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Un éblouissement sans fin – La poésie dans le soufisme
Le Seuil (Paris), 2014, 368 p.
Poésie et soufisme partagent un même rapport à l’indicible et à la fulgurance de l’inspiration. L’une et l’autre concourent à la saisie de réalités spirituelles que la raison ordinaire ne peut appréhender.
Le recueil poétique (Dîwân) étudié ici est l’œuvre de trois maîtres soufis, éveilleurs de conscience. Par sa stature spirituelle et son rayonnement initiatique, le cheikh algérien Ahmad al-‘Alâwî en est la figure centrale. Depuis Mostaganem, la voie ‘Alâwiyya qu’il a fondée vers 1914 a essaimé à travers le monde et contribue à nourrir la spiritualité contemporaine.
Les poèmes du Dîwân sont des mondes en soi. Leur expression allusive les protège du regard des intrus, et défie a priori toute analyse. Cet ouvrage tente pourtant d’éclairer l’expérience des trois cheikhs à l’aune de l’enseignement soufi. La relation avec le Divin qui s’y déploie, souvent déconcertante, accomplit, en définitive, pleinement l’état de l’humain.
Les chants spirituels qui accompagnent le livre témoignent de la vivacité de cette tradition spirituelle.
L’ouvrage met également à disposition trois heures de chant spirituel (samâ’) qui transmet l’émotion spirituelle de ces poèmes (lien internet et QR code à flasher dans l’ouvrage pour accéder aux pistes audios présentant trois heures de chant spirituel (samâ’).
Site du Seuil (éditeur)
Ouvrage disponibles dans vos librairies ou sur internet (Fnac, Amazon…) en format broché ou électronique (Epub ou Kindle).
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Le soufisme
Edité par Eyrolles (Paris), collection Eyrolles Pratique, 2013, 188 pages.
Présentation de l’éditeur :
Apparu dès l’aube de l’islam, le soufisme est la dimension spirituelle et ésotérique de la révélation coranique. Il se fonde sur la contemplation des réalités intérieures du monde, de la religion, de l’âme humaine… Conçu par un spécialiste reconnu du sujet, ce guide propose une introduction à l’histoire, aux fondements et aux pratiques du soufisme. Vivant et pédagogique, il commence par faire la chasse aux idées reçues, pour présenter ensuite le soufisme dans ses divers aspects.
Sommaire :
- Le soufisme d’hier à aujourd’hui
- Ce que le soufisme n’est pas
- Expériences pionnières (VIIIe-Xe siècles) et intégration dans l’espace sunnite (Xe-XIIe siècles)
- Epanouissement doctrinal et structuration sociale (XIIIe siècle)
- Le soufisme dans la modernité : la critique
- Le soufisme comme expérience
- Les fondements de l’expérience : le Coran et le Prophète
- « Se connaître soi-même, c’est connaître son Seigneur »
- Cheminer sur la voie de l’Unicité
- Le soufisme au quotidien
- Maître et disciple : l’affiliation à une confrérie
- Les méthodes initiatiques
- La vie d’une confrérieSite de l’éditeur
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Horizons Maghrébins n°65 – Soufisme et spiritualités en contexte de postmodernité
Ce numéro spécial coordonné sous la direction scientifique d’Éric Geoffroy présente l’originalité de confronter spiritualité et postmodernité. Ces deux termes ne manqueront pas d’être discutés dans leur définition, qui pose parfois problème, et leurs implications. Les articles qui composent ce numéro auront donc avant tout valeur de prospectives, de questionnements. Ils permettront des débats au sein de l’ouvrage, du fait des appartenances disciplinaires et personnelles diverses des contributeurs. Ils s’ancrent pour la plupart dans l’islam et le soufisme, mais le volume a précisément pour vocation d’ouvrir les horizons, dans un but d’ouverture et d’approche comparatiste.
