Livres avant 2000 – transrationalité et critique modernité

01 – La machine à explorer le temps  – 1895- juin 2017

Londres, fin du XIXe siècle. Un scientifique prétend avoir inventé une étrange machine à voyager dans le temps. Il raconte à ses amis son aventure en l’an 802701. Bloqué dans le futur, il y a découvert un monde décadent, où l’humanité, représentée par le peuple des Elois, mène une vie douce et insouciante. Cependant, il va s’apercevoir de l’existence d’une espèce souterraine des plus inquiétantes : les Morlocks…

Publié en 1895, La Machine à explorer le temps est le premier roman d’H.G. Wells, l’un des pères de la science-fiction contemporaine. Critique sociale virulente, interrogation sur le sens de l’histoire et du progrès, description crédible d’un monde pourtant imaginaire, cette contre-utopie reste un classique indémodable, ayant inspiré jusqu’à nos jours des dizaines de variantes littéraires et cinématographiques.

02 -Où va le monde – Walther Rathenau -1912

 

1-1 – Athènes et Jérusalem

(1937)

Achevé en avril 1937, un an avant sa mort, Athènes et Jérusalem, le dernier grand livre publié de Chestov, est l’aboutissement de sa réflexion sur l’opposition entre la sagesse philosophique (Athènes) et la révélation religieuse (Jérusalem). Il s’agit ici de mettre à l’épreuve les prétentions à la possession de la vérité qu’émet la philosophie spéculative. La connaissance ne justifie pas l’être, mais au contraire : « L’arbre de science n’étouffe plus l’arbre de vie. » La première partie montre qu’en poursuivant le savoir, les philosophes ont perdu la liberté : Parménide est « enchaîné ». La deuxième, « Le Taureau de Phalaris », composée de chapitres consacrés à Nietzsche, Socrate et Kierkegaard, fait apparaître le lien indestructible entre le savoir tel que le comprend la philosophie et les horreurs de l’existence humaine. La troisième, à travers une étude de l’œuvre d’Étienne Gilson, relate les efforts infructueux de la philosophie médiévale pour concilier la vérité biblique, révélée, avec la vérité « prouvée ». La quatrième partie, intitulée « La seconde dimension de la pensée » et composée d’aphorismes, montre que les vérités de la raison nous contraignent peut-être, mais qu’elles sont loin de nous persuader toujours. Un même effort soulève les quatre parties du livre : rejeter loin de soi les vérités inanimées et indifférentes à tout, qui sont les fruits de l’arbre de la science. Chestov leur oppose une « philosophie religieuse » qui prend sa source dans l’acceptation absurdement paradoxale que pour Dieu, rien n’est impossible : « La philosophie religieuse est la lutte dernière, suprême, pour recouvrer la liberté originelle. » Cette nouvelle édition, réalisée par Ramona Fotiade, présidente de la Société d’études Léon Chestov et professeur à l’université de Glasgow, est suivie du texte qu’Yves Bonnefoy avait écrit pour préfacer la deuxième édition du livre aux éditions Flammarion en 1967. « L’obstination de Chestov » demeure une magnifique incitation à lire le philosophe russe et ce plaidoyer « pour la plus radicale liberté ».

1bis -Le meilleur des mondes -1946-réédité 17 août 2017

Voici près d’un siècle, dans d’étourdissantes visions, Aldous Huxley imagine une civilisation future jusque dans ses rouages les plus surprenants : un État Mondial, parfaitement hiérarchisé, a cantonné les derniers humains  » sauvages  » dans des réserves. La culture in vitro des fœtus a engendré le règne des  » Alphas « , génétiquement déterminés à être l’élite dirigeante. Les castes inférieures, elles, sont conditionnées pour se satisfaire pleinement de leur sort. Dans cette société où le bonheur est loi, famille, monogamie, sentiments sont bannis. Le meilleur des mondes est possible. Aujourd’hui, il nous paraît même familier…

 

1ter -1984

écrit en 1949

réédité le 4 juin 2013 |

de George Orwell et Amélie Audiberti
« De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston… Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait la Police de la Pensée. »

1 quater L’Etat Broché – 1949 réédité 1988

2 -Technique et civilisation (1934) paru en France en 1950– réédité 18 février 2016

Publié aux États-Unis en 1934, Technique et civilisation est le livre par lequel la France découvre, en 1950, Lewis Mumford. Alors accueillie par un réel succès, cette pièce maîtresse de l’ uvre d’un écrivain engagé et visionnaire, affranchi des raideurs universitaires, saisit encore par sa clairvoyance et sa modernité.
Désignant l’invention de l’horloge et le partage des heures en minutes comme le point de départ de l’ère de la machine, Lewis Mumford déroule les trois phases éotechnique, paléotechnique et néotechnique d’une immense fresque historique où la machine apparaît tour à tour comme un outil vertueux, porteur de civilisation, et comme l’agent sans conscience de l’aliénation et de la destruction des hommes. Lucide, sans complaisance envers le complexe militaro industriel et les financiers, il tire déjà la sonnette d’alarme : le « progrès » de l’industrie a conduit à un chaos fait de gaspillage, de pollution, de mal-être, et l’époque appelle à remettre le système productif sur les rails d’un développement favorable à l’humanité.
Le Mumford des années trente, qui croit à une « rédemption » in extremis des sociétés humaines, s’affirme ici comme un écologiste convaincu, partisan avant l’heure de ce qu’on nommerait aujourd’hui la « décroissance ».
Cette nouvelle traduction restitue la pensée frappante et lumineuse d’un homme qui, il y a bientôt un siècle, décrivait l’avenir mortifère auquel devaient s’attendre nos sociétés si elles ne faisaient pas, d’urgence, du bien être des humains et de la préservation de l’environnement leurs seules finalités.

3-La France contre les robots 1944- édité 1947– réédité 16 avril 2015

 Georges Bernanos a notamment laissé derrière lui un pamphlet visionnaire destiné à réveiller les consciences. Plus d’un demi-siècle après la disparition de son auteur, La France contre les robots reste d’une incroyable actualité. Cette apologie de la Liberté est un défi jeté aux idolâtries du profit et de la force, une critique du capitalisme industriel et des tyrannies modernes, ainsi qu’une dénonciation du culte de la vitesse et du rendement effréné. Avec véhémence, Bernanos conteste l’idée selon laquelle le système matérialiste et mercantile conduirait fatalement au bonheur de l’humanité. Selon lui, en effet, il y aura toujours plus à gagner à satisfaire les vices de l’homme que ses besoins. Il explique ainsi : «Un jour, on plongera dans la ruine du jour au lendemain des familles entières parce qu’à des milliers de kilomètres pourra être produite la même chose pour deux centimes de moins à la tonne.» Une étonnante préfiguration de la mondialisation et des délocalisations ! Un cri appelant à la construction d’une société où il serait enfin possible de mener une vie digne de l’être humain.

