisible. Seuls les peintres savent le figurer comme Corot qui peignit l’haleine des frondaisons dans son merveilleux Souvenir de Mortefontaine.
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La forêt est un monde, un univers en soi. En terme biologique, c’est une matrice. En terme mythologique, une déesse de la fécondité. En terme naturaliste, un écosystème. Les antiques croyances le formulaient autrement. Les prophètes, «au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs / Sous l’olivier, le myrte ou les saules tremblants» (Nerval au début de Delfica), avaient fait de l’arbre le siège de la vie, le sceptre de la connaissance, le symbole de la fertilité.
Après des études d’histoire (titulaire de l’agrégation), de latin et d’arabe à Paris, Lyon et Rome, Aurélien Girard a soutenu sa thèse de doctorat à l’École pratique des Hautes Études en 2011 (Le christianisme oriental (XVIIe-XVIIIe siècles). Essor de l’orientalisme catholique en Europe et construction des identités confessionnelles au Proche-Orient). Il est maître de conférences à l’Université de Reims Champagne-Ardenne depuis 2012 et actuellement codirecteur du département d’histoire. Ses travaux portent sur l’orientalisme en Europe à l’époque moderne, et sur les provinces arabes de l’Empire ottoman et l’histoire de la Méditerranée avant la colonisation. Il s’’intéresse aussi aux chrétiens orientaux depuis le XVIe siècle jusqu’à maintenant. Il a récemment publié (avec Sylvain Parent et Laura Pettinaroli) un Atlas des chrétiens : des premières communautés aux défis contemporains (Paris, Autrement, 2016, également traduit en italien en 2016).
Alors que se multiplient les exemples de policiers tués par des voyous, de maires et de parlementaires agressés, que pas une semaine ne passe sans que la rupture d’un couple ne finisse en fait-divers sanglant ; alors que l’extrême gauche autant que l’extrême droite systématisent la violence ; que des enfants tuent des enfants ; alors que la haine se déchaîne en ligne quand on n’est pas assez pro- ou anti-, ou quand on refuse de devenir militant des causes de la diversité ; alors, qu’on ne peut retrouver la tranquillité qu’en éteignant tous ses écrans, Emmanuel Macron a volontairement laissé fuiter d’un Conseil des ministres le concept par lequel il tente de décrire cette courbe, cette pente et cette chute : la « décivilisation » ; dit pleinement, la régression de la civilisation humaine, le retour à la barbarie.
Toute la gauche s’est ruée ces derniers jours sur le président, l’accusant de droitisation et rappelant que le concept de décivilisation ramène à Renaud Camus, ancien socialiste devenu penseur de la droite identitaire (ou de l’extrême-droite, selon.)
Bien avant lui pourtant, l’ethnologue Robert Jaulin avait utilisé le terme pour dénoncer l’uniformisation culturelle du monde et l’éloignement du sacré ; le sociologue allemand Norbert Elias tentait lui, d’expliquer avec ce même terme le processus ayant mené aux camps de la mort nazis. Il ressortait de sa vision que l’ascension des civilisations va toujours avec celle des normes sociales, de la capacité d’auto-restriction, du contrôle des passions. Ainsi naquirent la pudeur, la courtoisie, l’étiquette.
Lors de la montée du régime nazi, comme dans celle des différents régimes communistes, Elias rappelle qu’a eu lieu ce qu’il nomme « le grand relâchement de la conscience morale », qui s’est en premier traduit par la promotion sociale de la grossièreté et de la brutalité.
Cet abaissement des exigences morales et des normes sociales, considérées comme « bourgeoises » aussi dans le national-socialisme, s’est retrouvée dans la vague soixante-huitarde, sous la bannière du « courant d’émancipation » que l’on retrouve aujourd’hui dans tous les discours progressistes. Il s’agit à chaque fois de briser des carcans – c’est-à-dire des règles non acceptées – en laissant le champ libre aux pulsions, au détriment de la raison. Par cela se déconstruisent progressivement des civilisations parfois millénaires et revient la barbarie.
L’écrasement par les technologies
Le développement technologique des sociétés, lui aussi conceptualisé comme « émancipateur » dans la pensée progressiste, a été une des armes principales de cette destruction, ce qu’illustre l’annonce cette semaine des premières implantations des puces électroniques de la compagnie NeuraLink dans des cerveaux humains. Après la seconde guerre mondiale, la technologie a d’abord artificialisé les sols, poussé à sur-exploiter les ressources de la planète, massivement pollué. Elle a ensuite modifié les plantes par ingénierie génétique, s’est rendue indispensable au quotidien, a déployé toutes les techniques de la manipulation mentale pour créer des addictions aux produits superflus, aux écrans, ainsi que pour diminuer le sens critique et radicaliser les communautés. Deux exemples chinois l’illustrent : la création en 2018, par des généticiens à Canton, des premiers êtres humains génétiquement modifiés ; puis celle de TikTok, dont l’objectif non avoué est d’imbéciliser un peu plus les nouvelles générations pour les « déciviliser. »
Avec Neuralink, le milliardaire Elon Musk utilise comme tous les transhumanistes, le prétexte de guérison des malades – tétraplégiques par exemple – en guise de Cheval de Troie. Comme pour toutes les technologies, la promesse est celle du confort et de « l’émancipation » à venir : devenir plus résistant au stress, avoir une meilleure mémoire, télécharger des contenus d’Internet directement dans son cerveau. Comme pour toutes les précédentes technologies, le but réel est de poursuivre le grand relâchement de la conscience morale, d’affaiblir les capacités d’auto-contrôle que la démarche civilisationnelle avait développées chez chacun, de rendre le cerveau « hackable ». Le chemin suivi n’est rien moins que celui de la destruction de l’humanité, de la rupture complète du lien avec le monde vivant.
Semblable au pauvre Orphée, le nouvel Adam libéral est condamné à gravir le sentier escarpé du «Progrès» sans jamais pouvoir s’autoriser le moindre regard en arrière. Voudrait-il enfreindre ce tabou – «c’était mieux avant» – qu’il se venait automatiquement relégué au rang de beauf ; d’extrémiste, de réactionnaire, tant les valeurs des gens ordinaires sont condamnées à n’être plus que l’expression d’un impardonnable «populisme». C’est que gauche et droite ont rallié le mythe originel de la pensée capitaliste : cette anthropologie noire qui fait de l’homme un égoïste par nature. La première tient tout jugement moral pour une discrimination potentielle, la seconde pour l’expression d’une préférence strictement privée. Fort de cette impossible limite, le capitalisme prospère, faisant spectacle des critiques censées le remettre en cause. Comment s’est opérée cette double césuremorale et politique ? Comment la gauche a-t-elle abandonné l’ambition d’une société décente qui était celle des premiers socialistes ? En un mot, comment le loup libéral est-il entré dans la bergerie socialiste ? Voici quelques-unes des questions qu’explore, Jean-Claude Michéa dans cet essai scintillant, nourri d’histoire, d’anthropologie et de philosophie.
Philosophe socialiste d’inspiration orwellienne, Jean-Claude Michéa n’a pas attendu l’affaire du Sofitel de New York pour se démarquer de la « gauche DSK ». Sa philosophie politique des gens ordinaires est en effet bien éloignée des analyses du think-tank Terra Nova, dirigé par Olivier Ferrand, proche de l’ancien directeur du Fonds monétaire international. Ferrand suggérait récemment à tout futur candidat socialiste à la présidentielle de cibler électoralement les classes moyennes supérieures plutôt que les classes populaires, considérées comme irréductiblement réactionnaires – slogan possible : « Plutôt les bobos que les prolos »… Depuis Impasse Adam Smith (Climats, 2002), Michéa déconstruit la « religion du progrès » qui a égaré la gauche, acculée de courir après les prétendues avancées de la modernité. Car cette gauche « moderne » déteste regarder dans le rétroviseur ou éprouver le moindre pincement de cœur pour le monde d’hier, qu’elle juge forcément « réac’ ». Michéa se sent ainsi plus proche des partisans de la démondialisation que des apôtres de la globalisation, même amendée par l’inévitable discours sur la régulation, qui n’est, selon lui, qu’une façon d’aménager socialement le capitalisme financier. C’est en ce sens que la gauche « progressiste » est victime du Complexe d’Orphée. Cet Orphée qui rejoint au royaume des morts sa belle Eurydice, mordue par un serpent le jour de leurs noces, afin de la ramener dans le monde des vivants. Seule condition, lui intime Hadès : ne pas se retourner derrière lui. « Le tabou fondateur de toute pensée de gauche […] est bien cette interdiction religieuse de regarder en arrière ou, a fortiori, d’accorder le moindre intérêt à la recherche du temps perdu », écrit l’auteur.
Jeunisme, sans-frontiérisme, béatitude néotechnologique, ringardisation des vieux et de la culture populaire, rien n’illustrerait mieux cette gauche que les postures des Inrockuptibles, de Libération ou du Grand journal de Canal+ qui célèbre la transgression publicitaire et la subversion subventionnée, et ridiculise un peuple aux nappes à carreaux et aux cheveux gras, mis en scène par les Deschiens et autres humoristes au conformisme prétendument « décalé ». Pour que la gauche gagne et retrouve son tranchant, Michéa l’invite, au contraire, à s’intéresser aux « gens de peu », comme les peignait l’écrivain Pierre Sansot, c’est-à-dire à « la femme de ménage qui joue au loto tous les vendredis, à l’ouvrier qui lit L’Équipe ou la petite veuve qui promène son teckel ». Jean-Claude Michéa revisite cet « anarchisme tory », cette gauche à la fois radicale et conservatrice qu’il avait déjà décelée chez George Orwell – Orwell, anarchiste tory (Climats, 1995). Un socialisme qui accepte de regarder en arrière et qui ne considère pas les mœurs des gens ordinaires avec l’œil hautain de certains bourgeois des grands centres urbains. Une gauche proche d’Albert Camus et de Pier Paolo Pasolini, de John Ford et de Jacques Tati. Mais Jean-Claude Michéa n’a peut-être pas totalement perçu que la « bien-pensance » avait changé de camp. Et que ce n’est pas la « gauche sans papiers » mais « la droite décomplexée » qui est aux commandes, au sommet de l’État et dans les médias. Vous l’aurez en tout cas compris, aux primaires socialistes, Michéa optera pour un socialisme « primaire », celui des gens ordinaires.
Beaucoup se sont étonnés de la manière dont toute la gauche, de la plus molle à la prétendument plus radicale, s’est récemment et unanimement prononcée en faveur des choix du Planning familial, c’est-à-dire en faveur des idées de l’Église Trans. Il me semble que c’est se méprendre sur la nature (réelle) de la gauche. Comme le note Jean-Claude Michéa dans « Le Complexe d’Orphée » :
« Le basculement inévitable du libéralisme culturel dans le libéralisme économique possède, bien entendu, son pendant symétrique. Si la logique du capitalisme de consommation est de vendre n’importe quoi à n’importe qui (business is business), il lui est en effet indispensable d’éliminer un à un tous les obstacles culturels et moraux (tous les “tabous” — dans la novlangue libérale et médiatique) qui pourraient s’opposer à la marchandisation d’un bien ou d’un service (sous un capitalisme digne de ce nom, il doit être évidemment possible de louer à tout moment le ventre d’une “mère porteuse” ou de commander sur catalogue une épouse ukrainienne ou un enfant haïtien).
Le libéralisme économique intégral (officiellement défendu par la droite) porte donc en lui la révolution permanente des mœurs (officiellement défendue par la gauche), tout comme cette dernière exige, à son tour, la libération totale du marché. D’un point de vue topologique, on pourrait dire que le libéralisme est structuré comme un ruban de Möbius : il présente toujours deux faces apparemment “opposées”, mais qui, dans les faits, n’offrent aucune solution réelle de continuité. Tel est, en définitive, le véritable fondement de la division actuelle du travail entre la “droite” et la “gauche”, que seules les contraintes de la comédie électorale incitent encore à masquer sous les rhétoriques respectives des deux ailes du château libéral. »
C’était déjà des gens de gauche qui, dans les années 1970, se prononçaient plus ou moins ouvertement en faveur de la pédophilie. Et c’est aujourd’hui à gauche qu’on défend la prostitution comme un métier comme les autres, digne et même émancipateur. La gauche a toujours soutenu, au nom du progrès — aussi bien social que technologique —, tout et n’importe quoi.
Comme le souligne Michéa dans son livre, la gauche, c’est depuis longtemps déjà le parti de la transgression aveugle « de toutes les limites morales et culturelles léguées par les générations antérieures », en direction de « l’indifférenciation et de l’illimitation absolues ». « Aux yeux de l’intellectuel de gauche contemporain, il va nécessairement de soi que le respect du passé, la défense de particularismes culturels et le sens des limites ne sont que les trois têtes, également monstrueuses, de la même hydre réactionnaire. » C’est ainsi que la dévastation industrielle de la planète, en cours depuis déjà des décennies, et même des siècles, on la doit en (bonne) partie à la gauche — et aussi à la droite — et à son culte du développement technologique.
Beaucoup de gens continuent malgré tout d’associer la gauche à la lutte pour l’égalité, contre la hiérarchie et l’autoritarisme, pour l’émancipation, pour le « progrès social » — et la droite à la préservation des hiérarchies sociales, de l’autorité, de l’ordre établi. S’il y a du vrai là-dedans (surtout concernant la droite), il y a aussi beaucoup de faux. La fascination de la gauche pour le progrès technologique l’a toujours amenée (paradoxalement) à soutenir des horreurs, des choses hautement nuisibles pour le « progrès social », pour l’égalité, pour la démocratie. Il y a longtemps que la gauche n’est plus (réellement) une force en faveur de l’égalité, de la démocratie, de la justice, etc.
Certes, les visées transgressives de la gauche peuvent parfois produire des résultats qui se défendent :
« Il ne s’agit pas de nier que la révolution permanente des mœurs – que le capitalisme porte en lui comme la nuée l’orage – ne puisse induire, à la marge, certains effets d’émancipation tout à fait réels (le statut des femmes ou des homosexuels s’est, de toute évidence, objectivement amélioré au cours des dernières décennies). Le problème, c’est que le marché ne peut émanciper les êtres humains que selon ses propres lois (ce que Debord formulait, à sa manière, en écrivant que dans la société du spectacle “le vrai est un moment du faux”). Cela signifie que chacune de ces “libérations” particulières demeure structurellement soumise aux lois générales de l’aliénation capitaliste (“la femme qui ne se libère de la tyrannie de la tradition que pour se plier à celle de la mode” — écrivait par exemple Christopher Lasch — ou l’adolescent qui ne se révolte contre le pensionnat religieux que pour se soumettre aux diktats, bien plus sévères encore, de la “culture jeune”). » (Michéa, Le Complexe d’Orphée)
La gauche, c’est juste l’aile gauche du capitalisme technologique.
Ecologiste radical, antispéciste, végétarien, gandhien et chrétien, Frédéric Dufoing avait toutes les qualités requises pour écrire un livre sur l’écologie chrétienne ou la nécessaire « conversion écologique » des chrétiens pour reprendre les mots de Jean-Paul II, en intégrant honnêtement à la fois les critiques écologistes du christianisme d’un part, sans les caricaturer ni les balayer du revers de la main en les considérant d’office nulles et non avenues ou issues seulement de simples malentendus, et l’élaboration progressive d’une écologie chrétienne d’autre part, sans essentialiser le « judéochristianisme » comme foncièrement incompatible avec une écologie même radicale ou intégrale en raison de son « ADN » anthropocentrique (le fameux verset : « Croissez et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. » Genèse 1, 28).
D’ailleurs, si les critiques écologistes extérieures au christianisme de Paul Shepard, Max Oelschlaeger et Roderick Nash présentées dans l’ouvrage s’en prennent à la tradition biblique, c’est avant tout comme expression religieuse achevée de ce que l’on pourrait appeler la mentalité ou l’idéologie néolithique mettant en œuvre un processus d’exploitation de la nature et des êtres vivants comme non vivants qui la composent à travers leur réification et mise à disposition, dynamique entamée avec la néolithisation mais dont la modernité constitue l’acmé – et notre post- ou ultra-modernité la phase terminale – durerait-elle encore cent ou mille ans – ce qui est douteux.
D’autres critiques sont internes au christianisme, comme celle d’Ivan Illich, prêtre catholique en rupture de ban, ou de Lynn White Junior, médiéviste américain et chrétien, dont le fameux article « Les racines historiques de notre crise écologique » paru en 1967 dans la prestigieuse revue Science a ouvert un houleux débat qui a permis de salutaires avancées.
Parallèlement et en interaction avec des évolutions ecclésiales, doctrinales et institutionnelles, désormais bien documentées, c’est un véritable foisonnement de pensée qui a répondu au défi que l’écologie scientifique, l’écologisme militant, la crise écologique globale et le dérèglement climatique constituaient pour le christianisme et pour les Eglises et diverses confessions chrétiennes. Ainsi, sont apparues de véritables doctrines chrétiennes de l’écologie. Américaines avant tout, élaborant avec Calvin DeWitt, Fred Van Dyke ou Wendell Berry, la désormais classique interprétation de la Genèse dans le sens de l’intendance et donc de la responsabilité (l’homme répondant pour la Création mais répondant aussi de la Création) visant à remplacer l’interprétation trop étroite, brutale, unilatérale, partiale et partielle de la maîtrise et domination ouvrant la nature à l’exploitation illimitée.
Mais au-delà de cette interprétation encore très anthropocentrée de l’humanité intendante de Dieu, le prêtre catholique Thomas Berry méditera une véritable « écothéologie », une manière d’« écologie profonde » biblique, qui converge avec l’interprétation de la Genèse dans le sens de la « citoyenneté biotique » que proposera le philosophe et éthicien de l’environnementJohn Baird Callicott en s’inspirant du naturaliste et écrivain John Muir, un des pères fondateurs de l’écologisme nord-américain. On verra que l’impact de ces écothéologies, quel que soit leur degré d’orthodoxie ou d’hétérodoxie, sur l’évolution officielle des grandes et petites confessions chrétiennes ne saurait être négligé. Ainsi, passons en Amérique du Sud : le Brésilien Leonardo Boff, théologien de la libération et ex-fransciscain, semble être le premier à avoir forgé au tournant du millénaire le concept d’« écologie intégrale » devenu magistère de l’Eglise catholique depuis l’encyclique Laudato sidu pape François.
Mais s’il est vrai que sur le continent américain, foi et raison, et écologie et théologie, ne s’articulent pas de la même façon que sur l’européen – et notamment qu’en terre française… – les penseurs européens de l’écologie chrétienne ne sont pas oubliés, radicalisant notamment l’interprétation de l’intendance dans le sens de la décroissance (avec ou sans le nom) : qu’il s’agisse entre autres de Jacques Ellul, Lanza del Vasto, Jean Bastaire ou François de Ravignan.
C’est l’histoire de cette élaboration d’une pensée chrétienne de l’écologie que Frédéric Dufoing conte brièvement mais précisément dans cette manière d’introduction à l’écologisme chrétien, à mettre entre toutes les mains – vertes ou non.
Frédéric Dufoing, Vers un écologisme chrétien. De Lanza del Vasto au pape François, Médiaspaul, 2017, 150 p., 15€
Bérénice Levet est une philosophe, universitaire et essayiste française née en 1971. Elle soutient en 2006 une thèse de doctorat en philosophie intitulée « Hannah Arendt et la littérature » à la faculté de Caen Basse Normandie.
La philosophe Bérénice Levet dénonce avec force le « totalitarisme vert » des nouveaux écologistes et plaide pour une écologie des sens et de la gratitude. L’écologie a gagné la bataille des esprits, la chose est incontestable. Cependant, telle qu’elle s’incarne aujourd’hui chez Les Verts et certains socialistes, ou dans les mouvements associatifs et militants (animaliste, antispéciste, végan, zaddiste), elle est engagée dans une vaste, furieuse et funeste entreprise de déconstruction de nos sociétés. Plus occupée à changer les comportements et les mentalités, à convertir les âmes et à remodeler nos imaginaires et nos rêves qu’à préserver ce qui peut et doit l’être.
Désoccidentaliser nos civilisations, telle serait, pour nos belles âmes vertes, la voie du salut. D’où la porosité et les alliances avec le féminisme intersectionnel – cf intersectionnalité-, le décolonialisme- cf études décoloniales-, l’islam politique – cf islam politique–, le « wokisme » – cf woke –ou la « cancel culture » -cf cancel culture ou culture de l’effacement–… Nous voilà, une fois encore, entraînés dans l’ivresse de la table rase et de la régénération de l’humanité ! Bérénice Levet analyse et dénonce ce grand règlement de compte civilisationnel et, dans une approche autant politique que philosophique et littéraire, nourrie de Giono, Camus, Colette, Calvino, Hannah Arendt, Simone Weil ou Vaclav Havel, propose une autre écologie, une écologie des sens qui s’appuie sur les hommes, leurs expériences, leurs attachements, leurs fidélités, leur besoin de continuité et de stabilité – autant de dispositions conspuées par les écologistes officiels. Ce livre s’offre ainsi comme une profonde et précieuse réflexion sur l’humaine condition, mais aussi comme un hymne à l’Occident et, singulièrement, à la civilisation française.
Prologue : L’écologie politique et militante , une victoire à la Pyrrhus
« Misère ! Maintenant il dit : je sais les choses, Et va, les yeux fermés et les paupières closes. » Et comme en écho aux vers de Rimbaud, Simone Weil, dans l’Enracinement, peignait l’homme moderne en être instruit, savant, certes, mais d’un savoir abstrait, désincarné : » On croit couramment, observait-elle, qu’un petit paysan d’aujourd’hui, élève de l’école primaire, en sait plus que Pythagore par ce qu’il répète que la terre tourne autour du soleil. Mais en fait il ne regarde plus les étoiles. Et le soleil dont on lui parle en classe n’a plus aucun rapport avec celui qu’il voit dans le ciel. »
On aurait pu penser que ces maux de la modernité, diagnostiqués par le poète et la philosophe , le déracinement et l’abstraction qui lui sont afférents, l’avénement de l’écologie viendrait les panser, en offrirait un remède, une issue. Que l’importance prises par les questions liées au devenir de la Terre, au traitement réservé aux animaux, à la disparition des espèces nous serait l’occasion d’être rapatriés sur Terre, dans le monde sensible, chatoyant, compliqué et ambivalent des êtres et des choses. L’occasion de retrouver un lieu. De rouvrir les yeux et les oreilles.
…
Après des décennies d’abstraction technocratique, de déliaison et désaffiliation progressistes, nous pouvions escompter que le tourment écologique nous porterait à renouer avec la chair du réel et à substituer à l’esprit de géométrie de la rationalité calculante , l’esprit de finesse, ou ce qu’Hannah Arendt appelait avec l’Ancien Testament « un coeur intelligent » ; en finir avec les vues surplombantes et les généralités, avec les idées, les sensations, les jugements tout faits.
…
L’écologie est, avec le féminisme et l’antiracisme décolonial ou indigéniste, de ces grandes machines à fabriquer des dogmes, des slogans, des hashtags; ces hallalis numériques du XXI ième siècle, des imprécations propres à terroriser, une langue exsangue, sans couleur, sans saveur, sans parfum, un récit accusatoire, et une jeunesse flagornée sans son simplisme, ânonnant catéchisme vert et sentences comminatoires. Une jeunesse hygiéniste, appréhendant toute réalité au travers des dogmes écologistes, rendue incapable d’émerveillement devant les trésors de la civilisation.
Une jeunesse toute prête à siéger au tribunal de l’inquisition qu’institue l‘écologie politique et militante, et devant lequel comparaissent, pêle-mêle, le christianisme, Descartes, le capitalisme, le libéralisme, la révolution industrielle, et puis finalement l’homme, au sens générique d’humanité, mais très vite, nouvel et dernier inscrit sur la liste noire des coupables, l’homme au sens sexué du terme, le mâle, et singulièrement le mâle blanc.
Christophe Boutin docteur en science politique, professeur à l’Université de Caen
Frédéric Rouvillois docteur en droit et agrégé en droit public, essayiste, romancier, juriste
Olivier Dard professeur à la Sorbonne en histoire politique, maîtrise de droit public, IEP Paris, agrégé d’histoire, participe à la Fondation du Pont Neuf
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Après les dictionnaires des conservatismes et des populismes, la même équipe rassemblant 130 chercheurs internationaux décrypte le progressisme. Exhaustif et informatif. Une somme politique pour comprendre aujourd’hui. Qu’est-ce que le progressisme, souvent invoqué comme l’antithèse du conservatisme ou du populisme dans les débats actuels ? Que sait-on de la genèse du terme, ou de ce qu’implique de nos jours l’idéologie qu’il recouvre ?
À la fois courant philosophique, politique, religieux, artistique, manière de vivre et de concevoir le monde, le progressisme, bien plus qu’une simple amélioration permanente de notre quotidien, se veut, selon ses promoteurs, une véritable redéfinition de la condition humaine. Pour quels buts ? Se peut-il que, comme ce progrès dont il tire son nom, il ait aussi sa part d’ombre, dont la cancel cultureserait le dernier avatar ?
Telles sont les questions auxquelles tente de répondre une équipe de cent trente contributeurs, français et étrangers, pour la plupart universitaires (scientifiques, historiens, sociologues, économistes, juristes) mais aussi médecins praticiens, essayistes, écrivains ou journalistes. 260 notices, d’ Âge d’or à Zorglub, pour définir un terme capital dans les débats de notre temps, en France et dans le monde.
Une somme foisonnante pour comprendre notre époque.
Le progressisme apparaît fin du XVII ème début du XVIII ème siècle.
Il est lié au développement de la machine, au développement de la philosophie des Lumières, à la notion de perfectibilité de l’homme chère à Condorcet qui conduit aux progrès de l’humanité. Il est au coeur de la Révolution de 1789. Le nom apparaît pour la première fois dans les années 1830.
C’est une religion, une métaphysique qui s’appuie sur celle du scientisme, elle-même religion de la science et du marxisme qui croit au sens de l’histoire – (vision linéaire opposée par exemple à une vision cyclique dans la philosophie indienne)
Elle véhicule certaines idées et croyances : le futur est mieux que le présent et le passé est discrédité. La marche du progrès ne peut s’arrêter.
Mais les progressistes peuvent parfois changer d’avis par exemple sur l’état providence au coeur de leur démarche jusqu’à une remise en cause actuelle où cet état providence devient une idée du passé remise en cause par de nombreux progressistes.
Après la deuxième guerre mondiale, catholiques et communistes se réclamaient du camp du progrès. Aujourd’hui dans l’élection présidentielle, E. Macron, J.L. Mélenchon Ph. Poutou, Y. jadot, V. Pécresse, A. Hidalgo se présentent comme progressistes.
Le transhumanisme actuellement est au coeur de l’idée progressiste. L’homme augmenté – et non pas seulement réparé- est l’avenir de l’homme. Cet avenir est envisagé pour y parvenir comme une fusion homme-machine et dans cette projection déjà en gestation dans certains laboratoires, l’homme devient une marchandise et un produit à élaborer.
Face au progressisme s’élève le conservatisme. Cette doctrine n’est pas opposée à l’idée de progrès mais elle se caractérise par l’idée de limites qui n’existe pas dans le progressisme. Ces limites résultent de l’influence d’autres champs que celui des sciences, des techniques et de l’économie, par exemple le champ philosophique avec la notion d’éthique ou du champ religieux, ceux -ci posant alors des limites à la notion de progrès.
Il est assez chaotique ! Je crois que je dois vous faire une confidence : après la classe prépa, je n’ai jamais réussi à me passionner pour les études supérieures. Comme si je n’avais pas réussi à faire tout à fait le deuil de ces deux années extraordinaires. Tout le reste, par la suite, paraît fade en comparaison : on ne retrouve plus la même densité intellectuelle, cette impression de se coucher chaque soir deux fois plus cultivé que la veille. S’il n’y avait pas l’angoisse du concours, je crois que j’aurais aimé rester en khâgne toute ma vie ! Après deux ans de prépa littéraire, j’ai étudié à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, à Paris, en sciences sociales et en philosophie. Le plus dur était de choisir une discipline car on voudrait les choisir toutes. A l’ENS, il faut s’inscrire en parallèle en troisième année de licence, donc j’ai étudié en même temps en fac de sociologie, à Dauphine. Puis toujours en parallèle de mon cursus de normalien, j’ai fait un Master de politiques publiques à Sciences Po. Je voulais présenter le concours de l’ENA… Mais je n’en ai pas eu le temps : à la fin du Master, il fallait faire un stage et j’ai passé quelques mois à la rédaction du Figaro. Depuis, je n’ai plus voulu la quitter : j’ai eu la chance d’être recruté sitôt mon stage fini, et j’ai démissionné de l’ENS en renonçant à mon engagement décennal (les élèves normaliens doivent travailler dix ans dans la fonction publique).
L’Extinction de l’homme ! Rien que ça ? Dans son livre publié aux éditions Tallandier, Paul Sugy, journaliste au Figaro, n’y va pas de main morte avec l’antispécisme. Il entend mettre en garde sur « le projet fou des antispécistes » qui pourraient, si nous leur laissons le champ libre intellectuel, menacer nos convictions et nous faire renoncer à ce qu’il y a de plus précieux dans l’humanité.
Une vision qui peut paraître radicale mais qu’il étaye et justifie : il n’est pas indifférent à la souffrance animale mais selon lui, la considération du bien-être des animaux ne peut être supérieure à celle du bien-être de l’homme. La crise du covid a d’ailleurs montré que nous ne pouvons pas réduire l’homme à des besoins biologiques : la vie politique et culturelle par exemple, fait de nous des hommes, et n’est pas présente chez les animaux.
Retraçant la genèse intellectuelle et philosophique de ce courant de pensée, poursuivant sur ses prolongements politiques, ses accointances avec l’athéisme, l’utilitarisme, et plus tardivement avec les mouvements « déconstructeurs », il en souligne les paradoxes – par exemple le rapport à la technique – et en démonte certains sophismes : il est faux notamment de considérer qu’ajouter des droits aux animaux « ne nous en enlèverait pas ». Mettant en évidence à quel point cette cause est devenue l’étendard d’un progressisme de susbtitution, dans un essai plaisant, documenté et instructif, Paul Sugy a relevé « le défi de la vérité » : nous souhaitions organiser un débat, mais aucun des militants ou intellectuels sollicités n’a souhaité relever le gant, à notre grand regret.
On se croyait seuls depuis lundi soir, dans le silence de l’été, comme tant d’autres sans doute, « abasourdis », « sidérés » par la « brutalité » du coup de force sanitaire du Chef d’En Marche, champion de la classe technocratique. Des messages de désarroi nous parvenaient de gens « pris par surprise », contraints d’annuler des événements, des réunions, des voyages, des vacances, contraints de subir des injections sous peine d’exclusion sociale, fichés, dénoncés à la vindicte officielle – celles de l’État et des forces qui le soutiennent, CSP +++ et Bac +++, de droite et de gauche « en même temps », bourgeois technocrates du Figaro et technocrates bourgeois du Monde. En attendant quoi ? D’être harcelés à domicile par les brigades sanitaires ? On se croyait seuls en voyant ce million de récalcitrants céder à la contrainte, souvent la rage au cœur, et se précipiter sur les sites de vaccination, à peine terminé le discours du Médecin-Président, afin d’éviter les représailles.
Mais aujourd’hui nous ne sommes plus seuls. Partout dans le pays, à Annecy, Toulon, Perpignan, Grenoble, Chambéry, Paris, Toulouse, Montpellier, Lyon, Marseille, Rouen, Nantes, Caen, Bastia, Avignon, Saint-Etienne, Lille, Bordeaux, La Rochelle, Douarnenez, Avignon, des manifestations spontanées, sans partis ni syndicats, ont scandé « Liberté ! ». A Grenoble comme ailleurs, les 200 manifestants repoussés par les forces de l’ordre de la place où avait lieu le défilé militaire, ont ainsi célébré dignement le sens de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790.
En annonçant l’obligation du « pass sanitaire » aux plus de 12 ans pour visiter les lieux culturels, les cafés-restaurants, les hôpitaux, les centres commerciaux et pour se déplacer en train ou en car, Emmanuel Macron relègue la France dans le cercle des pays qui font des droits fondamentaux la rançon de leur incompétence butée : Israël, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le Pakistan sont les seuls à imposer un passeport sanitaire pour l’accès à certains lieux.
Le président français prévient déjà que « nous devrons sans doute nous poser la question de la vaccination obligatoire pour tous les Français », c’est-à-dire rejoindre le Tadjikistan, le Turkménistan et le Vatican. Ce n’est pas du Tintin, c’est notre futur proche.
Et ailleurs ? La cour constitutionnelle espagnole a retoqué l’obligation vaccinale en Galice, en raison de la « limitation des droits fondamentaux » que celle-ci impliquait. Angela Merkel a été catégorique : « Nous n’avons pas l’intention de suivre la voie que la France vient de proposer ». Le Conseil d’Europe a voté le 27 janvier 2021 une résolution – non contraignante juridiquement – préconisant de « s’assurer que les citoyens et citoyennes sont informés que la vaccination n’est PAS obligatoire et que personne ne subit de pressions politiques, sociales ou autres pour se faire vacciner, s’il ou elle ne souhaite pas le faire personnellement. » [référence]
Gouverner, c’est mentir. Macron, fin avril 2021 :
« Le pass sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis. » [référence]
La technocratie n’a pas plus de parole que de principes. La fin –l’efficacité et la puissance- justifie les moyens-la machination du monde et des hommes-.
La méthode (« une incitation maximale », selon Gabriel Attal, la voix de son maître) rappelle, entre mille précédents, la suppression des cabines téléphoniques plaçant les réfractaires au téléphone portable devant un fait accompli intenable. Nulle loi ne vous oblige à acheter un portable, naturellement. On ne vous oblige pas, mais vous êtes obligés.
Le mépris du peuple et de la démocratie est tel qu’entre mars 2020 et mars 2021, le Conseil d’État, saisi par des citoyens, des associations, des organisations professionnelles, a suspendu 51 mesures du gouvernement ou de collectivités locales. Interdiction de manifester, usage de drones par la police, de caméras thermiques dans les écoles, obligation de port du masque partout, interdiction de sorties des résidents d’Ehpad : si on les avait oubliées, ces décisions que le Conseil d’État a suspendues « pour préserver des libertés auxquelles il était porté une atteinte excessive » rappellent la pente sur laquelle la technocratie nous entraîne, dans sa volonté de tout contrôler, tout centraliser, tout asservir au primat de l’efficacité et de sa puissance.
Nul ne sait aujourd’hui comment le Conseil d’État jugera le projet de loi destiné à imposer la vaccination, sous le masque d’un « pass sanitaire » triant les bons et les mauvais citoyens. La Cnil elle-même, chambre d’enregistrement des atteintes aux libertés, s’émeut d’un risque « d’accoutumance » à ce tri. De fait, l’injonction à l’injection fonctionne. Entre les lamenti des représentants des cafés-restaurants et du monde de la culture, craignant pour leur chiffre d’affaires et les complications pratiques, plus d’un million de Français ont cédé en quelques heures. Les vacances, comme prévu, quitte à se plier à la contrainte. Qu’accepteront-ils la prochaine fois ?
Nous ne sommes pas contre la vaccination. Nous avons reçu notre lot d’injections depuis notre enfance et dans nos voyages. Et sans doute, la plupart des récalcitrants ne seraient pas opposés à la vaccination si l’industrie pharmaceutique et l’État qui la soutient n’avaient multiplié depuis des décennies ce qu’ils nomment des « scandales sanitaires », et qui sont en fait des crimes industriels (sang contaminé, Mediator, thalidomide, etc).
Nous sommes contre la contrainte, comme ce quadragénaire vacciné, qui refuse de présenter son « passeport » pour bénéficier d’un droit légitime. Ou comme cette patronne de bistrot, qui se fera vacciner « à contrecœur » mais pour qui « il est humainement impossible de refuser de servir un client, quel qu’il soit ». Que vaudra son humanité quand elle risquera 45 000 € d’amende et de la prison ferme ?
Les statisticiens et les organisateurs nous abreuvent de ratio « bénéfice/risque », quand nous, les humains, sentons que le recours à la vaccination relève d’un équilibre entre intimité et responsabilité, entre choix des modes de soin et solidarité collective, impliquant un rapport personnel à la maladie, à la mort et au vivant, et un regard critique sur la technoscience et l’industrie. Chacun doit y penser par lui-même et dans la confrontation des idées. La santé publique n’est pas le domaine réservé des biocrates ( cf biocrate.com)
Ainsi devrait-on discuter les causes des « maladies de civilisation » – de la civilisation industrielle – qui tuent infiniment plus que le coronavirus. Le Covid-19 a tué en France, à ce jour, 0,17 % de la population (111 000 personnes). Chaque année, le cancer tue 0,23 % des Français (plus de 150 000). L’État n’interdit ni les pesticides, ni les productions cancérigènes de l’industrie chimique et du nucléaire, ni les industries polluant l’air ; leurs industriels ne risquent ni la prison ni des amendes colossales. Il est plus facile de s’en prendre à des patrons de cafés ou de cinémas. La technocratie, dans sa folie de toute-puissance, détruit en même temps la nature et la liberté.
« Fuyez la manie ancienne des gouvernements de vouloir trop gouverner ; […] en un mot, rendez à la liberté individuelle tout ce qui n’appartient pas naturellement à l’autorité publique, et vous aurez laissé d’autant moins de prise à l’ambition et à l’arbitraire. » (Robespierre, le 10 mai 1793).
Quand la voix de la Terreur elle-même nous met en garde contre l’ambition et l’arbitraire, nous avons quelques raisons de l’entendre. Nous savons que cette « crise sanitaire » constitue un exercice pour la technocratie dirigeante : toutes les contraintes instituées ne disparaîtront pas, elles seront aggravées avec chaque nouvelle crise (climatique, écologique, sociale, etc.), de façon à lui fournir un confort de pilotage maximal.
Nous en appelons à tous pour maintenir nos engagements, nos réunions, notre vie civique, sociale, culturelle, de façon paisible et déterminée. Nous ne devons pas perdre ce que nos aïeux ont gagné en 1789.
Refusons le chantage et l’intimidation.
Renforçons notre immunité individuelle et collective,
luttons contre le virus de la contrainte.
Le philosophe Éric Sadin publie un nouvel ouvrage qui questionne l’intelligence artificielle, l’obsession de notre époque, et son application à tous les domaines économiques et sociaux, s’imposant comme énonciatrice de vérité. L’homme ne s’appuie plus alors sur la technique, la technique le guide…
L’obsession pour l’intelligence artificielle
Éric Sadin, le nom vous est familier, c’est l’auteur d’un ouvrage qui a fait grand bruit en 2016 : La Siliconisation du monde : l’irrésistible expansion du libéralisme numériqueégalement paru aux éditions L’Échappée.
Dans ce livre, Sadin expliquait que la Silicon Valley ne se présente pas seulement comme un modèle économique, mais aussi un modèle civilisationnel, fondé sur une organisation algorithmique de la société, entraînant le dessaisissement de notre pouvoir de décision.
Après s’être attaqué au mythe de la Silicon Valley, Sadin, dans son nouveau livre, a donc décidé de s’attaquer à un autre mythe de l’époque : l’intelligence artificielle.
D’ailleurs, l’auteur le rappelle dès l’introduction, l’intelligence artificielle est moins un mythe qu’une véritable obsession. Depuis le début des années 2010, elle représente même l’enjeu économique jugé le plus décisif dans lequel il convient d’investir urgemment.
Que l’on pense aux Etats-Unis qui élaborent des plans stratégiques d’envergure, portés par la NSA, l’Agence nationale de sécurité, le secrétariat à la Défense, mais aussi par quantité d’universités et d’instituts de recherche, à la Chine qui s’est imposée une feuille de route précise pour devenir leader mondial incontesté en matière d’intelligence artificielle d’ici 2030, à la Russie qui investit massivement dans l’IA, Vladimir Poutine considérant que « la nation qui deviendra leader de ce secteur sera celle qui dominera le monde » ou encore aux Émirats arabes unis qui sont allés jusqu’à créer un ministère de l’intelligence artificielle, la conclusion est sans appel : l’intelligence artificielle est la grande ivresse de l’époque. Elle ne touche d’ailleurs pas seulement les États, mais aussi les GAFAM et toutes les entreprises du monde qui espèrent tirer leur épingle du jeu.
Le changement de statut des technologies numériques
Il est vrai, après tout, que l’intelligence artificielle semble ouvrir des perspectives inédites.
Ses systèmes auto-apprenants, ce que l’on appelle le machine learning, permettent en effet de produire des informations et des analyses à une vitesse qui dépasse de loin nos propres capacités cognitives.
Seulement, pour Éric Sadin, l’application de l’intelligence artificielle à tous les domaines économiques et sociaux relève d’un véritable changement de statut des technologies numériques. Les technologies numériques ne sont plus seulement destinées à nous permettre de manipuler de l’information à diverses fins, mais, je cite l’auteur « à nous divulguer la réalité des phénomènes au-delà des apparences. » Autrement dit, l’intelligence artificielle n’a pas vocation à accompagner l’action humaine, elle s’impose comme énonciatrice de vérité.
Le renversement n’est pas des moindres. Ça n’est plus l’homme qui s’appuie sur la technique, c’est la technique qui guide l’homme. Ce renversement, Sadin l’appelle le « tournant injonctif de la technique », phénomène unique dans l’histoire de l’humanité qui voit des techniques enjoindre les humains d’agir de telle ou telle manière.
Les exemples d’ailleurs ne manquent pas. L’injonction peut être incitative, comme dans une application de coaching sportif, qui suggère tel ou tel exercice ou complément alimentaire. Elle peut être aussi prescriptive dans le domaine médical avec la mise en place du diagnostic automatisé, dans le domaine bancaire avec la mise en place d’un examen automatisé pour l’octroi d’emprunts ou encore dans le secteur du recrutement qui use de robots numériques pour sélectionner des candidats. Ici encore, on pourrait naïvement se réjouir de telles avancées, mais, selon Sadin, elles masquent une réalité terrifiante, celle de la marginalisation de l’évaluation humaine par rapport à l’expertise automatisée et partant de là, un effacement du politique au profit d’un assujettissement aux résultats produits par les machines.
Pour un sursaut civilisationnel
Faut-il alors chercher à mieux réguler l’intelligence artificielle ? Non, répond Éric Sadin, car la régulation est une vaste fable. Penser que le législateur peut nous prémunir de certaines dérives, c’est ignorer que nous vivons désormais sous le régime d’un ordolibéralisme entièrement voué à soutenir l’économie de la donnée, des plateformes et de l’intelligence artificielle au nom de la croissance. Ce qu’il faut, c’est un sursaut beaucoup plus profond contre ceux que Sadin appelle les « évangélistes de l’automatisation du monde », ces représentants d’un antihumanisme radical.
Plus nous sommes dessaisis de notre pouvoir d’agir et plus nous devons nous imposer d’être agissant. C’est l’appel qu’émet Éric Sadin dans la dernière partie de son ouvrage qui se présente sous forme de manifeste. Notre ambition ne doit pas être de nous doter d’une puissance sans limite sur les choses, mais plutôt de cultiver nos propres capacités humaines, au premier rang desquelles notre pouvoir créatif. L’auteur le martèle, il ne représente pas la caste des « inquiets » face à celle des « enthousiastes », il ne fait pas non plus preuve d’un catastrophisme exagéré.
L’enjeu est bien plus important, il est proprement civilisationnel.
extraits de l’interview d’Hélène Tordjmann à science critique (30 mars 2019):
Les « instruments de marché » sont vus comme des outils aptes à préserver la nature. Or, l’extension du domaine de la finance à la nature n’est pas neutre. Elle a et aura des effets directs et concrets, ainsi que d’autres plus indirects mais tout aussi nuisibles. Tout d’abord, plus il y aura de dispositifs de valorisation de la nature, plus le mouvement d’accaparement des terres s’accélèrera. Ensuite, seuls seront protégés les fonctions, écosystèmes et espèces qui sont directement utiles à Homo Sapiens. Enfin, une telle approche approfondit encore la réification de la nature et l’anthropocentrisme qui lui est consubstantiel. En bref, la financiarisation des « services écosystémiques » est une impasse.
Pour les besoins de ce grand inventaire, la nature a été mise en pièces, en petits bouts discrets, comparables et fongibles, tous les mêmes quelques soient les régions, les types d’écosystèmes et les cultures des êtres humains qui y habitent.
Notez aussi l’anthropocentrisme de l’exercice : la nature est envisagée sous l’angle des « services » qu’elle rend à l’espèce humaine, qui trône au-dessus.
La nature mise en pièces
Après la première étape de normalisation de la vie sur Terre vient la seconde, celle de l’évaluation monétaire, ou monétisation. Combien vaut un récif corallien ? Une forêt tropicale ? L’éléphant d’Afrique ? La pollinisation ?
Une étude américaine de 1996 aboutit aux valeurs suivantes : pour l’Américain moyen, un grizzli « vaut » 46 dollars par an, une chouette tachetée 70 dollars, le saumon du Pacifique 63 dollars par an, tandis que le saumon Atlantique n’en « vaut » que 8.[8] Il y a sans doute plus de pêcheurs dans l’Ouest américain.
On peut aussi évaluer un « service écosystémique » par ce qu’il en coûterait de l’effectuer techniquement, artificiellement, s’il avait disparu. S’il n’y a plus d’insectes pollinisateurs et qu’il faut polliniser toutes les cultures à la main, cela coûterait environ 150 milliards de dollars par an : la pollinisation « vaut » donc 150 milliards…
Les « valeurs » des écosystèmes risquent, de changer rapidement. C’est par exemple le cas pour la pleine mer. Les biotechnologues se sont récemment rendu compte qu’elle était très riche en micro-organismes pleins de promesses pour l’industrie, et les missions de bio-prospection se multiplient.
La vie sur Terre
transformée en marchandises
Normalisation, évaluation et valorisation sont ainsi les trois processus qui transforment progressivement les manifestations de la vie sur Terre en marchandises, dans l’espoir de ralentir l’érosion de la diversité biologique…
Les « instruments de marché » sont vus comme des outils aptes à servir des fins variées, en l’occurrence la préservation de la nature. Cette vision relève de l’idéologie technicienne, qui voit la technique comme neutre, « tout dépend de l’usage qu’on en fait »…
Or, le marché n’est pas un instrument, mais une institution. Et, comme toute institution, il codifie et contraint les relations des êtres humains entre eux et celles qu’ils entretiennent avec la nature. L’anthropologue Louis Dumont écrivait que le marché remplace les relations entre les hommes par des relations entre des choses…
De plus, les processus biologiques et écologiques qui sont découpés en petits bouts indépendants ne le sont absolument pas. Ils sont, au contraire, caractérisés par une infinité d’interdépendances. Dans ces conditions, la théorie économique[17] a montré qu’aucun système de prix ne peut être efficace, car il y a trop d’externalités. Les signaux de prix ne permettront pas d’allouer les capitaux là où il y en a le plus besoin.
Enfin, une telle approche approfondit encore la réification de la nature et l’anthropocentrisme qui lui est consubstantiel. La vision de René Descartes d’un homme « maître et possesseur de la nature » est plus que jamais d’actualité. Ce dualisme nature/culture est pourtant une des sources du problème.[18] Mais nous poursuivons néanmoins dans la philosophie qui nous a mené là où nous sommes, c’est-à-dire dans une impasse.
Brice Perrier est journaliste à Marianne où il est responsable de la rubrique scientifique. Il publie le 5 mai 2021 un livre qui fait le point sur la question fondamentale pour la science : comment le Covid-19 a-t-il contaminé les premiers humains ?
Cette question a déjà fait l’objet de précédents articles sur ce site évoquant à partir de déclarations de scientifiques les raisons pour lesquelles la piste du laboratoire reste la plus sérieuse à ce jour sur la naissance du SARS-COV-2 :
Cet article s’appuyait sur les révélations d’un généticien américain James Lyon Weiler qui affirmait et apportait la preuve des traces génétiques laissées par l’outil p-Shuttle dans le génome du virus.
Ce deuxième article ajoutait deux autres sources d’interrogation sur l’origine artificielle de ce virus. D’abord, la publication le 26/10 d’un article de Yaroslav Pigenet dans le journal du CNRS -virologie où ce chercheur indiquait que la piste du laboratoire restait sérieuse en l’état actuel des connaissances scientifiques.
Ensuite, cet article présentait une interview de la généticienne Henrion-Caude qui affirmait qu’elle avait trouvé qu’une partie de la membrane du virus ne pouvait être naturelle.
Avec HOLD-UP et cet épisode 3 sur les origines du virus nous avons suivi les révélations du Dr Henrion Caude dans une vidéo du 27 /11/2020 sur Sud Radio. Elle nous révèle l’existence des affirmations d’une chercheuse virologue chinoise Li Meng Yan. Dans deux rapports consécutifs publiés sur Zenodo.org le premier le 14/9/2019 puis toujours sur Zenodo, le second, le 8 octobre 2020, elle révèle que le SARS-Cov 2 est une arme biologique résultant d’une fraude scientifique à grand échelle : “SARS-CoV-2 Is an Unrestricted Bioweapon : A Truth Revealed through Uncovering a Large-Scale, Organized Scientific Fraud”
Avec l’épisode 4 nous découvrons donc l’enquête du journaliste Brice Perrier objet de son livre « SARS-COV2- Aux origines du mal » sorti en librairie le 5 mai 2021. La présentation qui suit est tirée de l’article de Célia Cuordifède paru dans Mariane du 30 avril au 6 mai.
Brice Perrier évoque d’abord les dizaines d’enquêtes, la plupart signées par des chercheurs chinois et parues dans les prestigieuses revues scientifiques Nature ou the Lancet indiquant que le passage du virus à l’homme s’était fait par l’intermédiaire du pangolin, hôte intermédiaire. Mais ces hypothèses durent être abandonnées par la suite par la communauté scientifique car le génome du virus identifié chez le pangolin s’est révélé trop éloigné de celui du virus découvert chez l’homme.
Certains scientifiques se tournent vers des laboratoires P2 ou P3 de la région de Wuhan spécialisés sur l’étude des coronavirus de chauve-souris (autres que le fameux laboratoire P4 inauguré par le premier ministre français). Ils retiennent l’hypothèse d’une fuite accidentelle alors que d’autres se refusent à y croire, privilégiant l’hypothèse d’une création naturelle.
Cette lutte entre les approches d’origine laboratoire ou d’origine naturelle constituent la trame de cette enquête.
Brice Perrier aborde dans son livre, à la fois technique et fourni, toutes les pistes, même celles qui paraissent interdites. A la lecture de celui-ci, on découvre d’abord le rôle prépondérant joué par les grandes revues scientifiques qui sont parfois attachées à la pensée scientifique dominante écartant la publication d’études qui s’en éloignent et participant ainsi par cette sélection à renforcer cette pensée dominante.
Le livre met aussi la lumière sur des expériences parfois périlleuses mais couramment effectuées en laboratoire et dont l’objectif est celui dit desgains de fonction. Il s’agit d’ajouter une fonction à une cellule pour améliorer la lutte contre les virus. cf le « Frankenvirus » H5N1 sur le site controverses.minesparis
Brice Perrier clos son ouvrage par la publication de l’appel de 27 chercheurs pour le lancement d’une enquête internationale complète et sans restriction sur les origines du covid-19.
Cet appel est publié le 13 avril 2021 dans le Point. Le but est scientifique : rechercher l’origine réelle de cette pandémie afin d’éviter la possibilité d’une nouvelle épidémie de même type. La conférence de presse de l’OMS le 30 mars 2021 après leur visite à Wuhan montre que toutes les pistes n’ont pas été étudiées de façon identique. L’étude conjointe de l’OMS avec les chercheurs chinois a été ciblée sur la recherche des pistes zooniques.
Ces scientifiques de l’OMS concluent « qu’ aucune justification solide n’est fournie pour expliquer pourquoi ce serait un « accident de laboratoire » (qu’il s’agisse d’une fuite de laboratoire ou d’un accident lors d’un prélèvement d’échantillons). L’OMS prétend qu’à défaut de telles preuves, cette hypothèse de la fuite d’un laboratoire devrait être considéré comme « extrêmement improbable ».
Dans son livre, Brice Perrier rappelle que dès le 19 février 2020 des chercheurs ont signé une tribune dans the Lancet condamnant les théories du complot qui suggèrent que le covid 19 n’est pas d’origine naturelle. Il révèle, preuves à l’appui et s’appuyant sur une enquête américaine, que cette tribune a, été rédigée en fait par Peter Daszak président d’EcoHealth Alliance et cosignée par d’autres scientifiques. Elle s’opposait de manière collective à la révélation de Botao Xiao, professeur à l’Université de technologie de Chine méridionale qui venait de poster le 6 février qu’il était possible que le virus soit sorti de Wuhan.
Or, l’association US Right to know -, déjà bien connue pour sa lutte contre Monsanto-a révélé l’origine de la rédaction de cet appel du 19 février par des scientifiques de renom. Elle révèle que Peter Daszak auteur de cet article a publié une vingtaine d’études avec l’institut de virologie de Wuhan et qu’il a contribué au financement de cet institut chinois grâce à des fonds publics américains. La proximité de ce scientifique avec le centre de Wuhan est révélée malgré les précautions prises par son auteur pour dissimuler son initiative mais découvertes par US Right.
Cet appel collectif ainsi publié très tôt dans the Lancet le 19 février 2000 a imposé à la communauté scientifique spécialisée la vision de l’origine naturelle du virus. Le processus a été renforcé par les revues scientifiques qui censurent alors la théorie de l’origine du laboratoire ne voulant sans doute pas apparaître comme des supports d’une thèse qualifiée de complotisme scientifique. Les déclarations du président américain Donald Trump sur « le virus chinois » ont renforcé ce caractère devenu tabou de l’accident de laboratoire et déclaré d’entrée de jeu comme une hypothèse complotiste.
C’est ainsi qu’ont été censurés plusieurs chercheurs dont les virilogues norvégien Birger Sorensen et le chercheur anglais Angus Dalgleish qui disaient avoir observé une capacité d’action particulière du SARS-COV-2 qui pourrait être liée à 6 insertions dans la protéine Spike.
Pour rédiger son article, la journaliste de Marianne a rencontré deux directeurs de recherche français d’orientation scientifique éloignée quant à l’origine du SARS-COV-2.
Etienne Decroly est virologue spécialiste du VIH, directeur de recherche CNRS à l’Université d’Aix Marseille – afmb-architecture et fonctions des macromolécules biologiques-. Il précise qu’il n’ a pas de position définitive sur la question de l’origine mais s’étonne que l’hypothèse de la zoonose retenue par l’OMS comme la plus favorable mentionne à l’appui de sa conclusion un prélèvement de quelques 80 000 échantillons effectués avec cette hypothèse alors que les 80 000 échantillons étaient tous négatifs par rapport à la piste de la zoonose. Il affirme qu’en pareil cas, la méthode scientifique veut que l’on teste d’autres hypothèses car la science progresse toujours sur la contradiction et le débat. Il fait observer aussi que, dans ce débat, existent aussi d’autres intérêts que le seul intérêt scientifique et il souligne des intérêts financiers et politiques. Mais le temps efface les traces et c’est pourquoi la communauté scientifique doit soutenir davantage l’OMS qui souhaite des études approfondies sur la question.
Ce chercheur a beaucoup étudié les mécanismes d’entrée des virus dans l’organisme. Selon celui-ci, il n’y a que deux hypothèses possibles sur l’origine SARS-COV-2 : la première est celle de l’hôte intermédiaire et la seconde la transmission directe à l’homme par la chauve-souris. Il ne croit pas à la fuite accidentelle du laboratoire. Il penche plutôt pour l’hôte intermédiaire et de citer alors l’origine du SARS-COV-1 avec la civette et du MERS-COV-V avec le dromadaire.
Interrogé sur la découverte d’un « site de clivage de furin » il reconnaît qu’effectivement ceci n’a jamais été découvert chez d’autres coronavirus mais il soutient néanmoins l’hypothèse qu’il puisse apparaître spontanément dans la nature. Sa présence ici dans le SARS-COV-2 ne prouverait donc selon lui pas grand chose.
Interrogé sur les expériences de gain de fonction qui modifient le code génétique d’un virus afin de voir comment il évolue et in fine de créer des vaccins, il reconnait que certaines de ces expériences sont douteuses et il donne l’exemple à l’appui, du gain de fonctions sur la grippe H5N1 en 2012 qui a permis finalement que ce virus passe ainsi à l’homme… Il reconnait donc l’existence d’un précédent scientifique dans la propagation d’un nouveau virus.
Il souligne à contrario, que ces expériences de gain de fonctions ont permis néanmoins de nombreuses avancées scientifiques et précise que cette recherche vise à orienter les virus dans un sens qui intéresse les scientifiques. Par exemple il dit que son équipe travaille sur le virus de la stomatite vésiculaire pour cibler les cellules tumorales de façon préférentielle. A travers le gain de fonction, on cherche à ce que le virus entre dans les cellules tumorales et puisse à terme être utilisé en stratégie thérapeutique anticancéreuse.
Revenant sur l’origine du SARS-COV-2 il estime qu’en outre, l’hypothèse de l’accident de laboratoire sera probablement difficile à prouver. Il penche pour l’origine naturelle qui doit être absolument explorée car celle -ci peut permettre de découvrir d’autres virus dangereux.
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Pour terminer cet article, je conclurai que l’interview de ce chercheur révèle que le domaine même de sa recherche l’empêche d’admettre le besoin de l’étude de la piste du laboratoire. Si cette hypothèse devait finalement prévaloir, elle constituerait un grand discrédit pour les recherches de ce type et au-delà, compte tenu de l’impact planétaire, elle serait un énorme revers pour la religion du progrès qui s’appuie justement et quasi exclusivement sur la science pour orienter notre avenir.
Au delà des conflits d’intérêts de certains chercheurs, au delà de l’opposition politique entre Chine, à l’origine géographique de la découverte du problème et Etats-Unis, il apparaît en toile de fond qu’actuellement, l’immense majorité des spécialistes reste muette face à l’hypothèse de l’origine du laboratoire qui est, comme on vient de le voir dans l’interview du directeur de recherche Yves Gaudin simplement évacuée d’une phrase ou d’un trait de plume : circulez il n’y a rien à voir du côté des laboratoires.
A travers ces comportements, la majorité des scientifiques poursuit son rêve prométhéen de dompter et orienter la nature à sa guise. La balance bénéfices / risques est toujours mise en avant et souligne, une fois de plus, que les bénéfices, ici seulement espérés sur d’hypothétiques découvertes, viennent heurter le coût humain gigantesque et planétaire mais réel de cette pandémie, qu’il soit sanitaire – et bien au-delà du simple décompte des morts- mais aussi économique et social.
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voir appel du 31 mars 2021 des Gouvernements de l’Australie, du Canada, de la République de Corée, du Danemark, de l’Estonie, d’Israël, du Japon, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Norvège, de la Slovénie, du Royaume-Uni et des États-Unis d’Amérique demeurent fermement déterminés à travailler avec le monde de l’ Organisation de la santé (OMS), des experts internationaux qui ont une mission vitale et la communauté mondiale pour comprendre les origines de cette pandémie afin d’améliorer notre sécurité sanitaire mondiale et notre réponse. Ensemble, nous soutenons une analyse et une évaluation transparentes et indépendantes, sans interférence ni influence indue, des origines de la pandémie COVID-19. À cet égard, nous nous associons pour exprimer les préoccupations communes concernant la récente étude organisée par l’ OMS en Chine, tout en renforçant dans le même temps l’importance de travailler ensemble pour développer et utiliser un processus rapide, efficace, transparent, scientifique et indépendant pour les évaluations internationales de ces flambées d’origine inconnue à l’avenir.
voir : journal international de médecine 4 mai 2021
voir Ouest France 14 mai : Dans une correspondance publiée dans la revue Science, jeudi 13 mai, 18 éminents biologistes appuient les appels en faveur d’une nouvelle enquête sur toutes les origines possibles du virus et demandent aux laboratoires et agences chinoises d’ouvrir leurs dossiers à des analyses indépendantes.
La lettre, écrite par le microbiologiste David Relman de l’université de Stanford et le virologue Jesse Bloom de l’université de Washington, s’en prend à une récente étude conjointe sur les origines du covid-19 menée par l’Organisation mondiale de la santé et la Chine, qui a conclu qu’un virus de chauve-souris avait probablement atteint l’homme via un animal intermédiaire et qu’un accident de laboratoire était « extrêmement improbable ».
Cette conclusion n’était pas scientifiquement justifiée, selon les auteurs de la lettre, puisqu’aucune trace de la façon dont le virus est passé à l’homme n’a été trouvée. La théorie d’un accident de laboratoire n’a été examinée que superficiellement. Une poignée seulement des 313 pages du rapport sur les origines de l’OMS et de ses annexes est consacrée à ce sujet.
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Même si les scientifiques chinois ont affirmé qu’aucune fuite n’a eu lieu, les auteurs demandent une enquête plus indépendante. « Une enquête digne de ce nom doit être transparente, objective, fondée sur des données, inclure une large expertise, faire l’objet d’une surveillance indépendante et être gérée de manière responsable afin de minimiser l’impact des conflits d’intérêts », écrivent-ils.
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Pour répondre à ce refus d’inclure notamment la piste laboratoire un groupe indépendant s’est constitué autour de chercheurs :
DRASTIC : création d’un collectif de recherche indépendant qui enquête sur l’origine du coronavirus – cf 20 minutes 29 mars 2021
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Une interview de Brice Perrrier sur Thinkerview diffusée le 30 /04/21
( 1:41:44)
sur the Epoch Times (12 juin 2021): Des experts mettent en avant des preuves « accablantes » d’épissage de gènes, indiquant que le virus du PCC provient probablement d’un laboratoire
Après la publication vendredi du résumé d’un rapport d’enquête du renseignement américain, le président américain Joe Biden a accusé la Chine de dissimuler les « informations cruciales sur les origines de la pandémie de Covid-19 ».
Le virus du Covid-19 n’a pas été développé « comme arme biologique » et n’a « probablement » pas été conçu « génétiquement » : telles sont les conclusions des renseignements américains, selon le résumé d’un rapport publié vendredi 27 août. L’origine de ce nouveau coronavirus, apparu fin 2019 en Chine, reste toutefois une énigme. Infection transmise par un animal ? Accident de laboratoire ? Les renseignements américains sont divisés et n’ont pas de réponse claire et définie.
Dans un communiqué diffusé après la publication du rapport d’enquête qu’il avait lui-même demandé au printemps, Joe Biden a accusé la Chine de dissimuler des « informations cruciales sur les origines de la pandémie ». Ces informations « existent », estime le chef d’État, « et pourtant depuis le début, des responsables gouvernementaux en Chine œuvrent pour empêcher les enquêteurs internationaux et les acteurs mondiaux de la santé publique d’y accéder ».
Stéphane FOUCART est un journaliste français né en 1973. Ancien élève de l’École supérieure de journalisme de Lille (5ème promotion de la filière scientifique), il est chargé de la couverture des sciences au sein du journal Le Monde, en particulier les sciences de l’environnement et les sciences de la Terre.
Il décroche, avec Stéphane Horel le Prix européen du journalisme d’enquête en
Stéphane Horel est une journaliste et réalisatrice de documentaires française née en 1976. Collaboratrice du Monde, elle a réalisé plusieurs enquêtes sur les conflits d’intérêts et les lobbys.
Sylvain Laurens est sociologue Directeur d’études à l’ EHESS -Habilité à Diriger des Recherches
Dans leur ouvrage Les Gardiens de la raison, deux journalistes du Monde et un chercheur mettent en lumière les agissements d’une galaxie d’individus et d’organisations qui – sous couvert de défendre la science – défendent surtout les intérêts de grands groupes industriels.
Au journal Le Monde, Stéphane Foucart est un journaliste scientifique, spécialisé en science de l’environnement et multi récompensé pour ses différentes enquêtes. Mais sur Twitter, il est la bête noire de plusieurs centaines de comptes. Mobilisés contre lui, on trouve un étrange mélange d’ingénieurs, de vulgarisateurs scientifiques, de journalistes très suivis, de lobbyistes, d’agriculteurs, de youtubeurs, de zététiciens et de libertariens. Parmi eux, des personnalités comme le futurologue anti-Greta Thunberg Laurent Alexandre, le présentateur de télé Mac Lesggy, ou les journalistes Géraldine Woessner et Emmanuelle Ducros. On compte aussi des associations comme l’AFIS (Association Française pour l’Information Scientifique). Tous l’invectivent à la moindre occasion en mettant en doute ses papiers, au nom d’une véracité scientifique dont ils seraient les véritables gardiens.
Journalistes d’investigation et anti-vax, même combat ?
Ce camp qui se dit du côté de la science est justement le sujet principal du livre Les Gardiens de la Raison, écrit par Stéphane Foucart, Stéphane Horel, journaliste au Monde spécialisé sur les lobbies et Sylvain Laurens, sociologue et maître de conférences à l’EHESS. Touffu et très documenté, l’ouvrage revient sur la manière dont quelques twittos se sont emparés des débats scientifiques sur les réseaux sociaux. Du glyphosate à la 5G en passant par le nucléaire ou la vaccination, ils sont sur tous les fronts.
Leur objectif : conjurer ceux qu’ils considèrent comme des promoteurs de fake news, rétablir « la vérité » à coup de fact checking et surtout opposer de soi-disants faits scientifiques a un camps jugé hystérique et bien trop porté sur le principe de précaution. Leurs méthodes ? Mettre dans le même panier des journalistes d’investigation, des ONG ou des partis écologistes et des mouvements anti-vax, anti-5G ou des défenseurs de l’homéopathie. Très actifs sur Twitter, ils se font passer pour les combattants de la vraie et bonne science tout en répétant ad nauseam, parfois même sans le savoir, des éléments de langage mensongers issus de cabinets de lobbying. Décryptage d’une guerre culturelle et politique qui ne dit pas son nom.
Dans votre livre vous évoquez une sorte de guerre culturelle qui prend place sur les réseaux et qui tourne autour des sujets scientifiques et techniques. Pourquoi avoir consacré un ouvrage à ces gardiens de la raison ?
Stéphane Foucart : Depuis quelques années nous avons observé, Sylvain Laurens, Stéphane Horel et moi-même des convergences dans le débat public et notamment l’utilisation de l’autorité de la science pour défendre des intérêts économiques ou idéologiques. On a pu apercevoir ce phénomène sur des débats liés à la santé et à l’environnement, mais aussi quand on travaille sur les techniques de lobbying. On a vu comment certains éléments de langage, ou certaines histoires complètement fausses peuvent faire leur chemin et saturer la conversation sur les réseaux, au point de s’imposer dans le débat public. On a donc voulu comprendre comment s’était formé cet écosystème qui relaye massivement ce genre de discours, de manière consciente ou non.
Comment décrivez-vous cet écosystème ?
S.F. : Il engage un certain nombre d’acteurs du monde académique aux réseaux sociaux en passant par des trolls ultralibéraux, des associations de vulgarisation et des agences de communication qui travaillent le débat public. Ces dernières font beaucoup appel à la micro influence c’est-à-dire, l’influence exercée au plus près de l’opinion des amateurs de science, des étudiants ou des youtubeurs. Ils sont bien plus écoutés et crédibles qu’un communiqué de presse venant d’une entreprise. Il ne s’agit pas de dire que tous ces gens sont à la solde des vilains lobbies. Cependant, il existe une synergie entre ces différents acteurs qui finissent par s’agréger, généralement pour des raisons contingentes. Certains veulent défendre le secteur industriel dans lequel ils travaillent, d’autre mettent le doute systématique qui doit être appliqué aux croyances ou bien encore défendent un modèle politique basé sur le libre marché.
Vous évoquiez des discours et des éléments de langage qui sont répétés ad nauseam. Comment cela fonctionne ?
S.F. : Grâce aux Monsanto Papers, on sait comment les firmes de l’agrochimie portent une attention considérable à la fabrication d’arguments et leur diffusion sur les réseaux sociaux. Une fois qu’ils sont mis en circulation, par l’intermédiaire de revues ou de blogs spécialisés, ces éléments vont être réutilisés, souvent de bonne foi par des individus qui y voient de véritables arguments ou discours scientifiques. L’un des exemples les plus marquants est celui de l’interdiction du DDT dans les années 70 qui serait le fait d’une sorte de folie hystérique des écologistes. Cette décision aurait provoqué indirectement la mort de millions de personnes en Afrique et en Asie qui ne peuvent plus se protéger des moustiques qui transmettent le paludisme. En réalité, il s’agit d’une fable, d’une histoire complètement fausse. Ce produit a été interdit aux Etats-Unis, mais uniquement dans ses usages agricoles, et après plusieurs expertises scientifiques conduites par des institutions plutôt conservatrices, sous l’administration Nixon ! On est loin des vilains écolos extrémistes. Son usage est toujours autorisé pour lutter contre les moustiques pour des raisons sanitaires ! La principale raison au fait qu’il est de moins en moins utilisé est simplement qu’il est de moins en moins efficace, du fait de l’adaptation des populations de moustiques… Il ne représente plus aucun intérêt économique et l’histoire de sa prétendue interdiction totale obtenue par les écologistes est une réécriture de l’histoire, destinée à porter un message idéologique : les écologistes et leur principe de précaution sont dangereux.
Dans votre livre vous indiquez que cet écosystème met particulièrement en avant la « sound science ». Vous pouvez expliquer ce concept ?
S.F. : Ce terme est arrivé dans le débat public dans les années 80 aux États-Unis, au moment où l’industrie du tabac a vu arriver les premières études portant sur le tabagisme passif. À cette époque, les communicants de Philip Morris ont inventé le concept de « sound science » qui désigne des études menées en laboratoires et dont les résultats seraient reproductibles et très fiables. Ils l’ont opposé au terme de « junk science », qui représente les études épidémiologiques qui tentent de déterminer l’impact d’un produit ou d’une technologie sur la santé ou l’environnement. Par nature, ces études sont difficilement reproductibles, car elles se basent sur l’observation de grands échantillons de personnes et tous les paramètres ne peuvent être contrôlés. Lorsqu’on étudie les personnes sujettes au tabagisme passif au cours de leur vie, on comprend bien que la même expérience ne pourra être refaite en prenant les mêmes personnes, sans les exposer à la fumée ambiante de cigarette ! Le hiatus entre la « sound science » des laboratoires industriels et la science indépendante réalisée dans le monde réel, existe encore aujourd’hui.
Quelles sont les principales fractures entre ces deux formes de science ?
S.F. : Le concept de « sound science » est très utilisé pour opposer la science académique à la science réglementaire par exemple. La première est composée de recherches qui sont publiées dans la littérature savante. Elle est lisible, transparente et critiquable. La seconde est plutôt une mise en pratique de la science, réalisée par l’industrie et conformément aux réglementations, et qui permet aux autorités de permettre ou de refuser la mise sur le marché d’un produit. Il arrive que sur certains sujets, la science réglementaire soit très en retard sur la science académique. Ça s’est vu pour des médicaments autorisés il y longtemps puis retirés du marché, mais aussi pour des pesticides ou bien plus généralement sur la prise en compte des capacités de certaines substances à être des perturbateurs endocriniens. Ce terme existe dans la science académique depuis les années 1990, mais n’a une existence réglementaire en Europe que depuis trois ans. On voit que la science réglementaire peut avoir plus de deux décennies de retard sur la science académique !
On a beaucoup vu cette opposition pendant toute la polémique qui a accompagné les enquêtes d’Envoyé Spécial sur le glyphosate.
S.F. : En fait, cela remonte même à 2015 quand le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé ce désherbant comme cancérogène probable. À partir de là, une machine de guerre s’est mise en place pour donner l’impression que « la science » disait le contraire. Les défenseurs du glyphosate se sont basés sur les agences réglementaires qui continuent de classer ce produit sans danger cancérogène. Ils vont aussi sortir plusieurs éléments de langages qui vont totalement pourrir le débat : « Le CIRC n’évalue pas le risque, mais le danger », ou bien encore « C’est la dose qui fait le poison donc si on boit un verre de glyphosate, on va bien évidement tomber malade ». Tous ces éléments ont été répétés à l’infini avant, pendant et après l’enquête d’Envoyé Spécial avec l’aide de comptes Twitter influents afin de décrédibiliser le travail sur le sujet. On peut rappeler qu’il existe à ce jour cinq méta-analyses suggérant des associations statistiques significatives entre le glyphosate et des cancers du système lymphatique. Pourtant, aucune de ces études ne sont jamais citées par nos « gardiens de la raison ».
Vous indiquez dans le livre que l’idée de la défense de la science, de l’esprit critique et de la rationalité était historiquement des valeurs de gauche. Or, on retrouve parmi ces nouveaux gardiens, des groupes et des personnalités situés plutôt dans le camps ultralibéral. Comment expliquez-vous ce glissement ?
S.F. : Il y a plusieurs raisons à cette trajectoire. La première, c’est que ça reflète un changement dans la structure de la communauté scientifique. Les chercheurs sont de plus en plus incités à travailler avec des sociétés privées et l’organisation de la recherche publique est de plus en plus axée sur l’innovation technique au détriment de la
recherche fondamentale. La seconde, c’est la place de plus en plus importante des ingénieurs, au détriment des chercheurs, dans les mouvements ou les associations d’amateurs de science. Pour Sylvain Laurens qui a étudié le phénomène, ces derniers ont une approche de la science qui est plus tournée vers la résolution de problèmes techniques et la commercialisation de produits, qu’une démarche exploratoire curieuse. Il ne faut pas non plus oublier l’existence d’une véritable croisade libertarienne menée aux États-Unis et dont l’objectif est de substituer la loi du marché à l’action de l’Etat. Ils considèrent que l’existence et la raison d’être d’une technologie sont justifiées si elle est adoptée par le marché. Tous ces gens défendent la science comme vecteur de progrès techniques qui permettrait d’apporter des solutions à tous nos problèmes.
Certaines personnes faisant partie de ce conglomérat semblent pourtant de bonne foi et veulent vraiment défendre la science. Sont-ils des idiots utiles ?
S.F. : Je n’aime pas vraiment cette expression, mais je pense qu’on est tous susceptibles d’être, à un moment donné, un « idiot utile ». Moi aussi, je me suis déjà fait avoir. Il y a quelque temps j’ai donné une interview à Conspiracy Watch sur le thème du glyphosate et à la fin de l’entretien j’ai dit : « bon, malgré tout ce qu’on peut dire, le glyphosate est quand même réputé être l’un des produits les moins problématiques pour la santé ». Le lendemain, j’ai reçu un mail d’un copain épidémiologiste qui me demande sans animosité quelle est ma source pour cette information. Et je me suis rendu compte que je n’en avais pas, mais que j’avais entendu tellement de fois cet « argument » que j’avais fini par l’intégrer de bonne foi.
Vu la prédominance des discours scientifiques biaisés ou orienté sur les réseaux, comment peut-on vraiment bien s’informer et garder une certaine forme d’objectivité ?
S.F. : Tout d’abord, il faut se méfier des fact checking que l’on a pu voir fleurir sur Twitter et qui tentent de trancher des questions extrêmement complexes. Le fact checking est un très bon outil pour vérifier les déclarations d’un politique, mais il n’est pas destiné à trancher des controverses scientifiques ou sociotechniques.
Ensuite, il faut être attentif à qui nous parle sur les réseaux. Un chercheur qui est vraiment spécialisé sur une question et qui participe à la littérature scientifique dans ce domaine en particulier sera toujours plus crédible qu’un scientifique qui n’est pas spécialiste de ce sujet précis, ou de n’importe quel ingénieur, vulgarisateur, ou amateur de science.
Enfin, il ne faut pas hésiter à se demander si une question scientifique engage un choix politique. Le débat sur la 5G est à ce titre très révélateur. Les défenseurs de cette technologie expliquent que les ondes ne sont pas dangereuses et que par conséquent on doit l’utiliser parce que c’est le progrès. Mais on est aussi en droit de se demander si notre société veut bien d’une technologie qui va interconnecter les objets du quotidien et étendre les capacités de surveillance de la population par exemple. Quand on utilise l’autorité de la science pour défendre « le progrès », il est bon de se demander de quel « progrès » il s’agit !
À Besançon, mobilisation contre l’urbanisation « écocide » des terres des Vaîtes
La première manifestation du mouvement « Les soulèvements de la terre », qui veut stopper l’artificialisation des sols par des occupations et des blocages, a eu lieu à Besançon sur le site du jardin des Vaîtes. Un espace maraîcher menacé par un projet « écoquartier ».
Besançon (Doubs), reportage
Des terres fertiles, historiquement maraîchères et occupées par de nombreux jardiniers sont en sursis, menacées par un projet « d’écoquartier » d’une superficie de 23 hectares. C’est pour les défendre que se sont rassemblées 650 personnes samedi 27 mars. Lors de cette première mobilisation de la campagne nationale Les soulèvements de la terre, la manifestation a cheminé du centre vers le quartier des Vaîtes, trois kilomètres plus loin, un écrin de verdure en pleine ville.
La municipalité de Besançon souhaite y construire des logements depuis presque cinquante ans. L’opposition s’est renforcée à mesure que le chantier s’accélérait. Plusieurs décisions de justice ont suspendu les travaux en attendant un jugement sur le fond et le site a été occupé en juin 2020 pour quelques mois à la suite de la « journée contre la réintoxication du monde ».
Un jardinier aux Vaîtes.
Anne Vignot, élue maire sous l’étiquette Europe Écologie — Les Verts aux dernières élections, souhaite « revisiter » le projet sans l’abandonner. Elle a instauré un groupe d’experts sur l’environnement et le climat, le Geec, sur le modèle du Giec [1] pour évaluer la pertinence de ce futur écoquartier. Leur rapport s’avère très critique, notamment sur l’aspect écologique, mais il n’a pas pu recueillir assez d’informations pour estimer s’il y avait un réel besoin de logements. Le projet ouvre pourtant la voie à l’urbanisation — moindre et plus vertueuse — de ces terres, dans la lignée du programme présenté par la majorité. Le sort des Vaîtes sera fixé en septembre, après une consultation numérique (en cours) et une conférence citoyenne à venir.
Les terres sont menacées par la construction d’un « écoquartier ».
« Le projet de bétonisation des Vaîtes est un projet écocide »
Pour les manifestants présents, l’heure n’était plus au compromis, ni à l’attente. « Nous réaffirmons que le projet de bétonisation des Vaîtes est un projet écocide, inutile, et qu’il doit être totalement abandonné et pas revu à la baisse ou réaménagé. Nous n’avons plus le luxe de nous satisfaire d’une destruction moindre face aux défis environnementaux. Si les travaux devaient reprendre, nous serions mobilisé·es pour nous y opposer », prévenait l’appel signé par plus de soixante organisations locales.
« C’est maintenant ou jamais qu’il faut s’organiser pour reprendre en main la terre », clamait Basile à l’arrivée aux Vaîtes, juché sur un petit tracteur rose. Il s’est attardé sur la philosophie de la campagne Les soulèvements de la terre : « Les luttes contre les différents projets d’artificialisation sont assez dispersées et disparates. On avait envie de prendre le marteau pour tous taper ensemble sur le même clou. » Pas de bla-bla, mais des actions. « Soit des prises de terres comme aujourd’hui, soit des blocages d’industries qui dévorent et bétonnent la terre », a-t-il poursuivi avant de décliner les prochains rendez-vous, calés sur plusieurs mois.
Claire Arnoux, présidente des Jardins des Vaîtes.
« On s’est indignés, on a voulu résister en faisant de la désobéissance civile et maintenant on se soulève collectivement contre ces enjeux d’accaparement et d’artificialisation, a enchaîné Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne. Parce que demain, il faudra que l’on soit davantage de paysannes et de paysans pour produire en quantité, en qualité et protéger nos biens communs. »
Sur le tracteur se sont succédé bien des militants : une paysanne du Jura, des émissaires de la Zad de la Colline, « la première de Suisse », les jardins de l’Engrenage, qui occupent une friche à Dijon, Miramap, qui aide des paysans à s’installer, le collectif de lycéens et d’étudiants bisontins les Eco-lié.e.s, qui organisent les marches pour le climat, Extinction Rebellion, qui avait initié l’occupation des Vaîtes l’été dernier avecANV–COP21, l’union locale Solidaires pour qui « il est illusoire de croire qu’il puisse y avoir une justice sociale sans justice climatique », un maraîcher qui participe à un regroupement de fermes qui produisent et vendent leurs semences, l’association Les Jardins des Vaîtes…
La journée, qui était également dédiée aux Lentillères, « une lutte sœur » à Dijon, s’est terminée avec des visites des jardins, un spectacle, quelques notes de musique, une conférence… tandis que le petit tracteur rose préparait une nouvelle parcelle de terre à cultiver.
C’est maintenant que tout se joue…
La communauté scientifique ne cesse d’alerter sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale dans le traitement de l’actualité.
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Il a développé, notamment aux côtés de la Confédération paysanne et d’ATTAC, une réflexion très critique envers l’évolution des pratiques actuelles des biotechnologies qu’il accuse d’être devenues des « sciences de la mort » contrairement à leur étymologie qui signifie « sciences de la vie ».
Il participe activement au débat autour des OGM et à la controverse sur les brevets du vivant. Il considère que le but des industriels des biotechnologies est de stériliser les espèces pour substituer au cycle de la reproduction celui de la production4. Il dénonce « le pillage et la marchandisation des ressources génétiques de la planète opérés par les États-Unis et l’Europe »
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émission sur Radio Zinzine – racine de moins un : Jean-Pierre Berléan (à partir de 4: 40)
sur : Et vous n’avez encore rien vu -27/08/2019
pour Jean-Pierre Berlan, ancien économiste de l’INRA, la confiscation du vivant à des fins de profit ne date pas d’hier.
Dans La Planète des clones (éd. La Lenteur, 2019), il montre que la grande innovation agronomique du XXe siècle, le maïs hybride, relève de la même logique : faire croire que les semences mises au point par des chercheurs sont plus productives que le grain récolté dans les champs. Ce livre se lit comme une enquête policière et démasque l’imposture du progrès le plus célébré de la science agronomique.
Les êtres vivants se reproduisent et se multiplient gratuitement.
Le principe de la Vie s’oppose donc à la poursuite du Profit.
La Vie existe par la singularité de chaque organisme, tandis que l’industrie s’impose par l’uniformité des marchandises.
Pour le capitalisme industriel, la Vie est donc doublement sacrilège.
Depuis la Révolution industrielle, réparer ce double sacrilège est une tâche essentielle des sciences agronomiques et de sa discipline phare, la sélection – devenue « amélioration génétique ». Cet ouvrage vise à montrer qu’en dépit des désastres qui s’accumulent en matière d’agriculture, d’alimentation et de santé, cette tâche s’impose si impérieusement aux scientifiques qu’elle leur enlève tout esprit critique.
La Révolution industrielle ne s’est pas limitée à l’utilisation d’une source nouvelle d’énergie, le charbon. Elle a également induit une transformation de la plupart des activités, et a fini par toucher tous les aspects de la société. Pendant un certain temps, l’agriculture et la paysannerie ont semblé y échapper car la machine à vapeur encombrante, lourde, peu mobile, ne pouvait aisément remplacer les chevaux dans les champs. Non seulement la Première Guerre mondiale décime la paysannerie, mais surtout elle accouche de trois innovations industrielles: les explosifs-engrais, les gaz de combat-pesticides et les chars de combat-tracteurs qui vont liquider la paysannerie, fondement des sociétés humaines depuis 10 000 ans. La « mort de la paysannerie est le changement social le plus spectaculaire et le plus lourd de conséquences de la seconde moitié du XXe siècle, celui qui nous coupe à jamais du monde passé », écrit l’historien Eric Hobsbawm.
Si les champs ont échappé un temps au capitalisme industriel, ce n’est pas le cas des plantes et des animaux que les sélectionneurs se sont efforcés d’adapter aux marchés de masse en formation, tout en créant une nouvelle source de profit : l’hérédité. Dès la fin du XVIIIe siècle, les premiers sélectionneurs professionnels, les éleveurs anglais Bakewell (1726-1795) et autres frères Collins, ne se contentent plus de sélectionner leur cheptel pour satisfaire la demande croissante de viande et de laine et accroître la rentabilité de leurs domaines. Ils s’attachent à quelque chose de nouveau : le profit qu’ils peuvent tirer du « sang » de leurs animaux. Ces éleveurs et hommes d’affaire créent de célèbres races de bovins et d’ovins, en définissent les standards, et reprennent pour leur cheptel le dispositif bureaucratique de contrôle du « sang » des chevaux de course mis en place au cours du siècle écoulé par les aristocrates anglais : seuls les animaux dont le pedigree est inscrit au Livre des Origines appartiennent à la caste (Russell, 1986).
Dans le cas des plantes, dès le début du XIXe siècle, en Angleterre, des gentilshommes fermiers pratiquent pour les céréales la sélection par « isolement » qui assure l’uniformité des cultures. Mais contrôler les « saillies » des plantes et faire du « sang » des végétaux – on rencontre parfois cette métaphore – un monopole et une source de profit sont des tâches autrement difficiles. Ceci moins pour des raisons techniques que politiques. Car il s’agit d’interdire de semer le grain récolté, la pratique fondatrice de l’agriculture, et quelque part, de notre humanité; de démêler ce que la Vie confond, de séparer la production de la reproduction; idéalement de stériliser le grain récolté par un moyen quelconque – réglementaire, administratif, légal, biologique – pour faire de la reproduction une marchandise. Un objectif aussi mortifère et insensé ne peut aboutir qu’après une profonde transformation de la société, une exténuation de ses valeurs morales et humaines, une atrophie de l’espace public et de l’autonomie paysanne. Avec le brevetage du vivant, en cours depuis quelques décennies, cette tâche est désormais presque achevée pour les plantes et les animaux. Et elle a commencé pour les humains.
Dans un monde où les paysans étaient de loin majoritaires, où le vivant relevait du sacré et où la production de semences était entre les mains de petites entreprises, sans pouvoir économique ni politique, cet objectif était inaccessible. Il ne pouvait être atteint que masqué, par des moyens obliques, y compris aux yeux de ceux qui étaient chargés de le faire advenir. En divisant minutieusement le travail agricole pour remplacer les paysans autonomes par des techno-manants enfermés dans des filières étroitement spécialisées; en confiant les semences (sources de vie) aux fabricants de pesticides (herbicides, fongicides, insecticides, gamétocides, nématicides, bactéricides, acaricides, ovocides, molluscicides, etc.)…
La dynamique du capitalisme industriel impliquait, à terme, de faire en sorte que l’agriculteur ne puisse pas semer le grain qu’il récolte et qu’il soit obligé d’acheter ses semences. Tous les moyens d’Etat ont été, sont et seront utilisés pour y parvenir – scientifiques, administratifs, réglementaires, juridiques, économiques, policiers. Le plus décisif est scientifique: stériliser le grain récolté.