Parmi les principaux thèmes traités, relevons “Spiritualité et expansion de la conscience”, “Réforme religieuse et spiritualité”, “La théologie spirituelle de la libération”, “Les apports de la spiritualité au réenchantement du monde”, sans oublier la dimension interreligieuse et des aspects plus anthropologiques tels que le rôle des confréries soufies en Europe.
Ce numéro a été publié en partenariat avec le Groupe d’études orientales, slaves et néo-helléniques et l’Université de Strasbourg.
Retrouver plus d’information sur cette ouvrage sur le site de l’éditeur.
Consulter le sommaire du numéro
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L’islam sera spirituel ou ne sera plus
Edité par Le Seuil, Paris, 2009, 217 p. (en cours de traduction en arabe).
L’islam serait inconciliable avec la modernité, à moins de se repenser sur des bases rationalistes ? Se différenciant de cette position majoritaire chez les penseurs contemporains, musulmans ou non, Éric Geoffroy appelle à une voie plus radicale, celle d’une refonte du sens : non plus se limiter à l’horizon de la « réforme », du droit notamment, mais s’efforcer de saisir, par la spiritualité, les données de la révélation coranique. Cet ijtihâd spirituel, promu par les soufis depuis l’époque médiévale, est seul capable d’interrompre le processus de sclérose qui a fini par générer une véritable inversion des valeurs islamiques initiales. Tel un noyau en fusion, il a le pouvoir de vivifier l’écorce de la forme religieuse, en réévaluant les rapports entre raison et supra-raison, entre Loi et esprit de la Loi. Dans notre contexte de mondialisation et de postmodernité, cette « révolution » du sens islamique se doit de convoquer également la pensée occidentale. Et cela d’autant plus que le ciel de la spiritualité s’est aujourd’hui refermé : en « Orient » où l’on instrumentalise la religion, en Occident où le nihilisme produit l’errance morale. Le soufisme ne pourrait-il dès lors constituer une alternative au « désenchantement du monde » ?
Dossier de presse :
Jennifer Schwarz, Le Monde des Religions, mai-juin 2009, p. 68 :
« … Le combat livré par Geoffroy est spirituel, radical. Il prône une révolution du sens, un ‘‘retour à la source’’. Au-delà de la seule raison, mais aussi au-delà de la seule foi, régie par les dogmes, il en appelle à une quête de l’excellence. Seule la dimension spirituelle pour ouvrir la conscience humaine, ouvrir le coeur et déchirer le voile opaque des faux-semblants. Les repères sont intérieurs ou ne seront pas. L’islam sera spirituel ou ne sera plus ».
Jean-Michel Bélorgey, Conseiller d’Etat, Les Carnets d’Etudes :
« …Il faut lire Eric Geoffroy, non seulement pour mieux comprendre le soufisme, le réformisme musulman, l’Islam, et leur richesses, l’ambition universelle, au bon sens du terme (voir Adorno), qui les anime, à leur meilleur, mais encore pour prendre refuge (comme disent les Bouddhistes), au milieu de la tourmente, dans une réflexion à la fois savante et généreuse, qui est déjà de l’ordre de l’action ».
Martine de Sauto, La Croix du 10 / 09 / 2009 :
« … Dans un livre si le nom est engagé, Éric E. Geoffroy, spécialiste du soufisme auxquelles il s’est converti, réexamine les valeurs essentielles de l’islam, dont la compréhension a été ‘‘tronquée’’, ‘‘dévoyée’’, voire ‘’inversée’’… ».
Revue Qantara (Institut du Monde Arabe) :
« L’islam est condamné à se régénérer, message d’Éric Geoffroy… Ce qu’il appelle de ses voeux pourtant, ce n’est point une ‘‘ré-forme’’ similaire à celle d’un Tariq Ramadan appelant à injecter un peu plus de rationalité dans la pratique des gardiens de la loi, mais une refonte du sens, un retour à la spiritualité telle qu’elle s’épanouit notamment dans le soufisme. La postmodernité en serait le moment propice ».