4-La Dialectique de la Raison: Fragments philosophiques  – 1947- réédité en 1983

Au XXe siècle, le progrès scientifique et technique était suffisamment avancé pour qu’un monde sans famine, sans guerre et sans oppression cessât d’appartenir au domaine de l’utopie. Il n’en fut rien parce que les grandes innovations de l’ère moderne ont été payées «d’un déclin croissant de la conscience théorique». Le progrès a porté à un degré jamais atteint la domination de la société sur la nature, mais s’est accompagné d’autre part d’une évolution qui n’attache de prix qu’à ce qui est immédiatement utilisable, techniquement exploitable. Cela revient à dire que les principes de vérité, de liberté, de justice, d’humanité ont perdu leur réalité pour devenir de simples mots. Du même coup, l’ambition de réaliser ces principes dans le monde social s’est vidée de sa substance : celui qui ne sait pas ce qu’est la liberté n’est pas non plus en mesure de lutter pour elle sur le plan politique. Les idéaux du progrès ont été l’élément essentiel de la philosophie bourgeoise des Lumières qui s’avance sous la bannière de la Raison. Horkheimer et Adorno analysent comment ce mouvement tend à éliminer ses propres valeurs avant même qu’elles aient donné lieu à une pratique sociale, selon un processus qui constitue ce qu’ils appellent la «dialectique de la Raison». Cette autodestruction de la Raison ne peut que se poursuivre à l’avenir et

4bis – Les origines du totalitarisme. Le système totalitaire

Le système politique mis au point par l’Allemagne hitlérienne et la Russie stalinienne ne consiste pas en une simple radicalisation des méthodes dictatoriales. C’est un système entièrement original qui repose sur la transformation des classes en masses, fait de la police le centre du pouvoir et met en œuvre une politique étrangère visant ouvertement à la domination du monde. Animé par une logique de la déraison, il tend à la destruction complète de la société – comme de l’individu.

Un classique de la théorie politique.

Le Système totalitaire est la troisième partie de l’œuvre magistrale de Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme (New York, 1951), qui inclut aussi Sur l’antisémitisme ( » Points Essais  » n° 360) et L’Impérialisme ( » Points Essais  » n° 356).

Hannah Arendt (1906-1975)

Élève de Heidegger et de Jaspers, elle s’exile aux États-Unis en 1941. Elle y enseignera la philosophie et les sciences politiques dans les universités les plus prestigieuses.

l'obsolescence de l'homme
un commentaire d’internaute : Dans l’ « obsolescence de l’homme », Günther Anders nous propose une remarquable analyse des rapports entre homme et technologie, à nous faire frémir. Loin des oripeaux heideggeriens de la critique de la technique, il dresse un portrait frappant de l' »homme moderne » dépassé par sa production technologique et devenu l’esclave dévôt de celle-ci. Mêlant développements proprement conceptuels et exemples précis, ce portrait à charge n’en devient que plus convaincant et dérangeant dans un monde où l’on se contente bien souvent de fonctionner. Une lecture à faire d’urgence, notamment pour nous « internautes » prisonniers du réseau…
l’article d’Alain Gourhant à propos de ce livre
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6-La technique, ou, L’enjeu du siècle – 1954

 technique ou l'enjeu du siècle

Un mot de l’éditeur

La Technique ou l’enjeu du siècle a connu une destinée singulière. Refusé par deux éditeurs, il a finalement été publié dans une collection universitaire à faible tirage et a très vite été épuisé. Jamais réédité (sauf en édition pirate) il n’a cessé d’être lu et pillé, même si ceux qui l’ont utilisé ne l’ont pas toujours cité. Aux Etats-Unis, il est constamment réédité en collection de poche et est inscrit au programme des lectures obligées (text-books) de la plupart des universités. Il a également eu une grande influence chez les dissidents des pays de l’Est.

Biographie de l’auteur

Jacques Ellul n’a cessé d’approfondir sa réflexion sur la technique dans des livres devenus des classiques. Mais on ne peut comprendre son oeuvre sans se reporter à ce livre fondateur. Prophétiques lorsqu’elles ont été écrites, ses vues sur la technique comme fait central de nos sociétés conservent plus de 35 ans après une étonnante et parfois inquiétante actualité.

Leo StraussAthènes et Jérusalem

Nadir, 1999 – 74 pages
Leo Strauss est né et a étudié en Allemagne au début du XXe siècle. Il a résidé successivement à Paris et à Londres. Puis il s’est établi aux Etats- Unis où il est devenu l’un des philosophes politiques américains les plus importants. Dès ses débuts, il s’intéresse à la fois à la philosophie et au judaïsme, balançant entre Athènes et Jérusalem. Strauss décèle une antinomie irréductible entre les deux traditions. Écartelé entre leurs sources de connaissance, la Raison et la Révélation, il se cherche dans les grandes œuvres du passé, hésitant Entre Maïmonide et Spinoza. Son questionnement sur la condition juive s’inscrit dans une réflexion plus générale sur la culture des hommes. Ami Bouganim tente de cerner entre les lignes de ses textes, la personnalité intellectuelle de l’un des penseurs les plus sobres et les plus rigoureux du judaïsme.

7 – Les Transformations de l’homme : (1956) – 9 janvier 2008

L’homme moderne s’est déjà dépersonnalisé si profondément qu’il n’est plus assez homme pour tenir tête à ses machines. L’homme primitif, faisant fond sur la puissance de la magie, avait confiance en sa capacité de diriger les forces naturelles et de les maîtriser. L’homme post-historique, disposant des immenses ressources de la science, a si peu confiance en lui qu’il est prêt à accepter son propre remplacement, sa propre extinction, plutôt que d’avoir à arrêter les machines ou même simplement à les faire tourner à moindre régime. En érigeant en absolus les connaissances scientifiques et les inventions techniques, il a transformé la puissance matérielle en impuissance humaine : il préfèrera commettre un suicide universel en accélérant le cours de l’investigation scientifique plutôt que de sauver l’espèce humaine en le ralentissant, ne serait-ce que temporairement. Jamais auparavant l’homme n’a été aussi affranchi des contraintes imposées par la nature, mais jamais non plus il n’a été davantage victime de sa propre incapacité à développer dans leur plénitude ses traits spécifiquement humains ; dans une certaine mesure, comme je l’ai déjà suggéré, il a perdu le secret de son humanisation. Le stade extrême du rationalisme posthistorique, nous pouvons le prédire avec certitude, poussera plus loin un paradoxe déjà visible : non seulement la vie elle-même échappe d’autant plus à la maîtrise de l’homme que les moyens de vivre deviennent automatiques, mais encore le produit ultime – l’homme lui-même – deviendra d’autant plus irrationnel que les méthodes de production se rationaliseront. En bref, le pouvoir et l’ordre, poussés à leur comble, se renversent en leur contraire : désorganisation, violence, aberration mentale, chaos subjectif.

8-L’obsolescence de l’homme : Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle, 1956 -T1

de Günther Anders

lire sur Dogma

obsolescence de l'homme

 

Le Monde

L’humanité est périmée. Date de péremption : 1945, quand se conjuguent la découverte d’Auschwitz et les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki. Sont alors devenus désuets, pêle-mêle : l’avenir, l’histoire, les valeurs, l’espérance et l’idée même de ce qu’on appelait, auparavant, « homme ».

