DES MACHINES À PENSER À LA PENSÉE MACHINEDu structuralisme à la philosophie postmoderne, de la déconstruction au systémisme, de Claude Lévi-Strauss à Jacques Lacan, de Gilles Deleuze à Jean-François Lyotard, une bonne part de la pensée européenne des cinquante dernières années a été souterrainement influencée par un ensemble de présupposés théoriques élaborés dans l’immédiat après-guerre avec la naissance de la cybernétique. Ce » paradigme cybernétique « , dont l’apparition est historiquement datée, se fondait sur une toute nouvelle conception de l’humain et de la société en rupture avec l’héritage humaniste de la modernité. En général ignorée, ou passée sous silence, cette influence a profondément marqué le paysage intellectuel contemporain. C’est ce que l’auteur de ce livre, sociologue à l’université de Montréal, met en évidence dans cet essai. Il s’agit de reconstituer, avec précision, la généalogie d’un paradigme qui fut et demeure très influent, aussi bien sur le vieux continent qu’outre-Atlantique. À ce titre, le travail de Céline Lafontaine apparaît comme une contribution essentielle autant que neuve au débat contemporain. En replaçant dans son contexte historique l’apparition de ce qu’on appelle la postmodernité, cet essai surprendra sans doute. C’est néanmoins un apport dont il sera désormais difficile de ne pas tenir compte, d’autant plus qu’il apporte un éclairage neuf sur l’imaginaire des technosciences.
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- LE LABORATOIRE GRENOBLOIS
- MINIME INTRODUCTION AUX NANOTECHNOLOGIES
- Plein de place en bas
- Les engins de création
- Tradition de l’eugénisme chez les scientifiques
- L’homme-machine
- Des Nanos aux NBIC : convergence technologique
- La programmation transhumaniste
- AU SERVICE DE MINATEC
- IDEAs Lab : la machine à créer des besoins
- Les « humanités », service marketing des nécrotechnologies
- Experts en démocratie
- Le progrès de l’inhumanité
- RFID : LA POLICE TOTALE
- Les nanos, ça sert aussi au mouchardage électronique
- Histoire vraie
- « Sans contact » mais avec mouchard
5ter – Une folle solitude : Le fantasme de l’homme auto-construit – 3 août 2006

Tout au long du XXe siècle, les enfants, dans leurs poussettes, ont fait face à l’adulte qui les promenait. Jusqu’aux années 70, où un retournement massif est intervenu : brusquement, on s’est mis à orienter les enfants vers l’avant. Pourquoi cette inversion ?
La question, sous ses apparences anodines, nous entraîne dans une enquête inattendue et passionnante au coeur du monde contemporain. La démocratie et la science, nos références cardinales, ont contribué conjointement au retournement : l’une et l’autre privilégiant un sujet libéré du poids du passé, des entraves traditionnelles, un sujet regardant d’emblée vers l’avant et auto-construit.
Sommes-nous pour autant devenus des surhommes qui tirent leur être d’eux-mêmes et élaborent de façon autonome leurs valeurs ? Ou bien sommes-nous restés des hommes qui, à récuser toutes les autorités, risquent de s’abandonner aux déterminismes aveugles et aux fantasmes régressifs que, vaille que vaille, les civilisations s’efforçaient d’apprivoiser ?
Pour Olivier Rey, les récits inventés depuis un demi-siècle par la science-fiction sont moins fantaisistes qu’on ne le pense : ils nous instruisent sur un réel qui, sous des dehors rationnels, est plus que jamais gouverné par l’inconscient. Ses analyses éclairent les orientations actuelles de la biologie qui, s’emparant de la reproduction humaine, a entrepris de matérialiser des théories infantiles, de nous affranchir des chaînes généalogiques et de l’obscurité de l’origine sexuelle. L’examen des doctrines éducatives en usage, promouvant un enfant délivré de la tutelle des adultes, constructeur de ses savoirs et de lui-même, nous permet de mesurer à quel point l’utopie de l’auto-fondation a pénétré notre monde.
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6ter – Le téléphone portable, gadget de destruction massive – 1 juin 2008

Il n’y a presque plus de monde strictement naturel. Partout, de l’artefact mais surtout de l’hybridation, entre le naturel et l’artificiel. Une hybridation qui s’apprête à toucher – et parfois touche déjà – l’homme lui-même dans son corps. En effet, peut-être sommes-nous déjà changés, tellement les bouleversements liés aux nouvelles technologies sont considérables. Que devons-nous faire ? Avons-nous l’obligation morale de nous transformer, ou de nous conserver ? Car face à nous, il y a bel et bien un nouvel homme qui vient…
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commentaire : A lire de toute urgence, comme hélas beaucoup de choses concernant tout ce qui atteint de près ou de loin nos libertés de penser, d’agir, de détenir, de se déplacer, de s’opposer. Comme toutes les publications de « Pièces et Main d’Oeuvre », qui mettent le doigt sur des domaines où l’être humains ferait bien de se réveiller vite, et fort.
