Ce que contient le projet de loi de bioéthique (vidéo 4:15)
loi de bioéthique : la PMA pour toutes de retour au Sénat – Agnès Leclaire 01/02/21
En janvier, la commission spéciale du Sénat a rétabli plusieurs de ses «lignes rouges», comme le non-remboursement par l’Assurance-maladie des PMA pour d’autres motifs que l’infertilité, le maintien d’un critère médical pour les couples hétérosexuels, ou encore l’interdiction de toute transcription complète d’un acte de naissance étranger d’un enfant conçu par GPA (gestation pour autrui).
Les opposants au texte maintiennent en tout cas la pression. Après une soixantaine de rassemblements le week-end dernier, le collectif Marchons Enfants! a prévu une mobilisation devant le Palais du Luxembourg en début d’après-midi. «En pleine pandémie, l’examen de ce texte qui fracture la société apparaît inopportun, voire choquant, lance Ludovine de La Rochère, présidente de la Manif pour tous.
l’éthique contre la bioéthique – Vincent Trémolet de Villers -2/08/20
Aux enfants conçus sans père s’ajoutent un certain nombre de dispositions discrètes, complexes mais d’une portée morale impressionnante. Ainsi un cavalier législatif voté à la va-vite ouvre une brèche pour rendre progressivement légaux les avortements hors délais. Ainsi la congélation des ovocytes inaugure le business du vivant. Ainsi les chimères, ces embryons mêlant des cellules humaines et des cellules animales, restent un terrain autorisé pour les chercheurs. Pour toutes ces décisions vertigineuses, ni convention citoyenne ni référendum à choix multiples… Des états généraux ignorés ; un vote estival, en douce, presque honteux. On l’a compris : lors de la prochaine révision de ces lois, il s’agira d’entériner ce que l’on a promis de ne jamais, ô grand jamais, accepter. Ce sera l’heure de la GPA: les mères sans enfant et les enfants sans mère. Où s’arrêtera ce fol engrenage? Le philosophe Olivier Rey n’est pas dupe: «La bioéthique est là pour approuver ce que l’éthique réprouve.»
liberté sexuelle, PMA pour toutes … le XXI ième siècle va t-il tuer l’amour ? grand entretien Alexandre Devecchio -2/10/20
Pour l’économiste Nicolas Bouzou, qui vient de publier L’amour augmenté, loin de tuer l’amour, la modernité le renforce. Si elle pense que les évolutions sociétales et technologiques sont inexorables, l’essayiste Laetitia Strauch-Bonart invite à bien en mesurer toutes les implications.
Laetitia Strauch-Bonart
Je ne crois donc pas à un envol de ce consumérisme compris péjorativement qui consisterait à dégrader au fond la relation amoureuse. Quand je regarde les enquêtes qui sont réalisées auprès des jeunes je suis d’ailleurs frappé, car leur vie de famille idéale est de rencontrer quelqu’un qu’ils aiment avec lequel ils restent le plus longtemps possible, en étant le plus fidèle possible et en ayant un ou deux enfants. Ce n’est pas forcément ce qu’il se passe dans la réalité car la fidélité avec la longueur de la vie de nos jours est très compliquée, il y a beaucoup de sollicitations… Mais si la volonté n’est pas forcément complètement en accord avec la réalité, en tout cas il y a la volonté de suivre un modèle classique.
Quant au polyamour – c’est quand même extraordinairement tentant de se dire: «Génial! on ne va pas avoir un conjoint, mais plusieurs amoureux en toute transparence» – cela peut être séduisant. Mais en réalité, le polyamour ne concerne que 5 % de la population. Ça existe depuis très longtemps et Charles Fourier au début du XIXe siècle avait d’ailleurs théorisé cela dans un livre. Sartre et Beauvoir avaient pratiqué cela et c’était en réalité une catastrophe absolue, comme en témoignent les lettres de Simone de Beauvoir. C’était l’oppression de Beauvoir par Sartre.
