le tantrisme

 Si tu es conscient,

Tu réaliseras que la sexualité n’est pas seulement le sexe,

Le sexe est la couche extérieure,

Plus à l’intérieur, il y a l’amour,

Encore plus à l’intérieur, il y a la prière,

Et toujours plus à l’intérieur, il y a le divin.

Le sexe peut devenir une expérience cosmique,

alors on l’appelle Tantra

                                                            (Osho)

 

 

 

le tantrisme -article Wikipedia

 

article du dossier sur le tantrisme. Pour aller plus loin : CLES

La sadhana tantrique ou l’éternel présent
Par Laurence Vidal (*)
Pratique de l’éveil, d’abord par prise de conscience du ressenti et de toutes les sensorialité, le tantrisme ne vise pas à changer la condition du sujet, mai à l’aider à reconnaître ce qu’il est de toute éternité. Il n’y a rien à transformer, il suffit de se laisser être.

DR.
Tout est Conscience.
Tel est le point de départ et d’éternel retour, la source vive où, comme toute voie traditionnelle, s’abreuve le tantrisme. Non pas un postulat, un dogme qu’il s’agirait de croire aveuglément – nous ne sommes pas, ici, dans le domaine de la foi-, ni non plus une théorie, une spéculation que l’étude et le débat métaphysiques se chargeraient de démontrer – nous sommes loin, là encore, de la suprématie intellectuelle -, mais une réalisation, autrement dit une évidence, d’abord pressentie, puis peu à peu ressentie, perçue, vécue par l’adepte qui en fait maintes et maintes fois l’expérience fugitive, jusqu’à ce que cette « connaissance directe du réel », d’épisodique, s’établisse en lui, d’instant en instant renouvelée. Aucun système de croyances à adopter, donc. Un soupçon, plutôt, une soif et, venant à point pour y répondre, un ensemble de pratiques affûtées et transmises de maître à disciples depuis quelque six à sept mille ans, et dont le tantrika découvre l’usage, la saveur, les effets métamorphiques, au fil de sa sadhana, ou voie pratique de réalisation.
Une voie directe
Voie directe, le tantrisme s’expose d’emblée dans sa nudité, essence offerte à tous les regards, sans secret ni progression par étapes où les mystères se trouveraient un à un dévoilés au gré de l’évolution du disciple. Tout est là, dès le départ. Et pour cause : il ne s’agit pas pour l’adepte de sortir de sa condition présente et, au terme d’une purification, d’atteindre à un état neuf, inconnu jusqu’alors, mais bien de réaliser ce qu’il est, ce qu’il a toujours été – Conscience. « La Conscience est partout, énonce sobrement le Vijnanabhaïrava Tantra (Tantra de la Connaissance Suprême). Il n’y a aucune différenciation. Réalise cela profondément, invite-t-il, et triomphe ainsi du temps. » « L’expérimentateur dont la conscience est contractée perçoit l’univers sous sa forme contractée », explicite le Pratyabhijnahrdayam (Cœur de la Reconnaissance), qui poursuit : « La Conscience absolue devient conscience individuelle par cette contraction même, provoquée par les objets de conscience », avant de conclure, dans une réconciliation-réintégration des apparents contraires : « La conscience individuelle est la Conscience absolue. » Tout est dit, oui. Tout est spontanément, librement exposé. Que celui qui a de « grandes capacités », comme le nomment les textes, entende et, instantanément, réalise.
Mais tout le monde ne peut être Lalla, cette yogini et poétesse du XIVe siècle, célèbre chez les soufis comme chez les tantrika, et qu’un unique enseignement de son maître – « Pourquoi cherches-tu à l’extérieur ce qui est à l’intérieur ? » – suffit à libérer. Pour le commun des mortels, trop de clarté aveugle. Ainsi ces affirmations, ces constats offerts par les textes ou le maître, n’ont sur la plupart qu’une résonance conceptuelle, voire poétique – c’est-à-dire mentale. Au pire, ils laissent indifférent, ou éveillent une curiosité purement intellectuelle. Et le « secret », pour être exposé à tous, n’en est pas moins bien gardé. Au mieux, ils ébranlent quelques certitudes objectives et éveillent dans le cœur, dans le corps, comme un pressentiment, un souvenir originel, la nostalgie d’un « voir », d’un « percevoir le monde », et soi-même dans le monde, autrement. Pour que ce pressentiment s’actualise, pour que la personne qui se vit, se ressent comme une individualité séparée du monde goûte à la non-séparation (samyama), à la non-différenciation, d’autres moyens se révèlent nécessaires. Toute une palette de moyens, pratiques, techniques dont le tantrisme dispose, chacune invitant le sadhanka à faire par lui-même l’expérience de cet arrêt du temps, à vivre ce pur Silence, cet espace, ce frémissement de la Conscience une où sujet et objet, observateur et chose observée se fondent.
Voie non-duelle, donc, puisque conscience individuelle et Conscience absolue ne font qu’un, la voie tantrique privilégie l’expérience directe. L’étude théorique de la doctrine est sans valeur, répètent à l’envi les Tantra. Ce qui importe, c’est la mise en pratique des méthodes par lesquelles l’adepte réalisera sa vraie nature : pure Conscience d’où tout émane et où tout se résorbe, Essence commune à tous les phénomènes que seule la limitation de ses perceptions lui fait tenir pour séparés. Le yoga tantrique, en effet, invite à « réaliser que la nature innée » de l’esprit, « libre et éveillée depuis toujours, surgit dès que la pensée dualiste est abandonnée ». Voie de l’action dans le monde, et voie d’incarnation, le tantrisme prend la vie en général, et le corps en particulier, pour champ de l’expérience et lieu de la pratique. L’ascèse, ici – car c’en est une -, n’a rien d’ascétique. Bhoga et mukti, jouissance et libération, s’y avancent main dans la main. Point d’interdit ni de tabou – d’où l’attrait qu’exerce le tantrisme sur les Occidentaux et la réprobation qu’il suscite dans la société brahmanique. Rien à rejeter, au contraire – car toute tendance réprimée, toute dimension de l’être exclue par la force au prétexte qu’elle serait « mauvaise » ne saurait que ressurgir, et avec quelle violence, à un moment ou un autre d’une sadhana qui, par essence, engage le pratiquant dans son intégralité. Rien à quoi renoncer. Et surtout pas à la passion, cet élan, ce moteur sur la voie. Surtout pas le désir – que tant de voies spirituelles invitent à juguler. Ce n’est pas le désir, affirment en effet les Tantra, qui fait obstacle à la Connaissance, mais sa limitation : le désir par ignorance limité au désir d’un objet alors que, par essence, il est désir du Soi, de cette Plénitude, cette toute Complétude dont a soif l’individu illusoirement coupé de sa Source.
