Extractivisme : l’envers de la mine

 

(Zite.fr)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sciences Critiques et le Festival du livre et de la presse d’écologie (Felipé)ont le plaisir de vous inviter à un débat sur l’extractivisme, intitulé « Extractivisme : l’envers de la mine », le dimanche 14 octobre, à Paris, de 14h à 15h30.

Lieu :
100 Etablissement Culturel Solidaire (100 ECS)
100 rue de Charenton – 75012 PARIS
Accès : Gare-de-Lyon (métro 1 et RER A), Reuilly-Diderot (métros 1 et 8) et Ledru-Rollin (métro 8)

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L’extractivisme représente la face cachée, si ce n’est obscure, de notre société de croissance. Au soubassement de notre mode de vie occidental moderne, l’extraction minière – à l’histoire longue et mouvementée – figure parmi les activités industrielles les plus polluantes au monde. Contaminations irréversibles des écosystèmes, impacts néfastes sur les populations autochtones, mainmise des multinationales privées sur les biens communs naturels, etc. Les nuisances de l’exploitation industrielle de la nature – et, plus globalement, du productivisme – sont dévastatrices autant qu’insoutenables.

A l’instar d’autres pays (Brésil, Canada, Afrique du Sud…), la France n’est pas épargnée par la « folie extractive ». Le projet controversé de la mine de la Montagne d’Or, en Guyane, est une illustration de ce que certains élus, suivant le sillon des industriels, appellent le « renouveau minier français ». Sur le terrain – comme à Salau, en Ariège, ou encore en Bretagne –, les résistances s’organisent. Citoyens, collectifs, associations et ONG environnementales se mobilisent, en France comme dans le reste du monde, pour mettre en échec les méga-projets miniers, au cœur de conflits sociaux parfois violents.

Face à l’extractivisme forcené, que faire ? L’ouverture de mines « made in France », respectant les normes environnementales françaises, constitue-t-elle une alternative crédible à l’exploitation des mines dans les pays du Sud ? Que penser du concept de « mine responsable » défendu par le gouvernement ? Une solution durable ne réside-t-elle pas, en réalité, dans une décroissance de notre consommation de ressources naturelles – et, en premier lieu, de minerais et de métaux – et d’énergie ?
En présence de :
– Anna Bednik, journaliste indépendante, auteure de Extractivisme. Exploitation industrielle de la nature : logiques, conséquences, résistances (Le Passager clandestin, 2015) et de Creuser jusqu’où ? Les limites de la croissance (Ecosociété, 2015)
– Nicolas Sersiron, ex-président de CATDM-France (Comité pour l’abolition des dettes illégitimes), auteur de Dette et extractivisme. La résistible ascension d’un duo destructeur (Éditions Utopia, 2014)
– Mathieu Brier, membre de la Revue itinérante d’enquête et de critique sociale Z, co-auteur de Mauvaises mines. Combattre l’industrie minière en France et dans le monde (Les Ami-e-s de Clark Kent, 2018) cf défaire l’industrie

Le monde comme projet Manhattan

le passager clandestin

Début août 1945, le monde, fasciné, découvre la puissance du feu nucléaire. Les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, deux villes choisies dans le but de « causer le maximum de dégâts et de pertes en vies humaines », sont l’aboutissement inévitable du projet Manhattan. Initié et mené dans le plus grand secret, ce dernier a réuni quatre années durant la fine fleur de la science internationale, les industries de pointe étatsuniennes (de Monsanto à Westinghouse) et la puissance de l’État adossé à son armée.

Or le projet Manhattan est le strict contemporain d’une autre entreprise de mort massive, celle qui culmine à Auschwitz-Birkenau. La thèse de ce livre est que ces deux moments (Auschwitz et Hiroshima) sont les « points de bascule » d’une histoire inaugurée un siècle plus tôt dans l’alliance entre mode de connaissance scientifique, capitalisme industriel et États-nations, qui a débouché sur les premières lois eugénistes et les massacres de la « Grande Guerre »

 

Les Anges oeuvrent à l’homme nouveau qui incarnera l’Amour

 

 

 

 

 

LES ÂMES  NOUVELLES VENUES

LA POLITIQUE DU CIEL

MERCREDI 19 SEPTEMBRE 2018

 

Depuis déjà quelques temps , je n’avais plus de nouvelles de l’Ange Mom , mon amie et mon guide . En dépit de l’affection que me portent mes chers Nomades , elle me manquait . Elle s’était envolée vers d’autres sphères , pour accomplir une nouvelle mission… Et voilà que j’apprends son retour ! Quel bonheur de la retrouver !

