Emergence d’une communauté technocritique-Conférence Paris 29 mai 2019

Communauté technocritique

 

 

« Pourquoi (et comment) critiquer la technologie à l’heure de la crise sociale et écologique ?

Pour l’émergence d’une communauté technocritique !

 

 

Sciences Critiques invite à deux conférences-débats le mercredi 29 mai, à Paris, de 15h à 22h30 :

 

Seront présents avec nous : Paul Jorion, Serge Latouche (sous réserve), Jean-Baptiste Fressoz, Alain Gras, François Jarrige, Fabrice Flipo, Célia Izoard, Cédric Biagini et Joël Decarsin

Nous aborderons, entre autres sujets, l’histoire du mouvement technocritique en Europe, les imaginaires du progrès technique, l’apparition de l’Anthropocène comme conséquence de la « démesure technicienne », les effets et les méfaits du techno-capitalisme et enfin la nécessité de faire émerger une communauté technocritique aujourd’hui, à travers notamment le projet politique alternatif de la décroissance, l’action directe contre les machines ou encore le retour à une véritable culture humaniste.

« Pourquoi (et comment) critiquer la technologie à l’heure de la crise sociale et écologique ?

Première table-ronde (de 15h à 18h)
– L’Anthropocène, ou les dégâts du Progrès
– Une (brève) histoire de la technocritique
– Les imaginaires de l’innovation technique
– Les effets et les méfaits du techno-capitalisme

Pour l’émergence d’une communauté technocritique ! ,

Seconde table-ronde (de 19h30 à 22h30)
– Pour l’émergence d’une communauté technocritique
– La décroissance pour sortir de la « Mégamachine »
– La révolte contre les machines aujourd’hui
– La culture face à la tyrannie technologique

 

Vous pouvez aborder les sujets suivants sur le site de Sciences critiques :

– « Se débarrasser du capitalisme est une question de survie ». Un « Grand Entretien » avec Paul Jorion.

Paul Jorion (né le  à Bruxelles) est un anthropologue, sociologue et essayiste belge

Nous vivons aujourd’hui dans un système politique extrêmement inégal, qui engendre la concentration de la richesse par quelques-uns. Or, les personnes bénéficiaires de ce système bloquent l’accès à une vie meilleure pour tout le monde. 

Le développement technologique est indépendant du développement des sociétés. Il peut être une catastrophe uniquement parce qu’il manque autour de lui l’environnement pour le canaliser.

En janvier dernier, des chercheurs d’Oxford ont affirmé que la robotisation créera à l’horizon 2022 un million d’emplois aux États-Unis. 

En réalité, il y aura peut-être un million de travailleurs supplémentaires, mais 100 millions d’emplois vont disparaître dans le même temps… Il est très difficile, en réalité, d’imaginer les conséquences du développement technologique.

Ceux qui calculent combien d’emplois vont disparaître dans les années qui viennent sont naïfs, parce qu’ils considèrent que seul l’emploi manuel sera remplacé. Or, le système financier actuel conduit aussi à remplacer le travail qui coûte cher, même, et surtout, le travail intellectuel. 

Si l’on accepte le principe que c’est le marché qui dirige, c’est-à-dire le simple rapport de force entre la main-d’œuvre et les employeurs, les salaires se rapprocheront de zéro… A fortiori dans un monde où la concurrence entre les candidats pour un emploi augmente. Il n’y a plus de limite, c’est ça le problème ! 


– « Il faut décoloniser les sciences ». Un « Grand Entretien » avec Serge Latouche.

Serge Latouche, né à Vannes le , est un économiste français, professeur émérite de l’université Paris-Sud.

La science occidentale – on la fait remonter à Galilée – part du principe que la nature serait more geometrico, qu’elle obéirait à la raison mathématique. Or, si les mathématiques sont effectivement une science abstraite − une formidable construction par ailleurs −, en revanche, la nature n’obéit pas à cette réalité mathématique.

la science qui pense qu’il n’y a pas de limite aux possibilités de l’homme de tout faire, de tout résoudre, c’est ce qu’on appelle « la science prométhéenne » 4, qui pense l’homme comme un démiurge. Cette science-là, il faut la réviser. 

Toutes les autres conceptions de la science avaient, bien sûr, un idéal de la connaissance, de la curiosité scientifique, mais elles n’étaient pas dévorées par la volonté de puissance, si caractéristique de notre conception. Toutes les autres conceptions de la science avaient, bien sûr, un idéal de la connaissance, de la curiosité scientifique, mais elles n’étaient pas dévorées par la volonté de puissance, si caractéristique de notre conception.