LSB: On pourrait aussi avoir une explication naturaliste du phénomène. D’un point de vue darwinien, nous sommes programmés pour protéger notre progéniture, ce qui implique un noyau familial stable. Toutefois le chercheur en psychologie évolutionnaire Geoffrey Miller – qui vit le polyamour et en est un défenseur – explique qu’aujourd’hui, nous sommes désormais tellement émancipés de nos conditions primaires que nous sommes émotionnellement capables de vivre le polyamour. Même si dans la pratique, cela ne concerne que très peu d’individus.
Pourquoi pensez-vous que la PMA mènera inexorablement à la GPA?
L.S-B. – La dynamique me semble inexorable. Puisqu’on a adopté la PMA pour toutes, les couples d’hommes homosexuels sont tout à fait fondés à exiger la GPA au nom de l’égalité entre hommes et femmes. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je suis sceptique vis-à-vis de la PMA pour toutes, parce que cela amènera forcément, à terme, la GPA. L’extension de l’égalité dans tous les domaines est le sens de l’histoire – je ne le cautionne pas forcément, mais je le constate. C’est ce qu’a montré magistralement Tocqueville dans De la démocratie en Amérique.
N.B. – Je suis 100% d’accord bien que je sois favorable à la PMA pour toutes. Sur la question de la GPA, pour mettre les pieds dans le plat, je vois parfaitement les problèmes éthiques qui en découlent. Mais je crois que notre sujet aujourd’hui est un sujet de régulation plus qu’une volonté de lutter contre la GPA, car, pour répondre à votre remarque, si beaucoup de politiques sont déjà vent debout contre la GPA, c’est lié au surmoi anticapitaliste de notre pays, une particularité française. Je pense malgré tout que même si cela prendra du temps, on ira vers la GPA, justement sur l’autel de la marche vers l’égalité, qu’il me semble impossible à arrêter.
loi bioéthique , le retour au Sénat ravive les tensions -Agnès Leclair 16/08/20
“PMA sans père”, “GPA : non ” plusieurs mobilisations -Agnès Leclair 9/10/20
La bioéthique, une science à l’interface de tous, par Christian Hervé, Henri Cortot Stocklé, Guillaume Vogt -14/09/20
bioéthique, le débat confisqué par Guyonne de Montjou-26-07-20
Une frontière se franchit sans bruit. Celle qui sépare la vie humaine de celle de l’animal est sur le point de l’être, dans un silence assourdissant. Ainsi en a décidé une poignée de députés, au début du mois de juillet, dans une pièce reculée de l’Assemblée nationale. Le texte de révision de la loi de bioéthique, qui sera examiné en deuxième lecture à partir du 27 juillet au Palais-Bourbon, a été profondément remanié, réécrit, durci dans ses termes par rapport à sa première version, présentée l’année dernière. «Une dizaine de lignes rouges supplémentaires sont franchies, s’étrangle Patrick Hetzel, député (LR) du Bas-Rhin, l’un des rares mobilisés. C’est gravissime. On autorise le bébé médicament, l’embryon transgénique, les chimères homme-animal, le non-consentement du conjoint sur le don de gamètes, l’élargissement du diagnostic préimplantatoire aux maladies non héréditaires, on supprime l’équipe pluridisciplinaire pour préparer les couples à la procréation médicalement assistée.» Et la perspective de légalisation de la gestation pour autrui (GPA) se rapproche. Le nouveau texte prévoit une transcription quasi automatique du statut de l’enfant né de GPA à l’état civil, tandis qu’aujourd’hui, la procédure reste relativement dissuasive. «Je suis très inquiète, confie Sylviane Agacinski. Par ce texte, la France assure qu’elle n’est plus hostile à la GPA, qu’elle cautionne et encourage la marchandisation des corps et le système des mères porteuses.» Reprenant son souffle, cette philosophe marquée à gauche, lâche: «Le lien mère-enfant n’est pas un rapport de propriété. Le lien filial ne peut être vendu. Si la loi m’autorise à louer la vie de quelqu’un et à lui acheter son enfant, alors elle traite les personnes comme des biens, autrement dit des choses.» Quant aux chimères et aux embryons transgéniques, le texte de loi autorise désormais leur fabrication et «utilisation». Ces expérimentations rejetées par le Sénat en première lecture ont été réintroduites dans le texte il y a trois semaines. Dans l’article 17, la modification génétique des embryons humains devient possible, ouvrant la voie à d’éventuels essais visant à faire naître des enfants génétiquement modifiés. Il est aussi envisagé d’expérimenter la création d’embryons animaux dans lesquels seraient intégrées des cellules humaines, qu’elles soient embryonnaires ou adultes reprogrammées. Noir sur blanc, la frontière homme-animal est abolie. C’est une rupture anthropologique majeure.
