Des champignons hallucinogènes contre la dépression ?

Un cerveau plutôt ralenti

Contrairement à ce que les spécialistes pensaient jusqu’à présent, la prise de psilocybine, la substance hallucinogène extraite de certains champignons comme, ne met pas le cerveau en ébullition. Au lieu de provoquer une hyperactivité des neurones, elle les inhibe et semble déconnecter les zones cérébrales les unes des autres.

Pour s’en rendre compte, des chercheurs de l’Imperial College de Londres ont injecté de la psilocybine à des volontaires sains pour ensuite les examiner sous IRM afin de mesurer des changements éventuels dans leur activité cérébrale. Les résultats font l’objet de deux articles dans les Proceedings of the National Academy of Sciences et dans le British Journal of Psychiatry.

Le professeur David Nutt, auteur principal des deux études, a déclaré: « les substances psychédéliques élargissent la conscience de sorte qu’il a souvent été supposé qu’elles agissaient en augmentant l’activité cérébrale mais étonnamment nous avons constaté que la psilocybine diminue l’activité des neurones dans les zones qui ont le plus de connexions avec d’autres domaines. Ces zones contraignent notre expérience du monde et permettent de le garder ordonné. Nous savons maintenant que la désactivation de ces régions conduit à un état dans lequel le monde est vécu comme étrange. »

Une piste contre la dépression

L’intensité des effets rapportés par les participants, y compris les visions hallucinatoires, les altérations des sensations corporelles et de l’espace et du temps sont corrélés avec une diminution de l’oxygénation et de la circulation sanguine dans certaines parties du cerveau, notamment dans le cortex médial préfrontal et le cortex cingulaire postérieur. Ces zones sont justement le siège d’une hyperactivité chez les dépressifs.

« Des études précédentes ont suggéré que la psilocybine peut améliorer le sentiment de bien-être émotionnel et même réduire la dépression chez les personnes souffrant d’anxiété. Ceci est cohérent avec notre constatation selon laquelle la psilocybine diminue l’activité du cortex médial préfrontal, comme de nombreux traitements efficaces contre la dépression », reprend David Nutt. D’autres études seront cependant nécessaires avant de donner des champignons aux dépressifs !

Sciences et Avenir.fr
24/01/2012

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