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C’est un lieu commun que dans toute société, l’ordre repose sur le sacrifice de moutons noirs, brebis galeuses et boucs émissaires, désignés à l’unanimité violente des sociétaires. D’où l’intérêt de connaître le nouvel ennemi de la Sécurité globale, cible des stratèges de la Rand Corporation et des « livres blancs » du gouvernement.
Après l’ »écoterrorisme », ennemi à peu près imaginaire, produit du FBI et de l’écrivaste Jean-Christophe Rufin (Le parfum d’Adam) ; après le « bioterrorisme », ennemi bien réel issu des laboratoires de l’Etat – comme démontré par l’affaire de l’ »anthrax » en 2001 – voici le mauvais Terrien.
Réfractaire au « Green New Deal », aux « écotechnologies » ; nanotechnologies, géo-ingénierie, nucléaire et informatisation de la « planète intelligente », cyberville globale où chacun se plie aux règles de la survie technifiée. Sauf à devenir le nouvel ennemi de l’ »humanité élargie » : post-humains, transhumains, cyborgs, « Successeurs », « hommes bioniques », « augmentés » et autres « Singularités », qu’on nous assigne désormais comme notre futur inéluctable et désirable.
Huit ans après, le fin mot de la « World War on Terrorism ». Ce qu’elle a permis. Ce qui a changé. Ce qui a été perdu sans retour. Et l’avènement de l’Ordre Vert dans un monde en contraction où s’effrondrent les frontières entre local et global, intérieur et extérieur, temps de paix et temps de guerre.

9ter – Surveillance globale: ENQUETE SUR LES NOUVELLES FORMES DE CONTROLE

Mais quelle forme prennent aujourd’hui les nouveaux dispositifs de contrôle et en quoi sont-ils différents des pratiques du siècle dernier ? Comment modifient-ils notre rapport au monde et aux autres ? Vont-ils jusqu’à menacer le droit à la vie privée ? Telles sont les questions abordées dans ce livre, qui reprend ainsi un débat ancien sous un jour totalement nouveau. Car il ne s’agit plus seulement d’assurer une surveillance ciblée pour déceler les comportements déviants et les punir, mais de prévenir toute dérive en instaurant un traçage permanent et généralisé.
Il ne s’agit plus d’observer l’espace public, mais de pénétrer les espaces privés pour accumuler des données sur chaque individu, considéré sinon comme un terroriste en puissance, du moins comme une cible marketing, ou un voisin à espionner. S’organise ainsi un scannage ininterrompu des actes et des désirs, abolissant la frontière entre surveillant et surveillé, entre monde physique et monde virtuel.
Au moyen de procédés que nous relayons ou alimentons à notre insu – vidéosurveillance, géolocalisation, bases de données, biométrie, puces RFID, logiciels d’analyse comportementale un Big Brother désincarné, dont nous sommes à la fois victimes et complices, opère désormais en chacun de nous. Mêlant l’enquête à la réflexion, cet essai explore avec une acuité remarquable les multiples enjeux de la surveillance contemporaine, et incite chacun à réagir face au danger d’une nouvelle servitude volontaire.
Clones, robots, cyborgs, organes artificiels…: la science-fiction d’hier devient notre réalité et l’on se demande déjà comment préserver une définition de l’humain. Chez ceux que les machines fascinent, Jean-Michel Besnier perçoit une forme de lassitude – voire de honte – d’être seulement hommes. Aux autres qui, au nom d’idéaux humanistes, refusent les progrès techniques, il reproche en revanche leur inconséquence: n’ont-ils pas cru que la liberté humaine consistait à s’arracher à la nature – ce que la technique permet d’obtenir effectivement? Les métaphysiciens de toujours souhaitent que l’Esprit triomphe de la Nature. Les visionnaires d’aujourd’hui, proclamant l’avènement du posthumain, annoncent la réalisation concrète de cette ambition. Grâce à son ingéniosité, l’homme n’aura bientôt plus le souci de naître: il s’autoproduira. Il ne connaîtra plus la maladie: des nanorobots le répareront en permanence. Il ne mourra plus, sauf à effacer volontairement le contenu téléchargé de sa conscience. Mais comment vivrons-nous dans ce monde-là? Quelle éthique nous mettra en harmonie avec une humanité élargie, capable d’inclure autant les animaux que les robotsou les cyborgs? Quels droits, par exemple, devrons-nous accorder à ces robots chargés, là où les hommes sont défaillants, de rendre nos fins de vie plus humaines? Les utopies posthumaines nous obligent à affronter ces questions, à évaluer nos dispositions à engager le dialogue avec cet autre, hier animal ou barbare, aujourd’hui machine ou cyborg. N’est-ce pas là justement, aujourd’hui comme hier, que se joue la grandeur de l’humain?