Cette « obsolescence de l’homme » – titre de deux recueils d’études de Günther Anders constituant son oeuvre majeure – est au coeur d’une pensée dont l’actualité est surprenante, en dépit d’un demi-siècle passé. C’est en effet dans les années 1950-1970 que cet auteur atypique explique, thème par thème, comment et pourquoi tout, à présent, se trouve frappé d’une caducité essentielle. Vraiment tout : le travail comme les produits, les machines comme les idéologies, la sphère privée comme le sérieux, la méchanceté comme…

En lisant ces études rédigées au fil du temps, on est frappé d’abord par leur cohérence. Bien qu’Anders se refuse à construire un véritable système, la radicalité de sa critique tous azimuts de l’actuelle modernité soude cette collection de points de vue pour élaborer une véritable philosophie de la technique. Car son leitmotiv est que nous ne maîtrisons plus rien : le monde autosuffisant de la technique décide dorénavant de toutes les facettes de ce qui nous reste d’existence. Bien avant Guy Debord, Enzo Traverso et quelques autres, Günther Anders avait mis en lumière la déréalisation du monde, la déshumanisation du quotidien, la marchandisation générale. Le principal étonnement du lecteur, c’est finalement de constater combien, sur quantité de points, Anders a vu juste avant tout le monde.

Drôle de type, ce Günther Anders. De son vrai nom Günther Stern, il est né en 1902 à Breslau, dans une famille de psychologues. Elève de Heidegger, il fut le premier mari de la philosophe Hannah Arendt – ils se marient en 1929, divorcent en 1937 -, l’ami de Bertolt Brecht, de Walter Benjamin, de Theodor Adorno. Il a choisi pour pseudonyme Anders (« autrement », en allemand) par provocation autant que par hasard. Il gagnait sa vie comme journaliste, mais signait trop d’articles dans le même journal. Son rédacteur en chef lui suggéra : « Appelez-vous autrement »… et c’est ce qu’il fit. Mais ce choix fortuit finit par en dire long.

9 – L’obsolescence de l’homme : Tome 2, Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle – 7 mars 2012

« Il ne suffit pas de changer le monde. Nous le changeons de toute façon. Il change même considérablement sans notre intervention. Nous devons aussi interpréter ce changement pour pouvoir le changer à son tour. Afin que le monde ne continue pas ainsi à changer sans nous. Et que nous ne nous retrouvions pas à la fin dans un monde sans hommes. »
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10-Condition de l’homme moderne -1961-réédité 5 août 2002
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10bis – Position: contre les technocrates en finir avec l’ humanité-fiction. – 1967

11-L’homme unidimensionnel – 1968

Constat se voulant accablant d’une civilisation où la rationalité engendre des comportements irrationnels (pensez à la bombe, au stress au travail…). Il s’agit évidemment d’un réquisitoire contre la société capitaliste. Tout devient fonctionnel: la culture, le sexe…. l’homme.
La technologie a arrangé un ordre rationnel qui a conquis tous les domaines. Pour Marcuse cet ordre est politique, c’est une idéologie. L’ensemble du livre s’attache à le démontrer. Son analyse est pertinente; beaucoup d’éléments sont devenus des lieux communs.
Quelques beaux morceaux de bravoure comme une analyse du discours ambiant (plus que jamais valable), une analyse idéologique des sciences et de la raison, ou une charge contre la philosophie analytique accusée de clore le possible (Wittgenstein en particulier).
Marcuse parle peu de la société communisme (on comprend qu’il soit gêné). Il la renvoie quand même dos à dos avec le capitalisme (l’homme enchaîné à l’appareil productif, les moyens traités comme des fins’).

Persée.fr : compte-rendu

12-La Technique et la science comme « idéologie »  – 1968- 1990 (réédition)

Une Fiche de lecture de YOSHIDA Nao

13 – Le jardin de Babylone (1969) – 10 mai 2002

commentaire : « Le Jardin de Babylone », publié pour la première fois en 1969, est parmi la vingtaine de livres de Bernard Charbonneau celui où il s’est plus particulièrement attaché à montrer comment, après avoir ravagé la nature, la société industrielle finissait de l’anéantir en la « protégeant », en l’organisant.

Et ce n’est pas le moindre mérite de cet ouvrage que d’avoir dénoncé si tôt ce que devait nécessairement devenir la « défense de la nature » dès lors qu’elle séparait sa cause de celle de la liberté ; l’indigne régression que constitue de ce point de vue l’écologisme politique était ainsi jugée là par avance.

Extrait :

« Nous courons d’abord le risque, non négligeable, d’une destruction de l’homme par celle de son milieu ; car une bonne prospective ne doit pas oublier qu’un siècle de société industrielle n’est rien, et qu’elle vient juste de naître. Et même si la connaissance scientifique et la maîtrise technique du milieu humain devaient progresser au même rythme géométrique que sa destruction, il n’en reste pas moins que, pour sauver l’homme d’une destruction physique, il faudra mettre sur pied une organisation totale qui risque d’atrophier cette liberté, spirituelle et charnelle, sans laquelle le nom d’homme n’est plus qu’un mot.

En dehors de l’équilibre naturel dont nous sommes issus – si les données actuelles ne changent pas -, nous n’avons qu’un autre avenir : un univers résolument artificiel, purement social.[…] Mais, tels que nous sommes encore, qui de nous prétendrait sérieusement assumer un tel avenir ? Il nous faut l’infini du ciel sur la tête ; sinon nous perdrons la vue, surtout celle de la conscience. Si l’espèce humaine s’enfonçait ainsi dans les ténèbres, elle n’aurait fait qu’aboutir, un peu plus loin, à la même impasse obscure que les insectes. »

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13bis – Nous autres –1920 réédité 13 mars 1979

«…On nous attacha sur des tables pour nous faire subir la Grande Opération. Le lendemain, je me rendis chez le Bienfaiteur et lui racontai tout ce que je savais sur les ennemis du bonheur. Je ne comprends pas pourquoi cela m’avait paru si difficile auparavant. Ce ne peut être qu’à cause de ma maladie, à cause de mon âme.» Ainsi parle D-503, un homme des siècles futurs. Il vit dans une société qui impose fermement l’Harmonie sous la direction du Guide. Or D-503 qui participe activement à l’expansion de cette organisation à l’échelle interplanétaire en arrive à l’autocritique, à la dénonciation , au rééquilibrage psychique. C’est en 1920 que le Soviétique Eugène Zamiatine a conçu cette politique-fiction. Il y aborde, pour la première fois, les mécanismes de l’Utopie au niveau existentiel. Jusque-là, tous les organisateurs de sociétés futures, sous la bannière de Platon et de saint Thomas More, se contentaient d’une description monomaniaque de leurs structures. Zamiatine introduit l’homme vivant dans ces souricières. La porte poussée, Aldous Huxley et George Orwell vont s’engouffrer dans le corridor. Quel extraordinaire prophète que ce Zamiatine, écrivain, mathématicien et ingénieur. Il y a soixante ans, la dissidence n’était pas encore une maladie mentale traitée à l’halopéridol. Le règne du père génial de tous les peuples, Staline, et de ses épigones n’avait pas commencé. Et les pieux des camps de rééducation n’étaient pas encore systématiquement plantés. Pourtant, le ver était dans le fruit, et même à cette époque pas encore totalement occultée, l’ouvrage ne fut pas publié. L’oracle Zamiatine scrutant les brumes de l’Histoire de demain pousse un hurlement solitaire. Lui-même, en nos temps de surdité, condamné au silence et à l’exil, étouffé par l’angoisse, mourra à Paris, en 1937, à l’âge de 53 ans.» Yvon Hecht.