« Si l’agriculteur, écrit George Shull, l’inventeur du maïs hybride, veut reproduire les résultats splendides qu’il a obtenu avec le maïs hybride, son seul recours est de retourner chaque année auprès du même hybrideur (sélectionneur) auprès de qui il s’est procuré ses semences l’année précédente » (1946). Et pourtant, la propagande a réussi à faire de cette technique tournée contre les paysans, les peuples et la vie, le symbole des bienfaits de la Science au service des agriculteurs, de l’intérêt public et de l’humanité. […]
Dès l’origine, les généticiens, sélectionneurs et agronomes se contentent d’une explication bancale de l’hétérosis ou vigueur hybride…
Si bancale qu’en 1997, le Centre international d’amélioration du maïs et du blé (connu sous le signe Cimmyt) organise un colloque international sur l’hétérosis dans les cultures, car, indique l’appel à contributions, « nous comprenons mal (relatively little) la génétique, la physiologie, la biochimie, et les bases moléculaires de la vigueur hybride ». Ce que confirmeront tous les participants théoriciens. Arnel Hallauer, membre de l’Académie des sciences, reconnaît même : « La base génétique exacte de l’hétérosis ne sera peut-être jamais connue ou compréhensible » (Hallauer, 1997, p. 346). Si bancale que les hagiographes eux-mêmes sont tracassés par le doute.
Je ne compte pas en rester, comme les sélectionneurs et généticiens depuis un siècle, au constat d’une « étrange » lacune théorique que des tombereaux d’articles et de livres sur les fondements génétiques du maïs hybride pourraient un jour combler. Trop de forêts ont déjà été détruites en vain. Puisque depuis un siècle des généticiens et sélectionneurs extrêmement compétents, intellectuellement agiles, intimement convaincus que leur dévotion au Progrès scientifique sert les agriculteurs, l’intérêt public et l’humanité, et disposant maintenant des formidables outils de la génétique moléculaire, n’ont pu trouver une explication génétique à cette hétérosis sur laquelle la sélection moderne repose, c’est que – soyons logiques – la question n’est pas (ou n’est pas seulement) génétique. Il faut donc procéder autrement.
J’adopterai dans mon enquête sur cette innovation au-dessus de tout soupçon quatre principes méthodologiques : je m’intéresserai en priorité à ce que le Généticien-Sélectionner fait ou préconise de faire, plutôt qu’à ses constructions théoriques et aux justifications qu’elles apportent; je m’efforcerai de toujours vérifier le rapport entre les mots et expressions qu’il emploie et la réalité qu’ils désignent, pour éliminer les contresens et les confusions ; je rattacherai systématiquement les connaissances scientifiques à leur contexte historique ; enfin, je ne perdrai pas de vue les objectifs qu’assigne le capitalisme industriel.
A-t-on le droit d’être tout puissant ou devons-nous rester des petites créatures sous la dépendance de la transcendance ?
Si nous décidons d’être Dieu , si nous décidons d’être tout puissant, c’est à dire des transhumanistes, comment gère-t-on la phase de transition ? »
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C’est par l’affirmation de l’homme qui devient Dieu, faussement présentée sous forme interrogative mais suivie d’une véritable question sur la phase de transition pour y parvenir, que Laurent Alexandre pose ,- à partir de la 23 ième minute de la vidéo de sa conférence– l’existence de cette nouvelle religion : la transformation technique de l’homme en Dieu, l’homme augmenté – h+–. Nous sommes au centre de ce qu’est le transhumanisme. Disons le tout de suite et sans ambage, le transhumanisme est l’aboutissement de la phase de notre histoire que fut l’humanisme qui mettait l’homme au centre de ses préoccupations et évacuait Dieu. Dans notre démocratie, l’idée d’un Dieu transcendant est tolérée dans la sphère privée mais elle en est totalement exclue dans la sphère publique : l’homme se construit sans Dieu, sans transcendance, voire sans immanence.
Le transhumanisme est historiquement le dépassement de l’homme naturel. Il est une époque nouvelle qui apparaît dans notre histoire : celle de la propre création de l’homme par lui-même dans la perspective notamment de « la mort de la mort ». Le transhumanisme ouvre la possibilité de l’accroissement des capacités humaines, que l’on peut alors, avec Laurent Alexandre, imaginer sans limite. Alors, l’homme ainsi technologiquement augmenté, deviendra Dieu. Dans la civilisation grecque dès le VII ième siècle av. JC, le Titan Prométhée avait dérobé le feu sacré pour le transmettre aux humains. Il fut condamné par Zeus à être attaché au mont Caucase, son foie repoussant chaque jour et dévoré par l’aigle. Voici donc l’avertissement déjà contenu dans la mythologie grecque.
L’humanisme qui prit naissance au XIV ième siècle en Italie et se développa ensuite en Europe porte en lui l’idée d’affranchissement du divin, l’homme est seul dans l’univers et construit son avenir. L’humanisme est une phase de l’histoire de l’Occident. Il s’appuie alors sur le culte de raison – celui-ci est même d’ailleurs rendu un temps à la déesse Raison pendant la Révolution – cf là .
Emile Chartier, dit Alain, écrit sous la IIIe République “Le culte de la raison comme fondement de la République”: « Je vois que la Raison est éternelle […], et qu’elle est le vrai Dieu, et que c’est bien un culte qu’il faut lui rendre. […] Les hommes sentent bien tous confusément qu’il y a quelque chose de supérieur, quelque chose d’éternel à quoi il faut s’attacher, et sur quoi il faut régler sa vie. Mais ceux qui conduisent les hommes en excitant chez eux l’espoir et la crainte leur représentent un Dieu fait à l’image de l’homme, qui exige des sacrifices, qui se réjouit de leurs souffrances et de leurs larmes, un Dieu enfin au nom duquel certains hommes privilégiés ont seuls le droit de parler. Un tel Dieu est un faux Dieu.
La Raison, c’est bien là le Dieu libérateur, le Dieu qui est le même pour tous, le Dieu qui fonde l’Égalité et la Liberté de tous les hommes, qui fait bien mieux que s’incliner devant les plus humbles, qui est en eux, les relève, les soutient. Ce Dieu-là entend toujours lorsqu’on le prie, et la prière qu’on lui adresse, nous l’appelons la Réflexion. C’est par la Raison que celui qui s’abaisse sera élevé, c’est-à-dire que celui qui cherche sincèrement le vrai, et qui avoue son ignorance, méritera d’être appelé sage. »
Cette période de notre histoire s’appuie essentiellement sur les sciences et techniques pour assurer son développement et aller vers l’homme en devenir. Paralèllement, Nietzsche proclamera la mort de Dieu. Cette époque de l’humanisme touche à sa fin. Elle donne aujourd’hui naissance au transhumanisme c’est à dire à une nouvelle période de l’histoire issue de l’humanisme. Après avoir évacué Dieu dans l’humanisme, l’homme veut devenir Dieu dans le transhumansime. Il veut prendre sa place, en devenant tout puissant grâce aux sciences et technologies des NBIC.
Laurent Alexandre redoute la période de transition qui commence, celle où la chrysalide qu’est l’homme doit se transformer en papillon de l’homme augmenté. Cette période dit Laurent Alexandre est très dangereuse car les masses de « gilets jaunes », les inutiles d’Harari, qui vont devenir de plus en plus nombreuses au fur et à mesure du développement de l’IA, peuvent se rebeller, voire tuer la démocratie. Il faut donc que les futurs dieux, ici élèves des grandes écoles du plateau de Saclay, s’engagent en politique pour orienter la société vers la création d’Homo-Deus. C’est la conclusion de sa conférence.
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Cet article -épisode 2 -est relatif à cette conférence fondamentale et symbolique en ce sens que le chantre du transhumanisme français s’adresse à une élite scientifique de futurs chercheurs et ingénieurs. Cette conférence est essentielle car elle est réalisée sous le patronage d’une députée devenue depuis ministre qui adhère en tant que membre de LREM à cette volonté de faire de la France une startup-nation, une nation conduite par ces élites scientifiques en vue de l’implantation du transhumanisme. Amélie de Montchalin, c’est elle, a aussi été recrutée en tant que consultante en stratégie par The Boston Consulting Group (BCG), un cabinet multinational. Le bureau parisien de celui-ci, a pour activités la science des données et l’intelligence artificielle appliquées à l’industrie, la finance et la santé. Il compte dans la capitale plus de 600 consultants. Ce bureau parisien est dirigé par son époux. ( réf blog David Affagard – Médiapart)
Nous sommes alors au coeur du capitalisme cognitif dont parle Laurent Alexandre et qui domine déjà le monde par ses géants des GAFAM, pour l’Occident et dont les dirigeants sont déjà adeptes du transhumanisme. –
Cet article prend la suite d’un précédent, écrit le 19 octobre 2019 à partir d’un article issu d’un blog de Médiapart. Celui-ci, avait suscité certains commentaires qui m’ont amené à approfondir les termes mêmes de cette conférence et j’ai étendu cet examen aux propos des deux invités : Emmanuel Brochier, maître de conférence et titulaire de la chaire de philosophie de la Nature à l’IPC Paris – faculté libre de philosophie et psychologie Paris- et Haïm Korsia Grand-rabbin de France depuis 2014.
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Dans sa conférence, Laurent Alexandre expose l’évolution rapide de notre monde vers celui que nous crée les NBIC -nano-bio -informatique et sciences cognitives- et qui s’attaque à la transformation physique de l’homme. Laurent Alexandre dont on rappellera d’abord sa profession initiale de chirurgien urologue, est aussi énarque et co-créateur du site Doctissimo. Il est impliqué financièrement dans une quinzaine de sociétés créées autour des NBIC à travers un holding au Luxembourg et il est principalement investi dans la société DNAVision spécialisée dans le séquençage génétique et installée dans la banlieue de Bruxelles. Il va présenter à son auditoire qu’il n’y pas d’alternative à ce monde dont il décrit les grandes avancées qui s’imposent à nous – il fait penser au slogan « There is no alternative « (TINA), traduit en français par « Il n’y a pas d’autre choix » attribué à Margaret Thatcher– Ce monde va devenir de plus en plus complexe et le passage vers l’homme augmenté, celui à l’horizon 2050, sera très dangereux du fait des masses d’inutiles de plus en plus grandes dues au développement de l’IA. Celles-ci risquent de saper par leurs révoltes, cette belle évolution et menacer de ce fait nos démocraties. Sa conférence est un appel aux futurs dieux, ici les plus prestigieuses écoles scientifiques françaises, pour s’engager en politique afin d’aider à créer les conditions de cette phase de transition pour en même temps sauver la démocratie… qu’il n’entrevoit bien sûr pas autrement que sous la conduite du capitalisme cognitif et dans le cadre de notre nouvelle religion transhumaniste.
Nous reviendrons pas à pas sur cette conférence, les principales idées des débatteurs, les propos d’Amélie de Montchalin, devenue, depuis, ministre de la transformation et de la fonction publiques. Elle est aussi députée de l’Essonne et marraine de ces conférences organisées autour des 3 grandes écoles –Polytechnique, ENS et Central Supélec– sur le plateau de Saclay début 2019-.
Mais pour analyser une telle religion transhumaniste et ses conséquences, il faut commencer par le faire au même niveau, c’est à dire au niveau du religieux. Et je le ferai donc en partant du commentaire d’Odeline du 13 novembre dernier posté sur mon premier article. Elle s’appuie sur la Bible et dit ceci :
L’homme devenu Dieu, c’est la réussite de l’Antichrist – ou Antéchrist– sur terre c’est à dire de l’adversaire du Christ. Ce mot est employé au pluriel dans les épîtres de Jean : (1 Jn 2:18; 1 Jn 2:22; 1 Jn 4:3; 2 Jn1 7)
1 Jn 2:18 : Petits enfants, c’est la dernière heure, et comme vous avez appris qu’un antéchrist vient, il y a maintenant plusieurs antéchrists: par là nous connaissons que c’est la dernière heure.
1 Jn 2:22 : Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ? Celui-là est l’antéchrist, qui nie le Père et le Fils.
1 Jn 4:3 : et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu, c’est celui de l’antéchrist, dont vous avez appris la venue, et qui maintenant est déjà dans le monde.
2 Jn 1:7 Car plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde, qui ne confessent point que Jésus Christ est venu en chair. Celui qui est tel, c’est le séducteur et l’antéchrist.
Le New age ou Nouvel Age dans lesquels s’inscrivent aussi par exemple la soumission aux esprits, la croyance en la réincarnation, est aussi appelé la « Conspiration du Verseau » l’ère du Verseau vouée à remplacer celle du Poisson, soit le judéo-christianisme. Ce courant de ‘bricolage » spirituel – « bricolage » signifiant que chacun crée sa spiritualité propre et à la carte en puisant ici ou là. Le New Age est en opposition avec les religions révélées où le message divin est transmis aux hommes, là par des rishis , comme en Inde, ailleurs par un prophète comme dans l’Islam ou la religion juive, enfin d’abord par des prophètes puis par Dieu incarné chez les chrétiens – Le New Age, comme le transhumanisme, s’épanouit d’aborddans l’Ouest américain.
Dans son livre Les Enfants du Verseau (1980) qui théorisa le New Age, Marilyn Ferguson définit ce dernier comme « l’apparition d’un nouveau paradigme culturel, annonciateur d’une ère nouvelle dans laquelle l’humanité parviendra à réaliser une part importante de son potentiel, psychique et spirituel. »
Toutes ces fausses doctrines sont le prélude à l’Antichrist, le Gouvernement Mondial (dit l’ »impie ») et qui précède, dans la Bible, le retour de Jésus-Christ. Ces gens ne savent peut-être pas qu’ils servent Lucifer(Satan- version du Titan grec chez les hébreux) , nous sommes donc selon la Bible dans les derniers temps. ( qui ne sont pas la fin du monde mais la fin d’un monde et le retour de Jésus sur terre)
Je poursuivrai par un regard sur l’Islam et les protestants évangéliques :
Dans l’Islam aussi, existent diverses traditions prophétiques –hadiths– qui mettent en scène Al Dajjâl, l »imposteur« , celui qui apparaît à la fin des temps et doit être éliminé aussi par le prophète Isâ – Jésus–lors de son retour. Les prophéties chrétiennes et islamiques convergent sur ce point à savoir le retour de Jésus. – mais dans l’Islam Jésus n’ est qu’ un prophète–
Chez les protestants évangéliques, forts divers et forts nombreux notamment aux USA, il y a un consensus sur l’arrivée d’un dictateur mondial– la bête ou antichrist– qui s’appuiera sur une religion universelle –(En 2020, selon le chercheur Sébastien Fath du CNRS, le mouvement compterait environ 660 millions de croyants dans le monde).
Je pense que le transhumanisme, dans cette perspective, est cette religion mondiale qui s’installe partout sur notre planète. Elle culminera selon cette vision évangélique avec le retour de Christ pour gouverner le monde. L’arrivée en puissance de la religion de l’homme devenu Dieu, en est donc le signe. –La parousie est une notion chrétienne qui désigne la « seconde venue » du Christ sur la Terre dans sa gloire, la première étant sa naissance. On la trouve dans l’Apocalypse de Jean.
Je poursuivrai ce regard religieux sur le transhumanisme en m’appuyant aussi sur les messages transmis par les Anges à leur messagère et qui ont fait l’objet d’un article publié le 18 novembre dernier. Selon la partie des messages qui concernent les comportements des humains, les déviances des hommes par rapport au message d’Amour du Christ et aujourd’hui de celui des Anges, sont telles que ceux-ci nous annoncent l’arrivée de trois jours où les hommes souffriront de multiples manières mais ce ne sera pas encore la fin… Viendra alors le surhomme spirituel – l’homme orienté vers la spirirtualité au service de Dieu– La lutte face au Perverti durera encore longtemps.
Ces connaissances transrationnelles – au-delà de la raison pure, cf là la notion de transrationalité -mettent en garde contre l’évolution vers le surhomme technologique auto-construit, en fait, projet ici de Satan ou là d’Al Dajjâl.
Laurent Alexandre – à partir de 41:01– expose les cinq objectifs du transhumanisme :
tuer la mort – et c’est Google qui est avec Calico le plus avancé.
créer une espèce humaine multi-planétaire et c’est Jeff Bezos avec sa société Blue Origin qui veut envoyer 1000 milliards d’êtres humains dans l’espace. Ceci suppose de produire, en grande quantité, des bébés avec des utérus artificiels.
créer des technologies d’augmentation de l’homme
créer la fusion entre l’IA et les cerveaux humains ( Laurent Alexandre pense que nous serons encore en IA faible en 2050,- c’est à dire sous le contrôle des humains qui en sont les spécialistes– contrairement dit-il au « fantasme » d’Elon Musk qui voit le passage vers l’IA forte plus tôt –avec l’IA forte, celle-ci se passe alors totalement de l’humain, s »auto-construit et s’auto-régule –
supprimer les risques à la naissance avec la création des bébés à la carte – Google possède déjà un brevet déposé pour la fabrication des super-bébés –US Patent n° 8.543.339.B2 déposé le 24/09/2013- L’eugénisme négatif dit Laurent Alexandre est d’ailleurs déjà en place et il cite l’exemple de la trisomie 21 détectée avant la naissance et qui conduit les parents dans 97% des cas à recourir à l’avortement.
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Il est temps d’aller pas à pas mieux découvrir la conférence de Laurent Alexandre :
Je passerai sur l’introduction de cette conférence, faite par un élève de Polytechnique, pour aller à la présentation d’Amélie de Montchalin qui a suivi et durera plus de 10 mn. Pour elle, l’enjeu est l’homme en 2050 dont elle dit trois choses : capacité à produire, diversité d’expériences, lucidité. Elle s’interroge donc sur ce que les machines vont laisser faire à l’homme, sur la diversité alors que les algorithmes conduisent à l’uniformisation et enfin sur la lucidité en donnant l’exemple négatif de notre évolution avec ce continent de plastique que notre mode de vie a fini par provoquer au milieu du Pacifique. cf là
Elle poursuit en disant qu’au XXI ième siècle il va falloir choisir entre la « loi du code » et la loi de la nature et trouve que l’IA responsable est une belle expression. Il s’agit de veiller à l’éthique de l’algorithme. Manifestement, sa présence et son engagement dans la société, montre qu’elle a choisi la loi du code contre la loi de la nature.
Laurent Alexandre commence sa conférence en remerciant Amélie de Montchalin en qui il voit « une députée de haut vol » loin de tous ces députés qui sont « des burnes en sciences et techno »
Il rappelle qu’il a écrit « la mort de la mort » en 2011 et que Google a fondé en 2013 sa filiale Calico dont le but est de lutter contre le vieillissement et les maladies qui y sont associées. Il souligne le soutien massif de Google au mouvement transhumaniste et que cette société a engagé Raymond Kurzweilqui en est un grand représentant. – ce dernier a écrit notamment et il y a déjà 16 ans : the singularity is near en 2006-cf là ce qu’est la singularité technologique.
À l’image du Santa Fe Institute créé pour regrouper les recherches sur le sujet de la complexité, mais sur une base d’activité saisonnière, une « université d’été de la Singularité » (Singularity University) a été créée en 2009 avec le concours de Google et de la NASA et offrira chaque été neuf semaines de cours sur le sujet à 120 étudiants51 pour la somme de 25 000 dollars.
Mais Laurent Alexandre dit que ce monde devient très compliqué et qu’il pose le problème de désynchronisation entre ce monde techno et notamment l’école et le gouvernement. Il prédit un décalage entre les inconvénients des nouvelles technologies qui apparaissent avant ses avantages.
Les NBIC –nano-bio-informatique et sciences cognitives– constituent un même ensemble, celui du transhumanisme. Il dit qu’il s’agit de technologies démiurgiques qui interpellent le politique comme les croyants. Elles apportent une intelligence quasi gratuite. L’IA est au coeur de ces technologies et permet leur développement.
L’IA est déjà très puissante. Elle fait déjà mieux que l’homme dans certains domaines, par exemple la lecture des scanners et demain le pilotage des avions et la conduite des autos. Le prix de l’intelligence va s’effondrer et entraîner des conséquences majeures. Les gens complémentaires en IA faible vont valoir de plus en plus cher et ceux substituables de moins en moins, à cause de la théorie des fonctions de production. Je ne m’en félicite pas.dit-il.
On va aller vers une fragmentation de l’internet – cf là– d’un réel virtuel et d’une vérité à géométrie variable. Nous allons vers la post-vérité, la post-réalité et le phénomène sera aggravé par les neuro-technologies. Pensez à ce que va pouvoir faire un dictateur des technologies cérébrales qu’Elon Musk développe déjà dans sa filiale Neuralink ! Elon Musk rêve de mettre un microprocesseur dans le cerveau de nos enfants pour les rendre plus compétitifs. Ces méthodes vont permettre l’émergence de neuro-dictatures. Et je précise que l’on peut déjà modifier notre empathie et notre comportement.
Les nouvelles technologies vont nous changer. C’est plus troublant et transgressif que de fabriquer une nouvelle grue !
Le choc technologique va être immense. Vous allez pouvoir le supporter mais l’ensemble des individus non. Sur le plan géopolitique les USA – GAFAM-Google-Amazon-Facebook-Microsft-et la Chine –BATX-Baidu-Alibaba-Tencent-Xiaomi-vont s’affronter dans cette course mais l’Europe est absente sur toutes les facettes des NBIC. Il y a le feu au lac !
Ces technologies vont accroître les écarts de niveau de vie et de revenu dans les populations et la concentration de richesse se fera sur un nombre d’individus de plus en plus réduit. L’IA est une machine à produire des inégalités avec des conséquences populistes qui vont s’accentuer si on n’y prend pas garde.
The Economist, qu’on ne peut prendre pour un journal marxiste, lançait il y a peu un cri d’alarme en ce sens, en exposant que le bonus annuel chez Google pour un grand spécialiste de l’IA était de 100 millions de dollars par an !
Vous , polytechniciens, en sortant de l’école vous serez embauchés à l’INRIA à 3000€ brut par mois… C’est dire que peu d’entre vous resteront en France.
Des Dieux et des inutiles d’Harari est un cauchemar. En ce sens la crise des gilets jaunes est salutaire : elle nous montre à quelle vitesse on va rentrer dans le cauchemar d’Harari et à quelle vitesse il faut agir pour casser ce déterminisme et sauver la démocratie. J’ai publié avec Jean-François Coppé, début 2019, un livre : l’IA va-t-elle tuer la démocratie ?
USA et Chine ont la volonté de fusionner le secteur [ éducation/santé / neurosciences ] pour régler la crise du type de celle des gilets jaunes. Il va être difficile d’empêcher les politiques de faire de l’eugénisme.
Reed Hastings, le dirigeant de Netflix qui est très transhumaniste, ambitionne de vous donner des gélules pour regarder ses films et vous créer une imprégnation neuro-technologique.
Tous les secteurs de l’emploi vont être atteints par les conséquences des NBIC. Par exemple, le monde de la médecine, le mien, va être très vite touché dans cette évolution. L’IA est déjà 3 fois plus précise qu’un cardiologue pour un diagnostic. Elle est très supérieure aussi en dermatologie et les radiologues vont être éclaboussés. La dernière application de Google – Google Lyna- détecte 99% des cancers du sein contre 62% par les médecins. Bientôt les médecins radiologues feront une faute professionnelle s’ils ne recourent pas à l’IA pour leurs diagnostics.
Kai Fu Lee informaticien et homme d’affaires chinois, figure médiatique de l’internet chinois et spécialiste en IA explique qu’en 2030-2035 les médecins ne vont pas disparaître mais qu’ils vont devenir des compassionnal caregiver,1/3 deviendra infirmiers, 1/3 assistants sociaux et 1/3 techniciens…
Vous imaginez comment ce sera enthousiasmant pour ces médecins à bac+12 !
Après avoir travaillé chez Apple, Microsoft et Google, Kai-Fu Lee est aujourd’hui l’un des investisseurs chinois N°1 en intelligence artificielle. Dans cet ouvrage fascinant devenu un best-seller mondial, il raconte comment la Chine utilise « le pétrole du 21e siècle », c’est-à-dire les données générées par ses centaines de millions d’utilisateurs. Grâce à une nouvelle génération d’entrepreneurs et à une course à l’innovation encouragée par les pouvoirs publics, la Chine invente un monde où l’intelligence artificielle se déploie dans toute la société, les restaurants, les hôpitaux, les salles de classe ou les laboratoires. Kai-Fu Lee démontre à quel point l’IA va changer nos modes de vie et transformer l’économie, en privilégiant les plus agiles et les plus créatifs. Il propose d’utiliser les ressources financières considérables qui seront dégagées afin de soutenir les métiers où l’humain est irremplaçable : l’éducation, l’artisanat, les services à la personne. Un livre qui se lit d’une traite. Vous ne verrez plus jamais l’avenir comme avant.
Il faut lutter contre la concentration de la richesse pour sauver la démocratie. Il n’est pas souhaitable que ça aille si vite et il y a un danger des villes citadelles et métropoles.
Il faut aider les gilets jaunes et il est inacceptable de s’en moquer. Sundar PIchai, l’actuel dirigeant de Google, dit qu’il est naïf de croire que la technologie règlera tous les problèmes.
Il faut réorganiser complètement le système éducatif.
Alors qu’on espère l’immortalité Laurent Alexandre observe parallélement que l’espérance de vie des blancs aux USA régresse.
Il faut aller vers une société de la solidarité et gérer la transition cognitive. –sous-entendu sous la conduite des dieux –
Vous avez la clé du changement de l’éthique. Faites de la politique !
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Débat avec les deux invités
Première question au Grand-rabbin : Est-ce que nous pouvons et devons devenir Homo -Deus ?
C’est fait pour… Dans le Talmud Dieu crée le monde, s’efface et dit à l’homme : vas-y ! L’humain est créé à l’image de Dieu. On a cette responsabilité de créer … mais on ne se prend pas pour Dieu.
Laurent Alexandre : C’est le biologiste Julian Huxley, le frère d’Aldous, qui a créé le mot transhumanisme . Il voulait un eugénisme de gauche mais ce mot était alors inacceptable à entendre. – Huxley était humaniste, et il présida le congrès qui vit la fondation de l’International Humanist and Ethical Union et il participa au comité consultatif pour la fondation de la First Humanist Society de New York aux côtés de John Dewey, Albert Einstein et Thomas Mann. Huxley était un partisan de l’eugénisme comme moyen d’amélioration de la population humaine.« Une fois pleinement saisies les conséquences qu’impliquent la biologie évolutionnelle, l’eugénique deviendra inévitablement une partie intégrante de la religion de l’avenir, ou du complexe de sentiments, quel qu’il soit, qui pourra, dans l’avenir, prendre la place de la religion organisée. «
S’agissant de l’éthique, Laurent Alexandre estime qu’elle change au fur et à mesure de l’évolution de l’homme. Elle n’est pas figée. Ainsi, dans les années 1950 aux USA, on a lobotomisé des garçons qui se masturbaient trop. On a coupé aussi le corps calleux de Rosemary la soeur de John Kennedy qui aimait trop les garçons, pour ne pas gêner la carrière de John. De telles pratiques seraient impensables aujourd’hui.
Emmanuel Brochier dit que la technique nuit à l’environnement. L’Europe dans un rapport de 2004 s’en inquiétait. Mais ,en 2009 un nouveau rapport faisait le constat qu’on avait pris du retard dans les nouvelles technologies. Le rapport se rangeait alors à la vision transhumaniste.
S’agissant de la distinction entre les techniques qui réparent et celles qui augmentent l’homme, Laurent Alexandre souligne qu’il est difficile de faire la séparation. Il donne l’exemple d’un aveugle : si on lui remet 1 million de pixel, on le répare mais si on lui en met 3 millions c’est du transhumanisme…. et qui va résister à être augmenté ?
Emmanuel Brochier conclut que l’on part sur de mauvaises bases car le transhumanisme voit l’homme uniquement comme une machine.
Pour une réflexion en ce sens :
Penser l’humain au temps de l’homme augmenté: Face aux défis du transhumanisme -mars 2017
Thierry Magnin, né le est un prêtre catholique et physicien français – docteur en sciences physiques et docteur en théologie. enseignant-chercheur en physique à l’École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne, puis à l’université de Lille.
à travers la critique de l’argumentaire transhumaniste, qui est fondé sur une conception appauvrie de ce qui fait l’humain, Thierry Magnin nous invite à porter un nouveau regard sur notre humble condition. Qu’est-ce que l’homme à l’heure où l’on pourra bientôt remplacer tous ses organes par des machines intelligentes, voire transférer son psychisme ? L’anthropologie chrétienne peut-elle nous aider à aborder avec confiance la révolution annoncée afin que celle-ci nous ouvre, non à un abandon de l’humain, mais à son plein accomplissement ?
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Mes conclusions :
J’observe à la lumière de la conférence de Laurent Alexandre l’état d’avancement des technologies transhumanistes qui vont transformer l’homme. Les conséquences de ces transformations dans la période de transition constituent un grand danger à cause de la croissance exponentielle du nombre des inutiles dit Laurent Alexandre- Je pense qu’elle reste un espoir, justement, pour reprendre le pouvoir contre cette folie démiurgique du capitalisme cognitif qui regroupe le monde techno-scientifique – un conglomérat fait de politiques, de capitalistes, de chercheurs, ingénieurs et techniciens sous la conduite des nouveaux religieux du transhumanisme. Il s’agit d’une course folle pour le profit et les pouvoirs envisagés pour la construction d’homo-deus, de surcroît encore exacerbée par une rivalité géopolitique entre USA et Chine… à laquelle la vieille Europe voudrait aussi prendre part…
Nous n’allons pas échapper à cette folie démiurgique qui a envahit la planète mais j’oppose une autre vision d’avenir.
Je fais d’abord et surtout le constat que le transhumansime est une nouvelle religion, celle de l’homme-Dieu. – Si vous en doutez encore je précise qu’ Anthony Levandowski, le père de la voiture autonome, a fondé en 2017 aux États-Unis une organisation religieuse qui fait la promotion d’une « divinité » basée sur une intelligence artificielle -cf là .
Concernant cet aboutissement, certains ont fait observer que la philosophie humaniste est déjà née au sein de la chrétienté et qu’elle n’aurait pu naître ailleurs. D’autres aujoud’hui voient dans le transhumanisme une nouvelle hérésie d’origine chrétienne- cf là » le transhumansime, une idée chrétienne devenue folle« -. Selon cette vision c’est parce que Jésus est à la fois fils de l’homme et fils de Dieu qu’a pu naître au sein de la chrétienté l’idée de l’homme comme point focal de toutes nos pensées et nos espérances. Dans ce courant humaniste, Nietzsche, fils de pasteur, se dresse pour déclarer la mort de Dieu.
Pour certains aujourd’hui encore, Dieu est chose d’un passé révolu qu’il convient de laisser aux temps de l’obscurantisme dénoncé par les Lumières. Au mieux, Dieu relève pour les agnostiques, sans doute les plus nombreux, d’un questionnement sans intérêt. Nous avons mieux à faire : produire, consommer et entre les-deux, prendre du plaisir. C’est ça la vie !
Depuis l’époque des Lumières, notre évolution s’est construite uniquement autour de la raison et de la pensée grecque puis essentiellement à partir des sciences et technologies, aussi bien dans le monde capitaliste que marxiste du XX ième siècle. Ces deux mondes, alors ennemis sur le partage des richesses, relevaient d’une même vision productiviste du monde. Il fallait extraire, transformer la nature, produire de plus en plus et dégager du profit ou de la valeur travail grâce à l’activité humaine, la nature étant là, offerte gratuitement à ce projet prométhéen. Pensons, du côté marxiste, à Stakahnov.
Qui se souciait des beautés du monde, de la nature, dont nous parle par exemple un Pierre Rabhi ? Peut-être et éventuellement au cours des périodes de congès ? Celles-ci furent vite, d’ailleurs, utilisées par d’autres, pour être transformées, en industrie du tourisme. Il s’agit bien sûr d’extraire une richesse de cet arrêt d’activité. Cette beauté du monde était gratuite et donc sans valeur pour les théories économiques, axées soit sur la valeur du coût marginal pour l’économie libérale soit sur la valeur travail pour l’économie marxiste… Cette beauté de la nature, son immense diversité ne trouvait éventuellement de la valeur que par le pinceau du peintre, l’appareil du photographe, la réalisation d’un film. Même cette beauté n’a de valeur marchande aux yeux de l’homme que lorsqu’il l’a transformée en tableau, photo ou film. Il ne reconnaît de valeur qu’à ce qu’il produit ou qu’il utilise pour sa production. Depuis le développement de la pensée humaniste, l’économie est devenue hégémonique dans nos vies. L’homme n’a plus d’autre horizon depuis la disparition de la transcendance. Il en est réduit à produire et consommer d’où l’importance de la publicité pour forcer la consommation en jouant sur des ressorts psychologiques. Il faut « faire » et avoir, même pendant les vacances. On regarde d’un air presque toujours soupçonneux, celui qui ne participe pas suffisamment à ce « faire »ou cet « avoir ». Il ne s’agit plus d’être…
Tout devient économique et peut être source de richesse. Le capitalisme, par ses facultés d’adaptations et de souplesse et sa religion du profit a été, à ce grand jeu du XX ième siècle, le grand gagnant du productivisme et il a éliminé son frère ennemi le collectivisme… sauf peut-être en Chine où le régime d’abord marxiste a donné naissance à un hybride encore plus dangereux.
Faisons qu’Homo-Deus ne soit pas l’unique vainqueur du XXI ième siècle car le capitalisme cognitif découvre là un nouveau terrain d’aventures économiques pour l’homme, de nouvelles sources d’extraction de richesses tirées de l’homme lui-même, notamment par l’extraction des données, mais aussi par toutes sortes de techniques de transformation du corps, d’adaptation de celui-ci à son environnement technologique. Après s’être attaqué à la nature, l’homme s’attaque à lui même, dans la perspective de devenir l’homme-dieu surpuissant.
Ce monde là, par le jeu entremêlé du productivisme et de l’évolution des sciences NBIC a pris conscience aujourd’hui de sa capacité, de cet immense chantier d’augmentation de l’homme, des perspectives envisagées par exemple pour la conquête de l’espace … Après avoir avec la période humaniste réalisé des avancées incontestables l’homme a détruit la planète qui, n’ a à ses yeux pas de valeur. Alors oui, le transhumanisme peut dire HOMO DEUS… et l’homme se prend pour Dieu ! Mais quelle planète va-t-il habiter ? Laurent Alexandre n’aborde même pas le sujet, obnubilé par l’esprit de puissance au coeur du capitalisme cognitif d’aujourd’hui …comme d’ailleurs du capitalisme industriel d’hier.
L’homme augmenté se construit hors de la nature et contre la nature. Il faut choisir dit Amélie de Montchalin, entre la loi du code et la loi de la nature…peut-être même faut-il fuire dans l’espace vers d’autres planètes comme l’envisage Jeff Besos laissant alors celle-ci, d’ailleurs bien malade, aux inutiles.
Face à ce courant religieux mortifère pour l’homme –cf là mes article sur le transhumanisme et notamment « les chimpanzés du futur » – qui veut faire de celui-ci un dieu par l’accroissement extraordinaire de ses capacités technologiques, j’oppose la vision de l’homme qui devient de plus en plus spirituel …. et se rapproche ainsi de Dieu en gardant sur terre une vie de simplicité. Celui-là sait que son passage ici-bas n’est qu’un moment de sa vie. Le combat aujourd’hui entre ces deux horizons semble particulièrement inégal. Il rappelle là encore celui de David contre Goliath – épisode de la Bible (1Samuel 17, 1-58) mais aussi du Coran –Sourate 2, verset 251-dans lequel David, fils du berger Isaï, le plus petit de ses 7 frères et encore adolescent, abat le héros des Philistins, le géant et courageux Goliath, d’un caillou lancé avec une fronde.
Chacun sent bien que nous sommes à une intersection, un moment de choix crucial : l’homme s’engage t-il vers la course folle de l’homme augmenté ou s’oriente -t-il vers le surhomme spirituel car rien ne permet de penser que son évolution est terminée ?
Pour celles et ceux qui n’adhèrent pas au combat entre l’homme spirituel et l’homme augmenté il existe une autre source d’opposition au transhumanisme c’est celle du combat pour la sauvegarde de la nature, y compris l’homme, contre l’évolution transhumaniste qui se construit hors et donc contre la nature.
Le combat qui s’engage est donc celui de la défense de la Vie au sens chrétien – « je suis le chemin, la vérité et la vie- Jean 14:6– l’homme est beaucoup plus que sa réduction à des algorithmes, des réactions chimiques ou électriques même s’il est aussi cela. Ce combat est aussi celui de la défense du vivant contre la religion transhumaniste qui s’épanouit à travers le capitalisme cognitif successeur historique du capitalisme industriel et vainqueur du monde productiviste destructeur du monde naturel.
L’arrivée progressive de la 5G sera à la fois, le symbole et l’outil central de ce virage définitif de l’homme vers l’IA. Ce mouvement est déjà engagé et rappelez-vous ce qu’ a dit Laurent Alexandre : le développement des nano-bio technologies et sciences cognitives dépend essentiellement du numérique et de l’IA pour se développer. La 5G devrait et pourrait être au coeur de ce dernier combat possible car elle permettra l’explosion de l’exploitation de l’IA et contribuera à faire de l’homme d’aujourd’hui un chimpanzé du futur. Après …il sera trop tard pour l’homme non augmenté car je n’ai pas toute confiance en l’étique de l’algorithme. Les hommes non augmentés disparaîtront sauf s’ils constituent un intérêt utilisable par les hommes augmentés –cf là une base documentaire sur la 5G–
N’étant pas connaisseur de la religion juive, la position du Grand -rabbin de France m’a surpris. Il explique que dans le Talmud la création a été confiée à l’homme par Dieu : Vas-y, fais le ! La transformation de l’homme par lui-même semble participer selon lui de cet ordre « fais-le ! »
Il s’oppose néanmoins à Laurent Alexandre car dans cette action l’homme ne se prend pas pour Dieu, ne devient pas Dieu. Il expose par exemple que chaque semaine il fait shabbat , se coupe à cet occasion de toutes les technologies avancées – vit alors un jeûne technologique– ce qui lui permet de garder cette humilité devant Dieu.
Mais le rôle économico-politique d’Amélie de Montchalin, marraine de cette conférence, engagée dans le développement des nouvelles technologies me laisse sans voix. Il serait intéressant de connaître comment elle articule sa foi chrétienne, que révèle sa page Wikipedia, et sa raison. Sans doute a-t-on compris qu’elle met tous ses espoirs dans « l’IA responsable » et « l’éthique de l’algorithme » dont elle nous a parlé en introduction de cette soirée ?
Mais comment admet-elle, au nom de cette foi chrétienne, la transformation de l’homme et la création de l’homme technologique qui doit remplacer Dieu. Serait-ce parce qu’elle se place dans les pas du Père Teilhard de Chardin aussi archéologue et qui avait, en son temps, développé une approche holistique du « Christ cosmique » ?
Les avertissements contenus dans les Evangiles à propos du combat entre Lucifer et le Christ rappelés en début de cet exposé et ceux récemment donnés par les Anges à leur messagère- cf l’article que j’ai publié – me conduisent à conclure qu’en allant vers le surhomme technologique, l’homme ainsi augmenté, court à sa perte et qu’il y a là les signes effectivement des derniers temps dont parle l’Apocalypse et que d’autres perçoivent, et d’une autre manière, en s’engageant dans le courant écologiste. En effet, l’écologie devrait choisir entre la loi du code et la loi de la nature.
Mais je dois noter à ce sujet aussi, l’étonnement qui fut le mien, de voir l’importance du courant transhumaniste parmi les écologistes, vegans et courants de gauche et je rappelle mon article du 3 août 2017 sur Ecologisme et transhumanisme les connexions contre nature
Décidément le transhumanisme, la religion aujourd’hui mondiale et l’aboutissement de l’humanisme, est infiltré partout. Pour un chrétien, il n’y a que Christ qui peut s’opposer à Lucifer. Mais Lucifer est aujourd’hui partout chez lui. Oui, nous approchons de la fin de la période historique de l’humanisme. Chrétien mais aussi non-chrétien, lisez sur ce site le résumé d’un livre fondamental de Laurent Fourquet intitulé le christianisme n’est pas un humanisme, au moins sa première partie, consacrée à l’analyse de notre société. Alors vous comprendrez pourquoi avec la philospophie humaniste nous en sommes arrivés là… Bien sûr certains, déjà conscients du désastre, nous disent que l’humanisme a dévié ou a été dévié. Nous avions déjà entendu ce genre de propos avec le stalinisme par rapport …au léninisme et même à propos du léninisme… par rapport au marxisme. On ne va pas sauver l’humanisme. Mais essayons de sauver l’homme … de son immense folie.
Et puis, en prenant encore du temps, vous pourrez terminer par les informations que contient cet article d’actualité à propos des origines de la Covid -19. Sans que ce propos soit anti-scientifique, voir anti-vaccins, et je précise bien, non conspirationniste, vous comprendrez alors que notre crise sanitaire actuelle a son origine …justement dans un laboratoire. Il faudra bien que, là encore, « on » finisse par admettre que cette pandémie selon l’OMS et cette crise économique et sociale qui en découle, provient d’un laboratoire. Dire que ce laboratoire était situé en Chine, qu’une faute a sans doute été commise, ne peut exonérer de la réflexion centrale sur les dangers considérables que nous font courir aujourd’hui les activités scientfiques et technologiques.
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Ils voyaient déjà comment tout cela allait finir!
Deux futurs s’offrent à nous avec le transhumansime,
celui d’Huxley et son meilleurs des mondes écrit en 1931 avec sa dictature par le plaisir
et celui de « 1984 » d’Orwell écrit en 1949 avec sa dictature par l’asservissement
On peut imaginer une comBinaison de ces deux avenirs, un mélange de ces deux mondes vers lequel on glisse chaque jour un peu plus…
Voici près d’un siècle, dans d’étourdissantes visions, Aldous Huxley imagine une civilisation future jusque dans ses rouages les plus surprenants : un État Mondial, parfaitement hiérarchisé, a cantonné les derniers humains » sauvages » dans des réserves. La culture in vitro des fœtus a engendré le règne des » Alphas « , génétiquement déterminés à être l’élite dirigeante. Les castes inférieures, elles, sont conditionnées pour se satisfaire pleinement de leur sort. Dans cette société où le bonheur est loi, famille, monogamie, sentiments sont bannis. Le meilleur des mondes est possible. Aujourd’hui, il nous paraît même familier…
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Année 1984 en Océanie. 1984 ? C’est en tout cas ce qu’il semble à Winston, qui ne saurait toutefois en jurer. Le passé a été réinventé, et les événements les plus récents sont susceptibles d’être modifiés. Winston est lui-même chargé de récrire les archives qui contredisent le présent et les promesses de Big Brother. Grâce à une technologie de pointe, ce dernier sait tout, voit tout. Liberté est Servitude. Ignorance est Puissance. Telles sont les devises du régime. Pourtant Winston refuse de perdre espoir. Avec l’insoumise Julia, ils vont tenter d’intégrer la Fraternité, une organisation ayant pour but de renverser Big Brother. Mais celui-ci veille…
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table ronde de l’X sur le transhumanisme – la conférence
Selon les chiffres officiels nous sommes à plus de 4000 hospitalisés en réanimation ce qui nous placerait à plus de 80% du taux d’occupation des lits actuellement disponibles en France . Le sommet de cette deuxième vague est annoncé autour du 15 novembre avec un nombre d’hospitalisés qui pourrait dépasser celui de la première vague et aussi largement nos capacités actuelles d’y faire face.
On entend par ailleurs de la part de spécialistes que ce virus ne disparaîtra pas et qu’aussi beaucoup d’imprécisions voire messages contradictoires circulent sur la durée d’immunité en cas de contamination… ce qui laisse dubitatif sur la durée des effets du vaccin attendu par tous.
C’est au coeur de cette deuxième vague que je m’interroge à nouveau sur l’origine de ce virus. Ce n’est certes pas une question urgente que certains trouveront même actuellement déplacée mais il faudrait ne pas oublier de se la poser et… si possible de la résoudre car elle peut être source de pas mal de remises en cause sur la façon dont on nous « vend » le progrès scientifique sans limites. Bref, le confinement n’interdit pas encore de penser alors profitons de cet espace pour nous livrer à cette liberté fondamentale.
Le 25 mars dernier je relayais dans un article des informations publiées par james lyon weiler chercheur américain en génomique qui affirmait et publiait les preuves, selon lui, de ce qu’il avançait : des traces de passage de l’outil pShuttle-SN se retrouvaient dans le génome du virus. Il attendait les réactions de scientifiques spécialistes du génome pour échanger sur le sujet. Voici quelques extraits de son propos :
« » Nous avons trouvé une similitude de séquence significative de INS1378 avec un vecteur pShuttle-SN qui était utilisé dans les années 1980 en Chine, pour créer un coronavirus plus immunogène. Il existe des preuves claires, que cette séquence génomique provient d’un événement de recombinaison induit en laboratoire.. Une autre séquence de gènes montre également une correspondance de 92 % avec la protéine Spike du coronavirus du SRAS. Le processus pour y parvenir a été breveté en 2004 par des chercheurs chinois, comme le montre ce lien de brevet. [4]
Cette révélation fut reprise par certains scientifiques et dans d’autres études, des scientifiques grecs et chinois s’interrogeaient aussi de manière différente sur les origines de ce virus où les pangolins ont été rapidement désignés du doigt… ce qui a eu au moins le mérite de nous faire découvrir leur existence.
J’ai suivi quelque temps cette publication et les réactions qu’elle a suscitées, juste assez pour voir apparaître des tirs de barrage contre le chercheur américain qui, parce qu’il aurait une position anti-vaccins serait selon certains, disqualifié pour les observations qu’il fournit au monde scientifique dans ce domaine. D’autres, notamment un des décodeurs du journal le Monde, quoique de formation scientifique, n’avait pas qualité pour discuter directement les arguments au niveau où Weiler les plaçait du fait de sa spécialité dans d’autres disciplines. Pour palier ce manque, il allait donc s’enquérir auprès de scientifiques oeuvrant dans un grand laboratoire national spécialisé sur la fabrication des vaccins et lui-même à la base de l’installation du laboratoire P4 à Wuhran. Bien entendu, les renseignements obtenus le rassuraient et Weiler ne pouvait diffuser que des fake news… Inutile donc, de répondre aux interrogations de Weiler au plan scientifique où il se plaçait. Il suffisait de le disqualifier auprès du grand public en diffusant par exemple qu’il avait démenti ses premières affirmations… alors qu’il ne s’agissait que d’une mise au point. Voilà donc les procédés utilisés par les courants dominants pour éteindre toute pensée qui s’exprime en dehors de leur courant .
Je reviens sur le sujet aujourd’hui avec un article du 26 octobre publié dans le journal du CNRS – catégorie virologie – Yaroslav Pigenet y reprend les éléments d’une conférence d’Etienne Decroly directeur de recherche CNRS à Marseilles et membre de la société française de virologie dont on peut tirer les extraits suivants :
SARS-CoV-2, qui a rapidement été identifié comme le virus à l’origine de la Covid-19 est, après le SARS-CoV en 2002 et le MERS-CoV en 2012, le troisième coronavirus humain responsable d’un syndrome respiratoire sévère à avoir émergé au cours des vingt dernières années…Il est donc crucial de comprendre comment ce virus a passé la barrière d’espèce et est devenu hautement transmissible d’homme à homme.
... En comparant les séquences génomiques d’échantillons viraux de différents malades infectés par SARS-CoV-2, on a observé un taux d’identité de 99,98 %, ce qui montrait que cette souche virale avait émergé très récemment chez l’humain.
…En outre, en analysant les séquences des autres coronavirus humains connus, on ne relève que 79 % d’identité génétique entre SARS-CoV-1 et SARS-CoV-2, et seulement 50 % en ce qui concerne MERS-CoV. Pour faire bref, le SARS-CoV-2 est génétiquement plus proche de souches virales qui ne se transmettaient jusqu’alors qu’entre chauves-souris. Il ne descend pas de souches humaines connues et n’a acquis que récemment la capacité de sortir de son réservoir animal naturel qui est probablement la chauve-souris.
…La découverte dans le génome de coronavirus infectant des pangolins d’une courte séquence génétique codant pour le domaine de reconnaissance du récepteur ACE-2, apparenté à celle qui permet à SARS-CoV-2 de pénétrer les cellules humaines, a un temps fait penser qu’on tenait un possible hôte intermédiaire, mais le restant de son génome est trop distant du SARS-CoV-2 pour être un ancêtre direct.
…pour les raisons déjà évoquées, une majorité de chercheurs estiment désormais que le pangolin n’a probablement pas joué de rôle dans l’émergence de SARS-CoV2.
…Vous pensez que le SARS-CoV-2 est sorti d’un laboratoire ? É. D.On ne peut éliminer cette hypothèse, dans la mesure où le SARS-CoV qui a émergé en 2003 est sorti au moins quatre fois de laboratoires lors d’expérimentations. Par ailleurs, il faut savoir que les coronavirus étaient largement étudiés dans les laboratoires proches de la zone d’émergence du SARS-CoV-2 qui désiraient entre autres comprendre les mécanismes de franchissement de la barrière d’espèce. Toutefois, pour l’instant, les analyses fondées sur la phylogénie des génomes complets de virus ne permettent pas de conclure définitivement quant à l’origine évolutive du SARS-CoV-2.
…Le chercheur identifie trois pistes possibles pour l’origine du virus. Il dit pourquoi il élimine la première mais ne rejette pas les deux autres. La deuxième serait une évolution brutale de Sars antérieurs -Sars cov ou MERS -COV mais pour l’instant aucune étude ne permet de valider cette hypothèse. Enfin reste la troisième hypothèse : » Enfin, il reste la possibilité que SARS-CoV-2 descende d’un virus de chauves-souris isolé par les scientifiques lors des collectes de virus et qui se serait adapté à d’autres espèces au cours d’études sur des modèles animaux en laboratoire ; laboratoire dont il se serait ensuite échappé accidentellement. »
Et le directeur de recherche de conclure : « Étudier l’origine de SARS-CoV-2 est une démarche scientifique qui ne peut être assimilée à une thèse complotiste. De plus, j’insiste sur le fait que, tant qu’on n’aura pas trouvé l’hôte intermédiaire, cette hypothèse d’un échappement accidentel ne peut être écartée par la communauté scientifique.«
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Dans un commentaire à cet article Brigitte Fau – ingénieur télécomm semble-t-il- s’interroge et revient à Béchamp – cf là la controverse Pasteur -Béchamp-L’origine en effet, quelle peut-elle être ? Alors que ce virus n’est pas « un » mais autant (au minimum) que d’individus sur lesquels on l’a trouvé. Des scientifiques s’interrogent et posent des défis à la science : cette publication récente (26 mars 2020) lance « 5 défis pour comprendre le rôle du virome dans la santé et la maladie » : . La réponse n’est donc pas encore connue ! Allons-nous enfin vers un changement de paradigme ? «
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Dans une vidéo publiée le 4 novembre la généticienne Alexandra Henrion-Caude a exposé et démontré selon elle que le SRAS COV 2 à l’origine de la Covid -19 est un virus modifié artificiellement.
Alexandra Henrion Caude expose qu’elle a découvert qu’un message « S » avait été placé entre les protéines S1 et S2 au niveau des protéines membranaires créant de ce fait un gain de fonction (insertion de sites de clivage de furine dans les protéines membranaires)– permettant aux cellules de les reconnaître un peu comme si, dit-elle, une clé qui ouvre une serrure d’une porte avait été accrochée à côté de cette porte.
Elle affirme que ce processus n’est pas naturel et qu’elle en apporte la preuve car elle a retrouvé le brevet déposé et rendu possible du fait de l’ingénierie qu’il apporte par rapport à un processus naturel. Et elle présente ce brevet :
Ce brevet peut être consulté là. Il a été déposé Par Brown Dennis T en 2003 et la compagnie parente est la Research Development Foundation
Pour terminer et à propos d’Alexandra Henrion Caude, un long article du 5 octobre 2020 consacré au positions de cette chercheuse sur le site Ici.fr et sous le titre « virus manipulé , danger des masques » expose notamment que l’INSERM se désolidarise de son ancienne directrice de recherche qui a quitté l’institution début 2018. L’article fait apparaître le virage pris par la chercheuse, sa foi chrétienne et cet ensemble d’observations conduit deux de ses collègues dont un de renom, à s’éloigner de ses positions. Mais vont-ils accepter de répondre sur le plan scientifique à ses arguments sourcés : oui ou non les preuves avancées par la chercheuse peuvent-elles être combattues scientifiquement ? Et nous serions alors dans le domaine de la science qui n’avance que par suggestions, vérifications ou contradictions dans l’idée d’atteindre la vérité scientifique.
Mais si les affirmations de l’ancienne généticienne s’avéraient exactes, les conséquences de cette découverte seraient désastreuses. Elles le seraient pour les laboratoires de Wuhan et donc la Chine mais elles le seraient surtout pour les laboratoires qui travaillent sur les vaccins dans le monde entier. Pire, cet aveu viendrait fragiliser l’orientation du monde médical vers la politique vaccinale et Bill et Mélina Gates et l’OMS en seraient gênés .
Et si Brigitte Fau posait la bonne question : ne faudrait-il pas revenir à la vision de Béchamp à propos du microbe : « le microbe -ici le virus- n’est rien le terrain est tout » ? Ce serait effectivement une révolution totale dans le monde de la médecine mais qui se heurterait aux gigantesques laboratoires et la multitude de chercheurs orientés sur le combat contre microbes et virus.
Pour en revenir à cet article rédigé sous le titre « complotisme », le mot est lâché, il est intéressant de remarquer que les « Eglises » de la science -ici l’INSERM- lancent des tirs de barrage par médias et chercheurs interviewés. Il semblerait au cas d’espèce que l’orientation religieuse deviendrait pour cette directrice de recherche un handicap pour faire de la vraie science. Mais au-delà de cette affirmation, ils se gardent de répondre point pour point aux affirmations de cette chercheuse. Il est vrai que celle-ci s’exprime en dehors des canaux traditionnels des chercheurs où le débat s’installe normalement mais il semblerait, selon ses dires, que c’est justement parce que ces canaux ne lui sont pas très accessibles du fait des positions qu’elle défend qu’elle s’est tournée vers d’autres moyens d’expression.
Ceci nous rappelle étrangements d’autres temps où la vérité du moment établie alors par l’Eglise était remise en cause par la Science. On pense par exemple à Copernic, ou à Galilée aux XVI ième et XVII ième siècles. Les Lumières combattaient alors à juste titre et sur ces sujets l’obscurantisme religieux.
Aujourd’hui, les scientifiques sont devenus tout puissants mais ils se sentent acculés de toute part. Ils se battent pour cacher les méfaits des monstres techno-scientifiques qu’ils ont mis en place et qui les nourrissent. L’obscurantisme a changé de camp…
Il serait pourtant sain que la science, la vraie, celle qui cherche encore la vérité et si cette science existe encore, présente des arguments scientifiques à Weiler aux USA ou à Alexandra Henrion Caude en France en exposant pourquoi ce qu’ils affirment serait inexact. Il s’agirait alors d’un débat scientifique entre scientifiques… et non pas de vils coups bas au motif que l’un serait anti-vaccins et l’autre chrétienne. Il y a diverses manières de couper les têtes en notre beau pays si fier de ses Lumières. Dans l’hypothèse où ces affirmations sont scientifiquement confirmées il faudra s’interroger au-delà de la désignation de tel ou tel laboratoire dont provient l’origine du virus sur le fait que, comme par le passé déjà, cette pandémie aurait son origine dans les manipulations de laboratoires chargés justement de combattre ces maux. Il ne s’agit pas là d’une position anti-vaccin mais d’une interrogation plus profonde sur les enjeux du progrès dont il est vrai que le mot a presque disparu de notre langage… remplacé par celui d’innovation.
Ca ne peut être qu’à ce niveau scientifique qu’un éclairage peut être apporté. La publication dans le journal du CNRS faite de retenue, d’interrogations et les affirmations de Weiler et Andrea Henrion laissent à penser que dans cette affaire le monde scientifique directement intéressé -celui des grands laboratoires producteurs de vaccins -cherche à mettre la poussière sous le tapis tout en nous demandant de regarder ailleurs… Le pangolin a fait l’affaire durant un temps. Les médias, relayeurs de la pensé mainstream ont déjà trouvé le mot obus : « conspirationnisme« . Ca suffit jusqu’ici pour mettre au ban de la société scientifique voire de la société en général et empêcher de faire naître un vrai débat sur des questions de fond. Alexandra Henrion Caude dit que dans le monde scientifique il est difficile de poser certaines questions…
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Bien sûr, direz-vous, ça ne change pas les problèmes que nous rencontrons avec la deuxième vague mais ça change tout à mes yeux sur le long terme car une fois encore, comme pour le climat, l’activité humaine ici dans les sciences de la vie serait à l’origine, sans doute bien involontaire, de cette pandémie et c’est justement et paradoxalement vers cette recherche que nous pensons nous tourner pour résoudre le problème… dont elle serait la source en ayant permis la naissance du SARS-Cov 2 qui s’accroche si facilement aux cellules humaines grâce à l’ingénierie humaine…
Partout, les humains sont de plus en plus confrontés aux conséquences de leurs excès techno-scientifiques sans limite et ils feraient là comme ailleurs figure d’arroseurs arrosés !
Peut-être s’apercevra-t-on un jour que la théologie de la raison pure et de son idéologie du progrès technique illimité vers des lendemains qui ne peuvent que chanter… est une grande illusion … mais qui crée de la richesse ! J’écris « peut-être » …
mise à jour 27/11/20 à 19h
Sur Wikipedia à propos des vaccins ARN ont lit ceci qui interpelle ici à propos de l’origine du SARS -Cov 2 :
En septembre 2020, l’association anti-OGM CRIIGEN fait état, dans un rapport signé par le président de son conseil scientifique Christian Vélot, de risques plus élevés d’immunotoxicité, de génotoxicité par mutagénèse et d’apparition de nouveaux virus par recombinaison génétique causés par certains de ces vaccins, si l’ARN y est délivré par le biais d’un vecteur génétiquement modifié du type du virus du sida et si celui-ci n’a pas été correctement débarrassé de sa transcriptase inverse et du gène la codant
dernière mise à jour : ( cf Franchement ça sent le pangolin !! cette histoire sur Direct Santé
nous rappelle que deux ans avant la pandémie de coronavirus, des responsables de l’ambassade américaine ont visité des installations de l’Institut de virologie de Wuhan, et ont envoyé deux avertissements officiels à Washington sur les conditions inappropriées de sécurité dans le laboratoire, qui conduisait des études risquées à propos des coronavirus provenant de chauve-souris ».
Bref, et pour beaucoup de gens, le fait que le virus soit sorti d’un laboratoire ne fait plus aucun doute.
il y a quelques mois, cette hypothèse était censurée par Facebook, et les lanceurs d’alerte qui l’envisageaient, comme le Professeur Luc Montagné, étaient qualifiés de délirants « complotistes »…
Nexus.fr magazine n°114- interview de Fabrice Nicolino
… » Le cycle ouvert par 1789 – cette croyance si naïve que l’alliance de la raison, de la science et de machine signifiait un progrès perpétuel – est clairement achevé, mais beaucoup trop d’humains, jusqu’au sommet des Etats, ont intérêt encore à croire le contraire. Nous redécouvrons avec stupeur cette évidence que l’histoire humaine est tragique . Nous entrons dans un nouveau cycle où les signes de régression dominent l’horizon au point de l’obscurcir. La première des priorités serait de s’entendre sur un constat, ce que peu veulent vraiment, puis de réunir des groupes épars, qui continuent à s’éviter, afin de proposer un plan de sortie de l’enfer ou nous sommes mis. »
Cet article reprend pour l’essentiel la présentation faite sur le site Le Comptoir (sauf parties en italique et entre-parenthèses)
Après « La guerre des gauches » (Cerf), Kévin Boucaud-Victoire, rédacteur au Comptoir, sort son deuxième ouvrage : « George Orwell : écrivain des gens ordinaires ». Il y explique la pensée de l’écrivain britannique, socialiste démocratique et antitotalitaire. Le Comptoir reproduit des extraits de son livre qui est sorti en librairie le 12 avril 2018. Dans ce texte, il explique la critique socialiste du Progrès d’Orwell.
George Orwell, nom de plume d’Eric Arthur Blair, né le à Motihari (Inde) pendant la période du Raj britannique et mort le à Londres, est un écrivain, essayiste et journaliste britannique.
Son œuvre porte la marque de ses engagements, qui trouvent eux-mêmes pour une large part leur source dans l’expérience personnelle de l’auteur : contre l’impérialisme britannique, après son engagement de jeunesse comme représentant des forces de l’ordre colonial en Birmanie ; pour la justice sociale et le socialisme démocratique, après avoir observé et partagé les conditions d’existence des classes laborieuses à Londres et à Paris ; contre les totalitarismes nazi et soviétique, après sa participation à la guerre d’Espagne. Parfois qualifié d’« anarchiste conservateur », il est souvent comparé à la philosophe Simone Weil, en raison de ses prises de positions originales pour un socialiste.
Né au XVIIIe siècle dans le sillage de la pensée des Lumières et théorisée par le philosophe -(et mathématicien)- révolutionnaire Nicolas de Condorcet,le mythe du Progrès est partagé par l’essentiel de la gauche, marxisme compris. Le Progrès consacre la croyance dans le perfectionnement global et linéaire de l’humanité.
L’augmentation du savoir, notamment scientifique, doit entraîner avec elle le progrès technique (Ce progrès va se développer avec l’école républicaine dont Condorcet est le théoricien le plus complet – cf là « cinq mémoires sur l’instruction publique »). Jugé bénéfique pour l’homme, qui n’aura plus à accomplir les tâches les plus fatigantes grâce aux machines, celui-ci doit permettre un accroissement des richesses –rebaptisé “croissance économique” – ainsi qu’une amélioration morale et sociale. Les sociétés s’approcheraient ainsi du meilleur des mondes possible, à la fois prospère et composé d’individus bons et libres. Certes, la pensée marxiste est légèrement plus complexe que celle de Condorcet, car elle est dialectique – le Progrès est rendu possible par l’opposition entre les classes sociales –, mais elle reste prisonnière de ce mythe.
Ainsi, si Marx loue le courage des luddites, ces ouvriers anglais qui cassaient les machines, considérant qu’elles étaient la source de leur exploitation et de leur aliénation, il estimait qu’ils se trompaient de combat. Le marxisme a une foi aveugle dans le Progrès. ( Le néo-luddisme est un mouvement moderne d’opposition à tout ou partie du progrès technique. cf l’article de Bill Joy co-fondateur de Sun Microsystem publié en 2000 : pourquoi on n’a pas besoin de nous » – cf la traduction par Michel Roudot » Pourquoi l’avenir n’a pas besoin de nous » . Theodore (dit Ted) Kaczynski, surnommé « Unabomber ». s’est battu, selon lui, contre les dangers inhérents à la direction prise par le progrès dans une société industrielle et une civilisation technologique, une société qui s’éloigne de l’humanité et de la liberté humaine pour la majorité sinon pour la totalité de la population – attentats de 1978 à 1994.)
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George Orwell perçoit l’affaire tout autrement que l’ont fait les marxistes. Comme le relève Stéphane Leménorel, « Orwell n’entend pas seulement comprendre l’emprise technologique sur nos existences, mais aussi ce machinisme dont les ravages sont à la fois plus sournois et radicaux. »
Anti-théoricien, l’écrivain anglais n’est pas victime des illusions de ses camarades intellectuels. Il voit le machinisme tel qu’il est, ou plutôt tel qu’il est ressenti par les classes subalternes. Il fait remarquer que « les gens se rendent confusément compte que le “progrès” est un leurre[iv]». Car « l’époque de la mécanisation triomphante, nous permet d’éprouver réellement la pente naturelle de la machine, qui consiste à rendre impossible toute vie humaine authentique ». « La machine est l’ennemie de la vie ».
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L’écrivain déplore d’ailleurs « qu’aujourd’hui les mots de “progrès” et de “socialisme” so[ie]nt liés de manière indissoluble dans l’esprit de la plupart des gens ». La faute en incombe au socialisme qui « n’a à la bouche que les mots de mécanisation, rationalisation, modernisation – ou du moins croit de son devoir de s’en faire le fervent apôtre.
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Nous retrouvons la problématique développée par Bernanos dans La France contre les robots en 1947. Pour les Français, « le danger n’est pas dans les machines », mais « dans le nombre sans cesse croissant d’hommes habitués, dès leur enfance à ne désirer que ce que les machines peuvent donner. »
De même, pour Orwell, le problème est qu’en se livrant aux machines, l’humain perd son humanité. Pour lui, il n’est pas si évident que « le progrès mécanique tend[e] à rendre la vie sûre et douce » comme il est communément admis, car « toute nouvelle invention mécanique peut produire des effets opposés à ceux qu’on en attendait. »
il craint que « la finalité ultime du progrès mécanique [soit] […] d’aboutir à un monde entièrement automatisé – c’est-à-dire, peut-être, un monde peuplé d’automates » et « de réduire l’être humain à quelque chose qui tiendrait du cerveau enfermé dans un bocal. »…(Nous y sommes !)
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Enfin, le Progrès enferme l’homme dans un monde totalement artificiel qui le prive de ses plaisirs les plus simples et les plus essentiels, comme celui de contempler la nature. Or, se demande Orwell, « si un homme ne peut prendre plaisir au retour du printemps, pourquoi devrait-il être heureux dans une Utopie qui circonscrit le travail ? »« Car l’homme ne reste humain qu’en ménageant dans sa vie une large place à la simplicité.
C’est cette pensée qui guide Orwell vers son désir d’« une vie simple et plus dure », proche de la nature, faite de tâches agricoles et de jardinage, « au lieu d’une vie plus molle et plus compliquée », comme celle qui caractérise la société industrielle. Il a cependant conscience qu’il est impossible de retourner en arrière, vers une vie sans machine, car « à l’image de la drogue, la machine est utile, dangereuse et créatrice d’habitudes. »Enfin, s’il a pu écrire dans 1984 que « le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance », Orwell n’est pas technophobe ou réactionnaire pour autant. Mais avant d’accepter une innovation, il faudrait selon lui se demander « cela me rend-il plus humain ou moins humain ?
Jean-Claude Michéa professeur de philosophie à la retraite auteur de Orwell, anarchiste tory (1995) et Orwell éducateur (2003)
“Le délire idéologique de la gauche moderne” en dit long sur l’actualité d’Orwell
Stéphane Leménorel, poète et ancien professeur de philosophie, auteur de George Orwell ou la vie ordinaire (Le Passager clandestin, « Les précurseurs de la décroissance », 2017)
la destruction de la langue et du sens : Les repères ont cédé la place aux paillettes, la raison s’est effacée dans le slogan, les valeurs ont été asphyxiées par les mots d’ordre. Le sens du vrai, la dignité, la décence ordinaire, chère à Orwell, se retrouvent enterrés sous les ruines du spectacle.
Jean-Jacques Rosat, professeur de philosophie, éditeur et auteur de Chroniques orwelliennes Collège de France, 2013)
« l’anéantissement de la vie commune » : Les bases de la société décrite dans 1984 ne sont pas à chercher en premier lieu dans l’économie, la sociologie ou l’idéologie, mais dans la politique et dans la volonté de pouvoir. À quoi rêvent ses dirigeants – les « oligarques », comme Orwell les appelle ? Au pouvoir pour le pouvoir. Au pouvoir absolu. « Dieu, c’est le pouvoir. » Le pouvoir sur les choses et sur les corps, sans doute. Mais, surtout et par-dessus tout, le « pouvoir sur l’esprit ». Pour y parvenir, tous les moyens sont bons : substitution aux événements passés de faits alternatifs, négation des lois de la nature, liquidation de la logique et du principe de non-contradiction, rejet de la démarche empirique, destruction de la vérité objective et de tout espace des raisons
Emmanuel Roux, docteur en philosophie et auteur notamment de George Orwell : la politique de l’écrivain (Michalon, « Le bien commun », 2015).
Orwell me semble majeur pour de nombreuses raisons. Il a notamment inventé l’écriture politique comme forme authentique d’engagement contre les postures des « intellectuels ». Mais si je devais souligner deux raisons majeures, ce serait d’une part son « socialisme démocratique », qu’on peut sans problème renommer « populisme civique » : une pensée politique qui privilégie les médiations institutionnelles pour que le plus grand nombre pèse vraiment sur les décisions majeures de la vie civile, qui donne sa place au conflit dans la mesure où celui-ci est régulé et civilisé par des valeurs communes, qui manifeste à l’égard de toute forme d’altérité une générosité et une tolérance de principe, qui est fondamentalement non violent, qui pense ensemble la liberté et l’égalité sans les sacrifier l’une à l’autre, qui refuse par principe toute avancée scientifique destructrice du cadre naturel, qui se méfie du pouvoir jusque dans sa volonté de ne pas l’instrumentaliser.
Un collectif d’ intellectuels trace les axes d’une réorientation fondamentale de la politique et de nos modes de vie pour éviter la catastrophe :
« Il est bien tard pour passer à l’action. Mais supposons qu’il nous reste dix années pour enfin affronter le monde tel qu’il est devenu, à savoir de moins en moins favorable à nos existences, et à celles des autres êtres vivants.
Dix ans pour un virage politique très serré. Dix ans pour nous débarrasser de nos lubies productivistes et consuméristes.
Dix ans pour apprendre à régénérer une nature en voie de destruction accélérée.
Dix ans pour resserrer nos inégalités, tout en redonnant sens à nos existences.
Dix ans, enfin, pour commencer à bâtir une civilisation nouvelle. Si c’était possible, voici ce que nous aurions à proposer. »
Sept chercheurs proposent de refonder notre société autour d’une série de mesures économiques et institutionnelles fondées sur des travaux au long cours et une vision étayée de l’avenir. Ils posent dans cet ouvrage les bases d’un programme politique ambitieux pour une nouvelle ère.
Dominique Bourg , philosophe franco-suisse, professeur honoraire à l’Université de Lausanne
Gauthier Chapelle, Ingénieur agronome et docteur en biologie, Gauthier Chapelle a inspiré et co-fondé en 2006 l’asbl Biomimicry-Europa en vue de promouvoir le biomimétisme en Europ (biomimétisme : Innover en s’inspirant du vivant, pour concevoir des biens, des services et des organisations humaines compatibles avec la biosphère)
Johann Chapoutot, historien spécialiste d’histoire contemporaine, du nazisme et de l’Allemagne.
Philippe Desbrosses, docteur en science de l’environnement, agriculteur et écrivain français
Xavier Ricard Lanata, ethnologue, philosophe et écrivain
Pablo Servigne, ingénieur agronome et docteur en sciences Université libre de Bruxelles
Sophie Swaton, maître de conférence et de recherche, Institut de géographie et durabilité Université de lausanne
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Alors que des citoyens toujours plus nombreux se demandent « que faire ? », le manifeste Retour sur Terre propose de «changer ni plus ni moins de civilisation ». Le programme se donne l’objectif d’un développement économique compatible avec les ressources du système terreet de « parvenir à terme à une empreinte écologique inférieure à 1 planète (objectif partiel de 1,5 d’ici à 10 ans) » pour assurer la régénérescence des écosystèmes.
Concrètement, sur le plan économique, cela signifie « produire moins de biens (sobriété), et mieux (efficacité)». Sur le plan politique, ce programme implique de « resserrer les écarts de revenus», de « refonder la représentation, enrichir les procédures démocratiques, protéger les biens publics et les biens communs ». « Aujourd’hui, il s’agit de nous entendre sur la nécessaire décrue de la production et sur son partage, c’est‑à‑dire sur le nécessaire resserrement des écarts de richesses », plaide le collectif.
Des propositions concrètes mises sur la table
L’intérêt de ce livre réside dans la synthèse qu’il offre à la discussion et dans le caractère concret des propositions mises sur la table. Sur le plan économique, il propose la «relocalisation maximale de l’activité par un protectionnisme coordonné et coopératif au niveau international» (mesure 2). Il souhaite la mise en place de quotas individuels de consommation d’énergie/matière, par référendum (mesure 4). Il propose de se doter de toute une gamme d’incitation aux bonnes pratiques écologiques : modulation du taux d’imposition en fonction du bilan énergie/matière des consommations (mesure 11), fiscalité foncière permettant de favoriser le rapprochement des zones de résidence et des espaces agricoles (mesure 15)…
Sur le plan du développement économique, les signataires suggèrent de créer un « revenu de transition écologique », destiné aux personnes souhaitant se lancer dans des activités à fort impact écologique et social (par exemple en agroécologie, permaculture, artisanat, low‑techs…) « dont la rémunération par le marché est souvent bien inférieure à leur valeur réelle ».
Dans le domaine de l’agriculture, ils proposent d’aller vers une « agroécologie décarbonée », sans énergies fossiles, impliquant « d’abandonner presque entièrement la motorisation à énergie fossile », ce qui implique un important transfert de main-d’œuvre vers le secteur agricole.
Un État garant du respect des limites planétaires
Le manifeste repose sur une philosophie politique, où l’émancipation sociale et la lutte contre les inégalités sont centrales. Le projet est d’évoluer d’un « État providence » à un « État résilience » dont la mission serait d’assurer la sécurité à long terme des citoyens. « Il s’agit de faire de la « sécurité » un horizon de civilisation, dans un monde instable et menacé par le réchauffement climatique et des bouleversements écologiques sans précédents »
Pour cela, le manifeste propose une réforme constitutionnelle introduisant dans le premier article de la Constitution que « L’État est garant du respect de l’empreinte écologique et des limites planétaires » (mesure 19). Il suggère aussi d’acter « un principe de non‑régression en matière de droit de l’environnement », d’étendre le statut de sujet de droits (sous une forme non plénière) aux écosystèmes ou à des éléments de ceux‑ci (fleuves, glaciers…) et la création d’une Chambre du futur « permettant de représenter le temps long » (mesure 20).
Si l’ouvrage présente une vision d’ensemble cohérente, certaines lacunes ne manqueront pas d’être relevées par ses adversaires. La politique industrielle et de services est à peine esquissée. L’échelon européen paraît sous investi. L’hostilité du contexte économique international semble peu prise en compte au regard des contraintes qu’il fait peser sur la politique française.
« L’idéal que nous proposons se veut un horizon, un point de mire disponible à la mise en mouvement de la société », concluent-ils. Avec la conviction que la pandémie a déjà fait bouger les esprits.
Chateaubriand et la conclusion de notre histoire –Dedefensa.org
Les Mémoires d’outre-tombesont la principale œuvre de François-René de Chateaubriand, dont la rédaction commence en 1809, sous le titre Mémoires de ma vie, et s’achève en 1841. L’édition originale des Mémoires d’outre-tombe, titre final du projet, est publiée en douze volumes entre 1849 et 1850.
S’ils comportent des traits qui les rapprochent du genre littéraire des mémoires (au sens classique du terme, comme les Mémoires de Saint-Simon de Saint-Simon), les Mémoires d’outre-tombe s’inspirent également des Confessions de Rousseau, au sens où Chateaubriand traite — outre les événements politiques et historiques auxquels il assiste — de détails de sa vie privée et de ses aspirations personnelles. L’auteur traite donc des événements historiques majeurs dont il fut témoin (Révolution, République, Empire, Restauration, Monarchie de Juillet) mais en même temps nous dévoile son moi intérieur, dans une confidence aussi proche qu’intime à son lecteur.
C’est également dans cet ouvrage qu’on trouve quelques-uns des meilleurs exemples français de prose poétique, genre dans lequel Chateaubriand excellait.
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Un des plus importants textes du monde moderne, le premier qui nous annonce comment tout va être dévoré : civilisation occidentale et autres, peuples, sexes, cultures, religions aussi. C’est la conclusion des Mémoires d’outre-tombe. On commence avec l’unification technique du monde :
« La société, d’un autre côté, n’est pas moins menacée par l’expansion de l’intelligence qu’elle ne l’est par le développement de la nature brute. Supposez les bras condamnés au repos en raison de la multiplicité et de la variété des machines, admettez qu’un mercenaire unique et général, la matière, remplace les mercenaires de la glèbe et de la domesticité : que ferez−vous du genre humain désoccupé ? Que ferez−vous des passions oisives en même temps que l’intelligence ? La vigueur du corps s’entretient par l’occupation physique ; le labeur cessant, la force disparaît ; nous deviendrions semblables à ces nations de l’Asie, proie du premier envahisseur, et qui ne se peuvent défendre contre une main qui porte le fer. Ainsi la liberté ne se conserve que par le travail, parce que le travail produit la force : retirez la malédiction prononcée contre les fils d’Adam, et ils périront dans la servitude : In sudore vultus tui, vesceris pane. »
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« La malédiction divine entre donc dans le mystère de notre sort ; l’homme est moins l’esclave de ses sueurs que de ses pensées : voilà comme, après avoir fait le tour de la société, après avoir passé par les diverses civilisations, après avoir supposé des perfectionnements inconnus on se retrouve au point de départ en présence des vérités de l’Ecriture. »
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Le basculement immoral de l’homme moderne, grosse bête anesthésiée, ou aux indignations sélectives, qui aime tout justifier et expliquer :
« Au milieu de cela, remarquez une contradiction phénoménale : l’état matériel s’améliore, le progrès intellectuel s’accroît, et les nations au lieu de profiter s’amoindrissent : d’où vient cette contradiction ?
C’est que nous avons perdu dans l’ordre moral. En tout temps il y a eu des crimes ; mais ils n’étaient point commis de sang−froid, comme ils le sont de nos jours, en raison de la perte du sentiment religieux. A cette heure ils ne révoltent plus, ils paraissent une conséquence de la marche du temps ; si on les jugeait autrefois d’une manière différente, c’est qu’on n’était pas encore, ainsi qu’on l’ose affirmer, assez avancé dans la connaissance de l’homme ; on les analyse actuellement ; on les éprouve au creuset, afin de voir ce qu’on peut en tirer d’utile, comme la chimie trouve des ingrédients dans les voiries. »
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La corruption va devenir institutionnalisée :
« Les corruptions de l’esprit, bien autrement destructives que celles des sens, sont acceptées comme des résultats nécessaires ; elles n’appartiennent plus à quelques individus pervers, elles sont tombées dans le domaine public. »
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On refuse une âme, on adore le néant et l’hébétement
« Tels hommes seraient humiliés qu’on leur prouvât qu’ils ont une âme, qu’au-delà de cette vie ils trouveront une autre vie ; ils croiraient manquer de fermeté et de force et de génie, s’ils ne s’élevaient au-dessus de la pusillanimité de nos pères ; ils adoptent le néant ou, si vous le voulez, le doute, comme un fait désagréable peut−être, mais comme une vérité qu’on ne saurait nier. Admirez l’hébétement de notre orgueil ! »
L’individu triomphera et la société périra :
« Voilà comment s’expliquent le dépérissement de la société et l’accroissement de l’individu. Si le sens moral se développait en raison du développement de l’intelligence, il y aurait contrepoids et l’humanité grandirait sans danger, mais il arrive tout le contraire : la perception du bien et du mal s’obscurcit à mesure que l’intelligence s’éclaire ; la conscience se rétrécit à mesure que les idées s’élargissent. Oui, la société périra : la liberté, qui pouvait sauver le monde, ne marchera pas, faute de s’appuyer à la religion ; l’ordre, qui pouvait maintenir la régularité, ne s’établira pas solidement, parce que l’anarchie des idées le combat… »
Une belle intuition est celle-ci, qui concerne…la mondialisation, qui se fera au prix entre autres de la famille :
« La folie du moment est d’arriver à l’unité des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l’espèce entière, soit ; mais en acquérant des facultés générales, toute une série de sentiments privés ne périra−t−elle pas ? Adieu les douceurs du foyer ; adieu les charmes de la famille ; parmi tous ces êtres blancs, jaunes, noirs, réputés vos compatriotes, vous ne pourriez-vous jeter au cou d’un frère. »
Puis Chateaubriand décrit notre société nulle, flat (cf. Thomas Friedman), plate et creuse et surtout ubiquitaire :
« Quelle serait une société universelle qui n’aurait point de pays particulier, qui ne serait ni française, ni anglaise, ni allemande, ni espagnole, ni portugaise, ni italienne ? ni russe, ni tartare, ni turque, ni persane, ni indienne, ni chinoise, ni américaine, ou plutôt qui serait à la fois toutes ces sociétés ? Qu’en résulterait−il pour ses mœurs, ses sciences, ses arts, sa poésie ? Comment s’exprimeraient des passions ressenties à la fois à la manière des différents peuples dans les différents climats ? Comment entrerait dans le langage cette confusion de besoins et d’images produits des divers soleils qui auraient éclairé une jeunesse, une virilité et une vieillesse communes ? Et quel serait ce langage ? De la fusion des sociétés résultera−t−il un idiome universel, ou bien y aura−t−il un dialecte de transaction servant à l’usage journalier, tandis que chaque nation parlerait sa propre langue, ou bien les langues diverses seraient−elles entendues de tous ? Sous quelle règle semblable, sous quelle loi unique existerait cette société ? »
Et de conclure sur cette prison planétaire :
« Comment trouver place sur une terre agrandie par la puissance d’ubiquité, et rétrécie par les petites proportions d’un globe fouillé partout ? Il ne resterait qu’à demander à la science le moyen de changer de planète. »
Ancien chercheur en sciences cognitives eten philosophie, Alessandro Pignocchi s’est lancé dans la bande dessinée avec son blog, Puntish. Son premier roman graphique, Anent. Nouvelles des Indiens Jivaros (Steinkis), publié en 2016, racontait ses découvertes et ses déconvenues dans la jungle amazonienne, sur les traces de l’anthropologue Philippe Descola.
Son Petit traité d’écologie sauvage (Steinkis), publié en 2017, décrit un monde où l’animisme des Indiens d’Amazonie est devenu la pensée dominante. Cette réflexion est encore poursuivie en 2018 dans La Cosmologie du futur (Steinkis), dans lequel l’auteur se débarrasse du concept moderne de « nature ».
Avec ce nouvel album, la recomposition des mondes, qui constitue le premier roman graphique publié dans la collection « Anthropocène » du Seuil, éditeur de sciences humaines, Pignocchi s’attache à des problématiques similaires, mais appliquées à un cas concret et un peu moins lointain que l’Amazonie, puisqu’il part étudier et vivre ces problématiques sur le terrain de la ZAD de Notre-Dames-des-Landes.
Avant d’y aller (sur la ZAD), je ne soupçonnais pas du tout la complexité de l’expérience de la ZAD – la richesse, l’intensité et l’originalité de ce que ça fait d’être sur place. Je devais penser que l’intérêt de cette lutte tenait à sa finalité – principalement l’abandon du projet d’aéroport – et que le parcours vers cet objectif était fait de souffrances et de discussions politiques pénibles. Je n’imaginais pas que la beauté d’une telle lutte tenait avant tout à la lutte elle-même, à la densité de vie qu’elle procure.
…
Les ZAD s’en prennent à deux piliers fondamentaux de l’Occident moderne, ceux-là même que le Green New Deal vise à maintenir en place : la Nature-objet et l’indépendance de la sphère économique. Deux fondamentaux qui s’étayent l’un l’autre et qui érigent un rapport au monde incompatible avec une sortie de la crise écologique.
La notion de Nature-objet, qui est une autre façon de parler de la distinction entre Nature et Culture, désigne le mode de relation privilégié par l’Occident moderne avec les plantes, les animaux, les écosystèmes et les non-humains en général : la relation de sujet à objet. Les seuls sujets sont les humains, et tous les non-humains sont des objets qui n’acquièrent leur valeur qu’en vertu des services qu’ils rendent aux humains. La notion de service écologique, si importante y compris dans des discours prétendument écologistes, est symptomatique de ce mode de relation.
…
Le point important, c’est que dans l’Occident moderne, c’est la relation de sujet à objet qui façonne le rapport au monde dominant, les normes sociales, les institutions, etc. (y compris, d’ailleurs, de plus en plus souvent entre humains, comme l’illustre la notion de « ressources humaines »).
En Amazonie et, j’y reviendrai, sur une ZAD, c’est au contraire la relation de sujet à sujet avec les non-humains qui est la plus spontanée et qui façonne le rapport au monde du groupe et ses normes sociales. Pour les Indiens d’Amazonie et d’Amérique du Nord, plantes et animaux sont réellement vus comme des personnes, dont la vie sociale est régie par des conventions analogues à celles en vigueur chez les humains.
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Dans l’Occident moderne, la relation de sujet à objet se décline selon deux variantes : l’exploitation et la protection. La protection des milieux qui, telle qu’elle est pensée chez nous, reste une forme d’utilisation, où sont mis en avant soit les services écologiques, soit des fonctions de récréation, de contemplation esthétique, etc. Tant que ce mode de relation reste la relation par défaut, celle qui structure notre rapport au monde et les normes de notre société, il n’y aura pas d’issue à la crise écologique, et ce pour deux raisons principales : tout d’abord, l’oscillation entre protection et exploitation est biaisée. Ça n’est pas une oscillation mais un phénomène de cliquet, puisque lorsqu’on choisit de protéger une zone on peut toujours changer d’avis et l’exploiter, alors que l’inverse est plus complexe. Tant que l’on reste prisonnier de cette dichotomie on se dirige donc nécessairement vers des lieux protégés de plus en plus réduits, jusqu’à leur disparition totale.
Le statut d’objet attribué aux non-humains est maintenu en place par l’autre pilier fondateur de l’Occident moderne : le mythe de l’indépendance des faits économiques. Comme le décrit Karl Polanyi dans La grande transformation, au cours du 19e siècle l’utopie libérale a œuvré à détacher l’économie du reste de la vie sociale et à la positionner en surplomb par rapport à elle, à faire de l’activité économique une fin en soi. Là aussi, cette propriété cosmologique est propre à l’Occident moderne : dans les sociétés traditionnelles il n’y a pas de faits économiques. Tout échange, même médié par une forme de monnaie, est toujours plus qu’un simple échange d’objets : il renforce ou déplace les solidarités, les rivalités et s’inscrit globalement dans l’ensemble du tissu social.
L’indépendance des faits économiques en Occident relève du mythe car, bien sûr, l’économie est toute pénétrée par le politique. Mais c’est un mythe que nos classes dirigeantes ont un besoin vital de maintenir en place car il est devenu leur principal outil de légitimation. Ils ont besoin, par exemple, de pouvoir prendre les points de croissance ou le PIB comme des fins en soi, indépendamment des réalités socio-écologiques qu’ils dissimulent.
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Si l’on résume le syllogisme très simple auquel on arrive, voici ce que l’on obtient :
(1) Pas d’issue à la crise écologique sans instaurer la relation de sujet à sujet avec les non-humains comme relation structurante.
(2) La sphère économique autonome et surplombante ne peut accepter que des objets.