Jean-Michel Besnier, né en 1950, est professeur de philosophie à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV) et membre du Centre de recherche en épistémologie appliquée (le CREA, laboratoire de l’École polytechnique et unité du CNRS). Il appartient aux comités d’éthique du CNRS (le COMETS) et de l’INRA (le COMEPRA). Il est l’auteur d’une douzaine de livres, dont une Histoire de la philosophie moderne et contemporaine (Grasset, 1993; Le Livre de poche, 1998).
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Transhumain décrit le temps, pas si lointain, où la biologie et la technologie seront étroitement imbriquées et produiront une nouvelle espèce humaine dont les facultés seront améliorées et augmentées considérablement. Un grand nombre de savants en train de travailler aujourd’hui se sont rendus compte que les progrès de la technologie sont en train de s?accroître de manière exponentielle. On estime que durant les vingt premières années du XXIe siècle plus de progrès seront accomplis que pendant tout le vingtième siècle. Dans vingt ans, on aura un modèle complet du cerveau humain, et notre corps sera plus prothétique que biologique. En même temps, la taille des ordinateurs, qui a déjà diminué très rapidement, atteindra des proportions microscopiques.Toutes ces conditions mèneront à l’avènement d’un être humain nouveau : moitié mécanique, moitié biologique, avec un cerveau-ordinateur qui sera capable de cogiter cinq mille fois plus rapidement et qui possédera une mémoire très étendue. Les savants et les philosophes ont appelé l’arrivée du surhumain et son super-cerveau « La Singularité » Ce livre examine leurs idées et décrit les projets actuels en vue de produire une nouvelle espèce humaine. On rencontrera des machines intelligentes qui peuvent sentir et reconnaître des visages, des muscles artificiels qui sont presque identiques au tissu musculaire humain, des robots élevés comme des enfants, des ordinateurs que l?on peut manipuler sans les toucher, seulement par les ondes du cerveau, et des changements radicaux de notre environnement sur le plan sub-atomique par la technologie. Né dans l’État de New York, Bruce Benderson et à la fois auteur d’uvres de fictions et d’essais. Excellent connaisseur de la culture littéraire et artistique européenne, franchissant toutes les frontières, écrivant régulièrement pour les journaux et les revues telles que Village Voice, New York Times Magazine, Blackbook , il enseigne la littérature dans plusieurs universités américaines et est l?auteur chez Rivages de Toxico, de Pour un nouvel art dégénéré (1998). Son Autobiographie érotique avait reçu le Prix de Flore en 2004.
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L’auteur propose ainsi de définir ce que serait une éthique délivrée des mythes de l’humanisme classique, une éthique posthumaniste qui pourrait bien s’avérer nécessaire dans le monde d’aujourd’hui.Philosophe spécialiste des nouvelles technologies, Jean-Michel Besnier a publié de nombreux ouvrages, dont une Histoire de la philosophie moderne et contemporaine (Grasset, 1993 ; Le Livre de poche, 1998) et L’Homme simplifié (Fayard, 2012).
12-La Science en jeu
Heinz Wismann (Auteur), Jean-Michel Besnier (Auteur), Etienne Klein (Auteur), Hervé Le Guyader (Auteur)- 12 juin 2013
1 commentaire de lecteur : Des articles « brillantissimes » mais la plupart des interrogations sur la Science et ses impacts restent sans réponses.Ecrit à quatre, deux scientifiques et deux philosophes cet ouvrage est enrichissant grâce à la culture sans égale de ses auteurs ainsi que de la clarté de leurs propos mais je suis resté sur ma faim.
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Écrit par les experts de renommée mondiale, ce livre est la référence incontournable en matière d’intelligence artificielle (IA) dont il présente et analyse tous les concepts : logique, probabilités, mathématiques discrètes et du continu, perception, raisonnement, apprentissage, prise de décision et action.