13ter – 1984 – 16 novembre 1972

«De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston… Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait la Police de la Pensée.»

13 quater – Prométhée réenchaîné– 1972- réédité 11 octobre 2001

«Depuis que ce livre fut écrit vers 1960-1970, les temps ont une fois de plus changé. Le mur qui séparait notre monde en deux hémisphères Est-Ouest s’est écroulé. Et la révolte semble maintenant avoir perdu l’espoir de la révolution qui ferait triompher toute la liberté, pour tous, sur Terre. Prométhée perdrait-il ses illusions ? Ne serait-il pas quelque part entre mer Noire et Caspienne de Caucase, où Zeus l’aurait hier enchaîné ? Prométhée se retrouve non pas libre mais seul sur Terre, où, pour tuer le temps, « il trafique et bricole atomes et gènes ». Et faute de mieux, hanté par son vieux mythe, il se fabrique un Caucase de carton-pâte sur lequel il se hisse, lance ses pétards et gesticule pour s’épater lui-même. Zeus n’est plus à Rome ni à Moscou. Il s’est absenté, bien au-delà de notre banlieue galactique, derrière la courbure de l’univers, au-delà du temps et du big-bang originel… Rien d’autre qu’une scène au décor peint où Prométhée vainement s’agite. Rien d’autre qu’un ciel vide où, à des milliards d’années-lumière, brillent des atomes chimiques… Rien… que du fer, du silicium… Nul sens, les innombrables et invisibles tentacules d’une nécessité ou d’un hasard innommables, dont la conscience se révèle captive de toutes parts. Rien de vrai, donc de faux ; seulement des chaînes. Le bloc d’un néant où la liberté est pétrifiée. Seulement le fait, dénombré, quantifié : la science… Même plus de vautour… Zeus s’est absenté, reste sa foudre.» Bernard Charbonneau.

14-Le système et le chaos – Où va notre société ? – rédigé dans les années 50 et édité 1973 -réédité 30 novembre 2012

Édité pour la première fois en 1973, puis réédité en 1990, cet ouvrage qui demeure d’une étonnante actualité a été augmenté par Daniel Cérézuelle d’un appareil critique permettant de le resituer dans son contexte. Rédigé entre 1951 et 1967, à un moment où existait une foi inconditionnelle dans la croissance économique, il nous livre une critique globale de notre société. Prémonitoires, les propos de l’auteur nous interpellaient déjà sur les développements scientifique et technique qui, au rythme actuel, risquent tôt ou tard de rompre le fragile équilibre de la vie sur la planète. Ce livre nous incite à une prise de conscience indispensable pour imaginer une issue possible. Né à Bordeaux en 1910, Bernard Charbonneau étudie l’histoire et la géographie à l’université de cette même ville jusqu’à l’agrégation, qu’il obtient en 1935. Il commence une carrière d’enseignant à Bayonne qu’il poursuivra à l’École normale d’instituteurs de Lescar où il marque ses élèves de sa forte personnalité, mettant à profit la proximité de la campagne pour retrouver le contact avec la nature. Durant cette période, il crée avec quelques amis, dont Jacques Ellul, des groupes de discussion, afin de réfléchir aux changements qu’entraîne le «  » progrès «  » scientifique et technique. Cette démarche le fait se rapprocher de la revue Esprit. Il analyse les sociétés modernes et dénonce la dictature de l’économie et du développement. Pionnier de l’écologie politique, il milite pour une organisation de la société, radicalement différente des attitudes et des idéologies du XXe siècle. Il se méfie du progrès technique, source de toujours plus d’organisation, restreignant de plus en plus notre liberté. Il a publié une douzaine de livres. Il est décédé en 1996.

15-Le mythe de la machine -t1 et t2- Reliure inconnue – 1974

présentation Monde diplomatique

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16 – (Auto)critique de la science – 1 octobre 1975

 sur Science société.fr
« Et puis, surtout, il y a cette profession de foi initiale, ce premier ouvrage publié par la collection sous la direction de Lévy-Leblond : Autocritique de la science, patchwork de textes de toutes provenances, tentative de synthèse d’un mouvement en pleine évolution depuis la fin des années 1960, la critique des sciences. L’ouvrage, co-dirigé par le journaliste Alain Jaubert, est de plain-pied dans le militantisme scientifique. Cette somme critique est aussi bien un retour sur quelques années de contestation, qu’un regard enthousiaste vers l’avenir de la critique. On y trouve des épisodes amusants, comme l’exclusion du physicien Murray Gell-Mann du Collège de France par des militants furieux de sa collaboration à la guerre du Vietnam. On y trouve aussi des théories sur la science. On y trouve même l’autocritique d’un « mandarin » chinois, qui vient rappeler les influences maoïstes des militants de l’époque. »
  • Télécharger (Auto)critique de la science (version basse définition, pour lecture à l’écran : 23,6 Mo)
  • 17 – La Science et le Militaire – 1 avril 1976

 

Georges Menahem, en 1976, de La science et le militaire, dénonciation du complexe militaro-industriel.

18 -Le Système technicien-1977– réédité le 5 janvier 2012

système technicien

 

Cet essai, publié en 1977 dans la collection  » Liberté de l’Esprit  » de Raymond Aron et introuvable en librairie depuis longtemps, est la clef de voûte de sa trilogie (La Technique – Le Système technicien – Le Bluff technologique). Il est considéré comme son livre le plus abouti.

le système technicien : présentation sur Wikipédia

La Technique, pour Ellul, est le facteur déterminant de la société. Plus que le politique et l’économie. Elle n’est ni bonne ni mauvaise, mais ambivalente. Elle s’auto-accroît en suivant sa propre logique. Elle piétine la démocratie. Elle épuise les ressources naturelles. Elle uniformise les civilisations. Elle a des effets imprévisibles. Elle rend l’avenir impensable. Grâce à l’informatique, la Technique a changé de nature : elle forme, à l’intérieur de la société, un  » système technicien « . L’informatique, en unifiant tous les sous-systèmes (téléphonique, aérien, de production et distribution d’énergie, etc.) lui a permis de devenir un tout organisé, lequel vit à l’intérieur de la société, la modèle, l’utilise, la transforme. Mais ce système, qui s’auto-engendre, est aveugle. Il ne sait pas où il va. Et il ne corrige pas ses propres erreurs.

Un livre indispensable pour qui ne veut pas penser en rond.

19 – L’Idéologie de (dans) la science – 1 avril 1977

collectif comprenant des textes des fondateurs de la critique des sciences en Angleterre Hilary et Steven Rose.