Travailler sur le désir
Désir illimité, désir sans objet : le voilà, le chemin tantrique, qui aiguise l’attention et ouvre à la Présence. Une attention non dirigée, sans tension ni intention, sans jugement ni comparaison ni but – sans mémoire ni devenir, donc. Une présence silencieuse et paisible où tous les processus intérieurs se laissent percevoir et, d’être ainsi accueillis sans manipulation, se déploient et s’auto-libèrent spontanément. Car, dès lors qu’aucun commentaire, qu’aucune activation ou répression mentale n’en court-circuite la trajectoire, dès lors que le sadhanka la goûte pleinement, « toute énergie participe à la libération ». Il n’en est de « bonnes » ni de « mauvaises » – deux qualifications, deux concepts dont le réel n’a que faire. Il n’en est que de limitées – par la peur, l’ignorance, l’attachement ou le rejet – ou d’illimitées. Ainsi, le yoga tantrique utilise le spectre intégral des situations, pensées, émotions, sensations qui s’offrent à l’expérience de l’adepte. Dès lors, tout devient pratique. Et c’est par « la qualité, la profondeur de sa présence au monde phénoménal » que « le tantrika touche à l’Absolu » dont la réalité est gorgée. Point d’ascétisme, donc, ni d’érémitisme, mais une ascèse de chaque instant, au sein même de la société. Une pratique où vie mystique et existence quotidienne s’intègrent l’une à l’autre ; où le foisonnement du réel tel qu’il est – et non tel qu’on voudrait qu’il fût – est le champ même de l’expérience, le lieu de la métamorphose. « La voie spirituelle, c’est vivre avec ce qui est là, indique Éric Baret ; ce n’est pas chercher à transformer, à changer, à se libérer (…) ! Vivre avec ce qui est là, accueillir (…) amène la transformation. »
Rien à transformer, donc, mais se laisser transformer – ou, pour être plus exact, se laisser Être, puisque Être est ce que, depuis toujours, nous sommes. Pas de quête extérieure, ni d’acte volontariste, ni d’objectif visé. La pratique comme terrain de jeu plutôt que comme chemin d’effort. La vie, et soi-même, comme spectacle autant que comme spectateur, un spectateur sans attente – mais non sans désir -, sans aucun de ces comportements, choix, orientations auxquels son conditionnement l’a accoutumé…
L’enseignement tantrique – comme le réel – cultive paradoxes et contradictions. Au point que la pensée, poussée dans ses ultimes retranchements, se heurte à ses propres limites et… finit par se taire. Le Silence seul demeure, où veille la Conscience. Les pratiques proposées se révèlent alors être moins des techniques en vue d’une progression, du fameux « Éveil », qu’une célébration, instantanément savourée, de cet Éveil, de cette Présence. Ainsi de la méditation, qui est moins un moment d’assise où les pensées s’apaisent dans l’attention silencieuse que cette même attention paisible et silencieuse portée, à chaque instant de la journée, sur tout ce qui survient, en soi et « hors de soi » (si ce terme signifie encore quelque chose). Ainsi du yoga postural, non pas quête de la pose parfaite mais attention au ressenti – corps et esprit et souffle réunis en une même perception globale -, attention qui se prolonge, elle aussi, dans la vie courante perçue de plus en plus, de plus en plus finement, par un corps/esprit libéré de son carcan mental. Une vie perçue autrement, tous les sens mêlés, le corps comme frémissement qui, dans le ressenti, s’étend aux dimensions de l’espace. Perçue spontanément par l’adepte-témoin qui se sent joué par la vie autant qu’il la joue, spectateur qui peu à peu se fond dans le spectacle, acteur qui s’efface dans l’acte spontané, sans acteur, sans commentateur, sans ego.
Ainsi, des techniques sexuelles, si mal comprises parce qu’extirpées de leur contexte.
Pour une large part, le tantrisme doit à maithuna, la pratique de l’union sexuelle, son succès auprès des Occidentaux. Il n’est que de voir la multiplication des ouvrages et des stages qui proposent, sous l’appellation « Tantra » et dans l’écrin d’un vocabulaire spirituel disparate, des techniques et exercices de thérapie sexuelle. Exercices énergétiques et thérapeutiques qui, pour utiles et féconds qu’ils puissent être sur le plan du développement personnel, n’ont, hormis leur dénomination fantaisiste – pour ne pas dire abusive -, rien à voir avec le tantrisme.
Ainsi du tout aussi fameux kundalini yoga, ou réveil de l’énergie fondamentale (kundalini) lovée à la base de la colonne vertébrale et dont la montée le long du canal central (susumna), de chakra en chakra jusqu’au sommet du crâne, offrirait et l’extase et l’acquisition de pouvoirs yogiques, l’une et les autres convoités – de façon tout aussi fantaisiste – par bien des adeptes du « néo-tantra ». Que ces pouvoirs yogiques soient une réalité, la tradition l’affirme. Et la logique le conçoit : si l’adepte trouve accès à la conscience cosmique et découvre que, loin d’être séparés comme son conditionnement le lui laissait croire, choses et phénomènes (y compris lui-même) sont un, pourquoi ne pourrait-il, dès lors, intervenir sur les interactions entre n’importe quels phénomènes ? Télépathie, guérison, projection de l’esprit hors du corps… tels sont quelques-uns des pouvoirs yogiques répertoriés par les textes tantriques. Mais quel but personnel, égotique, pourraient bien servir ces pouvoirs, rappellent-ils, dès lors que celui qui les détient n’a, précisément, plus d’ego, ne se tient plus pour une « personne » ?…

