Les principes généraux de l’hérédité sont connus depuis des millénaires bien avant la théorie de l’évolution de Darwin et et les premières recherches génétiques de Mendel. Ainsi des chiens allant d’un éventail du lévrier afghan au pékinois et pour les choux du brocoli au choux fourrager. Et ce sont ces réussites pratiques qui servi de fondement au découvertes de Mendel et Darwin. Ce dernier qui faisait partie d’un club de colombophies est venu à penser qu’un processus similaire pouvait être à l’oeuvre dans l’évolution elle-même.
La génétique constitue aujourd’hui le coeur de la biologie. Selon la pensée officielle l’information héréditaire est codée dans les gènes. Rappelons la découverte de la structure de l’ADN en 1953 et celle du génome humain achevé en 2000 ce dernier constituant un triomphe technique sans égal.
D’un point de vue matérialiste , hormis l’héritage culturel -notamment le langage- les autres formes d’héritage doivent être matérielles.
Pourtant on connait plusieurs formes d’héritage biologique non génétique : la cellule hérite de son organisation cellulaire directement de sa cellule mère et non par les gènes de son noyau. Ceci est appelé héritage cytoplasmique .
Formes immatérielles ( 258-260)
Les platoniciens pensaient que les plantes et les animaux étaient façonnés par l’Idée ou Forme transcendante de leur espèce. René Thom la voit comme une structure mathématique modèle .
Ce n’était pas l’avis d’Aristote pourtant élève de Platon. Pour lui la forme d’une plante n’est pas transcendante – au delà de la plante -mais immanente -c’est à dire résidant dans la plante- Au lieu d’un archétype dans dans un univers l’âme servait de cause première et de cause finale vers laquelle l’organisme était attiré.
La théorie d’Aristote revue et interprétée par Thomas d’Aquin a servi de base pendant tout le Moyen-Age à l’explication de la causalité. Pour un marronnier, une cause matérielle fournie par la matière dont la plante était faite, une cause motrice,le soleil, l’énergie pour la plante, une cause formelle contenue dans son âme responsable de la structure , enfin une cause finale représentant le but, la finalité de l’organisme : l’arbre produisant les marrons. Chacune des quatre causes est nécessaire.
L’une des caractéristiques essentielles de la révolution mécaniste du XVII ième est d’avoir éliminer les âmes et avec elles les cause formelles et finales. Tout devait s’expliquer mécaniquement et donc la forme était déjà contenue dans l’ovule fertilisé.
Préformation et épigénèse ( 261-265)
A partir du XVII ième et jusqu’au début du XXième les biologistes se sont divisés en deux camps : les mécanistes et les vitalistes , ces derniers fidèles à la tradition aristotélicienne.
La préformation des matérialistes fut réfutée à la fin du XVIIIième siècle, les chercheurs ayant découvert que de nouvelles structures absentes apparaissaient au cous du développement.Cette croissance était épigénétique et l’ovule ne contenait pas tout l’organisme en miniature.
Du côté des mécanistes, August Weissmann(1834-1914) estima avoir trouvé la réponse.en distinguant le plasma somatique et le plasma germinatif présents dans l’ovule.
Au milieu du XXième siècle la découverte des gènes dans les chromosomes à l’intérieur du noyau cellulaire confirma la théorie de Weissmann, l’ADN (organisé en structures appelées chromosomes) représente le plasma germinatif. Les triomphes de la génétique moléculaire combinée à la théorie néo-darwinienne de l’évolution semblaient apporter des preuves indiscutables à la théorie matérialiste de la transmission héréditaire. Mais ce triomphe tenait plus de la réthorique que de la réalité.
Pourquoi l’on surestime les gènes (265-269)
Il ya un véritable gouffre entre le discours sur le pouvoir des gènes et ce qu’ils font réellement. Le problème remonte à Weissmann qui considérait les déterminants germinatifs comme des agents actifs. Grâce à la biologie moléculaire nous savons ce que les gênes peuvent réellement faire : ils codent les séquences d’acides aminés assemblés dans les chaînes polypeptidiques qui se plient ensuite pour former les molécules protéiniques et certains gènes sont impliqués dans le contrôle de la synthèse des protéines.