Conclusion : une proposition écologique ne peut être sérieuse que si elle s’en prend frontalement à l’indépendance des faits économiques. Et c’est très exactement ce qui se passe sur les ZAD. On remet au premier plan des relations basées sur la solidarité, l’entraide, le non-chiffrable, on s’échange de la nourriture à prix libre et, plus généralement, on dissout la sphère économique dans la réalité de la vie sociale. Ce faisant, on libère les espaces permettant de tisser avec les non-humains et le territoire des relations de sujet à sujet, colorées de liens affectifs, empathiques et présentant toutes les nuances de ce qui n’est pas marchandisable. Personne, sur une ZAD, n’aurait l’idée de faire appel à la notion de service écologique ou de séparer les questions sociales et les questions environnementales. Le territoire et ses habitants non-humains ne sont plus ni des ressources ni des sanctuaires mais, en somme, des voisins, avec lesquels il s’agit de partager au mieux un monde commun.
L’objectif de la Fabrique des Questions Simples est de donner le primat aux questions sur les disciplines scientifiques, pour permettre de conduire une recherche impliquée, au service de la société. Notre ambition est de pleinement prendre acte de la mesure de la dégradation de l’environnement global et de contribuer à la recherche pour la mise en oeuvre des recommandations des Nations unies.
Pourquoi les questions simples?
L’essentiel de la recherche est focalisée sur l’avancée des connaissances à l’intérieur de champs disciplinaires. L’expression des questions est complexe et s’appuie sur un corpus de connaissances très étendu dans le cadre de méthodologies bien établies. Les questions simples à l’inverse sont focalisées sur des problèmes en rupture du point de vue des traditions disciplinaires. Leur expression ne présuppose en général pas beaucoup de connaissances. Elles sont essentiellement compréhensibles en-soi. Leur réponse relève par contre d’une grande complexité.
Il existe différents types de questions simples. Certaines ont une motivation scientifique propre. C’est le cas par exemple des efforts du mathématicien Alan Turing pour définir formellement ce qu’est un calcul, ou du physicien Erwin Schrödinger pour comprendre la vie et le fonctionnement de la cellule. D’autres questions simples prennent leur origine en dehors des sciences, dans les problèmes concrets de la société. Le projet Manhattan par exemple répond par une mobilisation massive à une question simple, comment faire la bombe atomique avant l’Allemagne nazie. Transformer les sociétés pour les adapter au dérèglement climatique est une question simple dont la réponse est d’une grande complexité.
Du point de vue disciplinaire, les questions simples sont souvent mal posées, car aucune méthodologie ne permet de savoir comment les appréhender. Leur portée par contre est très ambitieuse. Pour autant, bien que leur motivation puisse être extrêmement concrète, les efforts pour les traiter peuvent conduire à des retombées scientifiques majeures dans différents domaines, voire à l’émergence de nouvelles disciplines.
La mission
La Fabrique des Questions Simples développe des activités en partenariat à la rencontre entre science, pratique et politique, qui associent donc étroitement les acteurs de la gouvernance, de l’activité socio-économique, et du secteur académique.
Sa mission est triple :
mettre la science au service de la société en participant à la construction de solutions.
partager les connaissances avec un plus large public, scolaire, universitaire, acteur socio-économique, administration publique, citoyen.
favoriser l’émergence d’une pensée politique de l’anthropocène afin de pouvoir appréhender les extraordinaires défis pour le futur, et de permettre de sortir du déni en donnant du sens à l’action sociale, économique et politique.
Le docteur Imad Boulaïch lance un cri d’alarme et adresse cette pétition au gouvernement pour attirer son attention sur les dégâts sur la santé causés par les différentes pollutions.
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Notre mode de vie est en grande partie, voire totalement, responsable de la contamination de l’homme par un virus du monde animal sauvage.
En France, la pollution et ledit mode de vie sont responsables de plusieurs dizaines de milliers de décès annuels. Le silence des gouvernements des dernières décennies et leur inaction représentent UN CRIME.
Voici ci-dessous des CHIFFRES OFFICIELS des dégâts de la pollution et de notre actuel mode de vie :
–18 à 20 millions de français (INSERM) présentent aujourd’hui une maladie allergique. Dans 3 à 4 générations, LA TOTALITE DE LA POPULATION FRANCAISE sera atteinte (l’incidence a augmenté de 5% les 15 dernières années)
–40 à 50 000 DECES ANNUELS-chiffres volontairement sous-estimés- (Maladies cancéreuses, maladies cardio-vasculaires et respiratoires) directement causés par la pollution et notre mode vie.
-Les interruptions médicales de grossesse pour Malformations A AUGMENTE de 15% les 20 dernières années (rapport médical et scientifique de l’agence Biomédecine)
–Les troubles autistiques sont passés d’une naissance/5000 les années 70 à UNE NAISSANCE/70 aujourd’hui (Système national des données de santé (SNDS))
-La fertilité masculine A DIMINUE D’1/4 en 40 ans(Agence Nationale de Santé Publique).
Sans oublier L’IMPACT PSYCHOLOGIQUE sur les citoyens malades et leurs proches !
TOUS CES CHIFFRES EVOLUENT VERS LA HAUSSE !
La grande partie de cette situation est EVITABLE. Nous pourrions, en tant que citoyens responsables et bienveillants, les prévenir en assainissant notre environnement :
D’abord individuellement : un milliard d’animaux consommés par an en France, la réduction de ¾ de notre consommation de viande libérerait 20% des terres agricoles utilisées pour nourrir ces bêtes (ce qui ferait du bien aussi à nos artères et nos portefeuilles). Il faudrait également prioriser les transports en commun, la marche et le vélo et prendre moins la voiture quand on le peut.
Il est urgent que le GOUVERNEMENT LEGIFERE pour l’interdiction de l’obsolescence programmée et du plastique, pour une limitation drastique des pesticides, perturbateurs endocriniens, fongicides et de nombreux conservateurs nocifs… De légiférer pour un étiquetage avec labellisation précise concernant la teneur en calories, sucres et sel de tous les produits agro-alimentaires que nous ingérons…D’encourager les énergies renouvelables ainsi que la recherche dans ce sens et de trouver la relève du satané pétrole !
Il est plus que nécessaire de renforcer les moyens humains et techniques du service public de façon générale, et plus spécifiquement l’hôpital public !
Ces actions sont les SEULS GARANTS DE L’ASSAINISSEMENT DE NOTRE ENVIRONNEMENT
L’objectif de cette pétition est d’inciter notre Gouvernement à une VRAIE TRANSITION ECOLOGIQUE.
Parmi les solutions, je vous invite à consulter le site : pacte-transition.org fruit de travail d’une soixantaine d’associations françaises (des dizaines d’experts environnementaux citoyens). D’autres solutions et travaux innovants existent et ne demandent qu’à être appliqués.
L’ECOLOGIE N’EST NI DE DROITE NI DE GAUCHE, ELLE EST L’AFFAIRE DE TOUS
NOTRE SANTE ET CELLE DE CEUX QUE NOUS AIMONS N’A PAS DE PRIX
MERCI pour votre SIGNATURE, un monde meilleur ne peut se faire qu’ENSEMBLE
En lien avec l’esprit de cette pétition, j’indique que j’ai entrepris un travail de recensement des problèmes de santé, des informations liés à l’accroissement des ondes dans nos modes de vie. Cet accroissement va encore être démultiplié avec le développement de la 5G dont les premières antennes commencent à être installées.
Ce travail peut être consulté ici : Ondes-5G et 6G
Il donnera lieu ultérieurement à la production de plusieurs articles.
Le progressisme culturel — l’idée que nous sommes destinés, en tant que civilisation, à aller de l’avant, à perfectionner et à sophistiquer toujours plus nos existences, qu’il est certain et normal que demain soit meilleur qu’hier, que nos conditions ne cessent de s’améliorer au fil du temps, et ce grâce au sacro-saint développement des sciences et des techniques —, au sein duquel les civilisés sont éduqués, s’attache à diaboliser le passé, de manière grossière, caricaturale et simplement mensongère. Le passéisme est alors un péché, moqué à l’aide des fameux « on ne va pas revenir en arrière ! », « ce que vous proposez c’est un retour à l’âge de pierre », « on ne va pas recommencer à s’habiller en peaux de bêtes et à s’éclairer à la bougie », etc.
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Le bilan du progressisme et de l’autoritarisme technocratique
il n’y a plus que 2 véritables forêts sur Terre : l’Amazonie et le Congo
-l’assèchement de 90% de la mer d’Aral, 4ième plus grand lac du monde , ou du lac Tchad dans le même pourcentage, par exemple.
-L’asséchement des fleuves : le fleuve Colorado n’atteint plus la mer. L’Indus, autrefois le 21ème plus grand fleuve du monde — au débit de 200 kilomètres cube par an — n’est plus aujourd’hui qu’un « goutte à goutte qui touche à sa fin ». Le Rio Grande a perdu 80% de son débit. L’accomplissement suprême reste peut-être celui du fleuve jaune de Chine. Il s’agit du sixième fleuve le plus long du monde, avec plus de 5400 kilomètres. Un peu plus court aujourd’hui, puisque l’eau n’est plus gâchée mais utilisée ; 230 jours par an, il n’atteint plus l’océan.
l’asséchement des aquifères ( nappes ou terrains sous-terrains contenant de l’eau) : pour l’aquifère Ogallala aux Etats-Unis de 450 000 km2, les puits en certains endroits sont 90 m plus bas qu’au début du prélèvement. 21 des 37 plus grands aquifères du monde déclinent significativement, 13 d’entre eux sont au bord de l’épuisement. ( dont l’aquifère du bassin de l’Indus, au nord-ouest de l’Inde et du Pakistan qui est le deuxième sur-stress et le bassin de Murzuk-Djado en Afrique du Nord, le troisième. La vallée centrale de la Californie, très utilisée pour l’agriculture et en voie d’épuisement rapide. cf liste des aquifères)
Notre septième plus grand accomplissement concernant l’eau est l’empoisonnement des eaux souterraines et de surface du monde. La quasi-totalité des plans et des cours d’eau du monde — des profondeurs océaniques jusqu’aux plus petits ruisselets — est contaminée par des toxines fabriquées par l’homme. En Chine, certains fleuves ont été tellement bien pollués que leur contact est toxique.
Il y a assez de plastique dans l’océan pour engendrer des plaques flottantes de la taille de grands états –cf le septième continent-. Il y a assez de plastique pour qu’un poussin d’oiseau marin sur trois meure de faim sur certains sites de reproduction du pacifique, le ventre plein de plastique.
Les scientifiques estiment que nous vivons aujourd’hui la sixième extinction de masse : 90% des grands poissons, 70% des oiseaux marins et, plus généralement, 52% des animaux sauvages, ont disparu ; depuis moins de 40 ans, le nombre d’animaux marins, dans l’ensemble, a été divisé par deux.
La consommation globale d’eau douce actuelle (imaginez donc ce qu’il en sera demain !) est elle aussi d’ores et déjà largement insoutenable (c’est-à-dire que nous consommons l’eau des nappes phréatiques et des aquifères plus rapidement qu’ils ne se remplissent.
L’entité responsable de cette destruction, nous la connaissons bien, puisque la majeure partie d’entre nous, humains, y vit : il s’agit de la civilisation industrielle – l’organisation sociale dominante, aujourd’hui mondialisée.
Au niveau humain, les effets de la civilisation industrielle sont du même acabit : maladies (dont, bien évidemment, celles dites « de civilisation » : diabète, athérosclérose, asthme, allergies, obésité et cancer), dépressions, anxiétés et divers troubles psychologiques.
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L’hybris
Toutes les civilisations sont infectées par une volonté de puissance délirante, l’hybris.
L’hybris, ou hubris, du grec ancien ὕϐρις / hybris, est une notion grecque qui se traduit le plus souvent par « démesure ». C’est un sentiment violent inspiré des passions, particulièrement de l’orgueil. Les Grecs lui opposaient la tempérance et la modération. Dans la Grèce antique, l’hybris était considérée comme un crime. Elle recouvrait des violations comme les voies de fait, les agressions sexuelles et le vol de propriété publique ou sacrée1. On en trouve deux exemples bien connus : les deux discours de Démosthène, Contre Midias et le Contre Conon. C’est la tentation de démesure ou de folie imprudente des hommes, tentés de rivaliser avec les dieux. Cela vaut en général de terribles punitions de la part de ces derniers.
La civilisation se caractérise également par une obsession — en lien direct avec l’hubris précédemment mentionné—, par une pulsion inhérente à son existence : le besoin de tout contrôler. Cette culture du contrôle, nécessaire pour son expansion, fait que tout ce qui existe doit être analysé et au besoin refaçonné, restructuré, de manière à s’imbriquer dans son modèle machinique (artificiel) de développement.
Ce qui fait, par exemple, que des propriétés aussi indissociables de la vie que la mort et la maladie sont considérées comme inadmissibles et devant être combattues. D’où la philosophie transhumaniste des individus les plus puissants de la civilisation, qui rêvent de ne plus mourir et de posséder des corps bioniques, peu importe les coûts pour les autres espèces, pour l’environnement et l’équilibre de l’écosystème Terre.
Pierre Fournier écrivait à ce propos : « on a trop dit que le robot inquiète, c’est une illusion d’intellectuel. Il inquiète l’homme qui réfléchit, il plait aux autres. Ils ont peur de tout ce qui, sans eux, simplement, existe. Tout ce qui est vivant les menace. Tout ce qui se fabrique les rassure. »
La plupart des habitants de la civilisation mondiale actuelle ne se soucient même plus de l’absence totale de démocratie. ( toutefois le mouvement actuel des gilets jaunes pourrait être l’expression de cette prise de conscience d’une partie de la population). Ils sont dépossédés au point de n’avoir plus qu’une votation parodique comme influence, et soumis à des propagandes médiatiques ainsi qu’à la standardisation et au conditionnement éducatifs, la plupart se résignent et acceptent docilement ce qu’ils prennent alors pour une fatalité.
Soulignons le rôle de l’industrie du divertissement (jeux-vidéo, cinéma, film, télévision, musique, roman, etc.), un des plus puissants outils (et peut-être le plus puissant) de contrôle des populations. Son mot d’ordre, qui pourrait se résumer à « divertir pour dominer », repose sur des principes séculaires de contrôle des populations au sein des empires, aussi anciens que les combats de gladiateurs.
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La malédiction progressiste et l’autoritarisme technocratique
Comme le rappelle Jared Diamond, « Les chasseurs-cueilleurs pratiquaient le mode de vie le plus abouti et le plus durable de l’histoire humaine. En revanche, nous luttons toujours avec la pagaille dans laquelle l’agriculture nous a précipités, et il n’est pas certain que nous puissions nous en sortir. » 10 000 ans de civilisation basée sur l’agriculture, puis l’agriculture industrielle et enfin sur l’agro-pétro-chimie ont continuellement dégradé la planète ainsi que la psyché humaine, et nous en sommes désormais rendus au constat introductif de ce texte.
Les soi-disant technologies « vertes » ou « renouvelables », en plus d’être, à l’instar de toutes les hautes technologies, conçues et contrôlées de manière antidémocratique, s’avèrent également destructrices.
En plus (mais surtout à cause) de tout ceci, l’individu, au sein de la civilisation industrielle, en est réduit à n’être qu’un minuscule rouage passif (car dépossédé, rendu impuissant par les institutions du système) d’une machinerie qui le dépasse largement. Il n’exerce (quasiment) aucun contrôle sur les institutions qui le dominent.
La volonté de (continuer à) bénéficier des conforts qu’apportent et que permettent l’industrialisme (et ses hautes-technologies) et la mondialisation implique pareillement ces structures sociales hautement hiérarchisées ainsi que ces pratiques destructrices de l’environnement.
Cependant, et parce que l’évocation même d’un renoncement est une hérésie au sein de la culture progressiste, il est aujourd’hui impensable pour la majorité des civilisés d’abjurer le développement technologique. Mais puisque toutes les hautes-technologies sont destructrices de l’environnement (extractivisme, transports, pollutions innombrables à tous les stades de production, etc.), et parce qu’y renoncer purement et simplement est hors de question, la culture dominante s’échine à trouver des solutions technologiques à ses problèmes technologiques. D’où la culture des alternatives (« altermondialisme »), d’où le commerce « équitable », d’où les smartphones équitables, d’où les éco-véhicules, les énergies « vertes », les bioplastiques, et ainsi de suite. Toutes ces choses, au demeurant polluantes et destructrices, peuvent effectivement l’être parfois dans une (légèrement) moindre mesure. Malheureusement, la croissance démographique et la production par définition infinie (croissance et expansion obligent !) de nouvelles technologies balaient le moindre gain. Et les choses empirent.
Je pose l’hypothèse qu’Orwell est un penseur politique à l’égal de Machiavel ou de La Boétie et que 1984 permet de penser les modalités d’une dictature postnazie ou poststalinienne, et ce dans des formes dont j’examine l’existence dans notre époque.
Quand il m’a fallu synthétiser mon travail, j’ai proposé le schéma d’une dictature d’un type nouveau. Elle suppose un certain nombre d’objectifs : détruire la liberté ; appauvrir la langue ; abolir la vérité ; supprimer l’histoire ; nier la nature ; propager la haine ; aspirer à l’Empire.
La théorie du genre est le produit d’une société dont l’objectif est de mener une guerre totale à la nature afin de faire de telle sorte que tout, absolument tout, devienne artefact, produit, objet, chose, artifice, ustensile, autrement dit : valeur marchande. C’est, à l’horizon centenaire, la possibilité d’un capitalisme intégral dans laquelle tout se produira, donc tout s’achètera et tout se vendra. La théorie du genre est l’une des premières pierres de ce pénitencier planétaire. Elle prépare le transhumain qui est l’objectif final du capitalisme – autrement dit : non pas la suppression du capital, comme le croient les néo-marxistes, mais son affirmation totale, définitive, irréversible.
En ouvrant la PMA aux couples de femmes on l’intégre dans ce processus de dénaturation et d’artificialisation du réel. On nie la nature, on la détruit, on la méprise, on la salit, on la ravage, on l’exploite, on la pollue, puis on la remplace par du culturel. Par exemple, avec les corps : plus d’hormones, plus de glandes endocrines, plus de testostérone, mais des perturbateurs endocriniens tout de même ! Allez comprendre… Ou bien encore des injections hormonales pour ceux qui veulent changer de sexe. Cette haine de la nature, cette guerre de destruction déclarée à la nature, est propédeutique au projet transhumaniste.
Par ailleurs, je n’ai jamais été génétiquement père mais, par le fait d’un mariage avec la femme qui est l’œil vif sous lequel j’écris désormais suivi par l’adoption de ses deux grands-enfants, je suis devenu père et grand-père de l’enfant de celle qui est devenue ma grande fille : je ne suis donc pas contre une « filiation d’intention », puisque j’en incarne et porte le projet, mais le tout dans une logique où l’on ne prive pas l’enfant des repères auxquels il a droit. J’ai assez bataillé contre la métapsychologie de la psychanalyse freudienne pour pouvoir dire que je me retrouve dans le combat de certains psychanalystes qui s’opposent à cette disparition du père soit dans la promotion d’un double père soit dans celle d’une double mère.
Michel Onfray
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sur Médiapart : Michel Onfray. Théorie de la dictature
Dans ce nouveau livre le philosophe politique et militant athée bien connu Michel Onfray analyse ce qu’il nomme les nouvelles formes de dictature Celles-ci enferment nos sociétés dans la soumission aux intérêts industriels et commerciaux voulant étendre partout le régime de la consommation facile et excluant toute critique politique que ce soit.
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En 2007, l’auteur prolixe nous a gratifiés d’une Théorie du voyage où il explorait les motivations à partir au loin. Il omettait cependant les deux conditions nécessaires à voyager : l’argent et la liberté. Sans cette dernière, impossible de partir. Or curieusement, dans son dernier livre, Théorie de la dictature, aucune entrave à la liberté de voyager n’est mentionnée. De nos jours, on va où l’on veut à condition d’avoir de l’argent. C’est que la dictature dont parle Onfray n’a plus rien à voir avec les catégories de la pensée classique (de l’Antiquité au XXème siècle). On emploie le même mot, mais on est entré dans une autre dimension.
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Cette dictature n’est douce qu’en apparence, car son aboutissement logique est de substituer à l’homme actuel autre chose : une enveloppe certes humaine, peut-être modifiée avec le transhumanisme, doté de réactions encore humaines, mais à l’intérieur, y aura-t-il toujours la liberté ? L’âme ( nous traduisons : la personnalité et l’indépendance d’esprit) n’aura-t-elle pas été définitivement chassée ?…
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Michel Onfray n’offre pas dans ce livre de perspectives permettant d’échapper à cette dictature. Certes en France les pouvoirs dominants n’ont pas encore totalement supprimé la réflexion et la critique. Son livre en est une preuve. Mais quel écho aura-t-il dans les grands médias qui nous imposent une actualité non dérangeante, conforme aux intérêts dominants, et qui donnent très peu de retentissement aux critiques, aussi fondées soient-elles, dès qu’elles deviennent un tant soit peu radicales.
Le 24 mars, Anne Audigier publie une interview de Coline Serreau, très remontée. Voici des extraits de cette interview :
La réalisatrice qui a signé l’une des plus jolies comédies françaises des années 80, Trois hommes et un couffin, qui a réalisé des films visionnaires, écolos, humanistes et généreux comme La belle verte ou La crise et une fable toujours d’actualité, Romuald et Juliette,n’avait pas très envie de parler d’elle même, mais plutôt de ce virus et de la manière dont nous l’abordons :
« Pour se protéger des virus, il faudra avoir un environnement sain et un système immunitaire qui marche. Et c’est ça qui nous permettra de vivre non pas contre eux, mais de les supporter parce qu’ils seront toujours là. »
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Des voix qui chantent pour juguler la solitude
Malgré ce sombre tableau et ce confinement, ennemi par définition de la communication, Coline Serreau trouve de quoi s’émerveiller. « C’est magnifique, s’enflamme-t-elle, les Italiens chantent aux balcons… »
« La grande culture, elle est en train de se faire en ce moment. »
Et le cinéma dans tout ça
« L’annulation du Festival de Cannes est une super bonne nouvelle. »
« Mais venez-y en jean troué et en basket, les filles. C’est votre talent, vos qualités d’artistes qu’il faut célébrer et non pas faire la course à qui sera la plus à poil, la plus pute. »
des extraits d’un texte de Coline Serreau du 22 mars…
LE MONDE QUI MARCHAIT SUR LA TÊTE EST EN TRAIN DE REMETTRE SES IDÉES A L’ENDROIT
Texte poignant de Coline Serreau qui ne mâche pas ses mots…
Dimanche 22 mars. Coline Serreau**, réalisatrice de Trois hommes et un couffin, mais aussi de films visionnaires, écolos, humanistes et généreux comme La belle verte ou La crise.
LE MONDE QUI MARCHAIT SUR LA TÊTE EST EN TRAIN DE REMETTRE SES IDÉES A L’ENDROIT
Le gouvernement gère l’épidémie comme il peut… mais les postures guerrières sont souvent inefficaces en face des forces de la nature. Les virus sont des êtres puissants, capables de modifier notre génome, traitons-les sinon avec respect, du moins avec modestie.
Apprenons à survivre parmi eux, à s’en protéger en faisant vivre l’espèce humaine dans des conditions sanitaires optimales qui renforcent son immunité et lui donnent le pouvoir d’affronter sans dommage les microbes et virus dont nous sommes de toute façon entourés massivement, car nous vivons dans la grande soupe cosmique où tout le monde doit avoir sa place. La guerre contre les virus sera toujours perdue, mais l’équilibre entre nos vies et la leur peut être gagné si nous renforçons notre système immunitaire par un mode de vie non mortifère.
Dans cette crise, ce qui est stupéfiant c’est la rapidité avec laquelle l’intelligence collective et populaire se manifeste.
En quelques jours, les français ont établi des rites de remerciement massivement suivis, un des plus beaux gestes politiques que la France ait connus et qui prolonge les grèves contre la réforme des retraites et l’action des gilets jaunes en criant haut et fort qui et quoi sont importants dans nos vies.
Dans notre pays, ceux qui assurent les fonctions essentielles, celles qui font tenir debout une société sont sous-payés, méprisés. Les aides-soignantes, les infirmières et infirmiers, les médecins qui travaillent dans les hôpitaux publics, le personnel des écoles, les instituteurs, les professeurs, les chercheurs, touchent des salaires de misère tandis que des jeunes crétins arrogants sont payés des millions d’euros par mois pour mettre un ballon dans un filet.
Dans notre monde le mot paysan est une insulte, mais des gens qui se nomment « exploitants agricoles » reçoivent des centaines de milliers d’euros pour faire mourir notre terre, nos corps et notre environnement tandis que l’industrie chimique prospère.
Et voilà que le petit virus remet les pendules à l’heure, voilà qu’aux fenêtres, un peuple confiné hurle son respect, son amour, sa reconnaissance pour les vrais soldats de notre époque, ceux qui sont prêts à donner leur vie pour sauver la nôtre alors que depuis des décennies les gouvernements successifs se sont acharnés à démanteler nos systèmes de santé et d’éducation, alors que les lobbies règnent en maîtres et arrosent les politiques avec le fric de la corruption.
Nous manquons d’argent pour équiper nos hôpitaux, mais bon sang, prenons l’argent où il se trouve, que les GAFA payent leurs impôts, qu’ils reversent à la société au minimum la moitié de leurs revenus. Car après tout, comment l’ont-ils gagné cet argent ? Ils l’ont gagné parce qu’il y a des peuples qui forment des nations, équipées de rues, d’autoroutes, de trains, d’égouts, d’électricité, d’eau courante, d’écoles, d’hôpitaux, de stades, et j’en passe, parce que la collectivité a payé tout cela de ses deniers, et c’est grâce à toutes ces infrastructures que ces entreprises peuvent faire des profits. Donc ils doivent payer leurs impôts et rendre aux peuples ce qui leur est dû.
Il faudra probablement aussi revoir la question de la dette qui nous ruine en enrichissant les marchés financiers. Au cours des siècles passés les rois de France ont très régulièrement décidé d’annuler la dette publique, de remettre les compteurs à zéro.
Je ne vois pas comment à la sortie de cette crise, quand les comptes en banque des petites gens seront vides, quand les entreprises ne pourront plus payer leurs employés qui ne pourront plus payer les loyers, l’électricité, le gaz, la nourriture, comment le gouvernement pourra continuer à gaspiller 90% de son budget à rembourser une dette qui ne profite qu’aux banquiers.
J’espère que le peuple se lèvera et réclamera son dû, à savoir exigera que la richesse de la France, produite par le peuple soit redistribuée au peuple et non pas à la finance internationale. Et si les autres pays font aussi défaut de leur dette envers nous, il faudra relocaliser, produire de nouveau chez nous, se contenter de nos ressources, qui sont immenses, et détricoter une partie de la mondialisation qui n’a fait que nous appauvrir.
Et le peuple l’a si bien compris qu’il crie tous les soirs son respect pour ceux qui soignent, pour la fonction soignante, celle des mères, des femmes et des hommes qui font passer l’humain avant le fric.
Ne nous y trompons pas, il n’y aura pas de retour en arrière après cette crise.
Parce que malgré cette souffrance, malgré ces deuils terribles qui frappent tant de familles, malgré ce confinement dont les plus pauvres d’entre nous payent le plus lourd tribut, à savoir les jeunes, les personnes âgées isolées ou confinées dans les EHPAD, les familles nombreuses, coincés qu’ils sont en ville, souvent dans de toutes petites surfaces, malgré tout cela, le monde qui marchait sur la tête est en train de remettre ses idées à l’endroit.
Où sont les vraies valeurs ? Qu’est-ce qui est important dans nos vies ?
Vivre virtuellement ? Manger des produits issus d’une terre martyrisée et qui empoisonnent nos corps ?
Enrichir par notre travail ceux qui se prennent des bonus faramineux en gérant les licenciements ?
Encaisser la violence sociale de ceux qui n’ont eu de cesse d’appauvrir le système de soin et nous donnent maintenant des leçons de solidarité ?
Subir une médecine uniquement occupée à soigner les symptômes sans se soucier de prévention, qui bourre les gens de médicaments qui les tuent autant ou plus qu’ils ne les soignent ? Une médecine aux ordres des laboratoires pharmaceutiques ?
Alors que la seule médecine valable, c’est celle qui s’occupe de l’environnement sain des humains, qui proscrit tous les poisons, même s’ils rapportent gros. Pourquoi croyez-vous que ce virus qui atteint les poumons prospère si bien ? Parce que nos poumons sont malades de la pollution et que leur faiblesse offre un magnifique garde-manger aux virus.
En agriculture, plus on cultive intensivement sur des dizaines d’hectares des plantes transformées génétiquement ou hybrides dans des terres malades, plus les prédateurs, ou pestes, les attaquent et s’en régalent, et plus il faut les arroser de pesticides pour qu’elles survivent, c’est un cercle vicieux qui ne peut mener qu’à des catastrophes.
Mais ne vous faites pas d’illusions, on traite les humains les plus humbles de la même façon que les plantes et les animaux martyrisés.
Dans les grandes métropoles du monde entier, plus les gens sont entassés, mal nourris, respirent un air vicié qui affaiblit leurs poumons, plus les virus et autres « pestes » seront à l’aise et attaqueront leur point faible : leur système respiratoire.
Cette épidémie, si l’on a l’intelligence d’en analyser l’origine et la manière de la contrer par la prévention plutôt que par le seul vaccin, pourrait faire comprendre aux politiques et surtout aux populations que seuls une alimentation et un environnement sains permettront de se défendre efficacement et à long terme contre les virus.
Le confinement a aussi des conséquences mentales et sociétales importantes pour nous tous, soudain un certain nombre de choses que nous pensions vitales se révèlent futiles. Acheter toutes sortes d’objets, de vêtements, est impossible et cette impossibilité devient un bonus : d’abord en achetant moins on devient riches.
Et comme on ne perd plus de temps en transports harassants et polluants, soudain on comprend combien ces transports nous détruisaient, combien l’entassement nous rendait agressifs, combien la haine et la méfiance dont on se blindait pour se préserver un vague espace vital, nous faisait du mal.
On prend le temps de cuisiner au lieu de se gaver de junk-food, on se parle, on s’envoie des messages qui rivalisent de créativité et d’humour.
Le télétravail se développe à toute vitesse, il permettra plus tard à un nombre croissant de gens de vivre et de travailler à la campagne, les mégapoles pourront se désengorger.
Pour ce qui est de la culture, les peuples nous enseignent des leçons magnifiques : la culture n’est ni un vecteur de vente, ni une usine à profits, ni la propriété d’une élite qui affirme sa supériorité,la culture est ce qui nous rassemble, nous console, nous permet de vivre et de partager nos émotions avec les autres humains.
Quoi de pire qu’un confinement pour communiquer ? Et pourtant les italiens chantent aux balcons, on a vu des policiers offrir des sérénades à des villageois pour les réconforter, à Paris des rues entières organisent des concerts du soir, des lectures de poèmes, des manifestations de gratitude, c’est cela la vraie culture, la belle, la grande culture dont le monde a besoin, juste des voix qui chantent pour juguler la solitude.
C’est le contraire de la culture des officines gouvernementales qui ne se sont jamais préoccupées d’assouvir les besoins des populations, de leur offrir ce dont elles ont réellement besoin pour vivre, mais n’ont eu de cesse de conforter les élites, de mépriser toute manifestation culturelle qui plairait au bas peuple.
En ce sens, l’annulation du festival de Cannes est une super bonne nouvelle.
Après l’explosion en plein vol des Césars manipulés depuis des années par une maffia au fonctionnement opaque et antidémocratique, après les scandales des abus sexuels dans le cinéma, dont seulement une infime partie a été dévoilée, le festival de Cannes va lui aussi devoir faire des révisions déchirantes et se réinventer. Ce festival de Cannes qui déconne, ou festival des connes complices d’un système rongé par la phallocratie, par la corruption de l’industrie du luxe, où l’on expose complaisamment de la chair fraîche piquée sur des échasses, pauvres femmes porte-manteaux manipulées par les marques, humiliées, angoissées à l’idée de ne pas assez plaire aux vieillards aux bras desquels elles sont accrochées comme des trophées, ce festival, mais venez-y en jeans troués et en baskets les filles, car c’est votre talent, vos qualités d’artiste qu’il faut y célébrer et non pas faire la course à qui sera la plus à poil, la plus pute !
Si les manifestations si généreuses, si émouvantes des peuples confinés pouvaient avoir une influence sur le futur de la culture ce serait un beau rêve !
Pour terminer, je voudrais adresser une parole de compassion aux nombreux malades et à leurs proches, et leur dire que du fin fond de nos maisons ou appartements, enfermés que nous sommes, nous ne cessons de penser à eux et de leur souhaiter de se rétablir. Je ne suis pas croyante, les prières m’ont toujours fait rire, mais voilà que je me prends à prier pour que tous ces gens guérissent. Cette prière ne remplacera jamais les soins de l’hôpital, le dévouement héroïque des soignants et une politique sanitaire digne de ce nom, mais c’est tout ce que je peux faire, alors je le fais, en espérant que les ondes transporteront mon message, nos messages, d’amour et d’espoir à ceux qui en ont besoin.
Coline Serreau
** Coline SERREAU a donné son nom à l’une des salles de formation musicale du Conservatoire de Tyndo à THOUARS :
Coline Serreau a passé de nombreux séjours à Thouars dans son enfance. Fille de l’écrivain Geneviève Serreau et du metteur en scène Jean-Marie Serreau, elle possède un bagage artistique varié puisqu’elle a fait des études de Lettres, a fréquenté le Conservatoire National Supérieur de musique (Musicologie et Esthétique), a été l’élève de Jean Langlais à la classe d’orgue de la Schola Cantorum. Elle a en outre fréquenté pendant vingt ans l’École du cirque d’Annie Fratellini (où elle a appris le trapèze).Attirée par le théâtre, elle entre comme apprentie comédienne au Centre National de la Rue Blanche, elle est stagiaire à la Comédie-Française, puis travaille avec Romain Bouteille et Coluche avant de s’orienter vers l’écriture pour le cinéma et le théâtre, la mise en scène au théâtre, au cinéma et à l’opéra, et la direction de choeur.
En 1975, elle réalise son premier film « Mais qu’est ce qu’elles veulent »-A travers une serie d’interviews de femmes d’origines sociales diverses, enquête sur la condition feminine en France dans les années soixante-dix. et connaît un ‐ vrai succès auprès de la critique en 1977 avec son second film « Pourquoi pas !» –La vie mouvementee d’un menage a trois dans un pavillon de banlieue qui suscite la curiosite de leur entourage dont celle d’un inspecteur de police. – En 1981 elle réalise « Qu’est‐ce qu’on attend pour être heureux !» – Exaspérés par les conditions de travail qu’on leur impose sur le tournage d’un film publicitaire, comédiens, figurants et musiciens se révoltent : ils décident de séquestrer l’équipe technique. . En 1985, « Trois Hommes et un couffin » apparaît sur les écrans-« Un copain déposera un colis et passera le reprendre plus tard ». Tel est le message laissé par Jacques, avant son départ pour le Japon, à ses deux compères Pierre et Michel avec lesquels il partage un luxueux appartement. Comme prévu, le colis arrive et à la stupéfaction générale, il s’agit d’un bébé… Adieu liberté et aventures sans lendemain. Avec plus de 12 millions d’entrées, et 2 Césars, il compte parmi les records du nombre d’entrées pour un film français. « La Crise »(1992) (César du cinéma du meilleur scénario)- Le même jour, Victor est abandonné par sa femme et perd son emploi de juriste. Personne autour de lui ne semble se préoccuper de son sort. La seule oreille attentive qu’il trouve est celle de Michou, un SDF rencontré dans un café, et qui va vivre à ses crochets., – « La Belle Verte»1995-Quelque part dans l’univers existe une planète dont les habitants évolués et heureux vivent en parfaite harmonie. De temps en temps quelques-uns d’entre eux partent en excursion sur d’autres planètes. Curieusement, depuis deux cents ans plus personne ne veut aller sur la planète Terre. Or un jour, pour des raisons personnelles, une jeune femme décide de se porter volontaire. Et c’est ainsi que les Terriens la voient atterrir en plein Paris.-(2,5 millions de téléchargements sur le net, en 15 langues), « Chaos » – 2001-Un soir, en conduisant en ville, un couple bourgeois, Hélène et Paul, est témoin d’une scène violente : Malika, une prostituée, est poursuivie par des truands. La jeune fille appelle à l’aide, tente de se réfugier dans la voiture du couple, mais Paul verrouille les portières du véhicule. Malika est alors tabassée et laissée pour morte sur le trottoir. Le conducteur s’empresse de nettoyer sa voiture pour faire disparaître les traces de sang, tandis que sa femme cherche à savoir ce qu’est devenue cette jeune fille. Elle la retrouve dans le service de réanimation d’un hôpital parisien et la soutient dans sa lente résurrection, délaissant quelque peu son foyer. Mais les proxénètes qui ont agressé Malika n’entendent pas la laisser tranquille, et bientôt Hélène se retrouve impliquée dans une histoire qui la dépasse : elle entreprend de redonner goût à la vie à la prostituée et de la tirer des griffes de ses bourreaux. (1 César), « 18 ans après », « Saint–‐Jacques… La Mecque »,- « Solutions locales pour un désordre global » -2010- « Les films d’alertes et catastrophistes ont été tournés, ils ont eu leur utilité, mais maintenant il faut montrer qu’il existe des solutions, faire entendre les réflexions des paysans, des philosophes et économistes qui, tout en expliquant pourquoi notre modèle de société s’est embourbé dans la crise écologique, financière et politique que nous connaissons, inventent et expérimentent des alternatives. » Coline Serreau.- , « Tout est permis »-2014- Le permis de conduire à points est instauré depuis plus de 20 ans.
Véritables lieux de mixité sociale et culturelle, les stages de récupération de points sont l’occasion pour les auteurs d’infractions d’y exprimer leur révolte mais aussi de se raconter.
Les nombreux témoignages et images recueillis par Coline Serreau lors de ces stages, dressent un portrait tragi-comique de notre société où l’individualisme et les petites habitudes de chacun mettent en péril le bonheur de tous.
Portrait à charge, mais regard complice, TOUT EST PERMIS est un film réalisé aux quatre coins de l’Hexagone. et « Couleur locale » pour France 3 avec Isabelle Nanty en 2014.- chef d’entreprise, veuve raciste et très ancrée à droite, Marianne Riblon ne vit que pour son travail et vise les prochaines municipales de sa commune. Sa fille, avec qui elle est en froid depuis la mort de son mari et victime d’une leucémie, lui annonce qu’elle est grand-mère. Marianne devra s’occuper de Nicolas, un garçon métis de 12 ans difficile qui n’accepte que les produits bio. A son contact, Marianne va devoir apprendre à ouvrir son esprit aux différences du monde qui l’entoure…
Elle a joué dans de nombreux spectacles dont : « Comme il vous plaira » de Shakespeare – 1976-et « Le cercle de craie Caucasien »– de Bertolt Brech dans la cour du Palais des Papes à Avignon -2001-.
Elle a joué « Lapin Lapin »-1997-, « Quisaitout et Grobêta »-2009-2010 (cinq Molières) –
Quisaitout et Grobêta est une pièce philosophico-comique tout public. Le maître et le valet entreprennent un voyage initiatique au cours duquel ils vivront de nombreuses aventures : traversée d’océan, du désert, rencontres, bal, course poursuite. Cette pièce cherche à nous déstabiliser et nous invite à réfléchir sur soi, les autres et sur le monde. Ceci avec un humour à la fois clownesque et léger comme sait le faire avec génie Coline Serreau.
Quisaitout et Grobêta est un feu d’artifice qui laisse fuser plusieurs messages d’humanité, de respect, de tolérance, d’amour, d’espoir et de rêve.
et « Le Salon d’été », pièces dont elle est l’auteur, pendant de nombreuses saisons à Paris et en tournée dans toute la francophonie.
Pièce théâtrale et musicale de Coline Serreau, Le Salon d’été est une joyeuse comédie qui met en scène trois quartettes vocaux, leurs répétitions, leurs désirs, leurs frustrations, leurs amours – tout ce qui fait, en somme, la vie d’un groupe qui partage la pratique d’un art –, à des époques différentes : fin du XIXe siècle, années 1940, aujourd’hui.
Quartettes miroirs les uns des autres qui cependant s’inscrivent chacun dans leur époque. Où l’on voit que la lecture d’une partition commune prend une couleur qui lui est propre à travers le langage, les usages, la guerre, les évolutions sociétales… mais à la façon de Coline Serreau, avec légèreté et bonne humeur !
Tout au long de la pièce, les quartettes répètent des œuvres de Bach, Brahms, Schönberg, Janequin, Rossini, ainsi que plusieurs gospels. Ils buttent, accrochent, s’emballent, se battent, mais l’harmonie n’est jamais loin.
En 2006, elle joue Arnolphe dans « L’école des femmes » de Molière, spectacle qu’elle a mis en scène au théâtre de la Madeleine et joué pendant un an.
Elle a mis en scène à l’Opéra Bastille « La Chauve‐Souris » de Johan Strauss, « Le Barbier de Séville » de Rossini, spectacles créés en 2000 et 2002, repris de nombreuses fois, et « Manon » de Jules Massenet.
Elle a été deux ans présidente de l’ARP, l’association des réalisateurs producteurs.Elle a été présidente de l’Académie Fratellini, école nationale supérieure des arts du cirque, et centre d’art où elle a mis en scène en 2009 « Hip envolée hop » et en 2010 « Cirkipop », spectacles mêlant circassiens et danseurs hip-hop.
Elle a publié son théâtre chez Actes‐Sud, ainsi qu’un livre sur l’académie Fratellini, le scénario de « La Belle Verte » et le livre « Solutions locales pour un désordre global ».
Chez Flammarion elle a publié en 2005 le roman « Saint Jacques la Mecque ». et tourné le film du même nom la même année –Au décès de leur mère, deux frères et une soeur apprennent qu’ils ne toucheront leur héritage que s’ils font ensemble, à pied, la marche du Puy-en-Velay à Saint-Jacques-de-Compostelle. Mais ils se détestent autant qu’ils détestent la marche.
Ils se mettent pourtant en route, mus par l’appât du gain. Ils rejoignent leur guide au Puy et découvrent qu’ils marcheront avec un groupe de six autres personnes, dont un jeune beur qui fait croire à son cousin un peu naïf qu’il l’emmène à La Mecque, alors qu’il poursuit une jeune pèlerine, l’amour de sa vie…
Les éditions Iconoclastes publieront son roman « Fragments » en 2015 –Coline Serreau dessine les contours de ce qui a façonné son parcours et sa réflexion : ses ancêtres et ses maîtres, Freud, Bach, Rembrandt, mais aussi l’école de Marguerite Soubeyran à Beauvallon, le cinéma, le théâtre, le cirque, l’opéra… autoportrait kaléidoscopique d’une artiste et d’une femme engagée. . Tout au long de sa vie elle a photographié et dessiné. Elle a exposé ses « Photopeintures » dans diverses expositions. Elle a composé la musique de quelques-uns de ses films et
dirige depuis 2003 la Chorale du Delta qui donne de nombreux concerts à Paris, Venise, dans la Drôme et dans les pays de Loire. En 2015 elle a tourné pour France 3 un film sur le résistant « Pierre Brossolette » (1ère diffusion le 26 mai 2015) et prépare un long métrage de cinéma : »Avis de tempête » Elle a reçu le Grand prix de la SACD en 2004.
Elle est nommée officier (94) puis commandeur (99) de l’ordre des Arts et Lettres. Elle est nommée en 2004 chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur. Elle est nommée chevalier (90) puis officier (2011) de l’ordre National du Mérite
Pour avoir quelques idées éparses supplémentaires sur les origines du Covid -19 et sur la 5G – notre merveilleux monde des ondes qui se prépare dans l’environnement futur de la 5G
A toute chose malheur est bon. Lorsque l’épidémie du covid-19 aura été jugulée, il faudra réfléchir à ce cri lancé il y a plus de quarante ans par le commandant Cousteau – 2 mn 04-et refuser de poursuivre notre vie dans la course folle dans laquelle nous sommes engagés et nous orienter vers une vie simple et plus dépouillée.
Ce mouvement de fond devra s’accompagner dans nos démocraties du vote en faveur de celles et ceux qui veulent s’orienter sérieusement dans cette direction et éviter de choisir celles et ceux qui vont nous proposer seulement de repeindre les façades en vert.
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Extrait de radioscopie de Jacques Cousteau -1977
Il y a plus de 40 ans Jacques Cousteau dénonçait les excès de notre mode de vie :
Notre vie est intimement liée à la vie des océans.
La seule chose qui compte c’est la vie disait-il, c’est celle de nos enfants, nos petits enfants. C’est le bonheur de vivre , la joie, les fleurs, les oiseaux …
quand j’étais jeune j’avais le temps de discuter avec la crémière … aujourd’hui on n’a plus le temps…
Il faut produire en qualité plutôt qu’en quantité. Il faut simplifier notre vie, la dépouiller
Isabelle Barbéris : maître de conférence en arts de la scène. Université Paris-Diderot, spécialiste du théâtre contemporain
Michel Bel : professeur de philosophie en retraite -spécialiste de Heidegger
Jean-François Braunstein : philosophe – professeur d’université -travaux sur l’histoire des sciences et philosophie des sciences
Paul Cesbron : gynécologue obstétricien ancien chef de la maternité de Creil
Denis Collin : philosophe dans la suite de la pensée de Marx – essaie de concilier socialisme et républicanisme.
Anne Lise Diet : psychologue, psychanaliste
Emmanuel Diet : psychologue -agrégé de philosophie docteur en psychopathologie
Christian Godin : philosophe , maître de conférence Université Blaise Pascal , Clermont-Ferrand
Aude Mirkovic : juriste, essayiste, maître de conférence sciences criminelles Université d’Evry, militante catholique engagée dans le combat contre la gestation pour autrui et procréation médicalement assistée, combat contre l’avortement
Isabelle de Montmollin : docteur en philosophie Université de Lausanne
François Rastier : docteur en linguistique-directeur de recherche émérite CNRS
Pierre-André Taguieff : politologue, sociologue, historien des idées, directeur de recherche honoraire au CNRS -engagé dans la lutte contre tous les racismes
Patrick Tort : docteur en littérature,linguiste, philosophe , historien des sciences. Il a notamment analysé la dimension anthropologique de l’œuvre de Darwin. Aux yeux de certains, la réflexion de Patrick Tort s’inscrit dans le cadre du marxisme, courant de pensée auquel il a consacré plusieurs ouvrages.
Patrick Tort conçoit alors le projet d’une encyclopédie mondiale du darwinisme qui réunirait également toutes les connaissances issues de la biologie et des sciences humaines possédant un lien direct ou indirect avec la naissance et les développements du transformisme.
Thierry Vincent: journaliste anti Front National , émission « Special Investigation » sur Canal , 90 minutes et Envoyé spécial en 2017
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sur l’inactuelle – revue d’un monde qui vient
Michel Henry publiait en 1987 un livre important, La barbarie, où il s’agissait de montrer que la science, telle qu’elle s’est instituée en discipline maîtresse, détruit la culture dès lors qu’elle est laissée à sa propre dynamique. Pour Michel Henry, cette science livrée à elle-même est devenue la technique, une « objectivité monstrueuse dont les processus s’auto-engendrent et fonctionnent d’eux-mêmes ». Corrélativement, les idéologies célèbrent l’élimination de l’homme et la vie est condamnée à fuir.
Ce que Michel Henry analysait si lucidement voilà plus de trente ans a pris une ampleur considérable. L’élimination de l’homme est en cours, réellement et non pas seulement symboliquement à travers la destruction de la culture, qui était le centre de l’ouvrage de Michel Henry. Sous nos yeux se produit une véritable « transmutation posthumaniste » pour reprendre le titre de l’ouvrage collectif qui vient de paraître. Le transhumanisme nous conduit au-delà de l’humain, vers un posthumain, puisque nous avons appris que l’homme doit être dépassé ainsi que le disait Nietzsche !
Vers le posthumanisme.
Le posthumain, en effet, n’est plus simplement un thème de science-fiction. Il est revendiqué par des gens très sérieux qui y voient l’avenir même du mode de production capitaliste et l’avenir de l’humanité. Ainsi, fort nombreux sont les membres des cercles dirigeants des entreprises de la « high tech », souvent basées en Californie, qui revendiquent cette recherche du posthumain. Les dirigeants de Google, Larry Page et Sergey Brin, sont des adeptes fervents de la recherche posthumaniste et l’une des têtes pensantes de cette entreprise, Ray Kurzweil, la défend avec ardeur dans de très nombreux ouvrages depuis maintenant près de trois décennies.
C’est Ray Kurzweil qui déclarait : « Il y aura des gens implantés, hybridés, et ceux-ci domineront le monde. Les autres, qui ne le seront pas, ne seront pas plus utiles que nos vaches actuelles gardées au pré ». Et encore ceci : « Ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur. »
La transmutation posthumaniste.
Bien qu’ils aient des angles de vue différents et des philosophies parfois divergentes, les auteurs de l’ouvrage La transmutation posthumaniste mettent en évidence les principaux aspects de ce qui se joue autour de cette affaire. Je propose de regrouper tout cela sous le terme « trans » : il s’agit bien de transgresser toutes les frontières, frontières des espèces, frontière entre les sexes, frontière entre l’homme et la machine. Toutes ces frontières peuvent être transgressées, nous dit-on, car l’homme peut devenir le maître de ce qu’il deviendra, dans la mesure où, premièrement, ces frontières doivent toutes être considérées comme des constructions sociales et où, deuxièmement, grâce à la science et à la technique, l’homme peut s’émanciper de ce qu’il considère comme un donné naturel. La transgression des frontières de l’humain nous conduira au posthumain – et ici il n’est pas nécessaire de faire des distinguos subtils entre transhumanisme et posthumanisme, puisque, dans tous les cas, c’est l’humain tel que nous le connaissons qui est réputé obsolète.
Pierre-André Taguieff montre ici le lien de l’eugénisme classique (dont il rappelle combien il fut partagé aussi par des politiques et intellectuels de gauche), l’eugénisme nazi et les bricolages posthumanistes. De l’élevage des humains par les nazis à la sélection des gamètes pour obtenir des humains améliorés, il y a une continuité. Alors que les nazis devaient encore faire appel aux méthodes classiques de l’élevage des bêtes, la génétique et les « ciseaux à ADN » (CRISPR) promettent un eugénisme scientifique en évitant la nécessité d’éliminer brutalement tous les sous-hommes.
Godin montre cependant que le posthumanisme est l’accomplissement du rêve libéral. Est-ce contradictoire ? Nullement : le libéralisme veut supprimer tous les obstacles à la domination des forts, comme l’a fort justement montré Domenico Losurdo dans sa Contre-histoire du libéralisme.
La négation des corps.
Ce courant ancien en croise un autre : celui qui veut abolir la différence des sexes et faire des enfants le résultat d’un « projet parental ». La « fabrique des bébés » est justifiée par les revendications des prétendues « minorités opprimées » qui se verraient dénier le droit à l’enfant par l’ordre patriarcal hétérosexuel… Les couples homosexuels ouvrent la voie : ils veulent pouvoir se faire fabriquer des enfants selon leur convenance. La « parenté d’intention » prend le pas sur la parenté biologique remisée au rang des vieilleries, bien que la technique ne puisse pas encore s’en passer complètement. Le bouleversement dans l’édifice du droit civil impliqué par ces notions extravagantes est souligné par la contribution d’Aude Mirkovic. PMA et GPA apparaissent maintenant comme les moyens de cette marche vers l’élimination de la procréation biologique dans la naissance des enfants.
Le dernier pas est l’abolition pure et simple de la différence des sexes et la promotion du « transgenre » en tant que modèle de l’humanité future. L’article de Denis Collin montre que le « transgenre », avec l’invraisemblable et très glauque bricolage des opérations de « réassignation » de sexe, constitue le banc d’essai du posthumain. Il y a dans l’idéologie posthumaniste toute une conception du corps qu’interroge Anne-Lise Diet, un corps réduit à l’état de machine, transformable à volonté et prétendument totalement indépendant du sujet tout-puissant qui le modèle à sa guise.
Le triomphe de la technoscience biologique s’exprime par le développement d’une idéologie folle. Les Dr Frankenstein semblent avoir pris le pouvoir. La génétique combinée à l’Intelligence Artificielle annonce l’avènement d’une nouvelle espèce, comme dans la littérature ou le cinéma de science-fiction. L’un des auteurs du livre, Jean-François Braunstein s’était interrogé sur La philosophie devenue folle, et, aujourd’hui, c’est la technoscience qui est devenue tout aussi folle que la philosophie.
La raison en est à chercher dans la marche du mode de production capitaliste : la course à l’accumulation du capital, qui est le moteur de ce système « économique », suppose la course à la productivité d’une part et l’extension infinie du domaine de la marchandise d’autre part. C’est la domination du travail mort sur l’individu vivant qui en est l’aboutissement. De ce point de vue, le posthumanisme réalise les fins ultimes du mode de production capitaliste et rend l’humanité surnuméraire. Il est donc assez compréhensible que les secteurs les plus avancés du capital (les GAFA) soient les plus enthousiastes pour cette destruction généralisée de l’humain. Inversement, la critique du posthumanisme est devenue le préambule nécessaire d’une critique généralisée du monde dominé par le capital.
» Le drame de notre temps, diagnostique Olivier Rey, vient de ce que notre culture est organisée et dominée par ce qu’il y a de plus antinomique avec la culture, à savoir la science, puisque celle-ci ne cesse de briser notre lien avec la totalité, ce que le poète Hölderlin appelait le divin. »
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Itinéraire de l’égarement. Du rôle de la science dans l’absurdité contemporaine, d’Olivier Rey, Le Seuil, 338 pages – 1/10/2003
Peut-on en vouloir aux scientifiques d’avoir soumis la totalité du monde à la dictature du calcul et de l’efficacité interroge le mathématicien Olivier Rey dans un brillant essai sur la modernité.
Professeur de mathématiques à l’École polytechnique, chercheur au CNRS, il enseigne aujourd’hui la philosophie à l’Université Paris 1. Olivier Rey nous donne à réfléchir sur l’errance de la science depuis les débuts de l’âge moderne. Itinéraire de l’égarement reprend à nouveaux frais dans un style limpide la question vertigineuse qu’avaient posée les philosophes Whitehead (le Concept de nature) et Husserl (la Crise des sciences européennes) il y a quelques décennies : pourquoi la science, à partir de Descartes et de Galilée, a-t-elle emprunté la voie de la mathématisation de la nature plutôt qu’une autre ?
…
Est absurde, en effet, ce qui est ruineux pour le sens. Or la science, qui prend le parti de la partie contre le tout et celui de l’élément contre l’ensemble, est ruineuse pour le sens. Ce n’est pas qu’Olivier Rey conteste l’efficacité de la science en matière aussi bien technique que théorique – seulement nous assisterions depuis quatre siècles à un écartement croissant de la connaissance et de la compréhension. Plus nous savons de choses sur le monde, et moins nous le comprenons. Le pacte de connaissance fondé par l’antique sagesse (efforce-toi de connaître et tu comprendras) a été brisé : parce qu’elle ne saisit qu’en amoindrissant, la science aboutit à la dissolution de son objet.
…
Mise entre parenthèses du sujet, et donc de l’homme, l’objectivité est à ce prix. Plus encore, le réel ne sera considéré que par morceaux. Cette réduction a un symbole : avant même de grossir un objet, le premier rôle d’un microscope et d’un télescope est de l’isoler en restreignant le champ de vision comme le chirurgien masque le corps du patient pour mieux voir la zone à opérer. La neurobiologie qui rabat l’ensemble du mental sur le physiologique représente aujourd’hui le triomphe caricatural d’un réductionnisme auquel Olivier Rey adresse cette objection topique : si un état mental comme une croyance n’est que la traduction d’un état cérébral, à quel état cérébral correspondrait une croyance fausse ?
Mais que serait celui qui appréhende le monde dans son ensemble sur le mode scientifique, sinon, comme l’écrit Rey, un monstre psychopathe ? L’égarement n’est pas seulement théorique, philosophique, il est pratique, existentiel. L’homme moderne a objectivé tout ce qui l’entoure. Il en est résulté un monde d’autant plus aliéné que l’homme, loin d’en être absent, s’y retrouve partout, d’autant plus étranger que, dans quelque direction qu’il se tourne, il ne rencontre que lui-même – ses constructions, ses conceptions. Le rejet de l’anthropomorphisme par la science a abouti à cette situation paradoxale : l’homme se retrouve désormais sans ouverture ni horizon. La seule ressource qui lui reste, pour prévenir l’angoisse qui monte, est de se transformer à son tour en objet, de devenir de part en part justiciable de la science. C’est pour cela que la conception d’une science indifférente au sujet, englobant l’ensemble de la réalité physique, a connu une telle fortune. Le drame de notre temps, diagnostique notre auteur, vient de ce que notre culture est organisée et dominée par ce qu’il y a de plus antinomique avec la culture, à savoir la science, puisque celle-ci ne cesse de briser notre lien avec la totalité, ce que le poète Hölderlin appelait le divin.
Cette domination sans partage, cette pensée unique de la science n’empêchent pourtant pas ses thuriféraires de feindre de se croire menacés et de ferrailler contre des fantômes : le biologiste luttant contre les pensées et les idéologies dominantes, écrit joliment Olivier Rey, » c’est le peintre pompier fêté au salon, croulant sous les commandes officielles et qui pose en artiste maudit. Le système de pensée et l’idéologie qui règnent, ce sont les siens. Faire comme si une Inquisition féroce et bornée était toujours à vaincre, c’est agir à la manière du chat qui joue avec une bête aux reins brisés, qui s’imagine qu’elle est encore bien vivante pour le plaisir de la terrasser de nouveau « .
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table des matières sur pedagopsy.eu
Introduction
I. Misère
1. De l’émerveillement au non-sens
2. Naissance d’une énigme
3. L’énigme n’est pas sans enjeu
4. De l’utilité d’un retour en arrière
5. Des difficultés d’un retour en arrière .
6. Une pensée sous influence
7. Qu’il vaut la peine d’essayer
II, Le grand tournant
8. La naissance de la science moderne
9. L’alphabet mathématique du monde
1(). Un faisceau préparatoire
11 . La mutation métaphysique
12. L’héritage de Platon
13. D’un monde incréé â un monde créé
14. La réification de la vérité
15. De l’expérience à l’expérimentation
16. Le malentendu
17. La voie cartésienne
18. La science de Descartes
19. Les impasses de la science cartésienne
III, L’individu et la science
20. Religion et science répartition et dispute des rôles
21, La science pour la liberté
22. « À nous deux maintenant »
23. Les souffrances de l’individuation
24. Contre le projet moderne : l’imprécation réactionnaire, la tentation bouddhique
25 L amour-passion
26. La voie de l’action, ou le surmenage et la science
27. Entre autonomie et disparition
28. L’apaisement et l’exacerbation du mal
IV. Les raisons du succès
29. L’élimination de Dieu
30. La teneur du « miracle »
1. Mathématiques et action
32. Les mathématiques émancipées
33. Des mathématiques à la physique
34. Un monde univoque
35. La science comme langue parfaite
36. La majoration du succès
37. Le rôle de la pensée, et son élimination
V. Les limites du succès
38. L’incomplétude des mathématiques
39. Conséquences de l’incomplétude mathématique
40. L’oubli du sujet
41. L’ébranlement relativiste
.42. La révolution quantique
43. Le rôle de la liberté
44. Ordre et désordre
45. Entropie, temps et vieillissement
46. La fragmentation de la science
47. Par-delà la fragmentation de la science .
48. Les sciences de l’homme
49. Le biologisme
50. Les apories du neurobiologisme
51. La résistance de la conscience
VI. La vie captive
52. Les rnenaces d’effondrement
53. De la peur au ressentiment
54. Du savoir à la recherche
55. Les poses avantageuses, l’affairement, le fatalisme
Serge Latouche est professeur émérite d’économie. Il revient pour Marianne sur le concept de décroissance, qu’il a contribué à forger.
Économiste et contributeur historique de la Revue du MAUSS, dirigée par le sociologue Alain Caillé, Serge Latouche est considéré comme le « pape » de la décroissance. Auteur de nombreux livres, comme L’invention de l’économie (Albin Michel, 2005), L’Occidentalisation du monde (La Découverte, 1989), ou encore Le Pari de la décroissance (Fayard, 2006), il dirige la collection des « Précurseurs de la décroissance », au Passager clandestin. Il vient de publier chez PUF un « Que sais-je ? », intitulé La Décroissance. Il revient avec nous sur ce concept souvent mal compris.
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Dès le départ, nous avons précisé que ce n’était pas la croissance négative. Mais beaucoup de gens mal intentionné ont assimilé la décroissance à cela, c’est-à-dire à la récession.
Il ne s’agit pas d’un projet politique, mais d’un projet sociétal, voire civilisationnel. Cela implique de sortir d’un paradigme, pour en inventer un autre. Pour passer d’une société de croissance, à une société d’après croissance – ce que j’appelle « une société d’abondance frugale » –, il faut évidemment une politique de transition. Cette dernière implique une rupture avec le système. Nous vivons dans une société dominée par un pouvoir sans véritable visage, qui est le lobby des 2 000 plus grandes firmes transnationales.
« Décroissance » est un mot provocateur et un slogan. Mais derrière, il y a un projet proche de l' »autonomie« défendue par Cornelius Castoriadis ou Ivan Illich. Mais ce mot n’a eu aucun impact dans le débat public, alors que celui de « décroissance » en a un immédiatement.
J’ai une formation d’économiste, donc je m’attaque à cette discipline. « Décoloniser les imaginaires », c’est sortir de l’économie. Il faut bien voir que le paradigme de cette société, c’est d’abord la modernité. La décroissance implique donc d’en sortir. Ce qui la caractérise, c’est l’illimitation. Ce paradigme n’est pas comparable aux précédents. De l’Empire romain à l’Europe chrétienne, en passant par la Chine, les empires arabo-musulmans, ou l’empire du Mali, il y a eu des tas de civilisations très diverses. Mais la modernité est radicalement différente de chacune d’entre elles. Elle part de l’idée, bien exprimée chez un de ses prophètes, Bernard Mandeville (1670-1733), que toutes les cultures et civilisations jusqu’ici ont échoué en préconisant la vertu, qui n’a jamais enrichi personne. Les vices privés font la richesse publique. C’est le message fondamental de la modernité. Le système fonctionne par l’accumulation de l’argent. Les premiers de cordées, ce ne sont pas ceux qui traînent les autres, mais ce sont ceux qui les écrasent pour s’élever.
Le principal message porté par la décroissance, c’est que cette illimitation sur de la production de biens, de déchets, signifie la destruction de l’environnement. Cela va bien au-delà de l’économie. La modernité est aussi une illimitation éthique. J’ai écrit à ce sujet L’ère des limites. Par-delà les mesures économiques et écologiques, il y a y une philosophie et une éthique qui sont basées sur le sens des limites et de la mesure.
Après une parenthèse de 300 ou 400 ans – s’il y a des historiens du futur, ils parleront ainsi de la modernité – nous renouerons avec une sagesse ancestrale, d’Epicure, Diogène, ou Sénèque.
Bien avant de parler de décroissance, j’ai critiqué le développement, avec Illich, dès les années 1960. Les éditions Artaud ont ressorti mon très vieux livre de 1986 : Faut-il refuser le développement ?
Par exemple, lorsque j’ai rencontré le chef de la confédération des Amérindiens d’Equateur, il m’a dit : « Ce que tu appelles « décroissance », c’est exactement ce que nous nommons « buen vivir« ».
voir aussi « Pour une société de décroissance « – le Monde diplomatique -novembre 2003 – Absurdité du productivisme et des gaspillages
Le SIKKIMest un État du nord de l’Inde, dans l’Himalaya.
Ancien royaume de culture tibétaine, rattaché à l’Inde en 1975, le Sikkim est l’État le moins peuplé du pays – 610 577 ha en 2011 et 86 ha au km2– et le deuxième plus petit État de l’Inde – 7 107 km2 soit 1,29 % de la superficie française – . Il est bordé à l’ouest par le Népal, au nord et à l’est par la Région autonome du Tibet en Chine, au sud-est par le Bhoutan et au sud l’État indien du Bengale-Occidental.
En 1975, le Premier ministre fait appel au parlement indien pour modifier le statut du Sikkim et le faire admettre comme un État à part entière de l’Union. En avril, l’armée indienne prend le contrôle de Gangtok et désarme les gardes du palais. Un référendum (auquel 59 % des électeurs participent) approuve l’union avec l’Inde à 97,5 %. Le , le Sikkim devient officiellement le 22e État de l’Union indienne et la monarchie est abolie.
En raison de son terrain accidenté, le Sikkim ne possède pas d’aéroport ni de ligne ferroviaire.
L’hindouisme est la principale religion de l’État, pratiquée par 60,9 % de la population. Bien que le bouddhisme soit la religion officielle de l’État.
Comme tous les États indiens, le Sikkim possède un système parlementaire où s’exerce la démocratie représentative. Le gouvernement est formé de trois branches : pouvoirs exécutif , législatif et judiciaire.
En 1994, Pawan Kumar Chamling, du Front démocratique (SDF), devient ministre en chef. Le parti reste au pouvoir en 1999 et 2004. Aux élections de 2009, il gagne l’ensemble des sièges du parlement. À partir de 2014, le SDF est concurrencé par le Front révolutionnaire (SKM) qui remporte les élections du 11 avril 2019 en obtenant 17 sièges au Parlement. Le 27 mai suivant, P.S. Golay remplace Chamling comme ministre en chef.
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Depuis 2003, le gouvernement décide de bannir tous les pesticides et les engrais sur les 750 km2 de surface agricole du pays – soit moins de 11% de la surface du pays.
Les débuts sont difficiles et une partie des 66 000 fermiers connaissent une baisse de leurs revenus. Les prix des produits agricoles augmentent.
Le gouvernement organise des formations à l’agriculture biologique et distribue des graines bio.
Depuis 2016 l’utilisation de produits chimiques est devenue un crime passible de peines de prison.
L’état lutte aussi contre la pollution : interdiction des sacs en plastic jetables, orientation vers le bannissement de tous les plastics. Depuis 2016 interdiction des contenants couverts à base de polystytrène, plus de bouteille d’eau plastic dans les instances gouvernementales et dans plusieurs villages.
Campagne de reforestation – la forêt couvre près de 50% de l’état.
La déconstruction de l’homme « critique du système technicien »
cf le site deconstructionhomme.com
Le livre La déconstruction de l’homme? est un livre collectif paru le 12 octobre 2018 et écrit sous la direction d’Éric Lemaître qui en est l’instigateur et le principal auteur. Il a été commencé en 2016 et achevé en 2017, bien avant l’accès à la présidence d’Emmanuel Macron. Le projet transhumaniste poursuivi par le Président de la République qui souhaite développer la recherche française sur l’intelligence artificielle et positionner la France sur cette thématique en tant que référence mondiale confirme, à bien des égards, les profondes intuitions d’Eric Lemaître. Ce livre permettra donc à ceux qui sont désorientés par le technicisme moderne sans âme de discerner les motivations philosophiques et quasi religieuses qui inspirent cette marche fulgurante vers un nouveau monde et une nouvelle humanité, et d’en repérer les enjeux graves et funestes. Il se veut comme un cri d’alarme lancé à tous les hommes et femmes de bonne volonté pour lequel l’homme, fait à l’image de Dieu, ne peut pas et ne doit pas être déconstruit au gré de la folie d’apprentis sorciers scientistes et de l’ingénierie sociale.
Première partie :
Les fondements philosophiques
de la déconstruction
1 – Un monde en mutation
2 – Critique du progressisme
3 – L’apparition du transhumanisme !
4 – Racines philosophiques et théologiques du transhumanisme
5 – Les humus du transhumanisme
6 – Les enjeux de la civilisation transhumaniste
7 – Le transhumanisme, une entreprise de déconstruction spirituelle
8 – Le transhumanisme, une vision et un système totalisants
9 – Le transhumanisme et la doctrine de la création
10 – Le transhumanisme, l’inversion théologique de l’anthropologie chrétienne
Deuxième partie :
Les révolutions de la déconstruction
La révolution anthropologique
11 – La révolution anthropologique : le concept de genre et ses conséquences bioéthiques
12 – La France in Vitro ou les États généraux de la bioéthique
13 – La révolution génétique, le nouvel eugénisme
14 – L’Europe a-t-elle enterré ses démons ?
15 – Le transhumanisme ou la fin de la femme ?
16 – La famille, le changement de paradigme
La révolution sociétale
17 – Transhumanisme et révolution sociale
18 – Vers une nouvelle organisation sociale
19 – Transhumanisme et vision politique, la fin du modèle institutionnel
20 – La société iconoclaste, la nouvelle culture numérique
21 – Les mondes numériques et virtuels deviendront-ils demain des univers occultes ?
La révolution économique
22 – La nouvelle vision économique du monde numérisé
23 – La dématérialisation de la monnaie, une quadruple menace géopolitique, économique, écologique et sociale
24 – Le culte de la consommation
25 – Babylone, la civilisation du nombre
26 – Serons-nous demain «biopucés» ?
La révolution technologique
27 – L’avènement de la « singularité » technologique
28 – L’intelligence artificielle et le transhumanisme
29 – L’intelligence artificielle, fascination et déshumanisation
30 – Le fantasme de l’intelligence artificielle consciente
31 – Le « despotisme éclairé » de la technique
La révolution écologique
32 – Écologie et transhumanisme
33 – Renoncer à la toute-puissance et plaider pour la fragilité
34 – Vision sociale et économique dans une perspective biblique
Conclusion et perspectives
Pourquoi avons-nous écrit ce livre La déconstruction de l’homme ? Nous avons souhaité l’écrire en raison de notre foi, des convictions spirituelles qui habitent l’entièreté de notre être fait à l’image de Dieu. En écrivant ce livre, nous avons souhaité lire le monde à la lecture des écritures bibliques dont le contenu laisse transpirer dès la Genèse ce qu’il adviendrait d’une humanité éprise de connaissance, d’un savoir déconnecté de toute référence au Dieu créateur. Dès l’Eden perdu, nous avons compris que l’homme déraciné de toute relation à un Dieu créateur est en effet poussé à s’affranchir de sa finitude et inexorablement tente de se libérer des entraves que constituent son corps et les bornes fixées par Dieu. Dans ces temps des modernités idéologiques et techniques, l’homme a ainsi engagé dès sa sortie de l’Eden une nouvelle révolution pour dépasser ou enjamber les frontières qui ont jalonné sa dimension existentielle à savoir le corps, le jardin, le travail. Relativement au corps, un vent de protestations idéologiques souffle chez certains qui ont refusé l’enfermement d’un corps qui fait notre humanité en tant qu’homme ou femme, ceux-là revendiquent la plasticité, la malléabilité des identités « masculin, féminin » et au-delà de notre sexualité qui fonde notre différence en tant qu’homme ou femme. C’est ce rapport au corps qui conduit également l’homme à s’abstraire du monde réel, à aspirer à un monde hors sol, virtuel, déconnecté des réalités qui l’enferment. C’est ce rapport à ce corps limité qui conduit une partie de notre humanité à refuser une vie en relation avec un environnement naturel préférant l’urbanisme, l’artificialisation de la vie la plongeant ou l’immergeant dans la vie virtuelle, une vie virtuelle où se joue par procuration, les fantasmes de l’existence déformée par ces pseudo téléréalités qui résultent de nos usages cathodiques ou d’écrans digitaux. Nous avons, dès le jardin et avec l’assassinat d’Abel, choisi volontairement d’abandonner le modèle du jardin, convaincus qu’il nous confinait au contact d’une nature que nous avons cru hostile et inamicale. Avec la ville et cette tentation grégaire, d’isolement finalement inconscient, nous avons opté pour une forme d’individualisme qui au bout du compte a fini par ravager l’environnement. Puis nous avons comme instinctivement cherché à gommer avec nos lumières artificielles, la voûte céleste ce qui nous reliait à l’idée de transcendance, nous avons ainsi entamé les ressources de la terre et choisi de dominer outrancièrement la nature plutôt que d’en faire une alliée afin d’assurer une existence harmonieuse louant ainsi le Créateur qui a mis à notre disposition une diversité de biens issus de la faune, de la flore dont de nombreuses espèces disparaissent aujourd’hui du fait même de la folie consumériste. Enfin, il fallait à l’être humain inverser ce rapport au travail, sortir à jamais de la malédiction séculaire d’un sol rendu à jamais pénible, il fallait, avec l’ingéniosité de l’homme, la puissance de la technoscience, dompter la nature, l’assujettir et faire surgir avec ingéniosité les machines capables de nous libérer enfin du travail et au bout du compte fantasmer l’idée de créer un semblable à nous-mêmes, une machine numérique capable de penser et de réfléchir l’organisation sociale pour nous. Nous avons créé l’économie de services et l’illusion de la gratuité via l’industrie numérique ; or la pollution générée par l’économie virtuelle et son impact sur le climat, est largement équivalente à celle d’autres secteurs industriels. « Nous déplorons ainsi les effets des causes après avoir chéri les causes, » ainsi, pour à nouveau plagier un citation souvent prêtée à Jacques-Bénigne BOSSUET, Dieu se rit de ceux qui maudissent les conséquences des causes que les humains avaient finalement chéries.
Christian Godin enseigne la philosophie à l’université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand. Il collabore à différents journaux ou périodiques (Marianne, Le Magazine littéraire, Sciences et avenir, etc.) Il est également connu pour ses multiples ouvrages pédagogiques.
Ce essai tragique est dédié à tous ceux qui, dans le monde, s’efforcent de le maintenir en un état humainement vivable pour les générations futures.
L’homme moderne est en réalité travaillé par une passion sourde, inavouable et inadmissible, qui est son mépris et même sa haine de la nature…
Les gens ont intégré psychiquement l’idée que la nature est un ennemi à vaincre dans un combat perpétuel…
La fin de la nature est allée de paire avec celle de la poésie… Seul Heidegger en a pris toute la mesure. Désormais la nature n’est plus un espace de rêve mais un champ d’action.
Albert Camus a observé que la littérature ne décrit plus de paysage depuis Dostoïevsky. On peut dire dans le même sens que la peinture ne peint plus de paysage depuis Cézanne. La chanson et le cinéma contemporains ignorent systématiquement la nature…Au cinéma la nature ne sert plus que de décors…. Le cosmos contemporain n’est plus celui qu’inventa Pythagore – il n’évoque plus tant l’ordre des astres que les supposées prouesses de la technique et de la science-fiction. Les grands courants philosophiques contemporains – phénoménologie, existentialisme, philosophie analytique, structuralisme, déconstructionnisme, postmodernisme se signalent par un oubli presque total des astres, des plantes et des animaux.
La pensée tend à ne reconnaître d’autres supériorités qu’en elle. La dématérialisation de l’économie conduit à un éloignement toujours plus grand vis-à-vis de la nature.
C’est le mépris de la réalité qui rend possible le changement du monde et l’élévation de l’artifice humain au rang d’absolu.
En s’arrogeant le privilège du faire, l’homo économicus a réduit la nature à un cadre inerte, espace vide et matière informe, taillable et corvéable à merci-tournant ainsi le dos à la conception millénaire d’une nature féconde et nourricière.
Aujourd’hui nous voyons les Etats, par faiblesse, se coucher devant les puissances tyranniques de l’économie.
L’homme d’aujourd’hui a perdu le sens de la totalité.
En trente ans le changement du paysage de la planète va dans un seul sens : celui de la dévastation.
Le monde humain devient inhumain à partir du moment où il n’est plus qu’humain.
La Terre a connu déjà cinq extinctions massives dont la plus connue, la dernière, au début de l’ère tertiaire il y a 65 millions d’années. Nombre de spécialistes pensent que nous sommes en train d’assister à une sixième extinction provoquée par l’homme. Au XVI ième siècle une espèce animale disparaissait tous les siècles, en 1900 c’était une par an et aujourd’hui plusieurs par heure.
La volonté de puissance qui est le moteur de l’histoire humaine surtout depuis cinq siècles, va irrésistiblement dans le sens de la destruction de la nature.
L’homme moderne idéalisait son origine qu’il voyait comme pure et parfaite. Mais l’homme moderne est mort et l’homme postmoderne qui l’a remplacé cultive l’artificiel, le contraint, l’inquiétant, l’anormal, le monstrueux.
Si Dieu est absolu, alors rien n’est impossible. Tel pourrait être le fil conducteur de la pensée de Léon Chestov, ce philosophe iconoclaste à la devise fracassante — « avec Dieu, sans maître » —, ce déconstructeur des idoles, fussent-elles chrétiennes, qui défend la liberté absolue du croyant contre toutes les nécessités ainsi que la philosophie existentielle contre la philosophie spéculative. Ce fil conducteur amène l’émigré russe, ami de Berdiaev et de Boulgakov et inspirateur d’un Albert Camus, à proclamer l’absurde salvateur contre la réalité implacable, la révélation contre la raison, la Bible contre Aristote — Jérusalem contre Athènes.
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Léon Issaakovitch Chestov(en russe : Лев Исаакович Шестов), né Yehuda Leyb Schwarzmann (russe : Иегуда Лейб Шварцман) le 31 janvier 1866 ( dans le calendrier grégorien) à Kiev et mort le à Paris, est un avocat, écrivain et philosophe russe.
Il étudie la philosophie rationaliste de la tradition grecque et influence, dès 1933, Albert Camus, notamment dans Le mythe de Sisyphe et Caligula.
« Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? », demande Paul, l’apôtre de l’Église, dans sa première épître aux Corinthiens. Avant d’ajouter : « Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. […] Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages. » (1 Cor. 1, 20-27). Est ainsi affirmée l’opposition absolue entre la sagesse de Dieu, qui est folie aux yeux du monde, et la sagesse du monde, qui est folie aux yeux de Dieu. Pour Léon Chestov, cette sagesse du monde désigne la raison, la sophia grecque, la philosophie léguée par la pensée hellénistique. Or, comme le montre l’auteur russe dans Athènes et Jérusalem, il existe une contradiction indépassable entre la philosophie grecque et la pensée biblique, ces deux traditions antagonistes irriguant la pensée occidentale.
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D’après notre auteur, la raison se définit elle-même comme la découverte, par l’intellect, de vérités supposées éternelles : « Les hommes, les grands comme les petits, naissent et meurent, apparaissent et disparaissent, mais les vérités demeurent. Quand personne n’avait commencé à penser, à chercher, les vérités qui plus tard se sont révélées aux hommes existaient déjà. Et lorsque les hommes auront définitivement disparu de la face de la terre, ou auront perdu la faculté de penser, les vérités n’en pâtiront pas. » Or, ces vérités sont éternelles parce que l’univers fonctionne selon des lois immuables, les lois physiques. La raison consiste alors à comprendre ces lois en admettant leur nécessité, l’anankè d’Aristote. Ainsi, la philosophie, l’usage de la raison, implique l’acceptation, voire la justification, de la nécessité.
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La philosophie spéculative, inspirée de la pensée grecque, pousse les êtres humains à se soumettre aux lois du cosmos et à leur obéir, quel qu’en soit le coût. Les hommes, « contraints par la vérité même » (Aristote), n’ont d’autre choix que d’obéir à la nécessité, à laquelle même les dieux olympiens sont assujettis. Se révolter contre la nécessité relèverait de la pure folie, de l’hubris.
Pour Chestov, toute la pensée biblique constitue une révolte contre la nécessité et, partant, un attentat contre l’autorité de la raison. Telle est la foi pour le penseur russe : l’homme touché par la grâce « oublie le pouvoir de la nécessité, la toute-puissance de cet ennemi ». Il affirme, contre l’inévitabilité de la mort, la résurrection des corps.
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Contre la tentation de maints philosophes d’assujettir Dieu aux vérités de la raison, Chestov choisit, à l’opposé, de soumettre la vérité à Dieu : la vérité n’est pas une entité incréée et éternelle surplombant Dieu, elle est assujettie à Dieu qui peut donc l’abolir ou la modifier. Ainsi, choisir de suivre Dieu revient à remettre en cause la nécessité et ses contraintes : « ce qui paraissait impossible devient possible et ce qui paraissait inaccessible devient accessible », puisque « Dieu, cela veut dire que tout est possible, qu’il n’y a rien d’impossible ». Dans les récits bibliques, les droits de la nécessité sont bafoués et, par conséquent, le pouvoir de la raison est mis en cause, puisque les morts peuvent ressusciter, les malades guérir, les faibles triompher des forts, les hommes marcher sur l’eau, la vierge enfanter… : « Rien n’est impossible à Dieu » (Lc. 1, 37).
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De l’injonction de Chestov, après Pascal, à nous « abêtir » et à refuser la dictature de la raison découle sa critique d’une seconde idole, la morale : « Notre moralité, fondée sur la religion, nous interdit de nous hâter vers l’éternité. «
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Pour Chestov, la recherche de la morale et de la vertu est ainsi à la base du péché et « le contraire du péché n’est pas la vertu mais la foi », c’est-à-dire la croyance selon laquelle rien n’est impossible à Dieu. Or, la foi conteste la morale puisqu’elle conduit « à fonder l’univers sur un arbitraire illimité » dépassant toute règle morale : la volonté de Dieu.
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Outre la morale, Chestov s’en prend, au nom du christianisme, à toutes les autres idoles que l’homme rend absolues, c’est-à-dire qu’il met à la place de Dieu : « Le péché mortel des philosophes, ce n’est pas la poursuite de l’absolu : leur plus grand tort, c’est que lorsqu’ils constatent qu’ils n’ont pas trouvé l’absolu, ils sont prêts à reconnaître pour l’absolu l’un des produits de l’activité humaine — la science, l’État, la morale, la religion, etc. »
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« Le juge suprême dans tous les différends, ce n’est pas l’homme, mais Celui qui est au-dessus des hommes. Et, par conséquent, pour trouver le vrai il faut se libérer de ce que les hommes considèrent ordinairement comme vrai. »Tout savoir, toute réalité, tout absolu humains sont donc, pour le croyant, relatifs et relativisés devant le « juge suprême » qu’est Dieu.
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« la foi n’examine pas, elle ne regarde pas en arrière » vers un passé nostalgique mais constitue une lutte pour l’avenir, pour l’irruption du Royaume de Dieu futur dans notre présent humain. Ainsi que l’exprime Chestov, « une grande et dernière lutte attend les âmes. La philosophie […] est lutte. Et cette lutte n’aura pas de fin. Le royaume de Dieu, ainsi qu’il est dit, s’obtient par la violence ». Le croyant doit ainsi lutter, tel Jacob, contre Dieu, c’est-à-dire face à Dieu, auprès de Dieu, pour faire advenir l’impossible dans un monde fini, limité, humain.
Cet ouvrage m’apparaît comme un ouvrage fondamental qui clarifie l’opposition entre Christianisme et humanisme et place ces deux mouvements comme les deux forces de l’Occident qui s’affrontent. Aujourd’hui, l’humanisme nous a entraîné dans une dérive mortelle et Laurent Fourquet invite les chrétiens à retrouver le chemin de la dissidence plutôt qu’à revendiquer un humanisme chrétien . L’humanisme apparaît comme la barbarie qui efface l’homme selon Laurent Fourquet et il convient au chrétien de s’opposer à celle-ci en même temps qu’à celle du fondamentalisme qui se construit en réaction.
Voici une présentation de la conclusion d’un ouvrage majeur pour le Temple des Consciences
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Il faut toujours se méfier des analogie mais on ne peut nier ici les profondes similitudes entre le climat spirituel de l’Occident contemporain et celui de l’Empire romain des deux premiers siècles après Jésus Christ.
Comme aujourd’hui une classe dirigeante, solidaire par l’intérêt et l’idéologie, régissait les peuples, était convaincue d’incarner le nec plus ultra de la culture et de la modération.
Pline le Jeune constituait sans doute le modèle le plus achevé de l’aristocratie romaine. Pline n’a pas seulement brillamment réussi sa vie professionnelle mais il se veut un honnête homme qui se flatte d’aborder les autres hommes avec bienveillance, un progressiste sans excès, un conservateur à l’écoute de la modernité, l’ami de tout ce qui est bon et bien, le chantre du convenable.
Pourtant ce bel esprit, partisan déclaré de la tolérance, n’hésite pas un instant à faire torturer, très probablement à mort, deux servantes qui passaient pour pratiquer le culte chrétien. Et pourtant Pline n’est pas un monstre, c’est un sénateur bienveillant qui respecte tous les cultes, bien trop subtile et raffiné pour prendre au sérieux des histoires de dieux. Pline est un véritable humaniste avant l’heure.
Nous autres Occidentaux sommes convaincus que, à la différence de celui de Pline, notre humanisme est réel.
Nous pensons pourtant et tout cet ouvrage s’est construit autour de cette conviction que, après tant de siècles, c’est une scène identique, ou à peu près identique , qui se joue. Si l’on oublie les circonstances historiques, c’est la même confrontation entre deux forces spirituelles ,l’humanisme et le christianisme, qui se répète et qui continuera de se répéter puisque ces deux forces sont antagonistes.
Pourquoi l’humanisme dans sa forme antique ou actuelle s’en prend-il nécessairement au christianisme ? Parce que l’humanisme clôture tandis que le christianisme ouvre. Le monde de Pline est un monde de mesure et de modération, de « tolérance » et « d’ouverture d’esprit « . Le monde chrétien est le lieu de cet étrange fanatisme dont parle Pline c’est à dire le monde de la force ouvert à l’absolu.
L’humanisme, qu’il chemine avec un rouleau de papyrus ou une déclaration des droits à la main, est toujours ce qui borne, comme la sagesse, alors que le christianisme est toujours ce qui va au-delà, comme l’amour.
De fait, il arrive que les notions paraissent se ressembler, au point que pour nombre de contemporains la morale des droits de l’homme et la morale évangélique sont voisines. En réalité, leur foyer central et leur mouvement demeurent continûment et absolument étrangers.
Plus, peut-être, qu’à toute autre époque dans toute l’histoire du christianisme, les chrétiens sont constamment sommés de se réconcilier avec la longue liste des notions raisonnables : la modernité, le progrès, l’évolution des moeurs, la relativité des cultures, etc…Aussi, plus que jamais , il nous faut nous inspirer de l’exemple de nos grands ancêtres et répondre comme eux : Non possumus.
Si nous faisons un bond de presque deux millénaires, il est évident, pour tout observateur un peu perspicace , que l’Occident a commencé son déclin.
Parce qu’il décline , l’Occident se voit contraint de jeter toutes ses forces dans la bataille pour universaliser son modèle, le Consommateur, ultime héritier de l’humanisme. L’Occident veut donc le Consommateur pour le monde entier et parce que la survie de son modèle est à ce prix, il ne transigera pas sur cette volonté.