Saad Khiari, IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) :
« …Cette analyse que l’on retrouvera tout au long de l’ouvrage est remarquable de clarté et de pertinence car, non seulement elle remet sur le tapis le débat jusque-là toujours esquivé sur le retard (fixisme) des sociétés islamiques mais surtout elle en attribue très clairement la responsabilité aux quatre grandes écoles juridiques (madhahib) qui ont imposé leur diktat au détriment de l’esprit même de « l’ijtihad » qui donne la primauté à l’effort individuel sur l’effort collectif… ».
Jean-René Huleu, SaphirNews.com : La révolution du sens :
« ‘‘J’avais l’impression en écrivant d’être le canal de quelque chose qui me dépassait’’, disait modestement Éric Geoffroy aux personnes venues le féliciter à l’issue d’un débat à l’Institut du monde arabe (IMA) sur son dernier ouvrage, « L’islam sera spirituel ou ne sera plus ». À la lecture de son livre, on trouve incontestablement une parole libre, un propos radical, au service de ce qui pourrait être une force régénérante : un mouvement de la religion vers une conscience d’ordre mystique… ».
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Le soufisme, voie intérieure de l’islam
Edité par Le Seuil (Points-Sagesses), Paris, 2009 : édition poche d’Initiation au soufisme, 335 p, (en cours de traduction en arabe).
Traduit en anglais Introduction to Sufism : The Inner Path of Islam, World Wisdom, Bloomington (IN), 2010.
Traduit en arabe التصوف : طريق الإسلام الجوانية, Kalima, Abu Dhabi, 2011.
Dimension intérieure de l’islam sunnite, le soufisme repose sur la transmission, de maître à disciple, d’une énergie spirituelle initiée par le prophète Muhammad. Prenant sa source dans le Coran et dans la Tradition prophétique, cette voie a pour but de délivrer l’homme des passions et des illusions qui l’assaillent, lui permettant ainsi de trouver un espace intérieur d’où contempler les réalités de l’Esprit.
Cet ouvrage présente les doctrines, l’histoire et les pratiques initiatiques du soufisme. Il met en relief l’universalisme qui anime cette discipline, véritable antidote contre les divers intégrismes, et présente les perspectives qu’offre le soufisme contemporain ainsi que son rôle croissant en Occident.
Dossier de presse :
« L’auteur de l’étude magistrale sur Le Soufisme en Egypte et en Syrie sous les derniers Mamelouks et les premiers Ottomans fait ici la synthèse d’une réalité riche et complexe dans ses enjeux historiques, culturels et doctrinaux. De cette entreprise risquée, l’auteur se sort bien, exposant avec une clarté remarquable la pratique spirituelle soufie… », revue Qantara (Institut du Monde Arabe).
« …L’auteur s’emploie à combattre quelques préjugés tenaces : le soufisme n’est pas un ‘‘islam light’’, non plus qu’une démarche égoïste qui consisterait à se séparer du monde », X. Ternisien,Le Monde du 1er juillet 2003.
« … Non que les ouvrages de référence manquent à ce sujet, mais parce que la plupart ne comportent qu’une approche partielle du phénomène soufi, ou sont d’accès difficile. A cet égard, celui d’Eric Geoffroy comble un vide… », Jean-Michel Belorgey, Les Carnets d’Etudes, revue du Conseil d’Etat (France).
« Ce premier ouvrage complet sur la doctrine et les pratiques de ce courant mystique de l’islam sunnite, présente également un aperçu historique de ce qu’on a appelé ‘‘le cœur de l’islam’’… », Thierry Zarcone,Revue d’Histoire du Soufisme.
« …L’exposé de l’auteur est méthodique, rigoureux et largement accessible. Il saura satisfaire à la fois celui qui cherche à comprendre le lien entre soufisme et islam, celui qui souhaite appréhender les pratiques du soufisme tout autant que celui qui chemine sur la Voie et désire resituer celle-ci en termes historiques et sociologiques. », revue Soufisme d’Orient et d’Occident.
