Comme vous le savez à présent (voir les précédents articles) après l’expérience d’effusion d’Esprit (ou de nouvelle naissance ?) que vivaient les premiers chrétiens et qu’il me fut donné d’expérimenter le 23 février 1975, je n’eus de cesse d’interpeller mon Eglise catholique pour qu’elle retrouve ce vécu fondateur et accueille plus particulièrement le message qui la distingue du judaïsme dont elle est issue et qui me fut transmis à cette occasion : “Vous n’êtes plus sous la Loi mais (sous l’amour) sous la grâce” en Rm 6,14 .
Cette Parole me fit passer, en un instant, d’une relation de subordination à une “intimité de connivence avec Jésus et m’invita à oser dire un jour comme Saint-Paul en Gal 2,20 :“Je vis,mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi“. Est-ce l’aspiration de chaque chrétien ?
En effet: “La Loi a servi de pédagogue jusqu’au Christ“(Gal.3,24) mais “maintenant elle nous révèle que nous sommes pécheurs (Rm. 3,20) et “est incapable de nous rendre parfait ( He. 10,1) car “nous ne sommes pas justifié en raison des oeuvres de la Loi”( Gal.2,16) .“Si par la Loi on atteint la justice,c’est donc pour rien que Christ est mort” (Gal.2,21 ).”Si on place notre justice dans la Loi, on a rompu avec Christ “( Gal 5,4 ) .”On est choisi par grâce, et non en raison des oeuvres“( Rm 11,6 )…..nous martèle Saint-Paul .
Ce passage de la loi extérieure coercitive à l’Esprit intérieur qui nous entraîne était déjà annoncé dans l’Ancien Testament par le prophète Ezéchiel : “Je mettrai en vous mon propre Esprit, Je vous ferai marcher selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes“ dit Dieu en Ez 36,27.
Certes,cette Loi,que seul l’homme Jésus à entièrement respectée ( “Je ne suis pas venu abroger la Loi, mais l’accomplir“( Mt 5,17 ) est encore bien utile, non pour nous commander mais pour nous aider à discerner notre degré de vie sous la mouvance de l’Esprit. Ainsi son respect reste pour l’extérieur, voire pour nous-même, un critère de notre “vie dans l’Esprit”.
“Dieu est amour” (1 Jn 4,8 ) et son amour est premier.“Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est Lui qui nous a aimé (1 Jn 4,10) On n’a pas à vouloir Lui plaire,mais à Le laisser agir en nous et à travers nous. On n’a pas à faire des oeuvres pour Dieu, mais par Dieu .Encore faut-il être habité par l’Esprit-Saint.
Mais “Le langage de la croix est folie pour ceux qui se perdent“(1 Cor 1,18) nous dit Saint-Paul. L’histoire d’un Dieu qui se fait homme, change l’eau en vin ,ressuscite les morts….et sauve les croyants de la mort en mourant Lui-même sur une croix pour ressusciter trois jours après n’a rien de rationnel ! Esaïe ( vers -740 ) disait déjà :”Si vous ne croyez pas , vous ne comprendrez pas”(Es.7,9) comme si la foi précédait l’intelligence. Ainsi, est-ce pour essayer de ramener à Dieu certains “raisonneurs de ce siècle“(1 Cor 12,20 ) que l’Eglise catholique appuya aussi ses dires sur des chercheurs intellectuels de Dieu, les Pères de l’Eglise, gommant ainsi la folie de la Croix (“La sagesse de ce monde est folie auprès de Dieu“1 Cor 3,18-19) et contredisant la bible ?
Ainsi Saint-Thomas d’Aquin tenta de réconcilier foi et raison en s’appuyant sur la philosophie d’Aristote:”Foi et raison ne peuvent se contredire car elles émanent toutes les deux de Dieu” déclare-t-il .
Saint-Augustin d’Hippone, en quête constante de vérité, tente de réaliser la synthèse du christianisme et du platonicisme. Il déclare “qu’il faut comprendre pour croire” mais aussi que “les miracles ne sont pas en contradiction avec les lois de la nature mais avec ce que nous en savons“. C’est aussi un acte de foi,…..mais en la Science !
Personnellement je dirais volontiers comme Pascal :” Le coeur a ses raisons que la raison ne connait pas.”
A l’heure de la physique quantique ,on est sans doute moins choqué par l’irrationnel !
Dialogue avec Soi
Mon Dieu, je t’aime.
Et je dis bien mon Dieu,
Personnel, rayonnant sur l’éternel.
J’aime ton Dieu aussi,
A toi qui me lis,
Personnel, celui qui te donne des ailes.
Car voyez-vous,
Le monothéisme est chose à pratiquer en solitaire…
Notre espèce nous a gratifiés d’un riche panthéon de divinités,
Il serait dommage de se priver du multiple à la table de l’Esprit.
Les paradoxes et les contradictions n’ont jamais fait peur à la Vie.
Alors embrassons avec elle les richesses de nos imaginaires.
Créer, révéler, prier ou blasphémer,
Un mot pour l’autre, à quoi bon…
Le soleil du cœur porte son éclairage sur le sens à donner.
Mon Dieu je t’aime et te blasphème,
Par humilité…
Allez savoir ce qui nous dicte l’instinct de transcendance ?
Le cœur et l’âme qui offrent l’intellect de la compassion
Ou la peur et l’arrogance qui imposent d’abjectes divisions.
Mon Dieu je te révèle
A mesure que j’arpente chaque journée.
Mon Dieu je te crée
Avec les talents dont Tu m’as doté.
C’est ainsi l’échange du Créateur et de sa Création.
ML (2016)