Parallélement en Europe et en Amérique, la « société », c’est à dire la classe dirigeante, sera de moins en moins tolérante vis à vis des formes sérieuses de contestation. Les chrétiens seront donc toujours davantage des dissidents peut-être surveillés et punis dans un avenir moins lointain qu’on ne l’imagine. Ils retrouveront cette fonction desel de la terredont parle l’Evangile.
Le camp progressiste, la « gauche » culturelle et institutionnelle en Occident, est au minimum corresponsable de tous les mouvements de « dérégulation » des institutions, de la famille en particulier, exigés par la figure du Consommateur. Comme le Consommateur, le camp progressiste croit que la liberté se résume à la faculté de consommer l’ensemble de ses désirs, que l’individu se ramène à une somme de droits, qu’il faut « libérer » définitivement l’homme de la transcendance. Les prétendus « super-contestataires » font l’offrande au système de leur « contre-culture » qui depuis longtemps est devenue la culture officielle de l’Occident. Ce camp progressiste ouvre un boulevard aux différents fondamentalismes, l’islamisme en premier, qui veulent revenir en arrière du Consommateur en utilisant leur dynamique négative.
Si rien n’est fait pour susciter et organiser une opposition effective au monde du Consommateur, allant vers la vie et non vers le néant nous laisserons alors en face à face deux barbaries : la barbarie du système qui efface l’homme au profit de sa détermination et celle du fondamentalisme qui par réaction deviendra toujours plus destructrice.
Il est peut-être encore possible d’échapper à la catastrophe en réapprenant le chemin de la dissidence. Il faut que les chrétiens réapprennent ce chemin et il faut que ceux qui luttent sincérement pour la sortie du monde du Consommateur par le haut comprennent que le christianisme, seul, offre les ressources spirituelles permettant d’édifier la sortie.
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Deux citations du livre de Laurent Fourquet sur infocatho.fr:
L’humanisme se perçoit comme un mouvement d’émancipation de la raison, rejetant la prétention des Églises, l’Église catholique romaine en particulier, à vouloir régenter la conscience de l’homme et l’organisation politique et sociale des sociétés humaines. Menant le combat de la raison organisatrice contre le « fanatisme » et l’« obscurantisme », il ne saurait, croit-il, conserver en lui la moindre trace de sentiment religieux. Pourtant, plutôt qu’une épopée de la raison, l’humanisme est une forme nouvelle de religion, et la science qui l’explique est donc la théologie et non la philosophie. Cette forme religieuse est toutefois singulière : elle conserve les caractéristiques de la transcendance, mais cette transcendance ne se nomme plus « Dieu » ou, plus exactement, c’est l’humanité qui prend la place de Dieu et devient l’être suprême auquel nous sommes sommés d’obéir.
Dans les pays occidentaux, les chrétiens seront donc, toujours d’avantage, des dissidents ; peut-être même ces dissidents seront-ils surveillés et punis, dans un avenir moins lointain que l’on ne l’imagine. Mais ceci n’est pas grave. Seul ce qui menace la vérité est grave. Les chrétiens se portent toujours mieux, au demeurant, lorsqu’ils assument une stature de dissidents, plutôt que celle de défenseurs sans risque de l’orthodoxie. Peut-être cette stature de dissidents leur délivrera-t-elle définitivement de la tentation de rester en bons termes avec ce monde. Ils retrouveront alors, même s’il faut en passer par l’ostracisme, les moqueries et les humiliations, cette fonction de sel de la terre dont parle l’Évangile et sans laquelle il n’y a ni christianisme ni chrétiens.
Les racines de la crise écologique que nous traversons actuellement sont très anciennes. Et il s’agit d’abord d’une crise spirituelle. Jusqu’à la fin du Moyen Âge, il y avait, dans la société traditionnelle occidentale, un sens aigu de la sacralité de la nature. Parce qu’il y percevait la présence et l’action de Dieu, l’homme nourrissait à son égard du respect. À la Renaissance s’est développé l’humanisme et l’homme a perdu ce sentiment d’un lien entre Dieu et la nature. La nature n’a plus été considérée que comme un objet, utilisable par l’homme à ses propres fins, comme un ensemble de ressources à exploiter. À la même époque est apparue chez Descartes l’idée que la tâche de l’homme est de se rendre maître et possesseur de la nature. L’homme s’est alors attribué un pouvoir sur la nature qui n’était auparavant reconnu qu’à Dieu, et qui n’était plus de l’ordre du respect mais d’une domination et d’une exploitation sans limite. Cette attitude s’est développée à la fin du XIXesiècle et au XXe siècle avec le développement de l’industrie et de l’agriculture intensive suscité par le capitalisme. Fondées sur le rationalisme des « Lumières » les sciences ont remplacé l’approche intuitive et contemplative de la nature par une froide approche rationnelle, et la technique a transformé l’usage respectueux de la nature en une exploitation forcenée et destructrice de ses ressources, avec un développement croissant qualifié de « progrès ».
Qu’est-ce que le progrès ? Il y a eu un changement considérable dans la façon dont on a conçu le progrès. Avant, dans notre société occidentale, comme dans toutes les sociétés dites « traditionnelles », le progrès était conçu comme spirituel, il s’agissait d’un progrès intérieur. À partir de la Renaissance, le progrès est devenu un progrès extérieur, ne se réalisant que dans l’accumulation de biens, dans l’accumulation matérielle. Il y a eu une transmutation, une dévaluation. Nous sommes passés de la recherche d’un progrès dans l’être à la recherche d’un progrès dans l’avoir. Mais cette extériorisation de la notion de progrès aliène complètement l’humanité. Le capitalisme a imposé cette idée très ‘bourgeoise’ que le bien-être consiste en une accumulation de biens matériels et dans la jouissance d’objets de consommation sans cesse renouvelés. La logique de croissance indéfinie dans laquelle nous nous trouvons n’est pas la bonne pour sortir de la crise écologique : il faut entrer dans une logique de décroissance et renouer avec un bien-être fondé sur le spirituel par un retour aux vraies valeurs.
C’est donc une question cruciale pour notre temps et pour notre avenir qu’aborde Jean-Claude Larchet dans son dernier ouvrage. L’originalité et la pertinence de son approche résident dans ce qu’il va à la racine de cette question et ce fondement, comme pour tout, est spirituel, sinon, l’on se contente d’une agitation superficielle qui ne fait que repousser les problèmes. Il le fait de manière très pédagogique en se fondant sur la Bible, la tradition patristique et ascétique. Tout d’abord, il examine la place de l’homme dans la Création, celui-ci dit-il est son « couronnement ». Il a pour responsabilité d’en être le gardien, d’être le médiateur entre Dieu et la nature et d’en user tout d’abord et avant tout dans la dynamique d’un cheminement spirituel dans lequel tout prend son sens plénier et sa cohérence. L’auteur s’attache aussi à montrer comment le péché de l’homme rejaillit sur la nature. Un autre apport non moins passionnant de l’ouvrage est l’historique de la situation actuelle. Celle-ci prend son essor à la Renaissance, lorsque la pensée en Occident s’éloigne de l’enseignement chrétien et s’appuie toujours plus sur le rationalisme, le naturalisme, l’individualisme, le dualisme corps-âme, la mécanisation des corps (et des animaux), le capitalisme, le mythe du progrès et de la toute-puissance de la technique. Cette situation est également déclinée en lien avec les passions, car celles-ci s’y expriment pleinement. Là, Jean-Claude Larchet est dans le prolongement de plusieurs autres de ses ouvrages sur la théologie ascétique dont il montre qu’elle est aussi au cœur de ce sujet. Enfin, le livre se termine par des voies ascétiques de restauration des relations de l’homme avec la nature, restauration qui passe par la sobriété et la décroissance. Ce nouvel ouvrage, qui offre une synthèse nécessaire et très utile, est appelé à être une référence sur cette question pour tous ceux qui veulent aller au fond des choses.
Dans un article du 30 novembre 2018 je montrais que la géoingénierie devenait une solution crédible proposée par la technoscience pour lutter contre les méfaits … de la technoscience sur le climat un peu comme une nouvelle molécule chimique est proposée pour lutter contre les méfaits d’une autre molécule chimique dans le domaine de la santé.
Voici comment le serpent se mord la queue au pays d’un nouveau petit dragon.
« Bangkok a annoncé avoir mené avec succès une opération d’ensemencement des nuages le 15 janvier 2019 afin de provoquer des pluies artificielles. L’enjeu : soulager la ville d’un sévère épisode de pollution aux particules fines. Le point sur une technologie qui, pour la science, ne fait pas consensus.
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L’objectif était ici de drainer les particules fines d’un épisodes de pollution sévère sur Bangkok, à l’aide de la pluie (il s’agit du pire épisode de pollution depuis début 2018, selon Greenpeace). Une technologie initialement développée contre la sécheresse, que le pays avait déjà déployée face à la pollution en février 2018. Ailleurs, en Inde, une ville comme New Delhi a pu utiliser des hélicoptères pour arroser la ville avec de l’eau, et lessiver l’air de ses particules fines.
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L’ancien roi de Thaïlande, Bhumibol Adulyadej, mort en 2016, a commencé à travailler sur cette technologie en 1969.
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L’opération consiste à larguer à l’aide d’avions de vastes quantités de produits chimiques dans les nuages afin de provoquer la formation de cristaux de glace qui accélèrent la survenue des précipitations.
Le 19/10/19 j’ai publié un article concernant une conférence faite au plateau de Saclay par Laurent Alexandre, chantre du transhumanisme, devant les élèves de l’Ecole Polytechnique. « Des Dieux et des inutiles » était donc le titre de cet article qui contenait l’enregistrement de cette conférence où Laurent Alexandre développait l’idée des dieux -hommes et femmes supérieurs auditeurs de cette conférence appelés à travailler à crééer l’homme de demain, le cyborg et à envisager le destin de tous les autres – les gilets jaunes-devenus pour lui des inutiles.
Régis Portales est justement polytechnicien, mathématicien et informaticien. Voici sur son blog l’analyse qu’il faisait le 2/12/19 des thèses de Laurent Alexandre présentées à l’occasion de cette conférence.
Ce texte essaie de montrer l’absurdité du système de pensée de Laurent Alexandre. Mais Laurent Alexandre n’est pas seulement ridicule, il est dangereux. Il arrive à diffuser ses idées, au point où elles pourraient cristalliser en porte de sortie pour un capitalisme financiarisé devenu honni. Visons plutôt la démocratie pleine, l’égalité réelle, la République sociale.
Le capitalisme financiarisé dont le macronisme est l’incarnation est un stalinisme de marché : un délire paranoïaque. Face à la dure réalité des faits, le système néo-libéral, parfaitement logique en lui-même, ne tient pas une minute. Et ça commence à se voir. Confronté à son délire par divers mouvements populaires, le gorafiste réagit par la violence ou en s’enfonçant dans un nouveau délire. Laurent Alexandre porte un discours qui pourrait bien remplir cette fonction.
Il place une foi absolue dans la technologie. Il réduit les pauvres (parmi lesquels il inclut les Gilets Jaunes) à des sous-hommes bloqués dans leur condition par les « inégalités neuro-génétiques ». Seuls certains – dont les polytechniciens sont l’état suprême de cette nouvelle aryanité – méritent par leur simple état leur place dans « l’économie de la connaissance ». En lisant ses écrits de science-fiction comme l’effrayant « Adrian, humain 2.0 », on imagine aisément que le futur déjà sordide qu’il entrevoit (un mélange du Meilleur des mondes et desOnze mille verges) s’effondrerait quelque part entre La liste de Schindler et Soleil vert.
Laurent Alexandre à plusieurs reprises s’exclame que les polytechniciens sont des dieux et les Gilets Jaunes des êtres substituables. Il se trouve que je suis polytechnicien. En plus d’être un dieu à ses yeux, j’ai étudié les mathématiques et je travaille dans l’informatique depuis dix ans. Ceci me rend tout à fait légitime à dire que tout ce qu’il dit est faux.
D’abord l’économie de la connaissance n’existe pas. Quand on a travaillé dans l’informatique, on sait que la plupart des ingénieurs dans ce domaine ne font rien de plus compliqué qu’un plombier – un vrai, pas un plombier de France Info. Ils suivent un plan et soudent entre eux des tuyaux en s’assurant qu’il n’y a pas de fuite. Ces ingénieurs (et il s’agit de l’immense majorité) sont donc techniquement des ouvriers. Il n’y a pas plus d’intelligence (quoi que puisse recouvrer ce terme) à mobiliser pour faire un service web ou entraîner TensorFlow que pour installer une chaudière à gaz ou tourner une goupille. L’économie moderne n’a rien de neuf. Elle relève simplement de la division capitaliste du travail.
Par ailleurs nous disposons tous à peu près de la même intelligence. Nous l’employons chacun à ce à quoi nous sommes exposés socialement, ce qui nous plaît et ce dans quoi nous pouvons persévérer. Pour moi ce furent les mathématiques. Pour ce cher docteur la médecine. Pour un autre, ce serait l’ébénisterie ou la paléographie. Etant moi-même un besogneux, je crois qu’il n’y a rien d’insurmontable dans les mathématiques et que quiconque fait l’effort (et en a le goût et la possibilité) de lire patiemment des livres et de faire un grand nombre d’exercices finira par y arriver. Je pense qu’il en est de même de la médecine, de la chaudronnerie ou de la chromodynamique quantique.
Il se trouve par ailleurs que je suis également un fervent partisan des Gilets Jaunes. Et les Gilets Jaunes prouvent que le traitement que leur réserve Laurent Alexandre ne repose sur rien. C’est bien facile de pérorer sur « l’homme augmenté » depuis un salon bien chaud. Quand on est intérimaire et qu’on doit aller tous les matins au marché au travail pour remplir le frigo et payer le loyer, ça l’est moins. C’est cet état de précarité et d’isolement auquel sont réduits de plus en plus de nos concitoyens qui les a longtemps empêchés de voir plus loin que la fin de leur mois. Il ne s’agit pas « d’inégalités neuro-génétiques » mais de profondes inégalités sociales qui sont la conséquence directe d’un capitalisme financiarisé dont les modèles de Laurent Alexandre sont les premiers promoteurs.
La libre circulation des capitaux a conduit à la délocalisation des emplois intermédiaires bien avant qu’on ne s’intéresse à leur automatisation. La destruction de ces emplois qualifiés a fermé à une grande part de la classe populaire toute possibilité d’évolution en rendant hors de portée les emplois assez rémunérateurs pour épargner, se loger et payer les études des enfants.
Pourtant ces intérimaires, ces retraités, ces employés résignés ont un jour revêtu un gilet jaune et ont décidé de se réunir sur des ronds-points, puis à Paris. N’étant plus seuls, ils n’étaient plus désespérés. Et en quelques semaines ils sont partis de la taxe carburant pour arriver à des revendications constitutionnelles. Leurs 42 revendications font un programme politique bien meilleur que la plupart de ceux des dernières élections présidentielles. Qui est Laurent Alexandre pour penser qu’une élite incapable de gouverner ce pays depuis 30 ans peut valoir mieux qu’eux ?
On pourrait donc ranger Laurent Alexandre dans la catégorie des olibrius de plateaux, des bêtes curieuses qu’on invite au cirque pour se faire peur. Mais ce discours dément plaît à d’autres déments. Et il peut être constitué en force politique, voire en continuation délirante du capitalisme financier. Comment continuer d’accroître les profits dans un environnement en plein effondrement ? En augmentant le monde pardi ! Comment s’assurer que les gens survivront aux saloperies qu’on leur vend ? En augmentant les hommes ! La technologie au-dessus de tout, et donc ceux qui la vendent au-dessus des hommes.
Car la vraie faillite de Laurent Alexandre est là. Au-dessus de la technologie, de l’économie, du droit, il y a la politique. Et quand le peuple se charge lui-même de la politique, il fait mieux que tous les polytechniciens, les urologues et les inspecteurs des finances du monde. L’urgence écologique et sociale a une seule et même source : la démesure du capitalisme qui porte en lui la destruction comme la nuée porte l’orage. Y répondre ne suppose pas plus de capitalisme, mais beaucoup moins. La démocratie pour tous et partout. L’égalité réelle. La République sociale.
Cette enquête, présentée par Yann Arthus-Bertrand a été menée dans un élevage du Finistère sur la commune de Dirinon (29460). Cette ferme XXL a l’autorisation d’élever 800 truies reproductrices et d’engraisser plusieurs milliers de cochons. Elle est affiliée à la coopérative Triskalia, fournisseur de référence des abattoirs de l’entreprise Bigard-Socopa.
95% des 25 millions de cochons élevés chaque année en France proviennent d’élevages intensifs, d’élevages sordides.
N’oublions pas les éleveurs qui gèrent ces élevages et dont 1/3 gagnent moins de 350 € par mois.
Notre système marche sur la tête. Il faut que ça change. Des millions de repas sont servis chaque année dans nos écoles et nous votons dans quelques mois pour le renouvellement des conseils municipaux.
Demandons aux candidats de s’engager à ne plus faire servir dans ces cantines de repas contenant de la viande provenant d’élevages intensifs et à augmenter en conséquence le nombre de repas végétariens.
info complémentaire : condamnation association L214
L214 condamnée pour avoir révélé la souffrance des animaux
NOUS CONTINUERONS À DÉVOILER LA RÉALITÉ DES ABATTOIRS
Le tribunal correctionnel de Pau a rendu lundi 18 octobre sa décision concernant les poursuites à l’encontre de l’association L214, suite à la diffusion d’une enquête filmée à l’abattoir de Mauléon-Licharre en 2016. Les juges ont relaxé L214 pour la diffusion des images, mais l’ont condamnée à 5 000 € d’amende pour complicité d’atteinte à l’intimité de la vie privée. Le tribunal a également condamné l’association à verser 1 500 € à chacun des salariés de l’abattoir. L’association fait appel de cette décision.
Celle-ci nous semble profondément injuste : l’association n’a jamais dévoilé l’intimité de la vie privée des salariés. Elle ne fait que montrer les conditions de mises à mort des animaux dans les abattoirs pour rendre visible une machine destructrice réglée en France à 2 400 mises à mort à la minute.
Si nous pouvions informer et faire prendre conscience de l’horreur qui se déroule derrière les murs des abattoirs ou des élevages autrement qu’en dévoilant des images, évidemment, nous le ferions.
Mais il faut se rendre à l’évidence : jusqu’à présent, seules les images ont permis de mettre en lumière la violence inouïe qui se déroule quotidiennement dans les abattoirs. En plus des prises de conscience, les images de Mauléon ont donné lieu à la condamnation de l’abattoir, de son ancien directeur et de quatre salariés notamment pour abattage sans équipement conforme, abattage sans personnel qualifié, abattage sans précaution pour éviter de faire souffrir, abattage sans étourdissement, immobilisation sans précaution et saignée tardive.
Les images que nous avons diffusées ont permis la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs à l’Assemblée nationale et poussé l’ex-ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll à ordonner des inspections dans tous les abattoirs de boucherie en France. Cet audit avait révélé que 80 % des chaînes d’abattage présentaient des non-conformités : la terreur et la souffrance inhérentes à la mise à mort sont encore accentuées par le non-respect de la réglementation.
Les images que L214 a révélées ont permis de s’intéresser également aux conditions de travail scandaleuses des personnels des abattoirs : la violence touche également les ouvriers chargés de faire le sale boulot. Si des salariés doivent répondre de leurs actes devant la justice, L214 s’est toujours attachée à souligner la responsabilité de nos choix de société et des dysfonctionnements qui incombent le plus souvent aux abattoirs et aux services de l’État.
Pour mettre fin à ce système injuste, cruel, effroyable pour les animaux et les humains et désastreux pour l’environnement, nous continuerons de divulguer ce que les industries agroalimentaires cherchent à nous cacher.
Sciences Critiques et le Festival du livre et de la presse d’écologie (Felipé)ont le plaisir de vous inviter à une conférence-débat sur l’« intelligence » des plantes, intitulée : L’« intelligence végétale » pour repenser radicalement notre (rapport au) monde ?, le dimanche 24 novembre, à Paris, de 15h15 à 16h30.
Les thèmes de la « vie secrète » et de l’« intelligence » des plantes font florès au sein de la recherche scientifique et du grand public, comme en témoignent les récents succès en librairie de livres comme ceux de l’ingénieur forestier allemand Peter Wohlleben, La vie secrète des arbres (Les Arènes, 2017), du biologiste italien Stefano Mancuso, L’intelligence des plantes (Albin Michel, 2013), ou encore de l’écologue français Jacques Tassin, Penser comme un arbre (Odile Jacob, 2018). Pourtant, la thèse de l’« intelligence végétale » reste encore très controversée au sein même de la communauté scientifique.
Les citadins regardent les arbres comme des « robots biologiques » conçus pour produire de l’oxygène et du bois. Forestier, Peter Wohlleben a ravi ses lecteurs avec des informations attestées par les biologistes depuis des années, notamment le fait que les arbres sont des êtres sociaux. Ils peuvent compter, apprendre et mémoriser, se comporter en infirmiers pour les voisins malades. Ils avertissent d’un danger en envoyant des signaux à travers un réseau de champignons appelé ironiquement « Bois Wide Web ». La critique allemande a salué unanimement ce tour de force littéraire et la manière dont l’ouvrage éveille chez les lecteurs une curiosité enfantine pour les rouages secrets de la nature.
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Les plantes sont-elles intelligentes ? Oui, et bien plus que nous ne pourrions l’imaginer, nous répond Stefano Mancuso. Savant de renommée mondiale, fondateur de la neurobiologie végétale, il est le premier à avoir démontré que, comme tous les êtres vivants, les plantes discernent formes et couleurs, mémorisent des données, communiquent. Elles ont une personnalité et développent une forme de vie sociale basée sur l’entraide et l’échange.
Véritable manifeste écologique, ce livre pionnier, qui a bénéficié d’une reconnaissance internationale, nous plonge dans un incroyable voyage au coeur du monde végétal. Un monde qui, en formant plus de 99 % de la biomasse, s’avère aujourd’hui indispensable pour l’humanité. Car si les plantes peuvent très bien vivre sans nous, nous ne survivrions pas longtemps sans elles !
À l’heure où l’on recherche d’autres modes de vie, où les ressources naturelles s’épuisent, nous avons tout à apprendre du monde végétal dont dépendent la survie et l’avenir de l’homme.
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Depuis quelques années, dans le sillage d’importantes découvertes scientifiques liées à la communication végétale, une tendance de fond nous incite à prendre l’arbre pour modèle, voire à pénétrer les arcanes de sa « vie secrète ». Mais, au-delà des métaphores et des analogies faciles, que peut-on vraiment espérer de ce nouveau rapprochement avec l’arbre ? Une source d’inspiration, un modèle écologique, la clé d’un nouveau bien-être fait d’ouverture et de partage ? Un écologue passionné nous livre ses réponses empreintes de science, de sagesse et d’un infini respect pour l’arbre :
« L’arbre semble vouloir s’adresser aux grands primates irrévérencieux que nous sommes devenus. Des primates aujourd’hui perdus au bord du chemin pour avoir sottement oublié qu’ils vivaient sur la planète des arbres. » J. T.
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Les végétaux, qui forment plus de 99 % de la biomasse de la Terre – et desquels dépendent les femmes et les hommes pour leur survie –, sont-ils vraiment « intelligents » ? Que recouvre exactement ce qualificatif pour les chercheurs et les philosophes ? Si les plantes (arbres, fleurs, légumes, algues…) sont capables de communiquer, de discerner formes et couleurs, d’apprendre, de se souvenir, de ressentir, de penser, de développer une forme de vie sociale basée sur l’entraide et l’échange, etc., ont-elles pour autant ce qu’on appelle chez les êtres humains une « conscience » ? Ou certains scientifiques pécheraient-ils plutôt par excès d’anthropocentrisme et de zoomorphisme ? Les débats, épineux, entre spécialistes se poursuivent…
Et si, après la science, les plantes étaient reconnues, par le droit, comme des « êtres sensibles » – à l’instar des animaux –, le règne végétal pourrait-il alors basculer d’objet scientifique à sujet politique ? Autrement dit, les végétaux représentent-ils plus que jamais aujourd’hui, à la faveur de la (re)découverte de leurs impressionnantes facultés, des sources d’inspiration ? Plus encore, comment tisser des liens avec ces « autres qu’humains », à l’heure où les dérèglements climatiques et l’effondrement de la biodiversité nous enjoignent à revoir radicalement nos modes de vie ?
>Avec :
–François Bouteau, biologiste, maître de conférences à l’Université Paris 7-Denis Diderot.
– Quentin Hiernaux, philosophe, chercheur au Fonds National Belge de la Recherche Scientifique (FNRS), coordinateur de l’ouvrage Philosophie du végétal (Éditions Vrin, 2018).
Amélie de Montchalin députée LREM de l’Essone introduit la conférence transhumaniste de Laurent Alexandre à Polytechnique dans le cadre des « Tables rondes du plateau de Saclay » du 14 au 18 janvier 2019 en tant que marraine de cet événement. Trois grandes écoles de la République, Polytechnique, CentraleSupelec et Normale Sup, conviaient leurs étudiants pour « une semaine de réflexion sur l’homme augmenté » en organisant trois conférences et débats sur le thème du transhumanisme.
Amélie de Montchalin a été recrutée en tant que consultante en stratégie par The Boston Consulting Group (BCG), un cabinet multinational, implanté à Paris pour des activités en science des données et intelligence artificielle appliquées à l’industrie, la finance et la santé.
Amélie de Montchalin est mariée à Guillaume de Lombard de Montchalin Directeur du bureau parisien du Boston Consulting Group depuis 2009. Son mari Guillaume a donc recruté sa femme, mais, concomitamment, Boston Consulting Group a ouvert en 2016 sur le plateau de Saclay, donc sur le lieu même de cette conférence, le territoire républicain d’Amélie de Montchalin, une usine-école pour l’industrie du futur, l’industrie dite 4.0 –cf article l’Usine Nouvelle 27/07/2018–
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Le centre du propos de Laurent Alexandre est le suivant : de notre chemin vers 2050, émergera une classe d’humains inutiles, la classe des gilets jaunes, une classe de personnes qui ne seront pas ou plus employables.
« cette affaire des gilets jaunes, nous en avons pour cent ans ». « J’adore les gilets jaunes, ajoute-t’il, mais je ne pense pas que ce sont les gilets jaunes qui vont gérer la complexité du monde qui vient, […] le monde complexe de demain ne peut être géré que par des intellectuels. »
Au cours de cette conférence, il cite mais déforme les travaux de l’historien israélien Yuval Noah Harari dont il reprend l’expression » des dieux et des inutiles ».
Alexandre entérine froidement l’utilisation généralisée et inévitable des algorithmes pour façonner une nouvelle intelligence dite artificielle au profit d’une classe supérieure, alors que Harari nous alerte en écrivant que « plus que du chômage de masse, nous devrions nous inquiéter du glissement de l’autorité des hommes aux algorithmes, lequel risque de détruire le peu de foi qui subsiste dans le récit libéral et d’ouvrir la voie à l’essor de dictatures digitales ». (« 21 leçons pour le 21ème siècle » – Y. N. Harari – p.61 ).
Harari présente là un risque qu’il faut prendre au sérieux, mais qui n’est aucunement une fatalité. Harari signale qu’il y a urgence pour le genre humain à garder le contrôle, et que s’impose une remise en cause des méthodes classiques et datées, devenues doctrines, par lesquelles nos sociétés se sont construites, en particulier le capitalisme.
Harari distingue le capitalisme du libéralisme, ce que ne fait pas Laurent Alexandre. Harari distingue aussi le libéralisme du libéralisme économique. Le capitalisme apparaît entre le 13ème et 14ème siècle en Europe occidentale entre la République de Venise et Bruges en Flandres. Ce sont les premières places marchandes où apparaissent les obligations pour financer les expéditions terrestres vers le marché oriental ou l’armement de flottes destinées au commerce maritime. Le moteur du capitalisme, comme le décrit Harari, estl’espoir d’un futur meilleur.
Dans une Angleterre en crise d’autorité religieuse, John Locke propose avec sa « Lettre sur la Tolérance » en 1667 et « Sur la différence entre pouvoir ecclésiastique et pouvoir civil » en 1674, une société où la conscience de l’homme, qui « connait l’état de nature », est libérée du sceau féodal et divin.
Dans notre modernité, depuis la République de 1789 et le développement des sciences et de la médecine, l’état de nature devient « l’égalité biologique ». C’est la conscience des Lumières qui fit émerger l’égalité biologique en donnant la même valeur à toutes les vies humaines : riche, noble, paysan, bourgeois, ouvrier, homme, femme. L’égalité biologique doit s’articuler avec l’égalité sociale grâce au « contrat social ».
Harari révèle que les connaissances amènent aujourd’hui les biologistes à considérer la vie humaine (et la vie en général) comme « un assemblage d’algorithmes organiques façonnés par la sélection naturelle » pour lesquels, finalement, le support organique ou inorganique importe peu ( « Homo Deus, une brève histoire du futur » – Y. N. Harari – p.343 ). Ce constat est le fruit du développement des sciences du 17ème siècle jusqu’à nos jours, un développement rationnel analytique, validé par les résultats spectaculaires des prédictions qui permettent tant de soigner une angine que de modifier un gène pour un maïs résistant à la pyrale et tolérant aux herbicides.
La vie biologique réduite à une somme d’algorithmes est baptisée « dataïsme » : l’accumulation et le traitement massif de la donnée (data en latin) alimentent les algorithmes et supplantent l’homo sapiens dans la maîtrise de la connaissance. L’homme « algorithme » devient transposable sur des supports inorganiques grâce aux biotechnologies, il devient « l’homme augmenté », un homme aux capacités physiologiques décuplées par la puissance du numérique.
Mais, signale Harari, la biologie et les sciences en général ne se sont jamais préoccupées de la conscience. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », écrit l’humaniste François Rabelais dans « Pantagruel » en 1532. C’était un credo politique et la question de la conscience est restée à ce jour une question politique, car nul ne peut témoigner de l’existence de l’âme… ni par la science, ni par les biotechnologies, ni par le numérique.
Aujourd’hui, ignorant la nature de la conscience, le capitalisme et sa classe dirigeante transfèrent le pouvoir aux algorithmes numériques pour créer l’intelligence artificielle qu’ils mettent en compétition, sur le terrain économique et social, avec l’intelligence humaine. Le numérique est une aubaine pour le capitalisme car, quelque soit la science, le numérique va plus vite, il est plus fiable et permet plus de profits.
Mais quel est le réel niveau d’intelligence de l’intelligence artificielle ? Est-ce que singer l’homme suffit à être intelligent ?
Le transhumanisme est le mouvement qui revendique l’adoption du nouveau mariage de l’intelligence artificielle aux biotechnologies. Il excelle à développer les sciences et les technologies numériques pour lutter contre la mort, la souffrance, la maladie, mais aussi le handicap physique ou mental et finalement à dessiner les contours d’un humain prétendument parfait. Et si le transhumanisme propose des conclusions politiques et philosophiques, il n’associe pas, au dessein de l’humanité, l’ensemble des cultures et des civilisations, l’ensemble des savoirs, l’ensemble des humains et des (autres) volontés politiques.
La posture du transhumanisme qui donne tous pouvoirs aux technologies numériques est prompte à produire un eugénisme bien plus féroce que celui des empereurs ou dictateurs de ces trois derniers millénaires. Le transhumanisme ouvre les portes de Gattaca. Ce nouvel eugénisme forge la sélection par la technologie, il est le moyen pour une nouvelle classe d’humains de s’arroger le pouvoir, de diriger le monde et de supplanter Homo Sapiens en lui faisant subir « ce que ce dernier à fait subir à tous les autres animaux » ( « Homo Deus, une brève histoire du futur » – Y. N. Harari – p.424 ).
Malgré la mesure et la bienveillance d’Harari, Laurent Alexandre, sur le ton du millénariste, se lance dans une conjecture sans considérer la question de la nature de l’humanité. Il affirme un monde futur empreint d’intelligences artificielles où le « capitalisme cognitif », troisième du nom après le capitalisme vénitien et le capitalisme industriel, poursuit, sans questionnement, son hégémonie féroce. Pour Alexandre, le capitalisme décomplexé des grandes puissances internationales s’empare des technologies numériques et des biotechnologies au bénéfice exclusif d’une classe qualifiée de supérieure par son intelligence. Pour Alexandre, l’Europe, déjà à la traîne, ne devrait plus tergiverser sur les questions de la morale, elle devrait se mêler à cette compétition transhumaniste et technologique. Alexandre accomplit ce que craint Harari.
Alors le conférencier, en cette tribune Polytechnique, grossit son trait en qualifiant le « camp des inutiles », le camp des gens à l’intelligence limitée voire absente, en « camp des gilets jaunes ».
Laurent Alexandre, chirurgien urologue, est co-fondateur de l’indispensable start-up Doctissimo, une start-up qui surfe sur l’émergence du juteux marché de l’auto-médication.
La thèse d’Alexandre rebondit sur l’émergence de l’intelligence artificielle, qui, selon lui, est la seule intelligence capable de gérer la complexité du monde : seule une élite hautement intellectuelle serait capable de gérer, de créer et de faire progresser l’humanité dans un monde farci d’intelligences artificielles.
Le conférencier est autoritaire, l’élite intellectuelle, « c’est vous, étudiants dans cette salle qui managerez ce monde » ( ne lisez pas « mangerez ce monde »). Étudiants de cette grande école Polytechnique, c’est vous qui serez sauvés… « Les inutiles sont des gilets jaunes » avec lesquels « il faudra en finir d’une manière ou d’une autre ».
Un nouvel article, beaucoup plus complet et relatif à cette conférence, a été publié le 19 novembre 2020 sous le titre : A-ton le droit de créer Homo Deus ?
Je désigne sous le vocable de réalisme matérialiste, la manière d’introjection opportuniste de tous les principes idéologiques de réussite sociale via la prépondérance matérielle dont opèrent des individus et des groupes dominants dans notre société de clivage et d’étouffement des non opportunistes. C’est le matérialisme froid et morbide qui veut à tout prix maintenir la société telle qu’elle est, afin de profiter de ses horreurs, ses injustices aux dépens d’autrui toujours perçus comme moyen à utiliser…
Le réalisme est ici un goulot strangulatoire contre les rêves dignes de ceux qui refusent de se salir en intériorisant la weltanschauung abjecte du succès comme fin justifiant tout…
Il faut constater que même au stade étatique, le réalisme matérialiste, le fameux pragmatisme économique des États poussé à l’excès, fait du monde qu’il influence, un espace blême et morbide sans rêve authentiquement humain car le rêve vrai est transcendance et donc par essence, contraire au réalisme utilitaire et ennemi du pragmatisme forcené.
C’est sans doute l’une des causes de l’effondrement outrancier des valeurs, le nœud de la crise axiologique apparemment indénouable qui sévit au monde. C’est que la civilisation a tellement plongé dans les grands fonds abyssaux, ténébreux du réalisme jusqu’à l’absurde, jusqu’à en être repue, surchargée qu’elle en a fini par devenir élément de la crasse sédimentaire dudit réalisme d’où elle n’arrive plus à s’envoler par le rêve.
Boire le calice du réel jusqu’à la lie, tue la vérité ailleurs qu’est le rêve… Les individus ne sont que les dépouilles hagardes, ombres desséchées du réalisme, singeant un sens inéprouvé quand la société ne mobilise que les pulsions et instincts matérialistes.
Dans son essai La Barbarie (1987), Michel Henry s’interroge sur le lien entre barbarie et science ; celle-ci se fonde en effet sur l’idée d’une vérité universelle et comme telle objective et qui conduit donc à l’élimination des qualités sensibles du monde, à l’élimination de la sensibilité et de la vie.La science n’est pas mauvaise en soi aussi longtemps qu’elle se borne à étudier la nature, mais elle tend à exclure toutes les formes traditionnelles de culture, à savoir l’art, l’éthique et la religion. La science livrée à elle-même conduit à la technique dont les processus aveugles se développent d’eux-mêmes de façon monstrueuse sans référence à la vie.
Le propos de Michel Henry est de prendre en vue la catastrophe majeure de notre temps, la barbarie, et de mettre en lumière sa cause : on ne saurait y voir un fléchissement accidentel de civilisation comme il y en a tant eu. Il s’agit, montre M.H., d’une dénaturation de la vie tout entière dont l’essence est de faire effort pour se transformer et s’accomplir. Inversion de ce processus, la barbarie résulte de la progression aveugle de la technique, généralement considérée comme positive.
Ce qui ne s’était jamais vu :
Le développement sans précédent des savoirs scientifiques va de pair avec l’effondrement des autres activités et entraîne la ruine de l’homme.
I – Culture et barbarie :
Produit de l’auto-transformation de la vie, la culture est savoir originel, subjectif, de cette vie et diffère du savoir scientifique, objectif, tel que l’a formulé au XVIe siècle Galilée, fondateur de la science moderne : ce second savoir repose sur la mise hors jeu des qualités sensibles du monde et n’en retient que les formes abstraites ; d’autre part, ne s’occupant que de l’extériorité du monde, il ignore les limites de son champ de recherche.
II – La science jugée au critère de l’art
Ce n’est pas le savoir scientifique qui est en cause, mais l’idéologie actuelle qui le tient pour l’unique savoir.
III – La science seule : la technique
Les opérations que la science inspire à la technique reposent exclusivement sur l’auto développement d’un savoir théorique livré à lui-même qui ne sait rien des intérêts supérieurs de l’homme. Pourtant l’essence de la technè est originairement savoir-faire individuel. La mise en œuvre de nos pouvoirs subjectifs est la forme première de la culture. Mais quand ce déploiement de la praxis dépend d’une abstraction, il y a bouleversement ontologique, l’action cesse d’obéir aux prescriptions de la vie. Coupée de sa racine humaine, elle n’existe plus que sur un mode purement matériel…
L’univers technique prolifère à la manière d’un cancer.
IV – La maladie de la vie
Il s’agit essentiellement des sciences humaines dont l’éclosion caractérise la culture moderne. Théoriquement c’est l’homme qu’elles prennent en vue : langage, historicité, socialité etc. Toutefois elles font abstraction de l’Individu transcendantal que nous sommes, mettant hors jeu sa subjectivité, au mépris de leur finalité réelle. Leur traitement de type mathématique appauvrit le fait humain. Devant le suicide, la sexualité, l’angoisse, que valent des statistiques ? Plus on accumule de connaissances positives, plus on ignore ce qu’est l’homme. Et pourtant la vie, écartée à notre époque, n’en subsiste pas moins sous une forme élémentaire, vulgaire, voire dans son auto négation.
VI – Pratiques de la barbarie
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Les figures de la barbarie sont là, comportements grossiers, fuite frénétique dans l’extériorité engendrant l’échec à se débarrasser de soi, idéologie scientiste, positiviste qui se substitue à la science, démission de la vie transcendantale, engluement dans la télévision qui est la vérité de la technique, avec sa recherche de la brutalité du fait, l’incohérence de ses images qui se substituent à la vie personnelle, sa censure idéologique qui rassemble les stéréotypes d’une époque.
Professeur émérite d’Economie Politique à l’Université Paris-Sud, Serge Latouche développe, depuis les années 1960, une critique radicale du développement et de la croissance économique. Selon lui, la science, devenue technoscience au sortir de la Seconde Guerre mondiale, avec l’alliance − inédite dans l’Histoire − des scientifiques et des techniciens, a joué, et joue plus que jamais de nos jours, un rôle moteur dans l’expansion du capitalisme thermo-industriel. « Le Mal », selon cet « objecteur de croissance », qui en appelle à la « dissidence » face à un système « insoutenable » menant tout droit au « suicide de l’espèce humaine ».
Serge Latouche — Comme toujours lorsque nous cherchons des origines, c’est un peu arbitraire. Le mot « développement » appartient à la biologie évolutionniste, tout comme le mot « croissance ». On peut trouver, depuis très longtemps, dans des textes allemands, le mot « entwicklung », qui traduit « développement ». Mais, en anglais et en français, l’utilisation du mot « développement » − dans son sens économique − est venue bien après, autour de la Seconde Guerre mondiale. Si le fameux discours d’Harry Truman, le 20 janvier 1949, est pris comme date symbolique de la naissance de la notion de « développement », c’est parce qu’il envoie un signal fort. Pour la première fois, Truman, président des Etats-Unis, va parler de développement et de sous-développement économique.
Auparavant, le monde était divisé en cinq continents, avec des centaines de pays et des coutumes très variées. Il y avait, bien sûr, les « sauvages » et les « barbares » d’un côté et les « civilisés » de l’autre. Mais ces catégories demeuraient assez floues.
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ON PENSE L’ÉCONOMIE COMME UN ORGANISME, CE QUI EST UNE IMPOSTURE, PUISQUE L’ÉCONOMIE NE PEUT ÊTRE QU’UNE PARTIE ET NON LE TOUT.
Les Américains ont gagné la guerre parce qu’ils étaient les plus développés techniquement. Pour que les autres peuples se développent, l’idée qu’il suffit de leur transférer les moyens techniques s’impose alors. C’est le début de l’assistance technique lancée par l’Organisation des Nations-Unies (ONU) vers les pays dits « en voie de développement », qui permet en même temps aux États-Unis de s’emparer des marchés des ex-empires coloniaux.
Le développement dont parle Truman est donc la transposition, dans le domaine de l’économie, de concepts nés dans la biologie. Chez Charles Darwin, la croissance, c’est la transformation quantitative des organismes ; et le développement, c’est la transformation qualitative. Par conséquent, on pense l’économie comme un organisme, ce qui est une imposture, puisque l’économie ne peut être qu’une partie et non le tout.
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Quel rôle joue la science dans le développement économique ?
C’est la pièce-maîtresse. Mais il faut tout de même noter que les premières techniques de la révolution thermo-industrielle ne viennent pas de scientifiques, mais d’artisans. Que ce soit James Watt pour la machine à vapeur ou John Kay pour le perfectionnement de la machine à tisser, tous deux ne sont pas des scientifiques mais des bricoleurs, des bricoleurs de génie certes, mais des bricoleurs !
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C’est à partir de l’époque où cette notion de « développement économique » émerge − c’est-à-dire au cours de la seconde moitié des années 1940 − que l’on commence à parler des « technosciences ».
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Quand Albert Einstein met au point sa théorie de la relativité, c’est un scientifique. Ce n’est pas un technicien.
Avec le Projet Manhattan ( cf l’article déjà publié sur le projet Manhattan)− projet technoscientifique par excellence −, des techniciens vont travailler avec des scientifiques. Les techniciens se font scientifiques et les scientifiques, techniciens. À partir de cette époque, il va y avoir l’apport de procédés techniques et de moyens colossaux dans la recherche scientifique. Aujourd’hui, si l’on regarde aux États-Unis, le moindre laboratoire de recherche a du matériel qui vaut plusieurs millions de dollars. Ce sont les technosciences, plus que la science, qui vont endosser un rôle essentiel dans le développement.
Je crois qu’il faut décoloniser les sciences. La science occidentale – on la fait remonter à Galilée – part du principe que la nature serait more geometrico, qu’elle obéirait à la raison mathématique. Or, si les mathématiques sont effectivement une science abstraite − une formidable construction par ailleurs −, en revanche, la nature n’obéit pas à cette réalité mathématique.
C’est pour ça que les économistes se sont plantés. Ils ont construit leur discipline sur les bases de la mécanique rationnelle d’Isaac Newton alors que la vie économique se déroule dans un monde qui obéit aux lois de la thermodynamique, et en particulier à la loi de l’entropie. Il y a dans la nature une irréversibilité qu’il n’y a pas dans les mathématiques sur lesquelles l’économie classique s’est fondée.
Et alors, la science qui pense qu’il n’y a pas de limite aux possibilités de l’homme de tout faire, de tout résoudre, c’est ce qu’on appelle « la science prométhéenne », qui pense l’homme comme un démiurge. Cette science-là, il faut la réviser. Toutes les autres conceptions de la science avaient, bien sûr, un idéal de la connaissance, de la curiosité scientifique, mais elles n’étaient pas dévorées par la volonté de puissance, si caractéristique denotre conception.
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Nous débouchons sur une situation où, aujourd’hui, si nous prenons l’exemple du secteur de la santé, il y a très peu de recherches sur les perturbateurs endocriniens, par exemple, car ce sujet n’intéresse pas les laboratoires pharmaceutiques. Les crédits vont plutôt à la recherche sur la génétique. Idem pour l’agriculture. Il n’y a presque aucun crédit de recherche sur l’agro-écologie et la vie des sols, au profit de recherches sur les engrais et les pesticides. L’un des problèmes fondamentaux, c’est que la science s’est petit-à-petit vendue au Marché et au Capital.
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À l’origine, le développement est une affaire d’État. Le Marché n’a pas les instruments pour s’en saisir. Le développement, c’est une forme de guerre. Pour Ivan Illich, c’est la guerre aux pauvres. Même certains économistes assez orthodoxes, comme Jacques Austruy – auteur duScandale du développement. Vingt-cinq ans après (Payot, 1987) − explique que les sociétés qui ont été « émancipées » après la Seconde Guerre mondiale n’avaient aucune aspiration au développement. Elles avaient des aspirations concrètes contre la famine, des aspirations à vivre mieux, mais en aucun cas des aspirations au développement.
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La première chose pour atteindre le développement, c’est de créer des besoins. Et pour les créer, il faut rendre insatisfaits les gens de ce qu’ils ont. En ce sens, le développement, c’est la guerre au vernaculaire. C’est-à-dire la guerre à la façon dont les gens s’en sortaient par eux-mêmes, de façon autonome, pour qu’ils deviennent dépendants du Marché. Mais, pour qu’ils puissent acheter des produits, il leur faut en retour avoir quelque chose à vendre : c’est leur force de travail.
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Dès l’origine, il n’y a que l’État qui peut détruire les anciennes conditions d’existence pour en imposer de nouvelles. C’est notamment ce que fera Jean-Baptiste Colbert en imposant la création de manufactures dans lesquelles les gens travailleront comme des esclaves. Quand Lénine puis Joseph Staline ont voulu développer la Russie, cela s’est fait avec des moyens d’une grande brutalité pour casser le vernaculaire et obliger les gens à se soumettre à la discipline capitaliste. Le développement, c’est le développement du capitalisme. Mais il ne se produit pas spontanément par le Marché, qui peut co-exister avec une société traditionnelle sans problème. Le Marché existait en Afrique depuis des millénaires − Hérodote en parlait déjà –, mais ça n’a pas créé le développement. Le développement est une entreprise de recherche de puissance, avant tout à des fins militaires, qui ne peut se faire que par l’appui de l’État.
Fort heureusement, cette opération ne peut jamais totalement réussir. Dans un État totalitaire soft, comme celui dans lequel nous sommes − totalitarisme qui passe par le contrôle médiatique, différent, bien sûr, du totalitarisme soviétique ou nazi −, il y a toujours des dissidences. C’est là une deuxième contradiction du développement mais, nous le voyons bien, elle n’est pas suffisante. À l’heure actuelle, les limites environnementales et le défi écologique apparaissent comme la contradiction pour remettre en question et détruire les fondements insoutenables de notre système.
Nous avons une expérience très intéressante, qui existe depuis le 1er janvier 1994, quand les néo-zapatistes sont arrivés à San Cristóbal de Las Casas, au Chiapas, et ont commencé à libérer les cinq zones que l’on appelle les « Caracoles » – cf les caracoles. Une expérience qui perdure aujourd’hui encore − et qui est bien documentée par Jérôme Baschet. Nous avons vu aussi les deux révolutions équatorienne et bolivienne sur le credo du « buen vivir» – cf article -, qui montrent la capacité de résurgence, de résilience, des aborigènes, qui n’ont pas complètement disparus. cf article sur la transition vers le Buen Vivir.
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Ça n’est pas un hasard si ce mouvement a pris corps au Mexique car, à San Cristóbal, il y a l’Université de la Terre-Ivan Illich -cf là- . Et l’on sait que, de manière indirecte, le sous-commandant Marcos fut un élève d’Illich.
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En Occident, on observe une dissidence chez ceux qui se battent contre les « grands projets inutiles et imposés » − l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la ligne à grande vitesse Lyon-Turin dans le val de Suse, etc…−, comme chez les apiculteurs qui se battent contre les néonicotinoïdes, ou chez ceux qui luttent contre la destruction de l’État social. Les combats revêtent de nombreuses formes. Les luttes ne manquent pas, et elles doivent arriver de tous les côtés.
Regards croisés et dénonciations d’un monde pourri dans la finance des paradis fiscaux
paru le 10/04/2019
Maxime Renahy, 40 ans, administrateur de fonds à Jersey et au Luxembourg de 2007 à 2012, a travaillé durant cette période pour la DGSE en tant qu’agent secret, dans le milieu de la finance offshore. Depuis 2013, il aide les avocats, les salariés et les entreprises dans leur défense devant les tribunaux.
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Quand Maxime Renahy, administrateur de fonds à Jersey, réalise que ses informations peuvent intéresser la France, il se propose comme espion – bénévole – à la DGSE. L’employé modèle mesure alors les inquiétudes de l’État français dans de nombreux domaines : banques, monnaie, multinationales, pays amis, etc.
Là où est l’argent dévoile une ingénierie financière organisée telles des poupées russes pour échapper au fisc. L’ex-espion éclaire un monde dévoyé qui délocalise et s’enrichit au mépris de l’humain.
Après avoir jeté le masque, Maxime Renahy offre son expertise aux victimes de ce système écrasant et nous alerte sur l’impunité financière qui déstabilise nos sociétés.
Là où est l’argent raconte le surprenant parcours de Maxime Renahy, un homme soucieux de patriotisme, de résistance et d’intérêt général.
Préface d’Eva Joly.
Les 4 tomes de l’Affaires des affaires réunis en intégrale : (re)découvrez le combat acharné de Denis Robert dans les bas-fonds des paradis fiscaux. Pendant 10 ans et d’innombrables procès, Denis Robert a été poursuivi par Clearstream jusqu’à ce que le 3 février 2011, la cour de cassation annule les condamnations précédentes et juge l’enquête du journaliste sérieuse et documentée. C’est ce combat, dans les bas-fonds des paradis fiscaux, qui est raconté. Formidable thriller véridique, à l’origine du film de Vincent Garenq avec Gilles Lelouch et Charles Berling. Le passionnant thriller qui explore les bas-fonds des paradis fiscaux, signé Laurent Astier et Yan Lindingre, à découvrir dans une intégrale complète.
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parution 27/09/2018
Les dessous scandaleux de la crise financière : décryptage et révélations
Avec cette enquête minutieuse sur deux champions du capitalisme financier, Catherine Le Gall et Denis Robert pensent tenir des spécimens exemplaires de milliardaires. Albert Frère et Paul Desmarais ont des profils semblables et ont hérité d’entreprises familiales qui ne valaient pas un clou, mais en bons libéraux, investissant dans les meilleurs juristes, associés aux plus grosses banques d’affaires, travaillant autant en France qu’en Afrique ou en Amérique du sud, ils ont bâti leur immense fortune en partie sur le dos des États. Il devait y avoir un secret de fabrication pour s’enrichir autant et aussi vite…
Nos deux journalistes pensaient que s’ils parvenaient à décrypter le jeu de ces prédateurs, ils pourraient aider la communauté des hommes à s’en défendre.
C’est le challenge réussi de ce récit haletant comme un thriller, et pourtant bien réel..
L’écologie scientifique est une science qui étudie les êtres vivants dans leur milieu en tenant compte de leurs interactions. Cet ensemble, qui contient les êtres vivants, leur milieu de vie et les relations qu’ils entretiennent, forme un écosystème. L’écologie fait partie intégrante de la discipline plus vaste qu’est la science de l’environnement (ou science environnementale).
Le terme écologie est construit sur le grec οἶκος / oikos (« maison, habitat ») et λόγος / lógos (« discours ») : c’est la science de l’habitat. Il fut inventé en 1866 par Ernst Haeckel, biologiste allemand darwiniste.
L’écologie politique est de plus en plus présente dans le discours politique et dans les média en général. Pourtant, ce sont bien les préoccupations définies par la science qui sont à la base de l’invention de l’écologie politique. De nombreux écologues rejoignent le militantisme écologique.( source Wikipédia)
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Existe-t-il une écologie de droite ?
C’est l’objet d’un article signé Pauline Porro dans Marianne n°1164
Le 18 mars 2019 sur France Culture l’économiste Hervé Juvin nouveau député élu au parlement européen sur la liste du Rassemblement National affirmait : « l‘écologie doit prendre le pas sur l’économie « .
L’essayiste Hervé Juvin auteur d’une quinzaine de livres mais aussi ancien associé et fondateur d’Eurogroup Consulting est un chantre du localisme qu’il applique aussi aux populations : priorité au local avant le global.
L’écologie a une dimension conservatrice selon l’auteure de cet article. Et de citer les penseurs de l’écologie que sont Jacques Ellul et Bernard Charbonneau, personnalistes technocritiques même si Pauline Porro relève à contrario que des figures marquées à gauche comme le géographe anarchiste Elisée Reclus ont été à la pointe du combat écologiste.
Le sociologue Yann Raison du Cleuzio affirme : « il y a toutes les ressources dans l’histoire des droites pour que l’écologie s’y acclimate « . Une partie de la droite antirévolutionnaire s’est structurée autour du rejet de l’idée de progrès héritée des Lumières.
Le philosophe Serge Audierdans la société ecologique et ses ennemis paru en 2017 pointe la responsabilité de la gauche dans la crise écologique actuelle. Il observe que nombre de critiques pré-écologistes du XIX e sont héritières de la rupture romantique qui réhabilite le sentiment face à la raison. Des penseurs de l’écologie comme Georges Bernanos avec son essai la France contre les robots (1947) sont un caillou dans la chaussure écologique. Outre atlantique, cette vision romantique accouchera du mouvement wilderness à l’origine des parcs nationaux aux Etats-Unis dont le premier Yellewstone en 1872-cf le Wilderness Act de 1964 aux Etats-Unis.
Serge Latouche précise qu’il y a toujours eu une pensée antilibérale de droite , un anti-utilitarisme dans le romantisme en particulier et cela a été d’autant plus fort que la gauche était à l’origine libérale et capitaliste. Pour le philosophe Jean-Claude Michéa droite et gauche ont partagé l’idéologie de l’illimité.
A l’inverse, les présupposés écologistes reposeraient sur une vision du monde fondamentalement anti-moderne. C’est la thèse que défend l’historien Stéphane François dans l’écologie politique. Une vision du monde réactionnaire qui divise l »écologie entre une branche progressiste acquise à la philosophie des Lumières et une seconde visant un retour du règne de la nature ouvrant la voie à un discours différentialiste et inégalitaire.
Une autre conception de la nature est celle de la ruralité présente dans le roman de droite : la destruction des campagnes par le capitalisme et la révolution industrielle relève Yann Raison du Cleuzio. Dans ElémentsHervé Juvin développe sa théorie de « l’écologie des civilisations ».
Le philosophe Frédéric Dufoing auteur de l’écologie radicale (2012) – cf là : il y a une longue tradition critique à l’égard du christianisme, un fonds de défense des cultures locales, de l’enracinement bioculturel et des arguments concernant la surpopulation. Est en cause une vision anthropocentriste chrétienne plaçant l’homme au coeur de la création et l’érigeant en « maître » de la nature. D’où un tropisme pour les cultures païennes.
On peut affirmer à l’instar de Cornelius Castoriadis en 1986 qu’il y a longtemps que le clivage gauche-droite ne correspond plus ni aux grands problèmes de notre temps ni à des choix politiques opposés. Aux dires de nombreux écologistes les vrais clivages seraient ailleurs :
productivistes vs antiproductivistes
biocentrés vs anthropocentrés
terriens vs destructeurs
croissants vs décroissants
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Le fondateur et rédacteur en chef de la Décroissance , Vincent Cheynet notait dans son essai Décroissance ou décadence « que cet horizon s’oppose à la fois à la gauche dans son refus de l’idéologie progressiste et à la droite par son anticapitalisme. »
Quant à l’écologie intégrale développée en terres chrétiennes par le journalisteFalk Van Gaver elle a pour but « d’unir l’écologie humaine et environnementale dans une écologie totale intégrant toute la vie humaine comme non humaine. «
Depuis que le pape a consacré en 2015 son encyclique Laudato Si à l’écologie intégrale la revue Limite en a fait son credo et Delphine Batho s’en revendique dans une version laïque à la tête de Génération écologie. Néanmoins, le terme écologie intégrale lui aussi divise et le philosophe Dominique Bourg qui s’en réclamait aux dernières élections européennes avec Delphine Batho et Antoine Waechter à la tête de la liste Urgence Ecologie refusera de participer en août à l’Université d’été sur l’écologie intégrale considérant que le terme est désormais piégée- cf là.
Gaultier Bès, professeur de lettres est une des figures de l’écologie intégrale. Il déplore qu’elle soit associée aux droites dures par la gauche libérale du fait de ses positions sur les sujets dits sociétaux « alors que nous essayons de montrer que du transhumanisme à la manipulation des embryons il y a la même volonté de toute-puissance démiurgique qu’envers la biosphère. »
Né en 1940 Jean-Marc Lévy Leblond est docteur d’État en sciences physiques (physique théorique) -université d’Orsay en 1965-professeur à l’université Paris 7, et à Nice. Il a enseigné dans les départements de physique, de philosophie et de communication. Il fut directeur de programme au Collège international de philosophie de 2001 à 2007. Il a publié de nombreux articles sur ses travaux de recherche qui portent principalement sur la physique théorique et mathématique et sur l’épistémologie.« Depuis longtemps, Jean-Marc Lévy-Leblond tire la sonnette d’alarme sur la nécessité d’une intelligence publique des sciences, où se noueraient savoirs, recherche, culture et politique. »
Cet article est paru dans l’édition du Monde du 19.03.88. Il a également été diffusé en anglais dans la revue Nature (télécharger la version anglaise en pdf).
Ce texte est signé par de nombreuses personnalités scientifiques ( cf ci-dessous renvoi 1)
Le désir de connaitre le monde est aujourd’hui débordé par le besoin de l’exploiter. La production des connaissances scientifiques et des innovations est largement prise en charge par des institutions à buts technologiques. La recherche, qu’elle soit dite “fondamentale” ou “appliquée”, est orientée par des choix économiques, sociaux, sanitaires ou militaires.
Le chercheur ne peut ignorer cette orientation, et la société est en droit de la juger. Fonctionnant sur un mode réductionniste, en ignorant toute autre forme de connaissance et de vérité, la science entre en conflit avec la nature, la culture et les personnes.
Ainsi, sauf à être contrôlée et maîtrisée, elle fait courir des risques graves à l’environnement, aux peuples et aux individus. Pourtant le processus de développement scientifique s’auto-accélère avec l’assentiment naïf de sociétés qui acceptent de ne rêver l’avenir que dans l’artifice technique, alors que l’identification de la production scientifique au progrès, et même au bonheur, est largement une mystification.
…
Au nom de la vérité scientifique, la vie est réduite à ses aspects mesurables. La spécialisation de plus en plus étroite des chercheurs encourage leur myopie quant à leur fonction dans la société et crée des cloisons étanches entre les disciplines scientifiques.
…
Nous croyons que la lucidité doit primer sur l’efficacité et la direction sur la vitesse. Nous croyons que la réflexion doit précéder le projet scientifique, plutôt que succéder à l’innovation. Nous croyons que cette réflexion est de caractère philosophique avant d’être technique et doit se mener dans la transdisciplinarité et l’ouverture à tous les citoyens.
(1)Ce texte a été signé par les personnes suivantes : Jean Arsac, informatique, univ. Paris-VI ; Michel Bounias, biochimie, univ. Avignon ; Michel Cassé, astrophysique, CEA Saclay ; Jean-Paul Deleage, physique, univ. Paris-VII ; André Gsponer, physique des hautes énergies, ISRI, Genève ; Albert Jacquard, génétique, INED Paris ; Jean-Marc Levy-Leblond, physique théorique, univ. nice ; Jean-Marc Meyer, embryologie, univ. Strasbourg ; Michel, pneumologie, univ. Montpellier ; Jacques Panijel, immunologie, CNRS-Pasteur ; Bernard Prum, statistique médicale, univ. Paris-V ; Jean-Paul Renard, embryologie, INRA-Pasteur ; Jean-Claude Salomon, cancérologie, CNRS, Villejuif ; Jean-Louis Scheidecker, astronomie, CNRS, Nice ; Jean-Paul Shapira, physique nucléaire, Orsay ; Michel Sintzoff, informatique, univ. Louvain ; Jacques Testart, biologie, INSERM, Clamart
Nous aborderons, entre autres sujets, l’histoire du mouvement technocritique en Europe, les imaginaires du progrès technique, l’apparition de l’Anthropocène comme conséquence de la « démesure technicienne », les effets et les méfaits du techno-capitalisme et enfin la nécessité de faire émerger une communauté technocritique aujourd’hui, à travers notamment le projet politique alternatif de la décroissance, l’action directe contre les machines ou encore le retour à une véritable culture humaniste.
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« Pourquoi (et comment) critiquer la technologie à l’heure de la crise sociale et écologique ?
Première table-ronde (de 15h à 18h)
– L’Anthropocène, ou les dégâts du Progrès
– Une (brève) histoire de la technocritique
– Les imaginaires de l’innovation technique
– Les effets et les méfaits du techno-capitalisme
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Pour l’émergence d’une communauté technocritique !,
Seconde table-ronde (de 19h30 à 22h30)
– Pour l’émergence d’une communauté technocritique
– La décroissance pour sortir de la « Mégamachine »
– La révolte contre les machines aujourd’hui
– La culture face à la tyrannie technologique
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Vous pouvez aborder les sujets suivants sur le site de Sciences critiques :
– « Se débarrasser du capitalisme est une question de survie ». Un « Grand Entretien » avec Paul Jorion.
Paul Jorion (né le à Bruxelles) est un anthropologue, sociologue et essayiste belge
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Nous vivons aujourd’hui dans un système politique extrêmement inégal, qui engendre la concentration de la richesse par quelques-uns. Or, les personnes bénéficiaires de ce système bloquent l’accès à une vie meilleure pour tout le monde.
Le développement technologique est indépendant du développement des sociétés. Il peut être une catastrophe uniquement parce qu’il manque autour de lui l’environnement pour le canaliser.
En janvier dernier, des chercheurs d’Oxford ont affirmé que la robotisation créera à l’horizon 2022 un million d’emplois aux États-Unis.
En réalité, il y aura peut-être un million de travailleurs supplémentaires, mais 100 millions d’emplois vont disparaître dans le même temps… Il est très difficile, en réalité, d’imaginer les conséquences du développement technologique.
Ceux qui calculent combien d’emplois vont disparaître dans les années qui viennent sont naïfs, parce qu’ils considèrent que seul l’emploi manuel sera remplacé. Or, le système financier actuel conduit aussi à remplacer le travail qui coûte cher, même, et surtout, le travail intellectuel.
Si l’on accepte le principe que c’est le marché qui dirige, c’est-à-dire le simple rapport de force entre la main-d’œuvre et les employeurs, les salaires se rapprocheront de zéro… A fortiori dans un monde où la concurrence entre les candidats pour un emploi augmente. Il n’y a plus de limite, c’est ça le problème !
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– « Il faut décoloniser les sciences ». Un « Grand Entretien » avec Serge Latouche.
Serge Latouche, né à Vannes le , est un économiste français, professeur émérite de l’université Paris-Sud.
La science occidentale – on la fait remonter à Galilée – part du principe que la nature serait more geometrico, qu’elle obéirait à la raison mathématique. Or, si les mathématiques sont effectivement une science abstraite − une formidable construction par ailleurs −, en revanche, la nature n’obéit pas à cette réalité mathématique.
la science qui pense qu’il n’y a pas de limite aux possibilités de l’homme de tout faire, de tout résoudre, c’est ce qu’on appelle « la science prométhéenne » 4, qui pense l’homme comme un démiurge. Cette science-là, il faut la réviser.
Toutes les autres conceptions de la science avaient, bien sûr, un idéal de la connaissance, de la curiosité scientifique, mais elles n’étaient pas dévorées par la volonté de puissance, si caractéristique de notre conception. Toutes les autres conceptions de la science avaient, bien sûr, un idéal de la connaissance, de la curiosité scientifique, mais elles n’étaient pas dévorées par la volonté de puissance, si caractéristique de notre conception.
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– Qu’est-ce que le progrès technique ?. Une tribune libre d’Alain Gras.
Alain Gras, né le , est un sociologue français et professeur des universités émérite.
L’idée de progrès ne fait plus recette, c’est un fait. Les politiques, ou plutôt les acteurs de ce « pouvoir » qui n’est pas nécessairement politique, ont tiré depuis longtemps les leçons de cette désaffection et les économistes de service ont rebaptisé « croissance » le progrès en lui enlevant tout contenu éthique.
Mais qu’y a-t-il de plus absurde qu’une croissance illimité dans un monde limité ?
Dans le domaine techno-scientifique survit cet aphorisme archaïque : « On n’arrête pas le progrès ! ». Même si l’on sait que cette direction nous amène dans une voie sans issue !
L’une des raisons doit être, selon moi, à chercher dans la manière dont l’évolutionnisme progressiste bénéficie d’un privilège méta-philosophique.
« C’est dans l’évolutionnisme qu’est la racine logique des cynismes théorisants qui jettent sur la réalité le regard olympien des maîtres.
Les théories de l’évolution recueillent l’héritage métaphysique au bénéfice des sciences.
Elles seules ont une force logique suffisante pour intégrer d’un regard englobant le Mal, la décadence, la Mort, la douleur, toute la somme des négativités qui sont la part de l’être vivant.
L’« évolution » (progrès) est pour cela la théodicée moderne, cette théodicée permet l’ultime interprétation logique de la négativité. »
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– Aujourd’hui, il est trop tard. Une tribune libre de Joël Decarsin.
Joël Decarsin, artiste de formation et membre fondateur de l’association Technologos.
En novembre 2017, un cri d’alerte a été lancé par 15 364 scientifiques de 184 pays, dont la revue américaine BioScience puis le journal Le Monde ont fait leurs unes : « Notre planète est en danger, il sera bientôt trop tard. »
Refuser d’admettre que si l’idéologie de la croissance a pris l’ampleur que l’on connaît, c’est justement parce qu’elle a pour corolaire la sacralisation de l’État, quasiment théorisée dès le XVème siècle par Machiavel.
Parce que nous avons laissé les scientifiques − dont ceux qui poussent aujourd’hui des cris d’orfraie… − jouer aux apprentis-sorciers en triturant la matière dans ses plus intimes retranchements et parce que, contrairement à la fable de Goethe, aucun maître-sorcier ne viendra jamais mettre un terme au sortilège déclenché, la catastrophe est inéluctable.
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– Impasse de la technoscience. Une tribune libre de Joël Decarsin.
Joël Decarsin, artiste de formation et membre fondateur de l’association Technologos.
L’idée domine par conséquent qu’on peut jouer avec le feu tant que l’on dispose d’extincteurs toujours plus performants, réalité que résume l’adage : « On n’arrête pas le progrès ».
Ce goût du risque est né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, après qu’il a été d’usage d’afficher sa foi dans ce fameux progrès et sans que l’on ait vraiment pris la peine ensuite de peser le sens de ce mot. Aux tranchées de Verdun avaient succédé les Années folles, Hiroshima et Auschwitz ont distillé un parfum d’angoisse et d’incertitude : chacun a appris que les applications de la science pouvaient être létales à grande échelle.
e qui la lie à la science et à la technique à la fois et ce sur quoi elle s’appuie quand elle prétend en même temps comprendre la société et agir sur elle, c’est l’exercice de la modélisation.
« Je propose, écrit Saint-Simon vers 1830, de substituer le message suivant à celui de l’Évangile : l’homme doit travailler. L’homme le plus heureux est celui qui travaille, la famille la plus heureuse est celle dont tous les membres emploient utilement leur temps ».
Et dix ans plus tard, Ernest Renan déclare : « Organiser scientifiquement l’humanité, tel est le dernier mot de la science moderne, telle est son audacieuse mais légitime prétention. » Or, c’est là précisément l’objectif que s’assignent l’économiste – du moins dans sa version néo-classique, qui domine aujourd’hui – puis l’entrepreneur.
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– L’université sous hypnose numérique. Une tribune libre de François Jarrige.
François Jarrige est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne
L’UNIVERSITÉ française et la science qu’elle produit sont en phase de mutation accélérée. Elles sont lancées dans une course effrénée à l’innovation, sans cesse stimulée par les injonctions de l’État et des milieux économiques, ainsi que par la mode des classements internationaux, tel celui de Shanghai.
Depuis les années 1980, les innovations et les trajectoires technoscientifiques sont de plus en plus modelées par un nouveau régime de production néolibéral des sciences avec sa flexibilité accrue, sa valorisation des performances à court terme et son pilotage croissant de la recherche par les grandes firmes et les marchés financiers.
Comme de nombreux autres secteurs de la société, l’université est envahie par les outils et les discours du numérique censés résoudre « la crise ». En dépit des idéologies de l’horizontalité et du partage qui devaient accompagner les nouvelles technologies numériques, c’est bien l’imposition par en haut qui l’emporte dans les faits. Mais à l’égard du numérique, les universitaires semblent plongés dans une véritable hypnose collective qui met en péril leur capacité critique.
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– La technologie est une politique. Une tribune libre de Philippe Godard.
Philippe Godard, né en 1959, est un écrivain et essayiste français. Il écrit notamment, pour la jeunesse, des ouvrages documentaires sur des sujets de société et, pour les adultes, des essais. Il est par ailleurs intervenant à l’Institut Régional du Travail Social de Franche-Comté et a été directeur de collections chez différents éditeurs.
La rationalité politique n’est plus compréhensible par les citoyens puisqu’elle est dominée par une autre rationalité, cachée, celle d’un système économique dominé par des réalités technologiques. Or, de nos jours, cette rationalité technologique, qui a envahi le champ du politique, rend encore plus illusoire une émancipation politique, culturelle et sociale, sans repolitisation du corps social.
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– Religiosité de la technoscience. Une tribune libre de Simon Charbonneau.
Simon Charbonneau, est né en 1941, il a été professeur de droit de l’environnement à l’Université de Bordeaux Montesquieu et à l’Université d’Aix-Marseille, a publié de nombreux ouvrages et articles sur le thème de l’écologie militante, dans la lignée de son père Bernard Charbonneau.
La science remplit dans notre société technicienne le rôle que la religion jouait jadis dans les sociétés du passé. C’est donc la posture de liberté d’esprit qui doit être aujourd’hui à l’origine de sa remise en question comme religion séculière. – « Les deux cultures », ou la défaite des humanités. Un texte du collectif Pièces et Main-d’Oeuvre (PMO).
Puisque le vivant est désormais computable, pourquoi la culture ne le serait-elle pas ? Bienvenue dans l’ère des humanités numériques, un mouvement qui a pris son essor dans les années 2000 au sein des sciences humaines et sociales, des arts et des lettres, pour les rendre, eux aussi, connectés, numérisés, big datés. Reductio ad numerouniverselle, dont l’objectif est d’annihiler toute humanité dans la compréhension et le récit du monde.
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– La technologisation de la vie : du mythe à la réalité. Un article d’Anthony Laurent.
Après des années d’études de sciences naturelles à l’Université de Franche-Comté, à Montbéliard (Doubs), Anthony Laurent se tourne vers le journalisme scientifique. Deux années de formation à l’Université Paris 7-Denis Diderot l’ont ensuite conduit à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) où il obtient un Master de sociologie, histoire et philosophie des sciences au Centre Alexandre Koyré. Anthony s’intéresse notamment à la place de la technique dans la société contemporaine au sein de l’association Technologos. Il est co-créateur et rédacteur en chef du site Sciences Critiques (site d’information dédié exclusivement aux sciences, traitant tout particulièrement des sciences « en train de se faire », dans les laboratoires comme en-dehors – par opposition aux sciences « déjà faites » que sont les découvertes scientifiques et les innovations technologiques)
Le déferlement technologique bouleverse notre vie quotidienne. Le travail, les relations familiales et amicales, les loisirs, etc. Quasiment plus aucun pan de l’existence humaine, individuelle comme collective, n’échappe désormais à l’emprise numérique. Or, cette « technologisation » de la vie et de la société − largement impensée − a des effets déterminants, voire des impacts préoccupants, et pour la plupart irréversibles, sur la nature, la santé, la politique et in fine sur le devenir de notre « communauté de vie et de destin ». Dans le cadre d’une séance publique, tenue en janvier dernier à l’Université du Bien Commun à Paris ( cf ici lancement de cette université), Sciences Critiques était invité à dresser un constat critique de cet état de fait.
Bertrand Vergely est normalien, agrégé de philosophie et théologien. Professeur en classes de Khâgne et enseignant à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge, il vient de publier Obscures Lumières (éd. du Cerf, 2018), essai philosophique décapant qui fait voler en éclat certains des mythes qui entourent le siècle des Lumières, pour en révéler aussi la part d’ombre.
La religion est ce qui relie les hommes à Dieu. Vivre religieusement conduit à élever sa conscience au plus haut niveau qui soit. Mais les hommes peuvent détourner le religieux, et quand c’est le cas, cela donne les tyrannies et les sectes qui font basculer le religieux dans la violence.
La bonne réponse à l’obscurantisme religieux consiste à revenir au religieux authentique, celui de l’homme profond se purifiant de la soif de pouvoir afin de faire vivre une conscience transformée.
Au XVIIIe siècle, lors de la Révolution Française, c’est l‘inverse qui s’est produit. Sous prétexte de libérer la société de l’obscurantisme, les révolutionnaires opposent au pouvoir de l’obscurantisme religieux le pouvoir non religieux dit des Lumières. Ils ne suppriment pas la soif de pouvoir, ils la déplacent seulement de son expression cléricale vers une expression laïque.
Ils mettent en place une idolâtrie, celle de l’homme total contrôlant la nature et l’homme par la raison humaine.
Au XVIIIe siècle cette idolâtrie débouche sur la Terreur,
au XIXe siècle, sur le nihilisme intellectuel,
au XXe siècle, sur le totalitarisme.
Quand les villes se développent, une civilisation se développe avec elles, la civilisation commerçante et marchande. La bourgeoisie est l’expression de cette civilisation.
En Occident, le développement de cette civilisation aurait pu garder sa conscience religieuse. Tel n’a pas été le cas. La civilisation urbaine, commerçante et marchande qui s’est mise en place a décidé de se débarrasser de cette conscience en mettant à sa place une conscience se préoccupant non plus de l’être mais du bien être, non plus de la vie spirituelle mais de la vie matérielle. L’esprit bourgeois réside dans ce nouveau type de conscience. À sa base, on trouve un agnosticisme se muant en pragmatisme.
-Selon cet esprit bourgeois, ce que les hommes veulent-,c’est pouvoir manger et être heureux. Cela donne l’empirisme et la quête du bonheur, le matérialisme, l’utilitarisme et l’hédonisme.
Quand on a comme projet de transformer ce qui fait l’essence de l’humanité, que peut-il se passer? Sur un plan théorique et culturel, on est obligé de se prendre pour Dieu en remplaçant la loi divine par la loi humaine qui devient une nouvelle loi divine. Hobbes dans le Léviathan réécrit le livre de la Genèse en faisant naître l’homme du contrat social et, derrière lui, du Droit humain. Résultat: c’est désormais l’État qui garantit le Droit, devenant en quelque sorte le nouveau Dieu sur terre.
La morale qu’ont inventée les Lumières est une morale libertine, dont j’ai montré qu’elle pouvait être illustrée par trois visages: la critique intellectuelle, Don Juan, et le Marquis de Sade. Cette nouvelle morale repose donc sur un triptyque: Liberté d’esprit – Séduction – Transgression. On retrouve ces valeurs, très présentes, en art contemporain!
Que manque-t-il à la révolution des Lumières ? Il faudrait qu’elle prenne le chemin inverse de ce qu’elle a accompli dans l’histoire, à savoir tuer le religieux du cœur de l’homme occidental afin de le remplacer par une idolâtrie de l’homme total. Le cœur de l’homme recèle un potentiel et des richesses inouïes. Encore faut-il qu’il rentre en lui-même et qu’il accepte que ce potentiel et ces richesses lui soient donnés, au lieu de vouloir être un homme auto-créé dans une folle solitude.
Un peu plus d’un an après la parution de ce livre je reviens sur celui-ci qui m’apparaît fondamental par rapport à l’existence de ce site et blog. Le thème central du livre est le constat que Les Lumières sont venues jeter la vision d’un homme seul et maître de lui-même et du monde. Elles ont voulu s’extraire de ce qu’elles ont qualifié l’obscurantisme moyen-âgeux. Elles ont en fait jeté un terrible voile qui nous étreint et nous rend aveugle en nous confinant dans un monde strictement rationnel et voué, corps sans âme, au mythe du Progrès, notre nouvelle religion. De ce monde, au XX ième siècle, ont surgi le nihilisme, le nazisme, le communisme, le génocide du Cambodge. J’ajouterai que ce mythe ou religion du Progrès – cf là par exemple -, largement partagée mondialement, nous entraîne vers une fin de l’homme – cf Fin de l’homme de Fukuyama– avec l’extinction des espèces, la déforestation, les déséquilibres planétaires qui commencent dont celui du climat. La seule issue envisageable actuellement par cette humanité vouée à la religion du Progrès est de nous proposer le surhomme technologique . Il faut poursuivre ce mythe du Progrès et s’orienter vers le transhumanisme, l’homme machine pourra seul résister au développement de la machine, à l’intelligence artificielle. L’homme poursuit donc sa course folle vers l’abîme dominé qu’il est par l’hybris.
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“Nous demeurons aveuglés par les Lumières” – La Vie – Henrik Lindell le 27/02/2018
Iconoclaste, l’historien et théologien s’attaque à la part obscure de la « religion du progrès » née en Europe au XVIIIe siècle. Et il pourfend le nihilisme qu’elle aurait, selon lui, enfanté.
Dans Aveuglements, puissante fresque de plus de 500 pages, le bouillonnant Jean-François Colosimo, directeur des éditions du Cerf, règle ses comptes avec la modernité, toutes ses guerres et ses nouvelles idéologies trompeuses.
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Vous dénoncez la « face cachée » des trois derniers siècles, à savoir le nihilisme qui serait à l’origine des idéologies meurtrières modernes. Et la source de nos aveuglements serait les Lumières. Pouvez-vous expliquer ?
Ce livre procède d’un constat : la modernité, qui est née avec les Lumières, et particulièrement les Lumières françaises, a marqué l’avènement d’un temps qui se voulait radicalement nouveau. Il fallait en finir avec « l’obscurantisme », et la religion était le signe éminent de tous les esclavages passés. Pendant deux siècles, l’idéologie dominante a été que l’homme devait devenir le créateur de lui-même. Mais cette époque-là est révolue.
Nous assistons désormais à la fin du mythe du progrès et de ce que j’appelle la religion du progrès. Fini l’homme autonome, l’homme sans transcendance et sans limites. Problème : nous ne l’avons pas encore bien compris, car nous demeurons aveuglés par le soleil des lendemains radieux que promettaient les Lumières. Il en va de ce soleil comme des astres quand ils vieillissent et meurent : ils deviennent noirs. Ils irradient alors d’une lumière qui est fausse, ce qui provoque une forme d’éclipse et on ne voit plus rien. Nous n’avons pas pris la mesure de cet échec monstrueux que sont les Lumières.
Vous suggérez même que les Lumières, contrairement à ce qu’elles prétendaient, ont fait naître des religions plus oppressives que jamais. N’est-ce pas aller trop loin ?
Les Lumières françaises ont critiqué radicalement le fait religieux. Elles l’ont stigmatisé comme le signe de l’humanité débile qui n’a pas pris la pleine mesure de ses pouvoirs. Elles l’ont condamné en le réduisant à la soumission à un Dieu faux, inexistant, arbitraire. À une idiotie ou à une pathologie. La modernité nous a bercés de l’illusion que la religion appartenait au passé. Mais que voit-on aujourd’hui ? Il suffit d’allumer la télévision et il saute aux yeux qu’on tue au nom de Dieu.
On parle de « retour de la religion » ou de « revanche du sacré ». On dit que « le Moyen Âge resurgit ». Ce qui prouve que l’on n’a vraiment rien compris. La stratégie des Lumières a été de noircir le passé pour mieux exalter un futur libéré du religieux. Mais, à la vérité, le religieux ne nous a jamais quittés. La grande tromperie de la modernité est là : elle a prétendu qu’elle allait chasser le religieux, alors qu’elle n’a fait que créer des religions séculières qui, oui, sont plus criminelles que ne l’ont jamais été les religions historiques.
Mais quelles religions ?
En 1793, Robespierre crée le culte de l’Être suprême, avec son catéchisme, ses rites, son calendrier (Le « culte de l’Être suprême » était une cérémonie déiste, influencé par la pensée des philosophes des Lumières, et consistait en une « religion » qui n’interagissait pas avec le monde et n’intervenait pas dans la destinée des hommes. Il ne s’agissait pas d’un culte, au sens fort du terme, mais plutôt une sorte de religion civile à la Rousseau). Robespierre s’est alors opposé aux Hébertistes et leur culte de la Raison (Le culte de la Raison procède de l’athéisme et du naturalisme de Denis Diderot, dont s’inspirait Jacques-René Hébert. Plusieurs églises furent transformées en temples de la Raison, notamment l’église Saint-Paul-Saint-Louis dans le Marais. Le mouvement s’est radicalisé en arrivant à Paris avec la fête de la Liberté à la cathédrale Notre-Dame le , organisé par Pierre-Gaspard Chaumette. Le culte était célébré par une beauté figurant la déesse de la Raison. ) . Il se montre en cela plus religieux que Louis XVI. Il sait également que, sans la croyance dans l’immortalité, on ne peut fonder la vertu publique et mobiliser les masses. La conscription lui permet de faire de tous les citoyens des soldats (créée par la Révolution française, avec la fameuse levée en masse de l’an II ( au ). Il ouvre ainsi l’ère des grandes apocalypses. D’abord le « populicide » en Vendée , bien sûr – terme alors employé par Babeuf en 1794 – cf là « la République populicide : du système de dépopulation de Babeuf par Ronan Chalmin)-. Puis les massacres à l’échelle industrielle lors de la Première Guerre mondiale – cf ici les pertes mondiales de la première guerre- cf là « guerre de masse » et ceux de la deuxième guerre mondiale – cf pertes humaines-. Enfin, la Shoah – cf ici–, le Goulag –cf là–et tous les charniers sans nom.
Ces religions modernes réclament le sang. Elles sont sacrificielles.
C’est le cas du nazisme avec ses grandes messes, son culte de la personnalité et ses folies scientistes, qui représentent une manipulation typique de la modernité : dans sa volonté illimitée, l’homme-Dieu se fabrique lui-même.
Même constat pour le communisme, avec ses pontifes Lénine et Staline, ainsi que l’hérétique en chef, Trotski, et son Internationale missionnaire. Quoi de plus religieux que les liturgies militaires sur la Place Rouge ? Lénine embaumé s’inscrit dans le mythe de l’immortalité.
Le génocide au Cambodge -cf conflit cambodgien-revêt, lui aussi, un aspect religieux. Dans les camps, les Khmers rouges diffusent pour message : « Jusqu’après ta mort, l’Organisation continue de te surveiller. » Il y a donc eu un au-delà même pour l’athéisme militant.
Dans un bref essai paru à Vienne en 1938 et immédiatement confisqué par la Gestapo, le philosophe Eric Voegelin (1901-1985) faisait du nazisme une expérience religieuse, une espérance apocalyptique, une mystique sanglante : « Et le geste sera bon, si rouge coule le sang », disait un poème récité par les zélateurs hitlériens. Raillant les intellectuels qui refusaient d’envisager le noyau religieux du totalitarisme, Voegelin écrivait : « La question religieuse reste taboue pour ces esprits sécularisés ; et la soulever sérieusement et radicalement aujourd’hui leur apparaît comme douteux – peut-être aussi comme une barbarie ou un retour vers le sombre Moyen Age. » Ce petit livre indispensable, Les Religions politiques, a été traduit en français en 1994 aux éditions du Cerf.
Un demi-siècle plus tard, Jean-François Colosimo, le patron de cette vénérable maison fondée par des frères dominicains, s’inscrit en partie dans le même sillage. Alors que d’autres fanatiques font couler le sang avec ferveur, il publie Aveuglements, livre plus épais que celui de Voegelin, mais qui décrit également le « lien impensé » entre politique et théologie. Déjà auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, Colosimo signe ici son essai le plus personnel. On y retrouve son érudition exaltée, mais aussi cette écriture subtilement ténébreuse qui vaut sans doute fidélité à son maître, le penseur post-maurrassien Pierre Boutang (1916-1998).
« A quoi mourons-nous symboliquement et de quoi meurent, assassinés, trop d’entre nous ? » D’entrée de jeu, la question est vaste. Pour y répondre, Colosimo emmène son lecteur dans une méditation de longue haleine, où il croisera de nombreux auteurs d’époque et d’horizon différent.
Thibault Isabel est docteur en esthétique. Il est directeur de publication de L’inactuelle.
Christopher Lasch, né le à Omaha (Nebraska) et mort le à Pittsford (en) (État de New York), est un historien et sociologue américain, intellectuel et critique social important de la deuxième moitié du xxe siècle.
En France, Lasch est présenté par la Revue du MAUSS comme « spécialiste de l’histoire de la famille et des femmes, critique de la société thérapeutique et du narcissisme contemporains, pourfendeur des nouvelles élites du capitalisme avancé1 » et comme un « historien et philosophe d’inspiration marxiste » par la revue Raisons politiques.
C’est vers la fin des années 1970 que Lasch entreprend ses recherches sur l’apparition d’un nouveau type d’individu caractérisé par une « personnalité narcissique » (en même temps que les travaux de Richard Sennett sur le « repli sur le privé »)8. Pour Danilo Martuccelli, chez Lasch, « le narcissisme comme figure sociale de repli ou d’implosion vers soi apparaît comme une conséquence de l’effondrement de l’autorité et des sources possibles d’identification normative ».
Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, la pensée de Christopher Lasch (1932-1994) a marqué au fer rouge l’analyse critique du libéralisme. Ancien marxiste et héritier de l’école de Francfort, Lasch se distingue surtout par une réflexion iconoclaste sur les ambiguïtés du progrès, qu’il accuse d’avoir favorisé l’essor du monde industriel et de la consommation.
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Dès les années 1970, Christopher Lasch a tenté de démontrer que la puérilité et le dévergondage étaient les conditions de possibilité morales du capitalisme mondialisé : notre système économique repose sur ce que le philosophe et historien appelait la « culture du narcissisme ».
Il faut que les consommateurs soient frivoles pour gaspiller leur argent dans des gadgets inutiles au lieu d’épargner et de préparer l’avenir de leurs enfants.
Il faut que les hommes d’affaires soient cupides pour vouloir sans cesse s’enrichir au lieu de privilégier les biens existentiels comme la communion et le partage.