20 -Small is beautiful : une société à la mesure de l’homme

1 février 1978

 

commentaire : Un livre absolument stupéfiant.
Soit dit en passant, l’auteur s’appelle Ernst Friedrich Schumacher, et non pas Schumack !!! Et il est proprement scandaleux qu’un tel livre ne soit plus disponible en francais.
A l’heure des suicides à la chaîne chez Telecom, il suffit de lire seulement la première partie du livre pour comprendre à quel point l’auteur avait raison. Celui-ci fait des constatations absolument stupéfiantes. Des choses toutes simples, qu’on pourrait constater soi-même tous les jours si on ouvrait un peu les yeux. Mais l’auteur ne se contente pas de constater, il propose aussi des solutions.
Je souhaiterais que tous les hommes et les femmes politiques lisent ce livre et en tiennent compte dans leurs actions !

20bis –

La Décroissance – Entropie – Ecologie – Economie– 15 juin 2006

21 – Agata Mendel -Les manipulations génétiques  – 1980

En 1980, un groupe de biologistes inquiets publie l’une des premières critiques des évolutions de la biologie, sous le nom de la soeur imaginaire du généticien Gregor Mendel : Agata Mendel, Les manipulations génétiques.

22– La Puissance du rationnel  – 22 mars 1985

La Puissance aujourd’hui : ni le savoir ni les machines, mais le dynamisme qui les connecte et dont un autre nom est la «techno-science». Le rationnel : plus qu’une garantie de cohérence – l’organisation de cette expansion. Irréversible, universelle, de plus en plus autonome, cette nouvelle phase de la puissance du rationnel mène au bord de l’incalculable ; son processus tend à dépasser toute volonté humaine et investit jusqu’au langage. Ce livre traite donc de la question la plus actuelle, la plus directement menaçante pour la vie et pour l’esprit : la dynamique de l’accroissement de la puissance. Il choisit d’éclairer les risques présents à partir d’une réflexion critique sur leurs origines rationnelles. Une phénoménologie du Complexe de Puissance s’y double d’une généalogie de sa rationalité. Interrogation en grande partie suscitée par Heidegger et reprise ici par un philosophe de tradition française.En rupture avec le technicisme ambiant et toutes les formes de scientisme, y compris celle qui voudrait élever la Nouvelle Science à la hauteur d’un mythe, La puissance du rationnel vient poser de front ces questions vitales : pourquoi la science a-t-elle été mise au service quasiment exclusif de la puissance ? comment éviter que la surpuissance ne capte toutes les ressources du rationnel ? y a-t-il encore des chances inédites à l’avant-garde de la pensée ?

23-Dans le château de Barbe-Bleue: Notes pour la redéfinition de la culture – 13 octobre 1986

(La 1e éd. en français a paru sous le titre La culture contre l’homme, éd. du Seuil 1973, traduction Lucienne Lotringer)

de George Steiner (Auteur), Lucienne Lotringer (Traduction)

dans le chateau de Barbe bleue

«Longtemps, nous avons cru que le progrès de la morale allait de pair avec le développement de la culture. Le nazisme, montre George Steiner, a pulvérisé cette illusion : Buchenwald n’est situé qu’à quelques kilomètres de Weimar. Longtemps aussi, au moins depuis Athènes, nous avons été animés par la conviction que l’investigation intellectuelle devait aller toujours de l’avant et, selon la belle métaphore de Steiner, nous conduire à ouvrir l’une après l’autre les portes du château de Barbe-Bleue. Mais cette foi dans le progrès est aujourd’hui vacillante : peut-être le développement technique est-il un piège et non une libération ; peut-être la dernière porte du château donne-t-elle sur des réalités contraires à notre équilibre mental et à nos maigres réserves morales. L’optimisme des Lumières nous est donc interdit, et c’est une redéfinition tragique de la culture que propose le livre dense et lucide de George Steiner.»Alain Finkielkraut.

du château de Barbe bleue sur Babelio

l’après culture à partir de Georges steiner sur revue texto.net

24-Le discours philosophique de la modernité: Douze conférences – 1988-

réédité 2011

de Jürgen Habermas (Auteur), Christian Bouchindhomme (Traduction), Rainer Rochlitz (Traduction)

le discours philosophique sur la modernité

25 – La défaite de la pensée – 1 janvier 1989

Malaise dans la culture. Car la culture, c’est la vie avec la pensée. Et on constate aujourd’hui qu’il est courant de baptiser culturelles des activités où la pensée n’a aucune part. Des gestes élémentaires aux grandes créations de l’esprit, tout devient ainsi prétendument culturel. Pourquoi alors choisir la vraie culture, au lieu de s’abandonner aux délices de la consommation et de la publicité, ou à tous les automatismes enracinés dans l’histoire. Certes, nul ne sort plus son revolver quand il entend le mot «culture». Mais, champions de la modernité ou apôtres de la différence, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui, lorsqu’ils entendent le mot «pensée», sortent leur culture. Une question simple est à l’origine de ce livre : comment en est-on arrivé là ?

25bis – Dialogues sur l’achèvement des temps modernes – 1 janvier 1993

commentaire : Venus des « Dialogues d’exilés » de Brecht, deux personnages reprennent, cinquante ans après, leur conversation. En ce temps d’autres exils, où il n’y a plus « d’ailleurs » et où tout devient si vite différent que l’on se sent partout en terre étrangère, ils évoquent ce qu’est devenue leur « patrie dans le temps » : le projet d’émancipation collective qui s’était élaboré tout au long des Temps modernes, jusqu’á sa formulation révolutionnaire par le prolétariat des deux derniers siècles.

Extrait :

« Il n’est pas besoin d’être particulièrement porté à la critique pour s’apercevoir que l’affranchissement apporté par l’époque bourgeoise a sombré dans une absurdité irrémédiable. Chaque progrès apparaît foncièrement vicié et en règle générale tout ce qui devait faciliter la vie la dévore. L’idée que le processus historique commencé à la Renaissance puisse connaître un aboutissement heureux est si bien discréditée qu’on peut dire que les Temps modernes ont atteint leur point de perfection, la perfection étant précisément la qualité de ce qui ne peut plus être amélioré. Les Temps modernes sont donc achevés : ils avaient commencé dans les villes, ils finissent avec elles. »

25bis – La société du spectacle – 1996

Quatrième de couverture

Guy Debord (1931-1994) a suivi dans sa vie, jusqu’à la mort qu’il s’est choisie, une seule règle. Celle-là même qu’il résume dans l’Avertissement pour la troisième édition française de son livre La Société du Spectacle« Il faut lire ce livre en considérant qu’il a été sciemment écrit dans l’intention de nuire à la société spectaculaire. Il n’a jamais rien dit d’outrancier. »

25ter – La société de consommation  – 15 novembre 1996

La consommation est devenue la morale de notre monde. Elle est en train de détruire les bases de l’être humain, c’est-à-dire l’équilibre que la pensée européenne, depuis les Grecs, a maintenu entre les racines mythologiques et le monde du logos. L’auteur précise : « Comme la société du Moyen Âge s’équilibre sur la consommation et sur le diable, ainsi la nôtre s’équilibre sur la consommation et sur sa dénonciation. »

Jean Baudrillard (1929-2007), est un sociologue et philosophe français. Il a porté « un regard féroce sur la société de consommation, dont il a dénoncé l’insignifiance et prophétisé le déclin » (Libération 6 mars 2007).