L : Que faisais-tu , Mom chérie ?  Il y a si longtemps !

_ J’ai conduit des âmes vers leur destination, comme je te l’avais expliqué un jour . Mais les âmes deviennent de plus en plus récalcitrantes , car elles n’ont aucune formation , ni conviction religieuse , et elles s’étonnent de ce qu’il advient , après leur arrivée chez nous . La répartition des âmes ou la pesée des âmes , comme tu le disais autrefois , devient de plus en plus difficile et contestée.  Elles se comportent, comme vous vous comportez actuellement, dans votre vie d’êtres humains , violents et contestataires , refusant de reconnaître leurs erreurs .

L : Que faites-vous pour les calmer ?

_  Nous expliquons et nous raisonnons . Mais tout d’ abord , nous leur faisons visiter les lieux de leur nouvelle existence. Nous leur proposons des solutions ou des épreuves , selon le cas , et nous observons leur réaction .    Ce n’ est pas évident , car certains ne comprennent pas, qu’ ils ne sont plus de votre monde , et il en résulte un sentiment de désarroi et de frayeur .  Mais les guides et les Anges sont présents, et bienveillants, et patients dans leur amour pour vous.

Après une période transitoire d’adaptation , ou plutôt, de réadaptation ,  l’âme se calme, s’interroge et commence à poser les bonnes questions :   « Où suis-je ? Qu’est-ce-que je fais ici ? Où sont les personnes de ma famille ? mes amis ? »

Nous les prenons dans nos bras , pour les consoler , et leur expliquer que nous sommes là , pour les aider et les aimer .

L : C’est bien toi , Mom ?    Où est Momo ?

_ Momo est partie sur une autre planète . Elle reviendra bientôt.

L : Embrasse-la très fort ! Elle a tant fait pour me protéger !

_  Et les autres Nomades , également , mais tu ne les vois pas toujours dans les écrits , même s’ ils sont tout le temps avec toi .

L : Je sais que vous êtes là !  Merci mes amis chers !                                             Dis-moi , Mom ?  Que font les âmes , ensuite ?

_  Elles  sont dirigées vers de nombreux services, et prises en charge par les Anges , en fonction de leur capacité d’ Amour .

L : Cela , bien évidemment , elles ne peuvent pas le comprendre !?

_  Nous le leur expliquons, et nous les mettons face à face avec tous les actes de leur vie terrestre , afin qu’elles prennent conscience de leurs erreurs.  Mais , bien sûr , pas tout de suite .  Il y a des paliers , et nous respectons leur désarroi et leur sensibilité .Nous demandons à des proches décédés , de venir leur apporter une aide précieuse , et , petit à petit , tout se met en place , pour l’ enseignement ou un repos bien mérité .

Beaucoup ne comprennent pas l’ impact de leur attitude sur les autres , et on leur montre ce que la personne a ressenti à leur contact . Ceci est extrêmement éprouvant , et ne peut se faire que lorsque l’âme a commencé à se familiariser , avec son nouvel environnement .

Nous ne les brusquons jamais . Simplement , nous les consolons , et nous prononçons des paroles tendres .   Lorsqu’ils sont calmés , et pour certains , environnés de leurs parents ou amis proches , les choses se remettent en place  d’elles-mêmes , et les anciens commencent à expliquer aux nouvelles âmes , le fonctionnement du Ciel , et SES LOIS D’AMOUR .

L : Merci Mom de toutes ces précisions .Cela est fort intéressant ! Tu sais , je fais de mon mieux pour toi , pour les Anges et le Seigneur , mais je suis un peu limitée intellectuellement et physiquement ! Bénis-moi ,mon amie !      Si tu savais combien c’est dur de vivre sur cette terre ! Avec tous ces adorateurs du Pouvoir et de l’Argent , au détriment de l’ Autre !

_ Tu es notre messager, et tu oses dire que tu es limitée ! Là , je crois bien que tu dépasses les limites, lulu ! Tu dois être persuadée de la Force que le Seigneur t’a donnée pour cette mission .Tu dois respecter cette grâce et la faire tienne , sans aucun doute , animée de la foi la plus profonde ,et ne plus te plaindre ! Et nous te demandons de cesser tes critiques à  l’encontre de certains de tes frères , même si tu penses que quelques-uns le méritent .