« …L’islamologue strasbourgeois propose du soufisme une lecture attentive, parfois critique et tout à fait enrichissante… », J. Fortier, Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
« …Un livre capital, qui se fonde sur la conviction que l’islam et le soufisme sont intrinsèquement liés », site Oumma.com.
« Dans cet ouvrage, Eric Geoffroy, universitaire islamologue, excelle à définir le soufisme comme ‘‘le cœur vivant de l’islam’’…Cette initiation au soufisme est, à nos yeux, un véritable traité de spiritualité islamique », R. Michel, Secrétariat des Relations avec l’Islam.
« “Cet ouvrage, dit Eric Geoffroy, repose sur un pari : celui que l’approche intérieure du soufisme n’est pas incompatible avec une analyse critique”. Le pari est magnifiquement tenu… », J. Borel, Bulletin de la commission francophone pour le dialogue interreligieux monastique, DIM, n° 29, déc. 03.
« …Les lecteurs trouveront ici des repères fondamentaux pour s’immiscer dans ce qui est une des toutes grandes spiritualités[…].Que voilà un livre qui aurait fait la joie de feus E. Vitray de Meyerovitch, F. Schuon et Massignon. », Sâdhana (site Bouddha.ch), 15 juillet 2003.
Une table ronde, destinée à la presse arabe, s’est tenue en juin 2003 à l’Institut du Monde Arabe, à l’occasion de la sortie de la première édition l’ouvrage. Voir le magazine de langue arabe Al-Nour n° 146, juillet 03, p. 63-68.
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Initiation au soufisme
Edité par Fayard, Paris, 2003 (réédité en 2004), 322 p.
Traduit en anglais Introduction to Sufism : The Inner Path of Islam, World Wisdom, Bloomington (IN), 2010.
Traduit en arabe التصوف : طريق الإسلام الجوانية, Kalima, Abu Dhabi, 2011.
Edition en format poche : Le soufisme, voie intérieure de l’islam, Le Seuil (Points-Sagesses), Paris, 2009.
En cours de traduction vers l’arabe (Beyrouth)
Dossier de presse d’Initiation au soufisme :
« L’auteur de l’étude magistrale sur Le Soufisme en Egypte et en Syrie sous les derniers Mamelouks et les premiers Ottomans fait ici la synthèse d’une réalité riche et complexe dans ses enjeux historiques, culturels et doctrinaux. De cette entreprise risquée, l’auteur se sort bien, exposant avec une clarté remarquable la pratique spirituelle soufie… », revue Qantara (Institut du Monde Arabe).
« …L’auteur s’emploie à combattre quelques préjugés tenaces : le soufisme n’est pas un ‘‘islam light’’, non plus qu’une démarche égoïste qui consisterait à se séparer du monde », X. Ternisien,Le Monde du 1er juillet 2003.
« … Non que les ouvrages de référence manquent à ce sujet, mais parce que la plupart ne comportent qu’une approche partielle du phénomène soufi, ou sont d’accès difficile. A cet égard, celui d’Eric Geoffroy comble un vide… », Jean-Michel Belorgey, Les Carnets d’Etudes, revue du Conseil d’Etat (France).
« Ce premier ouvrage complet sur la doctrine et les pratiques de ce courant mystique de l’islam sunnite, présente également un aperçu historique de ce qu’on a appelé ‘‘le cœur de l’islam’’… », Thierry Zarcone,Revue d’Histoire du Soufisme.
« …L’exposé de l’auteur est méthodique, rigoureux et largement accessible. Il saura satisfaire à la fois celui qui cherche à comprendre le lien entre soufisme et islam, celui qui souhaite appréhender les pratiques du soufisme tout autant que celui qui chemine sur la Voie et désire resituer celle-ci en termes historiques et sociologiques. », revue Soufisme d’Orient et d’Occident.
