Lasers : les feux de l’extrême

Ça s’emballe ! », constate Laurent Boudjemaa, responsable du département développement et produits laser chez le groupe électronique français Thales, en évoquant les ventes de lasers d’une puissance colossale. Ses équipes terminent la mise au point d’un de ces géants, Cetal. Il sera expédié, cet été, en Roumanie, près de Bucarest, où il sera l’un des premiers de cette catégorie en Europe : 1 petawatt, soit 1 milliard de mégawatts, ou l’équivalent d’un million de réacteurs de centrale nucléaire. En 2012, Thales a aussi installé un de ces monstres appelé Bella, désormais le plus puissant au monde, à l’université Berkeley, en Californie.

« Le marché grandit à raison de 30 % par an pour les lasers supérieurs à 0,1 petawatt », précise le concurrent de Thales, Gilles Riboulet, directeur d’Amplitude Technologies, créée par des anciens de Thales en 2001. Les deux entreprises se partagent désormais le marché mondial. Dans ses locaux d’Evry, les 150 caisses en bois d’un autre géant de 1 petawatt, Draco, sont prêtes à partir à Dresde, en Allemagne. Un second, Vega, suivra pour l’Espagne. A chaque fois, les budgets avoisinent les 10 millions d’euros. Et ce n’est pas terminé.

« Cette forte augmentation de la demande vient de ce que ces instruments permettent d’approcher les frontières de la connaissance. Ils sont moins chers et encombrants que d’autres infrastructures comme des synchrotrons ou des accélérateurs de particules », témoigne Philippe Balcou, directeur du Centre lasers intenses et applications (Celia), près de Bordeaux, associant le CNRS, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et l’université de Bordeaux-I. « C’est aussi un moyen, pour des pays, de jouer dans la cour des grands », ajoute le chercheur, en citant la Corée du Sud, la Chine, le Brésil…

PUISSANCE GIGANTESQUE

Attention aux chiffres tout de même. Ces lasers d’un nouveau genre ne sont pas des centrales électriques. Leur puissance gigantesque est liée au fait que l’énergie est libérée dans des temps très courts, de l’ordre de quelques dizaines de femtosecondes (1 femtoseconde vaut 10-15 seconde). En un clin d’oeil, 100 000 milliards de femtosecondes s’écoulent. L’énergie, de l’ordre du joule, équivaut, elle, à soulever une masse d’1 kilogramme de 10 centimètres…

Pourtant, cette concentration brève et très locale d’énergie suffit à rendre possibles des projets dignes de la science-fiction : thérapies contre le cancer, transmutation des éléments radioactifs en d’autres moins dangereux, claquage du vide pour faire apparaître des particules à partir de rien, fusion de noyaux atomiques pour une nouvelle source d’énergie, déclenchement de la foudre. Ou encore, usine à boson de Higgs, cette particule, découverte en 2012, responsable de la masse des particules élémentaires. Ou même, simulation d’étoiles, de supernovae et de coeurs de planète en laboratoire…

Dire qu’au début du laser, à la fin des années 1950, on ne savait pas trop à quoi pourrait servir cet instrument !

Pour lire la suite : Le Monde-sciences-physique

 

 

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