 

26-L’abîme se repeuple  – 1 janvier 1997

commentaire : Le magnifique, le splendide, le rude et lucide Jaime Semprun, dans toute son aveuglante, sa douloureuse radicalité. Ses écrits jaillissent des tréfonds de son âme, crachant un gluant magma, engloutissant illusions et espérances sur leur passage. Un livre à lire avec précaution, en sachant qu’une violente gifle de l’auteur parviendra en pleine figure du lecteur moderne, quel qu’il soit, quoi qu’il fasse.

Dans probablement ce qui reste, à ce jour, l’une des oeuvres phares du défunt Jaime Semprun, une critique sans concession, tortueuse et foudroyante de la période contemporaine se déroule dans un amoncèlement de dénonciations, soutenues par une plume à concasser de l’Astre. La Technique triomphante, l’individu faussement Roi et véritablement serf en son château, assisté par une infinité de machines irresponsables, garantes d’un prétendu hédonisme et d’un vitalisme spontanéiste irrespirable, se noie dans la masse des délires hallucinants d’un monde qui n’en est plus un.

Des jeunes qui comptabilisent comme de vieux barbons, des schnocks qui s’illuminent devant le dernier jeu vidéo, une horde de consommateurs baveux devant des machines fabriquées dans l’autre coin du monde par des producteurs martyrs, tel serait notre terrible Univers, et notre noir avenir… C’est donc armé du plus beau pessimisme que feu Semprun emprunte les délicats sentiers de la négativité pure. Mais détrompez-vous, l’impression de désespoir qui en ressort n’est là que comme l’effet secondaire d’un texte, robuste comme un remède de cheval, dont on doit ressortir avec une volonté immédiate d’opposition à ce déferlement insupportable. Si l’on ne veut voir advenir la fin de l’Humanité et de toute Civilisation, seule une opposition frontale à la Barbarie ambiante est envisageable.

27 -Le Mécontemporain : Péguy, lecteur du monde moderne – 4 mai 1999

commentaire  : Au travers l’examen en vérité du positionnement et du cheminement de l’esprit de Charles Péguy, ce sont des orientations politiques, philosophiques et éthiques toujours actuelles qui sont soulevées et mises en perspective (ce que la nature menteuse et irrespectueuse de la propagande, d’un côté comme de l’autre, n’a évidemment cherché qu’à caricaturer.) Ceci permet aussi de voir que certaines évolutions de points de fixation durant les dernières décennies étaient en fait déjà en germe il y a plus de 100 ans, et même avant.
Le livre est (évidemment) très bien écrit. Mais (outre qu’il est bon, quand on ne baigne pas dedans, de mémoriser les auteurs des différentes œuvres citées) il est dense (et j’ai personnellement dû très vite ralentir par rapport à mon rythme de lecture habituel, programmant en outre une seconde lecture à venir.)
Il m’apparaît en premier examen sur cette base que Charles Péguy se positionne comme socialiste, mais :
1) Ancré dans le réel, contre l’idéalisation qui veut l’ignorer.
2) Réaliste ET éternaliste, contre la croyance au progrès temporel continu, décrété universalisant par nature, et rendant caduc sémantiquement tout le passé (« modernisme » ; le « post-modernisme » sera ensuite une sorte de dissolution de tout cela dans un « relativisme festif ».)
3) Intuitif, au-dessus de discursif. La raison pratique au-dessus de la raison théorique.
4) Appuyé sur la tradition d’une communauté humaine nationale de fait (état non donné a priori, et donc mortel en droit), sans pour autant la figer ou la déifier.
5) Appuyé sur les valeurs, contre les « accommodements » destinés à assurer une paix molle facile immédiate (qui en général dégénère en guerre à terme…) et même la survie mise au-dessus de tout, comme pour Socrate. Il fut ainsi dreyfusard, de la toute première heure, et aussi dériva « belliciste » (non par goût, mais par devoir impulsif, dans un enjeu d’une concrétude maximale, jugé par lui inévitable de fait devant les menaces explicites proférées par l’empire allemand.) La guerre lui coûtera immédiatement l’existence, comme à beaucoup d’autres déjà, en 1914.

28 – Un cœur intelligent: Lectures – 28 octobre 2010

« Le roi Salomon suppliait l’Eternel de lui accorder un coeur intelligent. Au sortir d’un siècle ravagé par les méfaits conjoints de la bureaucratie, c’est-à-dire d’une intelligence purement fonctionnelle, et de l’idéologie, c’est-à-dire d’une senti-mentalité binaire indifférente à la singularité des destins individuels, à quelle instance adresser cette prière ? Ce livre répond : à la littérature. Me fiant à mon émotion, j’ai choisi neuf titres : « La Plaisanterie » de Milan Kundera, « Tout passe » de Vassili Grossman, « Histoire d’un Allemand » de Sebastian Haffner, « Le Premier Homme » d’Albert Camus, « La Tache » de Philip Roth, « Lord Jim » de Joseph Conrad, « Les Carnets du sous-sol » de Fédor Dostoïevski, « Washington Square » de Henry James et « Le Festin de Babette » de Karen Blixen. Et je me suis efforcé de mettre dans mes lectures tout le sérieux, toute l’attention que requiert le déchiffrement des énigmes du monde « . Alain Finkielkraut.

29 – Le bluff technologique –

-1988 – réédité  11 janvier 2012
Préface de Jean-Luc Porquet

de Jacques Ellul 

1990-réédité en 2012

Dans cet ouvrage, synthèse de la réflexion consacrée par Jacques Ellul à la technique, l auteur s attache à démystifier le discours sur les changements technologiques qui fleurissent dans notre société. Écrit avant l explosion informatique et communicationnelle des années 1980, il en anticipe l arrivée, les utopies et les déconvenues. Plaidant pour une technique au service de l homme contre une société qui asservit l individu à une multiplicité de gadgets, il démonte avec minutie et conviction les arguments qui font de la technologie une fatalité. Manifeste pour une technique au service de l homme, ce livre est un grand classique de la critique de la technique.

Jacques Ellul (1912-1994) a consacré l essentiel de sa réflexion à l impact des techniques sur les sociétés contemporaines. Il a notamment publié La technique ou l enjeu du siècleLe système technicien. Bien plus connus aux États-Unis qu en France, ses livres sortent aujourd hui du purgatoire, où ils rencontrent la conscience écologique d un nouveau public. Jean-Luc Porquet, préfacier, est l auteur de Jacques Ellul, l homme qui avait (presque) tout prévu (Le Cherche-midi).