Il faut que les laboratoires scientifiques soient présomptueux pour s’affranchir des contraintes de la nature au lieu d’en respecter modestement le cours : c’est ce qui débouche désormais sur le transhumanisme, c’est-à-dire le désir de transformer l’homme par l’entremise de la science.
L’optimisme libéral
La réflexion politique de Lasch s’articule autour d’une critique de l’idée de progrès. Le progressisme a en effet toujours été au service de l’optimisme libéral. Au lien d’entraver l’expansion du capitalisme, il lui a servi d’aiguillon.
Selon Lasch, le libéralisme recouvre un patrimoine commun à la droite et à la gauche, ou tout du moins à une certaine droite et à une certaine gauche : à savoir le culte de la raison instrumentale, le goût du confort et la croyance en la supériorité de l’avenir sur le passé.
L’idéologie du progrès est liée à la mainmise du désir sur tous les comportements humains ; dans l’Antiquité et au Moyen Âge, nos penchants étaient toujours modérés par la morale commune, qui leur mettait un frein. La « réhabilitation du désir » dissimule en réalité une dévalorisation de la morale, qui conduit à son tour au consumérisme et à la domination technologique du monde : plus rien ne vient entraver notre soif de possession, de contrôle et de conquête. Les sociaux-démocrates et les gens de gauche, en réclamant une meilleure répartition des richesses, s’opposent certes à l’idéologie libérale ; ils refusent que le « progrès de l’économie » soit poussé trop loin. Mais ils restent fermement attachés au « progrès des mœurs », sans admettre un seul instant que l’excès de permissivité et de relativisme moral favorise l’avidité, qui favorise elle-même le marché capitaliste. En soi, il est évident que les mœurs anciennes méritent à plus d’un titre d’être amendées : Lasch n’était pas un conservateur au sens où nous entendons généralement ce terme aujourd’hui. Il n’empêche que les sociaux-démocrates modernistes ont échoué à comprendre combien le « laisser-aller » moral convergeait avec le « laissez-faire » économique. Ils ont été les idiots utiles du capitalisme.
Les sociaux-démocrates sont restés assujettis à la logique du confort et de l’industrialisation, censée permettre à chacun de vivre matériellement épanoui.
Les élites gagnées à la cause de l’égalitarisme individualiste ont donc permis à leur insu l’hégémonie de la société de consommation. Les sociaux-démocrates n’ont jamais cessé de souscrire à la mobilité professionnelle, au festivisme consumériste et à la promotion de la vie matérielle, au détriment de la vie spirituelle.
Face au libéralisme envisagé sous toutes ses formes et au culte du progrès qui y est associé, Lasch en appelle à la reviviscence du populisme. Le courant d’idées historique auquel il fait référence n’a cependant rien à voir avec le populisme actuel, qui s’appuie plutôt sur une rhétorique nationaliste et plébiscitaire, alors que le populisme historique des Etats-Unis était farouchement localiste et hostile à toute centralisation du pouvoir.
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Sur le plan philosophique, le populisme constitue selon Christopher Lasch une résurgence du républicanisme de l’Antiquité et de la Renaissance, et trouve par conséquent ses premières influences chez Aristote et Machiavel. Ces deux auteurs avaient la conviction que la « vertu » doit être l’objet de la citoyenneté. Lasch envisage le mot « vertu » au sens ancien de « virtù », qui signifiait « courage » et « noblesse » ; ce terme constitue en quelque sorte l’équivalent chez lui de ce que Michéa appelle la « décence commune », en référence à George Orwell.
Dans un article publié le 10 mars l’Est Républicain, sous la plume d‘Elodie Bécu , titre sur deux pages : « Comment les collapsologues se préparent à la fin du monde« . Elle interview Gauthier Chapelle coauteur avec Pablo Servigne et Raphaël Stevens de « Une autre fin du monde est possible ».
Elle rappelle qu’un deuxième salon des survivalistes aura lieu à Paris du 22 au 24 mars.
Voilà un exemple qui montre que la presse régionale s’intéresse aux conséquences possibles et désastreuses de nos modèles économiques.
Cette dénonciation des orientations de nos modes de vie traverse déjà la pensée de nombreux écrivains du XX e siècle. Elle est à l’origine du terme décroissance employé pour la première fois par André Gorz en 1972 puis du mouvement et des actions qui s’y rattachent.
Sur sa page la décroissance, Timothée Duverger rappelle l’histoire de cette idée de décroissance.
Timothée Duverger est docteur en histoire contemporaine, maître de conférences associé à Sciences Po Bordeaux et chercheur associé au Centre Émile Durkheim (CED). Il se présente comme spécialiste de l’histoire des alternatives et ses travaux portent sur la décroissance, l’économie sociale et solidaire et le revenu de base.
Voici quelques unes des idées qui caractérisent selon lui la décroissance :
Considérant que la croissance économique n’est ni possible ni souhaitable,elle dénonce le concept de développement durable, qualifié d’oxymore. C’est un concept-plateforme riche de plusieurs sens, travaillé par cinq sources de pensée :
1- la source écologiste, qui affirme le primat de la nature ;
2- la source bioéconomiste, qui assume les limites de la croissance économique ;
3- la source anthropologique, qui remet en cause l’uniformisation du monde ;
4- la source démocratique, qui re-légitime le débat public ;
5- la source spirituelle, qui répond à la crise de sens des sociétés modernes.
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Cet article me donne l’occasion de présenter un long travail sur ce site effectué autour des penseurs à l’origine de l’idée de décroissance. Celui-ci est effectué à partir d’un ouvrage collectif paru en mars 2017 qui présente les 50 penseurs et écrivains qui au XX e siècle ont lancé des cris d’alarme et contesté l’orientation de notre société occidentale.
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Voici d’abord quelques citations issues de cette page :
Edward Abbey, :Dans le Fou sur la montagne en 1962 Edward Abbey écrit « je me dis que dans 40 ans la civilisation sera effondrée »
Dans Désert solitaire en 1968 il écrit : « Car il y a un nuage à l’horizon. Un petit nuage noir pas plus gros que mon poing et dont le nom est progrès. »
Georges Bernanos
Dans une interview de 1944
« A quoi bon distinguer entre le capitalisme d’Etat et le capitalisme privé ? Ils procèdent tout deux d’une même conception de la vie, de l’ordre, du bonheur..« .
Murray Bookchin
Dans une société à refaire (1989) : » Une économie structurée autour de la maxime croître ou mourir doit nécessairement prendre le monde naturel comme adversaire… »
Albert Camus(discours de Suède 1957) :
« Chaque génération sans doute se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. »
Cornelius Castoriadis :
Une société à la dérive. Entretiens (1974-1997) : »...il faut que l’idée que la seule finalité de la vie est de produire et consommer davantage -idée à la fois absurde et dégradante – soit abandonnée; il faut que l’imaginaire capitaliste d’une pseudo-maîtrise pseudo-rationnelle, d’une expansion illimitée soit abandonnée »
Bernard Charbonneau – le changement (2013) « La vraie question n’est plus de choisir entre capitalisme et socialisme mais de dominer un développement sans frein ne pouvant mener qu’à la destruction de la nature et de la liberté »
Gilbert Keith Chesterton: Plaidoyer pour une société anticapitaliste (1926) « Nous ne sommes pas tenus d’être plus riches, plus affairés plus efficaces, plus progressistes si tous nos efforts ne tendent pas à nous rendre plus heureux »
pour rejoindre la pageAux origines de la décroissance
Dans Le fermier et l’accoucheur, Michel Odent identifie plusieurs similitudes entre l’industrialisation de l’élevage et l’industrialisation de la naissance. L’une et l’autre évoluent parallèlement au cours du 20ème siècle. Elles imposent centralisation et standardisation, entraînant la disparition des petites fermes, blâmant l’accouchement à la maison, condamnant les petites maternités à la disparition.
…
Aux problèmes de pollution s’ajoute les effets pervers d’une standardisation des naissances humaines en milieu hospitalier.
Progrès médicaux et plus particulièrement chirurgicaux obligeant, la naissance en milieu hospitalier devient très rapidement la norme. Elle impose toute une série de protocoles que doivent désormais respecter sages-femmes et obstétriciens, et évoque de plus en plus le travail à la chaîne.
L’anesthésie péridurale se développe et devient la méthode la plus efficace pour contrôler la douleur pendant l’accouchement. La médecine fœtale repose désormais sur l’utilisation d’équipements sophistiqués et coûteux.
…
En très peu de temps la mère est devenue une patiente.
…
Michel Odent prévient de l’urgence à laquelle sapiens doit se confronter, et du rôle intrusif de la médecine :
« Le contrôle médical est une corruption du rôle de la médecine. Le rôle de la médecine en général, et de l’obstétrique en particulier – est à l’origine limité au traitement de situations pathologiques ou anormales. Il n’inclut pas le contrôle des processus physiologiques. »
…
Interroger le passé permet de mieux comprendre comment les mammifères que nous sommes doivent mettre au monde leur petit. C’est en s’appuyant sur les dernières données de la science et de l’ethnologie que Michel Odent nous présente des solutions à long terme.
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Les dangers que la médecine peut représenter pour Homo sapiens ne s’arrêtent pas là. Comme Michel Odent le développe dans son livre L’humanité survivra-t-elle à la médecine, sapiens est de plus en plus dépendant, et ce dès sa naissance, des techniques et cocktails chimiques de la médecine. La naissance dans des milieux stériles fragilise le système immunitaire et place l’enfant de plus en plus tôt entre les mains des spécialistes de la santé. En même temps, les thérapies géniques — insertion d’un gène dans les cellules d’un sujet pour éviter une maladie – permet à la médecine de neutraliser peu à peu les lois de la sélection naturelle, ce qui a un effet dysgénique certain sur le long terme.
« Le calcul, sous l’égide duquel on contracte, tend à occuper la place jadis dévolue à la loi comme référence normative ». Ainsi est introduit le cours intitulé « La Gouvernance par les nombres » enseigné par le juriste Alain Supiot entre 2012 et 2014 au Collège de France. Cette introduction est un modèle de densité et de clarté, une perle à lire. Quelle est la vocation de la loi ? Supiot explique comment la globalisation remet en cause la vision traditionnelle de la loi. Elle serait devenue aujourd’hui instrument d’un marché compétitif, au détriment in fine de la protection des plus faibles. Éléments de réflexion.
« La règle de droit, à la différence de la norme biologique ne procède pas exclusivement de l’observation des faits. Elle ne donne pas à voir le monde tel qu’il est, mais tel qu’une société pense qu’il devrait être, et cette représentation est l’un des moteurs de sa transformation ». La loi est comme l’expression de la société sur ce qu’elle voudrait être.
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« La gouvernance par les nombres partage avec le gouvernement par les lois l’idéal d’une société dont les règles procèdent d’une source impersonnelle et non pas de la volonté des puissants. Elle s’en distingue par son ambition de liquider toute espèce d’hétéronomie, y compris celle de la loi. Car là où la loi règne souverainement, elle constitue une instance hétéronome qui s’impose à tous, et cette hétéronomie est la condition première de l’autonomie dont jouissent les hommes sous son règne ». La loi est comme une règle du jeu, venant du dehors, qui permet l’autonomie de tous.
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Toujours dans sa brillante introduction, Supiot pose le constat suivant « On n’attend plus des hommes qu’ils agissent librement dans le cadre des bornes que la loi leur fixe, mais qu’ils réagissent en temps réel aux multiples signaux qui leur proviennent pour atteindre les objectifs qui leur sont assignés. » La normativité n’est plus en termes de législation, mais en termes de programmation. La loi n’est plus la règle du jeu, mais l’instrument de performance. Car pour Supiot « Le projet de globalisation est celui d’un marché total, peuplé de particules contractantes n’ayant entre elles de relations que fondées sur le calcul d’intérêt. »
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Ce ne sont plus les États qui posent les normes (le « droit dur ») mais le droit serait issu d’une coproduction avec acteurs (de type Google ou Facebook?). L’État est fragilisé, les « groupes d’allégeance » se renforcent.
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Ainsi Le Gouvernement par les nombres pose juridiquement la question d’une fabrique de la loi soumise au calcul. Cette nouvelle référence normative fragilise la capacité des États à poser la loi comme expression de la société et cadre d’autonomie ; elle les soumet plutôt à un impératif de performance. La loi devient un instrument au service du chiffre.
Dans cette optique, quelle place pour le plus faible? Parce qu’historiquement le droit est l’outil de protection du faible, l’État prête sa puissance coercitive au démuni. Dans le gouvernement par la Loi, l’État venait ainsi protéger les plus faibles au nom d’une norme extérieure – le principe de fraternité par exemple. Mais désormais dans la gouvernance par les nombres, puisque le débat n’est plus sur la finalité (on parle d’indicateurs) mais sur les moyens efficaces, et puisque l’État est affaibli dans sa capacité à poser le droit, la solidarité doit justifier sa mesurabilité. Le plus faible doit fournir les « faits », les chiffres pour espérer bénéficier de la protection d’un plus fort, donc de l’État. Ce n’est plus l’égalité devant la loi, c’est la course aux faits à fort retentissement. Dans cette perspective, quelles nouvelles solidarités dans la société d’allégeances?
Satish Kumar (né le 9 août 1936 en Inde) est un activiste, un éditeur et un promoteur indien de la simplicité volontaire. Il a été moine jaïn, militant du désarmement nucléaire et pacifiste. Il vit en Angleterre où il a fondé un centre de formation international en écologie et une école. Il est rédacteur en chef du magazine Resurgence & Ecologist.
passer de l’énergie noire à l’énergie blanche
L’énergie noire, ce sont les combustibles fossiles, le charbon et le pétrole. Elle vient de l’« enfer », des profondeurs de la Terre. Elle est extrêmement polluante et condamnée à s’épuiser. L’énergie « blanche », ce sont le soleil, le vent, l’eau. Elle vient du « ciel » et est infinie. Elle est offerte de manière totalement gratuite à tous les êtres vivants. Cette transition est l’impératif majeur de notre temps, pour que les humains puissent vivre en paix entre eux et en harmonie avec le monde naturel.
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L’enjeu est de transiter d’une économie linéaire à une économie circulaire, respectueuse des lois du vivant. Dans la nature, il n’y a ni déchets ni pollutions : tout est recyclé et réabsorbé.
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La prospérité et le bien-être sont possibles pour tout le monde, au Nord et au Sud, à condition de passer d’une croissance centrée sur l’avoir à une croissance centrée sur l’être.
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La vieille histoire est celle de la séparation, de la domination et du contrôle. Elle nous a fait croire que la nature était en dehors de nous, que nous étions supérieurs aux autres espèces et que nous pouvions en user comme bon nous semble. On en voit aujourd’hui le résultat. La nouvelle histoire est celle de l’unité. Nous sommes uns avec la nature, dans une relation profonde d’interdépendance, et ce que nous lui faisons, c’est à nous-mêmes que nous le faisons. La nature a une valeur intrinsèque, et pas seulement en fonction de son utilité pour nous. Elle n’est pas simplement une ressource, mais la source de la vie même.
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La transition n’est pas qu’extérieure et matérielle. Elle a une dimension spirituelle clé.
Vers la sobriété heureuse
A notre époque nos vies sont déséquilibrées.
Alors que l’Occident est si riche,
Les gens n’ont pas de temps pour eux ni pour leurs familles.
S tu es riche pourquoi ne pas travailler moins ?
On est tellement obsédé par le fait de gagner de l’argent.
Ce mode de vie est très pauvre !
Nous devrions développer nos relations humaines.
Personne ne devrait être obligé de travailler plus de 4 heures par jour pour gagner sa vie.
Le reste du temps devrait servir à nourrir son esprit et son âme, à développer sa créativité.
La sobriété heureuse peut nous libérer de ce poids de toujours gagner de l’argent pour survivre.
Né en 1964, agrégé de sciences sociales, normalien et énarque Laurent Fourquet a notamment publié, en 2011, aux Editions du Cerf l’Ere du Consommateur et, en 2014, aux éditions François Bourinle Moment M4.
juanasensio.com
« Comment sortir de la caverne, quelle révolte peut être assez puissante pour s’opposer au mensonge de l’idéologie humaniste qui promettait l’émancipation de l’homme et qui aboutit à une domestication sans précédent de l’espèce humaine ? »
Laurent Fourquet rejoint la pensée de Baptiste Rappin lorsqu’il met en lumière le processus de néantisation qu’on peut identifier au projet technoscientifique du management (3).
La seule révolte à la hauteur d’un tel processus est d’ordre métaphysique :
«J’appelle révolte métaphysique, en effet, une révolte s’attaquant au système des forces qui nous empêchent de vivre» écrit Laurent Fourquet (p. 165).
Ce système de forces, nous l’avons vu, nie la vie parce qu’il ne peut la soumettre à la détermination :
«L’existence est un constat scientifique ; la vie est le contraire d’un constat scientifique. L’existence est ce qui se pose là ; la vie est ce qui ne se pose jamais là. L’existence est déterminable ; la vie ne l’est pas» (p. 166).
Toutefois, la vie laisse des traces. La révolte métaphysique est l’une de ces traces. Elle est le premier pas nécessaire pour sortir de l’humanisme. Elle manifeste le désir d’absolu inhérent à la vie. Elle requiert le sacrifice des idoles – l’argent, les marchandises qu’il promet –, elle exige un travail d’ascèse qui retranche l’insignifiant.
S’ouvre alors le vide où peut se poser la question essentielle : quel absolu désirer, quelle vérité chercher ? L’absolu est une «notion dangereuse» (p. 187), car il y a un absolu du mal. «
(3) «Cette domestication commencera par la conception de l’objet-embryon, qui sera soustraite au hasard de la nature pour être parfaitement programmée. […] Elle se poursuivra par l’organisation scientifique des désirs du sujet humain et la planification de la réponse économique et sociale de ces désirs. Elle se clôturera par la gestion bureaucratique de la mort, automatiquement activée dès lors que le sujet n’est plus apte à consommer, physiquement ou intellectuellement. Pendant ce temps, l’industrie du divertissement fournira les produits adéquats pour que l’homme, bombardé continûment d’images et de sons, de mots creux et de fantasmes, oublie sa domestication et finisse peut-être par l’aimer» (p. 168)
Votre titre à lui-seul constitue une provocation. Pensez-vous qu’elle est vraiment nécessaire et même urgente ?
Laurent Fourquet : Le fait même de percevoir mon titre comme une « provocation » témoigne du caractère hégémonique de l’humanisme dans la société occidentale, faisant de celui-ci l’une de nos ultimes vaches sacrées. Or, comme je tente de le démontrer dans mon ouvrage, l’humanisme procède d’une logique profonde qui, non seulement est différente de celle du christianisme, mais qui est à l’opposé de la parole chrétienne. Là où celle-ci valorise le don pur, libre et gratuit, l’humanisme, au contraire, est l’idéologie d’une appropriation généralisée du monde, et des choses au sein de ce monde, par le savoir qui les détermine, pour les classer et les ordonner au service d’une utilisation technique et/ou économique.
L’humanisme constitue ainsi l’une des formes les plus systématiques de la volonté de puissance dont on sait, dès le récit de la Genèse, comment elle contrevient au verbe de Dieu. Dès lors, toutes les tentatives, naïves ou intéressées, pour « sauver » le christianisme en faisant de celui-ci une anticipation de l’humanisme, ou une forme spiritualisée de celui-ci, aboutissent au résultat contraire de celui souhaité par leurs promoteurs : non seulement parce qu’il n’est au pouvoir de personne de rendre un cercle carré, mais surtout parce que, en l’espèce, ce cercle et ce carré s’apparentent surtout à l’eau et le feu : deux principes qui s’excluent. Dès lors, toutes les tentatives de « conciliation », de limage des aspérités du christianisme pour ramener celui-ci à une simple sagesse humaniste vaguement spiritualisée ne seront jamais assez : il faut que le christianisme aille toujours plus loin dans la dénégation de soi et la soumission à une logique qui lui est étrangère ; il faut qu’il meure pour être accepté.
Voilà pourquoi il y a urgence à dénoncer de telles tentatives et une urgence de plus en plus urgente : c’est l’essence même de notre foi qui est en cause, et la possibilité d’entendre encore, en tout cas en Occident, une parole qui mette en cause l’appropriation nihiliste du monde, qui constitue le grand mouvement de notre époque.
Pensez-vous que cette identification humanisme/christianisme constitue un leurre, préjudiciable à l’annonce de l’Évangile ?
Pour les raisons que je viens de mentionner, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir entre le christianisme et l’humanisme une relation d’indifférence polie où chacun d’eux rend un hommage distrait aux vertus de l’autre. Nous nous situons dans une contradiction métaphysique, qui nous oblige à choisir, quand bien même nous voudrions être dispensés d’un tel choix : soit l’humanisme « a raison », c’est-à-dire que la domestication du monde et de lui-même par l’homme, la course au pouvoir technique et économique, constituent la fin, dans les deux sens de ce terme, de l’aventure humaine et, dans cette hypothèse, le christianisme est définitivement discrédité puisqu’il promeut la désappropriation de soi au service des autres ; ou bien, nous considérons que le chemin actuellement emprunté par l’Occident (et le reste du monde « occidentalisé » avec lui) est un sentier de perdition, une course au néant, parce qu’aucun pouvoir, aussi sophistiqué soit-il, ne comblera ce que Pascal appelait la « misère de l’homme sans Dieu », l’homme n’étant grand que lorsqu’il parvient à contempler de face cette misère, et le christianisme retrouvera alors, pour les hommes de ce temps, sa jeunesse, son éternelle jeunesse.
Par-delà la relation à l’authenticité du christianisme, n’est-ce pas la civilisation contemporaine que vous visez dans ses fondements et ses pratiques ?
Même si je déplore la trahison de leur passé, dans ce qu’il eut de plus glorieux, qui caractérise les Occidentaux actuels, ce n’est pas cette sensation, en tant que telle, qui gouverne ma réflexion. En d’autres termes, je ne critique pas la modernité occidentale pour son infidélité au passé, mais pour ce qu’elle est aujourd’hui, pour son présent. Dans cette perspective, mon propos constitue, effectivement, une critique radicale de cette modernité et des forces qui la gouvernent, mais, pour moi, la critique de la modernité et la quête du sens le plus authentique du christianisme ne se dissocient pas. C’est bien parce que cette quête gouverne ma réflexion que la « modernité » occidentale me paraît injustifiable, dès lors évidemment que l’on ne confond pas cette modernité avec, par exemple, le progrès scientifique mais que l’on saisit sous ce terme un système d’organisation et d’exploitation des choses au service de la volonté de puissance.
Réciproquement, c’est bien parce que la civilisation contemporaine est régie, à un point jusqu’alors jamais atteint dans l’histoire, par des forces de dévastation de l’environnement tout autant que de l’esprit, par la recherche obsessionnelle du pouvoir et du profit, par une gestion organisée des désirs au bénéfice de ceux-là seuls qui ont les moyens de satisfaire ceux-ci, c’est bien parce que ce monde et cette société, bâtis autour de la domination et de l’appropriation, sont, dans les faits, de plus en plus pauvres, de plus en plus tristes, que seul un christianisme vécu véritablement me paraît pouvoir nous sortir de l’ornière dans laquelle nous enfonçons chaque jour davantage.
PHILITT : Votre ouvrage, Le christianisme n’est pas un humanisme, s’inscrit dans la continuité de vos deux premiers livres, L’Ère du consommateur et Le Moment M4, qui critiquent tous deux la société de consommation actuelle. Néanmoins, vous proposez ici une critique spécifiquement chrétienne de notre époque. En quoi le christianisme constitue-t-il une force de subversion de la modernité ?
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Vous insistez sur le lien historique et logique qui existerait entre l’idéal humaniste, dont vous situez l’apparition au XVIIIe siècle, et l’apparition de la figure contemporaine du consommateur. Une telle évolution est-elle inéluctable ?
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Beaucoup en appellent à la tradition et au passé contre la modernité. Cependant, vous refusez de prendre parti entre le progressisme et la figure de celui que vous appelez le « réactionnaire révolutionnaire ». Pouvez-vous revenir sur cette opposition et montrer pour quelles raisons elle s’avère fictive ?
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Le titre de votre ouvrage, Le christianisme n’est pas un humanisme, paraît renvoyer, en s’y opposant, au célèbre L’existentialisme est un humanisme de Jean-Paul Sartre. D’autre part, en insistant sur la vie, l’absolu et l’impossibilité de déterminer Dieu par la raison, vous semblez assez proche des figures de l’existentialisme chrétien comme Søren Kierkegaard. Opposeriez-vous un existentialisme athée, symptôme du subjectivisme moderne que vous combattez, et un existentialisme chrétien que vous adopteriez ?
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Vous proposez, pour lutter contre l’imaginaire marchand de notre société, de penser une éthique du don absolu. Quelles en seraient les caractéristiques ? En quoi le chrétien serait-il plus perméable qu’un autre à une telle éthique ?
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Vous prédisez, à la fin de votre ouvrage, une inimitié du « monde du Consommateur » de plus en plus accrue contre le christianisme et vous incitez les chrétiens à devenir des dissidents. Comment se manifesterait, selon vous, cette dissidence ? Quelles formes pourrait-elle prendre ?
La géo-ingénierie c’est manipuler le climat en vue d’atténuer le réchauffement climatique
(Voici l’histoire de nouveaux pyromanes- pompiers présentant au GIEC d’autres solutions technico-industrielles en vue de réduire les effets des orientations négatives de nos sociétés)
Il faut que des débats publics s’engagent sur ces nouvelles orientations qui veulent mettre le climat sous contrôle de la techno-industrie. Ces orientations montrent le vrai nez de ce que représente la notion de développement durable dans un monde laissé au capitalisme technico-industriel.
Cet article est publié à l’occasion de l’ouverture dans quelques jours de la Conférence de Katowice en Pologne sur le réchauffement climatique – COP 24-qui aura lieu à Katowice du 3 au 14 décembre 2018. Elle est la 24ᵉ des conférences annuelles de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
Cet article met en garde et informe sur l’orientation probable, totale ou partielle, de l’usage de la géo-ingénierie pour lutter contre le réchauffement climatique tout en maintenant le sacro-saint développement durable projet commun au monde technologique et au monde industriel hélas partagé par une partie du courant qui se revendique de l’écologie.
La géo-ingénierie apparaît dans les années 1950. Elle trouve sa première grande application durant la guerre du Vietnam entre 1967 et 1972. Durant cette période l’opération Popeye a consisté a ensemencer les nuages avec de l’iodure d’argent pour accentuer avec succès les effets de la mousson.
Dans la vidéo qui suit le présentateur expose que le GIEC a fait état pour la première fois de cette possibilité dans le résumé à l’intention des décideurs en 2013.
Ce deuxième procédé est beaucoup plus avancé dans la réflexion des structures qui réfléchissent à limiter le réchauffement climatique ainsi qu’en témoigne les renseignements tirés de Wikipédia sur ce sujet :
« Le besoin probable CDR a été publiquement exprimé par une série de personnes et organisations impliquées dans les questions de changement climatique, y compris du GIEC chef Rajendra Pachauri , [6] la CCNUCC secrétaire exécutif Christiana Figueres , [7] et le World Watch Institute . [8] Les institutions avec grands programmes mettant l’ accent sur les CDR comprennent le Centre Lenfest pour l’ énergie durable à l’ Institut de la Terre, Université de Columbia , [9] et la décision climatique Faire Center, [10] une collaboration internationale a été mise en place par le département d’ingénierie et de politique publique de l’université Carnegie-Mellon. »
cf là sur le site Mit Technology Review l’exposé de Julio Friedmann qui a supervisé les efforts de recherche et de développement sur le charbon propre et le captage du carbone à l’Office of Fossil Energy du département de l’Énergie des États-Unis. Il travaille entre autres avec le Global CCS Institute, la Energy Futures Initiative et Climeworks , une entreprise basée en Suisse qui construit déjà des usines pilotes qui extraient le dioxyde de carbone de l’air.
la capture et le stockage du carbone – CSC-sur le site de l’Agence internationale de l’énergie :
Le captage et stockage du carbone, ou CSC, est une famille de technologies et de techniques permettant de capter le dioxyde de carbone (CO 2 ) provenant de la combustion de combustibles ou de procédés industriels, de transporter le CO 2 par des navires ou des pipelines et de le stocker sous terre, en épuisement. champs de pétrole et de gaz et formations salines profondes.
Le potentiel pour le captage et le stockage du CO2 de générer des émissions négatives lorsqu’il est associé à la bioénergie fait partie intégrante de l’utilisation de l’énergie et devient neutre en émissions de CO 2 en 2060. La construction d’ infrastructures de transport et de stockage du CO 2 est essentielle pour débloquer le déploiement du captage à grande échelle.
Les technologies de captage et de stockage du carbone devraient jouer un rôle important dans la réponse climatique mondiale. Suite à la ratification de l’Accord de Paris, la capacité du CSC à réduire les émissions provenant de l’utilisation de combustibles fossiles dans la production d’électricité et les processus industriels – y compris des installations existantes – sera cruciale pour limiter les augmentations de température à « bien en dessous de 2 ° C », comme prévu dans l’accord. La technologie CSC sera également nécessaire pour produire des « émissions négatives » dans la seconde moitié du siècle si nous voulons atteindre ces objectifs ambitieux.
Les technologies CCS ne sont pas nouvelles. Cette année marque la vingtième année d’activité du projet Sleipner CCS en Norvège, qui a capté près de 17 millions de tonnes de CO2 provenant d’une installation de production de gaz naturel en mer et les a stockées de manière permanente dans une formation de grès située sous le fond de la mer. Les applications individuelles du CSC sont utilisées dans les processus industriels depuis des décennies, et des projets d’injection de CO2 pour la récupération assistée du pétrole sont mis en œuvre aux États-Unis depuis le début des années 1970.
Cette publication examine les progrès réalisés par les technologies CSC au cours des 20 dernières années et examine leur rôle dans la réalisation des objectifs de 2 ° C et bien en dessous de 2 ° C. Sur la base du scénario 2 ° C de l’Agence internationale de l’énergie, il examine également les implications pour le changement climatique si le CSC ne faisait pas partie de la réponse. Il examine également les possibilités d’accélérer le déploiement futur du captage et du stockage du CO2 pour atteindre les objectifs climatiques fixés dans l’Accord de Paris.
Sur le site climat artificiel. com, créateur du site l’observatoir du réel , Patrice Hernu docteur en mathématiques et en économie appliquée indique que la géo-ingénierie s’oriente sur la pente glissante de la recherche non contrôlée :
Les 10 et 11 octobre 2017, chercheurs et décideurs se réunissaient pour débattre de l’émergence de la géo-ingénierie, de ses procédés (BECCS, CDR, SRM [1]), des moyens de convaincre l’opinion public comme faire intervenir des responsables religieux, de la montée du populisme et de son influence sur l’implémentation de ces projets, des expérimentations passées et à venir (SCoPEx) : injection d’aérosols par ballon dirigeable à 20 000 m d’altitude à l’automne 2018 !
Les articles de Patrice Hernu sur « Climat Artificiel Urgence »
Vers la géo-ingénierie : analyse du rapport du GIEC 2018
« Le rapport spécial du GIEC est paru le 8 octobre 2018. Il alerte sur les conséquences d’une augmentation des températures globales de 1,5°C à 2°C au-dessus des niveaux préindustriels. Il insiste sur l’urgence à agir, dresse la liste des actions à mener et décrit les procédés de géo-ingénierie visant à contenir cette augmentation. On y est : comment lutter contre les effets de la pollution industrielle avec une industrie manipulant le climat encore plus polluante mais compatible avec le modèle économique en place et les profits qu’il génère. »
Voici un passage du communiqué de presse du GIEC 2018 à l’intention des décideurs :
« Il est indiqué dans le rapport que la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 °C nécessiterait des transitions «rapides et de grande envergure» dans les domaines de l’aménagement du territoire, de l’énergie, de l’industrie, du bâtiment, du transport et de l’urbanisme. Les émissions mondiales nettes de dioxyde de carbone (CO2) d’origine anthropique devraient être réduites d’environ 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici à 2030, et il faudrait atteindre un «bilan nul» des émissions aux alentours de 2050, ce qui signifie que les émissions restantes devraient être compensées en éliminant du CO2 de l’atmosphère. «Du point de vue des lois de la physique et de la chimie, la limitation du réchauffement planétaire à 1,5 ºC est possible, mais il faudrait, pour la réaliser, des changements sans précédent» a précisé Jim Skea, coprésident du Groupe de travail III du GIEC. Laisser le réchauffement dépasser temporairement l’objectif de 1,5 ºC impliquerait une plus grande dépendance vis-à-vis des techniques d’élimination du CO2 atmosphérique si l’on souhaite ensuite revenir en dessous des 1,5 ºC en 2100. L’efficacité de ces techniques reste à prouver à grande échelle, certaines étant même susceptibles de représenter un risque considérable pour le développement durable, est-il précisé dans le rapport. » Communiqué de presse du 8 octobre 2018 : résumé à l’intention des décideurs
D’après « Science & Vie », les projets de refroidissement artificiel de la Terre seraient jouer avec le feu
Géo-ingénierie : y-a-t-il un pilote dans l’avion ? s’interroge un article de « Science »
Une étude publiée dans « Nature », fait un lien entre événement météo et climat
Une étude publiée dans la revue «Nature», montre l’inefficacité des méthodes de géo-ingénierie
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Géo-ingénierie : la science de la modification du climat, plongez au cœur de cette investigation incroyable sur une science aux méthodes singulières et aux conséquences climatiques et sanitaires sans précédent.
documentaire de 13 mn
journaliste et photographe professionnelle, Jacqueline Roche a toujours été à la recherche de fonds de ciels bleus pour son travail sur l’image. Avec le temps, elle observe que ces fonds ne sont plus aussi intensément bleus, que notre ciel est souvent voilé, nettement moins lumineux.
Ce constat l’entraîne dans une enquête sur les modifications climatiques, les accords les concernant, leurs enjeux, la mission intergouvernementale dédiée à l’évolution climatique et la controverse sur le réchauffement.
Elle rencontre alors une personnalité indépendante bien informée et connue pour ses avis documentés, Patrice Hernu. Celui-ci révèle que certains scenarii de la COP21 recourent à la géo-ingénierie.
Dès lors les questions se multiplient. Pourquoi ce manque d’informations ? Qu’est-ce que la géo-ingénierie ?
II s’agit d’une science ; une technologie industrielle qui consiste à pulvériser des aérosols dans l’atmosphère pour créer un ensemencement des nuages et filtrer le rayonnement solaire.
Quelles sont les conséquences ou les dangers de cette manipulation du climat ? Le réchauffement est-il la conséquence du niveau du CO2 dans l’atmosphère ou des modalités de son émission ?
Son enquête l’a conduite à la rencontre de Renaud Suquet, issu d’une famille d’agriculteurs de père en fils et directement concerné par le climat et ses changements.
Quelles conséquences sur l’acidification de notre corps ? S’agit-il d’un nouvel épisode sanitaire ? Sommes-nous correctement informé sur les recherches scientifiques liées au climat ? Sur la croissance des métaux lourds ? Les pics de pollution aux particules fines ? Les interactions de tous ces phénomènes climatiques ?… notre réalité ?
Ainsi les méthodes de géo-ingénierie, sont en passe de devenir la finalité d’une industrie émergente aux possibilités prometteuses, le discours sur le réchauffement climatique ne serait-il qu’un prétexte à défaut d’unelégitimité ?
Si cette technologie recours à des projets réels et si les questions posées rejoignent celles d’autres citoyens du monde, il est juste de susciter un vrai débat citoyen et de commencer à l’alimenter sans parti pris.
Sciences Critiques et le Festival du livre et de la presse d’écologie (Felipé)ont le plaisir de vous inviter à un débat sur l’extractivisme, intitulé « Extractivisme : l’envers de la mine », le dimanche 14 octobre, à Paris, de 14h à 15h30.
Lieu :
100 Etablissement Culturel Solidaire (100 ECS)
100 rue de Charenton – 75012 PARIS
Accès : Gare-de-Lyon (métro 1 et RER A), Reuilly-Diderot (métros 1 et 8) et Ledru-Rollin (métro 8)
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L’extractivisme représente la face cachée, si ce n’est obscure, de notre société de croissance. Au soubassement de notre mode de vie occidental moderne, l’extraction minière – à l’histoire longue et mouvementée – figure parmi les activités industrielles les plus polluantes au monde. Contaminations irréversibles des écosystèmes, impacts néfastes sur les populations autochtones, mainmise des multinationales privées sur les biens communs naturels, etc. Les nuisances de l’exploitation industrielle de la nature – et, plus globalement, du productivisme – sont dévastatrices autant qu’insoutenables.
A l’instar d’autres pays (Brésil, Canada, Afrique du Sud…), la France n’est pas épargnée par la « folie extractive ». Le projet controversé de la mine de la Montagne d’Or, en Guyane, est une illustration de ce que certains élus, suivant le sillon des industriels, appellent le « renouveau minier français ». Sur le terrain – comme à Salau, en Ariège, ou encore en Bretagne –, les résistances s’organisent. Citoyens, collectifs, associations et ONG environnementales se mobilisent, en France comme dans le reste du monde, pour mettre en échec les méga-projets miniers, au cœur de conflits sociaux parfois violents.
Face à l’extractivisme forcené, que faire ? L’ouverture de mines « made in France », respectant les normes environnementales françaises, constitue-t-elle une alternative crédible à l’exploitation des mines dans les pays du Sud ? Que penser du concept de « mine responsable » défendu par le gouvernement ? Une solution durable ne réside-t-elle pas, en réalité, dans une décroissance de notre consommation de ressources naturelles – et, en premier lieu, de minerais et de métaux – et d’énergie ?
En présence de :
– Anna Bednik, journaliste indépendante, auteure de Extractivisme. Exploitation industrielle de la nature : logiques, conséquences, résistances (Le Passager clandestin, 2015) et de Creuser jusqu’où ? Les limites de la croissance (Ecosociété, 2015)
– Nicolas Sersiron, ex-président de CATDM-France (Comité pour l’abolition des dettes illégitimes), auteur de Dette et extractivisme. La résistible ascension d’un duo destructeur (Éditions Utopia, 2014)
– Mathieu Brier, membre de la Revue itinérante d’enquête et de critique sociale Z, co-auteur de Mauvaises mines. Combattre l’industrie minière en France et dans le monde (Les Ami-e-s de Clark Kent, 2018) cf défaire l’industrie
Début août 1945, le monde, fasciné, découvre la puissance du feu nucléaire. Les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, deux villes choisies dans le but de « causer le maximum de dégâts et de pertes en vies humaines », sont l’aboutissement inévitable du projet Manhattan. Initié et mené dans le plus grand secret, ce dernier a réuni quatre années durant la fine fleur de la science internationale, les industries de pointe étatsuniennes (de Monsanto à Westinghouse) et la puissance de l’État adossé à son armée.
Or le projet Manhattan est le strict contemporain d’une autre entreprise de mort massive, celle qui culmine à Auschwitz-Birkenau. La thèse de ce livre est que ces deux moments (Auschwitz et Hiroshima) sont les « points de bascule » d’une histoire inaugurée un siècle plus tôt dans l’alliance entre mode de connaissance scientifique, capitalisme industriel et États-nations, qui a débouché sur les premières lois eugénistes et les massacres de la « Grande Guerre »
Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant. Ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs et l’estomac des abeilles, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises. Les pesticides sont une tragédie pour la santé. Ils provoquent des cancers, des maladies de Parkinson, des troubles psychomoteurs chez les enfants, des infertilités, des malformations à la naissance. L’exposition aux pesticides est sous-estimée par un système devenu fou, qui a choisi la fuite en avant. Quand un pesticide est interdit, dix autres prennent sa place. Il y en a des milliers.
Nous ne reconnaissons plus notre pays. La nature y est défigurée. Le tiers des oiseaux ont disparu en quinze ans; la moitié des papillons en vingt ans; les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards; les grenouilles et les sauterelles semblent comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares. Ce monde qui s’efface est le nôtre et chaque couleur qui succombe, chaque lumière qui s’éteint est une douleur définitive. Rendez-nous nos coquelicots ! Rendez-nous la beauté du monde !
Non, nous ne voulons plus. À aucun prix. Nous exigeons protection.
Nous exigeons de nos gouvernants l’interdiction de tous les pesticides* en France. Assez de discours, des actes.
Amis et visiteurs, attention, ceci n’est pas une pétition. Bien sûr, il vous faut signer cet Appel, qui est autant le vôtre que le nôtre, mais ce n’est qu’un tout petit début. Car l’Appel des coquelicots engage, vous engage à l’action. Nous rêvons d’un soulèvement pacifique de la société française qui seul permettra enfin de sortir du cauchemar des pesticides.
Vous le savez désormais, nous faisons fabriquer le symbole de notre aventure : un très beau coquelicot en tissu, avec un système d’attache qui permet de le porter à sa boutonnière. Vous allez l’acheter ici, massivement, mais après ? D’abord, nous cherchons des volontaires pour devenir des correspondants locaux ou régionaux de l’Appel. Ce ne sera pas du gâteau, soyons francs entre nous. Mais chaque mois que durera l’Appel – deux ans, soit 24 mois -, il y aura une récompense au bout. Le même jour et à la même heure, tous les porteurs de coquelicots se retrouveront sur les places des villes et villages où ils habitent. Pour se voir, se congratuler, s’embrasser et lancer ensemble de nouvelles actions.
On commence le vendredi 5 octobre à 18h30 et on recommencera chaque premier vendredi de chaque mois.
Jean-François Colosimo, né le à Avignon, est un historien, théologien, éditeur, documentariste et essayiste français. Il est Président du directoir et directeur général des éditions du Cerf depuis 2013, après avoir été président du Centre national du livre de 2010 à 2013.
« Nous demeurons aveuglés par les Lumières » – La Vie – Henrik Lindell le 27/02/2018
Iconoclaste, l’historien et théologien s’attaque à la part obscure de la « religion du progrès » née en Europe au XVIIIe siècle. Et pourfend le nihilisme qu’elle aurait, selon lui, enfanté.
Dans Aveuglements, puissante fresque de plus de 500 pages, le bouillonnant Jean-François Colosimo, directeur des éditions du Cerf, règle ses comptes avec la modernité, toutes ses guerres et ses nouvelles idéologies trompeuses.
…
Vous dénoncez la « face cachée » des trois derniers siècles, à savoir le nihilisme qui serait à l’origine des idéologies meurtrières modernes. Et la source de nos aveuglements serait les Lumières. Pouvez-vous expliquer ?
Ce livre procède d’un constat : la modernité, qui est née avec les Lumières, et particulièrement les Lumières françaises, a marqué l’avènement d’un temps qui se voulait radicalement nouveau. Il fallait en finir avec « l’obscurantisme », et la religion était le signe éminent de tous les esclavages passés. Pendant deux siècles, l’idéologie dominante a été que l’homme devait devenir le créateur de lui-même. Mais cette époque-là est révolue.
Nous assistons désormais à la fin du mythe du progrès et de ce que j’appelle la religion du progrès. Fini l’homme autonome, l’homme sans transcendance et sans limites. Problème : nous ne l’avons pas encore bien compris, car nous demeurons aveuglés par le soleil des lendemains radieux que promettaient les Lumières. Il en va de ce soleil comme des astres quand ils vieillissent et meurent : ils deviennent noirs. Ils irradient alors d’une lumière qui est fausse, ce qui provoque une forme d’éclipse et on ne voit plus rien. Nous n’avons pas pris la mesure de cet échec monstrueux que sont les Lumières.
Vous suggérez même que les Lumières, contrairement à ce qu’elles prétendaient, ont fait naître des religions plus oppressives que jamais. N’est-ce pas aller trop loin ?
Les Lumières françaises ont critiqué radicalement le fait religieux. Elles l’ont stigmatisé comme le signe de l’humanité débile qui n’a pas pris la pleine mesure de ses pouvoirs. Elles l’ont condamné en le réduisant à la soumission à un Dieu faux, inexistant, arbitraire. À une idiotie ou à une pathologie. La modernité nous a bercés de l’illusion que la religion appartenait au passé. Mais que voit-on aujourd’hui ? Il suffit d’allumer la télévision et il saute aux yeux qu’on tue au nom de Dieu.
On parle de « retour de la religion » ou de « revanche du sacré ». On dit que « le Moyen Âge resurgit ». Ce qui prouve que l’on n’a vraiment rien compris. La stratégie des Lumières a été de noircir le passé pour mieux exalter un futur libéré du religieux. Mais, à la vérité, le religieux ne nous a jamais quittés. La grande tromperie de la modernité est là : elle a prétendu qu’elle allait chasser le religieux, alors qu’elle n’a fait que créer des religions séculières qui, oui, sont plus criminelles que ne l’ont jamais été les religions historiques.
Mais quelles religions ?
En 1793, Robespierre crée le culte de l’Être suprême, avec son catéchisme, ses rites, son calendrier. Il se montre en cela plus religieux que Louis XVI. Il sait également que, sans la croyance dans l’immortalité, on ne peut fonder la vertu publique et mobiliser les masses. La conscription lui permet de faire de tous les citoyens des soldats. Il ouvre ainsi l’ère des grandes apocalypses. D’abord le « populicide » en Vendée, bien sûr. Puis les massacres à l’échelle industrielle lors de la Première Guerre mondiale. Enfin, la Shoah, le Goulag et tous les charniers sans nom.
Ces religions modernes réclament le sang. Elles sont sacrificielles.
C’est le cas du nazisme avec ses grandes messes, son culte de la personnalité et ses folies scientistes, qui représentent une manipulation typique de la modernité : dans sa volonté illimitée, l’homme-Dieu se fabrique lui-même.
Même constat pour le communisme, avec ses pontifes Lénine et Staline, ainsi que l’hérétique en chef, Trotski, et son Internationale missionnaire. Quoi de plus religieux que les liturgies militaires sur la Place Rouge ? Lénine embaumé s’inscrit dans le mythe de l’immortalité.
Le génocide au Cambodge revêt, lui aussi, un aspect religieux. Dans les camps, les Khmers rouges diffusent pour message : « Jusqu’après ta mort, l’Organisation continue de te surveiller. » Il y a donc eu un au-delà même pour l’athéisme militant.
Dans un bref essai paru à Vienne en 1938 et immédiatement confisqué par la Gestapo, le philosophe Eric Voegelin (1901-1985) faisait du nazisme une expérience religieuse, une espérance apocalyptique, une mystique sanglante : « Et le geste sera bon, si rouge coule le sang », disait un poème récité par les zélateurs hitlériens. Raillant les intellectuels qui refusaient d’envisager le noyau religieux du totalitarisme, Voegelin écrivait : « La question religieuse reste taboue pour ces esprits sécularisés ; et la soulever sérieusement et radicalement aujourd’hui leur apparaît comme douteux – peut-être aussi comme une barbarie ou un retour vers le sombre Moyen Age. » Ce petit livre indispensable, Les Religions politiques, a été traduit en français en 1994 aux éditions du Cerf.
Un demi-siècle plus tard, Jean-François Colosimo, le patron de cette vénérable maison fondée par des frères dominicains, s’inscrit en partie dans le même sillage. Alors que d’autres fanatiques font couler le sang avec ferveur, il publie Aveuglements, livre plus épais que celui de Voegelin, mais qui décrit également le « lien impensé » entre politique et théologie. Déjà auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, Colosimo signe ici son essai le plus personnel. On y retrouve son érudition exaltée, mais aussi cette écriture subtilement ténébreuse qui vaut sans doute fidélité à son maître, le penseur post-maurrassien Pierre Boutang (1916-1998).
« A quoi mourons-nous symboliquement et de quoi meurent, assassinés, trop d’entre nous ? » D’entrée de jeu, la question est vaste. Pour y répondre, Colosimo emmène son lecteur dans une méditation de longue haleine, où il croisera de nombreux auteurs d’époque et d’horizon différent.
« Frugalité et marketing : le système Pierre Rabhi «
Le ton est donné et ci-dessous Yann Kindo reprend le propos et l’étend à certaines figures de l’écologie politique comme Michèle Rivasi, à la pensée écologique spirituelle chrétienne comme Limite.
Le 13 août 2018 Fabrice Nicolino produit un long texte d’analyse et de dénonciation du procédé du journaliste Jean-Baptiste Mallet qu’on peut lire ici. Il y dénonce toutes les manipulations intellectuelles auxquelles se livre Mallet pour détruire l’image de Pierre Rabhi .
Que le lecteur prenne le temps de cette lecture dont voici la conclusion :
« Il reste et il demeurera pour moi que Jean-Baptiste Malet et Le Monde Diplomatique ont commis ensemble une mauvaise action contre un homme qui ne méritait pas cela. Pierre Rabhi a ses limites, ses contradictions et ses défauts, ce qui n’étonnera personne. Mais tel qu’il est, il appartient à la très vaillante race des prophètes. Qui montrent par l’exemple de leur vie qu’il est possible de bâtir autre chose. Et selon moi, ce quelque chose que nous apporte à tous Rabhi, et même à Malet à son corps défendant, c’est l’espoir. L’espoir d’un monde où la solidarité, la coopération, l’amour de la nature et des bêtes, la pauvreté digne auront triomphé de la domination de quelques-uns sur tous.«
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A l’intersection de la pensée du rationalisme scientifique et du communisme révolutionnaire :
Une pensée ultra conservatrice dans le domaine de la science – référence au consensus scientifique- qui défend sans l’avouer la religion du Progrès scientifique et ses clercs comme en d’autres temps lointains d’avant la modernité d’autres défendaient l’Eglise. Une pensée qui dénonce à travers l’action et la pensée de Pierre Rabhi , de Limite ou de Michèle Rivasi les courants spirituels et les écologistes investis dans la lutte contre notre dérive matérialiste, scientifique, technologique et industrielle. Bref, rien de nouveau sous le soleil : une pensée du XIX ième siècle strictement rationaliste et communiste, arc-boutée sur sa vision matérialiste du monde et qui défend becs et ongles les acquis de la modernité …sans en voir – ou vouloir voir – tous les ravages.
sous la plume de Yann Kindo, qui se présente enseignant en histoire et géographie
« La faucille et le labo , qui défend à la fois les idées du rationalismescientifique et celles du communisme révolutionnaire.
On peut y trouver un fil politique :
« Ainsi, même si ce blog que je rédige passe la majeure partie de son temps à attaquer l’écologie politique au nom de la grille de lecture communiste, en ma prime jeunesse j’étais plutôt tenté par la synthèse des deux [c’qu’on peut faire comme conneries quand on est jeune, quand même…]. Même que sur mon premier micro-ondes que j’ai eu pour mes 18 ans, j’y avais collé un autocollant du PSU « Verts Rouges, enfin ça bouge «
L’origine de la pensée ici exprimée sur ce blog se trouve dans une attaque frontale contre l’alterscience représentée ici selon l’auteur par Michèle Rivasi – cf ici le livre d’Alexandre Moatti, –polytechnique, corps des mines– sur le sujet-: » Du haut de son agrégation de biologie, Michèle Rivasi s’est fait une spécialité de promouvoir différentes facettes de l’alterscience, en contestant systématiquement ce qui est le consensus scientifique sur certains sujets majeurs« . ( le « consensus scientifique » c’est pas très révolutionnaire comme référence de la pensée ! Comment la pensée scientifique évolue-t-elle sinon parfois par ruptures révolutionnaires par rapport au consensus scientifique pour parvenir ensuite à un nouveau consensus. )
Il y a donc dans ce blog bien documenté, présentant certaines critiques qui peuvent être entendues, une attaque en règle de la pensée écologique d’inspiration spirituelle – Limite, revue d’écologie intégrale « pour les catho réac« , « mystique de la Terre » chez Rabhi (PR)- cf là l’interview de PR pour le « le chant de la Terre » – et critique chez cet historien-géographe de la mise en cause des dérives de la science dans l’agrochimie ou la médecine au nom sans doute de la défense du » consensus scientifique. »
Ne touche pas au consensus scientifique, bible de la religion du Progrès et qui nous promet des lendemains qui chantent ? Ceux qui le font au nom de leur spiritualité, de leur vision poétique, sont accusés à ce titre de leurs liens ou sensibilités avec d’autres religions, courants spirituels, ou de dérive scientifique vers « l’alterscience » , mot valise introduit par Alexandre Moatti en 2013.
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Voici là le passage d’une critique par Yann Kindo de la pensée de Gaultier Bès qui développe sa vision d’une écologie intégrale dans une émission consacrée à la PMA.
14 juillet 2018 : A propos d’une émission les rencontres de Pétrarque sur France Inter à propos de la PMA
dénonciation de la revue Limites qui se revendique l’ « écologie intégrale » : approche qui est fondamentalement « conservatrice » pour ne pas dire « réactionnaire » et citation du propos de Gaultier Bès, le « catho réac » de la revue Limites.
« Ce que je prône et ce que nous essayons de vivre, c’est une économie beaucoup plus domestique, où l’on change complètement de paradigme : on quitte l’idée du salariat, de gagner de l’argent qui nous permet de nous offrir des loisirs et des produits mondialisés, et où on essaie de relocaliser nos existences. »
« Comment on fait pour vivre le plus harmonieusement possible avec nos corps ? Comment on fait pour composer le mieux possible notre existence avec nos corps ? Il y a là à mon avis un paradigme socio-économique à changer de fond en comble, et là il y a du travail, et je pense que les anticapitalistes sont attendus là-dessus ».
« Nous vivons dans la société des pesticides, des perturbateurs endocriniens, et de pollutions qui sont partout, partout, partout, et donc nous créons aussi, par notre mode de vie, par notre frénésie collective, les conditions de notre propre infertilité. »
puis, à propos de la PMA : « Est-ce que contourner la nature par des moyens techniques est une émancipation ? C’est effectivement le progrès de la technique, du système technicien, qu’on nous a vendu depuis des décennies. Mais le problème, c’est que ce contournement d’une limite naturelle – l’âge, le sexe, d’éventuelles pathologies – en fait, cache, et de plus en plus mal à mon sens, une véritable aliénation (…) qui passe par une soumission des personnes à un système technicien, à un système d’experts en blouse blanche, et à un système marchand. Parce que (…) le système des dons, ce n’est pas seulement de donneurs de sperme très gentils, très généreux, très altruistes, c’est d’abord un énorme business. Un simple chiffre : le chiffre d’affaire des banques de sperme dans le monde, c’est 5 milliards de dollars par an (…). Moi j’y vois plutôt une extension du domaine du capitalisme, du techno-capitalisme, qui essaie de faire profit, de faire fric d’une frustration bien compréhensible »
…
Yann Kindo :
« ce que dit le catho Bès, c’est pile poil sur tous ces sujets ce que dit le gaucho Testart,
Dans ces cas de conjonctions « brunes-vertes », on est au-delà des simples apparences. Ce n’est pas comme lorsque les fascistes utilisent une phraséologie socialisante pour faire de la démagogie à destination de leurs cibles dans les classes populaires. Ce que j’essaie de montrer sur ce blog depuis des années, c’est que l’écologie politique est une pensée qui est en elle-même réactionnaire, et que les similitudes éclatantes dans la bouche de Gaultier Bès ne sont pas de surface mais bien essentielles. Dans cette histoire, il y a certes des récupérations de thèmes écolos par l’extrême droite, mais ce n’est qu’un juste retour des choses car il y a aussi et d’abord eu des récupérations de thèmes d’extrême-droite par les écolos. Un exemple éminemment symbolique en est le fait qu’avant qu’elle ne devienne un lobby pseudo alternatif, l’agriculture bio a été en France fondée par des militants poujadistes : »
On y dénonce son incompétence crasse, notamment dans le domaine agricole qui l’a rendu célèbre, et dans lequel il a formé des disciples à son image, c’est à dire incompétents.
Ceci n’est pas un livre . C’est un voyage au centre d’une terre nouvelle, ce sont des pas sur une route à inventer. Il sera une fois un monde nommé UTOPIE.
Il sera une fois un monde nommé UTOPIE qui aura pour priorités le bonheur de chacun et la progression morale de l’humanité. Sur cette terre plus aucun être humain ne manquera de l’essentiel pour vivre décemment, car chacun recevra de la naissance à la mort, l’assurance de sa subsistance, c’est à dire de quoi se loger, se nourrir et se vêtir.
Le jour du dépassement, ou jour du dépassement de la Terre (en anglais : Earth Overshoot Day), correspond à la date de l’année où l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an (ressources renouvelables). Passé cette date, calculée chaque année par l’ONG américaine Global Footprint Network, l’humanité puiserait donc de manière irréversible dans les réserves naturelles de la Terre (ressources non renouvelables à l’échelle de temps humaine).
En 2018, Earth Overshoot Day débarque le 1er août. Le Jour de dépassement de la Terre marque la date à laquelle l’humanité a épuisé le budget de la nature pour l’année. Pour le reste de l’année, nous maintenons notre déficit écologique en réduisant les stocks de ressources locales et en accumulant du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Nous fonctionnons en dépassement.
Les activités humaines consomment des ressources et produisent des déchets. Aux cinq types de surfaces bioproductives correspondent six types d’empreintes (5 pour les ressources, un pour un type de déchet : le CO2)
Les forêts offrent donc deux services différents et en compétition : fournir des produits à base de bois ou séquestrer une partie du carbone émis par l’homme. Les forêts ne peuvent fournir les deux services à la fois : si l’on souhaite qu’une partie des forêts séquestrent du CO2 sur le long terme, il faut accepter de ne jamais les couper.
L’exemple simplifié qui suit permet de comprendre le principe de calcul utilisé pour chacune des empreintes partielles : 10 tonnes de bois sont nécessaires à une activité donnée ; or la productivité moyenne des forêts dans le monde est de 2 tonnes de bois par hectare par an. L’activité mobilise donc 5 hectares de forêts. On peut encore par la suite transformer les 5 hectares de forêts en hectares globaux ce qui permettra d’agréger les différentes empreintes partielles.
Ordres de grandeur mondiaux et tendances
Avec une biocapacité d’environ 12,22 Ghag (milliards d’« hectares globaux »)16 et une population de 7,3 milliards d’hommes, la biocapacité disponible par personne en 2014 était de 1,68 hag (« hectares globaux »). Or, un Terrien moyen avait besoin en 2014 de 2,84 hag. Le dépassement a donc été de 69 %, autrement dit il aurait fallu 1,69 planète pour fournir la consommation humaine de façon durable en 201417.
L’empreinte écologique mondiale a en fait dépassé la capacité biologique de la Terre à produire nos ressources et absorber nos déchets depuis le milieu des années 1980, ce qui signifie que l’on surconsomme déjà les réserves, en réalité en surexploitant les milieux.
La tendance à l’augmentation n’a pas encore pu être inversée, en raison de la difficulté de changer les modes de consommation et de production, en dépit des engagements et objectifs de développement durable établis aux sommets de la Terre de Rio de Janeiro en 1992 et de Johannesburg en 2002.
Ordres de grandeur par grandes zones géographiques
La moyenne mondiale de l’empreinte écologique est de 2,84 hag par personne alors que la biocapacité moyenne est de 1,68 hag par personne ; il faut donc 1,69 Terre pour couvrir la consommation de l’humanité ;
Un Français a besoin de 4,7 hag pour maintenir son niveau de vie. Si tous les humains consommaient autant qu’un Français, il faudrait disposer de 2,79 planètes ;
Un Américain a besoin de 8,37 hag pour sa consommation. Si tous les humains consommaient comme un Américain, il faudrait disposer de 4,97 planètes ;
Un Brésilien a une empreinte écologique de 3,08 hag (1,83 planète) ;
Un Chinois a une empreinte de 3,71 hag (2,21 planètes) ;
Un Indien a une empreinte de 1,12 hag (0,67 planète).
un Haîtien a une empreinte de 0,67 hag (0,4 planète).
On prévoit que 80% de la population mondiale vivra dans les villes d’ici 2050. Par conséquent, les stratégies d’urbanisme et de développement urbain sont essentielles pour équilibrer l’offre de capital naturel et la demande de la population. Apprendre encore plus
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Énergie
Décarboner l’économie est notre meilleure chance de faire face aux changements climatiques et d’améliorer l’équilibre entre notre empreinte écologique et les ressources naturelles renouvelables de la planète. Apprendre encore plus
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Aliments
La façon dont nous répondons à l’un de nos besoins les plus fondamentaux – la nourriture – est un moyen puissant d’influencer la durabilité. Le fait de s’approvisionner localement et d’éviter les aliments hautement transformés peut réduire l’empreinte écologique. Apprendre encore plus
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Population
S’engager envers tous ceux qui vivent en sécurité dans un monde de ressources limitées nécessite de s’attaquer à la croissance démographique. L’autonomisation des femmes est essentielle pour la durabilité mondiale. Apprendre encore plus
Cet emballement mondial contre les motorisations thermiques et la suspicion sur l’ensemble de l’industrie automobile vont se retourner contre les citoyens estime Carlos Tavares, patron de PSA, qui résume ainsi sa pensée : « Toute cette agitation, tout ce chaos, va se retourner contre nous parce que nous aurons pris de mauvaises décisions dans des contextes émotionnels, pas suffisamment réfléchies et pas avec suffisamment de recul », a dit le patron de PSA. « Le fait qu’on nous donne l’instruction d’aller dans une direction qui est un choix technologique qui appartient aux autorités c’est un gros tournant ». « Je ne voudrais pas que dans 30 ans on ait découvert les uns et les autres quelque chose qui n’est pas aussi beau que ça en a l’air sur le recyclage des batteries, l’utilisation des matières rares de la planète, sur les émissions électromagnétiques de la batterie en situation de recharge », a-t-il ajouté.
Outre d’éventuelles conséquences sanitaires qui ne sont pas prises en compte, il y aura également en Europe des conséquences économiques à l’arrêt des véhicules thermiques. 27 « Pendant un siècle les Chinois ont couru après le moteur à combustion interne en versant des royalties à l’occident. Là, ils ont trouvé le point de rupture et maintenant ils prennent le lead sur le véhicule électrique qui est le symétrique pour le prochain siècle de ce qu’ils ont vécu au cours du précédent », a dit Carlos Tavares.
Vous êtes l’un des inventeurs de l’expression «écologie intégrale». Quel sens lui donnez-vous?
Un sens de plus en plus intégral ! L’écologie intégrale est née en contexte chrétien mais elle est destinée à le déborder. Je suis éco-futuriste. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui vient. L’à venir. C’est ce qui vient et devient. Le critère c’est l’écologie. Ainsi je suis écodémocrate, écolaïque, écoféministe, écoprogressiste, écohumaniste et écosocialiste ! Ce que j’entends par écofuturisme ? Essayer d’entrer dans la post-postmodernité, existentiellement, intellectuellement, mentalement, spirituellement. Ne plus vivre sur les débris et les ruines de la modernité et des traditions. Dépassement de la postmodernité. Vivre dans le nouveau grand paradigme, le paradigme du futur. L’écologie. L’écologie générale, intégrale, radicale, profonde. L’écologie scientifique, mentale, sociale, politique.
Vous avez fréquenté les milieux anarcho-autonomes, notamment lors du Contre-G20 à Gênes, en 2001.Et vous rappelez queanastasis, en grec, signifie à la fois «résurrection» et «insurrection». Nous faut-il prendre les armes pour renverser Mammon et suivre le Christ?
Prendre les armes ? Non, si l’on suit vraiment le Christ : « Range l’épée au fourreau. » Après, comme disait Gandhi, pour qui la non-violence n’était ni lâcheté ni soumission mais au contraire révolte et insoumission – rappelons qu’il fut un leader anticolonialiste et nationaliste indien – mieux vaut encore la violence que la lâcheté, la paresse, la soumission ou la collaboration. Et pour ceux qui sont incapables de la perfection christique, la voie des armes est possible, et même dans certaines circonstances nécessaire, même si elle n’est jamais souhaitable. La montée de la radicalisation et de la violence légale (policière, pénale, militaire…)et illégale (criminelle, maffieuse, paramilitaire…) d’un capitalisme aux abois est à prévoir ces prochaines décennies, et la question de l’usage anticapitaliste de la violence se reposera certainement autrement que comme un simple jeu intellectuel. Mais la violence des émeutes des black blocs, à laquelle j’ai participé plus jeune, est bien loin de l’insurrection armée.
Mr Mondialisation : À la veille des (f)Estives de la décroissance qui se tiendront du 20 au 23 juillet prochains sur le thème du « sens de la technique », Michel Lepesant, (p)artisan de la décroissance et membre de l’organisation, nous explique pourquoi il est urgent de penser de manière politique notre quotidien fait d’ordinateurs, de téléphones portables et d’intelligences artificielles. Interview.
Le terme « décroissance » a été utilisé pour la première fois par André Gorz en 1972.
Selon les acteurs du mouvement de la décroissance, le processus d’industrialisation a trois conséquences négatives :
des dysfonctionnements de l’économie (chômage de masse, précarité, etc.),
l’aliénation au travail (stress, harcèlement moral, multiplication des accidents, etc.)
la pollution, responsable de la détérioration des écosystèmes et de la disparition de milliers d’espèces animales.
L’action de l’homme sur la planète a fait entrer celle-ci dans ce que certains scientifiques considèrent comme une nouvelle époque géologique, appelée l’Anthropocène (qui aurait succédé à l’Holocène), et cette action menacerait l’espèce humaine elle-même. L’objectif de la décroissance est de cesser de faire de la croissance un objectif.
10e anniversaire des conférences internationales de la Décroissance
sur Médiapart : Federico Demaria,Recherche et Décroissance, Institute of Environmental Science and Technology, Universitat Autònoma de Barcelona-Article publié initialement en anglais dans The ecologist – TRADUCTION: Anne Robert
Nous célébrons cette année le 10e anniversaire de la première conférence internationale sur la décroissance tenue à Paris en 2008. Cet évènement marque la percée dans le monde anglophone du slogan militant français de la décroissance ainsi que l’entrée de ce concept dans la sphère académique où on s’y réfère sous le terme de «Degrowth».
Le collectif académique Research and Degrowth (R&D) vise à faciliter la mise en réseau et le partage d’idées entre les multiples acteurs qui travaillent sur la décroissance en particulier dans le milieu académique :première conférence (Paris, 2008), la deuxième (Barcelone, 2010) et a soutenu celle de groupes de soutien pour des conférences à Montréal et à Venise (2012), à Leipzig 2014 et la cinquième à Budapest.
1) En 2018 auront lieu trois grandes rencontres internationales de la décroissance
La sixième conférence internationale sur la décroissance: «Les formes de dialogue par des temps difficiles» à Malmö en Suède les 21 et 25 août.
La première conférence nord-sud sur la décroissance: «Décoloniser l’imaginaire social»à Mexico les 4-6 septembre.
La décroissance au parlement européen : une conférence post-croissance pour remettre en question la pensée économique des institutions européennes en s’adressant à des acteurs importants de la formulation de politiques publiques au parlement européen les 18 et 19 septembre à Bruxelles (Belgique).
2) Publications académiques: éditions spéciales, articles et livres
En 2008, il n’existait qu’un nombre restreint de publications en anglais sur la décroissance (Latouche, 2004 et Fournier, 2008. Je pense que les huit éditions spéciales ont joué un rôle important et ont permis d’établir la légitimité des questions de recherches que soulèvent la décroissance en tant que concept académique. (Schneider et al. 2010; Cattaneo et al 2012; Saed 2012; Kallis et al. 2012; Sekulova et al 2013; Whitehead, 2013; Kosoy, 2013; Asara et al, 2015).
Après cette première vague d’éditions généralistes, j’anticipe une deuxième vague sur des thèmes plus spécifiques: Technologie et décroissance par Kerschner et al 2015, à venir: Tourisme et décroissance dans le Journal of Sustainable Tourism, Justice environnementale et decroissance dans Ecological Economics et éventuellement un autre sur Féminisme et décroissance ou d’autres qui présenteraient la décroissance comme une discipline à part entière.
Ana Sandrea créatrice du Sommet de la Conscience francophone nous présente dans la vidéo ci-dessous le projet d’écotourisme du collectif TALAMANCA qu’elle crée à l’intérieur du Parc national de Cahuita sur la côte atlantique du Costa Rica. Ce projet a le double objectif de développer une offre d’écotourisme pérenne avec celui d’accompagner les habitants locaux dans cette voie.
Dans un projet d’écotourisme il y a plusieurs piliers fondamentaux pour les touristes notamment préserver la biodiversité et s’éduquer à l’environnement en participant à diverses formes d’offres ludiques dans la nature.
Le projet a retenu trois espèces menacées à protéger et qui seront le coeur du projet de biodiversité : préserver les singes hurleurs, les abeilles sauvages et les tortues luth qui sont les plus grandes tortues marines.
Ana Sandrea créatrice du Sommet de la Conscience francophone nous présente son projet d’écotourisme TALAMANCA qu’elle crée à l’intérieur du Parc national de Cahuita sur la côte atlantique du Costa Rica.
Le texte présenté date de 1913. Il est sans doute le premier manifeste écologique moderne qui met en garde contre la tendance prométhéenne du rationalisme mécaniste qui s’exprime dans l’industrialisation, fruit des Lumières, auxquelles Klages oppose une philosophie de la vie.
Klages n’est pas le premier lanceur d’alerte. Dès la fin du XVIIIe siècle, des voix s’étaient élevées pour s’inquiéter de l’excessive consommation de bois exigée par les machines à vapeur.
La mise en garde contre les dangers « prométhéens » du rationalisme théorique et pratique (résumé par la parole de Francis Bacon « Science is power ») s’est exprimée dès le siècle des Lumières lui-même.
Les Romantiques allemands, au nom des valeurs traditionnelles, mais aussi devant les premiers effets négatifs de l’industrialisation, tels qu’ils se manifestaient déjà en Angleterre, s’en sont pris à l’idéologie du progrès.
Leurs analyses reposent sur l’opposition du mécanique et de l’organique. Ils condamnent un rationalisme qui sur le plan cognitif considère le monde comme une machine et sur le plan pratique comme un objet à exploiter. Ils sont les premiers à formuler le thème de la « mécanisation du monde » dont traitera Walther Rathenau encore un siècle plus tard, ainsi que la critique d’un capitalisme aliénant l’homme. Dans le dernier quart du XIXième siècle, la critique de la civilisation moderne sera alimentée en Allemagne par une révolution industrielle et une urbanisation rapides et brutales. À côté d’anti-lumières traditionalistes, se développera tout particulièrement ici une « philosophie de la vie » (Lebensphilosophie) qui verra dans l’esprit ou la raison une instance destructrice du « monde de la vie ». Parallèlement, apparaît en terres allemandes toute une nébuleuse de
mouvements sociaux qui expriment une protestation contre les dommages de l’industrialisation. On peut y distinguer les mouvements de réforme de vie qui prônent un mode de vie alternatif, plus sain et plus libre (aujourd’hui encore on trouve en Allemagne des « Maisons de la réforme » qui proposent des produits diététiques), des mouvements de protection de la nature et du patrimoine, et enfin, le plus connu d’entre eux, Klages est l’héritier de toute cette tradition. A l’origine, son texte est précisément un discours tenu lors de la « fête de la jeunesse » organisée les 11 et 12 octobre 1913 sur une montagne moyenne de la Hesse, près de Kassel, le Haut Meissner.
Klages se rattachait à la philosophie de la vie et faisait partie
au tournant du XXe siècle du groupe des « cosmiques » (Kosmiker), intellectuels munichois influencés par les travaux du mythologue suisse Johann Jakob Bachofen (1815-1887) sur le matriarcat primitif. Leurs
autres références étaient Goethe, qui faisait alors en Allemagne l’objet d’un véritable culte, et Nietzsche.
Leur but était de remettre en honneur les mythes païens, antérieurs au judaïsme et au christianisme, et de diffuser une sorte de religiosité reliant l’individu à l’univers par l’« Eros cosmogonique »
Klages est celui qui exprimera avec la plus grande vigueur l’antirationalisme et la détestation du progrès matériel que tous partageaient. Il commencera à travailler dès 1915 à son opus magnum qu’il publiera en trois gros volumes entre 1929 et 1932 sous le titre significatif « L’esprit adversaire de l’âme » (Der Geist als Widersacher der Seele). Au logocentrisme triomphant depuis les Lumières, il y oppose son « biocentrisme » ou son panvitalisme. Comme tout bon philosophe de la vie, il part de l’opposition entre l’esprit et la vie. Mais il la formule autrement : l’âme est ce qui relie l’homme au macrocosme et lui donne accès à des expériences et des visions archétypales.
L’esprit est une conscience de soi « acosmique » et au service exclusif d’une volonté qui cherche à façonner la réalité à son image. Comme Spengler au sein de ses « hautes cultures », Klages voit à l’œuvre dans l’histoire
une sorte de « dialectique de la raison ».
« Au vu de ces raisons-là, les soupçons ne devraient pas tarder à assaillir même ceux dont demeurent étrangères les terribles conséquences provoquées par la pensée maîtresse du « progrès ». L’antique
Hellène avait pour plus haute aspiration la « kalokagathie », à savoir la beauté intérieure et extérieure de l’homme que lui renvoyait l’image de
l’Olympien ; l’homme du Moyen-Âge se souciait du « salut de l’âme », par quoi il entendait l’élévation spirituelle vers Dieu ; l’homme goethéen aspirait à la perfection de la personne, entendait être « maître »
de son sort ; et, aussi différents que soient ces buts, nous saisissons d’emblée le profond bonheur d’atteindre l’un ou l’autre. Mais ce dont l’homme du progrès s’enorgueillit n’est constitué que de succès, d’accroissements de puissance de l’humanité qu’il prend étourdiment pour un accroissement de valeur, et il y a de fortes raisons de douter de sa capacité à honorer un bonheur pour ne connaître que la creuse satisfaction que la conscience attribue à la domination. Le pouvoir seul est aveugle à toutes les valeurs, aveugle à la vérité et au droit et, là où il doit encore les souffrir, assurément aveugle … »
François Ruffin à l’Assemblé nationale : Pour que l’agro-alimentaire cesse de traiter vaches poules et cochons comme une matière première.
« Je vais maintenant plaider, et même longuement, la cause animale. Pour que l’agro-alimentaire cesse de traiter vaches, poules et cochons comme une matière première.Et je sais combien quand on prend la parole pour ces êtres sensibles, on est vite soupçonné de sentimentalisme, de sensiblerie et sujet à moquerie…..
Et parfois on m’accuse « et les hommes et les salariés vous y avez pensé? Comme si en défendant les animaux je trahissais l’homme. Au contraire, c’est un continuum.
Depuis le XXème siècle, l’économie, écrase tout : La nature, les animaux.. Mais comment ne pas voir qu’ensuite ce sont les hommes qu’elle maltraite, qui deviennent à leur tour une matière à profit au gré des caprices de la finance…
….
Un mec a dit, il y a environ deux mille ans, ce que vous faites aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites.
Et même mieux, je dirais : ce que nous faisons aux plus petits d’entre les nôtres, c’est à nous que nous le faisons. C’est notre âme qui se tarit, qui s’assèche, qui se racornit. C’est notre tolérance à l’injustice, voire à l’horreur, qui s’accroît. »
C’est une alerte solennelle que publient, lundi 13 novembre 2017 dans la revue BioScience et reprise dans le Monde du 14 novembre plus de 15 000 scientifiques de 184 pays. Les auteurs mettent en garde contre la destruction rapide du monde naturel et le danger de voir l’humanité pousser « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie ».
C’est un deuxième avertissement lancé à l’initiative du Professeur William J. Ripple de l’université d’état de l’Oregon après celui de 1992. Depuis, à l’exception de la stabilisation de la réduction de la couche d’ozone, l’ensemble des indicateurs se sont considérablement dégradés.
Le réchauffement climatique devient potentiellement catastrophique et depuis 1960 la température moyenne du globe s’est élevée d’environ 0,8°.
Dans le même temps les ressources en eau douce sont passées de 14 000 m3 par habitant à 6 000 m3 et les tonnages de pêche de 50 millions à plus de 110 millions.
Les zones mortes maritimes ( zones d’absence d’oxygène et de vie) sont passées dans le même temps de 20 à 600.
La déforestation au profit notamment de l’agriculture a fait perdre dans le même temps des surfaces boisées équivalente à celle de l’Afrique du sud.
Entre 1970 et 2012 la biodiversité a perdu 58% des espèces dont 81% de celles en eau douce et 35% pour les espèces terrestres et marines.
Parallèlement, la population mondiale est passée de 3 milliards à plus de 7 milliards.
Change .org communique aujourd’hui aux signataires de la pétition de soutien à Antoinde Deltour que la Cour d’appel du Luxembourg l’a acquitté pour la copie et l’usage des documents des LuxLeaks.
15 MAI 2018 — Ce mardi, la Cour d’appel de Luxembourg a pleinement reconnu à Antoine Deltour le statut de lanceur d’alerte au sens de la Cour européenne de Droits de l’Homme. Antoine est donc définitivement acquitté pour l’ensemble des chefs d’inculpation concernant la copie et l’utilisation des documents des LuxLeaks.
…
Antoine commente : « ce long combat judiciaire se termine par une grande victoire. Cette fin heureuse n’a été rendue possible que par les très nombreux soutiens reçus : 215 000 signataires de la pétition, 71 organisations, 477 personnalités, 3 avocats formidables, de nombreux témoignages en justice, des dizaines de milliers d’euros collectés… Tout cela coordonné par un comité de soutien extraordinaire dans sa détermination et son engagement, qu’il s’agisse d’administrer le site, le compte Twitter, la boîte mail et d’animer les réunions (chapeau bas Romain) , …
le 17 avril 2018 la Commission européenne a adopté un ensemble de mesures visant à renforcer la protection des dénonciateurs en tant que moyen de dévoiler des activités illégales et de contribuer à l’application du droit de l’UE.
—
Oxfam, novembre 2017
Le 5 décembre 2017 l’Europe publie une liste – hors Europe- de 17 pays inscrits sur une liste noire.
Le 23 janvier 2018 cette liste est ramenée à 9 états.
En se basant sur une estimation conservatrice du score obtenu par les pays d’après les critères de l’UE, Oxfam a déterminé qu’au moins les 35 pays suivants devraient figurer sur la liste noire de l’UE :
Albanie
Guam
Niué
Ancienne république yougoslave de Macédoine
Hong Kong
Oman
Anguilla
Îles Caïmans
Palaos
Antigua-et-Barbuda
Îles Cook
Serbie
Aruba
Îles Féroé
Singapour
Bahamas
Îles Marshall
Suisse
Bahreïn
Île Maurice*
Taiwan
Bermudes
Îles Vierges Britanniques*
Trinité-et-Tobago
Bosnie Herzégovine
Îles Vierges des États-Unis
Vanuatu
Curaçao
Jersey
Émirats arabes unis
Monténégro
Gibraltar
Nauru
Groenland
Nouvelle Calédonie
*Indique que la juridiction a été identifiée comme un paradis fiscal « conduit » par où l’argent transite
L’UE a annoncé dès le départ que sa liste inclurait uniquement des pays tiers, non membres de l’UE. Cette approche nuit considérablement à la crédibilité du processus, car plusieurs États membres comme l’Irlande, le Luxembourg et les Pays-Bas figurent parmi les paradis fiscaux les plus puissants au monde, permettant à certaines des plus grandes entreprises d’être assujetties à une fiscalité minimale. Cela a été confirmé par la Commission européenne à la suite d’une série de décisions marquantes à l’encontre d’Apple, d’Amazon et de Starbucks. Ces mêmes pays sont une nouvelle fois pointés du doigt dans les récents scandales fiscaux, y compris les Paradise Papers . Selon Oxfam, l’UE devrait commencer par balayer devant sa porte en matière de lutte contre l’évasion et fiscale, en faisant apparaître les pays de l’UE incriminés dans sa liste. C’est pourquoi Oxfam a également évalué les 28 États membres de l’UE. L’organisation a identifié aux moins quatre pays qui devraient figurer sur la liste noire de l’UE si les critères de l’UE leur étaient appliqués.
Irlande*
Luxembourg
Malte
Pays-Bas
Le code civil ne dispose que de deux catégories : les personnes et les choses.
Depuis février 2015, le code civil définit les animaux comme des « êtres vivants doués de sensibilité ».
Malgré cette modification, ils demeurent soumis au régime des choses appropriables. Légalement, ces êtres existent pour servir l’humain, et non de manière intrinsèque. L’animal, comme l’esclave de la Rome antique, appartient à son maître. Il est son bien. Comment sortir de cette impasse ?
Quelle est la stratégie des défenseurs des droits des animaux ? Quel type de droits réclament-ils et sur quels fondements ? Dans ce texte engagé, Florence Burgat montre comment la notion de « personne » permet de faire évoluer le statut juridique des animaux vers un plus grand respect. Nul besoin de ressembler un humain adulte autonome et responsable pour être juridiquement une personne.
quelques regards – cf article Wikipédia -sur les religions à propos de l’antispécisme
rappel : L’antispécisme est un mouvement datant des années 1970, qui affirme que l’espèce à laquelle appartient un animal n’est pas un critère pertinent pour décider de la manière dont on doit le traiter et de la considération morale qu’on doit lui accorder. L’antispécisme s’oppose au spécisme qui place l’espèce humaine avant toutes les autres.
Pour un chrétien, les autres espèces ont été créées par Dieu pour servir à l’homme : même si elles méritent le respect que leur confère le statut de créatures de Dieu, elles restent inférieures et n’ont pas droit au salut, ni aux sacrements, etc. Les interprétations des théologiens ont subi l’influence des Pères de l’Église, adeptes du néoplatonisme7, qui instille une rupture entre l’homme et les autres créatures. (pour aller plus loin cf l’étude en lecture libre : Le christianisme et l’animal, une histoire difficile -d’Eric Baratay)
Certaines religions ou cultures majeures paraissent se rapprocher de l’antispécisme. La croyance en la réincarnation dans l’hindouisme (qui est plus une culture avec des courants religieux en son sein, liés au shivaïsme, au vishnouisme, shaktisme, etc.), le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme amène à proscrire la consommation des animaux et à éviter autant que possible de les tuer, de les faire souffrir. La notion d’être sensible, quelle que soit l’espèce à laquelle il appartient, est centrale dans l’hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme. C’est parce que tous les animaux sont dotés de cette âme commune, principe vital commun à tout être vivant (même « vouloir-vivre » selon le philosophe Arthur Schopenhauer) qu’il convient de ne pas les blesser, les tuer (voir à hindouisme et non-violence). Tous les textes sacrés, qu’ils soient hindous, bouddhistes, sikhs ou jaïns, enseignent le respect envers toutes les créatures vivantes (notion de l’ahimsa) comme valeur suprême, norme sociale, politique, et idéal le plus élevé.
Dans l’hindouisme, le jaïnisme et de manière générale dans les religions et philosophies indiennes (bouddhisme, ayyavazhi), la séparation entre humanité et animalité n’est pas en conséquence une séparation de nature mais une différence de degré.
Dans le monde chinois, selon les perspectives du taoïsme et du confucianisme, il n’y a pas de séparation nette entre humanité et animalité non plus, pas de séparation de « nature », mais différence de « degré » aussi, animaux et humains étant en réalité interdépendants ;
par rapport à l’humanisme : du fait de la double définition de l’humanisme, d’un côté décrit comme la généralisation de la compassion et de l’autre comme concept de royauté de l’homme, l’antispécisme peut être vu comme un humanisme compassionnel et dans le même temps comme l’antithèse de l’humanisme, puisque l’antispécisme met en question la supériorité de l’homme. La morale antispéciste peut donc être perçue soit comme une généralisation au-delà des frontières de l’espèce humaine de l’humanisme, donc une sorte d’universalisme de la compassion ; soit comme un anti-humanisme, dans le sens où elle refuse à l’être humain une essence qui le placerait au-dessus des autres animaux (par exemple, dans la culture hindoue, contrairement à la culture chrétienne, l’humanité a une différence de « degré » avec les autres animaux, non de « nature »).
C’est la réception de deux commentaires relatifs à la page « la Terre notre planète » qui me donnent l’occasion de cet article.
Sur cette page sont regroupés quelques appels ou réflexions d’hommes et femmes engagés en spiritualité ou dans une pensée écologique.
Parmi ceux-ci je citerai :
Le Pape François dans son encyclique Laudato Si fait le constat que l’environnement humain et l’environnement naturel se dégradent ensemble. Il lance un appel à tous les humains de relever Le défi urgent de sauvegarder notre maison.
Bartholomée 1er , Primat de l’Eglise orthodoxe de Constantinople parle à cette occasion de suicide de l’humanité.
Le Dalaï Lama appelle à prendre soin de notre planète, notre maison.
Le chef Raoni rappelle que nous respirons tous le même air, buvons tous la même eau.
Mes enfants, rappelez vous toujours que votre famille est le monde entier, la famille de l’être humain…» Amma
… et puis dans un message reçu en mai 2017 un groupe d’anges délivrent un message qui est transmis au Temple des Consciences et placé en commentaire sur la pagela terre notre planète dont j’extrais ces passages :
Nous sommes aux petits soins pour votre merveilleuse Terre et vous nous l’avez saccagée !
… Mais tout cela aura une fin , et notre Terre en sortira lavée , purifiée et heureuse .
…
le jour viendra , où tout va être compté en monnaie d’ Amour et , crois-moi , cette monnaie- là est bien plus cotée que l’ Or !
Bruxelles, 7 février 2018 : L’Union européenne (UE) négocie actuellement une série d’accords de libre-échange (ALE) avec, notamment, le Japon, le Vietnam, l’Indonésie, le Mexique et le Mercosur (la zone économique d’Amérique du Sud regroupant le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay).
Le rapport « Le commerce à tout prix ? » des ONG foodwatch et Powershift examine l’impact potentiel de ces cinq accords dans les domaines socio-économiques et environnementaux.
Ces accords de commerce vont bien au-delà d’une simple ouverture des marchés et réduction des tarifs douaniers. Tout comme l’AECG (CETA) entre l’UE et le Canada et le projet en suspens TTIP/TAFTA entre l’UE et les États-Unis, ce sont des accords de nouvelle génération : ils visent la suppression de ce qu’il est convenu d’appeler les “obstacles non tarifaires ” au commerce, autrement dit toutes les normes, ce qui inclut non seulement des standards techniques, mais aussi les règles sociales, sanitaires et environnementales. Ainsi l’étude des projets d’accords en cours de négociation met en lumière les menaces sur la protection des droits sociaux, des consommateurs et de l’environnement, sur l’agriculture et l’alimentation (importations de viande, pesticides, OGM, etc.). Si ces accords aboutissent en l’état, le risque est grand que l’harmonisation des normes relatives à la protection des consommateurs et de la santé induise un nivellement par le bas et bloque la possibilité de renforcer ces niveaux de protection. La perte de souveraineté réglementaire pour les Etats et l’UE est préjudiciable à la démocratie. Enfin, malgré l’importance de ces enjeux, les négociations se poursuivent dans la plus grande opacité.
Foodwatch est une organisation politique qui défend les droits du consommateur et qui veut que, dans un marché transparent, le consommateur puisse librement décider de ce qu’il mange, en toute connaissance de cause et sans risque.