« …L’islamologue strasbourgeois propose du soufisme une lecture attentive, parfois critique et tout à fait enrichissante… », J. Fortier, Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
« …Un livre capital, qui se fonde sur la conviction que l’islam et le soufisme sont intrinsèquement liés », site Oumma.com.
« Dans cet ouvrage, Eric Geoffroy, universitaire islamologue, excelle à définir le soufisme comme ‘‘le cœur vivant de l’islam’’…Cette initiation au soufisme est, à nos yeux, un véritable traité de spiritualité islamique », R. Michel, Secrétariat des Relations avec l’Islam.
« “Cet ouvrage, dit Eric Geoffroy, repose sur un pari : celui que l’approche intérieure du soufisme n’est pas incompatible avec une analyse critique”. Le pari est magnifiquement tenu… », J. Borel, Bulletin de la commission francophone pour le dialogue interreligieux monastique, DIM, n° 29, déc. 03.
« …Les lecteurs trouveront ici des repères fondamentaux pour s’immiscer dans ce qui est une des toutes grandes spiritualités[…].Que voilà un livre qui aurait fait la joie de feus E. Vitray de Meyerovitch, F. Schuon et Massignon. », Sâdhana (site Bouddha.ch), 15 juillet 2003.
Une table ronde, destinée à la presse arabe, s’est tenue en juin 2003 à l’Institut du Monde Arabe, à l’occasion de la sortie de l’ouvrage. Voir le magazine de langue arabe Al-Nour n° 146, juillet 03, p. 63-68.
Quelques extraits :
Il existe, dit-on, mille définitions du soufisme. Tentons une première approche. En islam, la tension entre les polarités exotérique et ésotérique est très accentuée. Dans le Coran, Dieu Se présente à la fois comme l’Extérieur (al-zâhir) et l’Intérieur (al-bâtin), sous des Noms en apparence opposés que le soufi devra unifier au cours de sa quête spirituelle. Pour les soufis, l’extérieur procède de l’intérieur, comme l’écorce d’un fruit enveloppe le noyau. En ce sens, le soufisme représente le coeur vivant de l’islam, la dimension intérieure de la Révélation muhammadienne et non une forme quelconque d’occultisme.
Le soufisme peut encore être défini comme un aspect de la Sagesse éternelle. En plusieurs occurrences, le Coran évoque la « Religion immuable » (al-dîn al-qayyim), cette religion primordiale, sans nom, dont toutes les religions historiques sont issues. L’islam, dernier message révélé, est venu rappeler l’Unicité divine dont Adam fut le premier héraut. L’Esprit l’a investi comme il a investi d’autres formes religieuses auparavant. Pour désigner les spiritualités du christianisme et du judaïsme, certains musulmans parlent ainsi de « soufisme chrétien » ou de « soufisme juif ». Le soufisme authentique se joue dans cette harmonie que l’initié doit sans cesse restaurer, entre le corps et l’esprit, entre la religion établie sur terre, et sa réalité intérieure.
Une réalité sans nom
Beaucoup de musulmans tiennent en suspicion le soufisme pour la seule raison que les termes sûfî ettasawwuf ne sont pas coraniques et n’existaient peut-être pas du vivant du Prophète : à leurs yeux, il s’agirait d’une « innovation blâmable ». Ibn Khaldûn, qui lui-même n’était pas soufi, répond qu’à l’époque du Prophète il n’était pas nécessaire de donner un nom particulier à la voie intérieure de l’islam. La nouvelle religion était alors vécue dans sa plénitude, exotérique comme ésotérique, car les Compagnons de Muhammad voyaient dans le Prophète le modèle de l’homme « réalisé ». Le compagnonnage (suhba) résumait à lui seul tout le bénéfice spirituel que l’entourage du Prophète retirait de lui. Dans cette proximité de la source lumineuse prophétique, terminologie et doctrine n’avaient pas lieu d’être. Un cheikh du Xe siècle affirmait : « Le soufisme était auparavant [à l’époque du Prophète] une réalité sans nom ; il est maintenant un nom sans réalité. » Pour Shiblî, l’un des grands maîtres de Bagdad, qui affectionnait le paradoxe, le fait que les soufis aient reçu un nom provient des résidus de leur ego. S’ils avaient été réellement transparents, dénués d’attributs propres, aucun nom n’aurait pu leur être attribué.