30-Critique de la modernité- 1992

Alain Touraine

critique de la modernité

lire le livre sur uqac.ca

L’Occident a longtemps cru que la modernité était le triomphe de la raison, la destruction des traditions, des appartenances, des croyances, la colonisation du vécu par le calcul. Mais, aujourd’hui, toutes les catégories qui avaient été soumises à l’élite éclairée, travailleurs et colonisés, femmes et enfants, se sont révoltées et refusent d’appeler moderne un monde qui ne reconnaît pas à la fois leur expérience particulière et leur accès à l’universel. De sorte que ceux qui s’identifient à la raison apparaissent désormais comme les défenseurs d’un pouvoir arbitraire.Faut-il renverser leur domination et reconnaître une diversité sans limite des expériences vécues et des traditions? Mais ce différencialisme extrême porte en lui l’intolérance, le racisme, les guerres de religion. Et la fuite dans le postmodernisme ne découvre que l’épuisement de l’idéologie qui identifiait la modernité à la rationalisation.Il faut reconstruire la modernité, d’abord en revenant à ses origines. Dès le début, dès la rupture entre la Renaissance et la Réforme, elle a rompu l’unité du monde ancien, à la fois rationnel et sacré. Elle a chargé la raison de découvrir les lois du monde, et la conscience de faire apparaître un sujet qui n’était plus divin mais humain. Ce dualisme de la modernité, présent chez Descartes comme dans la Déclaration des Droits de l’Homme, a été détruit par l’orgueil de la philosophie des Lumières et des philosophes de l’histoire. Maintenant que le règne de la raison conquérante s’est achevé, renversé par Nietzsche et par Freud, mais aussi par la consommation de masse et les nationalismes, il faut écouter la voix du sujet, qui n’est pas introspection mais lutte pour la liberté contre la logique de la marchandise et du pouvoir, qui est volonté de l’individu et du groupe d’être acteurs de leur vie, mais aussi mémoire et appartenance. La modernité est faite des complémentarités et des oppositions entre le travail de la raison, la libération du sujet et l’enracinement dans un corps et dans une culture.Ce livre marque une nouvelle étape majeure, après Sociologie de l’action et Production de la société, dans la réflexion d’Alain Touraine.

30bis – Dialogues sur l’achèvement des temps modernes  – 1 janvier 1993

commentaire : Venus des « Dialogues d’exilés » de Brecht, deux personnages reprennent, cinquante ans après, leur conversation. En ce temps d’autres exils, où il n’y a plus « d’ailleurs » et où tout devient si vite différent que l’on se sent partout en terre étrangère, ils évoquent ce qu’est devenue leur « patrie dans le temps » : le projet d’émancipation collective qui s’était élaboré tout au long des Temps modernes, jusqu’á sa formulation révolutionnaire par le prolétariat des deux derniers siècles.

Extrait :

« Il n’est pas besoin d’être particulièrement porté à la critique pour s’apercevoir que l’affranchissement apporté par l’époque bourgeoise a sombré dans une absurdité irrémédiable. Chaque progrès apparaît foncièrement vicié et en règle générale tout ce qui devait faciliter la vie la dévore. L’idée que le processus historique commencé à la Renaissance puisse connaître un aboutissement heureux est si bien discréditée qu’on peut dire que les Temps modernes ont atteint leur point de perfection, la perfection étant précisément la qualité de ce qui ne peut plus être amélioré. Les Temps modernes sont donc achevés : ils avaient commencé dans les villes, ils finissent avec elles. »

 

31 -La crise du monde moderne – 11 mai 1994

Présentation de l’éditeur

«Un des caractères particuliers du monde moderne, c’est la scission qu’on y remarque entre l’Orient et l’Occident. Il peut y avoir une sorte d’équivalence entre des civilisations de formes très différentes, dès lors qu’elles reposent toutes sur les mêmes principes fondamentaux, dont elles représentent seulement des applications conditionnées par des circonstances variées. Tel est le cas de toutes les civilisations que nous pouvons appeler normales, ou encore traditionnelles ; il n’y a entre elles aucune opposition essentielle, et les divergences, s’il en existe, ne sont qu’extérieures et superficielles. Par contre, une civilisation qui ne reconnaît aucun principe supérieur, qui n’est même fondée en réalité que sur une négation des principes, est par là même dépourvue de tout moyen d’entente avec les autres, car cette entente, pour être vraiment profonde et efficace, ne peut s’établir que par en haut, c’est-à-dire précisément par ce qui manque à cette civilisation anormale et déviée. Dans l’état présent du monde, nous avons donc, d’un côté, toutes les civilisations qui sont demeurées fidèles à l’esprit traditionnel, et qui sont les civilisations orientales, et, de l’autre, une civilisation proprement antitraditionnelle, qui est la civilisation occidentale moderne.»René Guénon.

Quatrième de couverture

 » Un des caractères particuliers du monde moderne, c’est la scission qu’on y remarque entre l’Orient et l’Occident. […] Il peut y avoir une sorte d’équivalence entre des civilisations de formes très différentes, dès lors qu’elles reposent toutes sur les mêmes principes fondamentaux, dont elles représentent seulement des applications conditionnées par des circonstances variées. Tel est le cas de toutes les civilisations que nous pouvons appeler normales, ou encore traditionnelles ; il n’y a entre elles aucune opposition essentielle, et les divergences, s’il en existe, ne sont qu’extérieures et superficielles. Par contre, une civilisation qui ne reconnaît aucun principe supérieur, qui n’est même fondée en réalité que sur une négation des principes, est par là même dépourvue de tout moyen d’entente avec les autres, car cette entente, pour être vraiment profonde et efficace, ne peut s’établir que par en haut, c’est-à-dire précisément par ce qui manque à cette civilisation anormale et déviée. Dans l’état présent du monde, nous avons donc, d’un côté, toutes les civilisations qui sont demeurées fidèles à l’esprit traditionnel, et qui sont les civilisations orientales, et, de l’autre, une civilisation proprement antitraditionnelle, qui est la civilisation occidentale moderne. « 

32-LA MEGAMACHINE. : Raison technoscientifique, raison économique et mythe du progrès

21 avril 1995 -réédité octobre 2004

mégamachine
 » La plus extraordinaire machine jamais inventée et construite par l’homme n’est autre que l’organisation sociale. Sous l’égide de la main invisible, techniques sociales et politiques d’une part (de la persuasion clandestine publicitaire au viol des foules par la propagande, démultipliées par les autoroutes de l’information), techniques économiques et productives d’autre part (du fordisme au toyotisme, de la robotique à la biotechnologie) s’échangent, fusionnent, s’interpénètrent. Elles s’articulent désormais en un gigantesque réseau mondial mis en œuvre par des firmes et des entités transnationales qui soumettent États, partis, sectes, syndicats, ONG, etc. L’emprise de la rationalité technoscientifique et économique donne à l’ensemble une ampleur inédite et en fait une « mégamachine’ jamais vue dans l’histoire des hommes. Sur le thème de l’université et de la diversité de la méga-machine planétaire, ce livre rassemble des essais qui s’inscrivent dans le cadre du grand débat contemporain sur le statut de la technique.  » Ainsi se présentait, il y a dix ans, cet ouvrage devenu introuvable et que beaucoup tiennent pour prophétique. C’est à lui que renvoient nombre des débats qui font rage aujourd’hui dans le monde entier autour du thème de la  » décroissance  » : si le progrès et la croissance sont insoutenables et mortifères, n’est-il pas grand temps d’amorcer une  » décroissance conviviale  » ? Dernière chance avant l’apocalypse ?  » Lorsque nous serons morts… il sera trop tard pour lire Serge Latouche. Ce serait dommage ! Un essai dont on sort plus intelligent qu’en entrant. IL FAUT LIRE CE LIVRE. « CHARLIE-HEBDO

32bis – L’abîme se repeuple – 1 janvier 1997

un commentaire : Les réflexions de Jaime Semprun sur l’évolution de la société sont d’une totale actualité, elles peuvent paraître pessimistes, elles sont hélas réalistes. L’ouvrage date de 1997, mais n’a pas pris une ride, c’est même le contraire, c’est encore plus valable en 2011, ce qui montre que l’auteur avait bien prédit l’avenir et les tendances qui se sont encore accentuées.