Sa spécificité est de présenter l’IA à travers le concept des agents intelligents. Les auteurs exposent comment un système réussit à percevoir son environnement de manière à analyser ce qu’il s’y passe, et comment il transforme la perception qu’il a de son environnement en actions concrètes.
Parmi les sujets couverts :
– les contributions historiques des mathématiques, de la théorie des jeux, de l’économie, de la théorie des probabilités, de la psychologie, de la linguistique et des neurosciences;
– les méthodes qui permettent de prendre des décisions lors de l’établissement d’un projet, en tenant compte des étapes à venir;
– les différentes manières de représenter formellement les connaissances relatives au monde qui nous entoure ainsi que le raisonnement logique fondé sur ces connaissances;
– les méthodes de raisonnement qui permettent d’établir des plans et donc de proposer des actions à entreprendre;
– la prise de décisions en environnement incertain : réseaux bayésiens et algorithmes tels que l’élimination de variables et MCMC (Markov Chain Monte-Carlo);
– les méthodes employées pour générer les connaissances exigées par les composants de prise de décision : les algorithmes de boosting, l’algorithme EM (expectation-minimization), l’apprentissage à base d’exemples et les méthodes à noyaux (machines à vecteurs support);
– les implications philosophiques et éthiques de l’IA.
Chaque chapitre est illustré par de nombreux exemples et s’achève par des activités, qui vont des exercices de réflexion à des exercices de programmation, en passant par l’approfondissement des méthodes décrites, soit plus de 500 activités au total.
Cette 3e édition tient compte des derniers développements de la matière, concernant notamment les représentations qu’un agent peut utiliser (atomique, factorisée, structurée), les environnements partiellement observables et non déterministes, les planifications contingente et hiérarchique, les modèles probabilistes du premier ordre, l’apprentissage automatique, la recherche et l’extraction d’information sur le web et l’apprentissage à partir de très grandes bases de données.
Présentation de l’éditeur
L’homme augmenté : Néotechnologies pour un dépassement du corps et de la pensée
Biographie de l’auteur
1 commentaire : Le sujet est passionnant mais la forme aurait pu être plus accessible. L’auteur se perd parfois dans un jargon superflu.
Au final, un tour d’horizon assez complet mais qui manque à mon goût d’approfondissement.
Sans doute un premier livre intéressant pour une introduction, mais je cherche encore le livre francophone qui fait (fera?) référence sur le sujet
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14-Humain, posthumain -3 avril 2003
Dominique Lecourt (Auteur)
Présentation de l’éditeur
Il se pourrait que nous ayons grand besoin d’une autre conception de l’éthique qui, elle aussi, s’émanciperait de la nécessité de « fonder » le partage du bien et du mal. La philosophie heureusement, n’est pas sans ressources pour commencer à le faire. Certains progrès scientifiques fondamentaux peuvent même nous aider à déblayer le terrain.
Biographie de l’auteur
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La génomique et les thérapies géniques, les cellules souches, la nano-médecine, les nanotechnologies réparatrices, l’hybridation entre l’homme et la machine sont autant de technologies qui vont bouleverser en quelques générations tous nos rapports au monde. Il est aussi probable que l’espérance de vie doublera au minimum, au cours du XXIe siècle.
Le face-à-face entre les bioconservateurs et les bioprogressistes va aller en s’amplifiant. De l’homme réparé à l’homme augmenté, il n’y a qu’un pas qui sera inévitablement franchi. Que deviendra notre système de retraites actuel quand l’espérance de vie atteindra cent quatre-vingts ans ? L’homme changera-t-il de nature ? Les religions seront-elles anéanties ou revivifiées ? La mort de la mort préfigure-t-elle la mort de Dieu ?
Sans prendre parti, ce livre analyse le plus précisément et le plus clairement possible les termes du débat. Face à certaines évolutions inéluctables il est encore possible de choisir certaines options. Voyage au cœur des laboratoires où se préparent des révolutions scientifiques imminentes ; voyage au cœur des lobbies qui souhaitent accélérer ou stopper ces fantastiques expériences. Voyage dans le monde politique qui tente de comprendre les retombées éthiques et sociales de cette révolution de demain, le livre du Dr Laurent Alexandre nous offre un panorama vertigineux et passionnant d’enjeux fondamentaux car nous sommes à la veille d’un bouleversement qui fera passer l’ensemble des progrès médicaux du XXe siècle pour des micro-événements.
cf critique sept 2017 revue Zilsel