loi bioéthique : “”les digues de la prudence ont été abattues “ Jean René Binet -04/08/20
Le texte consacre aussi un abandon inédit de la protection dont la loi entourait l’embryon humain in vitro contre les recherches le transformant en matériau de laboratoire. Alors que ces recherches étaient rigoureusement interdites depuis 1994, avant d’être progressivement admises lorsque leur nécessité le justifiait, les protocoles portant sur les cellules-souches embryonnaires seront désormais soumis à une simple déclaration et les embryons humains pourront être conservés jusqu’à quatorze jours pour les besoins des chercheurs. Les scientifiques pourront même créer des embryons transgéniques – c’est-à-dire des humains génétiquement modifiés – ou chimériques – c’est-à-dire constitués par l’adjonction de cellules humaines dans un embryon animal.
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Comment garantir l’interdiction des pratiques eugéniques et des atteintes à l’intégrité de l’espèce telle qu’imposée par l’article 16-4 si les patrimoines génétiques peuvent être ainsi modifiés et mêlés sans égard pour la barrière séparant l’homme de l’animal? Si cela ne signifie pas que le pire se produira demain, car on veut croire qu’il n’est jamais certain, il demeure que rien ne l’interdit plus: les digues ont été abattues.
En outre, l’adoption d’un amendement sans lien direct avec l’ensemble du projet conduira à autoriser l’interruption de grossesse jusqu’à neuf mois pour «détresse psychosociale». Les deux types d’interruption de grossesse – volontaire et médicale – semblent confondus.
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L’atteinte inédite que ce projet de loi porte au droit français de la bioéthique conçu comme un modèle de haute exigence éthique ouvre la voie à une profonde remise en cause des catégories juridiques: les personnes et les choses, l’être et l’avoir. Derrière ce que certains brocardent comme d’inutiles concepts ou des constructions sociales contingentes se cachait en réalité la nécessité de préserver la condition humaine contre les atteintes résultant du marché, de la folie scientiste et de l’idéologie progressiste. «L’enjeu est fondamental , l’affirmait aussi dans le rapport déjà cité M. Touraine, il s’agit de choisir la société dans laquelle nous vivrons demain, de dessiner la condition humaine à laquelle nous consentons à nous soumettre et l’humanité que, tout à la fois, nous voulons transformer.» Il n’est pas interdit d’être inquiet lorsqu’un propos aussi démiurgique – transformer l’humanité – trouve une traduction légale dans l’indifférence savamment orchestrée par un examen en temps législatif programmé, en pleine crise sanitaire et au beau milieu de l’été.
Espérons qu’à la faveur de la seconde lecture au Sénat le législateur retrouve la voie d’une législation plus raisonnable, seule à même de protéger l’homme contre les risques résultant de ce que Jacques Ellul décrivait comme «le système technicien».
* Professeur de droit privé à l’université de Rennes-I et auteur de «Droit de la bioéthique» (Lextenso/LGDJ, coll. «Manuel», 2017).
Tri d’embryons : le DPI-A , cette mesure controversée de la loi bioéthique par Bénédicte Lutaud -31/07/20
Pour ses défenseurs, l’élargissement du diagnostic préimplantatoire à la recherche d’anomalies chromosomiques (DPI-A) pourrait améliorer les chances de succès des PMA. Mais ses opposants y voient une grave dérive eugéniste.