Foodwatch travaille en tant qu’association à but non lucratif depuis 2002 en Allemagne. L’ONG se finance grâce aux cotisations et aux dons de plus de 25.000 donateurs (chiffres de décembre 2012). Depuis 2009, foodwatch compte aussi un bureau à Amsterdam (Pays-Bas). foodwatch France a été créée en juillet 2013 avec le statut d’association loi 1901.
rapport Foodwatch sur les accords en cours : Japon, Vietnam, Indonésie, Mexique, Mercosur ( Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay)
signer la pétition Foodwatch : ni TAFTA, ni CETA, ni MERCOSUR !
« Vous, les petits frères, vous ne voyez que les choses matérielles,
Si on continue à construire un monde artificiel
Nous allons mourir, la Terre souffre, elle n’a plus rien.
Le petit frère comprend-t-il ce qu’il fait ? »
Association Tchendukua
Géographe français, Eric JULIEN est à l’origine de la démarche.
Sauvé d’un oedème pulmonaire par les Kogis, alors qu’il découvrait leur territoire, il s’est mis dans la tête de les aider à récupérer leurs terres. Ces terres sans lesquelles, coupés de leurs racines, les Kogis deviennent des êtres flottants, des êtres morts.
D’après lui, permettre aux Kogis d’entretenir leur différence, c’est s’enrichir de leur regard sur le monde, tant il est vrai que la vie naît de la richesse des confrontations et non du rejet des différences.
En 1997, il fonde Tchendukua – Ici et Ailleurs, association loi de 1901. En février 1998, une première terre est achetée (50 ha), une seconde en avril 1999 (70 ha)… une troisième en mai 2000 (50 ha) et enfin une quatrième en décembre 2000 (60 ha).
Yves Cochet, né le 15 février 1946 à Rennes (Ille-et-Vilaine), est un homme politique français, membre des Verts puis d’Europe Écologie Les Verts. Il est député du Val-d’Oise de 1997 à 2002, puis de la 11e circonscription de Paris de à . Il est président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée nationale durant ce dernier mandat. Il est député européen de 2011 à 2014.
Sous l’angle écologique de l’état géo-bio-physique de la France – de l’Europe et du monde – avouons que l’état de santé de ces territoires ne cesse de se dégrader par rapport à celui de 1984, comme le montrent à l’envie les rapports successifs du GIEC – cf le climat change-, du PNUE, du Programme Géosphère-Biosphère et autres publications internationales.
Sous l’angle social et démocratique, le constat est du même ordre : creusement des inégalités, accroissement de la xénophobie, raidissement des régimes politiques.
Jadis, inspirés par le rapport Meadows (1972-1973) ou les écrits de Bernard Charbonneau,(1910-1996) René Dumont (1904-2001)et André Gorz,(1923-2007) nous connaissions déjà les principales causes de la dégradation de la vie sur Terre et aurions pu, dès cette époque et à l’échelle internationale, réorienter les politiques publiques vers la soutenabilité. Aujourd’hui, il est trop tard, l’effondrement est imminent. (ère de l’anthropocène)
Bien que la prudence politique invite à rester dans le flou, et que la mode intellectuelle soit celle de l’incertitude quant à l’avenir, j’estime au contraire que les trente-trois prochaines années sur Terre sont déjà écrites, grosso modo, et que l’honnêteté est de risquer un calendrier approximatif. La période 2020 – 2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécu l’humanité en si peu de temps. À quelques années près, elle se composera de trois étapes successives : la fin du monde tel que nous le connaissons (2020-2030), l’intervalle de survie (2030-2040), le début d’une renaissance (2040-2050).
L’effondrement de la première étape est possible dès 2020, probable en 2025, certain vers 2030. Une telle affirmation s’appuie sur de nombreuses publications scientifiques que l’on peut réunir sous la bannière de l’Anthropocène, compris au sens de rupture au sein du système-Terre, caractérisée par le dépassement irrépressible et irréversible de certains seuils géo-bio-physiques globaux. La croyance générale dans le système libéral-productiviste renforce ce pronostic. La prégnance anthropique de cette croyance est si invasive qu’aucun assemblage alternatif de croyances ne parviendra à la remplacer, sauf après l’événement exceptionnel que sera l’effondrement mondial dû au triple crunch énergétique, climatique, alimentaire. La décroissance est notre destin.
La seconde étape, dans les prochaines années 30, sera la plus pénible au vu de l’abaissement brusque de la population mondiale (épidémies, famines, guerres), de la déplétion des ressources énergétiques et alimentaires, de la perte des infrastructures (y aura-t-il de l’électricité en Ile-de-France en 2035 ?) et de la faillite des gouvernements.Ce sera une période de survie précaire et malheureuse de l’humanité, au cours de laquelle le principal des ressources nécessaires proviendra de certains restes de la civilisation thermo-industrielle, un peu de la même façon que, après 1348 en Europe et pendant des décennies, les survivants de la peste noire purent bénéficier, si l’on peut dire, des ressources non consommées par la moitié de la population qui mourut en cinq ans. Nous omettrons les descriptions atroces des rapports humains violents consécutifs à la cessation de tout service public et de toute autorité politique, partout dans le monde.
Sans doute peut-on espérer que s’ensuive, autour des années 50 de ce siècle, une troisième étape de renaissance au cours de laquelle les groupes humains les plus résilients, désormais privés des reliques matérielles du passé, retrouvent tout à la fois les techniques initiales propres à la sustentation de la vie et de nouvelles formes de gouvernance interne et de politique extérieure susceptibles de garantir une assez longue stabilité structurelle, indispensable à tout processus de civilisation.
d’après l’article de Charlie Hebdo -13/12/17 – Fabrice Nicolino
…En un peu moins de dix ans, tout a changé. La ZAD est désormais une zone sociale d’expériences uniques. Aussi étrange et baroque que cela paraisse, des centaines de jeunes en rupture de société ont été et sont toujours soutenus par des paysans et une partie du petit peuple réel de la région. C’est bien cela qu’il s’agit d’écraser : une rencontre sociale, écologique, politique, qui brasse du savoir, des techniques, des itinéraires, des constructions, du travail, du rêve, des rires. On peut ne pas être d’accord avec les zadistes, mais nul ne peut nier qu’ils nous posent des questions universelles. Qu’est-ce qu’une vie qui mérite d’être vécue ? Qu’est-ce que le travail ? Et le temps ? Et la contrainte ? Et la loi ? Et la liberté ? Et la nourriture ? Et le groupe ? Et la personne ? Et l’amour, pour tout dire ? De ce chaudron bouillant qu’est la ZAD émerge une vérité microcosmique : il est donc possible de se livrer à des activités économiques sans détruire la biodiversité, dont tout le reste dépend. N’est-ce pas exactement le principal défi posé à toute l’humanité : produire sans ruiner les écosystèmes ? Certes, la ZAD a des limites évidentes, et ses enthousiasmes ne seront jamais ceux de tous. Mais en bâtissant pierre après pierre leur phalanstère, les habitants des lieux montrent avec une clarté éblouissante qu’un autre monde est vraiment possible. Et cela, on ne l’oubliera pas, quelle que soit la suite…
… C’est donc partout dans la ZAD qu’on travaille et qu’on construit. Si l’on doit faire une liste, allons y. On compte désormais dans le bocage deux boulangeries, un mur d’escalade, une conserverie, une infirmerie, une zone Internet, une épicerie, un atelier couture, une table d’hôtes, un formidable « hangar de l’avenir », une taverne, une salle de sports, un espace enfants, un studio d’enregistrement, une salle de concerts, un jardin de plantes médicinales. Un mot sur le «hangar de l’avenir », prouesse architecturale, cathédrale de bois montée par 80 charpentiers, armés de haches et de cœur. Et un autre sur l’auberge des Q de plomb, qui aura permis à d’anciens habitants, Claude et Christiane, de créer un lieu de banquets et de joie. Sur la dalle, gravés dans le béton pour l’éternité, ces mots d’anthologie : « Ici, nous vivons excellemment. » On ne saurait quitter la ZAD sans parler de la nature et des bêtes sauvages. À la fin de 2012, le grand historien breton François de Beaulieu lance une initiative sans précédent : réunir des botanistes, des ornithologues, des naturalistes, pour réaliser un inventaire exhaustif des richesses naturelles de la ZAD. Au premier dimanche de janvier 2013, plus de 200 connaisseurs et spécialistes arpentent les quelque 2000 hectares, et vont découvrir une richesse biologique devenue rare. Jean-Marie, botaniste de grande valeur, qui partage sa vie entre Morbihan et ZAD – La Rolandière, la Maison Rose, les 100 Noms –, n’en est pas revenu : « Comme la zone a été gelée il y a cinquante ans en prévision de l’aéroport, l’ensemble du paysage rural, ici, est extraordinaire. Tout ce qui a été détruit ailleurs – les talus, les haies, les mares, les landes humides – est intact. » Les oiseaux, les insectes, les plantes sont là.
Parlons chiffres :
…Sur les 1 650 hectares de l’emprise du projet d’aéroport, 400 sont cultivés ou utilisés par quatre familles de paysans locaux, opposants historiques ; 400 autres représentent les chemins et les routes, les friches et les forêts, les lieux habités ; et il en reste 850. « Ces 850 hectares, raconte Marcel, un autre zadiste, ont été préemptés par le conseil général, puis refilés à l’État, qui les a concédés au groupe Vinci. Chaque année, depuis 2008 ou 2009, Vinci accorde des baux précaires aux anciens proprios qui ont accepté de vendre leurs terres, qui sont du coup des cumulards, car ils ont touché, et continuent pourtant à exploiter. Nous et nos amis paysans du groupe Copain2, on a fini par refuser ces baux précaires qui permettent à certains d’avoir le beurre et l’argent du beurre. Et on s’est mis à occuper les terres que Vinci concédait chaque année en attendant la construction. Depuis 2013, on s’est emparés comme ça de 270 hectares, et c’est pas fini. On veut aussi les 580 hectares qui restent. »
cf aussi le numéro 213 de Bretagne vivante consacré à NDL
cf aussi l’article de François de Beaulieu du 21 décembre 2017 sur son blog
Notre-Dame-des-landes : un livre pour comprendre 50 ans de luttes- article du 31/10/2017 de François de Beaulieu
Eloge des communs -article 27 juillet 2015 de François de Beaulieu
Une collaboration entre des habitant-es de la zad, le réalisateur Leo Leibovici et l ‘actrice Lizzie Brochere, Je n’étais jamais venue sur la ZAD est un petit film qui nous invite à un voyage intime à travers le territoire libéré de la zad, à la recherche d’espoir en ces temps tourmentés.
Vandi Moïse s’interroge sur les enjeux de la technique dans une présentation qu’il fait à l’Université de Yaoundé à propos de Jacques Ellul et les enjeux de la technique.
« En définitive, ce que j’écrivais (et mon avertissement aujourd’hui correspond exactement à celui de 1954) avait pour but de faire prendre conscience du potentiel avenir, contenu dans la Technique, de ce qui risquait de survenir étant donné la logique de croissance, afin précisément que, du fait de cette prise de conscience, les hommes de l’Occident soient capables de réagir, et de procéder à une maitrise de cette technique, qui leur échappait sans qu’ils ne s’en rendent compte. Il s’agissait véritablement d’un avertissement : un homme averti en vaut deux[2]. Jacques ELLUL.
(Jacques ELLUL (1912- 1994) est un professeur d’histoire du droit, théologien protestant et sociologue français d’ascendance maltaise. Il est, aux côtés de Habermas, Heidegger, Simondon, Leroi-Gourhan et Günther Anders, l’un des principaux penseurs au XXème siècle de la technique. Il a également été très largement cité par le critique social américain Neil Postman, notamment dans son livre Technopoly. » (kiwix)
…
Si à l’époque de René DESCARTES, on disait cogito ergo sum, c’est-à-dire la quiddité de l’homme ou son être se réduit à la pensée, c’est en pensant qu’il est davantage ; au XXIèmesiècle, ce n’est plus le cas, en ceci que nous assistons à une immixtion mieux encore à une intrusion de la technique dans tous les domaines de la vie. Nous parlerons plutôt de « cogito technologically ergo sum »[6], c’est-à-dire « je pense technologiquement donc je suis » en ce sens que tout est déterminé par ce que notre auteur appelle l’esprit technique. La pensée, l’homme lui-même, l’agriculture, l’économie, la politique, l’enseignement et la société sont tous informatisés. De la sorte, l’homme est davantage parce qu’il pense technologiquement. Tout ceci se justifie dans la domestication de la technique que nous vivons par les pays en retard, et la déification de l’économie numérique par ceux-ci. Face à un tel problème, aucun chercheur avéré soit-il ou non, quel qu’il soit et penseur ne peut rester insensible d’une part et d’autre part bouche bée à ce constant probant qui ne relève pas de l’être de raison. C’est cela qui justifie le choix de ce sujet…
Ce sont les problèmes de la technicisationqui posent problème. Notre sujet pose en lui-même son problème c’est-à-dire les enjeux de l’informatisation. Ainsi, il y a problème parce que pour Jacques ELLUL, la technique ne sert plus l’homme, c’est l’homme qui sert la technique, au lieu que la technique devienne objet au service de l’homme, c’est l’homme, constate-t-il, qui est devenu objet au service de la technique. Vu notre attachement aux choses techniques, vu notre surconsommation des choses techniques ; l’homme (et pas lui seul car il y a la nature, la culture et bien d’autres) a perdu son autonomie et sa liberté ; en ceci que pour notre auteur, le propre de la technique est de désacraliser tous les domaines dans lesquels elle intervient. Par contrecoup, c’est elle qui devient maintenant le sacré. Et c’est cela également l’avis de Martin HEIDEGGER, lorsqu’il affirme que notre attachement aux choses techniques est maintenant devenu si fort que nous sommes, à notre insu, devenus leurs esclaves.
…
L’ambivalence de la technique désigne le fait que la technique est à la fois un bien et un mal pour la société, elle a des effets positifs et des effets néfastes. Ce thème est développé par Jacques ELLUL dans la première partie du Bluff technologique, pour montrer le caractère incertain de la technique. Il dit :
Mais il ne faut pas se contenter de souligner cette ambivalence, il faut l’analyser, et je le ferai à l’aide de quatre propositions :
Tout progrès technique se paie.
Le progrès technique soulève à chaque étape plus de problèmes (et plus vaste) qu’il n’en résout.
Les effets néfastes du progrès technique sont inséparables des effets favorables.
Tout progrès technique comporte un grand nombre d’effets imprévisibles.
La loi biodiversité du 8 août 2016 inclut à terme l’usage des néonicotinoïdes. Elle n’est sans doute qu’un vaste coup fourré pour faire avaler le passage aux insectes chimériques.
…
D’autant plus que le nouvel épouvantail des Autorités, le virus Zika, ne pourrait être contrôlé, selon les grandes déclarations des multinationales criminelles de la Pharmacratie, que grâce aux moustiques chimériques d’Oxitec – alors que des soupçons plus que légitimes se font jour quant aux moustiques mutants d’Oxitec qui ont survécu, au fil des années.
…
Coïncidence des coïncidences, un rapport de 55 pages intitulé “Insectes Génétiquement Modifiés” vient d’être publié, en décembre 2015, par la Chambre des Lords du Royaume Uni. Sur les 160 et quelques articles de ce rapport, seulement quelques-uns sont imprimés en gras dans le texte: ces articles concernent l’utilisation d’insectes génétiques modifiés dans l’agriculture et ils mettent en exergue les avancées technologiques de la société Oxitec dans ce domaine.
Autre coïncidence des coïncidences, le site d’origine du moustique vecteur du virus dénommé “Zika”, au Brésil, serait le site de lâchage, durant l’été 2015, de millions de moustiques chimériques d’Oxitec.
L’un des directeurs d’Oxitec/Brésil est Glen Slade, un ancien de Syngenta. Le directeur général d’Oxitec est Hadyn Parry qui fut directeur des Sciences Végétales pendant 15 ans chez Zeneca/Syngenta. Son directeur financier est actuellement Bill Fleming, un ancien de chez Bayer. Son directeur scientifique depuis avril 2014 est Simon Warner qui fut pendant 17 années chez Syngenta.
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Aujourd’hui, et depuis quelques jours seulement, le moustique chimérique d’Oxitec n’a plus besoin de discrétion: la FDA (Food and Drug Administration) vient de l’avaliser légalement le 6 août 2016 pour les USA. Aujourd’hui, aux USA, le moustique chimérique d’Oxitec est acclamé comme étant la seule solution qui va pouvoir débarrasser le monde de ce nouvel épouvantail, le virus Zika!
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La généralisation des insectes chimériques dans l’agriculture est promue comme la prochaine révolution. En fait, ceux qui promeuvent le recours à leurs insectes chimériques, pour l’agriculture, dénoncent fortement les catastrophes générées par les technologies agricoles de Monsanto et de Syngenta à base de semences génétiquement modifiées pour résister au glyphosate ou pour intégrer le BT. Mais les membres de leurs conseils d’administration, et de leurs directoires, viennent, en grande partie, de chez Monsanto, de chez Syngenta, de chez Bayer, de chez tous les criminels qui détruisent la Biosphère… Lorsque les insectes chimériques d’Oxitec/Intrexon auront remplacé les insecticides de Syngenta, de Bayer et de Monsanto, Oxitec/Intrexon sera racheté par l’une de ces multinationales génocidaires.
C’est un livre « chargé », en dit son auteur — une « somme », comme le signale le titre. Et même une première : aucun travail de synthèse, combinant histoire économique, industrielle, mais aussi accusations, litiges ou condamnations n’avait encore été réalisé autour de cette multinationale, née en 1924 avec la Compagnie française des pétroles (CFP). Pour Alain Deneault, connaître ce passé était pourtant indispensable pour comprendre comment Total fonctionne et d’où elle tire sa puissance. Établir un diagnostic afin de lui opposer des stratégies adaptées, voilà l’ambition de De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit, paru récemment aux éditions Rue de l’échiquier – Écosociété.
Premier problème : comment définir Total ? Est-ce « une société pétrolière française » ? Car elle est constituée de 882 sociétés consolidées, opérant selon 130 législations différentes. Seuls 28 % de ses capitaux sont français, et pour le reste, canadiens, étasuniens, anglais, chinois, qatariens, etc. Elle n’est pas seulement active dans le pétrole, mais aussi le gaz, l’électricité, la pétrochimie, le solaire, les agrocarburants, les lubrifiants, la biomasse, le nucléaire, l’internet des objets ou le bioplastique. Total est donc plutôt une multinationale apatride capable de tirer son jeu d’une multitude de conjonctures, explique l’auteur.
« Comploter, coloniser, collaborer, corrompre, conquérir, délocaliser, pressurer, polluer, vassaliser, nier, asservir et régir » : ces 12 verbes d’actions sont illustrés par des histoires avérées où Total tient le premier rôle. Certaines nous sont bien connues : « l’affaire Elf » (corruption à grande échelle de dirigeants politiques) ou celle de l’explosion de l’usine AZF (dans laquelle Total et ses avocats continuent de nier toute responsabilité devant la justice), son implantation dans les anciennes colonies française transformées en enveloppes juridiques grâce aux réseaux de la Françafrique, la pollution à coups de marées noires et d’émissions de CO2, ou encore la délocalisation de ses avoirs ou activités là où la fiscalité est plus lâche…
« Il ne s’agit pas, pour des firmes comme Total, de régner sur un mode souverain, à coups de décrets et d’édits, tel un État, mais de transformer le rapport des États à la conjoncture, de façon à ce que le législateur cherche le plus possible à rendre conforme la loi aux rapports de force instaurés par les multinationales, dont la réalité acquerra le statut d’axiome. La loi qui domine ne sera plus celle des États mais celle du marché au sens d’un champ transcendant le secteur public. »
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Pour Alain Deneault ces firmes représentent le pouvoir totalitaire version XXIe siècle. « Au moment même où Hannah Arendt écrivait ses thèses sur le totalitarisme [dans les années 1950], la CFP crée la marque Total [en 1953] et se présente comme étant “totale” » insiste-t-il. Signe d’un complexe d’infériorité de la pétrolière française face à ses homologues, qu’elle cherche à résorber. « Ce qu’elle signifie alors c’est : “Nous aussi sommes un pouvoir, nous pouvons nous interposer entre les acteurs sociaux et les pouvoirs publics, et à partir de là développer des lois à valeur totalisante sur le monde” », analyse Deneault.
Le philosophe pousse cette thèse dans LeTotalitarisme pervers, un court texte qui suit la somme sur Total et en tire des conclusions d’ordre général. « Des totalitarismes d’antan à celui d’aujourd’hui, on est passé d’un ordre psychotique de domination où une autorité toute-puissante et hyper visible donne le la de la réalité sociale et judiciaire, à un ordre pervers où la loi semble s’imposer d’elle-même comme la pluie, sans que les intéressés qui le coordonnent ne se distinguent particulièrement des sujets qui la subissent. […] Les maîtres pervers […] dominent en élaborant des formes d’autorité qui passent pour objectives. C’est en cela qu’on reconnaît la finesse nouvelle du totalitarisme contemporain », écrit-il.
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Deneault plaide pour des « minorités intenses ». « Le progrès a toujours été l’œuvre de minorités. Je crois que l’important, c’est l’intensité, c’est par là que nous arrivons à valoir comme peuple, comme communauté capable d’engager des changements sociaux », soutient-il, en citant pour exemples la révolution de 1848, Occupy Wall Street et les révolutions arabes de 2011, ou encore les évènements récents en Roumanie. « Ce sont toujours des minorités qui, en intensifiant leurs mobilisations, prises de paroles et de conscience, leur présence au monde, peuvent marquer des avancées et établir des rapports de force. Et plus une minorité est intense et en phase avec une époque, moins elle est minoritaire. »
A Monsieur Cedric Villani, député LREM de la 5ième circonscription de l’Essonne,
Bonjour Monsieur le député,
Par un article du journal le Monde paru ce jour je lis que vous avez été chargé par le gouvernement d’une mission sur l’Intelligence artificielle – IA dans la suite du propos-et qu’un rapport doit être remis avant la fin de l’année.
Cet article rappelle qu’un précédent rapport a été remis sur ce sujet il y a
moins de 6 mois à François Hollande.
Le passage suivant de cet article résume votre mission :
« Elle consiste à dresser une feuille de route sur l’intelligence artificielle pour le gouvernement dans les années à venir. Quels axes actionner du point de vue économique, politique, culturel, éthique, dans l’éducation… ? Bref, tout. Avec l’idée que l’IA ne doit pas être vue comme un domaine spécialisé, mais comme l’affaire de tout le monde. »
…« ici la vocation est d’aller plus sur le terrain des recommandations très concrètes sur les actions à prendre par les uns et les autres. Et cela à l’échelle française, mais aussi européenne. »
Je lis avec satisfaction mais permettez, une certaine défiance, que vous vous interrogerez aussi sur les aspects potentiellement négatifs de l’IA et vous dites notamment : « Un certain nombre d’exemples montrent que dans certains cas l’utilisation de l’IA peut avoir des effets ravageurs sur les questions économiques et le tissu démocratique. »
Ces propos semblent presque rassurants même si les effets ravageurs dépassent l’aspect économique – vous avez sans doute pensé aussi par là social- et démocratique.
La volonté de réfléchir au plus haut niveau sur les moyens à mettre en oeuvre pour faire face au géant américain puis chinois est sans doute, dans cette stratégie de lutte économique mondialisée l’axe principal. Nous sommes donc bien dans une logique où vous allez chercher les meilleurs moyens de renforcer l’IA qui, sous-entendu serait l’avenir de l’homme et du rang de nos sociétés. Je doute que dans une telle orientation les aspects négatifs soient réellement appréciés à leur exacte valeur et pourtant je vous fais à priori confiance car vous avez en tête, comme moi, l’avenir de l’homme.
Mais de quel homme parlons-nous ? Je pense à l’Homme en tant que transcendance de l’homme actuel, et non à l’homme-machine qui va renforcer son propre mental, et devenir ainsi l’Homme-Dieu qui, de fait, deviendra tout simplement l’esclave du système-machine qu’il aura mis en place. Je pense à un humanisme spirituel tel que l’expose Wu Weiming, directeur de l’Institut supérieur humaniste à l’Université de Pékin – cf ici–
Vous avez semble-t-il des réserves par rapport aux déclarations d’Elon Musk mais vous dites « admirer son intelligence visionnaire ».
Permettez- moi de vous rappeler cette lettre signée le 10 janvier 2015 par 700 personnalités – l’appel des 700- dont Elon Musk et Stephen Hawking et que j’avais publiée sur mon site ici . Il y a effectivement là une vision que j’aimerais vous voir partager.
« Les progrès de l’intelligence artificielle sont fulgurants, mais peu de recherches sont effectuées sur les conséquences de cette révolution technologique. C’est l’avertissement émis dans une lettre ouverte par un groupe de chercheurs et d’entrepreneurs. Parmi eux, Stephen Hawking et Elon Musk. »
Enfin j’attire votre attention sur la conférence d’Elon Musk devant l’Assemblée des gouverneurs des Etats-Unis le week-end du 15 juillet 2017 relatée ici par exemple. Selon lui, l’intelligence artificielle est désormais «le plus grand risque auquel notre civilisation sera confrontée».
Pour y faire face aujourd’hui et en transhumaniste convaincu, il ne voit guère que le développement d’un de ses projets homme-machine avec l’aide d’implants cérébraux ce qui n’est pas pour nous rassurer.
Pour terminer je voudrais vous dire que je procède actuellement au regroupement des ouvrages de langue française qui nous alertent de diverses manières sur la religion du Progrès, les méfaits ravageurs qu’elle entraîne sur nos sociétés et la direction toute tracée où elle conduit l’homme.
Sous ce lien vous avez plus de 80 ouvrages d’auteurs différents qui alertent sur les aspects divers de cette dérive de nos sociétés. Je ne citerai que le premier, Lewis Mumford et je vous renvoie à l’article d’avril 1974 du Monde diplomatique à propos de son livre : « le mythe de la machine« .
S’agissant de l’IA je ne peux conclure sans évoquer le transhumanisme vers lequel nous entraîne les dérives d’un monde scientifique, industriel et technologique pour partie devenu fou et si peu contrôlé par le pouvoir politique de nos démocraties. J’ai regroupé là près de 40 ouvrages qui traitent du sujet et j’ai posté là un article sur le transhumanisme.
Je termine en espérant que cette lettre retiendra toute votre attention et celle de votre équipe. Je précise enfin que j’agis en simple citoyen intéressé entre autre par la chose publique et le devenir de l’homme mais non engagé politiquement. J’estime aussi que cette affaire est l’affaire de tout le monde et qu’en rédigeant cette lettre appuyée de ses renvois hyper-textes j’ai ainsi, à ma manière et suffisamment contribué à votre mission.
Je vous prie de croire en mes respectueuses et cordiales salutations.
Denis Brossier
le rapport rendu public le 28 mars 2018 : donner un sens à l’intelligence artificielle
La civilisation industrielle ne s’est pas imposée sans résistances. De grands esprits critiques se sont toujours levés contre la liquidation des artisans et des paysans, contre la destruction de l’environnement et le bouleversement des modes de vie, contre l’emprise du marché et des machines sur les individus. La contestation de l’idéologie du Progrès que porte aujourd’hui le courant de la décroissance se situe dans cette longue filiation. Parmi ces illustres devanciers, les cinquante penseurs présentés ici -dont les oeuvres très diverses se déploient sur les deux derniers siècles- ont de quoi alimenter les réflexions actuelles de toutes celles et tous ceux qui aspirent à une société centrée sur l’humain, et non plus soumise à la mégamachine. Leurs pensées, profondes, intemporelles et clairvoyantes, exposées dans ce livre de manière simple et didactique, remettent radicalement en cause le culte de la croissance, l’esprit de calcul, la foi dans les technologies, l’aliénation par la marchandise… Elles en appellent à une sagesse immémoriale : il n’y a de richesse que la vie.
Le romancier Jean-Baptiste Del Amo a reçu lundi 5 juin le 43e prix du Livre Inter pour son roman « Règne animal » (Gallimard), grand et âpre roman sur la dérive d’une humanité acharnée à asservir la nature et les animaux. –pour voir la présentation du livre –
Engagé dans l’association de défense des droits des animaux L214, il a aussi estimé que l’action de cette organisation, auteur de vidéos choc sur les pratiques dans certains élevages et abattoirs, avait « permis de légitimer ce combat sur la condition animale, de le porter dans l’espace public ».
»
Là gît le génie et la patte d’enfer de Jean-Baptiste Del Amo. Une éducation libertine, son premier roman (La Croix du 4 septembre 2008), qui s’était hissé jusqu’à l’ultime sélection du Goncourt, envisageait le Paris bourbeux d’Ancien Régime et tout ce qu’il charriait. Vint ensuite Le Sel(La Croix du 7 octobre 2010), chronique d’une humble famille sétoise baignant dans une névrose clanique ruisselant de père en fils. Son troisième coup de dé, en 2013, Pornographia, pistait le désir, la souillure et les rêves d’un homosexuel dans les bas-fonds de La Havane.
Avec Règne animal, l’horreur et l’épure, le haut-le-cœur et l’ampleur, la cruauté mêlée à la compassion atteignent des sommets stylistiques. Rare et précieuse émotion littéraire, qui semble rebondir avec une âpreté pleine de grâce sur les mots fameux de Musset (On ne badine pas avec l’amour) : «Le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. »
Chez Del Amo cependant, il n’y a plus rien à espérer des humains tant qu’ils profiteront sans vergogne du silence des bêtes, tant qu’ils n’auront pas pris le parti des animaux, tant qu’ils nieront l’éthique d’une zoopolitique esquissée par le livre ultime et posthume du philosophe Jacques Derrida : L’Animal que donc je suis.
En attendant une telle épiphanie, l’enfer sur terre est infligé à la proie qui devrait être partenaire. Et du berceau à la tombe, les hommes empoisonnent, brisent les os, étouffent, égorgent, éviscèrent… » – Antoine Perraud -La Croix
Le philosophe Frédéric Lenoir présente son livre Lettre ouverte aux animaux (et à ceux qui les aiment). L’ouvrage commence par une citation de Lamartine : « On n’a pas deux cœurs, l’un pour l’homme, l’autre pour l’animal. On a du cœur ou on n’en a pas ». Le philosophe a tenté de répondre à un préjugé fréquent qui consiste à dire qu’avec tous les enfants qui meurent de faim et les gens qui souffrent, s’occuper des animaux ne serait pas une priorité.
Le combat pour l’animal et pour les opprimés vont souvent de pair
Un préjugé très hypocrite, selon l’écrivain. « D’une part, c’est très hypocrite, car souvent les gens qui disent ça ne font rien pour les gens qui meurent de faim. D’autre part, on peut avoir du cœur pour tout le monde. On sait aujourd’hui que les animaux ont cette grande capacité de souffrir, alors pourquoi on les ferait sortir de notre compassion ? », s’interroge Frédéric Lenoir. Il ajoute que le combat pour l’animal et le combat pour les opprimés vont souvent de pair dans l’Histoire.
L’agriculteur-philosophe Pierre Rabhi nous invite à repenser notre vision de la politique. Entre écologie, économie, éducation et vote, l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2002 souhaite remettre le citoyen au centre des débats.
…L’écologie c’est moi, c’est mon corps, et je ne peux pas faire n’importe quoi avec mon corps, manger n’importe quoi. La Terre est vivante et doit être respectée, nous faisons partie de cette totalité. Le mental nous a séparés de la nature, c’est pourquoi il faut revenir à cette conscience que ce que je suis est régi par la vie et donc par l’écologie…
…Ce n’est pas pour rien que depuis des années je m’oppose à la croissance indéfinie. Il est stupide de vouloir croître indéfiniment. C’est cette croissance économique infinie qui crée les inégalités et les disparités incroyables. C’est pour la croissance économique que l’on démolit les forêts, que l’on détruit la terre, que la planète entière est mise en pillage. Ce réflexe stupide de gagner de l’argent est la cause de 80 % des maux de la planète…
…Au lieu d’être dans le toujours plus, il faudrait être dans la sobriété heureuse et la considérer comme l’énergie fantastique du changement social, comme je l’ai écrit dans mon livre La Puissance de la modération (2015). Au lieu de se dire “toujours plus, toujours plus” sans être jamais satisfait, prenons le génie du contentement ! Le contentement comme art de vivre.
Ce changement de valeurs est possible grâce à l’Amour, pas celui de l’intimité mais l’Amour en tant qu’énergie extraordinaire qui préexiste à nous, auquel on doit s’ouvrir. Car c’est la plus grande énergie qu’un être humain puisse déployer comme énergie constructive, un principe actif dès lors qu’un individu le reçoit en lui-même et l’exerce. Et s’il l’exerce cela donne de la justice, de l’équité dans le rapport féminin-masculin, cela donne de la compréhension. L’Amour donne tout cela, et c’est lui qui peut changer les choses.
La conception dominante du voyage en fait actuellement un exutoire destiné à s’échapper d’une morosité quotidienne. Véritable palliatif, le voyage n’échappe pas au règne du toujours plus vite, toujours plus loin dans le but de s’enfermer avec d’autres Occidentaux dans des zones déculturées transformées en parcs à touristes. Dans cette course au sensationnalisme et à la recherche des paysages grandioses, les exotiques photos seront ensuite postées sur les réseaux sociaux.
Pour la majorité des Décroissants, le voyage sans rencontre, ce n’est que du déplacement. Alors, au détour d’une interview menée par Les voyageurs du net avec Vincent Liegey, voyage au-delà des idées préconçues.
Après un cri d’alarme lancé en 2004 – « ces maladies créées par l’homme« – le Professeur Belpomme publie en 2016 ce nouveau livre : « comment naissent les maladies » qui est le résultat de 10 années de recherches qui viennent confirmer les hypothèses déjà émises en 2004.
Cette masse de donnée étudiées montre très clairement qu’il y a un lien entre la pollution de notre milieu de vie et l’apparition d’un certain nombre de pathologies. On comprend mieux aujourd’hui comment l’environnement intervient pour crééer des maladies.
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Au cours des deux ou trois dernières décennies, il y a eu une augmentation drastique et continue à travers le monde de l’incidence de nombreuses maladies ou affections telles que le cancer, le diabète de type 2, l’obésité, les allergies, la maladie d’Alzheimer, l’autisme, l’hypofertilité, les malformations congénitales, les maladies rares, etc. Aujourd’hui, la recherche est de plus en plus orientée vers les altérations biologiques (moléculaires) de l’organisme pouvant être associées à ces maladies ou troubles, et non vers les véritables causes qui les sous-tendent. Cela peut expliquer pourquoi la plupart de ces maladies ou troubles sont actuellement considérés comme idiopathiques, c’est à dire sans explication causale exhaustive. Toutefois, l’hypothèse selon laquelle cette augmentation de l’incidence est liée à des facteurs environnementaux, y compris la modification du régime alimentaire et / ou chimique, physique et / ou la dégradation biologique de l’environnement, a récemment vu le jour.
L’ECERI a donc été créé pour contribuer à combler le manque de connaissances scientifiques actuelles sur les causes environnementales de la maladie, tant dans la pratique médicale que dans la recherche, car seules quelques institutions de recherche spécifiquement consacrées à l’étude des causes environnementales des maladies, en particulier du cancer existent aujourd’hui.
La bonne nouvelle, c’est que l’expérimentation animale est officiellement interdite depuis mars 2013 dans l’Union européenne pour le développement de produits cosmétiques. La mauvaise c’est que 11,5 millions d’animaux continuent d’être sacrifiés chaque année en Europe à des fins dites « scientifiques ». Une majorité sont des rongeurs mais il y a aussi 6 000 singes, 17 000 chiens et 3 700 chats.
Les associations qui revendiquent la fin de cette expérimentation sont majoritairement constituées de chercheurs et cliniciens. C’est le cas en France d’Antidote Europe.
« Le modèle animal n’est pas un modèle biologique fiable pour des recherches destinées à l’homme. »
Le Dr Claude REISS ancien directeur de recherche en génétique au CNRS précise que chaque espèce vit dans un patrimoine génétique unique et donc aucune espèce ne peut servir de modèle biologique pour une autre espèce : « Nous ne sommes pas des rats de 75kg ! »
Il existe des alternatives selon Antidote Europe : le PTS -programme de toxicologie scientifique-où les expériences sont menées sur des cellules humaines de culture, principalement des cellules hépatiques ou neuronales, les plus sensibles aux agressions toxiques. Les 166 000 subtances chimiques actuellement commercialisées pourraient être testées en deux ans.
« On peut faire dire n’importe quoi au modèle souris. Il suffit pour cela de sélectionner la lignée génétique de souris qui donnera le résultat escompté. Le véritable cobaye au final c’est l’homme. »
Voici un long article qui fait un point détaillé à propos des risques concernant le glyphosate connu essentiellement sous sa marque Roundup suite à une publication dans la revue Lancet le 20 mars 2015 des travaux du CIRC – Centre international de recherche sur le cancer – à propos du classement par l’OMS du glyphosate comme cancérogène probable.
La mère de toute les batailles est engagée :
A l’évidence, le glyphosate n’est pas un pesticide comme les autres. Inventé en 1970 par Monsanto, dont le brevet mondial est arrivé à échéance en 1991, c’est le pesticide de synthèse le plus utilisé dans le monde. Mais c’est aussi la pierre angulaire de toute la stratégie de l’industrie des biotechnologies végétales. Selon les données de l’industrie, environ 80 % des plantes transgéniques actuellement en culture ont été modifiées pour être rendues tolérantes à un herbicide – le glyphosate, en grande majorité. Et ce, afin de permettre un usage simplifié du produit. Celui-ci détruit en effet toutes les adventices (les mauvaises herbes) sans nuire aux plantes transgéniques.
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Comble de l’embarras : l’Institut fédéral allemand d’évaluation du risque (le Bundesinstitut für Risikobewertung, ou BfR), chargé de le réévaluer au nom de l’Europe, a rendu en 2014, à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), un rapport de réévaluation écartant tout potentiel cancérogène et proposant même de relever de 60 % le seuil de sécurité actuel !
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La publication du CIRC a fait voler en éclats cette mécanique.
En France, le ministère de l’écologie a saisi en urgence, le 8 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), afin qu’elle rende un avis sur… l’avis du CIRC.
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A l’agence européenne, basée à Parme (Italie) -Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA)-, la situation est source de profond embarras, car c’est elle qui devra, in fine, jouer le rôle d’arbitre et rédiger l’avis définitif à l’intention de la Commission européenne. En fin de compte, l’EFSA, qui cherche à réparer son image mise à mal par les accusations répétées de conflit d’intérêts, a prévu de consulter l’ensemble des agences de sécurité sanitaire européennes avant de se prononcer.
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Comment expliquer de telles divergences ? « Une première raison est la nature des études qui ont été examinées par les deux groupes d’experts, explique Gérard Lasfargues, directeur général adjoint de l’Anses. Le BfR a notamment examiné des études conduites par les entreprises qui ne sont pas rendues publiques pour des questions de secret industriel, ce que n’a pas fait le CIRC. » De fait, l’agence de l’OMS ne fonde ses avis que sur des données publiques ou sur des études publiées dans la littérature scientifique, et donc préalablement soumises à la revue par les pairs (peer review).
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dernière minute : En l’absence d’une ultime décision en comité d’appel, « la Commission va respecter son obligation juridique. Nous savons très bien que nous avons une date butoir au 30 juin. Nous allons adopter une prolongation de 18 mois pour le glyphosate », a tranché le 28 juin Vytenis Andriukaitis, commissaire européen à la santé et la sécurité alimentaire, à l’issue du Conseil des ministres de l’Agriculture à Luxembourg. Le Copa-Cogeca, principal syndicat européen d’agriculteurs, avait alerté M. Andriukaitis des « coûts importants pour les agriculteurs et les consommateurs » engendrés si le glyphosate n’était pas renouvelé.
Les enquêteurs de CIWF, en collaboration avec les ONG Eyes on Animals et Animal Welfare Foundation, ont mené plusieurs enquêtes sur l’exportation d’animaux vivants en provenance de l’Union européenne vers la Turquie, le plus gros pays importateur d’animaux en provenance de l’Union Européenne. Ce que nous avons découvert est choquant et cette enquête démontre clairement la nécessité de mettre fin aux exportations d’animaux vivants de l’UE vers les pays tiers.
Avez-vous déjà entendu parler de l’antispécisme ? Cette approche part du principe qu’il n’existe pas de différences entre les espèces et considère ainsi que rien ne justifie l’exploitation des animaux par les humains “de manières qui ne seraient pas acceptées si les victimes étaient humaines”, indiquent les Cahiers antispécistes, référence actuelle du mouvement.
Le philosophe utilitariste Peter Singer, figure de proue de cette idéologie, estime en ce sens que tout être vivant sensible doit être protégé de la souffrance physique, et psychologique. En interrogeant directement les critères d’humanité et d’animalité, cette question a toujours soulevé de brûlants débats.
Aussi le philosophe Michel Onfray signait-il en août 2009 dans Siné Hebdo un article qui a été largement repris dans la communauté végétarienne. Pour cause, il soulignait à quel point les idées antispécistes, dont les fondements sont justes, peuvent atteindre des extrêmes malheureux.
Alors que l’exploitation excessive du vivant entraînée par la croissance de consommation carnée de nos régimes alimentaires est de plus en plus pointée du doigt, nous avions envie de l’interroger à nouveau sur cette question.
C’est une terrible invention des années 1990 : des cours internationales d’avocats d’affaire qui jugent les contentieux entre les entreprises et les Etats, mis sur le même plan. Malgré l’opposition de l’opinion, leur rôle s’étend tellement que même The Economist a fini par s’en émouvoir !
Pourquoi il faut s’y opposer
« Au revoir les protections environnementales européennes. Au revoir à la sécurité sociale britannique. Au revoir, pour cette raison, à la capacité, pour les électeurs dans les démocraties souveraines de déterminer la sorte de pays dans lequel ils souhaitent vivre. Toutes ces choses sont condamnées, à cause d’une clause obscure dans les accords de libre-échange que l’UE a négocié avec les Etats-Unis sur les Règlements des Différends entre Investisseurs et Etats (RDIE, ou ISDS en anglais), voici ce que disent les opposants à ces accords ». Même si The Economist qualifie cela d’exagération et persiste à trouver l’idée bonne, il affirme qu’il y a une portion de vérité dans ces affirmations.
Yuval Noah Harari – pour lire l’intégralité de l’article
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La disparition de la faune sauvage est une catastrophe d’une ampleur inouïe, mais la situation est tout aussi critique pour les animaux les plus nombreux de la planète – les animaux d’élevage. Récemment nous avons assisté à une prise de conscience croissante des conditions dans lesquelles ces animaux sont élevés, et le destin que nous leur réservons pourrait bien constituer le plus grand crime jamais perpétré dans l’histoire humaine. Si nous jugeons de l’atrocité d’un crime en fonction de l’ampleur de la souffrance et de la détresse qu’il cause à des créatures sensibles, cette affirmation radicale se justifie.
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Pour prendre la mesure de la condition absolument misérable des animaux domestiqués, nous devons nous appuyer sur les recherches approfondies menées par une nouvelle science, la psychologie de l’évolution. Du point de vue de la psychologie de l’évolution, le problème majeur de l’agriculture industrielle ne vient pas des abattoirs ou de l’exploitation des animaux, mais du mépris de leurs besoins subjectifs.
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Nous atteignons maintenant le cœur du problème. Si l’on en croit la psychologie de l’évolution, les besoins émotionnels et sociaux des vaches, des poulets se sont manifestés pendant des millions d’années à l’état sauvage, lorsqu’ils étaient effectivement indispensables à la survie et à la reproduction. Pourtant, au cours des derniers siècles – un battement de cil en termes d’évolution – les humains ont élaboré un système agricole artificiel qui permet aux animaux de survivre et de se reproduire même lorsque leurs besoins émotionnels et sociaux sont ignorés. Cependant, ces animaux continuent d’éprouver ces besoins émotionnels et sociaux, et s’ils ne sont pas satisfaits, les animaux souffrent terriblement.
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Le fait que les émotions soient fondamentales chez les mammifères a été prouvé dans les années 1950, après une série d’expériences très éprouvantes menées par le psychologue américain Harry Harlow. Harlow séparait des bébés singes de leurs mères quelques heures après la naissance. Chaque bébé singe était mis à l’écart dans une petite cage, dans laquelle Harlow avait préalablement installé deux mères factices. L’une d’elle était recouverte de fils métalliques et équipée d’une bouteille de lait à laquelle les bébés singes pouvaient téter. L’autre, de bois, était habillée de tissus qui lui donnaient l’apparence d’une vraie maman singe, sans qu’elle n’ait rien de concret à offrir au petit.
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La conclusion était incontournable : les singes doivent avoir des besoins et des désirs psychologiques qui vont bien au-delà des nécessités matérielles ; s’ils ne sont pas comblés, ils souffriront terriblement. Les bébés singes de Harlow préféraient passer du temps auprès de la mère stérile faite de chiffons parce qu’ils recherchaient un lien affectif, et pas seulement du lait. Dans les décennies qui ont suivi, de nombreuses études ont montré que cette conclusion ne vaut pas seulement pour les singes, mais aussi pour d’autres mammifères, pour les oiseaux et peut-être même pour certains reptiles et poissons. Ces découvertes ont révolutionné non seulement notre compréhension des animaux, mais aussi notre connaissance de nous-mêmes. Dans les années 1950, les enfants placés en orphelinat étaient éduqués selon un régime très sévère qui, s’il comblait leurs besoins matériels, négligeait totalement en revanche leurs besoins émotionnels. On dissuadait les enfants de jouer ou d’entretenir des liens trop étroits avec les autres enfants et les visiteurs, dans le but d’éviter l’indiscipline et la propagation de maladies infectieuses. Les résultats psychologiques de ce traitement ont été catastrophiques. Aujourd’hui nous savons que pour être heureux, les humains en général, et les enfants en particulier, ont besoin d’entretenir beaucoup de contact avec leurs semblables.
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Alors oui, l’agriculture industrielle veille à satisfaire les besoins matériels des animaux. Toutefois elle n’a aucun véritable intérêt à répondre à leurs besoins émotionnels et sociaux. Résultat : une profonde souffrance, à une échelle encore jamais vue. On peut débattre du fait qu’il s’agisse du plus grand crime jamais commis par l’humanité ; mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’une chose devant laquelle nous ne pouvons pas rester insensibles.
L’article 5 prévoit en principe des dérogations visant notamment les lanceurs d’alerte.
« Article 5
Dérogations
▌Les États membres veillent à ce qu’une demande ayant pour objet ▌l’application des mesures, procédures et réparations prévues par la présente directive soit rejetée lorsque l’obtention, l’utilisation ou la divulgation alléguée du secret d’affaires a eu lieu dans l’une ou l’autre des circonstances suivantes:
a) pour exercer le droit à la liberté d’expression et d’information établi dans la Charte, y compris le respect de la liberté et du pluralisme des médias;
b) pour révéler une faute, un comportement inapproprié ou une activité illégale, à condition que ▌le défendeur ait agi dans le but de protéger l’intérêt public général ;
c) la divulgation par des travailleurs à leurs représentants dans le cadre de l’exercice légitime par ces représentants de leur fonction conformément au droit de l’Union ou au droit national, pour autant que cette divulgation ait été nécessaire à cet exercice;
d) aux fins de la protection d’un intérêt légitime reconnu par le droit de l’Union ou le droit national . »
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Mais ce texte met à la charge du lanceur d’alerte ou du journaliste la preuve qu’il agit dans l’intérêt général :
« Malgré des améliorations d’importance par rapport à la version initiale du projet, la directive qui vient d’être adoptée soulève toujours des incertitudes quant à la question de savoir si les journalistes et leurs sources, en particulier les lanceurs d’alerte, seront protégés de façon suffisante. Les exceptions prévues à l’article 5 pour l’exercice de la liberté d’expression et d’information manquent de clarté. Les garanties apportées à la liberté des médias dépendront largement de la façon dont les gouvernements appliqueront la directive. En outre, les lanceurs d’alerte sont laissés potentiellement sans protection, dès lors qu’ils seront tenus de prouver que la révélation d’une information a été faite “dans le but de protéger l’intérêt général”. cf Reporters sans frontière
Les mythes du traité CETA selon le collectif stop TAFTA
Mythe no 1 : la nouvelle proposition sur l’arbitrage d’investissement institue une « cour publique » où siégeront des « juges »
La proposition de l’UE pour le TAFTA et le texte de l’accord avec le Canada (CETA) créent uniquement des listes restreintes d’arbitres « freelance » appelés à siéger en cas de différend, et en aucun cas une « cour publique ».
Les « juges » n’en sont pas puisqu’ils ne relèvent pas d’une magistrature indépendante et ne sont pas contraints d’arrêter leurs activités de conseillers juridiques. Les risques de conflits d’intérêts sont bien toujours réels. Le chapitre sur l’investissement du CETA donnera aux multinationales canadiennes et à 41 811 firmes américaines qui ont des filiales au Canada le droit d’attaquer les lois et réglementations françaises.
Un consensus européen se dessine : magistrats, experts et parlementaires de toutes les familles politiques rejettent cette proposition, dont ils estiment qu’elle institutionnalisera l’arbitrage privé dans les accords commerciaux de l’UE.
Mythe no 2 : le modèle agricole français est préservé
65 000 tonnes de viande bovine et 75 000 tonnes de viande de porc canadiennes à travers le CETA entreront à terme en Europe sans droits de douane. Cette libéralisation du commerce agricole va ravager la production de viande française, sans retour en arrière possible : la pression sur les prix accélèrera considérablement l’industrialisation de la production et la disparition des éleveurs.
Mythe no 3 : les normes sanitaires et sociales vont vers le mieux disant
Les chapitres sur les réglementations vont durablement modifier le processus réglementaire européen. Ils créent notamment un organe où les lobbies industriels et financiers trouveront un guichet lorsqu’ils voudront revendiquer l’allégement des règles protégeant le consommateur ou la santé au travail — encore une fois sans retour en arrière possible. Nul besoin de déréglementer dans le texte du traité lui-même, le Forum de coopération réglementaire pourra se saisir ultérieurement des réglementations les plus chères aux citoyens européens : interdiction des OGM, rinçage des viandes, hormones de croissance, législations sur les pesticides ou produits chimiques…
Mythe no 4 : le grand marché transatlantique va permettre à nos PME de se développer
L’alignement à la baisse des normes de production et de qualité des produits font que nombre de nos PME subiront la concurrence des entreprises états-uniennes dont la production est déjà alignée sur des normes au rabais, donc à moindre coût.
Pour celles de nos PME qui auraient les ressources de transformer leur offre et leur système de production, cela ne sera pas sans risque car on ne change pas un savoir faire et une culture d’entreprise d’un claquement de doigts : outre le coût financier -et humain- de tels changements, le temps de latence nécessaire pour amortir ces évolutions manquera dans la plupart des cas.
Pour les survivantes, la libéralisation plus poussée encore des services financiers renforcera la restriction des crédits que leur accordent les banques.
Pour les PME sous-traitantes des transnationales, le risque est si grand que les transnationales délocalisent aux USA certaines de leurs activités, la main d’œuvre y étant moins chère.
L’ouverture des marchés publics qui interdira aux collectivités territoriales de soutenir l’approvisionnement local mettra en très grand danger les PME qui vivent de ces marchés.
Mythe no 5 : le CETA « va promouvoir la croissance au Canada et dans l’Union européenne, et donc consolider l’ensemble de nos économies »
Aucune étude d’impact sérieuse n’augure d’effets positifs significatifs du TAFTA, et encore moins du CETA, sur notre économie et nos territoires. Pour ce dernier, l’évaluation économique conjointe du gouvernement canadien et de la Commission européenne réalisée en 2008 pour justifier l’accord prévoit une gain total de 12 milliards d’euros, soit une hausse dérisoire de 0,08 % du PIB de l’UE [1] . Pour TAFTA, l’étude CEPR (financé pourtant par toutes les plus grandes banques du monde) donne un gain par foyer fiscal de 450 euros annuels soit … 1,23 euros par jour. Ces études d’impact reposent en outre sur un ensemble d’hypothèses irréalistes et vivement critiquées par de nombreux économistes. Les risques sont en revanche avérés et ces accords éloigneront encore un peu plus la France et l’UE de l’emploi et d’une véritable transition énergétique et d’une relocalisation de l’économie.
Mythe no 6 : « La France sera également très vigilante pour que les accords commerciaux, ne remettent pas en cause, de manière subreptice, les avancées qui ont été décidées lors de la COP 21 »
Les dispositions sur l’environnement du chapitre « Développement Durable » relèvent de la généralité et des bonnes intentions ; aucune n’a la portée légale nécessaire pour primer sur les normes de protection du commerce et de l’investissement.
Les grandes entreprises pourront se saisir de l’arbitrage Investisseur-État pour s’attaquer à toute régulation environnementale ou toute loi sur le climat qui viendrait répondre aux exigences étayées par l’Accord de Paris (COP 21).
Les lobbies industriels pourront, via le processus de coopération réglementaire, remettre en cause « de manière subreptice » ces mêmes lois de lutte contre le changement climatique et édulcorer leur contenu en amont du processus politique.
Le commerce des énergies carbonées (notamment le pétrole brut et bitumineux) est fortement libéralisé.
Mythe no 7 : le Parlement français et les citoyens ne seront pas réduits au silence
Même dans le cas d’un accord mixte, c’est-à-dire comportant des dispositions relevant des compétences de l’UE et des États membres ,le CETA pourra être mis en œuvre dès l’approbation du Conseil, sans même l’assentiment nécessaire du Parlement français ! C’est le cas de tous les accords conclus par l’UE et déjà ratifiés à l’instar des accords UE-Corée du Sud, UE-Colombie/Pérou et UE-Ukraine qui étaient mis en application depuis des mois, voire des années, sans qu’aucun débat démocratique n’ait jamais eu lieu. Pire : même en cas de rejet par la représentation nationale de l’un des 28, le chapitre Investissement du CETA continuerait de s’appliquer pendant trois ans. Le débat et le vote du Parlement français interviendront trop tard pour enrayer ces dispositions inacceptables. Il n’existe qu’une façon de garantir la démocratie : refuser le traité et ses modalités d’application lorsqu’ils seront présentés, dans une seule proposition, au Conseil.
Les inquiétudes des parlementaires sont également partagées par de nombreux élus locaux : à ce jour, plus de 650 collectivités territoriales françaises se sont déclarées hors traités transatlantiques , ou en vigilance, et de nouvelles s’expriment chaque semaine. Et les mêmes critiques sont énoncées dans toute l’Europe, par des millions de personnes depuis trois ans, dont au minimum 380 000 Français .
Le Collectif Stop TAFTA demande au gouvernement français de refuser la signature du CETA et de plaider officiellement pour la cessation des négociations sur le TAFTA.
Le Monde -2 mars 2016 -pour lire l’ensemble de l’article
On croyait le CETA, accord commercial inédit entre l’Union européenne et le Canada, scellé depuis la poignée de main du 26 septembre 2014 à Ottawa entre le premier ministre canadien Stephen Harper et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Le scepticisme de l’opinion publique et les pressions de quelques Etats européens auront pourtant eu raison de ce statu quo.
Lundi 29 février 2016, Ottawa et Bruxelles ont en effet présentée une nouvelle version de leur « Comprehensive Economic and Trade Agreement », qui est loin d’être un simple “toilettage juridique” du texte présenté en 2014, comme le prétend la Commission, qui répétait il y a encore peu que la négociation était close. Les négociateurs européens et canadiens ont profité de ces dix-huit mois pour remanier discrètement, mais en profondeur, le chapitre le plus controversé du traité : les tribunaux d’arbitrage privés.
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Avant, le règlement des différends était assuré par un panel ad hoc composé de trois arbitres privés, choisis quasiment arbitrairement par les parties au conflit, et souvent soupçonnés de partialité et de conflits d’intérêts, car il leur arrivait de passer d’une affaire sur l’autre du rôle d’avocat à celui d’arbitre. En outre, la procédure se passait parfois dans un huis clos total, sans aucun document rendu public.
Désormais1, les cas seront traités par une cour permanente composé de 15 juges, nommés pour des mandats de cinq ou dix ans par les autorités canadiennes et européennes. Parmi eux figureront 5 Européens, 5 Canadiens et 5 tiers, devant justifier de qualifications juridiques et d’une expertise en droit international de l’investissement. Pour limiter le risque de conflit d’intérêts, le président du tribunal (tiré au sort pour deux ans) leur assignera des affaires aléatoirement et selon un principe de rotation, comme dans un tribunal public. Au lieu d’être payés par la défense et l’accusation, ils recevront des honoraires financés par Ottawa et Bruxelles (à un montant pas encore précisé, mais qui devrait avoisiner les 2 000 € mensuel, selon l’UE). En outre, ils pourront être récusés par les parties en cas de conflit d’intérêts avéré. Pour favoriser la transparence, le CETA prévoit une publicité des débats et des documents, limitée par la problématique de la confidentialité.
Toutefois, comme le relève Amélie Canonne, présidente de l’Aitec (Association internationale des techniciens, experts et chercheurs) et membre du collectif Stop Tafta, si ce nouveau mécanisme n’a en apparence plus rien à voir avec l’arbitrage privé, on est encore loin d’un tribunal public : “Il s’agit d’un pool d’arbitres défrayés pour être en astreinte, mais en aucun cas de magistrats, car il n’y a pas de magistrature de supervision insérée dans le système juridictionnel européen”.
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Un système d’appel encore flou
Jamais aucun traité avec ISDS n’avait jusqu’à présent prévu de mécanisme d’appel des décisions – ce qui était vivement critiqué, car l’appel est l’un des meilleurs moyens pour corriger les décisions injustes et assurer une cohérence dans la jurisprudence.
Pour la première fois, le CETA va en introduire un. Il permettra de contester toute sentence du tribunal sous 90 jours2.
Etrangement, toutefois, les négociateurs n’ont donné quasiment aucun détail sur son organisation pratique, renvoyant à une délibération conjointe de l’UE et du Canada sur ces questions qui devra intervenir “rapidement” après l’entrée en vigueur de l’accord. Certains craignent que cette “clause de rendez-vous” soit un moyen de verouiller le système d’appel en dehors de l’examen démocratique, en écartant les parlements de la décision. L’avenir le dira.
Des milliards d’euros de recettes fiscales évaporées grâce à des accords fiscaux secrets. Plus de 300 multinationales concernées, parmi lesquelles des stars de l’économie comme Apple, Amazon, Heinz, Pepsi, Ikea, Deutsche Bank…
Depuis plusieurs mois, le Luxembourg est, avec les Pays-Bas et l’Irlande, au cœur de la polémique sur les avantages fiscaux accordés aux grandesentreprises. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), chargée par le G 20 de lutter contre les pratiques d’évasion fiscale agressives des multinationales, fait pression sur ce petit Etat de l’Union européenne pour qu’il renonce à ses dispositifs fiscaux les plus controversés. Ceux-ci sont légaux, mais jugés nocifs. Ils privent les Etats de recettes fiscales substantielles, dans un contexte de disette budgétaire.
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Que révèlent ces accords fiscaux ?
Grâce à l’ICIJ, nous avons eu accès, au cours des derniers mois, à 28 000 pages d’accords fiscaux secrets (appelés tax rulings) datés de 2002 à 2010, signés entre le grand-duché du Luxembourg et 340 grandes entreprises. Ces accords proviennent tous du grand cabinet de conseil et d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC). Ils ne concernent donc que les entreprises clientes de PwC.
Ces documents montrent comment les géants du Net, des télécoms, de la finance ou de la grande consommation s’appuient sur le Luxembourg et ses règles fiscales souples, mais aussi sur les failles de la réglementation internationale, pour y transférer des profits afin qu’ils n’y soient pas taxés, ou très faiblement.
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LE LOUP DANS LA BERGERIE– 27 avril 2016
de Eva Joly (Auteur), GUILLEMETTE FAURE (Auteur)
Comment a-t-on pu placer à la tête de l’Union européenne Jean-Claude Juncker, l’homme qui incarne le cynisme des paradis fiscaux ?
L’homme n’est pas sorti du chapeau un beau matin. Il a une histoire et une oeuvre politiques. Affable et humaniste en public, il est en coulisse le protecteur de l’opacité et des arrangements occultes. Dr Jekyll et Mr Hyde. Au Luxembourg, l’hyperclasse financière dicte sa loi. La politique est soumise aux lobbies et la souveraineté se monnaie au plus offrant. Telle est sa pratique politique.
Tirer le fil Junker, c’est remonter le fil d’Ariane dans le labyrinthe de l’Europe des trente dernières années, depuis l’euphorie de la chute du mur de Berlin à la gueule de bois de Luxleaks ou des Panama Papers.
Cette histoire est vieille comme le monde : c’est celle du loup qu’on laisse entrer dans la bergerie.
Aujourd’hui, 26 avril débute à Luxembourg le procèsd’Antoine Deltour, lanceur d’alerte à l’origine des révélations Luxleaks. Il risque jusqu’à 10 ans de prison et 1 297 500 € d’amende. Comment en est-on arrivé là ? Une tribune du comité de soutien de ce lanceur d’alerte emblématique.
Les révélations Luxleaks publiées en 2014 documentent pour la première fois un système, celui de l’évitement fiscal des multinationales en Europe. Ou comment ces multinationales organisent, en toute discrétion, leur insolvabilité fiscale dans une apparente légalité. Ces grandes entreprises s’offrent les services de cabinets comptables spécialisés pour mettre sur pied des montages complexes, à la frontière de la légalité, mais validés par des administrations fiscales complaisantes. Cette optimisation fiscale profite donc à la fois à ces entreprises, aux cabinets comptables et aux États associés à ces montages. La principale conséquence, ce sont des dizaines de milliards d’euros envolés chaque année qui manquent dans les caisses des pays où ces entreprises exercent leur activité. Ces multinationales se soustraient ainsi au financement des services publics et des structures d’intérêt collectif dont elles bénéficient pourtant chaque jour : les écoles qui éduquent, les hôpitaux qui soignent, la justice qui garantit le respect du droit, les infrastructures qui permettent le transport des personnes et des marchandises…
Antoine Deltour, alors jeune auditeur financier dans un cabinet comptable luxembourgeois, a eu accès aux documents détaillant les montages qui permettent ce système d’optimisation fiscale agressive. Découvrant l’ampleur de ces pratiques et conscient de leurs conséquences, il a copié 28 000 pages de documents. Cet acte a été guidé par son éthique, au mépris de ses intérêts personnels. Etait-ce un acte de délinquance vis-à-vis de son employeur qu’il s’apprêtait à quitter après deux ans d’un travail consciencieux et reconnu de tous ? Évidemment non. C’était l’acte d’un citoyen qui n’accepte pas qu’un tel système, sous un vernis de légalité, attente insolemment au bien commun et se joue de toute forme de justice. L’acte d’un lanceur d’alerte.
manifestation Hanovre le 23 avril 2016 : entre 35 000 et 90 000 personnes – journal Est Républicain
journal La Croix, Alexis Buisson, à New York, le 24/04/2016
Traité transatlantique, les critiques des Américains
Les idées protectionnistes ont le vent en poupe aux États-Unis. L’opposition à ce projet de traité est un des rares sujets qui rassemblent l’échiquier politique.
Bernie Sanders, candidat à la primaire du Parti démocrate pour l’élection présidentielle américaine, et Donald Trump, candidat à la primaire du Parti républicain, n’ont pas beaucoup de points d’accord. Mais s’il y a un sujet qui les rassemble, c’est bien celui du libre-échange.
Ils fustigent également l’Alena (ou Nafta) qui a créé en 1994 une zone de libre-échange avec le Canada et le Mexique.
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Ce phénomène reflète les aspirations de l’électorat changeant du parti : depuis la crise économique, un nombre croissant d’ouvriers blancs, victimes de la récession et hostiles au grand patronat, a rejoint les rangs du Parti républicain.
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18 % des Américains seulement soutiennent le TTIP
Le traité transatlantique en cours de négociation n’est pas encore mentionné directement dans la campagne mais il pâtit de ce climat. Selon un récent sondage YouGov, seuls 18 % des Américains soutiennent le TTIP, contre 53 % en 2014.
« Si c’est Trump, tout peut se passer. Mais d’une manière générale, les présidents démocrates et républicains se sont toujours montrés très pro-libre-échange quelles que soient leurs positions antérieures », analyse Jeff Kucik.
Durant sa campagne, Barack Obama avait ainsi critiqué le traité Alena ainsi que des accords initiés sous George W. Bush, mais il ne les avait pas remis en cause, une fois élu à la Maison-Blanche.
pour lire l’ensemble de l’article
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Le Parisien, 07 Avril 2016,
TAFTA: 60 députés et sénateurs PS refusent que le Parlement soit « réduit au silence »
En cas d’acceptation par le parlement Européenne, et des Etats membres, quelles seraient les conséquences dans la vie de tous les jours? M. Paul Zurkinden, secrétaire national du Mouvement Républicain et Citoyen, nous répond:
« On ne connait pas le vrai contenu du traité transatlantique, puisque c’est négocié dans le plus grand secret, même les parlementaires ont un accès très restreint aux documents de négociations; le traité porte sur l’ensemble des normes, sociales, économiques, du travail, ou écologiques, qui seraient revus à la baisse afin de faciliter le commerce au niveau européen et américain. C’est donc un réel recul social au profit des revenus des acteurs multinationaux. »
1. Démocratie en danger : justice privée et « coopération réglementaire »
ce dispositif est un des plus dangereux du projet de traité. Il permettra à des entreprises privées d’attaquer les États si elles considèrent que les législations de ceux-ci compromettent leurs investissements et leurs profits.
voir ici des exemples d’états déjà condamnés suite à l’application de traités contenant un dispositif de tribunal arbitral.
2. Alimentation : La protection du consommateur n’est plus assurée !
Les États-Unis réclament que l’Europe en finisse avec le principe de précaution.
3. Agriculture : Nos agriculteurs soumis à une compétition sauvage
L’arrivée massive des viandes bon marché, produites dans des conditions beaucoup moins strictes de protection des travailleurs mais également des animaux, va conduire à la disparition des agricultures familiales qui privilégient la qualité sur la rentabilité.
4. Environnement : Un boulevard ouvert aux entreprises extractives
TAFTA, grâce aux mécanismes de règlement des différends Investisseur-État, augmente le risque que des entreprises américaines fassent pression sur les pays européens qui limitent l’exploitation des gaz et pétroles de schistes, dont la France
5. Service public… Service privé ?
Le TAFTA risque d’ouvrir une grande partie des services à la concurrence des entreprises de part et d’autre de l’Atlantique
6. Droit du travail : une mise en concurrence acharnée des travailleurs
En signant un traité de libre-échange qui « simplifiera » la totalité des échanges commerciaux (biens, services, capitaux, investissements,…) avec les États-Unis, les Européens vont être poussés à restreindre les obligations légales et réglementaires des entreprises qui opèrent dans l’UE.
7. Culture : la fin de « l’exception » et de la diversité culturelles
Depuis toujours, le gouvernement français proclame qu’il protège les échanges de biens culturels du commerce non régulé, invoquant pour ce secteur une « exception ». Il a réaffirmé cette volonté dans le cadre du TAFTA, mais la réalité invalide ces promesses.
Ce samedi 23 avril 2016, des dizaines de milliers de personnes ont défilé contre le projet à Hannovre, en Allemagne.
Le 13e cycle de négociations du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP, également connu sous le nom de Tafta) doit s’ouvrir lundi 25 avril à New York. Ce projet d’accord commercial, à la philosophie très libérale entre l’Union européenne et les Etats-Unis, est loin de faire l’unanimité. Une pétition a recueilli plus 3,4 millions de signatures. Ce samedi, des dizaines de milliers de personnes ont défilé contre le projet à Hannovre, en Allemagne.
Des maires et conseillers municipaux de toute l’Europe se réunissent à Barcelone les 21 et 22 avril à l’invitation de la Maire Ada Colau pour exprimer leur opposition aux traités transatlantiques de commerce et d’investissement qui menacent directement les compétences des collectivités territoriales.
nota : la majorité du conseil municipal de Besançon -(PS, PC, EELV-alternatifs et société civile) -a voté une motion anti-TAFTA le 18 février 2014.
La première rencontre européenne des opposants au Traité a eu lieu à Barcelone jeudi et vendredi. Entretien avec Amélie Canonne, animatrice du Collectif Stop Tafta en France.
Il y avait une nécessité d’exprimer l’opposition des élus. Notamment à l’approche de la ratification du CETA (l’accord économique et commercial global entre l’UE et le Canada scellé en septembre 2014). Nous souhaitons rassembler des élus qui iront à Bruxelles lors du sommet UE-Canada prévu fin 2016. Nous allons continuer. La ville de Grenoble s’est proposée pour accueillir la deuxième rencontre d’ici début 2017.
Jadot accuse le gouvernement de «double discours» sur le TAFTA
L’eurodéputé écologiste Yannick Jadot réagit au durcissement du gouvernement socialiste dans les négociations commerciales avec les États-Unis. « Hollande, Valls et Fekl donnent l’impression de jouer aux altermondialistes, mais la raison pour laquelle ils le font, c’est pour défendre le pire du libéralisme d’aujourd’hui », critique Jadot, qui n’y voit qu’une technique de négociation avec Washington.
Refusons le pouvoir des multinationales sur les états !
Ne laissons pas passer la signature de l’accord de libre -échange entre le Canada et l’Europe si nous ne voulons pas être livrés à la mainmise totale des multinationales nord-américaines.
La Wallonie refuse de donner les pleins pouvoirs au gouvernement fédéral belge pour qu’il ratifie le traité transatlantique. Arnaud Zacharie, secrétaire général du CNCD-11.11.11 et opposant au traité revient sur cette décision.
Alter ego du Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP/Tafta) entre les Etats-Unis et l’Union européenne, le Ceta, pour Comprehensive Economic and Trade Agreement, vient de subir un premier revers. Négocié en 2009 et signé en 2014, ce traité commercial entre le Canada et l’Union européenne a pour vocation de créer un espace de libre-échange transatlantique. Or l’annonce du rejet de la Wallonie de signer l’accord ralentit sérieusement la ratification du traité. Le ministre-président wallon, Paul Magnette, estime en effet qu’il«manque des garanties» à la ratification de l’accord commercial, et s’alarme du mécanisme d’arbitrage entre les Etats et les multinationales.
Pourquoi le refus de la Wallonie de ratifier le traité est-il un acte encourageant dans la lutte contre le Ceta ?
La contestation de la société civile est devenue officielle grâce à la prise de position de Paul Magnette. Il faut savoir que le Ceta, comme le TTIP, est un accord mixte qui nécessite l’adoption du texte par le Conseil européen et les Etats membres de l’Union. Or, en Belgique, le commerce extérieur relève d’une compétence régionale. Le pays aura donc besoin de l’unanimité des régions pour pouvoir signer le traité, et elle ne pourra pas le faire car les lignes rouges fixées par le ministre-président ne seront pas prises en compte. La Belgique ne sera pas seule. On sait déjà que la Bulgarie et la Roumanie ont annoncé clairement leur refus d’adopter l’accord en l’état, car le traité indique explicitement qu’il n’y aura pas d’échange de visa avec ces deux pays.
Premier «méga» accord dit de «nouvelle génération», le Ceta est le cheval de Troie des Etats-Unis. Il n’est censé concerner que les échanges entre le Canada et l’Europe. Or on sait que 81% des entreprises américaines présentes en Europe ont également une filiale au Canada. Les multinationales américaines auront donc la possibilité d’utiliser ce traité pour attaquer les Etats européens. On ne peut pas accepter des concessions au Canada qu’on refuserait ensuite aux Etats-Unis dans le cadre du TTIP. [Initialement programmé pour la fin 2015, le résultat des négociations ne devrait pas avoir lieu avant l’été 2016 ou 2017, en raison de nombreux barrages politiques, ndlr.]
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La ratification de ce traité serait donc selon vous une erreur de la part de l’Union européenne ?
Oui, car il existe déjà un problème majeur au sein de la construction européenne : il n’y a pas de normes communes et cela alimente le dumping social et environnemental qui ronge l’Europe depuis des années. Négocier la convergence et la compatibilité des normes sanitaires, environnementales et sociales de l’Union européenne avec celles du Canada reviendrait à effectuer un nivellement par le bas et, ainsi, à diluer la construction européenne dans un espace bien plus large.
De plus, il y a un gros souci transversal : on parle de convergence réglementaire, ce qui veut dire qu’on va aborder avec des lunettes commerciales des thèmes qui touchent à la santé, à l’environnement et au droit du travail. Tous ces sujets dépassent de loin les compétences des ministres du Commerce européens.
pour avoir une vision globale de l’information sur cet accord
Nous sommes à Poligny, petite ville du Jura, capitale du comté. Depuis mars 2014 après l’annonce de Pierre &Vacances de créer un Center Parcs dans une forêt communale au sud de la ville tous les élus locaux – région, département, communauté de communes et commune exultent : 300 emplois à la clé !
Le projet de 400 cottages construits autour d’une bulle aquatique chauffée toute l’année à 29° est présenté comme un projet qui s’inscrit dans le respect de la nature et de l’environnement. Tout est prévu pour cela : on déforeste, on installe bulle et piscines entourées de palmiers, on consomme pas mal d’eau sans trop se soucier de son impact en période de sécheresse – près de 500 m3 par jour .
Le projet prévoit des retombées financières importantes pour les collectivités à condition qu’elles réalisent un investissement de plus de 60 millions d’euros…
Enfin, le projet prévoit de créer 300 emplois dont 60% à temps plein et c’est ce qui enthousiasme les élus.
Beaucoup ne partagent pas cet avis et la contestation s’organise : projet trop défigurant de la nature, trop hasardeux pour les finances locales, beaucoup d’emplois à temps partiel et peu rémunérateurs. Un regroupement des luttes prend forme avec celles des projets similaires de Roybon en Isère et Le Rousset en Saône et Loire également engagés par le même promoteur-exploitant : Ni ici, ni ailleurs !
Toute l’information concernant ce projet et sa contestation est regroupée sous forme de liens sur une page ici. On y trouve même là un site de réflexion pour des projets alternatifs effectivement plus respectueux de la nature et des hommes et c’est donc en ce sens – qu’une telle lutte s’inscrit parfaitement sur la page « un monde à construire -un monde à déconstruire » du Temple des Consciences. Il s’agit de déconstruire ce projet de tourisme industriel et risqué à terme pour les finances locales et lui substituer des projets qui font sens autour d’une réelle harmonie de vie avec la nature. Il faut sauvegarder le paysage du Jura et son image mais aussi oeuvrer dans le respect des hommes et femmes qui vont y travailler. Il faut refuser la construction d’un Abou Dabhi jurassien réalisé en version classe moyenne par Pierre & Vacances.
Pour le Temple des Consciences, porteur d’une vision très élargie, un nouveau monde cherche à se construire sur les ruines et difficultés produites par notre ancien monde. Voir par exemple cete page : « vers un monde transrationnel ». Le Center Parc de Poligny est l’exemple parmi d’autres, de l’ancien monde qui cherche à subsister.
… Mais revenons ailleurs dans le Jura pour deux autres projets.
Il s’agit de la cession de l’Abbaye de Baume les Messieurs à la commune d’une part et des forges de Baudin d’autre part, ce dernier projet ayant fait l’objet d’une page commencée ici.
Nous avons là dans ce beau département gâté par la nature mais aussi par l’histoire trois projets dont les origines éclairent l’évolution de notre monde occidental depuis le Moyen-Âge.
Baume les Messieurs où l’abbé Bernon venu de Gigny restaura un ancien monastère au IX ième siècle avant d’aller fonder l’abbaye de Cluny en Saône et Loire. Cette abbaye qui prendra la tête de près de 2000 prieurés au XII ième siècle est donc aux origines de ce grand courant qui traversa l’Europe. L’homme est alors tourné vers le ciel.
Avec les Forges de Baudin, nous abordons un nouveau mouvement structurant de l’histoire : après la Révolution s’installent des Forges dans un ancien moulin. L’homme progressivement se détache de l’Ancien régime avec ses privilèges, il s’écarte aussi du poids de l’institution religieuse. Il remplace progressivement sa croyance par une nouvelle, celle du Progrès : demain grâce au progrès et à la science sera meilleurs qu’aujourd’hui. L’homme prend en charge son destin, les sciences entraînent dans leur sillage l’évolution des techniques et l’industrie se développe comme à Baudin. Les maîtres de forge remplacent ici la noblesse locale : le serf d’hier devient ouvrier, par contre le travail, d’une autre nature, reste harassant. L’homme se tourne vers le Progrès et le bien-être matériel qu’il apporte.
Ce monde là est derrière nous, les forges sont depuis longtemps à l’arrêt. Il reste un petit musée et quelques passionnés du patrimoine qui veulent sauvegarder ce lieu d’exception. L’industrie n’a plus aujourd’hui ni l’aura ni la puissance sociale qu’elle représentait au XIX ième et début du siècle dernier. Partout, les emplois sont soumis à l’effet de ciseaux de l’automatisation des tâches et de la délocalisation.
Nous sommes entrés économiquement dans une société de services et la France pour se défendre sur ce plan et créer des emplois veut développer au maximum son industrie touristique jusqu’à justifier là, la neige artificielle, ici à Poligny, les bulles chauffées – photo center parc de Moselle-pour que des touristes de classe moyenne puissent en quelques jours se gaver avec leurs enfants de plaisirs artificiels.
La foi dans le Progrès s’est progressivement éteinte au fur et à mesure de la prise de conscience que nous allions dans le mur. Une autre société est à construire. A la Renaissance l’homme est entré dans la modernité en s’écartant de ce qu’il appela l’obscurantisme. Il doit aujourd’hui sortir de cette modernité caractérisée par le monopole de vision des puissances des techno-industries et créer une rupture. Le Temple des Consciences appelle cette nouvelle ère, la transrationalité.
Des idées d’un autre développement sont possibles, des idées qui s’appuient sur une autre vision de l’homme et de son rapport à la nature.
Des emplois sont par exemple à créer pour sortir aussi l’agriculture du piège de l’ agriculture industrielle. cf le cahier d’acteur n°4 du Pic Noir
Localement, une association, ID JURA réflèchit à un autre futur.
Ailleurs dans le Jura, bruissent d’autres projets qui écloront je l’espère et dont le Temple des Consciences se fera alors l’écho.
C’est aujourd’hui mon anniversaire et pour fêter mes 70 printemps je vous propose d’écouter et regarder cette belle interview de Pierre Rabhi dont j’extrais ci dessous quelques idées.
Je suis admiratif de cet homme à la sobriété heureuse qui vit en harmonie avec la nature, qu’il considère comme une oeuvre de vie sacrée et qui voue son existence à réorienter le monde.
Chapeau bas monsieur Rabhi : pas de guru mais juste des propos pour une élévation de la conscience de la société civile.
Dans une interview donné à Ciel Ouvert Pierre Rabhi livre sa vision du changement du monde et les pistes pour y parvenir. Il lance le Forum civique pour 2017. Vous pouvez visionnez cette vidéo sur le site du Temple des Consciences à l’onglet « un monde à construire ».
Le Forum civique pour 2017 c’est une insurrection des consciences dans le but de faire connaître ce mouvement qui se diffuse dans la société civile.
Comment changer la société si l’individu ne change pas ? C’est impossible.
L’élément fondamental est la sobriété heureuse. C’est la seule valeur sûre. Rejeter le toujours plus et la société de la croissance illimitée.
Comment changer l’homme ? « Connais-toi toi-même ». Dans son cheminement Pierre Rabhi a beaucoup appris de Krishnamurti qui enseignait de devenir autonome et qui a refusé de devenir le Guru de qui que ce soit.
J’adhère à la vision de Socrate dit Pierre Rabhi : » Tout ce que je sais c’est que je ne sais pas « . C’est la seule certitude car sinon les philosophes développent des points de vue.
Dans le grain de blé il y a la vie qui va donner un épi avec une quarantaine de grains de blé. Dans ce grain, comme ailleurs, il y a l’Esprit qui agit au coeur de la vie. Le danger des matérialistes c’est d’avoir rejeter l’Esprit.
Mais les grandes religions monothéistes ont de leur côté séparé l’Esprit de la nature et alors qu’elles disent que celle-ci est l’oeuvre divine elles s’en sont désintéressées… jusqu’à un revirement récent.
Dès 1947, Fairfield Osborn écrivait un livre prémonitoire :le pillage de la planète (traduit en 2008). Je regrette que l’écologie politique ait totalement occulté la dimension de la beauté et l’aspect mystère de la vie. Il faut spiritualiser les actes de nos vie.
Le silence est pour moi l’acte spirituel fondamental.
Notre point de départ se fonde sur une prise de conscience : nous vivons aujourd’hui la fin de la période de la plus grande abondance matérielle jamais connue au cours de l’histoire humaine.
Une abondance fondée sur des sources temporaires d’énergie concentrée et à bon marché qui a rendu possible tout le reste.
Aujourd’hui, les dettes accumulées, dette financière, dette énergétique et dette écologique nous reviennent comme des bombes à retardement qui commencent à exploser. Les générations de ce siècle doivent se préparer à ce contrecoup en se rendant moins dépendantes des ressources non renouvelables, et en consolidant leurs réseaux de solidarités, au sein de communautés humaines renforcées.
Le vent du changement est là. Le consumérisme connaît ses derniers feux. Le moment historique que nous vivons demande un mode de pensée différent.
Sans faire de bruit, un mouvement informel composé de citoyens engagés, de communautés, d’entreprises et d’élus a entamé la transition vers le monde post carbone. Ces acteurs précoces travaillent à réduire leur consommation, à produire localement nourriture et énergie, à investir dans l’économie locale, à réhabiliter des savoirs, à préserver les écosystèmes locaux. Leurs motivations sont diverses : freiner le changement climatique, préserver l’environnement, la sécurité alimentaire, le développement économique local. L’essence de ces efforts est cependant la même : tous reconnaissent que le monde change, que la manière habituelle d’agir, fondée sur l’idée que la croissance de la production et de la consommation peut et doit continuer indéfiniment, ne fonctionne plus.
La crise globale des systèmes naturels, énergétiques et économiques forme l’étoffe de notre époque singulière.
Pour y réagir, nous sommes convaincus de la nécessité de contribuer à l’élaboration des transitions vers les sociétés de l’après-pétrole, les sociétés de sobriété.
Pris isolément, tous ces efforts sont loin de suffire. Mais une fois rassemblés, ils peuvent orienter la nouvelle société.
L’Institut Momentum se veut un laboratoire d’idées sur les issues de la société hyperindustrielle et les transitions nécessaires pour amortir le choc social de la fin du pétrole.
Alors que le Salon de l’agriculture se tient jusqu’au 6 mars à Paris, zoom sur une expérience agricole originale, celle de la ferme du Bec Hellouin, en Normandie, où l’on suit les préceptes de la permaculture. Créée en Australie dans les années 1970, la permaculture s’inspire du fonctionnement de la nature et cherche, en particulier, à reproduire les échanges invisibles existant entre les différents éléments des écosystèmes naturels. Comme l’explique cette vidéo proposée par Universcience, l’Inra et ParisAgroTech étudient depuis 2011 les rendements de la ferme qui s’avère aussi productive que des exploitations agricoles conventionnelles, mais sur une surface 10 à 12 fois moins grande.
À travers ces images tournées à l’abattoir du Vigan dans le Gard, L214 montre ce qu’endurent les animaux dans cet abattoir certifié bio. Comme en abattage standard, les animaux y sont tués dans une extrême violence.
La crise agricole actuelle ne peut justifier la poursuite de telles pratiques inhumaines effectuées parfois avec sadisme dans les abattoirs , au mépris de l’existence de la souffrance animale.
En quoi ceux qui pratiquent de tels actes, ceux qui sont responsables de telles structures, ceux qui cautionnent de telles pratiques, y compris dans le cadre de la défense d’une profession qui souffre actuellement sur le plan économique, sont-ils encore humains ?
Pour que les paysans puissent vivre dignement est-il donc nécessaire de se livrer à de telles pratiques ?
Trop , ç’est trop, ça suffit !
On peut découvrir par exemple ici un article consacré à cette belle conscience qu’est Nili Hadida.
C’est « la plus vieille lutte de France », selon les mots de Dominique Fresneau, natif de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), opposant historique au projet d’aéroport. (Sylvain Fresneau est le Président de l’ADECA -Association de Défense des Exploitants Concernés par l’Aéroport-). Depuis près de cinquante ans, le dossier « NDDL » a changé de motifs, de partisans, d’époque, mais n’a cessé de cristalliser la contestation, pour devenir, peu à peu, le symbole, selon l’expression d’usage d’associations, des « grands projets inutiles et imposés », destructeurs de terres agricoles et naturelles.
Contesté depuis ses balbutiements en 1963, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est la mère de toutes les zones à défendre (ZAD) de France. Fédérant un grand nombre d’opposants qui ont su s’organiser au fil du temps, cette ZAD a inspiré les détracteurs de dizaines de dossiers douteux, dans tous les domaines – agriculture, hydrocarbures, stockage de déchets, transports, centres commerciaux.
Acte I : Naissance du projet
Projet d’aménagement du territoire avant tout, l’idée d’un « aéroport du Grand Ouest » émerge dans les années 1960 de réflexions sur la décentralisation et le développement économique des régions. En 1965, la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (Datar) définit des « métropoles d’équilibre », qui viendraient contrebalancer l’hypercentralisation parisienne. Parmi celles-ci, Nantes-Saint-Nazaire.
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« Dégage ! on aménage »– livre paru en janvier 1976
de Jean de Legge (Auteur)
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Dès 1970, c’est le site de Notre-Dame-des-Landes qui est retenu par l’Organisme régional d’étude et d’aménagement d’aire métropolitaine (Oream) et par la direction des bases aériennes.
Un terrain plat, agricole et peu peuplé, composé de zones humides, dont l’importance écologique est alors ignorée, situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes, et où des avions américains s’étaient déjà posés en 1945.
La réalisation de l’aéroport est alors prévue pour 1985, avec des prévisions de 5 à 9 millions de passagers à l’horizon 2000 — alors que l’aéroport de Nantes-Atlantique atteignait 4,15 millions de passagers en 2014 seulement.
Acte II : le demi sommeil du projet entre 1974 et 1994
Une zone d’aménagement différé (ZAD) est créée en 1974
Elle permettra au conseil général de la Loire-Atlantique d’accumuler, par droit de préemption, de la réserve foncière, acquérant ainsi, jusqu’en 1988, 850 hectares sur les quelque 1 250 hectares prévus (qui deviendront ensuite 1 600 ha).