– Qu’est-ce que le progrès technique ?. Une tribune libre d’Alain Gras.

Alain Gras, né le , est un sociologue français et professeur des universités émérite.

L’idée de progrès ne fait plus recette, c’est un fait. Les politiques, ou plutôt les acteurs de ce « pouvoir » qui n’est pas nécessairement politique, ont tiré depuis longtemps les leçons de cette désaffection et les économistes de service ont rebaptisé « croissance » le progrès en lui enlevant tout contenu éthique.

Mais qu’y a-t-il de plus absurde qu’une croissance illimité dans un monde limité ?

Dans le domaine techno-scientifique survit cet aphorisme archaïque : « On n’arrête pas le progrès ! ». Même si l’on sait que cette direction nous amène dans une voie sans issue !

L’une des raisons doit être, selon moi, à chercher dans la manière dont l’évolutionnisme progressiste bénéficie d’un privilège méta-philosophique.

Et de citer Peter Sloterdijk :

« C’est dans l’évolutionnisme qu’est la racine logique des cynismes théorisants qui jettent sur la réalité le regard olympien des maîtres.
Les théories de l’évolution recueillent l’héritage métaphysique au bénéfice des sciences.
Elles seules ont une force logique suffisante pour intégrer d’un regard englobant le Mal, la décadence, la Mort, la douleur, toute la somme des négativités qui sont la part de l’être vivant.
L’« évolution » (progrès) est pour cela la théodicée moderne, cette théodicée permet l’ultime interprétation logique de la négativité
. » 

– Aujourd’hui, il est trop tard. Une tribune libre de Joël Decarsin.

Joël Decarsin, artiste de formation et membre fondateur de l’association Technologos.

En novembre 2017, un cri d’alerte a été lancé par 15 364 scientifiques de 184 pays, dont la revue américaine BioScience puis le journal Le Monde ont fait leurs unes : « Notre planète est en danger, il sera bientôt trop tard. »

Refuser d’admettre que si l’idéologie de la croissance a pris l’ampleur que l’on connaît, c’est justement parce qu’elle a pour corolaire la sacralisation de l’État, quasiment théorisée dès le XVème siècle par Machiavel.

Parce que nous avons laissé les scientifiques − dont ceux qui poussent aujourd’hui des cris d’orfraie… − jouer aux apprentis-sorciers en triturant la matière dans ses plus intimes retranchements et parce que, contrairement à la fable de Goethe, aucun maître-sorcier ne viendra jamais mettre un terme au sortilège déclenché, la catastrophe est inéluctable.

– Impasse de la technoscience. Une tribune libre de Joël Decarsin.

Joël Decarsin, artiste de formation et membre fondateur de l’association Technologos.

L’idée domine par conséquent qu’on peut jouer avec le feu tant que l’on dispose d’extincteurs toujours plus performants, réalité que résume l’adage : « On n’arrête pas le progrès ».

Ce goût du risque est né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, après qu’il a été d’usage d’afficher sa foi dans ce fameux progrès et sans que l’on ait vraiment pris la peine ensuite de peser le sens de ce mot. Aux tranchées de Verdun avaient succédé les Années folles, Hiroshima et Auschwitz ont distillé un parfum d’angoisse et d’incertitude : chacun a appris que les applications de la science pouvaient être létales à grande échelle.

e qui la lie à la science et à la technique à la fois et ce sur quoi elle s’appuie quand elle prétend en même temps comprendre la société et agir sur elle, c’est l’exercice de la modélisation.

« Je propose, écrit Saint-Simon vers 1830, de substituer le message suivant à celui de l’Évangile : l’homme doit travailler. L’homme le plus heureux est celui qui travaille, la famille la plus heureuse est celle dont tous les membres emploient utilement leur temps ».

Et dix ans plus tard, Ernest Renan déclare : « Organiser scientifiquement l’humanité, tel est le dernier mot de la science moderne, telle est son audacieuse mais légitime prétention. » Or, c’est là précisément l’objectif que s’assignent l’économiste – du moins dans sa version néo-classique, qui domine aujourd’hui – puis l’entrepreneur.

– L’université sous hypnose numérique. Une tribune libre de François Jarrige.