C’est l’une des mesures les plus controversées du projet de loi de bioéthique. Rejeté en première lecture à l’Assemblée nationale, l’élargissement du diagnostic préimplantatoire à la recherche d’aneuploïdies (anomalies chromosomiques), ou DPI-A, est revenu au Sénat puis a fait l’objet d’un nouvel amendement en commission spéciale bioéthique. Il devrait susciter de très vifs débats ces prochaines heures, lors de la deuxième lecture du projet de loi à l’Assemblée nationale.
Certains y voient une chance inespérée d’améliorer les chances de succès des fécondations in vitro (FIV), notamment chez les femmes de plus de 35 ans. D’autres remettent en cause son efficacité, y voient une stigmatisation du handicap, et surtout un glissement vers de graves dérives eugénistes.
Le diagnostic préimplantatoire (DPI) vise à analyser le patrimoine génétique d’un embryon obtenu par fécondation in vitro (FIV), avant son transfert dans l’utérus de la femme, afin d’éviter la transmission d’une maladie génétique présente chez les parents. En France, le DPI est réservé aux couples lorsqu’il y a un risque avéré de transmettre une maladie génétique d’une particulière gravité. Il s’agit alors de sélectionner le ou les embryons non porteurs de cette maladie avant le transfert in utero. Le DPI concerne principalement des pathologies comme la mucoviscidose ou la chorée de Huntington, deux maladies héréditaires.
Le diagnostic préimplantatoire des aneuploïdies (anomalies chromosomiques), ou DPI-A, qui n’est pas autorisé en France, va plus loin. Cette fois, il s’agit de détecter les anomalies, aléatoires, du nombre de chromosomes dans une à deux cellules de l’embryon. L’objectif revendiqué est d’optimiser les chances de grossesse après une FIV. En effet, pour certains biologistes de la reproduction et gynécologues obstétriciens, l’aneuploïdie serait une cause fréquente d’échecs d’implantation de l’embryon dans l’utérus ou de fausses couches.
Le professeur René Frydman, «père» du premier bébé-éprouvette français, et ponte la procréation médicale assistée, est un fervent défenseur de l’élargissement du DPI à d’autres analyses génétiques de l’embryon, dont le DPI-A. «60% des embryons qu’on réimplante ne vont jamais se développer, constate-t-il. On pourrait connaître ceux qui peuvent s’implanter, et on fait la politique de l’autruche. En attendant, les femmes ont des taux de fausses couches élevés.» Toutes ? Non, en particulier au-delà d’un certain âge.
Le DPI-A serait réservé aux femmes de plus de 35 ans qui ont des fausses couches à répétition ou ont zéro accroche embryonnaire, soit une grande majorité des AMP (autre nom de PMA) en France», argumente ainsi Virginie Rio, fondatrice du collectif BAMP, association de patients de l’AMP et de personnes infertiles. «Le DPI-A permettrait d’améliorer le diagnostic posé en AMP, estime-t-elle. En attendant, des gens s’abîment dans des parcours très longs. On passe à côté de choix de vie qui auraient pu être faits deux, trois ans auparavant.» Selon elle, le DPI-A permettrait aussi «des économies financières» en évitant de multiplier les coûts de FIV à répétition.
Problème : ce lien entre les embryons aneuploïdes, les échecs d’implantation et les fausses couches n’est pas avéré, voire contesté par d’autres biologistes et généticiens.
C’est le cas du professeur Stéphane Viville, spécialiste de biologie de la reproduction et de génétique… et pourtant fondateur du premier centre de DPI en France, à Strasbourg. «Cette technique existe depuis 1993. En 27 ans, elle n’a jamais prouvé qu’elle apportait quoique ce soit. En FIV, entre une femme à qui on fait un DPI-A et une autre à qui on n’en fait pas, on ne constate aucune différence… si ce n’est pour votre compte en banque», argue-t-il.
«La majorité des fausses couches ne sont pas dues à des anomalies chromosomiques mais à 40.000 autres raisons, poursuit-il. Cela peut être intrinsèque à l’embryon, à l’utérus de la femme, au dialogue entre les deux, etc.», poursuit-il.
En outre, en FIV, il existe beaucoup d’embryons «mosaïques», c’est-à-dire composés à la fois de cellules normales et de cellules avec un nombre anormal de chromosomes. Or, «ces embryons mosaïques sont capables de se restaurer, souligne-t-il. Et le transfert de ces embryons donne un taux de grossesse non négligeable : 30% dans un gros centre de DPI à Rome. Il est hors de question de les jeter.»