La doctrine et la terminologie du tasawwuf prennent forme pour l’essentiel au IXe siècle, époque de la « collecte » ou « codification » (tadwîn) de la doctrine islamique, qui dès lors se constitue en différentes sciences : les « fondements du droit », les « fondements de la religion », le « droit comparé », la « terminologie du hadîth », le « commentaire coranique » n’existaient pas plus du temps du Prophète que le « soufisme ». Le terme salafî, qui désigne les musulmans modernes se réclamant des premiers croyants (salaf) et rejetant tous les apports doctrinaux, notamment mystiques, apparus au cours des siècles, n’a pas davantage d’appui scripturaire. C’est donc un devoir de mémoire pour les musulmans contemporains de porter au soufisme un égard semblable à celui qu’ils montrent pour les autres disciplines de l’islam.
Initiation au soufisme, éd. Fayard, Paris, 2003 (réédité en 2004), 322 p. En cours de traduction vers l’arabe (Le Caire), et bientôt en anglais (USA).
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L’instant soufi
Edité chez Actes Sud, collection « le souffle de l’esprit », Paris, 2000, 46 p.
Il s’agit d’un témoignage, présentant la spiritualité soufie selon une expérience personnelle, vécue en Occident.
Le soufisme est une recherche de la connaissance directe de la divinité, une voie qui permet à l’âme du croyant de contempler la face de Dieu et de réaliser l’unité divine. Eric Geoffroy présente cette mystique de l’Islam et enseigne comment elle peut s’avérer une voie permettant une progression spirituelle dont la finalité est l’union de l’âme avec Dieu.
Quelques extraits :
Que cherchez-vous dans le soufisme ? Qu’y cherchais-je moi-même ? Tu ne Me chercherais pas si tu ne M’avais déjà trouvé. Le soufisme, parfum de l’islam, saveur de la vie, éveil à l’universel, acuité de la conscience, vigilance qui ne quittera plus l’âme, qu’elle le veuille ou non : une fois engagé sur la Voie, que tu chutes ou non, tu lui appartiens.
Le soufisme attire, séduit, tandis que l’islam fait figure de repoussoir. Quel paradoxe ! Le soufisme, plénitude de l’islam, voie d’excellence évoquée par le Prophète.
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La sagesse des maîtres soufis
Edité chez Grasset, Paris, 1998, 314 p. Traduit en espagnol.
Présentation et traduction des Latâ’if al-minan d’Ibn ‘Atâ’ Allâh.
Le soufi égyptien Ibn ’Atâ’ Allâh (1259-1309) est l’auteur d’une œuvre qui a pénétré tous les milieux mystiques de l’islam.
Dans la Sagesse des maîtres soufis, son dernier ouvrage, Ibn ’Atâ’ Allâh rend hommage à son maître al-Mursî et au maître de celui-ci, le Marocain Abû I-hassan al-Shâdhilî, fondateur de l’ordre shâdhilî – l’une des principales composantes du soufisme actuel. Ibn ’Atâ’ Allâh le premier – ni al-Mursî ni al-Shâdhilî n’avaient écrit nous révèle l’essentiel de la doctrine de son ordre et dresse un plaidoyer très étayé en faveur du soufisme et de la sainteté. Soucieux de toucher un public large, Ibn ’Atâ’ Allâh émaille son récit d’anecdotes savoureuses ayant pour cadre l’Egypte du Xiii e siècle. « Il est plus difficile de connaître le saint que de connaître Dieu », affirmait al-Mursï.
A l’évidence, la relation privilégiée qui s’est tissée ici entre maître et disciple fournit un témoignage incomparable sur la sainteté en terre d’islam, qui a valeur universelle.