François Jarrige est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne

L’UNIVERSITÉ française et la science qu’elle produit sont en phase de mutation accélérée. Elles sont lancées dans une course effrénée à l’innovation, sans cesse stimulée par les injonctions de l’État et des milieux économiques, ainsi que par la mode des classements internationaux, tel celui de Shanghai.

Depuis les années 1980, les innovations et les trajectoires technoscientifiques sont de plus en plus modelées par un nouveau régime de production néolibéral des sciences avec sa flexibilité accrue, sa valorisation des performances à court terme et son pilotage croissant de la recherche par les grandes firmes et les marchés financiers.

Comme de nombreux autres secteurs de la société, l’université est envahie par les outils et les discours du numérique censés résoudre « la crise ». En dépit des idéologies de l’horizontalité et du partage qui devaient accompagner les nouvelles technologies numériques, c’est bien l’imposition par en haut qui l’emporte dans les faits. Mais à l’égard du numérique, les universitaires semblent plongés dans une véritable hypnose collective qui met en péril leur capacité critique. 

– La technologie est une politique. Une tribune libre de Philippe Godard.

Philippe Godard, né en 1959, est un écrivain et essayiste français. Il écrit notamment, pour la jeunesse, des ouvrages documentaires sur des sujets de société et, pour les adultes, des essais. Il est par ailleurs intervenant à l’Institut Régional du Travail Social de Franche-Comté et a été directeur de collections chez différents éditeurs.

La rationalité politique n’est plus compréhensible par les citoyens puisqu’elle est dominée par une autre rationalité, cachée, celle d’un système économique dominé par des réalités technologiques. Or, de nos jours, cette rationalité technologique, qui a envahi le champ du politique, rend encore plus illusoire une émancipation politique, culturelle et sociale, sans repolitisation du corps social.

– Religiosité de la technoscience. Une tribune libre de Simon Charbonneau.

Simon Charbonneau, est né en 1941, il a été  professeur de droit de l’environnement à l’Université de Bordeaux Montesquieu et à l’Université d’Aix-Marseille, a publié de nombreux ouvrages et articles sur le thème de l’écologie militante, dans la lignée de son père Bernard Charbonneau.

 

La science remplit dans notre société technicienne le rôle que la religion jouait jadis dans les sociétés du passé. C’est donc la posture de liberté d’esprit qui doit être aujourd’hui à l’origine de sa remise en question comme religion séculière.
– « Les deux cultures », ou la défaite des humanités. Un texte du collectif Pièces et Main-d’Oeuvre (PMO).

Puisque le vivant est désormais computable, pourquoi la culture ne le serait-elle pas ? Bienvenue dans l’ère des humanités numériques, un mouvement qui a pris son essor dans les années 2000 au sein des sciences humaines et sociales, des arts et des lettres, pour les rendre, eux aussi, connectés, numérisés, big datés. Reductio ad numerouniverselle, dont l’objectif est d’annihiler toute humanité dans la compréhension et le récit du monde.

– La technologisation de la vie : du mythe à la réalité. Un article d’Anthony Laurent.

Après des années d’études de sciences naturelles à l’Université de Franche-Comté, à Montbéliard (Doubs), Anthony Laurent se tourne vers le journalisme scientifique. Deux années de formation à l’Université Paris 7-Denis Diderot l’ont ensuite conduit à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) où il obtient un Master de sociologie, histoire et philosophie des sciences au Centre Alexandre Koyré. Anthony s’intéresse notamment à la place de la technique dans la société contemporaine au sein de l’association Technologos. Il est co-créateur et rédacteur en chef du site Sciences Critiques (site d’information dédié exclusivement aux sciences, traitant tout particulièrement des sciences « en train de se faire », dans les laboratoires comme en-dehors – par opposition aux sciences « déjà faites » que sont les découvertes scientifiques et les innovations technologiques)

Le déferlement technologique bouleverse notre vie quotidienne. Le travail, les relations familiales et amicales, les loisirs, etc. Quasiment plus aucun pan de l’existence humaine, individuelle comme collective, n’échappe désormais à l’emprise numérique. Or, cette « technologisation » de la vie et de la société − largement impensée − a des effets déterminants, voire des impacts préoccupants, et pour la plupart irréversibles, sur la nature, la santé, la politique et in fine sur le devenir de notre « communauté de vie et de destin ». Dans le cadre d’une séance publique, tenue en janvier dernier à l’Université du Bien Commun à Paris ( cf ici  lancement de cette université), Sciences Critiques était invité à dresser un constat critique de cet état de fait. 

 

 

 

 

 

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