L : Tu vois bien à quel point je suis imparfaite, et combien je suis vide  d’amour pour mes semblables , par moments ! Mais c’est plutôt de la révolte ! Et c’est de la politique !

_ Oui lulu . C’est de la Politique . Mais nous aussi , nous faisons de la politique , et cette politique est une politique  d’Amour , avec des règles  d’Amour , des lois d’ Amour ,et notre monnaie d’ Amour . Et , crois-moi , nous sommes de très bons politiciens , car rien ne nous fait peur pour arriver à convaincre,  et les revers que nous essuyons , ne nous rendent que plus forts et motivés . Notre but et notre Espoir est le devenir de  l’Homme , vers l’ Homme nouveau . Cet Homme nouveau incarnera la nouvelle politique de l’ Amour, et tentera d’ en convaincre ses semblables .

L : Il va devoir lutter , pour cela , avec votre aide , celle des Saints et celle des Justes !.

_ Oui , le temps qu’il faudra  , pour sécher les larmes du Seigneur .               Alors , le Seigneur tout puissant essuiera ses larmes ,et il vous prendra dans ses bras , avec fierté .

 

pour rejoindre la page du Livre des Anges écrit par les Anges

Vous avez dit philanthrocapitalisme ?

 

par Evgeny Morozov, 26 octobre 2016 – Le Monde diplomatique

Les milliardaires d’antan avaient le mérite d’afficher sans détour leurs intentions : ils ne se cachaient pas de préférer le pillage des ressources mondiales à leur sauvegarde. Si les « barons voleurs » de l’ère industrielle comme Henry Ford, Andrew Carnegie ou John Rockefeller ont effectivement consacré une partie de leur fortune à des œuvres caritatives, il marquaient clairement la distinction : le pétrole et l’acier rapportaient de l’argent ; l’éducation et les arts aidaient à le dépenser.

Lire aussi Howard Zinn, « Au temps des « barons voleurs » », Le Monde diplomatique, septembre 2002.Bien entendu, les fondations éponymes n’étaient ni neutres, ni apolitiques. Elles menaient des projets qui contredisaient rarement la politique étrangère américaine et coïncidaient avec ses orientations et présupposés idéologiques. On pouvait aisément discerner l’impératif civilisationnel qui sous-tendait leur promotion de démocratie ou leur théorie du progrès. D’ailleurs, certaines de ces fondations ont fini par regretter leurs campagnes douteuses, comme Rockefeller et son imprudent soutien au contrôle de la natalité en Inde.

Mais à une époque où cinq géants des nouvelles technologies figurent au palmarès mondial des dix plus grandes entreprises, on ne sait plus très bien où s’arrêtent les affaires et où commence la charité. En travaillant pour différents secteurs, de l’éducation à la santé en passant par les transports, ces plates-formes numériques bénéficient d’une opportunité que ne connaissaient pas les magnats industriels du siècle dernier : elles peuvent continuer à vendre leur produit phare — en substance, de l’espoir enrobé d’une multitude de couches de données, d’écrans et de capteurs —, sans avoir besoin d’investir dans des activités non productives.

 

NOUS VOULONS DES COQUELICOTS

 

Appel des 100 pour l’interdiction de tous les pesticides*

les 100 premiers signataires

Les pesticides sont des poisons qui détruisent tout ce qui est vivant. Ils sont dans l’eau de pluie, dans la rosée du matin, dans le nectar des fleurs et l’estomac des abeilles, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises. Les pesticides sont une tragédie pour la santé. Ils provoquent des cancers, des maladies de Parkinson, des troubles psychomoteurs chez les enfants, des infertilités, des malformations à la naissance. L’exposition aux pesticides est sous-estimée par un système devenu fou, qui a choisi la fuite en avant. Quand un pesticide est interdit, dix autres prennent sa place. Il y en a des milliers.

Nous ne reconnaissons plus notre pays. La nature y est défigurée. Le tiers des oiseaux ont disparu en quinze ans; la moitié des papillons en vingt ans; les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards; les grenouilles et les sauterelles semblent comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares. Ce monde qui s’efface est le nôtre et chaque couleur qui succombe, chaque lumière qui s’éteint est une douleur définitive. Rendez-nous nos coquelicots ! Rendez-nous la beauté du monde !
Non, nous ne voulons plus. À aucun prix. Nous exigeons protection.