Le biologiste Jacques Testart, autre «père» scientifique du premier bébé-éprouvette avec le professeur Frydman en 1982, est aujourd’hui farouchement opposé à son confrère. «La cellule de l’embryon qu’on étudie n’est pas forcément le reflet de l’embryon, appuie-t-il. Ainsi, un embryon peut être anormal tout en étant viable».
«Qui peut décider que certaines vies ne valent pas la peine d’être vécues ?», lui répond Blanche Streb, pharmacienne, auteur de Bébé sur mesure (Artège, 2018) et directrice de la recherche chez Alliance Vita. «Avec ce ‘tout contrôle’, on considère qu’on fera des économies sur le handicap. C’est un projet de société effrayant, une fermeture de la solidarité», déplore-t-elle. Finalement, relève la pharmacienne, cette technique représente une «abdication du soin». «Le DPI ne soigne personne, il sélectionne des personnes», insiste l’essayiste.
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Un homme devenu fermme peut -il être reconnu comme la mère de son enfant ? La cour de cassation doit trancher -Agnès Leclair 15/08/20
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Les différences entre IMG et IVG
Afin de bien en saisir les enjeux, il est nécessaire de comprendre les différences entre IVG et IMG. L’interruption volontaire de grossesse (IVG) et l’interruption médicale de grossesse (IMG) sont deux actions médicales, définies dans le Code de la santé publique, respectivement aux articles L2212 et L2213, permettant à la femme de mettre fin à sa grossesse.
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Une IVG peut se pratiquer jusqu’aux 12 semaines de grossesse sans motif médical contrairement à une IMG qui peut s’opérer uniquement en cas de «péril» pour la mère ou l’enfant, jusqu’à la veille de l’accouchement. Les IMG pour motif maternel sont largement minoritaires par rapport aux interruptions de grossesse liées au grave état de santé du fœtus. En 2016, ils représentaient 5% des 7366 IMG réalisées, d’après les chiffres de l’agence de biomédecine.
10.000 demandes d’IMG par an
En ajoutant les termes «pouvant résulter d’une détresse psychosociale», l’amendement 524 vient modifier les conditions pour recourir à une IMG. Encore aujourd’hui, une IMG peut être réalisée si «l’enfant à naître est atteint d’une affection particulièrement grave et incurable» ou si « la poursuite de la grossesse met en péril grave la santé de la femme». C’est sur ce dernier point que se crée la tension.
« Il est toujours difficile d’évaluer le péril grave quand il s’agit de la mère »
Israël Nisand, président du Conseil national des gynécologues obstétriciens de France
«Il est toujours difficile d’évaluer le péril grave quand il s’agit de la mère», a expliqué Israël Nisand. Estimation complexe car la notion de «péril grave» recouvre de multiples réalités. Sont concernées à la fois des femmes qui ont vécu un déni de grossesse, rendant l’avortement avant les douze semaines légales inaccessibles. D’autres ont subi des violences physiques ou psychologiques, viols ou incestes, certaines souffrent de troubles psychiatriques importants. Enfin, d’autres femmes vivent dans une si grande précarité et seules, l’éducation de leur enfant leur est souvent impossible.
«Chaque situation est extrêmement compliquée et résulte d’une décision collégiale», a ajouté le gynécologue du CHU de Strasbourg.
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Comment définir un «péril grave» ? Est-ce un danger physique ou psychologique ? «Les deux», a répondu le président du CNGOF. Chaque année en France, un peu moins de 8000 IMG sont réalisées sur 10.000 demandes, selon le CNGOF. L’accès à l’IMG est surveillé et contrôlé. La décision d’y recourir est prise par un collectif de quatre personnes réunies par le gynécologue. Parmi elles figurent au minimum deux médecins, dont un choisi par la femme enceinte, un psychologue ou assistant social et un spécialiste de l’affection dont la femme est atteinte.