A peine ressurgira-t-il en 1994, à l’occasion d’un autre (très long) débat sur la construction d’un troisième aéroport parisien pour désengorger ceux d’Orly et de Roissy. Cela donne l’occasion aux partisans d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes de ressortir ce projet. A leur tête, le député PS et maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, défend cette « occasion de raccrocher à l’Europe nos régions, qui se sentent à l’écart des grands flux économiques du continent ».
Acte III : le retour, en 2000
C’est sous le gouvernement de Lionel Jospin, en 2000, que le projet ressort véritablement. Il s’inscrit dans les réflexions autour de la loi Voynet, ministre écologiste de l’aménagement du territoire, en faveur d’un rééquilibrage territorial. « La desserte aérienne des métropoles régionales est bien trop tributaire du passage par Paris », dit-elle à l’Assemblée nationale le 30 octobre 2000
D’après les opposants, c’est surtout M. Ayrault qui pousse à relancer cet aménagement, au moment où il entend réhabiliter la grande île de Nantes
Pour le maire de Nantes, il s’agit d’éviter la saturation de l’aéroport Nantes-Atlantique, d’assurer la sécurité des Nantais, de créer « quatre mille emplois »et de devenir « une ville de grands événements, de conventions ».
Après études préalables, s’ensuit un débat public entre 2002 et 2003. Il est jugé biaisé par les opposants, car n’envisageant, selon eux, aucune autre solution crédible. Le projet est validé par arrêté ministériel en octobre 2003. Puis soumis à enquête publique en 2006 et 2007 –cf site débat public -. La déclaration d’utilité publique est signée en 2008, pour un aéroport qui accueillerait à terme neuf millions de passagers, et dont le coût est estimé à 581 millions d’euros. – cf présentation projet en réunion publique-
En 2010, l’Etat signe avec Vinci un contrat de construction et de concession du futur aéroport pour cinquante-cinq ans. Les travaux doivent commencer en 2014, pour une ouverture en 2017.
Acte IV : la « guérilla » du bocage
Dès 2000, l’Adeca est réactivée et l’Association citoyenne des populations concernées par le projet d’aéroport (Acipa) est créée. Voient ensuite le jour la Coordination des opposants, en 2004, le CEDPA, en 2009, ou encore le Collectif des organisations professionnelles agricoles indignées par le projet d’aéroport (Copain), en 2011.
C’est en 2009 que la lutte contre l’aéroport prend un tournant décisif. Après une rencontre avec la revue Silence, les opposants « historiques » de Notre-Dame-des-Landes installent le premier camp action climat français. Des centaines de militants y affluent.
Erigée en symbole, la lutte dépasse les enjeux locaux, s’attirant la solidarité de nombreux habitants et agriculteurs opposants, et au-delà, des soutiens venus de toute la France et même d’Europe.
Le 16 novembre 2012, le président François Hollande réaffirme son soutien au projet. Le lendemain, une manifestation de « réoccupation » rassemble entre 13 000 et 40 000 personnes dans la ZAD, selon les estimations.
Pour sortir de l’impasse, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, annonce une commission de dialogue. Celle-ci conclura, en avril 2013, à l’utilité du projet tout en remettant en question ses mesures de compensation environnementale.
Acte IV : les décisions judiciaires et l’annonce d’un référendum
En octobre 2015, la reprise des travaux est annoncée pour 2016. Les procédures d’expulsion reprennent, à l’encontre de onze familles et de quatre exploitants agricoles.
4. Toutefois, le projet divise au sein du gouvernement. La ministre de l’environnement, Ségolène Royal, souhaite le remettre à plat, tandis que la nouvelle ministre du logement, l’écologiste Emmanuelle Cosse, y est opposée de longue date.
5. Ultime rebondissement, l’annonce faite par François Hollande, le 11 février, d’un référendum local. Celui-ci, déjà contesté autant du côté des partisans que des opposants, pose de nombreuses questions, tant sur son périmètre que sur sa formulation ou même sa légalité. Laissant planer le doute sur la possibilité de disposer d’une porte de sortie acceptable par tous qui mettrait fin à un conflit vieux de cinquante ans.
Pour découvrir ses réflexions sur Dieu, les Hommes et ses connaissances sur la Nature et les plantes je vous invite à parcourir la soixantaine d’ouvrages qu’il a écrits entre 1969 et 2015 en rejoignant la page suivante des projets de lecture : http://www.cielterrefc.fr/les-lectures-essentielles/jean-marie-pelt-dieu-lhomme-et-la-nature-en-une-soixantaine-de-livres/
Il faut parfois partir, quitter son monde, pour mieux en cerner les contours. Il y a quarante ans, l’anthropologue Philippe Descola, aujourd’hui professeur au Collège de France, a laissé derrière lui Paris, la France et l’Europe pour une immersion de trois ans chez les Indiens Achuar, en Amazonie.
L’aventure intellectuelle du jeune philosophe gauchiste faisait soudainement un « pas de côté » : elle allait conduire Descola dans les méandres d’une réflexion fascinante sur la façon dont les sociétés humaines conçoivent les relations entre humains et non-humains et « composent » ainsi leurs mondes. Car il n’existe pas, malgré les apparences, un monde donné qui serait le même pour tous, mais des mondes, dont chaque être (humain ou non humain), ou chaque collectivité, a une vision et un usage particuliers, liés à son histoire et à ses aptitudes physiques.
Ces mondes se recoupent, se superposent ou se différencient. Etudier les principes de leur « composition », c’est tout l’art de l’anthropologue ! Neuf ans après son chef-d’œuvre – Par-delà nature et culture –, Descola revient, dans un livre d’entretiens – La Composition des mondes –, sur le grand arc parcouru. Et jamais le « pas de côté » initial n’a semblé aussi pertinent pour affronter les grands problèmes contemporains.
le Monde des religions-pour lire l’ensemble de l’article
Le 30 mai à Paris se tenait la 11e Fête du bouddhisme avec, au cœur du programme, les Assises de l’écologie. Un thème cher à la jeune génération de pratiquants du dharma, qui allie, au quotidien, enseignements du Bouddha et respect de l’environnement.
Une semaine plus tôt, Olivier Wang-Genh, le président de l’UBF, (l’Union Bouddhiste de France) s’était déjà exprimé au Sénat lors d’un colloque sur le climat et les religions, rappelant deux principes fondamentaux hérités du Bouddha : la nature impermanente de l’inivers et l’interdépendance de toute chose sur la Terre. « Prendre pleinement conscience de cette impermanence, c’est arrêter d’agir comme si les ressources naturelles étaient éternelles »,déclarait-il, évoquant le nombre de 60 milliards d’animaux terrestres et marins, sacrifiés chaque année à l’appétit des humains. « Nous sommes le climat et si nous voulons que les processus en cours changent, nous devons d’abord changer nous mêmes », ajoutait-il, invitant chacun à développer altruisme, compassion et bienveillance à l’égard de tous les êtres, ainsi qu’à montrer l’exemple aux générations futures….
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Au village des Pruniers, fondé en Dordogne en 1982, par le moine vietnamien Thich Nhat Hanh, les moines et moniales accueillent chaque année des visiteurs pour des retraites méditatives. Parmi eux se trouvent de plus en plus de jeunes, selon sœur Dao Nghiên, présente à la fête.
« Avec les frères, nous avons mis en place depuis quelques années une ferme bio au village – Happy Farm – et de la permaculture – production agricole durable et respectueuse de l’écosystème. Nous offrons ainsi la possibilité à beaucoup de jeunes d’aider et d’apprendre. Cet hiver, durant la retraite de trois mois, une soixantaine sont venus. »
Le paysan-philosophe de 77 ans, chantre de l’agroécologie, ne se fait guère d’illusion sur l’issue de la COP21 et appelle à quitter le culte de la croissance indéfinie.
Il ne sortira rien de cette énième grand-messe. J’ai du mal à croire que les changements structurels nécessaires y soient actés. Il faut entrer dans une nouvelle ère, celle de la modération : modération de la consommation et de la production. Les Etats vont-ils décider d’arrêter la pêche industrielle et l’agriculture intensive, et ainsi cesser de piller les océans ou la terre ? Vont-ils réfléchir à un juste partage des ressources entre Nord et Sud ? Je n’y crois pas. Or il y a urgence, car ce n’est pas la planète qui est en danger mais l’humanité. La Terre, elle, en a vu d’autres. Ce que je reproche à la COP21, c’est de faire croire que ces discussions permettent de résoudre les problèmes, alors qu’on ne s’attaque pas aux sources des déséquilibres. C’est le même travers que celui de l’humanitaire, qui consiste à être généreux envers des personnes que le modèle a rendus indigents.
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La problématique de l’alimentation est majeure et n’est pas, en effet, traitée comme il se doit. Au Nord, l’alimentation est de plus en plus frelatée, la façon de la produire est destructrice de sols et d’environnement ; au Sud, les peuples souffrent de pénurie chronique. Il faut donc une remise en question complète de notre modèle. Vont-ils l’aborder sous ce prisme ?
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Cela fait des années que nous travaillons avec Terre et Humanisme [association créée par Pierre Rabhi il y a vingt et un ans] pour diffuser l’agroécologie, dont on parle maintenant comme étant la meilleure façon de produire.
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Quand je vois des multinationales, des groupes agroalimentaires se référer à l’agroécologie, oui je m’interroge. L’agroécologie, ne se résume pas à des techniques, mais répond à une éthique de vie qui consiste à préserver la terre en tant que patrimoine. Un parallèle peut être fait avec l’engouement actuel pour le bio.
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e bio, c’est très bien, mais on peut manger bio et… exploiter son prochain, ce n’est malheureusement pas incompatible. Ce que je veux dire, c’est que tous les beaux mots, bio, COP21… tout cela ne sert à rien si nous ne travaillons pas à une alternative, si l’humain n’entreprend pas un travail d’introspection, car le problème est en nous. Il faut évoluer, quitter le culte d’une croissance indéfinie, du toujours plus, de cette accumulation de biens, qui ferait prétendument notre bonheur. La consommation d’anxiolytiques et les inégalités sans cesse croissantes démontrent le contraire. Il faut s’engager dans la puissance de la modération, de la sobriété.
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Il ne faut pas partir vaincu, même si ce sera évidemment très difficile. Le monde de l’agriculture porte un contentieux séculaire. Le paysan a de tout temps été le « pauvre type ». La civilisation moderne l’a affublé de tous les qualificatifs négatifs. Puis un beau jour on lui a dit : « Paysan, tu vas devenir moderne, tu vas avoir des machines, tu ne seras plus un plouc mais un exploitant agricole. » On leur a fait miroiter un changement de statut et ils se sont fait piéger.
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Plutôt que de dire je suis paysan et j’en suis fier, au lieu de donner toute sa beauté à l’agriculture, la modernité les a humiliés, en a fait des martyrs. Il faudra une profonde et difficile remise en question du monde paysan pour parvenir à faire machine arrière.
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La société civile est en train de se forger un nouvel imaginaire face à un système à bout de souffle, dont le déclin se traduit par la montée du chômage, de la pauvreté et de nombreux déséquilibres. Comme ce système n’est plus rassurant, les citoyens cherchent des alternatives. Les innovations sociales qui se multiplient sur les territoires, dans l’écologie, les énergies renouvelables, l’éducation… sont autant d’expérimentations qui vont assurer le futur.
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A notre échelle, nous envisageons de lancer une plate-forme citoyenne, un forum civique qui révélera tout ce qu’entreprend la société civile. Un inventaire dynamique des alternatives, en quelque sorte, qui permettra, quelques mois avant les échéances de 2017, de montrer aux politiques ce que font les citoyens.
Des OMG autorisés en Europe, des consommateurs de plus en plus méfiants, les éleveurs et les agriculteurs français qui manifestent… Quel avenir pour l’Europe ? Un retour massif à une agriculture biologique est-il possible ?
Philippe Desbrosses, agriculteur français engagé, et pionnier de l’agriculture biologique en Europe est l’invité de notre Grand angle.
L’association L214 dévoile une enquête vidéo accablante sur l’abattoir régional d’Alès. Jamais en France, la mise à mort des animaux dans un abattoir n’avait été montrée de façon aussi transparente et détaillée.
Lire le rapport du professeur Mouthon du 8 octobre sur la visualisation des documents audiovisuels présentés par l’association L214 sur l’abattoir d’Alès
Les médias occidentaux relaient abondamment les décapitations, les appels au meurtre et les exactions perpétrés par Daech, le pseudo « Etat islamique ». Pourtant, face à cette barbarie, les populations kurdes, arabes ou yézidis de la région de Rojava, au nord de la Syrie, mettent en oeuvre un autre modèle de société, émancipateur, égalitaire, multiconfessionnel, et très démocratique. Une expérience qui pourrait même servir d’inspiration pour ramener la paix dans la région. En attendant, les Kurdes et leurs voisins combattent pour défendre cette utopie concrète, sans véritable soutien international. Entretien avec des chercheurs et activistes qui en reviennent.
es raisons d’espérer sont rares en provenance de Syrie. Mais en janvier 2015, le monde découvre, ébahi, les images de femmes kurdes en treillis qui participent à la résistance puis à la libération de la ville syrienne de Kobané. Un mouvement démocratique et anti-patriarcal vient de défaire les forces ultra-réactionnaires de l’État islamique, victorieuses ailleurs. Deux modèles de société radicalement différents se font face. Car le Kurdistan syrien fait l’expérience depuis 2011 d’une révolution démocratique inédite.
Assez vite débarrassé des forces du régime de Bachar el-Assad, le mouvement de libération kurde y a développé une organisation politique basée sur la démocratie directe, l’organisation en communes et la libération des femmes. Malgré la guerre, les attaques de l’État islamique (EI), l’embargo turc, sur fond d’indifférence de la communauté internationale, la région poursuit la mise en pratique de ce confédéralisme démocratique, un modèle de société multiconfessionnelle et multi-ethnique, sans État, pour l’émancipation de tous. Entretien avec Ercan Ayboğa et Michael Knapp, co-auteurs de Revolution in Rojava, ouvrage d’enquête militante sur cette révolution en cours au milieu du chaos syrien.
Nos sociétés exploitent et tuent des centaines de milliards d’animaux chaque année. Ces massacres ont lieu pour des motifs frivoles, pour nous procurer le superflu, des aliments non nécessaires ou d’autres types de matériaux plus ou moins utiles (cuir…). En se permettant d’agir ainsi à l’encontre des autres animaux, nous lésons gravement leurs intérêts fondamentaux à ne pas souffrir et à jouir de leur vie.
Jusqu’à récemment, nos sociétés se livraient à cette exploitation brutale et sanguinaire sans aucun scrupule, sans se poser de questions. Une idéologie omniprésente justifiait le mépris et l’indifférence envers le sort des êtres sentients qui ne font pas partie de notre espèce. On appelle cette idéologie : spécisme. Comme les autres idéologies similaires du mépris et de la domination (le racisme, le sexisme…), avec lesquelles il est d’ailleurs intriqué, le spécisme repose sur le mensonge, l’omission, le déni, la violence.
Aujourd’hui, l’ordre spéciste s’effrite. Il reste campé sur ses positions, mais celles-ci sont attaquées et succombent les unes après les autres. On reconnaît aujourd’hui de nombreuses capacités mentales aux animaux, qui jusqu’à récemment encore leur étaient déniées. On les ressent de plus en plus proches de « nous », humains, alors qu’on affirmait il y a quelques années encore qu’un abîme incommensurable nous séparait à jamais, « nous, êtres de liberté » et « eux, êtres de nature ». Surtout, on considère de plus en plus que ce qu’ils éprouvent importe, parce que cela leur importe, et que ce qu’ils vivent doit donc être pris en considération. Leurs vies et leurs morts sont essentielles pour eux, et pour cette raison sont extrêmement importantes en soi. Tout comme les nôtres, et pour les mêmes raisons. On sait aujourd’hui que nous n’avons aucune justification valable pour ne pas considérer que ce qu’ils éprouvent importe autant que ce que nous (humains) éprouvons. De plus en plus d’entre nous refusent de collaborer à leur exploitation et pensent que nous devrions considérer leurs intérêts fondamentaux de façon égale aux nôtres.
Au centre de l’ordre spéciste, la pratique banale qui consiste à manger les autres êtres sentients revient à nous signifier à nous-mêmes que leur vie ne vaut pas plus que la simple matière qui les constitue, et que notre intérêt dérisoire à sentir leurs os craquer sous nos dents vaut bien leurs vies et leurs morts. C’est un « Parce que nous le valons bien ! » que nous nous adressons à nous-mêmes et qui soude notre communauté humaine sur la distinction d’avec eux. Nous sommes les maîtres, ils sont les esclaves.
Stop #TAFTA / Accepter le traité transatlantique c’est renoncer à notre capacité de décider, de construire la société que nous voulons. Nous refusons ce marchandage entre la démocratie et les intérêts de quelques multinationales.
TAFTA, ou TTIP, sont les noms du traité de libre-échange en cours de négociation entre les États-Unis et l’Europe.
L’objectif annoncé est de faciliter les échanges intercontinentaux alors qu’ils représentent déjà 40 % du commerce mondial.
Cet accord menace les législations qui protègent les citoyens, les travailleurs et l’environnement.
Alimentation, santé, services publics, bien-être animal, OGM, données personnelles et libertés numériques, droits sociaux, environnement… tout est sur la table des négociations ! Car ces choix de société, construits démocratiquement, sont considérés par les apôtres du libre-échange comme des obstacles au commerce, un frein au profit des entreprises multinationales.
Autre danger du TAFTA, les nouveaux pouvoirs accordés aux entreprises.
Le Traité prévoit d’autoriser celles-ci à attaquer devant un tribunal privé les Etats ou les collectivités locales si elles considèrent que leurs perspectives de bénéfices sont impactées par les décisions de politiques publiques. Ainsi, Philip Morris demande-t-elle des milliards de dollars de compensation à l’Australie et à l’Uruguay parce que ces pays ont mis en place des politiques anti-tabac. Si le Traité était déjà en vigueur, des entreprises américaines auraient pu attaquer la France pour son moratoire sur les cultures d’OGM, son refus d’exploiter les gaz de schiste ou son interdiction du bisphénol A dans les biberons !
De tels procès sont actuellement en cours à travers le monde en application de traités similaires au TAFTA.
Accepter le traité transatlantique c’est renoncer à notre capacité de décider, de construire la société et l’Europe que nous voulons. Nous refusons ce marchandage entre la démocratie et les intérêts de quelques multinationales. Nous dénonçons cette négociation qui se déroule en toute opacité, sans les citoyens, contre les citoyens.
Informez-vous sur TAFTA. Parlez-en autour de vous en utilisant les outils de mobilisation disponibles. Interpelez maintenant vos élus locaux, vos parlementaires nationaux et européens pour gagner le combat citoyen contre ce traité.
Pablo Servigne est ingénieur agronome et docteur en biologie. Raphaël Stevens est expert en résilience des systèmes socio-écologiques. Ils sont tous les deux les auteurs deComment tout peut s’effondrer, Ed. du Seuil, avril 2015.
Sur les neuf frontières vitales au fonctionnement du « système Terre », au moins quatre ont déjà été transgressées par nos sociétés industrielles, avec le réchauffement climatique, le déclin de la biodiversité ou le rythme insoutenable de la déforestation. Transgresser ces frontières, c’est prendre le risque que notre environnement et nos sociétés réagissent « de manière abrupte et imprévisible », préviennent Pablo Servigne et Raphaël Stevens, dans leur livre « Comment tout peut s’effondrer ». Rappelant l’ensemble des données et des alertes scientifiques toujours plus alarmantes, les deux auteurs appellent à sortir du déni. « Être catastrophiste, ce n’est ni être pessimiste, ni optimiste, c’est être lucide ». Entretien sur Bastamag
Cofondateur du Mouvement Français pour le Revenu de base, créateur d’un site et d’un journal dédié à la question, Stanislas Jourdan affirme que le principe d’un revenu pour tous et sans condition finira nécessairement par s’imposer dans les pays développés. Interview.
J’étais journaliste pour Owni et La Tribune. Cela a commencé, comme beaucoup, en parlant entre amis dans un café. J’ai très vite adopté l’idée. Elle correspond à mes valeurs. Elle permet de dépasser les clivages et de trouver un compromis entre un système de solidarité qui ne laisse personne sur le carreau et un système plus libéral qui encourage l’initiative individuelle et la prise de risques. J’ai alors initié le site revenudebase.info, qui avait pour but de préparer le terrain pour une initiative citoyenne européenne en 2013.
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Le paysage a totalement changé en quelques années. Au départ on était 15 clampins, aujourd’hui, tous les grands médias en ont parlé au moins une fois. En Grèce, au Portugal, des collectifs se sont formés. La Suisse va lancer un référendum d’initiative populaire sur la question en 2016. En Espagne, le parti Podemos a inclus dans son programme cette idée, portée par le mouvement des indignés.
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L’hypothèse d’un revenu de base séduit à tous les niveaux de l’échiquier politique : gauche (décroissants, Front de Gauche, nouvelle donne), écologistes (Europe Écologie Les Verts), centristes (certains membres de l’UDI), libéraux (Alain Madelin, Gaspard Koenig), conservateurs (Christine Boutin), parti pirate… Seuls l’UMP et le PS restent silencieux sur la question.
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On entend souvent « c’est impossible à financer ».
Sur la question, je renvoie aux travaux de l’économiste Marc de Basquiat. Il montre qu’avec une grande réforme fiscale, notamment un impôt sur le revenu progressif et une taxe sur le patrimoine, avec la suppression des niches fiscales et diverses exonérations, la fin des allocations et des emplois aidés qui deviendraient mécaniquement obsolètes, un revenu de base supérieur à 450 euros est largement possible.
lors que l’humanité est menacée par l’effondrement des écosystèmes, Cyril, Mélanie, Alexandre et Laurent, tous trentenaires, partent à travers le monde en quête d’une solution capable de sauver leurs enfants et, à travers eux, la nouvelle génération. A partir des expériences les plus abouties dans tous les domaines (agriculture, énergie, habitat, économie, éducation, démocratie…), ils vont tenter de reconstituer le puzzle qui permettra de construire une autre histoire de l’avenir.
Selon Mohammed Yunnus, prix Nobel de la Paix, seule l’élaboration de cette nouvelle vision du futur, à partir des solutions du présent, sera assez puissante pour entraîner un grand nombre d’habitants de la planète dans la construction d’une société nouvelle ; à l’instar de ce que le rêve « du progrès » a suscité au XXe siècle.
Pour y parvenir, les protagonistes vont se rendre dans 9 pays : la France et l’île de la Réunion, le Danemark, la Finlande, l’Inde, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Suisse, la Suède et l’Islande et vivre quelques aventures…
Je suis communicateur animalier. J’entre en contact avec les animaux de manière télépathique. Voici ma première vidéo-conférence consacrée à la communication avec les animaux. Dans les prochaines vidéos, nous aborderons différents sujets dans lesquels la communication animalière peut apporter des solutions concrètes pour vous et vos petits compagnons…
Alors que nous sommes nombreux à profiter de l’été, parce que nous sommes en vacances ou que notre activité professionnelle nous laisse plus de loisir que d’ordinaire, des cris d’horreur parviennent à nos oreilles.
C’est une clameur immense, insupportable.
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Elle vient de ces centaines de dauphins qui ont été massacrés ces dernières semaines dans les îles Féroé, au nom d’une tradition danoise.
Elle vient de cette foule en délire qui applaudit en voyant un taureau supplicié dans les arènes de Béziers et de toutes les villes où la corrida est encore autorisée par la loi.
Elle prend aujourd’hui le visage – oui, je dis bien le visage – de ce lion magnifique, Cecil, qui a été attiré loin de la réserve du Zimbabwe où il vivait pour être froidement abattu par des braconniers qu’un riche dentiste américain, Walter James Palmer, a «achetés» pour 50.000 euros.
Le mal qui est en nous s’exprime sans détours dans notre rapport aux bêtes
Que personne ne dise qu’à se soucier des animaux, on oublie les hommes, les terribles souffrances que des milliards d’entre eux endurent, parce qu’il y a la guerre, qu’ils sont exploités comme des forçats ou qu’ils meurent de faim ! Car cette clameur immense qui vient de nos compagnons qui n’ont ni ordinateur ni tribunal pour nous accuser parle aussi des hommes, du mal qu’ils sont capables de commettre.
Sommet des Consciences – 21 juillet 2015, Paris
La campagne internationale « Why do I care » invite chacun à exprimer, en son âme et conscience, pourquoi la lutte contre le réchauffement climatique est importante et le concerne, à en témoigner et à le faire savoir autour de lui.
Le Tour Alternatiba parcourra plus de 5000 kilomètres pendant l’été 2015 avec des vélos tandem 3 et 4 places, pour mobiliser des dizaines de milliers de personnes autour des « vraies alternatives » au changement climatique dans la perspective de la COP21.
Ce tour en vélo 4 places partira de Bayonne le 5 juin 2015, journée mondiale de l’environnement, et arrivera à Paris le 26 septembre 2015, date d’Alternatiba Île-de-France. Pendant 4 mois, il fera étape midi et soir dans 187 territoires de l’hexagone et de 5 autres pays européens
Pourquoi?
Deux mois plus tard se tiendra à Paris la conférence des Nations-Unies sur le Climat (la COP21,).
C’est dans cette perspective historique qu’Alternatiba vise à mobiliser des dizaines de milliers de citoyens : à la fois pour faire connaître et grandir toutes les alternatives qui sont déjà à notre portée, mais aussi pour faire entendre nos voix par les dirigeants qui devront signer un accord international juste et ambitieux pour le climat.
Le mariage Gates et Monsanto : attention, danger pour le planète
La puissante Fondation Bill et Melinda Gates, dédiée officiellement à des projets philanthropiques, vient d’acquérir 500 000 actions de la société Monsanto. Grâce à un large réseau de connivences, c’est l’ouverture de nouveaux marchés pour le géant des semences agricoles génétiquement modifiées, et des menaces sur la sécurité alimentaire balayées par le grand vent des profits et de la spéculation.
Enquête.
Créée en 1994 par le fondateur de Microsoft, la Fondation Bill et Melinda Gates gère un capital de 33,5 milliards de dollars pour financer ses projets “philanthropiques”. Un joli pactole investi à hauteur de 23 millions de dollars dans l’achat de 500 000 actions de Monsanto, comme le révélait la Fondation en août 2010. Acquisition aussitôt dénoncée par le mouvement international Via Campesina1. Gates-Monsanto, union entre deux monopoles des plus cyniques et agressifs : 90 % de la part de marché de l’informatique pour la premier, 90 % du marché mondial des semences transgéniques et la majorité des semences commerciales du monde pour le second. Négation même du fameux principe du capitalisme de “concurrence de marché”.
Désormais, la Fondation Bill et Melinda Gates utilise son influence sur les politiques mondiales de développement agricole, et incite paysans et agriculteurs à utiliser les semences et produits agrochimiques génétiquement modifiés de Monsanto.
Si doute il y avait, il n’est plus de mise. La Fondation Gates vient de jeter clairement le masque de la “philanthropie”.
Pour mieux conforter son emprise, la Fondation Gates a engagé en 2006 une collaboration avec la Fondation Rockfeller, “fondation caritative” privée dotée elle aussi d’un statut fiscal privilégié et fervent promoteur des OGM à destination des populations pauvres.
Ces deux grands humanistes se sont donc alliés pour mettre en oeuvre l’Alliance for a green revolution in Africa (Agra)2, “Alliance pour la révolution verte en Afrique”, qui est en train d’ouvrir le continent aux semences OGM et aux produits chimiques vendus par Monsanto, DuPont et Dygenta.
La loi prévoit la mise en place de méthodes de substitution aux expériences sur les animaux, mais depuis 30 ans, peu de moyens ont été alloués pour favoriser leur développement.
Dépôt de motion au Grand Conseil de Genève, débat public à l’université de cette ville, fondation idoine controversée, proposition d’un programme national de recherche: l’expérimentation animale, et les principes «3R» qui lui sont associés, sont au cœur des préoccupations depuis quelques semaines. Trois «R» pour «Réduire, Remplacer, Raffiner», soit diminuer le nombre de cobayes utilisés, recourir quand cela est possible à d’autres techniques, et améliorer le design des expériences menées par les institutions de recherche et les industriels: des principes inscrits dans la loi suisse sur la protection des animaux (LPA) depuis 1993.
Mais en trois décennies, le développement des méthodes 3R n’a pas connu l’essor escompté. Elles restent sous-représentées, surtout dans les laboratoires académiques, où, en 2012, le nombre de cobayes a augmenté de 8%. Et, publiés d’ici à fin juin, les chiffres des animaux utilisés durant l’année 2013 pourraient être encore bien supérieurs, conséquence du changement du mode de comptage instauré par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV): depuis janvier 2013, il faut ajouter aux animaux utilisés dans le cadre d’expériences ceux élevés dans les animaleries et sacrifiés sans avoir subi aucune manipulation, parce que surnuméraires.
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Il existe bien une autre fondation, dont le mandat est de promouvoir la recherche dans le domaine des méthodes de substitution et de faciliter la mise en œuvre et la diffusion des principes 3R. Mais après 25 années d’existence, le bilan de cette Fondation 3R peut sembler maigre. Le choix des projets soutenus a aussi suscité des critiques, alors que certains membres de la fondation ont vu leurs propres travaux financés . En août 2012, la parlementaire Maya Graf (les Verts) a déposé un postulat pour interpeller le Conseil national sur le sujet; depuis, un nouveau président du conseil de fondation a été nommé. Mais pour Ernst Hunziker, directeur scientifique de l’institution, le problème est pécuniaire: «Nous recevons moins de 400 000 francs par an de l’OSAV. Difficile d’avoir une action efficace avec si peu.» Financée aussi pour moitié par Interpharma, la fondation n’arriverait à soutenir guère plus de cinq nouveaux projets par année.
Ce manque de moyen pour soutenir les projets 3R est également pointé dans la motion déposée auprès du Grand Conseil genevois, le 26 avril, par un groupe de députés: «Seuls 300 000 francs sont alloués chaque année par l’Unige pour des projets utilisant des méthodes alternatives.» «L’université, tout comme le Fonds national suisse (FNS), n’a pas pour mission de soutenir le développement de techniques, qu’elles utilisent ou non des animaux. Si quelqu’un peut et doit promouvoir le déploiement des méthodes 3R, c’est l’OSAV», a tenu à corriger Denis Duboule le 30 avril.
Plus d’un million d’Européens demandent la fin de l’expérimentation animale. Les tests sur des animaux ne donneraient pas le même résultat sur des hommes. Les scientifiques se mobilisent.
La Commission européenne donnera d’ici à juin une première réaction à une initiative citoyenne européenne (ICE) intitulée «Stop vivisection» qui demande l’interdiction de «l’utilisation d’animaux considérés comme des modèles biologiques de l’homme à des fins scientifiques». Derrière cette formulation technique, elle demande simplement de mettre fin à la vivisection dans la recherche fondamentale et appliquée, dans l’enseignement de la biologie et de la médecine humaine et dans la toxicologie.
L’initiative revient à l’association européenne Antidote, dont les principaux animateurs sont l’Anglais André Ménache, vétérinaire et zoologiste, l’Italien Gianni Tamino, professeur de biologie et le Français Claude Reiss, biologiste et ex-directeur de laboratoire au CNRS. «Stop vivisection» est entrée dans le domaine de politique européenne au titre d’un instrument de démocratie participative. Depuis 2011, les citoyens européens peuvent proposer des lois à condition de soutenir leur demande par au moins un million de signatures valides, récoltées dans pas moins de sept pays. Cette initiative, selon les promoteurs, a recueilli 1,2 million de pétitionnaires. La pétition appelle à l’usage «des méthodes alternatives plus fiables et très souvent plus économiques qui existent pour recueillir des données pour l’homme».
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Lundi, le député européen allemand (Vert) Martin Häusling a porté le débat aussi sur le plan éthique en décriant la souffrance des animaux. Selon lui, l’industrie doit explorer «des approches non animales qui existent et sont prometteuses». Pour sa part, l’UE n’ignore pas le débat et a déjà considérablement limité le recours à l’expérimentation animale, notamment en l’interdisant pour les produits cosmétiques. Elle songe également à mettre fin à des tests sur les grands singes comme les gorilles ainsi que sur des chiens et des chats.
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Ivan Balansard, vétérinaire et chargé de mission au CNRS, souligne d’emblée que ce n’est qu’une minorité de la communauté scientifique qui porte l’initiative «Stop vivisection». «Dans l’ensemble, la majorité s’oppose à l’arrêt de l’expérimentation animale, surtout de façon aussi radicale comme le demande la pétition.» Selon lui, les chercheurs font tout pour respecter la directive 2010 de l’UE, qui régule l’utilisation d’animaux pour la recherche scientifique et leur garantit un haut niveau de protection et de bien-être. «Nous mettons aussi en place une politique de transparence; des visites de parlementaires européens et nationaux dans nos animaleries sont prévues ces prochains mois», poursuit-il.
Le chercheur du CNRS admet qu’il y a «un déficit d’information sur l’expérimentation animale, ce qui laisse la voie libre à tous les fantasmes». Il rejette par ailleurs des chiffres «véhiculés pour faire peur» et affirme qu’en Europe, seulement 12 millions d’animaux, des rongeurs en grande majorité, font l’objet d’expérimentations. En France, le nombre a diminué de moitié en trente ans, passant de 4,5 millions en 1984 à 2,2 millions en 2011.
pour lire l’intégralité de l’article sur le site le Temps
Dans une très longue enquête, le New York Times a dévoilé le fonctionnement pour le moins choquant de l’United States Meat Animal Research Center, un centre qui mène depuis les années 1960 des recherches sur l’élevage des animaux pour l’adapter aux besoins du XXIe siècle. Officiellement, il s’agit d’« accroître l’efficacité de la production tout en maintenant un produit de bonne qualité ». En réalité, selon le journal, les expériences scientifiques qui y sont pratiquées ont pour objectif d’augmenter les naissances des vaches, des moutons ou des porcs pour profiter à l’industrie. Le centre cherche aussi à rendre les viandes « plus faciles à mâcher » et à améliorer la traçabilité.
« Peu connu en dehors de l’industrie agricole, le centre a cependant une mission qui domine toutes les autres : aider les producteurs à augmenter leurs profits alors que la tendance diététique est au poulet, au poisson et aux légumes. »
Une des particularités du centre est de ressembler à une base secrète de l’armée. D’une superficie de 88 km2, il se trouve dans le fin fond des plaines désertes du Nebraska, et est entouré de barrières de sécurité.
Une autre de ses particularités est qu’il est financé directement par le contribuable américain. Créé par le Congrès et supervisé par le ministère de l’agriculture, le centre bénéficie d’une impunité presque totale dans ses expérimentations qui se font souvent au détriment des animaux, selon l’enquête. Ce qui est d’autant plus choquant lorsqu’on sait que c’est le ministère de l’agriculture qui est chargé d’appliquer l’Animal Welfare Act, qui empêche l’abus sur les animaux dans les laboratoires de recherche.
D’anciens et d’actuels salariés du centre, des vétérinaires qui ont pu le visiter ou des responsables ont été interrogés par le New York Times. Il en ressort que les animaux sont particulièrement maltraités. « Ils s’intéressent énormément à l’augmentation de la production de l’animal, et à peine à leur bien-être », résume James Keen, un scientifique et vétérinaire qui a travaillé au centre durant vingt-quatre ans.
« Peut-être que ça ne les gêne pas parce qu’ils n’y pensent pas trop, et que personne ne les surveille. Mais la plupart des Américains et même les producteurs de viande auraient du mal à cautionner certaines des choses que ce centre a faites. »
Morts écrasés à la naissance
Au moins 30 000 animaux sont actuellement dans le centre. Depuis 1985, 580 000 y ont transité et, selon des documents obtenus par d’anciens employés, 6 500 y sont morts de faim. La maltraitance, à des degrés divers, est souvent la conséquence d’expériences dont le but est d’augmenter les naissances artificiellement :
Pour créer des agneaux plus grands, les scientifiques leur ont injecté des hormones mâles. Mais les organes génitaux de leurs bébés ont commencé à se déformer à la naissance. Devant le grand nombre de décès, l’expérience a été abandonnée.
Des mesures ont été prises pour que les truies aient plus de petits, « jusqu’à quatorze au lieu des huit habituels ». Le résultat a été la mort à la naissance de centaines de bébés, écrasés par leur mère lorsqu’elle bougeait.
Chez les vaches, l’expérience fut plus longue. Depuis 1981, le centre tente d’augmenter les naissances de jumeaux ou de triplés, pour augmenter la productivité des vaches. Grâce à des techniques d’insémination artificielle, la probabilité qu’une vache ait des jumeaux est passée de 3 pour 100 naissances à 55 pour 100 naissances. Les conséquences ont été désastreuses : les petits avaient souvent des déformations et le taux de mortalité à la naissance chez les jumeaux a atteint 16,5 %, quatre fois plus que la moyenne.
Le directeur du centre, John E. Pollak, n’a pas répondu aux questions du New York Times. Le ministère de l’agriculture a déclaré, via un communiqué, que le centre respectait les règles fédérales sur la protection des animaux. « Nous sommes aussi préoccupés que les autres par le traitement des animaux sans cruauté », a déclaré Sherrill E. Echternkamp, un scientifique qui a pris sa retraite du centre en 2013. Avant d’ajouter :
« Ce n’est pas un monde parfait. Nous essayons de nourrir une population qui se développe très rapidement, pour arriver à 9,5 milliards d’individus d’ici à 2050. Si nous voulons continuer à la nourrir, il y a des compromis à faire. »
Je suis Thibault Liger-Belair, vigneron en Bourgogne. Mon procès pour pour « vin bio » se déroule demain! Je remercie toutes celles et ceux qui me soutiennent en signant cette pétition. Je pense qu’en tant que vigneron, nous avons un réel devoir de responsabilité vis-à-vis de notre sol qui nous nourrit, des futures générations à qui on doit le transmettre et de nos clients que nous ne voulons pas empoisonner. Je ne m’attendais pas à avoir le soutien d’autant de monde, c’est une bonne chose. Cela me pousse à aller jusqu’au bout de ma démarche. »
Retrouvez ci-dessous l’email originel d’Avaaz:
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Chères amies, chers amis,
Transformer son champ en cimetière d’insectes. Voilà ce qu’a refusé de faire un vigneron de Bourgogne en s’opposant à l’empoisonnement forcé de sa terre par des insecticides. Pourtant demain, il doit être jugé en correctionnelle pour cela! En nous unissant, nous pouvons dénoncer cette aberration et protéger l’avenir d’une agriculture saine en France.
Thibault a refusé d’appliquer un arrêté préfectoral qui impose l’usage préventif de pesticides contre une maladie des vignes. Les alternatives non-chimiques existent; mais elles ne pourront se développer que si la démarche des paysans bio est respectée. Avec un tollé citoyen d’ampleur inédite, nous pouvons mettre fin à ces politiques qui sont des coups de massue frappant à l’aveugle des régions toutes entières.
Ne laissons pas Thibault, ni aucun autre agriculteur bio à l’avenir, payer pour avoir refusé d’utiliser du poison! Signez et relayez largement cette pétition: nous la remettrons au Préfet, accompagnés d’une délégation de fermiers, pour lui demander d’arrêter les poursuites et faire de ce cas un précédent clef dans la protection de la filière bio en France:
La France est le 3ème consommateur au monde de pesticides. Ces produits chimiques anéantissent des milliers et des milliers d’insectes, empoisonnent les paysans, contaminent durablement nos sous-sols, notre air et notre eau. Ils peuvent avoir leur utilité pour protéger nos cultures des maladies les plus meurtrières; mais leur recours doit rester mesuré, étudié au cas par cas, et complété par les alternatives respectueuses de l’environnement.
Un autre paysan s’était opposé l’année dernière à l’usage préventif de pesticides; il a été relaxé en appel grâce à un soutien citoyen sans faille!Répétons cette victoire et montrons que son cas n’était pas un accident de parcours. Si la France veut à terme réduire drastiquement sa consommation de pesticides, elle doit commencer par respecter l’agriculture biologique. Celle-ci n’est pas une lubie: c’est un choix de société, le monde de demain que nous voulons construire ensemble.
Le gouvernement a pris des engagements allant dans le bon sens: une réduction de l’utilisation des pesticides de moitié prévue d’ici 2050, une initiative encourageant les maires à bannir les pesticides de leurs communes… Ces avancées nationales n’auront de sens que si l’on cesse, sur le terrain, de pousser les agriculteurs à en consommer toujours plus! Demandons au préfet de Saône-et-Loire de respecter la ligne directrice ministérielle et de mettre fin aux arrêtés préfectoraux abusifs:
Nous sommes déjà 1 million dans le monde à avoir refusé que l’herbicide Roundup de Monsanto, classé cancérigène, soit encore utilisé par les cultivateurs. En France, 189 000 membres de notre communauté se sont rassemblés pour s’opposer à l’élevage intensif. Le message est sans équivoque: nous voulons une agriculture durable qui respecte la planète et la vie qu’elle abrite, sous toutes ses formes. C’est aujourd’hui l’opportunité de faire un pas de plus dans la bonne direction, ensemble.
Blue Bees est une plateforme sur laquelle les internautes peuvent placer leur argent pour financer des projets agroécologiques. Avec une conviction forte : si on veut changer les règles du jeu, il faut jouer avec les mêmes règles que celles des banques. Blue Bees a donc été la première plateforme de crowdfunding à obtenir le feu vert de la Banque de France pour pratiquer le prêt rémunéré. Au départ, seulement à l’étranger, mais depuis l’entrée en vigueur de la loi sur l’économie sociale et solidaire, également en France. La grande majorité des projets proposés par Blue Bees est économiquement viable dans le domaine de l’écologie et de l’alimentation.
On peut par exemple soutenir une coopérative de Noix de Cajou au Costa Rica, qui a besoin de préfinancement pour effectuer ses récoltes. L’emprunt, remboursé au bout de six mois avec 1 % d’intérêts, soutient le commerce équitable, l’emploi de 80 agriculteurs et une activité respectueuse de l’environnement. En France, nous proposons de soutenir le développement de Treez, un projet qui permet à chacun de planter un arbre en achetant un bracelet, en partenariat avec l’initiative Pur Projet, menée par Tristan Lecomte, un pionnier de l’agroécologie. Il y également un projet de ferme en Haute-Normandie qui servira a prouver que l’agriculture bio permet aussi d’améliorer la qualité de l’eau locale.
Cela fait des années que cette nouvelle était attendue en France, non seulement par les étudiants mais aussi par tous ceux intéressés par le droit et l’éthique se rapportant à l’animal.
Et voici désormais que le CEERE (Centre Européen d’enseignement et de recherche en éthique) de l’université de Strasbourg proposera, à partir de septembre 2015, deux unités d’enseignement (UE) spécifiques – « Droit de l’animal » et « Éthique animale » – dans trois des parcours du Master « Ethique et sociétés », offrant ainsi la possibilité d’obtenir un Master Ethique et société:
– Parcours « Ethique médicale et bioéthique »
– ou « Ethique et droits de l’homme »
– ou « Ethique, économie et sociétés »
avec à chaque fois une spécialisation sur la question animale.
À noter que ces deux UE pourront aussi être suivies en Formation continue (non diplômante).
Public concerné :
Étudiants intéressés par l’éthique animale et le droit de l’animal de par leur formation initiale ou professionnels (avocats, membres de comité d’éthique, membres des bureaux d’expérimentation animale, personnel de la direction départementale de la protection des populations, personnel des institutions ou associations de bien-être et de protection animale, personnel des commissions spécialisées du parlement européen et du conseil européen, des secteurs RH ou R&D des industries agroalimentaires ou pharmaceutiques, vétérinaires).
– Une formation unique en France !
– Des informations plus précises suivront.
Ce projet de cours de droit de l’animal est le fruit du travail d’un groupe constitué de:
Cédric Sueur, Maître de conférences de l’université de Strasbourg ;
Marie-Jo Thiel, Professeur des universités, directrice du CEERE,
Christel Simler, Maître de conférences en droit privé
Jean-Marc Neumann, Juriste, Secrétaire Général et Coordinateur de l’EuroGroup for Animal Law Studies (EGALS) et Fondateur du site Animal et Droit (www.animaletdroit.com)
Christel Simler, le Prof. Olivier Le Bot ,Professeur agrégé de droit public à Aix-Marseille et Jean-Marc Neumann enseigneront dans le cadre de l’UE « Droit de l’animal ».
Afin que ce projet soit une grande réussite j’incite et encourage tous ceux qui attendaient des cours de droit de l’animal en France à venir nombreux s’inscrire à cette UE ou à suivre la session de formation continue qui sera ouverte parallèlement.
Renseignements : cedric.sueur@unistra.fr
Le groupe des Verts-ALE a voté contre le rapport de la libérale Frédérique Ries sur la nouvelle procédure d’autorisation des organismes génétiquement modifiés dans l’UE. Suite à l’adoption du rapport par le parlement européen, José Bové, membre de la Commission agriculture-développement rural et de la délégation UE-USA, a déclaré:
« Avec cette procédure de renationalisation des autorisations des OGM, l’Union européenne jette l’éponge pour laisser aux Etats la possibilité théorique de négocier directement avec les compagnies leur opposition à l’introduction d’OGMs sur leur territoire. La Commission européenne renonce par-là à ses fonctions de défense de l’intérêt général et lui préfère une Europe des OGMs à la carte.
Plus grave encore, en donnant l’impression de redorer le blason de la subsidiarité et de la souveraineté nationale, cette nouvelle procédure institutionnalise le rôle des multinationales.
Chaque Etat devra donc leur signifier son intention d’interdire les ogms qu’elles veulent lui vendre et obtenir leur accord pour être légitimé à ne pas suivre la décision d’autorisation qui sera donnée par la Commission. L’intérêt général, les règles pour la cohabitation des cultures, l’évaluation des risques et la santé publique, autant de questions reléguées au second plan.
Enfin, aucune garantie juridique n’est donnée aux Etats « récalcitrants » dont la décision « souveraine » déplairait aux compagnies qui entameraient alors une procédure devant un tribunal arbitral ou devant l’OMC. La décision d’aujourd’hui colle donc à l’esprit du temps. Celui de puissances publiques qui non seulement ne cherchent plus à réguler mais se lient également les mains au profit des intérêts privés. Une démission politique qui résonne avec ce que nous rencontrons actuellement dans le cadre des négociations transatlantiques. En particulier sur les Cours privées d’arbitrage entre Etats et compagnies qui court-circuitent les tribunaux et minent toujours plus les Etats dans leurs fonctions régaliennes.
Beaucoup pensent que l’Europe est impuissante. Force est de reconnaître qu’en tout cas l’UE dans son ensemble et les Etats individuellement y travaillent méthodiquement. »
Écrivain, physicienne, prix Nobel alternatif, la militante écologiste indienne Vandana Shiva est une résistante infatigable contre les entreprises qui pillent son pays, comme Monsanto. Elle pose un regard lucide sur les enjeux de la période : crise écologique, financière, protectionnisme, risque nucléaire, OGM… Quelle civilisation sommes-nous en train de construire ? Comment redonner du pouvoir aux citoyens face aux multinationales ? Comment construire de réelles alternatives globales ?
Le 19 mars 2015 : La Fondation Nicolas Hulot salue les avancées et appelle à maintenir un cap ambitieux Dans le cadre de la discussion sur le projet de loi relatif à la biodiversité, l’Assemblée Nationale a adopté ce matin deux amendements visant à restreindre l’usage des pesticides néonicotinoïdes, reconnus pour leurs ravages sur la santé des pollinisateurs et pour leurs risques sur la santé humaine. L’amendement n°1077 modifié va permettre de soutenir les projets de groupements d’intérêt écologique et économique (GIEE) travaillant à la suppression des néonicotinoïdes dans le cadre du plan Ecophyto 2. L’amendement n° 754 vise à mettre en place un moratoire sur ces produits à compter du 1er janvier 2016. La Fondation Nicolas Hulot salue ces avancées, tout en ayant bien conscience des questionnements que pose la mise en place d’un tel moratoire national. Au gouvernement maintenant de traduire ce cap ambitieux en actes. Lors des discussions, Ségolène Royal a également rappelé que la France s’engage au niveau européen pour mettre en révision, dès cette année, l’interdiction des 3 substances précédemment interdites ainsi que l’élargissement à d’autres substances et s’est engagée à adopter rapidement un plan de sauvegarde des abeilles et des pollinisateurs. La FNH prend acte positivement de ces engagements du gouvernement qui font suite à nos nombreuses interpellations et aux déclarations de François Hollande lors de la conférence environnementale.
A l’occasion du 3e Forum France Culture, « L’année vue par les sciences », organisé dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, le samedi 14 février, c’est le thème « Droit des animaux : le nouvel humanisme des sciences ? » qui nous a donné envie de réunir trois invités phares, Florence Burgat, Jean-Claude Ameisen, et Georges Chapouthier pour un débat passionnant et passionné. Un sujet de société qui, depuis octobre 2013, date de la parution du Manifeste des 24 (signés par 24 intellectuels allant de Matthieu Ricard à Boris Cyrulnik, en passant par Elisabeth de Fontenay, Luc Ferry, Danièle Sallenave, Edgar Morin..) jusqu’au vote d’un nouveau texte du code civil français cessant de considérer les animaux comme des ‘biens meubles’, a marqué l’année écoulée.
Que dit le droit de la place faite aux animaux et de leur statut ? Qu’est ce que la science a mis en évidence en matière de sensibilité et de douleur ? De quelle façon éthique et science co-évoluent ? La recherche peut-elle se passer des expérimentations ? Comment la société d’aujourd’hui compose t-elle avec ses contradictions (entre une tendance à s’opposer aux violences faites aux animaux et l’acceptation, par exemple, des élevages industriels et intensifs, des abattages peu scrupuleux, des tests de l’industrie cosmétique…) ? Y a t-il des solutions et voies alternatives pour demain ?
Débat enregistré en public le samedi 14 février, dans le Grand amphithéâtre de la Sorbonne, en partenariat avec Parsi-Sorbonne, l’Université Pierre et Marie Curie, Universciences, L’Obs et Sciences et Vie, et avec nos trois invités :
Florence Burgat, philosophe et directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), dont le dernier livre La cause des animaux. Pour un destin commun , paraitra en mars chez Buchet-Chastel.
Georges Chapouthier, docteur en neurobiologie et en philosophie, directeur de recherche émérite au CNRS, son dernier livre Le chercheur et la souris, écrit avec Françoise Tristani-Potteaux, et paru au CNRS éditions, mêle parcours de vie, carrière scientifique et interrogations sur les droits des animaux.
Jean-Claude Ameisen, médecin et chercheur, professeur d’immunologie à l’université Paris Diderot, Président du Comité consultatif national d’éthique(CCNE), producteur de l’émission « Sur les épaules de Darwin » sur France Inter. Il vient de publier Retrouver l’Aube, troisième opus de Sur les épaules de Darwin (les Liens qui Libèrent, France Inter, novembre 2014).
Dès le premier sommet de la Terre en 1972, le chercheur américain Dennis Meadows partait en guerre contre la croissance. A la veille de la conférence «Rio + 20», il dénonce les visions à court terme et dresse un bilan alarmiste.
En 1972, quatre jeunes scientifiques du Massachusetts Institute of Technologie (MIT) rédigent à la demande du Club de Rome un rapport intitulé The Limits to Growth (les Limites à la croissance). Celui-ci va choquer le monde. Leur analyse établit clairement les conséquences dramatiques d’une croissance économique et démographique exponentielle dans un monde fini. En simulant les interactions entre population, croissance industrielle, production alimentaire et limites des écosystèmes terrestres, ces chercheurs élaborent treize scénarios, treize trajectoires possibles pour notre civilisation.
Nous sommes avant la première crise pétrolière de 1973, et pour tout le monde, la croissance économique ne se discute pas. Aujourd’hui encore, elle reste l’alpha et l’oméga des politiques publiques. En 2004, quand les auteurs enrichissent leur recherche de données accumulées durant trois décennies d’expansion sans limites, l’impact destructeur des activités humaines sur les processus naturels les conforte définitivement dans leur raisonnement. Et ils sont convaincus que le pire scénario, celui de l’effondrement, se joue actuellement devant nous.
«
Il y a deux façons d’être heureux : avoir plus ou vouloir moins. Comme je trouve qu’il est indécent d’avoir plus, je choisis de vouloir moins.
»
……
Il ne faut pas se leurrer : quand quelqu’un se préoccupe d’économie verte, il est plutôt intéressé par l’économie et moins par le vert. Tout comme les termes soutenabilité et développement durable, le terme d’économie verte n’a pas vraiment de sens. Je suis sûr que la plupart de ceux qui utilisent cette expression sont très peu concernés par les problèmes globaux. La plupart du temps, l’expression est utilisée pour justifier une action qui aurait de toute façon été mise en place, quelles que soient les raisons.
……..
C’est fini, la croissance économique va fatalement s’arrêter, elle s’est déjà arrêtée d’ailleurs. Tant que nous poursuivons un objectif de croissance économique «perpétuelle», nous pouvons être aussi optimistes que nous le voulons sur le stock initial de ressources et la vitesse du progrès technique, le système finira par s’effondrer sur lui-même au cours du XXIe siècle. Par effondrement, il faut entendre une chute combinée et rapide de la population, des ressources, et de la production alimentaire et industrielle par tête.
Nous sommes dans une période de stagnation et nous ne reviendrons jamais aux heures de gloire de la croissance. En Grèce, lors des dernières élections, je ne crois pas que les gens croyaient aux promesses de l’opposition, ils voulaient plutôt signifier leur désir de changement. Idem chez vous pour la présidentielle. Aux États-Unis, après Bush, les démocrates ont gagné puis perdu deux ans plus tard. Le système ne fonctionne plus, les gens sont malheureux, ils votent contre, ils ne savent pas quoi faire d’autre. Ou alors, ils occupent Wall Street, ils sortent dans la rue, mais c’est encore insuffisant pour changer fondamentalement les choses.
……
Le système reste un outil, il n’est pas un objectif en soi. Nous avons bâti un système économique qui correspond à des idées. La vraie question est de savoir comment nous allons changer d’idées. Pour des pans entiers de notre vie sociale, on s’en remet au système économique. Vous voulez être heureuse ? Achetez quelque chose ! Vous êtes trop grosse ? Achetez quelque chose pour mincir ! Vos parents sont trop vieux pour s’occuper d’eux ? Achetez-leur les services de quelqu’un qui se chargera d’eux !
Nous devons comprendre que beaucoup de choses importantes de la vie ne s’achètent pas.
De même, l’environnement a de la valeur en tant que tel, pas seulement pour ce qu’il a à nous offrir.
En Quête de Sens, un documentaire de Nathanaël Coste et Marc de La Ménardière, réalisé sans producteur ni conservateur, mais avec le soutien de 963 coproducteurs. Sortie 28 janvier 2015. Pour en savoir plus www.enquetedesens-lefilm.com
Ce film raconte le voyage initiatique de deux amis d’enfance partis à la rencontre de ceux qui pensent et incarnent le monde de demain.
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Dans la série des livres et des auteurs qui ont nourri notre quête, nous vous présentons aujourd’hui Vers la sobriété Heureuse de Pierre Rabhi.
Pour le décrire, un extrait de la 4ème de couverture lue par Marc à la minute 27′ du film : « J’avais alors vingt ans, et la modernité m’est apparue comme une immense imposture. » Editions Actes Sud
De l’Algérie de ses ancêtres, aux usines d’ïle de France jusqu’à son Installation en Ardèche avec Michelle, Pierre Rabhi décrit la redécouverte d’un mode de vie plus simple et rempli de joie. Si nous n’avons pas vocation à faire un « retour à la terre » comme Pierre Rabhi, le livre nous a interrogé sur le mode de vie que propose la société moderne, sur les « outils » qui souvent se retournent contre les utilisateurs.
Il peut nous aider à prendre du recul sur l’époque dans laquelle nous vivons qui prône l’hyperconsommation comme modèle unique alors que les ressources s’épuisent inexorablement. Il ne s’agit pas pour nous de nier les acquis de la modernité, mais de ne pas perdre de vue d’où nous venons et quelle responsabilité nous avons vis à vis du vivant.
Autrement dit, « la question n’est pas tant de savoir quelle planète nous allons laisser à nos enfants mais quels enfants allons-nous laisser à notre planète ?»
La philosophe Florence Burgat commente le statut de «personne non humaine» accordé par la justice argentine à Sandra, orang-outan du zoo de Buenos Aires.
Sandra n’a plus le droit d’être détenue par le zoo de Buenos Aires. Le 21 décembre, un tribunal argentin accordait le statut de «personne non-humaine» à cette orang-outan de 29 ans, et lui reconnaissait le droit à la liberté. L’animal ne retournera probablement pas à la vie sauvage car elle n’est plus capable de vivre dans son habitat naturel.
La philosophe Florence Burgat, directrice de recherche à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) et corédactrice en chef de la Revue semestrielle de droit animalier, offre un éclairage sur cette décision insolite. Selon elle, le droit des animaux doit être repensé de façon radicale. Alors qu’en France, les animaux devraient passer, en janvier, de «biens meubles» à «êtres vivant doués de sensibilité» dans le code civil français, après troisième et dernière lecture du texte au Parlement, la chercheuse se dit favorable à l’introduction de droits fondamentaux communs à tous les êtres sensibles, ainsi qu’à des droits particuliers.
Les grands singes avaient déjà acquis des «droits humains» en Espagne, en 2008. Pourquoi ces animaux en particulier ?
Les associations de défense des animaux parviennent à attirer l’attention du législateur sur le cas des grands singes car c’est à leur propos que la recherche est le plus avancée. Des études poussées montrent qu’ils peuvent souffrir, qu’ils ont des émotions. C’est pour le chimpanzé que ça a été le plus mis en évidence : une vie relationnelle, des formes complexes de conscience, une identité… Il ne s’agit pas de penser les animaux sur le modèle humain, mais plutôt de prendre en considération le sol commun aux êtres vivants doués de sensibilité et de vie psychique. Il est curieux d’entendre certaines personnes estimer que prêter aux animaux des qualités propres au vivant doué de vie psychique revient à faire de l’«anthropomorphisme». Comme si le fait d’être impliqué dans sa vie, d’avoir des relations, de voir, de sentir, d’aimer ou de détester, etc., était propre à l’homme ! C’est une réaction purement idéologique. Comme si l’humain avait le monopole du sensible alors que c’est le propre des organismes psychophysiques. Reconnaître que les animaux existent en première personne, vivent leur vie en propre, ce n’est pas les humaniser, c’est reconnaître leur caractère d’être vivant !
Quelles autres espèces pourraient être reconnues pour leur sensibilité ?
Des critères similaires sont présents chez tous les vertébrés, les mammifères, les oiseaux. Pour les poissons, c’est beaucoup plus flou car les études sur ces espèces sont moins avancées. C’est un sujet qui intéresse moins. Pourtant il n’y a aucune bonne raison de les exclure de cette considération. Il existe aussi des zones d’ombre. La question n’est pas tranchée pour les animaux dits «inférieurs» qui vivent en colonie et dont l’individualité est moins marquée. Certains coquillages et insectes par exemple.
Doivent-ils avoir les mêmes droits que les êtres humains ?
Non, bien évidemment, il ne s’agit pas d’appliquer les droits humains aux animaux. Il est question de reconnaître des droits fondamentaux communs à toutes les espèces sensibles : le droit de ne pas être tué, le droit de ne pas être mutilé et torturé et le droit de ne pas être enfermé (l’habeas corpus dont a bénéficié Sandra, ndlr). A ces fondamentaux s’ajoutent des droits spécifiques pour les différentes catégories reconnues. Actuellement on parle des droits des femmes, des enfants, des malades… Chaque groupe a des particularités. Ca n’aurait pas de sens de reconnaître le droit à l’avortement aux hommes. De la même façon, il n’est pas question d’accorder le droit d’aller à l’école aux animaux.
Selon quelles catégories pourrait-on légiférer ?
Aujourd’hui, les théories des droits des animaux énoncent surtout des droits négatifs : quels animaux il est interdit de tuer, quand est-ce possible… De leur côté, les législations s’en tiennent à des bricolages qui maintiennent l’animal dans un système pensé à l’aune des utilités que l’homme pourrait en retirer – je parle à dessein d’«utilité» et non de «nécessité». Les droits des groupes humains ont été pensés en fonction de ce qu’ils sont et non de ce à quoi ils peuvent servir ; contrairement à ceux des animaux, construits en vue de ce finalisme anthropocentrique. Les animaux ont été placés dans la catégorie des biens, c’est-à-dire des choses dont on peut disposer absolument, sans se demander si leur être propre rend ce statut juste.
Le modèle de cohabitation pacifique avec les animaux le plus poussé à mon sens est théorisé dans l’œuvre Zoopolis, une théorie politique du droit des animaux, de Sue Donaldson et Will Kymlicka (1). L’étude propose d’octroyer le statut de«citoyenneté» aux animaux domestiques, celui de «résidents permanents» pour les animaux urbains, comme les pigeons, et la «souveraineté» pour les animaux sauvages. Il faudrait sortir du modèle cartésien qui prétend que les animaux réagissent mécaniquement aux situations qu’ils vivent alors qu’en fait ils y répondent de manière complexe. Ce qu’on fait subir aux animaux leur arrive en propre, ils le vivent. Cette notion de vécu est centrale.
Les zoos ne jouent-ils pas un rôle utile pour la biodiversité ?
Il y a deux choses à bien distinguer : les intérêts des animaux en tant qu’individus, d’une part, et la question des espèces, d’autre part. Préserver un capital génétique en enfermant des individus est pour le moins discutable. C’est d’autant plus discutable que, on le sait, les habitats des animaux se réduisent comme une peau de chagrin. On peut donc se demander si l’argument de la biodiversité n’est pas un alibi.
Les décisions comme celle de Buenos Aires sont-elles décisives ?
Ce n’est ni anecdotique ni l’annonce d’un changement radical rapide des mentalités. Il s’agit d’un jalon dans un long processus. Nous nous pensons radicalement différents des animaux mais aussi opposés à eux. Or on peut envisager une spécificité humaine sans que cela ne justifie l’utilisation dévastatrice que nous faisons des animaux. La question majeure me semble de comprendre pourquoi nous ne voulons pas renoncer à cette violence.
Ces décisions sont très importantes car elles montrent que les juges intègrent des éléments qu’on semble avoir du mal à admettre, parce qu’ils devraient conduire à une révision de nos façons de traiter les animaux. Or, ces comportements sont si profondément enracinés dans nos pratiques quotidiennes – manger de la viande, porter du cuir ou aller au zoo – que nous sommes déroutés à l’idée que cela devrait cesser.
La législation est-elle en train de basculer ?
La situation juridique évolue mais pour l’instant elle est entre deux eaux : d’un côté les pratiques ancrées suivent leur cours (celle des filières économiquement très puissantes de l’alimentation ou de la pharmacie notamment) et de l’autre la légitimité de ces pratiques est remise en cause par le législateur lui même. A la faveur des études scientifiques, mais aussi philosophiques ou législatives qui émergent, la segmentation actuelle entre l’homme et l’animal est ébranlée. Dans la loi, des limites à ce qui était jusque-là autorisé sont introduites au compte-gouttes. Le droit est dans une situation incertaine et le statut de l’animal reste hybride.
(1) Zoopolis. A Political Theory of Animal Rights, Oxford University Press, 2011
Les animaux sont enfin reconnus dans le Code civil comme : » des êtres vivants doués de sensibilité ».
Mais les animaux restent soumis au régime des biens : « Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens. » ;
Cette modification, rejetée par le Sénat avant son adoption définitive en dernière lecture par l’Assemblée, a une valeur hautement symbolique dans l’avancée du droit vis à vis de la cause animale. Mais il ne s’agira là que d’une avancée superficielle qui ne touche pas au fond le statut véritable des animaux qui restent des biens corporels au regard du code civil au même titre que les objets.
Les conditions parfois épouvantables d’élevage , d’usage, d’abattage des animaux ne seront donc pas modifiées par cette évolution du droit. Le combat pour l’évolution de la cause animale doit se poursuivre. Ce combat est aussi et surtout un combat pour l’élargissement de la conscience humaine.
« Il y a un miroir merveilleux en toi, il révèle tout, il repose en toi et c’est LUI qu’il reflète. Mais seulement s’il y a Silence. »
(Dialogues avec l’ange, Entretien 17 G, p. 98)
Ce qui est tout à fait nouveau de nos jours, c’est que pour la première fois dans notre histoire humaine, notre déséquilibre intérieur devient visible à l’extérieur.
Comment se guérir alors ?
Ne porter remède que du dehors ne suffit pas, car l’emballement du feu extérieur dû à l’échauffement climatique n’est que le dérèglement de tout le reste (air, terre, eau), qui eux-mêmes ont leur source ailleurs… Ce sont les conséquences et non la cause.
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Dire que Dialogues avec l’ange est un enseignement « spirituel » n’exprime pas suffisamment sa dimension cosmique, matérielle, humaine. Les anges nous mettent en garde : il ne s’agit pas pour l’homme de « s’élancer dans l’esprit » en se défaisant de la matière, comme le proposent certaines voies spirituelles, mais d’être le pont entre matière et esprit, pour les relier et faire naître « la matière nouvelle, la Matière-Lumière ».
Le mot « matière » est à comprendre ici au sens large. Le vivant, qu’il soit végétal, animal ou humain, fait partie du monde de la matière. Mais dans l’homme, la matière se spiritualise. L’homme est à la charnière entre les deux mondes, à la fois créature pétrie de matière et créateur pétrissant la matière. Il ne peut s’accomplir en se cantonnant à une rive : ni en misant tout sur la matière, ni en aspirant à une existence désincarnée. Il est le pont qui relie en s’appuyant sur les deux rives.
EL
Face à l’horreur cachée de l’élevage industriel et des usines-abattoirs, deux attitudes se développent chez les consommateurs : le renoncement végétarien à la viande et, plus significatif, la prise de conscience d’amateurs qui n’entendent pas y renoncer mais ne veulent plus manger celle dont les bêtes ont souffert durant leur vie ou lors de leur mort.
Moins de viande, mais meilleure, gastronomiquement et moralement. Demande qui rejoint la préoccupation d’éleveurs traditionnels horrifiés par leur expérience des abattoirs et défendant un« élevage éthique » assurant « une bonne vie et une bonne mort » à l’animal. Cela n’est guère facile, du fait du poids des lobbies de la bidoche industrielle et de la pression commerciale du prix toujours plus bas.
Mais tout à fait possible, financièrement et techniquement, ainsi que le montre ce petit livre coordonné par Jocelyne Porcher*. Il donne à entendre l’émouvante parole d’éleveurs luttant contre « les exactions ordinaires de la filière viande », comme le souligne dans sa préface la philosophe Elisabeth de Fontenay.
* Livre blanc pour une mort digne des animaux, par Jocelyne Porcher, Elisabeth Lécrivain, Sébastien Mouret et Nathalie Savalois, préface d’Elisabeth de Fontenay, Ed. du Palais,104 pages, 14,50 €.
Permaculture et agroécologie : découvrir le site de la ferme du Bec Hellouin
LA FERME
A cœur de la Normandie, à deux pas de l’un des Plus Beaux Villages de France et de sa célèbre abbaye, notre ferme propose des produits biologiques de grande qualité. Notre production est réalisée dans un respect absolu de l’environnement, grâce aux concepts de la permaculture.
La Ferme biologique du Bec Hellouin est une ferme expérimentale fonctionnant selon les principes de la permaculture, une approche novatrice encore peu connue en France.
Nous mettons en pratique un ensemble de solutions inspirées du fonctionnement des écosystèmes naturels, qui permettent de produire en abondance des fruits et légumes sains : culture sur buttes, agroforesterie, cultures associées, traction animale, BRF (Bois Raméal Fragmenté), EM (micro-organismes efficaces), Terra Preta… La production maraîchère de la ferme est plusieurs fois supérieure à la moyenne nationale par unité de surface, pratiquement sans recours aux énergies fossiles.
L’herbage, situé en zone protégée Natura 2000, où nous avons créé les jardins est devenu une oasis de vie où se côtoient un grand nombre d’espèces végétales et animales. 800 végétaux différents environ sont cultivés sur la ferme. Les deux îles-jardin, le jardin mandala, les mares, la forêt-nourricière, les vergers forment un agro-écosystème hautement productif et durable.
Depuis fin 2011, la Ferme du Bec Hellouin est engagée dans un programme de recherche en partenariat avec l’INRA et AgroParisTech : « Maraîchage biologique et performance économique ». Il vise à modéliser une nouvelle approche appelée méthode de la Ferme du Bec Hellouin. Des formations en permaculture, jardinage et maraîchage se déroulent dans l’éco-centre de la ferme.
La ferme produit des fruits et légumes, du cidre, du jus de pomme, des sirops et confitures, des plantes aromatiques et médicinales et du pain. Nos paniers hebdomadaires de fruits et légumes sont distribués auprès de deux AMAP : au Bec Hellouin et à l’Opéra de Rouen.
Le développement des formations, le programme de recherche et notre métier de maraîchers ne nous laissent plus la disponibilité d’accueillir les visiteurs individuels, sauf durant deux journées chaque année durant lesquelles des visites guidées sont proposées. La ferme est ouverte toute l’année pour les groupes et les scolaires.
De toutes les maladies non transmissibles, l’autisme est l’une de celles dont la fréquence augmente le plus rapidement. Si vite qu’il est même difficile d’y croire. En mars, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains, l’équivalent de notre Institut de veille sanitaire (InVS), rendaient publiques les dernières estimations de la prévalence des troubles du spectre autistique chez les garçons et les filles de 8 ans aux Etats-Unis. Selon ces chiffres, un enfant sur 68 est désormais touché par cet ensemble de maladies du développement, regroupant l’autisme profond, les syndromes de Rett et d’Asperger, etc.
Le plus impressionnant n’est pas tant le chiffre lui-même, que la rapidité de son évolution : il est supérieur de 30 % à celui publié seulement deux ans auparavant (un enfant sur 88) par le même réseau de surveillance mis en place par les CDC, et a plus que doublé en moins d’une décennie. Au cours des vingt dernières années, les données américaines suggèrent une augmentation quasi-exponentielle de ces troubles, aujourd’hui diagnostiqués « vingt à trente fois plus » que dans les années 1970, selon le rapport des CDC. 40 % de ces enfants dépistés aux Etats-Unis présentent un quotient intellectuel (QI) inférieur à 70.
Le projet de « retenue SIVENS » se situe dans le Nord-Ouest du Tarn (commune de Lisle sur Tarn, 10 km environ de Gaillac), sur la partie sauvage et préservée de la rivière Tescou.
Le barrage serait construit le long de la forêt de Sivens, en aval du lieu-dit de Barat, sur des Espaces Boisés Classés (EBC) et dans la zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). 29 ha, soit 60% de l’emprise d’acquisition de la retenue (48 ha), sont boisés (friches, peupleraies, vergers de résineux, taillis…).
Il ennoierait la zone humide du Testet, dernière zone humide d’importance du bassin versant du Tescou, qualifiée par la DREAL comme faisant « partie des zones humides majeures du département du point de vue de la biodiversité ».
D’une capacité établie à 1,5 Millions de m3, ses mesures approximatives seraient : 1,5 Km de longueur, 230 m de large, 48 ha de surface d’emprise du projet, environ 4 m de profondeur à plein. La hauteur du mur au-dessus du terrain naturel serait de 12,8 m.
Le Tescou, prend sa source à Castelnau de Montmiral, affluent de la rive droite du Tarn, long de 51 Km, il s’y jette au niveau de Montauban.
Sur le bassin versant existent déjà, 185 retenues collinaires stockant 5,1 Millions de m3 et interceptant 1/3 des cours d’eau rejoignant le Tescou, sans compter les interruptions, les trous dans le Tescou pour pompage et les seuils qui stoppent l’eau (sur 1 km au pont de Mongaillard) : l’amont n’a aucun souci de l’aval.
Ce projet, datant d’environ 40 ans, est porté par le Conseil Général du Tarn, maître d’ouvrage, et par son maître d’ouvrage délégué, la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG).
Le soutien au débit d’étiage du Tescou est l’objectif prétendu d’intérêt général :
• 30 % du volume de la retenue pour le soutien au débit d’étiage (pour la dilution des pollutions).
• Le reste, 70 %, est destiné à l’irrigation de 309 ha.
Le projet serait financé à 100 % par des fonds publics (8 400 000 €HT pour l’investissement). Les financeurs prévus sont le maître d’ouvrage (le Conseil Général du Tarn pour 10%, le CG de Tarn-et-Garonne 10% également), l’Agence de l’Eau Adour-Garonne (50%) et l’Europe (30% via les fonds FEADER).
Des lapereaux aux yeux infectés et avec des mycoses, des lapins entassés dans des cages trop petites, sombres et jonchées par des cadavres ou encore des kilos de déjections accumulés le long des barreaux : dans une enquête vidéo diffusée jeudi 23 octobre, l’ONG CIWF dénonce les « conditions de vie désastreuses » des lapins élevés en batterie dans l’Union européenne, un élevage industriel qui reste encore méconnu.
CIWF, qui promeut des pratiques d’élevage respectueuses du bien-être animal, a réalisé cette enquête – tournée sans recours à la caméra cachée – cet été dans 16 élevages de cinq pays de l’Union européenne (Italie, Grèce, Chypre, Pologne et République tchèque). Une situation qu’elle avait également dénoncée en France et en Espagne en 2012. En juin, l’association L214 avait elle aussi dénoncé « l’horreur »d’un élevage de milliers de lapins du Morbihan, en réclamant sa fermeture d’urgence, et mené plusieurs enquêtes dans cette industrie, « une des pires formes d’élevage »existantes.
« Cette situation est choquante et alarmante, et pourtant elle reste méconnue, regrette Romina Sanfourche, chargée de campagnes CIWF France. La production cunicole[l’élevage de lapins] fait très peu parler d’elle, alors que les lapins sont le deuxième animal le plus élevé pour sa viande en Europe. Ils sont à 99 % élevés en cage. »
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 332 millions de lapins sont élevés en cage dans l’Union européenne. Malgré une baisse continue de la consommation, la France, 3e producteur européen après l’Italie et l’Espagne, en élève encore 37 millions, essentiellement dans l’Ouest du territoire (48 % pour les Pays-de-la-Loire, 21 % en Bretagne et 11 % en Poitou-Charentes, selon l’interprofession du lapin). Avec la Chine, ces quatre pays assurent l’essentiel de la production mondiale.
Des animaux qui passent leur vie entière derrière des barreaux, dans des espaces trop étroits : ils naissent dans de petites cages grillagées hors-sol et y restent jusqu’à leur mort, soit 80 jours plus tard. Les lapines reproductrices sont quant à elles maintenues isolées et confinées pendant deux ans. Et tous sont gavés d’antibiotiques : les lapins sont les plus exposés à ces médicaments, devant les volailles et les porcs, selon l’indicateur ALEA (Animal Level of Exposure to Antimicrobials) livré par le rapport de 2012 de l’Agence nationale de sécurité sanitaire – un chiffre toutefois en baisse depuis quelques années. Malgré tout, près d’un tiers des lapins meurent avant d’atteindre l’âge d’abattage.
Or, aucune réglementation n’existe au sein de l’Union en matière de bien-être des lapins, pour contrôler la taille des cages, le nombre d’animaux qu’elles peuvent contenir et les « enrichissements » (paille, objets à ronger, tubes pour se cacher, etc.) dont elles doivent être dotées, contrairement aux poules pondeuses ou aux truies.
« Les cages les empêchent d’exprimer leurs comportements naturels (faire des bonds, creuser et se mettre à l’abri, ronger pour se limer les dents), mais aussi les mouvements les plus basiques (comme se mettre debout et bondir) et leur causent des blessures fréquentes et un stress permanent », dénonce le CIWF, qui a lancé nouvelle campagne « Une nouvelle ère sans cage » assortie d’une pétition.
Certains pays commencent à évoluer. En Autriche, les cages conventionnelles sont d’ores et déjà interdites, et elles le seront également aux Pays-Bas à partir de 2016. En Belgique, sous la pression de l’opinion publique, elles sont prohibées depuis le 1erjanvier 2013 pour tout nouvel élevage, sauf pour les lapines reproductrices (prévu pour 2021). « Ces pays ont opté pour l’élevage en parcs en plein air, ou les systèmes de clapiers, avec de l’herbe pour nourriture principale, qui améliorent le confort des animaux et leur donnent la possibilité d’exprimer leurs comportements naturels, indique Romina Sanfourche. Tous les pays doivent faire de même et définitivement interdire les cages. »
On le présente parfois comme le « Jeremy Rifkin de gauche ». Michel Bauwens, 56 ans, est l’un des plus influents théoriciens du pair à pair, cette économie du savoir partagé et des échanges non marchands née dans le monde du numérique. Avec la Fondation Peer To Peer, qu’il a créée, il s’attaque à un nouveau chantier intellectuel et politique : concevoir un modèle de transition vers une société des communs, où l’activité serait collaborative, en partie non marchande, plus écologique et plus heureuse. C’est le projet FLOK Society (« free, libre, open knowledge »), d’abord développé avec le soutien de l’Équateur.
…Le monde du travail est en déclin. L’État social est en déclin car il n’a plus de forces sociales pour le soutenir. C’est la fin du salariat. En 2020, un travailleur sur quatre en Europe et un sur trois aux États-Unis sera en dehors du salariat, d’après une estimation.
…Dans ce contexte, une nouvelle classe, un nouveau sujet est en train de naître : la jeunesse précaire, la classe de la connaissance qui produit le design, les codes, développe les logiciels et les sites Internet… Ils sont au cœur du capitalisme cognitif aujourd’hui, et en pleine croissance démographique.
…La question est donc : peut-on rendre la nouvelle économie des communs autonome de la logique du profit ? Est-ce qu’on peut faire une convergence de l’économie sociale, solidaire, écologique avec les systèmes de production ouverts qui créent du commun ?
…
…Comment rendre la nouvelle économie des communs autonome de la logique du profit, selon vous ?
À la Fondation peer-to-peer, nous défendons l’idée de l’assemblée des communs, c’est-à-dire de rassembler tous les mouvements citoyens d’une ville ou d’un territoire et de créer une charte sociale pour créer un fait social.
..On doit vraiment créer une nouvelle conscience sociale et politique en rapport avec cette pratique des communs.
….Je plaide pour une « rapid intervention team » des gens des communs, à la place des jésuites de Mc Kinsey : voilà ce qu’on va faire pour la monnaie, l’alimentation, l’industrie… On ne peut pas attendre que la crise éclate pour être prêt. Il faut beaucoup expérimenter parce que beaucoup de choses ne marchent pas. Ce n’est pas parce que c’est pair à pair que ça marche. Il faut une validation communautaire.
…La production entre pairs, qui produit des communs, est une forme de germe qui montre comment une nouvelle société peut fonctionner. C’est la grande différence avec le socialisme, théorie qui dit : on va prendre le pouvoir soit par la voie parlementaire, soit de façon plus radicale, et ensuite, on instaurera le socialisme.
…Aujourd’hui, les gens sont en train de quitter le monde du travail : ils deviennent freelancers, c’est un nouvel artisanat
Les fêtes de fin d’année ne sont guère réjouissantes pour les oies et les canards mulards qui, pendant trois semaines, doivent ingurgiter deux fois par jour 450 grammes de nourriture en quelques secondes afin que leur foie atteigne dix fois son volume normal. A la même période, on trouve dans les vitrines des manteaux avec des cols en raton laveur.
Ceux qui penseront que, pour moi, manger un animal ne va pas de soi et qu’ainsi je me sépare des autres humains n’ont pas tort, puisque chaque fois que je vois quelqu’un manger un sandwich au jambon, je pense à l’animal dont il provient. Ils se diront que je souhaite l’abolition de la corrida et la suppression de l’abattage rituel. A quoi bon les contredire ? Pourtant, il me semble que, sans me rejoindre sur tout, mes concitoyens pourraient s’abstenir de consommer du foie gras et de porter de la fourrure.
L’HÉDONISME PEUT ÊTRE AUTRE CHOSE QUE L’INDÉCENCE
L’éthique ne commence pas par la rencontre du visage de l’autre homme. Elle a un sens dès que je mange. Vivre, c’est vivre de. La matérialité de notre existence fait que notre usage des choses et des autres vivants est d’emblée une position éthique. Vivre de, c’est jouir, et c’est aussi dire quelle place on octroie aux autres hommes, présents et futurs, et aux autres vivants. Dans la jouissance, il y a déjà la justice.
Ainsi, les stylistes et les chefs pourraient rivaliser d’imagination afin que nous ayons du plaisir à manger et à nous vêtir avec le moins de souffrance possible pour les animaux. La gourmandise serait une vertu. L’élégance, au lieu d’être une manière d’afficher son rang, serait l’aveu plein de tact du plaisir que l’on a à être ensemble. Car l’hédonisme peut être autre chose que l’indécence. La multiplication des débats sur la condition animale et l’intérêt du public pour l’éthologie sont indéniables. Cependant, jamais la vie des animaux n’a été aussi misérable.
LE CAPITALISME EST INCOMPATIBLE PAR NATURE AVEC L’ÉCOLOGIE
Tant que le profit sera le critère absolu de l’économie, les hommes et les bêtes seront traités comme de simples forces de production, exploitables et jetables. Les salariés seront licenciés dès que leur entreprise ne sera plus rentable, ce qui, dans une logique exclusivement centrée sur le profit, arrive vite. Les petits abattoirs fermeront les uns après les autres. On réformera les vaches laitières ou les truies gestantes de plus en plus tôt, obligeant les autres animaux d’élevage à produire toujours plus.
André Gorz a dit que le capitalisme est incompatible par nature avec l’écologie, car il va de pair avec une surproduction de biens qui, dès qu’ils sont accessibles au grand nombre, sont remplacés par des biens plus sophistiqués, plus chers et plus gourmands en énergie. Ces biens créent à ler tour des besoins toujours nouveaux et toujours frustrés, et produisent une montagne de déchets. On peut aller plus loin : le capitalisme est inconciliable avec la prise en compte du bien-être animal, quoi qu’en disent les zootechniciens formés à prétendre le contraire.
Aucun livre de philosophie et aucune déclaration politique ne changeront quoi que ce soit tant que l’on ne placera pas le respect des êtres au cœur de l’économie et que l’efficacité sera pensée indépendamment du type de biens ou de services considérés. Il faut donc innover. Cela veut dire aussi que les animaux ont le pouvoir de nous réveiller.
LA TRANSITION VERS UN AUTRE TYPE D’ÉLEVAGE DOIT DEVENIR UNE PRIORITÉ POLITIQUE
En effet, penser, en plus des désastres sociaux engendrés par notre modèle économique, à ce qu’endurent les animaux pour que nous puissions assouvir des besoins en produits animaliers qui sont, du moins à cette échelle, artificiels et génèrent maladies et obésité, c’est reconnaître qu’il est grand temps de changer. Les changements peuvent se faire progressivement et surtout il est important qu’ils s’opèrent de concert avec les principaux acteurs, en particulier avec les éleveurs. La transition vers un autre type d’élevage doit devenir une priorité politique. De son côté, le consommateur peut refuser d’acheter des produits auxquels est attachée trop de souffrance. Le renoncement à son idéal de justice vient du sentiment d’impuissance dont on se convainc trop facilement. Pourtant, chacun peut contribuer au changement dès maintenant.
corine pelluchon (Professeure de philosophie à l’université de Franche-Comté)
Ecolo-Ethik aorganisé plusieurs tables rondes menées par d’éminents experts depuis le 5 novembre dernier pour y débattre du bien-être des animaux, de nos devoirs envers eux, de leur statut.
Sont ainsi abordées la reconnaissance de l’animal par la science et la pensée, l’animal dans l’économie, l’enseignement et le droit. Elles seront suivies par un colloque international qui se tiendra au Palais du Luxembourg le 07 février 2014 autour de l’ouvrage « Les animaux aussi ont des droits » à l’origine de cette initiative. Un événement qui sera présidé par Boris Cyrulnik, Mathieu Ricard et Yves Coppens avec la participation d’Elisabeth de Fontenay, Peter Singer, Jane Goodall et bien d’autres personnalités sensibilisées par cette cause.
La portée de ces travaux -auxquels sont associées les entreprises et les principales organisations de protection animale et de protection de la nature- doit en particulier nous conduire à repenser le statut de l’animal via une proposition de loi visant à modifier les dispositions actuelles du Code Civil et du Code Pénal. Comment vivre désormais avec les animaux? Pouvons-nous concilier justice sociale et respect des bêtes? ll est temps que la question animale soit portée sur la place publique et invite au débat.
Des forces très spéciales tiennent garnison à Livron-sur-Drôme, entre Valence et Montélimar, dans un casernement de 14 000 m2. Des bataillons rampants et volants, mobilisables à tout moment. Leurs armes sont des rostres et des mandibules. Leur terrain d’opération les champs, les vergers et les potagers. Leur ennemi les ravageurs des cultures.
La revue des troupes issues des élevages de la société Biotop a de quoi impressionner. Il y éclot, chaque année, plus de 100 milliards d’insectes affectés à la lutte biologique contre les nuisibles, dont la PME est le leader français, la seule à développer une production à l’échelle industrielle.
Pas moins d’une cinquantaine d’espèces forme ce contingent animalier, chacune affectée à une cible. Le trichogramme, guêpe microscopique, parasite les œufs de la pyrale du maïs en y pondant ses propres œufs, dont les larves dévorent leur hôte. Les coccinelles croquent les pucerons – plus d’une centaine par jour – ou les cochenilles farineuses qui infestent les agrumes et les plantes d’ornement. La petite punaise macrolophus terrasse les mouches blanches (ou aleurodes) qui ruinent les plants de tomates et d’aubergines. Une autre punaise, anthocoris, est friande des psylles, qui mettent à mal poiriers et oliviers. Les nématodes, vers lilliputiens, anéantissent chenilles et doryphores…
Habitez-vous dans un département vert ? Y a-t-il en France une volonté écologique politique ? Pour la 7e année consécutive, La Vie a passé 96 départements au crible selon 8 critères environnementaux : consommation durable, protection de la biodiversité, agriculture biologique, gestion des déchets, agenda 21, énergies renouvelables, qualité de l’eau et qualité de l’air. Découvrez le palmarès département par département en navigant dans le carte interactive ci-dessous.
Pour voir l’article et la carte interactive : site la Vie
Imaginez un pays où chacun mange sainement, avec une eau de qualité, un usage réduit des pesticides, des émissions de gaz à effet de serre divisées par quatre… Science fiction ? Pour le moment, sans aucun doute. Mais en 2050, pas forcément, si l’on en croit Afterres, un scénario d’utilisation des terres agricoles résolument novateur, imaginé par l’association Solagro, et actuellement à l’étude dans plusieurs régions de France. En modélisant les besoins alimentaires et les pratiques agricoles, Afterres dessine un autre paysage agricole français pour 2050. Et les changements nécessaires pour y parvenir.