Certes c’est un livre un peu désespérant, l’auteur semble désolé et désabusé, on le comprend, il y a de quoi! Mais il faut lire ce livre et être conscients des choses. Faire l’autruche ne sert à rien, sinon à encourager fanatiques de tous bords. Quelle tristesse dans cette réflexion: « quels enfants allons nous laisser à la planète? »….

Seul reproche, le style un peu touffu…

33- L’EVENTAIL DU VIVANT. Le mythe du progrès

10 septembre 1997

eventail du vivant
L’éventail du vivant. Stephen Jay Gould, au fil de ses nombreux ouvrages, ne cesse de questionner nos idées plus ou moins bien reçues sur l’évolution du vivant. Ce qu’il affirme avec force est pour le moins dérangeant : l’évolution n’est pas cette inéluctable marche vers une complexité croissante qui, partant des formes les plus simples, culminerait avec l’apparition de cet indiscutable chef-d’œuvre : l’Homme. Prenant pour exemple l’évolution des chevaux et celle du jeu de base-ball, Gould montre qu’il est illusoire d’interpréter une évolution, quelle qu’elle soit, sans prendre en compte l’éventail de toutes ses variations. L’histoire de la vie, résultat d’une évolution contingente, ne saurait se réduire à celle de ses organismes les plus complexes.

34-Pour en finir avec l’économisme -1995

 On en est rendu à mesurer notre bonheur avec des indicateurs économiques. Dénoncer l’emprise tentaculaire de l’économisme montant, tel est le principal objectif de cet essai.
Richard Langlois, économiste à la CEQ, est l’auteur de « S’appauvrir dans un pays riche « (1990).

34bis – La société du spectacle – 1996

Quatrième de couverture

Guy Debord (1931-1994) a suivi dans sa vie, jusqu’à la mort qu’il s’est choisie, une seule règle. Celle-là même qu’il résume dans l’Avertissement pour la troisième édition française de son livre La Société du Spectacle« Il faut lire ce livre en considérant qu’il a été sciemment écrit dans l’intention de nuire à la société spectaculaire. Il n’a jamais rien dit d’outrancier. »

35-L’Irremplaçable : Une éthique de la technologie  – 5 mai 1997

 L'irremplaçable
 La technologie ne se réduit plus, depuis longtemps, à un rôle d’outil. Elle est devenue une dimension intérieure de la personne et de l’environnement naturel, social et politique sous ses multiples aspects : rôles des experts, bioéthique, estimation des risques… Mais cette omniprésence s’accompagne d’une ambivalence des sentiments : si l’optimisme effréné n’est plus permis après Hiroshima ou Tchernobyl, la méfiance systématique serait tout aussi irrationnelle. Pour que l’homme trouve son juste équilibre dans ses rapports à la technique, la logique technico-scientifique doit être fondée sur l’irremplaçabilité de l’individu.
Cairl : une analyse de l’ouvrage
 Une brève histoire de Tout
un commentaire :Il y a des génies dans l’histoire de la conscience humaine, Ken Wilber en fait indéniablement partie. J’ai commencé la lecture de son livre en papillonnant d’une page à l’autre, résultat : déception et colère, « c’est du charabia, ce type s’écoute parler». Puis j’ai commencé le livre par le début, résultat : de l’ENTHOUSISAME !!!
La préface de Tony Schwartz est excellente. Q. Avez-vous choisi le bon ouvrage pour commencer ? R. « Ce qui distingue Une brève histoire de tout… c’est que non seulement il y développe davantage les idées avancées… mais il les présente maintenant sous la forme d’une longue conversation simple et accessible ». Q. De quoi parle-t-on ? R. « Aucune des personnes que j’ai rencontrées n’a décrit le sentier du développement humain- l’évolution de la conscience- aussi complètement ou systématiquement que Wilber ».Q. Dans quel domaine se situe cet ouvrage ? R. « Une brève histoire de tout fonctionne à plusieurs niveaux. Cette carte du monde où nous vivons et de la place qu’y occupent les hommes et les femmes est la plus riche que j’ai trouvée jusqu’ici. Dans la dialectique du progrès, suggère Wilber, chaque stade de l’évolution transcende les limitations du stade précédent, mais en introduit également de nouvelles… Craignant tout changement et dotés de l’infinie capacité de nous mentir à nous-mêmes, nous nous raccrochons trop promptement à des réponses simples et à des solutions rapides qui, finalement, ne servent qu’à rétrécir notre champ de vision et à faire avorter notre développement ».

37 – La société industrielle et son avenir – 1 janvier 1998

un commentaire : À qui voudra lire le manifeste de Kaczynski avec attention, il apparaîtra que son analyse va, par son chemin singulier, droit à l’essentiel, et atteint ce qui est bien le centre du système universel de la dépossession : l’extinction de toute liberté individuelle dans la dépendance de chacun vis-à-vis d’une machinerie technique devenue nécessité vitale.

38 – La vie sur Terre

Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes – Tome premier (1996) et second (1999) suivis de deux notes additionnelles

Baudoin de Bodinat

 

Paru en 1996, le premier tome de La Vie sur Terre avait immédiatement rencontré un certain écho. Il avait même été l’objet de quelques recensions dans la presse, fait exceptionnel pour un livre publié par nos éditions, et qui ne se reproduisit d’ailleurs pas lors de la parution du second tome, en 1999. Cependant ces deux textes ont continué depuis à se diffuser régulièrement et à trouver de nouveaux lecteurs : il s’agit manifestement d’une de ces oeuvres qui jouit de cette sorte de notoriété souterraine qu’assure ce qu’il est convenu d’appeler le « bouche-à-oreille », laquelle est pour un livre, comme on sait, le meilleur gage de succès sur la durée. Il était donc temps de reprendre en volume les deux tomes de La Vie sur Terre, le premier se trouvant épuisé et le second en voie de l’être.
Ce volume comporte, sous forme de Notes additionnelles, deux textes respectivement parus dans les revues Conférence (printemps-automne 2000) et Fario (printemps 2007).

Notice de notre catalogue sur le tome premier :
Comme pourrait le faire le héros d’une utopie négative, habitant d’une « fourmilière collectiviste », d’un meilleur des mondes de science-fiction, saisi par le doute et entreprenant de se mettre à penser contre ce monde qui l’a façonné, l’auteur examine ce que l’existence humaine y est devenue ; si c’en est encore une. L’originalité est, ici, que c’est de notre monde qu’il s’agit.

Notice de notre catalogue sur le tome second :
Le narrateur du tome premier poursuit son effort d’élucider dans quelle sorte de monde il se trouve pris. Il s’interroge maintenant, entre autres choses, sur les raisons de cette tranquille indifférence qu’il constate chez les habitants durant que se multiplient autour d’eux les phénomènes d’une catastrophe manifestement universelle, et découvre à cela une explication qui les surprendrait sans doute.

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