un poème de CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
à lire sur son site : http://intellection.over-blog.com/
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Voici les temps du blême
Les hommes hagards
De la société terne de l’utilitaire
Ont rabroué rêves et passions
Dans la course à l’insipide
Voici les temps du blême
Les temps de l’assouvissement compulsif des folies de règne
Par l’avoir qui sacrifie l’être,
Immole la vie à l’autel des vanités
Ô tellement vains conquérants
Qui séquestrent le monde
Mais ne savent se conquérir eux-mêmes!
Voici les temps du blême
Où les fleurs humaines
Blêmies par l’érosion des consciences
Sont gestuelles mortes sur la scène du non sens
Ah! Que d’abominations justifiées dans la gracieuseté des mots officiels!
Que de crimes dans le cours macabre de l’Achéron des idéologues!
Crimes financiers que l’économie orchestre
Pour la gloire lugubre d’insatiables coryphées avides sans état d’âme!
Voici les temps du blême
Le sens avachi, abâtardi
Se moque de la dignité
Traitée en pathologie
Dans l’espace iatrogène des royautés pathogènes
Qui gouvernent par infection politique sans souci de leur nocuité
Voici les temps du blême
Des humanoïdes qui traînent dans le même
Sans jamais oser refuser!
Misérables organismes anthropomorphes,
Blêmis jusqu’à l’automation compulsive
Réflexes organiques, choses serviles
Des superstructures effaceuses,
Qui ne leur laissent que l’objectale contagion du flagorneur,
Morne pulsion d’infrabestialité…
Voici les temps du blême
Le blême que la connivence des soumis,
Inflige immonde, à la dignité minoritaire
Des hommes restés Homme, mais victimes de la machinalité du nombre,
Le blême temps sévit par la diligence des foules larbines
Entités desséchées, artisanes inconscientes du royaume des spectres
Que mènent les Charons cupides
Qui fabriquent en leur sinistre jonglerie,
Un monde-dépouille
Pour bâfrer et s’en gaver,
Exhibant éhontés et cruels, leurs crocs ironiques inassouvis de comptes!
Ah! Anthropocide dévoration économique de leur morsure pécuniaire!
Triste et blême temps où les ombres heureuses aux réflexes d’esclaves
Entretiennent et servent l’insipide esbroufe financière des monstres!
À quand le temps subversif du vif et des vivants!
À quand le temps qui fera mourir la mort
Pour faire un monde humain ! ?