Les molécules d’ADN ne « déterminent » pas des structures particulières. Richard Dawkins qui a probablement le plus popularisé la génétique présentant l’ADN comme un ensemble d’instructions donnant le mode d’emploi de la fabrication du corps.
Problème ! Si le programme génétique était inscrit dans les gènes toutes les cellules du corps ou presque devraient être identiques puisqu’elles contiennent en général ;les mêmes gènes. Une jambe ne ressemble pas un bras et il est évident que les gènes ne peuvent à eux-seuls expliquer ces différences. Malgré cela le programme génétique continue à jouer un rôle primordial dans les concepts de biologie moderne. Il semble répondre à un besoin de défendre la biologie mécaniste face au vitalisme.
Promesses et déceptions de la biologie moléculaire ( 270-274)
Il est difficile de se souvenir de l’atmosphère qui régnait en biologie dans les années 1980 quand de nouvelles techniques ont permis de cloner les gènes et de découvrir la séquence de « lettres » composant le code génétique. Une voie royale s’ouvrait pour la modification des plantes et organismes. De là est né le projet de décoder le génome humain. Le Human Genome Project fut lancé en 1990 et s’accompagna d’une vague de spéculation financière. L’un des éditeurs de Nature proclama qu’avant la fin du XXI ième siècle « la génomique nous permettra de changer des organismes entiers jusqu’à les rendre méconnaissables ».
Le séquençage du génome humain est une réussite étonnante mais la première surprise fut de découvrir que nous n’avions que 23 000 gènes environ contre plus de 100 000 attendus alors que le riz, par exemple en a 38 000 et le directeur du projet de séquençage du chimpanzé dut admettre que la comparaison avec le génome humain ne permettait pas de trouver pourquoi nous sommes différents du chimpanzé.
Le problème de l’hérédité manquante (274-279)
Depuis la fin du Project Genome Humain (PGH) l’atmosphère a radicalement changé. Par exemple 50 gènes ont été associés à la taille d’un humain et à la surprise générale ils ne compte que pour environ 5% de l’héritage de la taille. La plupart de l’hérédité est donc manquante et beaucoup d’autres exemples allant dans le même sens sont aujourd’hui connus. La littérature scientifique parle à ce sujet de « l’hérédité manquante »(cf découverte à Montpellier sur l’hérédité manquante »). En 2009 27 généticiens éminents dont l’ancien directeur du PGH ont publié dans Nature un article sue l’hérédité manquante reconnaissant que malgré une dépense dépassant les 100 milliards de dollars et plus de 700 articles publiés, l’exploration du génome n’avait fourni qu’une base génétique très limitée aux maladies humaines.
En 2011, Jonathan Latham directeur du Bioscience Resource Project reconnaissait qu’à quelques exceptions près les gènes n’étaient pas responsables des maladies les plus courantes. Dans un article du Wall Street Journal de 2004 sous le tire « Le triste bilan des biotechnologies : 40 milliards de dollars de pertes » on pouvait lire que » cette industrie enregistre des pertes depuis des décennies et le trou s’agrandit chaque année. »
Le séquençage de toujours plus d’espèces végétales et animales lié à la découverte de la structure de milliers de protéines est en train de noyer ls biologistes moléculaires sous les données. Ceux-ci s’appuient maintenant sur la bio-informatique , un secteur en plein boum.
L’étude des gènes impliqués dans la régulation du développement fait partie d’un champ prometteur appelé biologie du développement évolutionnaire ou « évo-dévo ».
Découvrir que la diversité des formes entre espèces animales ne correspond pas à une diversité des gènes a été un choc pour beaucoup de biologistes.