«On examine le dossier explicatif de sa situation et on prend notre décision en fonction de ce qui est le mieux pour la femme et l’enfant», a expliqué Israël Nisand. Face aux demandes multiples, parfois excessives comme «une anomalie du doigt» ou «un bec-de-lièvre», le personnel médico-social porte une lourde responsabilité : celle de conserver la vie ou pas.
Difficile définition de la détresse psychosociale
Une femme ayant recours à une IMG pour des souffrances psychologiques ou sociales, «c’était déjà le cas» avant l’amendement, a avancé Jean-François Eliaou, rapporteur de la loi bioéthique à l’Assemblée. Le député LREM de l’Hérault, opposé à cet amendement car «le problème n’est pas le droit, mais la pratique», a concédé qu’il existe des inégalités territoriales, que certains médecins sont moins enclins ou peu au courant de cette possibilité.
Raison de plus pour ajouter explicitement la notion de «détresse psychosociale». «Pour rappeler aux gynécologues que le péril peut ne pas être que physique», a ajouté Israël Nisand, convaincu. Le président du CNGOF a complété que cette «formalité» peut aussi permettre de limiter les avortements clandestins. Victimes de violences ou d’incestes, certaines femmes «subissent des pressions» pour ne pas avorter en France et «se rendent donc à l’étranger» ou «se débrouillent autrement».
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Au salon “Désir d’enfant”, la GPA mode d’emploi -Agnès Leclair -09/09/20
– Le salon, qui se tient à Paris, est centré sur la PMA mais aussi sur le processus de gestation pour autrui (GPA), pratique illégale en France.
«Trouvez votre donneur préféré», «la dernière technologie pour garantir un bébé sain», «bonheur parental pour ceux qui ont perdu l’espoir»… Au salon «Désir d’enfant», qui se tenait à Paris ce week-end, les slogans ont vanté la joie de devenir parents grâce à l’assistance médicale à la procréation. En France, ce salon gratuit dédié à l’infertilité est une première. Samedi matin 5 septembre, dans les allées de l’espace Champerret tapissées de photos de bébés souriants ou de ballons, une trentaine d’exposants spécialisés dans la PMA avaient préparé une foule de prospectus, de sacs en tissu et d’objets publicitaires pour accueillir les couples ou célibataires en mal d’enfant. Parmi ces exposants, plusieurs cliniques et centres d’assistance médicale à la procréation espagnols, ukrainiens, canadiens dont certains pratiquent la gestation pour autrui (GPA) dans leur pays. Alors que cette pratique est prohibée en France, l’association Juriste pour l’enfance – proche de la Manif pour tous – a tenté de faire interdire l’évènement en invoquant une atteinte aux principes de non-marchandisation du corps humain et de respect de la dignité humaine devant le tribunal administratif de Paris. Sans succès. Les exposants du salon «ne s’y rendent que pour vendre leurs prestations, et en particulier celles de gestation pour autrui», a dénoncé l’association. «Cet événement est purement informatif et non commercial, répond de son côté l’agence F2F Events, organisatrice du salon. En aucun cas des consultations médicales ne seront effectuées pendant l’événement».
salon “Désir d’enfant” : la GPA est devenue le nouvel horizon de la morale progressiste “par Damien Leguay 8/09/20
Président du Comité national d’éthique du funéraire, membre émérite du Conseil scientifique de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs( SFAP), Damien Le Guay est philosophe et éthicien, il enseigne au sein des espaces éthiques régionaux d’Île-de-France et de Picardie. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et a récemment publié «41 exercices d’hygiène spirituelle»(Salvator, 2020).