Nous exigeons de nos gouvernants l’interdiction de tous les pesticides* en France. Assez de discours, des actes.

*de synthèse

Signer l’appel

 

Amis et visiteurs, attention, ceci n’est pas une pétition. Bien sûr, il vous faut signer cet Appel, qui est autant le vôtre que le nôtre, mais ce n’est qu’un tout petit début. Car l’Appel des coquelicots engage, vous engage à l’action. Nous rêvons d’un soulèvement pacifique de la société française qui seul permettra enfin de sortir du cauchemar des pesticides.

Vous le savez désormais, nous faisons fabriquer le symbole de notre aventure : un très beau coquelicot en tissu, avec un système d’attache qui permet de le porter à sa boutonnière. Vous allez l’acheter ici, massivement, mais après ? D’abord, nous cherchons des volontaires pour devenir des correspondants locaux ou régionaux de l’Appel. Ce ne sera pas du gâteau, soyons francs entre nous. Mais chaque mois que durera l’Appel – deux ans, soit 24 mois -, il y aura une récompense au bout. Le même jour et à la même heure, tous les porteurs de coquelicots se retrouveront sur les places des villes et villages où ils habitent. Pour se voir, se congratuler, s’embrasser et lancer ensemble de nouvelles actions.

On commence le vendredi 5 octobre à 18h30 et on recommencera chaque premier vendredi de chaque mois.

Lumières : aveuglements

 

Jean-François Colosimo, né le  à Avignon, est un historien, théologien, éditeur, documentariste et essayiste français. Il est Président du directoir et directeur général  des éditions du Cerf depuis 2013, après avoir été président du Centre national du livre de 2010 à 2013.

Spécialiste du christianisme et de l’orthodoxie (il est lui-même chrétien orthodoxe), il enseigne depuis 1990 l’histoire de la philosophie et de la théologie byzantine à l’Institut Saint-Serge. Il est membre du comité d’orientation scientifique de l’Institut européen en sciences des religions créé en 2002 au sein de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. 

« Nous demeurons aveuglés par les Lumières » – La Vie  – Henrik Lindell  le 27/02/2018

 

Iconoclaste, l’historien et théologien s’attaque à la part obscure de la « religion du progrès » née en Europe au XVIIIe siècle. Et pourfend le nihilisme qu’elle aurait, selon lui, enfanté.

Dans Aveuglements, puissante fresque de plus de 500 pages, le bouillonnant Jean-François ­Colosimo, directeur des éditions du Cerf, règle ses comptes avec la modernité, toutes ses guerres et ses nouvelles idéologies trompeuses.

Vous dénoncez la « face cachée » des trois derniers siècles, à savoir le nihilisme qui serait à l’origine des idéologies meurtrières modernes. Et la source de nos aveuglements serait les Lumières. Pouvez-vous expliquer ?

Ce livre procède d’un constat : la modernité, qui est née avec les Lumières, et particulièrement les Lumières françaises, a marqué l’avènement d’un temps qui se voulait radicalement nouveau. Il fallait en finir avec « l’obscurantisme », et la religion était le signe éminent de tous les esclavages passés. Pendant deux siècles, l’idéologie dominante a été que l’homme devait devenir le créateur de lui-même. Mais cette époque-là est révolue.

Nous assistons désormais à la fin du mythe du progrès et de ce que j’appelle la religion du progrès. Fini l’homme autonome, l’homme sans transcendance et sans limites. Problème : nous ne l’avons pas encore bien compris, car nous demeurons aveuglés par le soleil des lendemains radieux que promettaient les Lumières. Il en va de ce soleil comme des astres quand ils vieillissent et meurent : ils deviennent noirs. Ils irradient alors d’une lumière qui est fausse, ce qui provoque une forme d’éclipse et on ne voit plus rien. Nous n’avons pas pris la mesure de cet échec monstrueux que sont les Lumières.

( cf l’exposé sur la page du Temple des Consciences )

Vous suggérez même que les Lumières, contrairement à ce qu’elles prétendaient, ont fait naître des religions plus oppressives que jamais. N’est-ce pas aller trop loin ?