Parier sur le génome (279-282)
Dès 2009 il est clair que bien des promesses du projet génome n’allaient pas être remplies. Mais beaucoup de biologistes continuaient à croire que le génome explique l’organisme. Parmi ceux-ci Lewis Wolpert assurait par exemple que moyennant davantage de données et de d’énormes ordinateurs « nous devrions pouvoir à partir d’un ovule humain fertilisé obtenir une image de tous les détails du nouveau-né, anormalités incluses s’il y en a.
Contrairement à Wolpert je pense que si les gènes permettent aux organismes de produire des protéines il n’expliquent pas le développement des embryons. Malgré 40 ans de recherche intensive disposant de vastes budgets le pliage des protéines n’a pu être calculé à partir de principes simples. Même si il était résolu l’étape suivante serait de réussir à prédire la structure des cellules.
Des permutations moléculaires aléatoires ne peuvent simplement pas expliquer le fonctionnement des organismes vivants. Les cellules, tissus et organes se développent de façon modulaire selon des champs morphogénétiques mis en évidence par les biologistes dans les années 1920 ( cf chapitre 5 : la nature est-elle sans but ?). Je pense que ces champs possèdent des capacités d’organisation et des propriétés systémiques qui relèvent de principes encore inconnus de la science.
L’héritage épigénétique des caractères acquis (282-286)
L’une des plus grandes controverses de la biologie du XXième siècle a porté sur l’hérédité des caractères acquis c’est à dire sur la capacité des animaux et des plantes à hériter d’adaptations accomplies par leurs ancêtres. La vision officielle telle que promue par Weissmann et la génétique refuse cette hérédité alors qu’à l’époque de Darwin la plupart dont Lamarck estimaient au contraire que les caractères acquis se transmettaient. Darwin partageait cette croyance. L’exemple resté célèbre est celui de la girafe donné par lamarck.
La théorie néodarwinienne devenue orthodoxie scientifique en Occident au XXième siècle se distingue du darwinisme classique par le rejet des caractères acquis et son remplacement par les gènes.
Le tabou à l’encontre des caractères acquis a commencé à se fissurer au tournant des années 2000. Aujourd’hui ce mode transmission est appelé « héritage épigénétique » ce quis ignifie « au-delà et en dehors des gènes ». Ce champ de recherche est en plein essor et plusieurs exemples ont été trouvés chez les plantes et animaux. Par exemple l’effet des toxines peut se répercuter sur plusieurs générations. Le Projet Epigénome Humain a été lancé en 2003 pour coordonner ces recherches dans ce domaine. ( cf : de la génomique à l’épigénomique-une vision plus élevée de la vie)
Bien que l’héritage épigénétique vienne briser le tabou contre l’hérédité des caractères acquis il ne remet pas en question le credo matérialiste selon lequel tout héritage biologique ne peut être que matériel : c’est juste une autre forme d’héritage toute aussi matérielle. Et pourtant ni les gènes ni les protéines ne peuvent à eux seuls expliquer la morphogenèse ou les comportements instinctifs.
Résonance morphique et champs morphogénétiques ( 286-292)
La seule explication possible à la transmission de modèles organisationnels c’est la causalité descendante à partir de modèles de modèles de niveau supérieurs. Pour comprendre ceci il suffit de penser au champ magnétique créé par un aimant. Le champ de l’aimant naît de l’alignement des petits éléments magnétiques présents à l’intérieur de l’aimant mais ce champ agit aussi sur ces éléments. Lorsque l’aimant est chauffé à une température critique l’alignement est rompu.
Il y a deux façons d’envisager les champs morphogénétiques. La première c’est de les considérer comme des structures essentiellement mathématiques comme René Thom l’a montré. Dans l’autre solution les champs morphogénétiques sont liés au temps : ils héritent de leurs formes par résonance morphique.
L’image du poste de télévision permet d’illustrer ces deux approches. Un sceptique qui rejetterait l’idée d’influences invisibles pourrait tenter d’expliquer les images et le son à partir des composants du poste. Il se convaincrait de la justesse de son approche en montrant que le fait de retirer un composant du poste affecte l’image ou/et le son et ceci renforcerait sa croyance matérialiste. Mais il serait incapable de dire comment le poste produit ces images et ce son.