Un salon vient de se terminer, à Paris, qui vantait «la GPA en toute sécurité» et proposait des services de cliniques spécialisées (aux USA, en Ukraine ou au Canada) pour avoir des enfants à l’étranger et s’offrir les services de «mères porteuses». Location de ventres maternels, choix de femmes pour porter le ventre qui porte l’enfant qui porte un désir d’enfant, achat d’ovules, profil du père (ah zut, je veux dire «donneur»!) et élimination de tous les aléas. Enfant à la carte. «Alors ce sera quoi pour vous?» disent ces vendeurs d’enfants. Il suffit de payer pour éliminer tous les risques et avoir, en temps et en heure, venu d’ailleurs, un enfant selon ses désirs. On en revient au conte de fée: une cigogne ukrainienne, russe ou américaine vous livre par votre cheminée un enfant dans un beau chiffon à carreaux. Aujourd’hui, tout est possible. Tout. Il suffit de payer. Combien? 150 000 dollars pour un ventre américain, 37 000 euros pour un ventre ukrainien. Il suffit de passer commande, de composer son «désir d’enfant», de sélectionner le «bon» ventre, le «bon» matériel génétique, la «bonne» semence.
Ce serait drôle, si ce n’était pas tragique.
des opposants à la GPA saisissent le Conseil d’Etat contre le salon “Désir d’enfants “ par le Figaro 3/9/20
“Marchons enfants” demande l’interdiction d’un salon promouvant ouvertement la GPA à Paris – Par Bénédicte Lutaud– 26-08-20
Une plainte contre France Télévision par Agnès Le clair 16-08-20
Mgr de Moulins Beaufort : “les lois de bioéthique organisent un drame à venir “ par Jean-Marie Guénois 10/10/20
ENTRETIEN – Pour le président de la Conférence des évêques de France il est nécessaire de susciter l’intérêt de l’opinion publique sur les enjeux bioéthiques.
Archevêque de Reims, Mgr Éric de Moulins-Beaufort est le président de la Conférence des évêques de France.
LE FIGARO. – Jamais, avant vous, l’épiscopat n’avait voulu rencontrer les organisateurs de la Manif pour tous. Vous avez rencontré officiellement les organisateurs de la manifestation de ce samedi, est-ce le signe de votre soutien?
Mgr Éric MOULINS-BEAUFORT. – La situation s’est aggravée avec la révision des lois de bioéthique ; nous avons aussi changé de génération. Entendre et connaître les associations qui sont engagées dans ce combat pour voir comment agir utilement et, surtout, comment intéresser l’opinion publique aux enjeux bioéthiques, est une nécessité.
L’épiscopat soutient donc officiellement les manifestations du 10 octobre?
Ces manifestations sont une expression légitime de l’inquiétude des chrétiens devant les lois de bioéthique. Quant au choix des moyens d’action, il appartient à chacun.
Cette manifestation nationale décentralisée du 10 octobre est la manifestation de la dernière chance: les évêques descendront-ils, cette fois, dans la rue?
Je ne donne pas de consigne aux évêques. Ils décideront, chacun dans son diocèse. Je me réjouis que des Français prennent ces sujets au sérieux et cherchent des moyens politiques d’agir. Il y a un débat politique. Il est aussi légitime d’agir sur ce plan. Mais la mission des évêques, leur mode d’action «politique», est d’un autre ordre qu’une manifestation.
Combien d’enfants nés d’une PMA cherchent aujourd’hui qui ils sont vraiment ? L’humanité ne se réduit pas à la biochimie…
Mgr Éric de Moulins-Beaufort
Même dans une situation d’urgence comme aujourd’hui?
Les graves questions posées par les lois de bioéthique ne sont pas «religieuses». Elles touchent le sens même de la vie humaine, donc toutes les religions et les familles d’esprit. Une question capitale se pose: qu’est-ce qu’engendrer un enfant? Le seul désir d’enfant justifie-t-il tous les processus possibles dans un rêve de toute-puissance? Cette loi organise un drame à venir: des enfants n’auront pas de père, mais un géniteur. Combien d’enfants nés d’une PMA cherchent aujourd’hui qui ils sont vraiment? L’humanité ne se réduit pas à la biochimie… Quant au mode d’action, il doit être efficace. Nous ne voulons pas condamner ceux qui demandent ces lois. Mais nous devons dire clairement les choses. Ce que nous avons fait sans discontinuer depuis cinq ans. Nous n’avons pas cessé d’avertir de la gravité de ce qui se prépare. Je suis reconnaissant aux parlementaires qui ont pris ces sujets au sérieux et s’y sont opposés. Je suis reconnaissant aux citoyens qui manifesteront car ils expriment quelque chose qu’il est nécessaire d’entendre. Mais il faut reconnaître que nous ne sommes pas très puissants face à ceux qui modèlent l’opinion.