(*)

Laurence Vidal cf le site :yogacachemire

Une vie entre les lignes… 

Comme les chats, Laurence a plusieurs vies. 

Une vie en France, une au Québec, une en Suisse et les fragments d’autres, en Inde, au Tibet, à Séville… Partout des petits et grands bonheurs, partout des bouts de son cœur… 

Il y a une vie pour danser, une pour chanter, une pour rêver, une pour de vrai et plein d’autres pour rire. 

Il y a une vie pour aimer, surtout, des lieux, des femmes, des enfants, des hommes, vivants d’ici ou d’au-delà, des livres – beaucoup de livres! – et les chats, les chevaux, les hirondelles, et le petit peuple des invisibles, fées, lutins et farfadets… Ça fait des tas de vies, tout ça!

Il y a la vie de l’écriture… Journalisme d’abord, chroniques littéraires… De temps à autre ses mots à elle, couchés sur la page blanche… chant de l’âme quand elle accepte de se laisser saisir au vol… D’où quelques livres au passage : Récréations littéraires, portraits impertinents d’écrivains sur des dessins de l’ami Redon; Le Dalaï-Lama – Un certain sourire, conte biographique et poétique; Les Amants de Grenade, roman ivre des voluptés d’Al Andalus, sa terre de cœur; Le Silence guérit, enfin, né des rencontres rieuses avec Yolande Duran-Serrano, son inspiratrice d’alors. 

Il y a la vie du Silence, la plus indicible bien sûr… Celle du tapis de yoga… Jean Klein, Eric Baret… depuis plus de quinze ans ces lumières sur le chemin… 

Il y a toutes les autres vies, les palpitantes, les lamentables, les éteintes comme les ardentes, portées par l’étonnement d’être au monde… Toutes ces vies qu’elle partage avec ses sœurs, ses frères – l’humanité entière… Valse-hésitation de toute biographie… deuils, naissances, révolutions… et les émois, les désarrois… Se laisser toucher, résister, se donner puis se reprendre… amoureux jeu de cache-cache avec l’autre, avec soi, avec la vie… 

De résistance en vertige, il arrive que les vouloirs cèdent, les barrages cèdent… Ne reste plus alors qu’un grand Silence… d’où jaillit, à chaque instant, la vie toujours neuve… Cette vie vécue par Laurence ou… par la Vie elle-même – qui sait ?

Et le yoga, dans tout ça ? 

Touchée en 1994 par sa rencontre avec Jean Klein et la tradition non duelle qu’il incarne, Laurence Vidal découvre peu après le Yoga du Cachemire auprès d’Eric Baret. Elle ne cesse depuis d’explorer cet art du silence. Et l’enseigne à son tour depuis 2005, au Québec d’abord et, actuellement, en Suisse. 

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Jean Klein

Le site d’Eric Baret

Le site de Jean Bouchart d’Orval

Le site de Daniel Odier

Le site de Marigal

Esprit-tantra.org

La vache cosmique

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