De la même façon les les mutations génétiques peuvent affecter la forme et le comportement de l’animal mais cela ne prouve pas qu’elles sont programmées par les gènes.
L’héritage transmis n’a rien de matériel mais il est néanmoins physique dans le sens où il est naturel et non surnaturel. Cette résonance mémorielle du passé s’effectue à travers le temps et l’espace. Elle faiblit pas avec la distance mais agit en fonction des similitudes. Plus celle-ci est grande plus la résonance est forte.
Cette hypothèse pourrait être testée expérimentalement. Il existe déjà des preuves expérimentales comme l’ai montré dans mes livres Une nouvelle science de la vie et La mémoire de l’univers.
Les jumeaux (293-296)
Francis Galton le cousin de Charles Darwin défendait l’idée de la prédominance génétique, il fut le pionnier de l’eugénisme , mot créé par lui. Ces idées connurent leur apogée dans l’Allemagne nazie avec le tristement célèbre Joseph Mengele au camp d’Auschwitz.
Pendant ce temps des psychologues de l’école comportementaliste adoptaient la démarche inverse. Ils croyaient à la promotion du progrès humain par le conditionnement environnemental . John Watson fondateur du béhaviorisme en est un des représentants.
Après la guerre la personnalité dominante de la recherche sur les jumeaux fut Cyril Burt. Ils efocalisait sur l’hérédité et les tests de QI. L’étude sur les jumeaux la plus connue est celle de Minnesota Twin Study lancée en 1989 par l’Université du Minnnesota sur 1400 paires de vrais et faux jumeaux. Elle a montré que les vrais jumeaux séparés montraient des similitudes remarquables sur un grand nombre de points.
La résonance morphique apporte un éclairage nouveau sur l’étude des jumeaux monozygotes. Plus la similitude est grande et plus elle est forte. Beaucoup de leurs ressemblances pourraient provenir de la résonance morphique plutôt que des gènes.
Mèmes et champs morphiques ( 296-299)
Selon la vision matérialiste standard tout héritage est matériel à l’exception de l’héritage culturel.
En 1976, Richard Dawkins proposait d’appeler « mème » l’unité d’héritage culturel par analogie avec « gène ». le philosophe matérialiste Daniel Dennett a fait du concept de mème la pierre angulaire de sa théorie de l’esprit.
Les athées se montrent friands de l’idée que les religions sont des ensembles de mèmes et qu’elles se diffusent comme des virus.
Je propose de considérer ces mèmes comme des champs morphiques organisationnels ou informatifs. Selon Dawkins les mèmes sont matériels et existent à l’intérieur du cerveau et les champs morphiques ne sont pas matériels, ils n’existent donc pas.
Du point de vue de la résonance morphique il n’y a qu’une différence de niveau et non de nature entre transmission héréditaire des formes et transmission culturelle des schémas comportementaux. Les champs morphiques ne sont pas constitués de molécules et atomes, ils sont organisés en hiérarchies imbriquées ou holarchies. Par exemple le langage est constitué de phonèmes dans des mots, des syllabes des propositions, des phrases.
Qu’est ce que cela change (299-301)
Depuis les années 1960 la vision « génocentrique » a dominé la science avec de funestes effets sur la société.
Malgré tous les discours autour du livre de Dawkins le gène égoïste , les gènes ne sont ni individualistes ni égoïstes. S’ils portent en eux un message moral à l’intention des humains c’est que la vie dépend d’un travail en commun et non d’une compétition sans pitié.
Les gènes font partie de l’hérédité mais ne l’explique pas en totalité. Une résonance morphique sous-tend peut être l’héritage des formes et le comportement. La résonance morphique créée une connexion entre les animaux, les plantes et peurs prédécesseurs. Chaque individu profite et contribue à la mémoire collective de son espèce.
pour rejoindre le chapitre suivant : Nos souvenirs sont-ils stockés sous forme matérielle ? p304