Les Lumières françaises ont critiqué radicalement le fait religieux. Elles l’ont stigmatisé comme le signe de l’humanité débile qui n’a pas pris la pleine mesure de ses pouvoirs. Elles l’ont condamné en le réduisant à la soumission à un Dieu faux, inexistant, arbitraire. À une idiotie ou à une pathologie. La modernité nous a bercés de l’illusion que la religion appartenait au passé. Mais que voit-on aujourd’hui ? Il suffit d’allumer la télévision et il saute aux yeux qu’on tue au nom de Dieu.

On parle de « retour de la religion » ou de « revanche du sacré ». On dit que « le Moyen Âge resurgit ». Ce qui prouve que l’on n’a vraiment rien compris. La stratégie des Lumières a été de noircir le passé pour mieux exalter un futur libéré du religieux. Mais, à la vérité, le religieux ne nous a jamais quittés. La grande tromperie de la modernité est là : elle a prétendu qu’elle allait chasser le religieux, alors qu’elle n’a fait que créer des religions séculières qui, oui, sont plus criminelles que ne l’ont jamais été les religions historiques.

Mais quelles religions ?

En 1793, Robespierre crée le culte de l’Être suprême, avec son catéchisme, ses rites, son calendrier. Il se montre en cela plus religieux que Louis XVI. Il sait également que, sans la croyance dans ­l’immortalité, on ne peut fonder la vertu publique et mobiliser les masses. La conscription lui permet de faire de tous les citoyens des soldats. Il ouvre ainsi l’ère des grandes apocalypses. D’abord le « populicide » en Vendée, bien sûr. Puis les massacres à l’échelle industrielle lors de la Première Guerre mondiale. Enfin, la Shoah, le Goulag et tous les charniers sans nom.

Ces religions modernes réclament le sang. Elles sont sacrificielles.

C’est le cas du nazisme avec ses grandes messes, son culte de la personnalité et ses folies scientistes, qui représentent une manipulation typique de la modernité : dans sa volonté illimitée, l’homme-Dieu se fabrique lui-même.

Même constat pour le communisme, avec ses pontifes Lénine et Staline, ainsi que l’hérétique en chef, Trotski, et son Internationale missionnaire. Quoi de plus religieux que les liturgies militaires sur la Place Rouge ? Lénine embaumé s’inscrit dans le mythe de l’immortalité.

Le génocide au Cambodge revêt, lui aussi, un aspect religieux. Dans les camps, les Khmers rouges diffusent pour message : « Jusqu’après ta mort, l’Organisation continue de te surveiller. » Il y a donc eu un au-delà même pour l’athéisme militant.

LE MONDE |  |Par Jean Birnbaum

Dans un bref essai paru à Vienne en 1938 et immédiatement confisqué par la Gestapo, le philosophe Eric Voegelin (1901-1985) faisait du nazisme une expérience religieuse, une espérance apocalyptique, une mystique sanglante : « Et le geste sera bon, si rouge coule le sang », disait un poème récité par les zélateurs hitlériens. Raillant les intellectuels qui refusaient d’envisager le noyau religieux du totalitarisme, Voegelin écrivait : « La question religieuse reste taboue pour ces esprits sécularisés ; et la soulever sérieusement et radicalement aujourd’hui leur apparaît comme douteux – peut-être aussi comme une barbarie ou un retour vers le sombre Moyen Age. » Ce petit livre indispensable, Les Religions politiques, a été traduit en français en 1994 aux éditions du Cerf.

Un demi-siècle plus tard, Jean-François Colosimo, le patron de cette vénérable maison fondée par des frères dominicains, s’inscrit en partie dans le même sillage. Alors que d’autres fanatiques font couler le sang avec ferveur, il publie Aveuglements, livre plus épais que celui de Voegelin, mais qui décrit également le « lien impensé » entre politique et théologie. Déjà auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, Colosimo signe ici son essai le plus personnel. On y retrouve son érudition exaltée, mais aussi cette écriture subtilement ténébreuse qui vaut sans doute fidélité à son maître, le penseur post-maurrassien Pierre Boutang (1916-1998).

« A quoi mourons-nous symboliquement et de quoi meurent, assassinés, trop d’entre nous ? » D’entrée de jeu, la question est vaste. Pour y répondre, Colosimo emmène son lecteur dans une méditation de longue haleine, où il croisera de nombreux auteurs d’époque et d’horizon différent.

 

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