Pays de la Loire, 2050. Dans les champs, le maïs a cédé la place aux prairies, avec des légumineuses (comme les haricots, les lentilles, le trèfle ou la luzerne) [1]. Les vaches qui y pâturent sont de race « mixte » : ce sont de bonnes laitières et elles peuvent aussi fournir de très bons steaks. Le nombre de haies dans les champs a doublé, entourant des parcelles agricoles couvertes en permanence par l’une ou l’autre culture, ce qui ralentit l’érosion. La moitié des terres sont cultivées selon le cahier des charges de l’agriculture biologique (contre 4,4% dans les années 2000). L’eau qui coule dans les rivières, et se niche dans les nappes phréatiques, est redevenue « propre », les pesticides ayant quasiment disparus. Et les agriculteurs sont plus nombreux.
À Notre-dame-des-Landes, définitivement débarrassée du projet d’aéroport, les végétariens de la zone à défendre (ZAD), et autres adeptes de la sobriété heureuse, ont fait des émules. Dans toute la région, la consommation de viande a diminué de moitié. Idem pour les produits laitiers. Personne n’a pour autant de carence en calcium. Le lait de vache (avant tout adapté à la croissance des veaux) n’ayant pas le monopole des apports en calcium, contrairement aux croyances répandues au début du 21ème siècle ! Épinards, brocolis, noix, amandes, dattes, sardines, notamment, sont d’excellentes sources de calcium, de même que l’eau.
DROITS DES ANIMAUX – Sous l’impulsion du think tank pour l’innovation écologique, Ecolo-Ethik co-fondé par la sénatrice Chantal Jouanno et la magistrate Laurence Vichnievsky, plusieurs tables rondes menées par d’éminents experts vont se tenir au Sénatdès ce 5 novembre pour y débattre du bien-être des animaux, de nos devoirs envers eux, de leur statut.
Seront ainsi abordées la reconnaissance de l’animal par la science et la pensée, l’animal dans l’économie, l’enseignement et le droit. Elles seront suivies par un colloque international qui se tiendra au Palais du Luxembourg le 07 février 2014 autour de l’ouvrage « Les animaux aussi ont des droits » à l’origine de cette initiative (voir invitation ci-dessous). Un événement qui sera présidé par Boris Cyrulnik, Mathieu Ricard et Yves Coppens avec la participation d’Elisabeth de Fontenay, Peter Singer, Jane Goodall et bien d’autres personnalités sensibilisées par cette cause.
La portée de ces travaux -auxquels sont associées les entreprises et les principales organisations de protection animale et de protection de la nature- doit en particulier nous conduire à repenser le statut de l’animal via une proposition de loi visant à modifier les dispositions actuelles du Code Civil et du Code Pénal. Comment vivre désormais avec les animaux? Pouvons-nous concilier justice sociale et respect des bêtes? ll est temps que la question animale soit portée sur la place publique et invite au débat.
Par Matthieu Ricard
Plus que le droit, c’est par l’altruisme et la compassion que l’on doit protéger les animaux.
Si la question des droits de l’homme est déjà suffisamment complexe — certains, presque toujours pour justifier leurs régimes totalitaires, contestent encore l’universalité des droits de l’individu telle qu’elle a été énoncée par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme — celle des animaux l’est encore plus. Nombre de philosophes considèrent que droits et devoirs ne peuvent concerner que des personnes précises et que nous ne sommes pas responsables de la souffrance et du bonheur des êtres en général. Dans le cas des êtres humains, ils appliquent ce raisonnement aux générations à venir, qui ne sont à nos yeux qu’une multitude de personnes indéterminées. Ils arguent également que l’on ne peut parler de droits que dans la mesure où les individus concernés sont conscients de leurs droits et les associent à la responsabilité de reconnaître ces mêmes droits chez autrui, ce qui ne peut être le cas des êtres à venir, ni des animaux.
Pour sortir de cette impasse, il suffit, au lieu d’argumenter sur la notion de droits, de parler le langage de l’altruisme et de la compassion. Si l’extension de l’altruisme à tous les êtres qui nous entourent est une faculté unique au genre humain, son extension aux animaux n’en est qu’une conséquence logique.
Que les animaux ne puissent pas être conscients du concept de « droits », n’enlève rien au fait que, comme nous, ils aspireront à ne pas souffrir, à rester en vie, et à rechercher les conditions les plus propices à leur bien-être. Nous ne pouvons donc nous sentir dispensés de nous interroger sur les conséquences de nos actions et de notre mode de vie.
Accorder de la valeur à l’autre et être concerné par sa situation représente deux composantes essentielles de l’altruisme. Lorsque cette attitude prévaut en nous, elle se manifeste sous la forme de la bienveillance envers ceux qui pénètrent dans le champ de notre attention et elle se traduit par la disponibilité et la volonté de prendre soin d’eux.
Lorsque nous constatons que l’autre a un besoin ou un désir particulier dont la satisfaction lui permettra d’éviter de souffrir ou d’éprouver du bien-être, l’empathie nous fait tout d’abord ressentir spontanément ce besoin. Ensuite, le souci de l’autre, l’altruisme, engendre la volonté d’aider à le satisfaire. À l’inverse, si nous accordons peu de valeur à l’autre, il nous sera indifférent : nous ne tiendrons aucun compte de ses besoins peut-être ne les remarquerons-nous même pas
Ceci étant dit, se contenter de miser sur la compassion de nos semblables ne suffit pas. Il est indispensable de protéger les animaux contre les abus et les souffrances auxquels les soumettent ceux qui, précisément, manquent de compassion à l’égard des êtres sensibles que sont les animaux. On ne protège par les êtres humains de la torture, de la privation de liberté et de tous ceux qui entreprennent de porter atteinte à leur vie, simplement parce qu’ils sont conscients de leurs droits, mais parce qu’il est inadmissible de les traiter de la sorte.
Or, comment une bonne partie de notre société traite-t-elle les animaux ? Écoutons un dirigeant de la firme américaine Wall’s Meat : « La truie reproductrice devrait être conçue comme un élément précieux d’équipement mécanique dont la fonction est de recracher des porcelets comme une machine à saucisses, et elle devrait être traitée comme telle. »
Si la dévalorisation des êtres humains conduit à les assimiler à des animaux et à les traiter avec la brutalité que l’on réserve souvent à ces derniers, l’exploitation massive des animaux s’accompagne d’un degré de dévalorisation supplémentaire : ils sont réduits à l’état de produits de consommation, de machines à faire de la viande, de jouets vivants dont la souffrance amuse ou fascine les foules. On ignore sciemment leur caractère d’être sensible pour les ravaler au rang d’objets.
La notion d’altruisme est ainsi mise à rude épreuve avec la façon dont nous traitons les animaux : lorsqu’une société accepte comme allant de soi la pure et simple utilisation d’autres êtres sensibles au service de ses propres fins, n’accordant guère de considération au sort de ceux qu’elle instrumentalise, alors on ne peut parler que d’égoïsme institutionnalisé. C’est ce qu’exprimait Gandhi dans sa célèbre maxime : « La grandeur et le développement moral d’une nation peuvent se mesurer à la manière dont elle traite ses animaux. »
Nous sommes donc encore loin du compte. Dans les élevages industriels, la durée de vie des animaux est d’environ 1/60e de ce qu’elle serait dans des conditions naturelles. Tout se passe un peu comme si les Français ne pouvaient pas espérer vivre plus d’un an et quatre mois. On confine les animaux dans des boxes dans lesquels ils ne peuvent pas même se retourner ; on les castre ; on sépare à la naissance les mères de leurs petits ; on les fait souffrir pour nous divertir (corridas, combats de chiens, etc.) ; on les attrape avec des pièges qui leur broient les membres dans des mâchoires d’acier ; on les écorche vifs, on les broie vivants (C’est le sort réservé à des centaines de millions de poussins mâles chaque année). En bref, on décide quand, où et comment ils doivent mourir sans nous soucier de leur sort, de leur ressenti et de leur volonté de rester en vie.
Dans les abattoirs, nombre d’animaux sont saignés, écorchés et démembrés alors qu’ils sont encore conscients. Cela arrive tout le temps, et l’industrie comme les autorités le savent.
Les chiffres dépassent l’imagination. Chaque année, plus de 1 milliard d’animaux terrestres sont tués en France, 15 milliards aux États-Unis, et approximativement 100 milliards dans le monde. Quant aux poissons, crustacés et « fruits de mer, une étude utilisant les données fournies par plusieurs organisations internationales concernant les prises annuelles, étude qui tient compte du tonnage des prises et d’une évaluation du poids moyen de chaque espèce, aboutit au chiffre astronomique d’environ 1 000 milliards, de poissons tués annuellement.
Certains objecteront : « Après tout, c’est la vie. Pourquoi tant de sentimentalité à l’égard de comportements qui ont toujours été les nôtres ? À quoi bon vouloir les changer ? » Mais ne sommes-nous pas supposés avoir évolué depuis les époques considérées comme barbares, en devenant plus pacifiques et plus humains ? À quoi bon sinon s’émerveiller des progrès de la civilisation ?
Est-il encore possible de garder les yeux fermés ?
Cela ne dépend que de nous.
Un festival artistique sans précédent à l’initiative de trois associations toulousaines (Mouvement pour la Cause Animale, Animal Amnistie et le Collectif Antispéciste SMT511) qui rassemblera les forces créatrices du mouvement citoyen international dans tous leurs aspects : de la musique au théâtre en passant par les arts plastiques, le cinéma et d’autres talents insoupçonnés. Des artistes provenant de chaque coin de l’Hexagone, mais aussi d’Espagne, de Croatie et d’Italie animeront un programme riche en événements où la question animale dans ses aspects les plus actuels sera abordée dans toute sa force évolutionnaire.
Pour l’ouverture de vendredi 22 à 15h au Mix’art Myrys est prévue la première projection européenne du film américain “SPECIEsism : The movie” de Mark Devries, présenté à New York le 18 septembre dernier, qui fait déjà parler de lui et qui promet : “Vous ne regarderez jamais plus aux animaux de la même façon. Surtout les humains”. A suivre d’autres projections qui auront la particularité de la création narrative : “Bold Native” de Denis Hennelly et le français multiprimé “A.L.F.” de Jérôme Lescure le samedi 23 à 16h.
Douze heures de concerts mélangeront des styles de tous univers musicaux : de la chanson “a cappella” traditionnelle occitane à l’hardcore-punk en passant par le folk, l’hip hop, le techno, le progressive, le grind-core. Du piano orchestral jusqu’à la techno et la psycotrance.
L’espace exposition du Mix’art Myrys affichera une documentation sur la production mondiale des arts plastiques, des photos et des vidéos d’animations dédiées à ce sujet :“ALA3 un regard sur le regard”.
Le théâtre sera également au rendez-vous : Marie-Angèle Vaurs présentera en scène “ÆNTRE” (du 5 au 24 novembre au Theatre 2 L’Acte – Le Ring ) et Jérôme Normand exhibera au Mix’Art Myrys “Zanimoland”, créé pour le NOcageArtFest (samedi 23 à 18h15)..
L’espace de la réflexion sera le débat public du samedi matin (9h30), “La question animale : un conflit annoncé”, qui aura lieu à la salle du Sénéchal. Il se présente comme un moment capital dans le questionnement irrévocable du rapport homme-animal et des ses enjeux éthiques, économiques, politiques .
La gastronomie sera naturellement une gourmande protagoniste et les stands des associations internationales animeront les couloirs du Mix’art Myrys.
Le NOcageArtFest s’annonce donc comme une borne à travers laquelle les accusations méprisantes envers les souteneurs de cette prise de conscience globale (souvent tachée d’extrémisme sinon de sectarisme) n’auront plus aucun crédit ni aucune honnêteté intellectuelle. Le changement c’est maintenant : on le voit, on l’écoute et on en profite, avec intelligence. et talent.
L’Italie vient de vivre une révolution qui est totalement, je dis bien totalement, passée inaperçue en France…Aucun média, à ma connaissance, n’ a pris la peine de s’intéresser à cette grande avancée éthique…Aucun article de presse écrite n’ a eu l’intelligence de rendre compte de cette révolution silencieuse qui vient d’avoir lieu dans ce pays voisin qui servira dorénavant de modèle…
Quelle révolution ? Celle qui a consisté en cet été 2013 à limiter considérablement la pratique de l’expérimentation animale et donc celle de la vivisection. Le parlement italien vient en effet tout juste de voter une série de lois qui limitent l’expérimenation sur de nombreux animaux et encadre la recherche médicale qui ne sera plus désormais livrée au bon vouloir des scientifiques qui ont trop souvent, et cela dure depuis trop longtemps, mis entre parenthèses toute éthique animale digne de ce nom. Tant qu’une loi en France ne permettra pas de limiter et de contrôler la pratique de l’expérimentation animale, les mêmes dérives et excès scientistes perdureront au détriment des animaux sacrifiés sur l’autel d’une raison scientique devenue indigne et peu respectable.
Sur une vidéo filmée en caméra cachée, des ouvriers agricoles brûlent les chevilles de chevaux du Tennessee avec des produits chimiques. Une autremontre des éleveurs dans le Wyoming donner des coups de poings et de pieds à des porcs et porcelets, les bousculer ou les jeter en l’air. Et chez l’un des principaux fournisseurs d’œufs du pays, on découvre des poules en cage aux côtés de cadavres en décomposition d’oiseaux, tandis que des ouvriers brûlent et cassent le bec de poussins.
Ces films d’une cruauté extrême, réalisés au cours des deux dernières années par des militants de la cause animale, essentiellement Mercy for Animals, The Humane Society of the United States et PETA (People for the Ethical Treatment of Animals), ont choqué l’opinion publique et entraîné une réaction rapide : le dresseur de chevaux du Tennessee a été reconnu coupable d’avoir enfreint la loi. Des autorités locales du Wyoming ont inculpé neuf ouvriers agricoles de cruauté envers les animaux. Et le fournisseur d’oeufs a perdu l’un de ses plus gros clients, la chaîne de restauration McDonald.
« LOIS BÂILLONS »
Pourtant, depuis quelques mois, une douzaine d’Etats américains ont proposé ou adopté des lois criminalisant la dénonciation de ces pratiques dans les élevages et abattoirs. Avec quelques différences selon les Etats, ces législations interdisent de filmer ou de prendre des photos secrètement au sein de fermes d’élevage et de postuler pour un emploi dans l’un de ces établissements sans divulguer des liens avec des groupes de défense des animaux – un délit punissable d’un an d’emprisonnement et de 1 500 dollars d’amende en Utah. Elles contraignent aussi les ONG à livrer les vidéos dénonçant des abus aux autorités dans les 24 ou 48 heures qui suivent leur réalisation. Le plus extrême de ces textes, en Arkansas, va même jusqu’à proposer d’interdire à quiconque d’autre que les autorités d’enquêter sur les animaux.
La plupart de ces projets de loi punissent non seulement les militants qui prennent des photos et des films, mais aussi les médias et les organisations de défense des droits des animaux qui diffusent les documents.
Le captage-stockage du CO2, destiné à freiner le réchauffement, finira-t-il par sortir de terre ? En dépit des difficultés rencontrées jusqu’ici, l’Union européenne veut relancer cette filière. Mercredi 3 avril, elle a ouvert un nouvel appel à projets, en exhortant les Vingt-Sept à « un déploiement rapide » d’une technologie « à la croisée des chemins ».
Dans tous les scénarios énergétiques pour les décennies à venir, le captage-stockage du CO2 tient une place de choix. Pour limiter la hausse des températures globales à 2°C – au-delà desquels la surchauffe de la planète deviendrait insoutenable –, les parades sont connues. Economies d’énergie. Promotion des renouvelables. Mais aussi séquestration du gaz carbonique, récupéré dans les fumées des usines ou des centrales thermiques, puis enfoui dans des formations géologiques profondes. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), 20% des émissions humaines de CO2pourraient ainsi être soustraites de l’atmosphère en 2050.
AUCUN SITE SUR LE TERRITOIRE DE L’UE
Si, du moins, la feuille de route du captage-stockage est tenue. Ce qui est aujourd’hui loin d’être le cas. Alors que l’AIE tablait sur une centaine de projets à grande échelle en 2020, il n’existe encore qu’une vingtaine de démonstrateurs dans le monde, dont huit seulement de taille industrielle : cinq aux Etats-Unis, deux en Norvège, le dernier en Algérie. Aucun sur le territoire de l’Union européenne.
Bruxelles avait pourtant préparé le terrain en lançant, en 2010, le programme NER 300. Il s’agissait de cofinancer une douzaine de projets, à hauteur de 50%, grâce à la vente de 300 millions de quotas de CO2 sur le marché européen du carbone. Soit, au cours actuel, une enveloppe de 1,5 milliard d’euros. Mais aucun des dix projets présélectionnés en 2012 pour le premier appel d’offres n’est allé à son terme, les pays retirant l’un après l’autre leur candidature. Cela a été le cas, pour la France, du projet Ulcos d’ArcelorMittal sur le site de Florange (Moselle).
Les lanceurs d’alerte, ces scientifiques ou simples citoyens qui attirent l’attention sur des risques sanitaires et environnementaux, seront désormais protégés. Le Parlement a adopté, mercredi 3 avril, la proposition de loi qui vise à préserver ces« lanceurs d’alerte » et à renforcer l’indépendance des expertises scientifiques. Un sujet brûlant, que ramènent régulièrement au-devant de l’actualité des dossiers comme la prescription de médicaments à risque, l’exposition aux pollutionschimiques ou aux ondes électromagnétiques.
Les sénateurs ont voté sans modification, en deuxième lecture, la proposition de loi présentée par le groupe écologiste du Sénat, rendant son vote définitif. C’est la première fois de son histoire que le Parlement adopte un texte écologiste. Le Parti socialiste, les communistes et une grande partie du groupe RDSE (à majorité PRG) ont soutenu le texte de leurs collègues écologistes, ainsi que quatre centristes, l’UMP s’y opposant. Les autres centristes se sont abstenus. Le rapporteur du texte, Ronan Dantec, a exprimé « son émotion » devant cette première.
Plus de la moitié de l’humanité vit désormais en ville. Parallèlement, la faune et la flore investissent de plus en plus les milieux urbains. Avec une conséquence surprenante : les relations entre les animaux et les hommes n’ont jamais été aussi nombreuses, denses et riches ! Pour la première fois, l’exploration de la biodiversité est placée au coeur de la ville et des activités humaines. Et pour la première fois, la ville est appréhendée au travers de la nature qui s’y déploie. Dans Naturopolis, acteurs, penseurs, scientifiques, rêveurs et bâtisseurs de demain nous invitent à explorer les richesses naturelles méconnues de quatre mégalopoles : New York, Paris, Rio de Janeiro et Tokyo. Cet épisode emboîte le pas d’un personnage hors-norme, Frédéric Durand, à la fois scientifique, naturaliste, poète et visionnaire. C’est à travers ses yeux que nous explorons la Grosse Pomme : un regard proche de celui des naturalistes d’antan, capables à la fois de déchiffrer les énigmes scientifiques, de se passionner pour les hommes, de vibrer à la poésie du monde.
INTERVIEW Dès le premier sommet de la Terre de 1972, le chercheur américain Dennis Meadows partait en guerre contre la croissance. A la veille de la conférence «Rio + 20», il dénonce les visions à court terme et dresse un bilan alarmiste.
Par LAURE NOUALHAT
En 1972, quatre jeunes scientifiques du Massachusetts Institute of Technologie (MIT) rédigent à la demande du Club de Rome un rapport intitulé The Limits to Growth (les Limites à la croissance). Celui-ci va choquer le monde. Leur analyse établit clairement les conséquences dramatiques d’une croissance économique et démographique exponentielle dans un monde fini. En simulant les interactions entre population, croissance industrielle, production alimentaire et limites des écosystèmes terrestres, ces chercheurs élaborent treize scénarios, treize trajectoires possibles pour notre civilisation.
Nous sommes avant la première crise pétrolière de 1973, et pour tout le monde, la croissance économique ne se discute pas. Aujourd’hui encore, elle reste l’alpha et l’oméga des politiques publiques. En 2004, quand les auteurs enrichissent leur recherche de données accumulées durant trois décennies d’expansion sans limites, l’impact destructeur des activités humaines sur les processus naturels les conforte définitivement dans leur raisonnement. Et ils sont convaincus que le pire scénario, celui de l’effondrement, se joue actuellement devant nous. Rencontre avec l’un de ces scientifiques, Dennis Meadows, à la veille de la conférence de Rio + 20.
Malgré l’absence de solution alternative, l’Union européenne a confirmé l’interdiction totale de l’expérimentation animale pour l’élaboration de produits cosmétiques à partir du lundi 11 mars.
L’interdiction totale de l’expérimentation animale pour les produits cosmétiques commercialisés en Europe est entrée en vigueur lundi 11 Mars. L’expérimentation animale était interdite dans l’Union Européenne depuis 2004 pour les cosmétiques. Depuis mars 2009, il était aussi interdit de mettre sur le marché européen des cosmétiques contenant des ingrédients ayant fait l’objet d’essais sur les animaux.
Le 11 mars, les dernières dérogations autorisées ont pris fin. Tous les nouveaux produits cosmétiques, d’où qu’ils viennent dans le monde, ne peuvent plus être commercialisés dans l’UE si leurs ingrédients ont été testés sur des animaux.
PAS D’AUTRES MÉTHODES ALTERNATIVES
L’année dernière, plusieurs comités scientifiques européens ont exprimé des doutes quant à la possibilité de combiner cette interdiction définitive avec l’objectif d’atteindre le plus haut niveau de sécurité pour les consommateurs, en particulier dans des domaines émergents tels que l’utilisation de nanoparticules dans les produits cosmétiques.
L’Union européenne a reconnu que le remplacement complet des tests sur les animaux par d’autres méthodes n’était pas encore possible. « La recherche de méthodes de substitution à l’expérimentation animale se poursuivra, car le remplacement total des essais sur les animaux par d’autres méthodes n’est pas encore possible », a reconnu le 11 mars la Commission européenne.
Près de 238 millions d’euros ont été affectés à la recherche dans ce domaine entre 2007 et 2011, a rappelé l’exécutif européen. Avant l’interdiction des tests, près de 9 000 animaux, rats, souris, cochons d’Inde et lapins, étaient utilisés par l’industrie cosmétique en Europe en 2004, selon les chiffres de la Commission. Ils n’étaient plus que 1 510 après la première interdiction en 2004 et 344 en 2009. Mais hors de l’Europe, on estime qu’encore 15 000 à 27 000 animaux subiraient des tests en laboratoire.
« UN BEAU JOUR POUR LES ANIMAUX ET LES CONSOMMATEURS »
ECEAE (European coalition of leading animal protection organisations across Europe), l’Union britannique pour l’abolition de la vivisection (BUAV) ainsi que Cruelty Free International et People for Ethical Treatment of Animals (PETA) ont salué le 11 mars l’aboutissement de leur longue campagne pour mettre fin à l’expérimentation animale dans l’industrie des cosmétiques en Europe.
« C’est un beau jour pour les animaux, pour les consommateurs, pour la science ainsi que pour l’industrie de la beauté », a réagi l’ONG de défense d’animaux, PETA : « L’interdiction de 2013 reflète la conviction du public que les cosmétiques ne peuvent pas passer avant la vie et le bien-être des animaux ». L’ONG a souhaité que cette décision puisse avoir « des retombées positives en matière de tests sur les substances chimiques et les médicaments ».
Nouvelle esthétique, nouvelle connectique, la course à l’innovation que se livrent les géants du secteur high-tech Apple, Samsung et Nokia en tête, justifie-t-elle que les chargeurs, enceintes et autres gadgets des précédentes générations d’iPhone finissent dans nos tiroirs ou pire dans nos poubelles ?
En présentant le 12 septembre l’iPhone 5 [pour une mise en vente le 21 septembre], Apple met non seulement en vente un gadget dernier cri, mais impose aussi à ses clients, partenaires et aux producteurs de produits dérivés, une nouvelle donne. Car si le design de l’iPhone 5 marque une rupture avec les modèles précédents, la connectique est, elle aussi, différente : le nouveau chargeur de l’iPhone 5 sera donc incompatible avec les 183 millions d’iPhone, 73 millions d’iPad et 275 millions d’iPod vendus dans le monde. Il en sera de même pour les stations d’accueil et autres chaînes hi-fi : de quoi nous inciter à renouveler tous nos équipements ?
Les ressources naturelles s’épuisent et Apple, la plus grande capitalisation boursière de l’histoire des Etats-Unis, se permet une nouvelle fois de les gaspiller pour vendre plus et rendre le consommateur toujours plus dépendant.
Ce 12 septembre n’est en réalité pour Apple qu’un nouveau chapitre de sa longue saga sur le thème de l’obsolescence programmée : en 2001, le groupe à la pomme lançait l’iPod dont la durée de vie est limitée à celle de sa batterie, indémontable [1]. Malgré une action en justice aux Etats-Unis, Apple innove régulièrement pour maîtriser la durée de vie ses produits : impossibilité de mettre à jour le système d’exploitation pour les modèles les plus anciens [2], pièces détachées qui changent à chaque génération [3]. Avec 3 générations d’iPad en 2 ans et 6 d’iPhone en 5 ans [4], les produits Apple sont très rapidement obsolètes !
L’obsolescence programmée du secteur high-tech a un coût écologique et social. Les Amis de la Terre alertent depuis 2010 sur l’exploitation massive des ressources, l’extraction de terres rares et minerais dans les pays du Sud, les impacts sanitaires pour les populations locales, la surproduction de déchets et les pollutions lourdes.
Une étude prédit un effondrement planétaire irréversible imminent
En se basant sur des théories scientifiques, des modélisations d’écosystèmes et des preuves paléontologiques, une équipe de 18 chercheurs, incluant un professeur de la Simon Fraser University (SFU, Vancouver), prédit que les écosystèmes terriens vont faire face à un effondrement imminent et irréversible.
Dans un article récemment publié dans Nature, les auteurs examinent l’accélération de la perte de biodiversité, les fluctuations climatiques de plus en plus extrêmes, l’interconnexion grandissante des écosystèmes et le changement radical dans le bilan énergétique global. Ils suggèrent que tous ces éléments constituent des précurseurs à l’apparition d’un état planétaire de seuil ou encore d’un point de basculement. Si cela s’avérait exact, ce que les auteurs prédisent pour le siècle en cours, les écosystèmes de la planète, en l’état de connaissances actuelles, pourraient rapidement et irréversiblement s’effondrer.
« Le dernier point de basculement dans l’histoire de la Terre est apparu il y a 12.000 ans, lorsque notre planète est passée de l’âge de glace, qui a duré 100.000 ans, à un état inter glacial », dit Arne Mooers, professeur de biodiversité à SFU. « Alors, des changements biologiques les plus extrêmes menant à notre état actuel sont apparus en seulement 1000 ans. C’est comme passer de l’état de bébé à l’âge adulte en moins d’une année. Et la planète est en train de changer encore plus vite aujourd’hui ».
« Il y a une probabilité élevée que le prochain changement d’état global sera extrêmement perturbateur pour nos civilisations. Souvenez-vous, nous sommes passés de l’état de chasseurs-cueilleurs à celui capable de marcher sur la Lune dans une des périodes les plus stables et anodines de toute l’histoire de la Terre », précise Moeers. « Lorsque le seuil sera atteint, ce sera un point de non-retour. La planète ne possède pas la mémoire de son état précédent ».
Ces projections contredisent une croyance populaire répandue selon laquelle la pression de l’Homme sur le changement climatique qui détruit notre planète est encore contestable, et qu’un effondrement serait alors graduel et étalé sur plusieurs siècles. L’étude conclut que nous serions avisés de ne pas transformer la surface de la Terre de plus de 50%, ou nous ne serions plus capables d’inverser ce processus. Nous avons aujourd’hui atteint 43% de ces changements, en convertissant les paysages en zones agricoles et urbaines. « En un mot, les hommes n’ont rien fait réellement d’important pour éviter le pire car les structures sociales existantes ne sont juste pas les bonnes », dit Mooers. « Mes collègues qui étudient les changements climatiques induits à travers l’histoire de la Terre sont plus qu’inquiets. En fait, ils sont terrifiés ».
Article paru sur le site internet de l’Université Simon Fraser :http://redirectix.bulletins-electroniques.com/7Avu8
livre paru en avril 2007 aux éditions Jouvence collection savoir et agir pour ce siècle
Jean-Marie Pelt, Pierre Rabhi, Nicolas Hulot, Edward Goldsmith, Roland de Miller, Aigle Bleu, Yvan Amar
La crise écologique est là : l’Homme s’autodétruit et détruit la planète qu’il habite. par delà les raisons techniques de cette situation, c’est la séparation de l’homme de la nature qui esrt en cause, c’est son égocentrisme qui est en cause.
Ce recueil de textes des plus grands écologistes humanistes de notre temps pointe vers la vision juste d’un homme inséré dans la Création, est partie prenante des forces qui régissent la vie et le cosmos, et nous dirige vers l’action juste permettant de trouver l’harmonie.
Regarder l’avenir droit dans les yeux est un exercice rare et difficile. rare car nous habitons un pays qui a attrapé une marotte(…) celle de regarder droit dans le rétroviseur. Jean-Marie Pelt
Le progrès technologique arrive à ses limites et, même, est entrain de se retourner contre l’humanité et contre ceux qui l’ont promu. Pierre Rabhi
Nous évoluons tous ! Le matérialisme est allé trop loin et la spiritualité s’impose à nous comme une nécessité, pour retrouver les vraies valeurs. Nicolas Hulot
Un reportage Arte du 27 mars 2012 sur les conditions d’élevage industriel des animaux en Europe et leur abattage, sur l’incidence de l’augmentation de cet élevage et de la consommation de viande dans le monde, sur les productions de soja en Amérique latine et sur l’agriculture africaine.
L’adieu au steak
L’industrie agroalimentaire tente de nous persuader que consommer de la viande est bon pour la santé et que celle-ci est nécessaire à notre équilibre alimentaire. Or de nombreuses études prouvent que trop de viande rouge peut non seulement menacer la santé, mais même raccourcir l’espérance de vie. Quant aux viandes blanches, elles contiennent trop souvent des résidus d’antibiotiques. De manière générale, les élevages sont devenus des entreprises high-tech dans lesquelles on oublie totalement que les animaux sont des êtres vivants et non de simples produits. Sans parler des abattoirs. Et pour nourrir ces animaux qui fourniront les 40 millions de tonnes de viande produits chaque année, l’Europe doit importer du fourrage, par exemple du Paraguay, où quelques gros producteurs profitent de ces commandes tandis que la majorité de la population subit les conséquences, parfois dramatiques, de l’utilisation massive des pesticides. Pire encore : grâce à cette exploitation des ressources mondiales, la production européenne est tellement bon marché que les pays émergents préfèrent importer la viande d’Europe plutôt que de soutenir les producteurs locaux. Si l’on ajoute à ce tableau la contribution des élevages au réchauffement climatique, la pollution de notre environnement par les herbicides, insecticides et les nitrates, il est plus que temps de reconsidérer les habitudes de consommation de cette viande des riches qui affame les pauvres.
vu dans http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/03/29
Plus la recherche scientifique avance, moins il devient possible de contester la nocivité des pesticides sur l’environnement. Pour son rôle d’éclaireuse en territoire de plus en plus miné, l’abeille a déjà fait l’objet de nombreux travaux.
Elle a droit cette fois à deux études publiées dans la revue Science du 29 mars, inédites par la technologie retenue et parce qu’elles ont l’une et l’autre opté pour des conditions réalistes plutôt que pour des expériences de laboratoire.
Toutes deux soulignent l’impact des néonicotinoïdes – la famille d’insecticides la plus répandue dans le monde – sur les pollinisateurs. Diffusés à travers le nectar et le pollen des fleurs cultivées comme le maïs et le colza, ces produits chimiques agissent sur le système nerveux central des insectes.
L’équipe française a placé avec de la colle à dent une minuscule puce de radio-identification (RFID) sur le thorax de 653 abeilles mellifères. Les chercheurs voulaient vérifier si, comme certains apiculteurs en avaient formulé l’hypothèse, leur sens de l’orientation pouvait être perturbé par l’un de ces pesticides, en l’occurrence le thiaméthoxam, que l’on trouve dans plusieurs produits : Cruiser, Flagship, Illium, Axoris.
Après avoir observé les sorties et les retours de leurs petites protégées individuellement grâce à un lecteur électronique, ils ont constaté que 10 % à 31 % de celles qui étaient intoxiquées se montraient incapables de rejoindre leur ruche. La perte de repères joue effectivement un rôle significatif dans le syndrome d’effondrement des colonies, même lorsque les butineuses n’ont absorbé que de faibles doses de ces pesticides. Loin de leur ruche, elles meurent trois fois plus que le taux normal.
Sur le point d’initier la neuvième septaine de mon chemin sur cette petite planète Terre, un joyau bleu voguant dans un océan infini de centaines de milliards de galaxies, je ne peux m’empêcher de hurler ma rage. Il ne m’est pas habituel de m’épancher sur des épisodes de vie qui, au regard de l’infinitude, ne sont que de simples épiphénomènes et la partie de “moi-même” (avec toute l’incertitude quantique que recouvre ce vocable) qui médite sur le processus de désincarnation ne peut que se détacher des ignominies que l’homme occidental fait endurer à la Biosphère: Gaïa en a vu bien d’autres, en quelque 4350 millions d’années, et ses capacités auto-poétiques et facultés de régénération dépassent sûrement, de loin, l’entendement humain.
Mais la partie de moi-même qui a vécu son enfance au coeur de la misère ouvrière et des ravages éthyliques de Saint-Nazaire, qui a vécu Mai 68 comme une occasion de plus pour les CRS de se déployer dans une ville de chantiers navals aux révoltes incessantes, qui a créé le premier comité de soutien aux objecteurs de conscience en 1973 dans la Mayenne, qui est passée en jugement au Tribunal de Grenoble en tant qu’objecteur de conscience insoumis à l’ONF, qui a eu peur au milieu des maïs durant la dernière manifestation contre le surgénérateur de Malville, en 1977, alors que les grenades offensives volaient, qui dans sa jeunesse a toujours considéré le bon vieux chanvre du Néolithique comme une filière d’avenir pour la civilisation post-historique émergente, qui dans cette même jeunesse a joué des milliers de parties métaphysiques de Go dans le désintérêt le plus total de cette société mercantile et mortifère, qui a tout fait pour éviter à ses enfants les sévices de l’éducastration homologuée, qui a lutté 17 ans pour avoir le droit de distribuer des semences de tomates; cette partie de moi-même HURLE SA RAGE.
GRIOUDAS (Aveyron) – (AFP) – Secret de fabrication bien gardé, unité de transformation fermée à double-tour: l’éleveur Marcel Mezy commercialise depuis l’Aveyron un fertilisant naturel qui a déjà convaincu des milliers d’agriculteurs de se détourner des engrais chimiques classiques.
A ce jour, 5.000 exploitations sur 350.000 en France utilisent les granulés certifiés Agriculture biologique renfermant un cocktail de micro-organismes élaboré à partir de composts de matières végétales par ce chercheur-paysan dans sa ferme de Grioudas.
Selon cet agronome, s’il est produit à grande échelle, « on pourra dire que c’est un procédé de fertilisation qui est de nature, dans le siècle à venir, à changer radicalement la perspective en matière de fertilisation », sans toutefois « éliminer l’usage des engrais classiques et pesticides », mais cela « permettrait de les réduire, ce qui est nécessaire ».
Les ventes de Bactériosol (à incorporer dans la terre) et de Bactériolit (à mélanger au fumier), par sac de 600 kg pour les agriculteurs ou en boîte de 1,2 kg pour les jardiniers amateurs, augmentent de 20% environ par an.
Le chiffre d’affaires de la Sobac, l’entreprise fondée en 1992 par Marcel Mezy et ses associés, a atteint 15 millions d’euros en 2010 et table sur 17 à 18 millions d’euros cette année, grâce également aux marchés européens. La production est passée de 7.000 tonnes en 2001 à 35.000 en 2011.
Agriculteur, expert en agroécologie, écrivain et penseur français d’origine algérienne, Pierre Rabhi est l’un des pionniers de l’agriculture biologique et l’inventeur du concept des Oasis en tous lieux. Aux éditions Actes Sud, il a déjà fait paraître, en 2008, Manifeste pour la Terre et l’Humanisme.
Vers la sobriété heureuse
Pierre Rabhi a en effet vingt ans à la fin des années cinquante, lorsqu’il décide de se soustraire, par un retour à la terre, à la civilisation hors sol qu’ont largement commencé à dessiner sous ses yeux ce que l’on nommera plus tard les Trente Glorieuses. Après avoir dans son enfance assisté en accéléré, dans le Sud algérien, au vertigineux basculement d’une pauvreté séculaire, mais laissant sa part à la vie, à une misère désespérante, il voit en France, aux champs comme à l’usine, l’homme s’aliéner au travail, à l’argent, invité à accepter une forme d’anéantissement personnel à seule fin que tourne la machine économique, point de dogme intangible. L’économie ? Ce n’est plus depuis longtemps qu’une pseudo-économie qui, au lieu de gérer et répartir les ressources communes à l’humanité en déployant une vision à long terme, s’est contentée, dans sa recherche de croissance illimitée, d’élever la prédation au rang de science. Le lien filial et viscéral avec la nature est rompu ; elle n’est plus qu’un gisement de ressources à exploiter – et à épuiser. Au fil des expériences de vie qui émaillent ce récit s’est imposée à Pierre Rabhi une évidence : seul le choix de la modération de nos besoins et désirs, le choix d’une sobriété libératrice et volontairement consentie, permettra de rompre avec cet ordre anthropophage appelé « mondialisation ». Ainsi pourrons-nous remettre l’humain et la nature au coeur de nos préoccupations, et redonner, enfin, au monde légèreté et saveur.
L’étude Séralini est-elle sérieuse ? Que conclure pour l’homme d’une expérience sur des rats ? Rue89 répond à cinq questions et vous invite à soumettre les vôtres.
Capture d’écran de l’étude Séralini, parue dans la revue Food and Chemical Toxicology
Dès la publication de l’étude de l’équipe Séralini démontrant les effets toxiques des organismes génétiquement modifiés (OGM) sur les rats, la guerre des experts a, sans surprise, démarré. Les pro-OGM tentent de discréditer les anti-OGM, qui ont marqué un point et au moins réussi une belle opération de com’.
Pour aller plus loin
Pour un point de vue plus réservé sur cette étude
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Les débats sur les OGM ont toujours fait rage en France. Ça ne risque pas de s’arrêter aujourd’hui. Une étude publiée mercredi a en effet déchaîné les passions en France, mais aussi à l’étranger. L’étude de Gilles-Eric Séralini et de ses collègues montre en effet que la consommation de maîs NK603 chez les rats augmente les risques de cancers ainsi que le taux de mortalité. Et la communauté scientifique de se diviser sur le sujet. Le professeur des sciences de l’alimentation Bruce Chassy estime dans le New York Times que « ce n’est pas une publication scientifique innocente, mais un coup médiatique soigneusement préparé« .
Dans un entretien donné au quotidien Le Monde, Gérard Pascal, ancien toxicologue spécialiste des OGM à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et aujourd’hui consultant pour des entreprises agroalimentaires, explique quant à lui que l’étude présente de « très sérieuses lacune qui invalident ses résultats« , ajoutant qu’elle « présente […] des faiblesses statistiques majeures » puisqu’elle ne se base pas « sur des groupes d’au moins cinquante animaux de chaque sexe« , ce qui permettrait d' »établir une analyse statistique représentative« . Selon Gérard Pascal, « au lieu de deux cents rongeurs au total, il en aurait fallu un millier« . Il ajoute par ailleurs que « l’équipe de chercheurs a choisi, pour les expérimentations, une espèce de rats qui développement spontanément des tumeurs« .
Les auteurs de l’étude de répondre immédiatement à ces accusations. Joël Spiroux, coauteur de l’étude, explique ainsi sur le site du Nouvel Observateur que le nombre de rats « correspond au nombre utilisé par Monsanto dans son étude sur trois mois« .
Gilles-Eric Séralini explique quant à lui qu’il nie toute autorité à l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) pour mener une contre-expertise de ses recherches. Il déclare notamment qu' »il n’est pas question que ceux qui ont autorisé le NK603 réalisent la contre-expertise de nos données, car il y aurait un conflit d’intérêt avec leur autorité et leur carrière« . Le biologiste a par ailleurs expliqué qu’il pensait « également mettre en cause à la fois la compétence de l’EFSA et son honnêteté, au moins scientifique« . Le débat ne fait que commencer…
Les conflits de chercheurs font avancer la science
La science tend vers un objectif : décrire la réalité objectivement. Refuser cet objectif revient à dire que la réalité dépend du point de vue de chacun, qu’il n’y a pas de faits mais uniquement des interprétations. C’est quelque chose de très dangereux, car cela permet par exemple de nier l’existence des chambres à gaz.
Je m’oppose formellement à cela, tout comme je m’oppose, à l’inverse, à l’idée que les savants seraient des individus éthérés et détachés de tout intérêt. Bien sûr qu’ils en ont. C’est même là que réside le moteur de l’évolution des sciences.
En effet, c’est grâce aux différents présupposés de chacun que naissent des controverses scientifiques, et les recherches qui vont avec pour tenter de démontrer que l’autre à tort.
Pasteur avait un adversaire scientifique, Félix Archimède Pouchet. Chacun se lançait dans de nouvelles expériences dès que le premier avait fait une découverte. La matérialité de la réalité a finalement donné raison à Pasteur.
C’est bien la conflictualité dans le champ scientifique qui fait avancer la science.
Le système industriel de production de viande en question
Débat avec Jocelyne Porcher,
Vivre avec les animaux, une utopie pour le XXème siècle. Récapitulant les apports de ses contributions de ces dernières années, Jocelyne Porcher présente dans ce livre une critique décapante de ce qu’elle nomme le système industriel de production animale, et s’efforce de tracer les lignes d’une alternative radicale. En tant que chercheuse, ancienne éleveuse, ancienne travailleuse du secteur, Jocelyne Porcher parle de ce qu’elle connaît bien. Se démarquant de l’orientation définie par bon nombre de défenseurs des animaux ou s’autoproclamant tels, elle oppose au système de production animale, l’élevage dont elle montre à quel point il est important de le défendre. Plaçant, à rebours de tant d’autres chercheurs ou philosophes s’intéressant à la question animale, le travail au cœur de sa réflexion, elle montre combien la définition de mode renouvelé de relations entre humains et animaux, passant par d’autres relations de travail avec les animaux dits de « rente », est essentiel pour construire une autre société.
A l’invitation des revues Contretemps, Ecorev, La Décroissance, Ecologie et Politique, Mouvements
Dans notre monde radicalement artificialisé, seuls les animaux, en nous rappelant ce qu’a été la nature, nous permettront peut-être de nous souvenir de notre propre humanité. Mais saurons-nous vivre avec eux ? Le voulons-nous encore ? Car l’abattage de masse des animaux, considérés comme simples éléments des « productions animales », leur inflige une terreur et une souffrance insoutenables, tout en désespérant les éleveurs. Et l’élevage, après 10 000 ans d’existence, est aujourd’hui souvent décrit comme une nuisance, pour l’environnement comme pour notre santé. Une condamnation reposant sur une confusion entre « élevage » et « production animale », dont il nous faut comprendre les enjeux.
Qu’est-ce que l’élevage ? Quelles différences entre « élevage » et « productions animales » ? Quelle est la place de la mort dans le travail avec les animaux ? Peut-on améliorer leur sort dans les systèmes industriels ? Faut-il « libérer les animaux » comme le proposent certains philosophes ? En répondant ici à ces questions, Jocelyne Porcher explique en quoi la capacité des hommes à coexister pacifiquement dépend de leur capacité à vivre en paix et dignement avec les animaux. Et pourquoi, dès lors, sauver l’élevage en évitant son assujettissement au système d’exploitation et de mise à mort industrielle pourrait être une des plus belles utopies du XXIe siècle.
Marc Luyckx Ghisi a étudié les mathématiques, la philosophie et la théologie. Après un parcours qui l’a conduit en Italie, au Brésil et aux E. U., il a été pendant près de dix ans conseiller des présidents Delors et Santer à la » Cellule de Prospective » de la Commission européenne à Bruxelles. Il s’y est occupé du sens de la construction européenne et de ses dimensions éthiques, culturelles, religieuses et politiques, dans le contexte du changement de société. Il est maintenant doyen de la Cotrugli Business Academy à Zagreb, Croatie et Membre du Conseil International d ‘Auroville en Inde du Sud.
Présentation de l’éditeur
Nous vivons un changement de société rapide et profond car la rationalité moderne, l’approche patriarcale et le capitalisme industriel ne sont plus capables de formuler une réponse satisfaisante ni au problème de notre survie collective et de celle de l’environnement, ni aux problèmes sociaux et démographiques de notre monde en ce début de XXIe siècle. Ils sont déjà dépassés car ils ne font plus sens : ils conduisent à la mort. La société civile mondiale cherche déjà ailleurs, même si les pouvoirs s’évertuent à la convaincre qu’il n’y a pas d’alternative. Certains sont en train d’expérimenter un profond réenchantement, une réconciliation corps-coeur-âme. Dans ce groupe de 25 % de citoyens européens et américains, 66 % sont des femmes. Ces changements en cours touchent aux aspects les plus profonds de nos vies comme la relation homme-femme, le sacré, la vérité, le statut de la raison et de la science, le temps, l’espace et le bonheur. Et en même temps, c’est l’architecture souterraine de la modernité qui est en train de se dissoudre. Il est normal que les citoyens ressentent de l’angoisse. A un niveau moins profond, mais tout aussi important, la société de l’information est comme le turbo qui accélère et approfondit ces changements. En modifiant le coeur même de la logique capitaliste et communiste, elle les dépasse et nous fait entrer dans une logique qui s’avère chaque jour plus différente ; et où les avantages et les dangers ne seront pas nécessairement ceux que nous percevons aujourd’hui.
publié par l’Express : Franck Laval, le 22/02/2012
[Chronique] Bisphénol A, phtalates, toxine botulique (Botox), toutes ces substances chimiques comme bien d’autres peuvent désormais être mieux évaluées. C’est ce que démontre le Comité scientifique de Pro Anima partenaire de la Start up Novaleads. Ensemble, ils ont mis au point un programme scientifique tout à fait novateur avec l’objectif de remplacer l’utilisation d’animaux en toxicologie tout en apportant une plus grande fiabilité des résultats.
L’expertise du Professeur Jean-François Narbonne, toxicologue à l’Université de Bordeaux II et les recherches de Novaleads ont permis d’assurer au programme nommé VALITOX-EVATOX, une prédicitivité de 82% contre à peine 62% sur les rongeurs. Les résultats ont été publiés dans une revue scientifique à comité de lecture ALTEX (Alternative to Animal Expérimentation, une référence en la matière) en Mars 2009. Non seulement des vies animales pourront être épargnées mais l’évaluation des substances chimiques qui nous environnent sera plus fiable! S’enthousiasme Christiane Laupie-Koechlin, fondatrice de Pro Anima et initiatrice du projet. Ce procédé, permettant de déceler l’éventuelle toxicité aiguë d’une substance en utilisant la technique de la fluorescence, est actuellement en cours de validation à l’ECVAM, l’Institut de contrôle en charge des validations au niveau européen. Le programme sera ensuite proposé dans le cadre de la directive REACH (ambitieux projet européen qui demande aux industriels de tester quelques 145 000 substances chimiques déjà présentes dans nos produits de consommation courante).
Les tests sur les animaux un modèle biologique pas fiable
Pro Anima s’active depuis des années à démontrer que les animaux ne peuvent pas être un modèle biologique fiable pour l’expérimentation, rendant ainsi les résultats des recherches peu extrapolables à l’homme. De plus, de nombreux scientifiques remettent ce dogme du » modèle animal » en question, dans les pays Anglo-Saxons notamment. Ainsi, aux Etats-Unis, l’Agence Reuters, dans un communiqué du 14 février 2008 indique que: les laboratoires d’Etat vont passer aux méthodes de tests sans animaux telles que les tests cellulaires et les banques de données pour tester l’innocuité des produits chimiques, les médicaments et les toxiques. Le National Institute of Health et l’Environmental Protection Agency (EPA) déclarent: Ces méthodes sont plus rapides, plus précises et beaucoup moins onéreuses.
La recherche pourra t-elle un jour se passer de l’utilisation d’animaux? Le débat, récurrent en Europe, est toujours d’actualité, malgré un manque évident de volonté politique, de la France en particulier! Toujours est-il que des progrès scientifiques fulgurants permettent d’envisager sérieusement une science plus éthique: modélisation de micro organes à base de tissus humains, création de bases de données ultra sophistiquées permettant de reproduire avec une plus grande exactitude des réactions chimiques, logiciels permettant de tester des substances directement à partir d’une simple prise de sang sur le patient, les progrès de la biologie moléculaire, cellulaire, génomique, bio marqueurs…
Autant de recherches qui contribuent à une science moderne au service de l’Homme, de la nature et de l’environnement. Car c’est bien de cela dont il s’agit déclare Pro Anima: Faire la promotion d’une expérimentation scientifique n’utilisant pas de cobayes animaux, c’est aussi restaurer les liens qui unissent l’Homme, l’animal et l’environnement… car hormis les cobayes animaux, les humains font souvent les frais de ces substances chimiques.A insi, dans ce cas, ce qui sauve l’animal améliore la recherche au service de l’Homme.
Egalement au niveau associatif, de grands organismes de protection de la nature et de l’environnement ont participé financièrement au programme VALITOX/EVATOX (SPA, Fondation 30 millions d’Amis, SNDA, Fondation Bardot, Association Bourdon). Un espoir pour tous dès maintenant.
Ancien géant de la chimie, Monsanto est aujourd’hui le leader mondial des OGM et l’un des premiers semenciers de la planète.ASSOCIATED PRESS/JAMES A. FINLEY
La condamnation, lundi 13 février, du géant américain de l’agroalimentaire Monsanto, poursuivi par un petit agriculteur charentais intoxiqué par un herbicide, est une première en France. A l’échelle de l’histoire de la multinationale, centenaire, cette condamnation ne constitue qu’une péripétie judiciaire de plus dans un casier déjà très chargé.
PCB, agent orange, dioxine, OGM, aspartame, hormones de croissance, herbicides (Lasso et Roundup)… nombre de produits qui ont fait la fortune de Monsanto ont été entachés de scandales sanitaires et de procès conduisant parfois à leur interdiction. Mais rien n’a jusqu’ici freiné l’irrésistible ascension de cet ancien géant de la chimie reconverti dans la biogénétique et passé maître dans l’art du lobbying. Portrait d’une multinationale multirécidiviste.
Depuis sa création en 1901 à Saint-Louis, le petit producteur de saccharine devenu un des principaux semenciers de la planète n’a cessé de défrayer la chronique. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’explosion accidentelle d’une usine de plastique Monsanto provoquée par celle d’un cargo français chargé de nitrate, qui fit 500 morts à Texas City en 1947, est ainsi restée dans les annales comme l’un des premiers désastres de l’industrie chimique.
Deux ans plus tard, c’est au tour d’une deuxième usine de la firme, à Nitro en Virginie, de partir en fumée. Cette fois-ci, la responsabilité de l’entreprise est engagée. Plus de deux cents ouvriers développent des chloracnés, un trouble aussi rare que sévère de la peau, rapporte Marie-Monique Robin, lauréate du prix Albert-Londres, dans son documentaire Le monde selon Monsanto.
L’accident révèle que le produit phare de la marque, l’herbicide 2,4,5-T, contient des niveaux élevés de dioxines, des substances hautement toxiques et cancérigènes, de composition assimilable à celle des polychlorobiphényles (PCB). La première étude suggérant la dangerosité potentielle de la dioxine était connue de Monsanto dès 1938 : la commercialisation de l’herbicide se poursuivra pourtant pendant près de quarante ans, avant son interdiction dans les années 1970.
Monsanto, qui a dirigé l’usine de Nitro entre 1934 et 2000, a par ailleurs fait l’objet d’une plainte déposée en 2007 par 77 habitants de Virginie atteints de cancer, qui accusent la compagnie d’avoir diffusé « illégalement » de la dioxine dans les environs de l’usine.
En 2001, 3 600 habitants de la ville d’Anniston, en Alabama, attaquent Monsanto pour une contamination aux PCB. Selon un rapport déclassifié de l’Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis (EPA), Monsanto a déversé pendant près de quarante ans des milliers de tonnes de déchets contaminés dans un ruisseau et une décharge à ciel ouvert, au cœur du quartier noir de la ville.
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En 1975, une étude menée par Monsanto révèle que le PCB provoque des tumeurs chez le rat. La multinationale décide d’en changer les conclusions, de « légèrement tumorigènes » à « n’apparaît pas cancérigène ». « Nous ne pouvons nous permettre deperdre un seul dollar » : ainsi se conclut l’un des mémos consultés par TheWashington Post.
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Agent orange : condamné pour « empoisonnement »
Durant ces mêmes années, entre 1961 et 1971, Monsanto produit l’agent orange, constitué à partir de l’herbicide 2,4,5-T, dont la dangerosité est largement connue depuis l’explosion de l’usine de Nitro. Ce défoliant sera massivement déversé par l’aviation américaine au-dessus des forêts vietnamiennes pendant la guerre. Les conséquences se font encore sentir aujourd’hui, avec de nombreux cancers et des malformations de naissance au Vietnam, ainsi que des séquelles diverses chez nombre d’anciens combattants américains.
L’herbicide Roundup est-il toxique ?
Souvenez-vous de cette publicité et de ce bon chien Rex : « Roundup ne pollue ni la terre ni l’os de Rex ». Elle a valu à Monsanto d’être condamnée deux fois, aux Etats-Unis et en France, pour des mentions mensongères placées sur l’emballage de cet herbicide total (qui élimine toutes les plantes).
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Plusieurs études concordantes affirment pourtant que le pesticide phare de Monsanto – et son principe actif, le glyphosate – est potentiellement tératogène, c’est-à-dire responsable de malformations fœtales. L’une d’entre elles, publiée fin 2010 dans Chemical Research in Toxicology, montre que l’exposition directe d’embryons de batraciens à de très faibles doses d’herbicide à base de glyphosate entraîne des malformations.
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Herbicide Lasso : interdit à la vente
La condamnation qui a frappé, lundi 13 février, le deuxième herbicide de Monsanto est plus significative. Les juges français ont en effet considéré que le fabricant de produits phytosanitaires devra indemniser« entièrement » le plaignant, Paul François. Ce céréalier ne travaille plus qu’à mi-temps, en proie à des fatigues chroniques et des maux de tête tenaces. Les médecins considèrent que son système nerveux central a été affecté à la suite de l’inhalation du Lasso.
Monsanto a fait appel
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Hormones de croissance : scandale chez Fox News
Au début des années 1990, Monsanto commercialise son premier produit issu des biotechnologies : Posilac, l’hormone de croissance bovine recombinante (rBGH), une hormone transgénique destinée à augmenter la lactation des vaches de près de 20 %. L’hormone entraîne des mammites, des inflammations de la mamelle, qui contraignent les éleveurs à traiter leurs vaches avec des antibiotiques, dont on retrouve ensuite la trace dans le lait. Ce produit miracle est aujourd’hui interdit partout, sauf aux Etats-Unis.
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OGM : des procès en pagaille
Entre 1995 et 1997, le soja génétiquement modifié Roundup Ready, le colza Roundup Ready et le coton Roundup Ready, tous trois résistants à l’herbicide Roundup, reçoivent les autorisations de commercialisation. Détentrice d’un brevet aujourd’hui périmé sur le glyphosate (commercialisé sous le nom de Roundup), l’entreprise décide de changer de stratégie et entreprend de breveter le vivant. Elle produit actuellement 90 % des OGM de la planète.
Un quasi-monopole que la firme défend chèrement. Au cours des années 2000, Monsanto assignera ainsi devant les tribunaux des centaines de paysans accusés d’avoir utilisé « frauduleusement » ses semences transgéniques brevetées, c’est-à-dire de les avoir replantées.
La Commission européenne a reçu, lundi 20 février, une demande du gouvernement français de suspendre d’urgence la culture du maïs OGM MON810 sur le territoire de l’UE, a annoncé Frédéric Vincent, porte-parole du commissaire chargé de la santé et des consommateurs, John Dalli.
La requête des autorités français se fonde sur « de nouvelles études scientifiques », a-t-il expliqué, avant d’indiquer que la Commission allait les étudier et fournir sa réponse « dans les délais prévus ».
La requête française n’est pas une nouvelle clause de sauvegarde, mais une demande d’interdiction générale de la culture du MON810. La France avait adopté une clause de sauvegarde pour interdire la culture de ce maïs sur son territoire en février 2008, mais la mesure a été invalidée par la Cour européenne de justice de Luxembourg et le Conseil d’Etat.
Nathalie Kosciusko-Morizet s’était engagée récemment à redemander l’interdiction de culture de ce type de maïs avant fin février. La demande française « s’appuie sur les dernières études scientifiques », et notamment sur un avis de l’Agence européenne de sécurité alimentaire (AESA), publié le 8 décembre 2011, qui« montrent que la culture de ce maïs présente des risques importants pour l’environnement ».
L’avis de l’AESA porte sur le maïs OGM Bt11, mais « on argumente que nombre de problèmes soulevés par le Bt11 sont transposables au Monsanto 810 », a souligné la ministre à l’AFP à Paris. « Si l’Union européenne n’agit pas, on peut prendre une clause de sauvegarde », comme l’ont déjà fait six autres pays européens, a-t-elle indiqué.
Le maïs MON810 est cultivé dans l’UE depuis 14 ans, essentiellement en Espagne. La multinationale a demandé le renouvellement de cette autorisation, mais sa requête n’a pas encore été soumise aux Etats. Le processus d’autorisation des OGM est actuellement dans l’impasse, car aucune majorité n’est jamais trouvée entre les 27 Etats.
Aspartame : vers un nouveau scandale sanitaire ?
Monsanto le précise clairement sur son site Internet : après en avoir été l’un des principaux producteurs dans les années 1980 et 1990, l’entreprise ne produit plus d’aspartame depuis 2000. La firme tient pourtant à insister sur le fait que cet édulcorant, le plus utilisé au monde, « ne provoque aucune maladie ».
Des études récentes ont cependant mis en évidence un risque accru de naissances prématurées chez les femmes qui consomment ce produit. L’Autorité européenne de sécurité des aliments a même été invitée en mai par la Commission européenne à anticiper la réévaluation complète de la sécurité de l’aspartame en 2012.
Vu sur le site de l’Eglise de la Très Sainte Consommation
Croissance Reviens ! Dilapidez !
Croissance, croissance, croissance reviens !
Croissance reviens parmi les tiens !
Pour notre bonheur, montre-nous le chemin,
Toi qui nous aveugles si bien. !
Citée 1000 fois dans les journaux quotidiens,
Tu ne quittes pas la bouche de nos politiciens,
Tu apportes l’emploi et le pouvoir d’achat,
Pour con consomme comme des rois !
Croissance, croissance….
Bien ancrée dans tous les recoins de nos cerveaux,
Croissance tu es la solution de tous les maux,
Croissance infinie dans toute la galaxie,
Tu es la source de la vie !
Croissance, croissance….
Soyons malades, dépressifs et surendettés,
Pour la patrie, pour la croissance du P.I.B,
Vive l’exploitation, le travail et l’argent !
A mort tous les décroissants !
Croissance, croissance….
Dilapidez !
Tout votre blé !
Pour la croissance
Du P.I.B. !
Dilapidez !
Ô lapidez !
La femme-objet !
Les ouvriers !
Les étrangers !
Ô lapidez !
Dilapidez !
Tout votre blé !
Pour la croissance
Du P.I.B. !
Du fric à l’aise J’t’emmène Au Poste
Ah que je gagn’ du fric à l’aise
Quand y’a pas d’règles pour l’emploi
Oui pour l’emploi
J’ouvre et je ferme les usines
Sans me soucier des ouvriers, des ouvriers
J’ouvre et je ferme les usines
Sans me soucier des ouvriers
J’ai rétabli l’travail des gosses,
Dans les pays d’Extrême-Orient
D’Extrême-Orient
Leurs petit’s mains cous’nt les godasses
Pour bien moins cher que leurs parents, que leurs parents
Leurs petit’s mains cous’nt les godasses
Pour bien moins cher que leurs parents, que leurs parents
La nuit j’fais travailler les femmes
Y’a pas d’raisons qu’elles y échappent,
Qu’elles y échappent,
Comm’ça ell’s sont près de leur mômes
C’est plus social et plus rentable,
Et plus rentable
Comm’ça ell’s sont près de leur mômes
C’est plus social et plus rentable
Aujourd’hui je suis mercenaire
Pour le Medef et pour le fric
Et pour le fric,
J’ai un contrat en Normandie
Je restructure l’industrie, oui l’industrie
J’ai un contrat en Normandie
Je restructure l’industrie
Après il y’aura la Bretagne,
La Lorraine et le Pas-d’-Calais
Le Pas-d’-Calais
Chaqu’fois que je ferme une usine
Y’a dix millions qui tomb’nt pour moi,
Qui tomb’nt pour moi
Chaqu’fois que je ferme une usine
Y’a dix millions qui tomb’nt pour moi
Ah que je gagn’ du fric à l’aise
Quand y’a pas d’règles pour l’emploi
Oui pour l’emploi
J’ouvre et je ferme les usines
Sans me soucier des ouvriers, des ouvriers
J’ouvre et je ferme les usines
Sans me soucier des ouvriers
(Mouise attaque)
Allez viens j’t’emmène au poste,
Je t’embarque avec les menottes,
Et je voudrais que tu te rappelles,
La matraque est éternelle
Et pas artificielle !
Je voudrais que tu te rebelles plus souvent,
Qu’on puisse t’humilier devant les gens,
Et je voudrais que tu te rappelles,
Le flashball est bien mortel
Et pas accidentel !
Je voudrais que tu ne sois plus dissident
Que tu rentres enfin dans le rang
Et je voudrais que tu te rappelles,
Les bavures, blessures mortelles !
Coma artificiel !
Je voudrais que tu aies peur plus souvent
Des contrôles, des rafles, des agents
Et je voudrais que tu te rappelles
La matraque est éternelle
Et pas artificielle !
Je voudrais que tu t’agenouilles sagement
Que tu trimes en serrant les dents,
Et je voudrais que tu te rappelles
L’obéissance et le zèle
C’est là où j’excelle !
Je voudrais que tu dénonces des gens
Que tu donnes des renseignements
Et je voudrais que tu te rappelles
Les caméras te harcèlent
C’est pas qu’du virtuel !
Allez viens j’t’emmène au poste,
Je t’embarque avec les menottes,
Et je voudrais que tu te rappelles,
La matraque est éternelle
Et pas artificielle !
Père Aless – janvier 2011
La Marchandaise Peupler Ma Vie De Concurrence
Allons clients consuméristes
Le jour de paye est arrivé !
Contractons de nombreux crédits,
Crédits à la con-sommation (Bis)
C’est le travail qui nous libère,
Nous sommes libres de consommer !
Endettés, pieds et poings liés,
Les actionnaires peuvent sabrer le Champagne !
Aux marques, citadins !
Videz les magasins !
Ach’tons ! Ach’tons !
Que nos caddies soient toujours bien remplis !
Allons clientes, consommatrices !
Le jour des soldes est arrivé !
Dégainons cartes bleues et chéquiers !
L’étendard des soldes est levé ! (Bis)
Admirons ces belles campagnes (de pub),
Gloire à la publicité !
Soyons toujours surendettés !
Et frustrés, que le désir nous gagne !
Aux marques, citadins !
Videz les magasins !
Ach’tons ! Ach’tons !
Le sang du Sud abreuve l’Occident !
Aux marques, citadins !
Videz les magasins !
Ach’tons ! Ach’tons !
Que nos caddies soient toujours bien remplis !
Refrain :
Peupler ma vie de concurrence, et fuir la solidarité,
Choisir avec toi la méfiance, haïr, se savoir détesté.
Des autr’, n’en avoir rien à foutre,
Aimer le pouvoir et l’argent,
Ecarter les pauvres de nos routes,
Sauf s’ils servent les dominants.
Refrain
Prôner une croissance infinie,
Les Hommes dominent la Nature,
Se fier aux chères technologies,
C’est le progrès, c’est le futur
Refrain
Fustiger les pauvres hérétiques,
Qui n’croient pas à toi, Dieu Argent,
Les traiter de sales parasites,
De malades, de gros fainéants.
Refrain
Semer la grand’ peur et le doute,
Le travail lui-seul crée des liens,
Surtout du chômage, je redoute,
Exploitez-moi, je le veau bien.
Refrain
Dormir peu et sans cesse travailler,
Faire plaisir aux bons actionnaires,
Garder un peu d’temps pour consommer
Aux temples où la vie est moins chère.
Refrain
Tu Es Là
Tu es là au cœur de nos vies,
Et c’est toi qui nous fait vivre,
Tu es là au cœur de nos vies,
Ô-ô Croissance infinie !
Dans le secret de nos bassesses,
Tu es là,
Dans nos discours, nos fauss’s promesses,
Tu es là.
Tu es là au cœur de nos vies,
Et c’est toi qui nous fait vivre,
Tu es là au cœur de nos vies,
Bien vivant, ô Gloire au Fric ! Ô Dieu du Fric !
Refilé dès le plus jeune âge,
Tu es là,
Tu nous réduis en esclavage,
Tu es là.
Tu es là au cœur de nos vies,
Et c’est toi qui nous fait vivre,
Tu es là au cœur de nos vies,
Bien vivant, ô Saint Crédit !
Dans nos cœurs tout remplis de trouille
Tu es là,
Dans tous le fiel de nos magouilles,
Tu es là.
Tu es là au cœur de nos vies,
Et c’est toi qui nous fait vivre,
Tu es là au cœur de nos vies,
Bien vivant, ô Saint Profit !
Dans le milieu de la compète,
Tu es là,
Dans la musique, dans nos fêtes,
Tu es là.
Tu es là au cœur de nos vies,
Et c’est toi qui nous fait vivre,
Tu es là au cœur de nos vies,
Ô-ô Croissance Infinie !
On appelle « révolution verte » le processus qui a conduit de nombreux paysans du Sud à suivre l’exemple des paysans du Nord et à ne cultiver qu’un nombre restreint de céréales, légumineuses, racines et tubercules, préalablement sélectionnés pour leur potentiel génétique de rendement à l’hectare.
Les centres internationaux de recherche agronomique à l’origine de cette « révolution » ont concentré leurs efforts sur la sélection et la création (par hybridation) de variétés de céréales capables de résister aux intempéries et de bien intercepter l’énergie solaire.Implantées à densité de semis plus élevée que les variétés traditionnelles, elles devaient théoriquement permettre un accroissement significatif des rendements.Théoriquement…
Dans les faits, la logique des économies d’échelle et la volonté de rentabiliser au plus vite les investissements de recherche ont, comme cela s’était produit au Nord, poussé les agronomes à mettre au point un nombre limité de variétés, censées pouvoir être cultivées en toutes saisons et sous toutes les latitudes. Le travail de recherche a porté en priorité sur trois principales céréales cultivées dans les régions intertropicales : le riz, le blé, le maïs. Les haricots et la pomme de terre ont vaguement retenu l’attention des sélectionneurs, mais toutes les productions locales traditionnelles qui nourrissent l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine depuis la nuit des temps (le manioc, le taro, l’igname, la banane plantain, l’ensète, le sorgho, le mil, le fonio, le teff, l’éleusine, le sarrasin, le pois cajan, le lupin, l’amarante et le quinoa) ont, quant à elles, été délaissées.
Erreur ? Oui, car il s’est passé au Sud exactement ce qui s’était passé au Nord : les nouvelles variétés n’ont pu bien souvent exprimer pleinement leur potentiel génétique qu’au prix d’une irrigation maximale et d’un apport massif d’engrais de synthèse et de produits phytosanitaires. Cultivées hors de leurs lieux de sélection, elles se sont révélées sensibles à la concurrence des mauvaises herbes et aux agressions des insectes ravageurs ou des champignons pathogènes. Résultat : pour beaucoup de petits paysans, faute d’intrants chimiques et de maîtrise de l’irrigation, les rendements… ont chuté.
En Amérique centrale, le moindre stress hydrique en période de floraison dans les cultures associées affectait les maïs hybrides. Sur la côte est de Madagascar, les inondations submergeaient le riz à paille courte. Dans l’île de Java, les insectes piqueurs-suceurs fondaient sur les plants de riz et les infectaient.
Finalement, les nouvelles variétés n’ont pu être employées aisément que dans des régions déjà fertiles et bien équipées en infrastructures de drainage et d’irrigation, dans lesquelles des exploitants agricoles relativement aisés n’avaient pas trop à craindre les accidents climatiques : Penjab indien et pakistanais, périmètres irrigués du Nord-Est mexicain, plaines alluviales du Sud-Est asiatique, etc. Pour les autres, la « révolution verte » a été synonyme de désastre financier et humain.
La ruine verte
La révolution verte a coûté cher : semences « améliorées », engrais minéraux, produits pesticides. Peu de foyers agricoles ont pu payer comptant ces innovations. Il a donc fallu emprunter. Pour permettre aux plus pauvres de le faire, les gouvernements du Sud ont mis en place des systèmes de crédit agricole dans le cadre de projets de développement plus ou moins directifs. C’est ainsi que des paysans ont hypothéqué leurs terres, leurs troupeaux et, incapables de rembourser les fonds, ont tout perdu. Les États ont eux-mêmes emprunté sur les marchés internationaux pour réaliser les barrages et canaux d’irrigation. Avec pour effet d’accroître encore une dette extérieure déjà pléthorique.
La révolution verte a donc bien révolutionné les campagnes du Sud… en jetant les familles paysannes tombées en faillite sur les routes d’un exode rural accéléré, en direction de bidonvilles déjà surpeuplés. Et cette pauvreté précipite annuellement des centaines de millions de gens dans les circuits des migrations internationales clandestines.
Vous trouverez ici un communiqué du Groupe d’articulation international du Sommet des peuples (Cúpula dos Povos) qui se tiendra en parallèle de la conférence officielle, du 15 au 23 juin à Rio de Janeiro. Ce Sommet des Peuples pour la vie et les biens communs, la justice sociale et environnementale contre la marchandisation de la nature et l’économie verte est organisé par près de 400 organisations de la société civile brésilienne avec le concours des réseaux, mouvements et organisations internationales, dont Attac France qui contribue à sa réussite et à sa déclinaison en France.
Un chien n’est pas une chaise. Une évidence ? Ce n’est pourtant pas ce que considère notre Code civil, pour lequel, depuis Napoléon, les animaux sont inscrits dans la catégorie des biens. Et plus précisément des « biens meubles », objets qui, par leur nature, « peuvent se transporter d’un lieu à un autre ».
De plus en plus de personnes réclament une réforme de ce statut. D’où un projet d’avis, proposé par le président de la Ligue de protection des oiseaux, Allain Bougrain-Dubourg, qui a été validé en avril 2011 par le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Mais las ! Bien qu’adoptée à l’unanimité par la section environnement, puis validée par le bureau du CESE, cette saisine a été stoppée net, mercredi 25 avril, en raison des violentes tensions qui se sont progressivement instaurées entre naturalistes d’une part, et représentants des chasseurs, pêcheurs et agriculteurs d’autre part.
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En dépit d’une proposition de loi déposée, le 3 avril, par le député Jacques Remiller (UMP), demandant à ce que les animaux soient reconnus dans le Code civil comme « des êtres vivants doués de sensibilité », le temps ne semble donc pas venu de voir s’engager cette réforme.
Est-ce pour cela, entre autres, que l’enseignement du droit animal reste si peu développé en France ? Moins qu’en Espagne et que dans les pays anglo-saxons (Royaume-Uni, Canada, Australie), et bien moins encore qu’aux Etats-Unis ? L’université Lewis & Clark de Portland, dans l’Oregon, vient d’annoncer le lancement, à l’automne 2012, du premier master au monde exclusivement consacré au droit animal. Et le pays dans son ensemble compte quelque 120 universités – parmi lesquelles Harvard et Stanford – proposant des cours dans cette matière.
…..
« A la suite de la publication du livre du philosophe australien Peter Singer, Animal Liberation, en 1975, un vaste mouvement en vue de la reconnaissance de droits en faveur des animaux s’est développé en Amérique du Nord », explique le juristeJean-Marc Neumann.
……
Si Lewis & Clark reste pour le moment la seule université anglo-saxonne àproposer un master dédié à cette discipline, beaucoup d’autres (Melbourne en Australie, Northampton au Royaume-Uni) ont développé des masters en bien-êtreanimal, qui intègrent dans leurs programmes des cours de droit animal. Une tendance que l’on retrouve jusqu’en Catalogne, où la faculté de droit de l’Université autonome de Barcelone a lancé, en octobre 2011, un master interdisciplinaire intitulé « Droit animal et société ».
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LES ANIMAUX SONT-ILS DES CHOSES ?
Jean-Pierre Marguénaud, juriste universitaire à la faculté de droit de Limoges et directeur de la Revue semestrielle de droit animalier, en est persuadé : si l’application des peines relatives aux délits de cruauté reste négligeable dans notre pays, et si l’enseignement du droit animal y est encore embryonnaire, c’est en grande partie à ce statut juridique qu’on le doit. « Il y a en France des textes protecteurs des animaux qui sont assez avancés. Mais les mêmes dispositions protectrices ne seront pas interprétées avec la même force, la même ampleur et la même efficacité dans un système qui continuera à dire que les animaux sont des biens meubles, que dans un système où on a affirmé le contraire », déclare-t-il. EnSuisse, depuis le 1er avril 2003, une disposition du Code civil affirme expressément que les animaux ne sont pas des choses.
L’utilisation massive de soja dans l’alimentation animale, principale cause de la déforestation du Cerrado au Brésil.
A la veille du salon de l’agriculture de 2012, le WWF France sort un rapport intitulé « Viandes : un arrière goût de déforestation » qui dénonce la dépendance de la France aux importations de soja pour l’alimentation des volailles et du bétail et démontre que l’expansion de cette culture en Amérique du Sud dégrade les écosystèmes de ce continent.
> La culture de soja, cause de déforestation
Alors que l’édition 2012 du salon international de l’agriculture s’apprête à ouvrir ses portes, nous avons tendance à oublier que le bétail français est nourri avec de grandes quantités de matières premières issues de monocultures intensives qui participent à la déforestation.
Principalement destiné à nos élevages, le soja, issu de monoculture intensive en Amérique du sud, est aujourd’hui la matière première alimentaire la plus importée en France. Le rapport du WWF France révèle que nos besoins en soja représentent l’équivalent de la superficie de deux départements français la Gironde et les Landes.
> Le Cerrado, un joyau brésilien oublié qui disparaît
Au Brésil, les surfaces de production de Soja sont passées de 1,7 millions à 21,7 millions d’hectares en à peine 40 ans. Cet accroissement exponentiel a généré une déforestation massive de la forêt atlantique jusqu’à l’Amazonie. Le Cerrado, savane boisée brésilienne de 2 millions de km² (1/5ème du Brésil) hébergeant 5% de la biodiversité mondiale avec plus de 5000 espèces endémiques, est aujourd’hui l’éco-région la plus touchée par l’expansion de la culture du soja. 49% de sa surface a d’ores et déjà disparu au profit des cultures intensives.
Cette déforestation en plus d’entraîner une perte importante de la biodiversité et une érosion des sols massive, accélère également le dérèglement climatique et perturbe fortement le cycle de l’eau en augmentant les sécheresses.
Outre les conflits sociaux qu’elle provoque avec les communautés locales, la culture du soja est une monoculture intensive qui entraîne une forte augmentation de l’usage des intrants chimiques en Amérique du sud. 70 à 75% de la production mondiale de soja est génétiquement modifiée ce qui généralise l’utilisation de glyphosate [1] .
> Les importations de soja en chiffres
En 2010, la France importait 4,6 millions de tonnes de soja sous forme de tourteaux, d’huile, de graines de farine et de sauces. 90 % de ces volumes étaient destinés à l’alimentation animale principalement sous forme de tourteaux et 70 % provenaient directement d’Amérique du sud. La France est aujourd’hui la 3ème importatrice mondiale de soja brésilien.
Les besoins d’un français pour satisfaire son alimentation carnée représentent l’équivalent de la superficie d’un terrain de basket de culture de soja.
La filière avicole (volaille et œuf) absorbe 58% du soja destiné à l’alimentation animale . 30% sont destinés à la filière bovine, notamment pour les vaches laitières, et12% pour l’élevage porcin .
connu dans le monde entier pour son combat visant à préserver la forêt amazonienne et la culture des peuples y vivant, le Chef kayapo Raoni a récemment fait part au monde d’une situation extrêmement préoccupante concernant l’invasion de territoires indigènes sur lesquels il veille. Des intrus armés, présents en totale illégalité, éclaireurs probables d’une invasion plus massive, ont passé à tabac un indien et détruit un véhicule appartenant à sa communauté. D’autres ont établi des auberges et autres exploitations clandestines dans la même zone. Raoni attend le décret présidentiel permettant la démarcation et donc la sécurisation de cette zone (appelée par les kayapo Kapot Nhinore) depuis près de vingt ans. Celle-ci a été « oubliée » en 1994 lors d’un précédent tracé effectué par le gouvernement, après une mémorable campagne planétaire de levée de fonds aux côtés du chanteur Sting.
Après avoir vainement sollicité l’arbitrage des autorités suite aux incidents récents, les kayapos ont décidé d’établir un camp d’environ 120 personnes dans la zone envahie, afin d’effectuer eux-mêmes le travail de sécurisation de leur territoire. Ils veulent, par cette action forte, inciter le gouvernement brésilien à prendre ses responsabilités et à tenir ses engagements en ce qui concerne la reconnaissance légale de leur territoire.
Aujourd’hui Raoni et son peuple, qui font également face à la construction du barrage de Belo Monte en aval du fleuve Xingu, sollicitent notre aide pour financer ce campement de résistance et d’alerte, à haute valeur symbolique, qu’ils comptent tenir jusqu’à ce que le gouvernement fédéral exproprie les colons et valide la démarcation de Kapot Nhinore. Leur détermination est totale et ils se disent prêts à tenir des années s’il le faut.
Vos dons, collectés par l’ONG américaine Amazon Watch, en partenariat avec l’association Planète Amazone, permettront aux 140 guerriers de Raoni d’être régulièrement ravitaillés (alimentation, médicaments, équipements de première nécessité), de se soigner, de se protéger des insectes et de se déplacer par véhicule dans cette zone isolée, afin d’effectuer leur mission de surveillance.
Nicolas Hulot connait bien l’action du Chef Raoni pour avoir tourné avec lui sa dernière émission Ushuaïa (non encore diffusée) et souhaite le soutenir dans son combat
» Le chef Raoni se bat pour son peuple, mais aussi sans relâche et pacifiquement pour préserver ce patrimoine commun de l’humanité dont nous bénéficions tous parfois sans même le savoir. Les clés du futur sont aussi dans ce réservoir irremplaçable de biodiversité et de ressource qu’est la forêt amazonienne. En stockant le CO2, la forêt amazonienne, conditionne notre destin. Nous sommes liés au sort des indiens Kayopos. Mais plus encore il y va de notre dignité qu’aujourd’hui l’on cesse enfin d’anéantir l’une des plus belles civilisations, la civilisation indienne. Aujourd’hui, il a besoin de notre soutien »
Le colloque international « Cancers et expositions environnementales »
s’est tenu le 12 décembre 2011 à la Maison internationale de la Cité
internationale universitaire de Paris. Organisé par l’Anses, l’Institut
national du cancer (INCa) et l’Alliance nationale pour les sciences de la
vie et de la santé (Aviesan), les scientifiques ont dressé un bilan des
connaissances liant cancer et exposition environnementale.
Aujourd’hui, l’adage « la dose fait le poison » est devenu trop simpliste. C’est du moins l’avis des spécialistes réunis au colloque international « Cancer et Environnement » organisé le 12 décembre 2011 par l’Anses. « La dose est importante, mais il y a de nombreux autres facteurs tels que la susceptibilité génétique qui doivent être étudiés », indique Bette Meek, directrice adjointe de
l’évaluation des risque chimiques au Centre McLaughlin (Canada). « L’âge et le sexe sont également d’importants facteurs » ajoute le docteur Christopher Wild, directeur du CIRC. D’autres facteurs ne restent pas en laisse : population vieillissante, évolution des modes de vie, pollution, etc.
« Il y a des facteurs modifiables et des facteurs non modifiables à l’origine de la hausse observée des cancers » insiste Françoise Clavel-Chapelon, initiatrice de la cohorte E3N en 1990. Le tabac serait responsable de 37 % des décès par cancers, l’alcool de 9 % et l’obésité de 1 %. 49 % des décès auraient une cause encore non identifiée. Les marges de recherche sont donc importantes. Une fois écartée la part attribuable principalement aux comportements ou au mode de vie (tabac, alcool, exposition solaire, alimentation, activité physique…) et au vieillissement démographique, reste à apprécier le poids relatif des facteurs
environnementaux physico-chimiques et microbiologiques car la très grande majorité des cancers ont des causes multifactorielles.
De nombreuses voies d’amélioration
Les mêmes données, exploitées avec des modèles différents estiment souvent des risques différents. Il faut donc « harmoniser la terminologie, les méthodes de calcul d’exposition, notamment les modèles et les calculs d’incertitudes pour pouvoir comparer les
conclusions », insiste Gerhard Heinemeyer, responsable du groupe évaluation de l’exposition et normalisation à l’Institut fédéral d’évaluation des risques (Allemagne). Les incertitudes sont pour lui une question cruciale. « Si j’affirme qu’il fera 15°C la semaine prochaine, ou si je soutiens qu’il fera entre 12 et 18°C, à quelle affirmation donnerez-vous le plus de crédit ? », s’interroge le
chercheur.
Outre l’harmonisation, il faut augmenter le nombre de données disponibles. En France, beaucoup de départements n’ont pas encore de registres de cancers. L’estimation au niveau national est donc sujette à de nombreuses incertitudes et il y a souvent un
manque de connaissances des expositions. Etudier la survenue d’un cancer, c’est pourtant connaître l’exposition in utero, jusqu’au développement. Une période de 20 à 40 ans doit être couverte. « Dans le cas des études se faisant a posteriori, il y a d’énormes problèmes de sous-évaluation », indique Anne Maître de l’équipe environnement et prédiction de la santé des populations au CHU de Grenoble. Les biomarqueurs peuvent jouer un rôle capital dans ce sens. Selon Anne Maître, « Il est nécessaire de développer des indicateurs biologiques d’exposition représentant une dose interne traduisant directement les effets toxiques observés à long terme ». Ces indicateurs doivent prendre en compte l’ensemble des sources d’exposition, des facteurs individuels des sujets et
des facteurs physico-chimiques des substances. Ainsi, le 1-hydroxypyrène est un métabolite du pyrène, bon indicateur de la contamination par les HAP.
Les causes socio-économiques sont également mal identifiées et pourraient avoir une influence non négligeable. Enfin, certains cancers n’ont aucune spécificité et sont dus à des affections multifactorielles. « Le défi est de créer des modèles sur des systèmes à multi-causes », d’après Agnès Buzyn. « L’un des enjeux cruciaux de la caractérisation des expositions environnementales consiste à prendre efficacement en compte les expositions combinées à plusieurs produits chimiques », précise Jacqueline Clavel, médecin et épidémiologiste à l’Inserm.
L’avenir réside donc dans la traçabilité des expositions pour faire de la prévention primaire : substitution des produits cancérigènes et création de groupes d’étude des groupes à risque. Il est nécessaire d’enregistrer, classer et conserver les mesures des expositions professionnelles aux agents CMR. Là encore se pose le problème d’évolution des parcours professionnels. Il faut être capable de suivre un actif sur l’intégralité de sa carrière et après celle-ci. Cela nécessite également de connaître l’exposition par secteur.
Les plus dur n’est pas le dosage des bioindicateurs, mais de remplir les fiches de renseignement pour chaque échantillon. En effet, il faut avoir une bonne connaissance de la contamination par les HAP dans ce cas, et être capable d’évaluer l’incidence du
tabac, du feu, de la pollution automobile, etc.
Il est nécessaire de développer les méthodologies et de faire des suivis continus. La Chine peut être un bon territoire d’expérimentation. Sa population s’élève à 750 millions. C’est plus que la population globale vivant sur la Terre au 18e siècle. Son
industrialisation rapide expose sa population à de nombreux polluants et à des bouleversements rapides dans leur mode de vie.
L’environnement, un rôle vraiment prépondérant ?
Les cancers n’ont pas la même incidence en fonction des zones géographiques. Le Docteur David Christiani, professeur à l’Ecole de santé publique de Harvard (Etats-Unis), rappelle que les cancers de l’estomac et du col de l’utérus sont plus fréquents dans les pays en développement, alors que ceux du sein et la prostate sont plus observés dans les pays développés. En revanche, le cancer du poumon s’observe partout dans des proportions semblables. « L’incidence des principaux cancers peut varier d’un facteur de 5 à 100 selon les populations, et lorsque des groupes de populations migrent d’une région à faible risque vers une
région à risque élevé, leur taux d’incidence rejoint presque toujours celui de leur nouvel environnement », relève David Christiani.
Il est important de définir ce que l’on entend par « environnement ». Au sens large, les facteurs de risque externes regroupent les expositions industrielles (lieu de travail, pollution de l’air, de l’eau et du sol), les expositions dues au mode de vie (tabac,
alimentation, inactivité physique, activité sexuelle), les expositions naturelles (UV, radon, eau, agents infectieux) et les expositions aux équipements médicaux. L’ensemble de ces facteurs externes est à l’origine d’environ 95 % des cancers. Les facteurs internes comptent pour environ 5 % des cancers. On parle ici d’altération des gènes, de taux anormaux d’hormones, de déficience immunitaire, ou encore de mutations. En quelle proportion, la dégradation de l’environnement est-elle à l’origine des cancers ?
Selon les sources, on parle de 5 à 30 %. Cependant, ces chiffres semblent grandement sous-estimés, selon l’ensemble des scientifiques participant au débat.
Les scientifiques insistent sur l’importance de la communication, de l’éducation et de la transparence, trois domaines sur lesquels la recherche doit travailler. Le public doit bien comprendre que la plupart des études ne sont pas des points finaux, mais que « le tableau est construit au fur et à mesure des études » selon le Dr. Wild. La science permet de faire un état des lieux à un moment donné, mais ne constitue pas la vérité.
Le téléphone portable montre bien les limites des sciences. Le public veut une réponse claire immédiate, mais les études épidémiologiques montrent des conclusions controversées. Que fait-on entre-temps ? Le facteur temps est déterminant. Comment
répondre à la demande médiatique actuelle, alors même que les études sur le tabac ont duré 20 ans… ?
vu ,sur : http://www.natura-sciences.com/Developpement-durable/Cancers-et-environnement-point.html