PSYCHOSOMA – Guérir des maladies mentales en soignant l’intestin, ce « deuxième cerveau » ?

le Monde

Nul hôpital psychiatrique ni médicament ne parvenaient à guérir Mary de ses troubles obsessionnels compulsifs et de ses troubles du déficit de l’attention avec hyperactivité – qui se manifestaient par des pensées effrayantes et des comportements répétitifs. Jusqu’au jour où, raconte The Verge, un psychiatre de Boston aborda sa maladie sous un angle différent. Il lui demanda comment allait son intestin, si elle avait des problèmes de digestion, de constipation, de reflux acide… La réponse était oui. Le médecin lui prescrivit des probiotiques, ces « bactéries bénéfiques qui habitent notre intestin ».

L’effet fut probant, tous les symptômes ayant disparu au bout d’un an. Rien d’étonnant pour le psychiatre, le docteur Greenblatt, pour qui « l’intestin est vraiment notre second cerveau »« Il y a plus de neurones dans l’appareil digestif que partout ailleurs, excepté le cerveau », explique-t-il. Selon une émission de France Inter, il y a en effet 100 à 200 millions de neurones dans le système digestif, qui communique avec l’encéphale grâce au nerf vague.

D’après l’article de The Verge, ce type d’approche, inhabituelle en psychiatrie, est de plus en plus explorée par la science. Certes, on connaît depuis longtemps les liens entre certaines émotions et états mentaux – la peur, l’anxiété ou la dépression par exemple – et l’appétit ou la digestion. Mais les scientifiques n’y voyaient qu’une communication du cerveau vers le ventre. « Maintenant, une nouvelle compréhension des billions de microbes vivant dans notre intestin révèle que cette communication ressemble plus à une super autoroute à plusieurs voies qu’à une route en sens unique », explique The Verge. Des découvertes qui invitent à cesser de séparer totalement le cerveau du reste du corps, estime James Greenblatt.

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La menace de l’antibiorésistance

Vu sur Médiapart

Les bactéries résistent, mutent, s’adaptent à grande vitesse. Pour preuve, certains antibiotiques mis au point après la Seconde Guerre mondiale ne seront bientôt plus efficaces. Les patients en prennent trop, les animaux aussi, et la recherche est en panne. Le retard sera difficile à combler.

La « Salmonella Kentucky » a rejoint la « New Delhi métallo-beta-lactamase » dans la liste des bactéries multirésistantes aux antibiotiques. Cette souche, que les chercheurs de l’Institut Pasteur pistent depuis une décennie, connaît une explosion sans précédent depuis 2006, selon une étude publiée en mai dernier dans la revue The Lancet Infectious Diseases. Résistante aux fluoroquinolones, antibiotiques puissants utilisés massivement chez l’homme comme chez l’animal, sa zone de contamination s’est progressivement élargie à toute l’Afrique et au Moyen-Orient. Tourisme médical, transport d’animaux d’élevage, ces bactéries résistantes voyagent sans encombre jusqu’en Europe. « On n’avait jamais vu ça, s’alarme le chercheur François-Xavier Weill, responsable du Centre national de référence sur les salmonella à Paris. Ce sont des bactéries qui résistent à tout ! Avant, une souche résistante, c’était une anomalie. Aujourd’hui, c’est banal. Et le processus va vite, très vite. »

Au sein de l’Union européenne, il a été estimé qu’au moins 25 000 patients décèdent chaque année d’une infection due à l’une des cinq bactéries multirésistantes les plus fréquentes (lire ici le rapport remis au premier ministre en décembre dernier). Depuis le début des années 2000, des milliers de morts sont dus à une épidémie de staphylocoque doré résistant à la méticilline en Amérique du Nord. Et l’on pourrait continuer ainsi à égrener les chiffres autour de la planète. Pour le docteur Carmen Pessoa, expert de l’OMS à Genève, il ne s’agit ni plus ni moins que de « l’émergence de façon vertigineuse de germes multirésistants qui ne répondent plus à aucun traitement antibiotique ».

Depuis des années, l’OMS crie au feu, espérant mobiliser autour de la question de l’antibiorésistance. « Nous mettons en garde depuis deux décennies, ajoute Carmen Pessoa. Car on meurt aujourd’hui de ce dont on ne mourait pas avant. » Au mois de juin, c’est l’Angleterre, hôte du G8, qui a à son tour demandé à la communauté internationale de réagir, la médecin-chef auprès du gouvernement ayant qualifié la menace de « bombe à retardement ».

 

 

 

 

 

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