Extrait de la présentation :
Le titre complet de ce livre est « Les touches subtiles de la grâce, ou des vertus spirituelles du cheikh Abû l-‘Abbâs al-Mursî et de son maître al-Shâdhilî Abû l-Hasan » (Latâ’if al-minan fî manâqib al-shaykh Abî l-‘Abbâs al-Mursî wa shaykhi-hi al-Shâdhilî Abî l-Hasan). Il est connu dans le monde musulman sous sa forme abrégée Latâ’if al-minan (« Les touches subtiles de la grâce »). Il s’agit sans doute du dernier ouvrage d’Ibn ‘Atâ’ Allâh.
Ce texte a effectivement le caractère d’une oeuvre ultime, car il contient le testament spirituel de l’auteur. Le projet fondamental qui anime celui-ci est de transmettre l’enseignement de ses maîtres ; il faut donc le coucher sur papier avant que lui-même, Ibn ‘Atâ’ Allâh, ne disparaisse. En effet, al-Shâdhilî et al-Mursî n’ont écrit que des oraisons. Comme beaucoup de maîtres, ils ont répugné à consigner l’expérience ineffable de l’initiation spirituelle, et Ibn ‘Atâ’ Allâh cite dans les premières pages des Latâ’if al-minan cette réponse qu’al-Shâdhilî fit à la personne lui ayant demandé pourquoi il n’avait rien rédigé sur la Voie soufie : « Mes disciples me tiennent lieu de livres ».
Fidèles en cela à leur vocation hagiographique, les Latâ’if al-minan visent d’abord à retracer la carrière spirituelle des maîtres d’Ibn ‘Atâ’ Allâh, et à relever leurs titres de gloire. Toutefois, les longs Prolégomènesqui ouvrent le livre contiennent un enseignement doctrinal très dense, et qui se fonde sur les sources scripturaires de l’islam. L’auteur espère ainsi confondre les adversaires de la sainteté et du soufisme, tout en préparant le lecteur à l’évocation des charismes de ses maîtres. La « défense et illustration » de la sainteté à laquelle il se livre se nourrit donc, au fil des pages, de matériaux divers : le récit des mirabilia, qui ont pour cadre cette fascinante Egypte du XIIIe siècle, y alterne avec des paroles de sagesse et des considérations métaphysiques. Ici réside l’originalité des Latâ’if al-minan : l’essentiel de l’enseignement shâdhilî s’y trouve consigné sous une forme variée et attrayante.
Les soufis présentent volontiers le tasawwuf comme une science spirituelle s’alimentant autant de gnose que d’amour, et Ibn ‘Atâ’ Allâh, qui consacre ici quelques belles pages à l’amour, y affirme par ailleurs la suprématie de la gnose ; il cède en cela à la volonté de lucidité spirituelle affichée dans la Shâdhiliyya. Mais, à lire les Latâ’if al-minan, on s’aperçoit qu’il s’agit en définitive d’une histoire d’amour entre maître et disciple. Dans la conclusion, Ibn ‘Atâ’ Allâh revient de façon émouvante sur la « paternité spirituelle » exclusive qui le lie à al-Mursî : « C’est lui qui, rapidement, nous a dévoilé à nous-même notre propre “ secret ”, et a délié notre langue, confesse-t-il. Il a planté en nous l’arbre de la connaissance, dont les fruits sont parvenus à maturité et dont les fleurs exhalent leur parfum. C’est lui qui, par la grâce de Dieu, a scellé un pacte avec nous ». Cet amour réciproque entre le disciple et le maître et, à travers celui-ci, entre le disciple et le Prophète représente pour les soufis la voie d’accès à l’Amour divin, mobile de la création.
La sagesse des maîtres soufis, éditions Grasset, Paris : présentation et traduction des Latâ’if al-minand’Ibn ‘Atâ’ Allâh, Paris, 1998, 314 p. Traduit en espagnol.