Seriez-vous résigné?
Je ne suis pas résigné! Ce qui compte depuis toujours dans le christianisme n’est pas le changement des lois mais la conversion des cœurs et des esprits.
Mais pourquoi ne criez-vous pas un «non » devant toutes les manipulations bioéthiques annoncées?
Nous l’avons fait bien des fois… J’aimerais crier un oui à la vie! Notre «non» est un oui à la vie humaine! Notre «non» est un oui à la dignité infinie de la vie que nous devons respecter, car un enfant ne peut se réduire à être l’objet d’un projet parental. Notre «non» est un oui à la relation entre un homme et une femme dont nous croyons qu’elle peut être une alliance durable des libertés qui transforme chacun de manière féconde, qu’elle n’est pas un patriarcat qui abuserait des femmes ou un matriarcat qui étoufferait les hommes! Notre «non» est un oui à l’arrivée des enfants, pas pour se survivre ou pour combler sa solitude mais pour beaucoup plus grand que soi et pour les laisser être ce qu’ils ont à être! Notre «non» est fondamentalement un oui! Tout notre défi est de le faire entendre. Beaucoup plus de gens que nous ne le pensons le vivent au quotidien.
Un petit groupe de parlementaires, très motivé, est convaincu de faire avancer l’humanité, suivi par d’autres qui ne s’intéressent pas de près à ces sujets
Mgr Éric de Moulins-Beaufort
Qu’est-ce qui ne passe pas pour vous dans la longue liste des évolutions bioéthiques à venir?
Que l’on veuille faire de l’avortement un acte banal… C’est extrêmement douloureux, car je ne vois pas comment nous pouvons nous entendre ni faire de compromis avec ceux qui travaillent à cette banalisation. L’avortement, c’est mettre fin à la vie de quelqu’un et l’on ne peut pas dire que c’est autre chose que cela. La pression qui s’accentue depuis quelques mois pour allonger les délais de l’avortement et faire passer l’avortement pour un acte banal en supprimant la clause de conscience spécifique des médecins est terriblement inquiétante: on enlève tout ce qui avait été prévu en 1975 pour bien marquer que l’avortement était un acte non souhaitable, toléré mais pas encouragé. L’allongement du délai va même jusqu’à prévoir une intervention jusqu’avant la naissance… C’est terrible: dans une chambre, une équipe se battra et se réjouira de sauver un enfant prématuré ; dans la chambre d’à côté on dira: «Ce n’est pas grave, on va vous débarrasser de cet enfant.» Et l’on veut nous dire que c’est la même chose! Eh bien, non: nous disons, nous, que ce n’est pas la même chose. Cela installe une fracture très profonde.
Ceux qui s’opposent à ces lois, les catholiques en particulier, ont-ils été bernés par le gouvernement qui a promis un débat… dont la conclusion était courue d’avance?
La substance de la vie sociale, ce sont des gens qui fondent des familles, accueillent des enfants, essayent de les faire grandir dans le monde tel qu’il est. Ces familles peuvent avoir l’impression d’avoir été bernées mais il n’y a pas eu de tromperie: le Parlement est tel qu’il est élu par les Français. Un petit groupe de parlementaires, très motivé, est convaincu de faire avancer l’humanité, suivi par d’autres qui ne s’intéressent pas de près à ces sujets.
On ira à la GPA, car le politique est incapable de résister à sa prétention de vouloir apporter une solution technique et juridique à toutes les situations de souffrance. C’est une spirale sans fin
Mgr Éric de Moulins-Beaufort
Tout ce combat pour… rien: êtes-vous amer?
Je suis triste plutôt qu’amer. Je vois venir beaucoup de souffrances pour un problème mal posé: nos démocraties font croire que l’on va donner une réponse à toutes les souffrances, présentées comme des frustrations qui doivent automatiquement ouvrir un droit. On nous fait croire qu’un sparadrap de techniques médicales et de techniques juridiques va dissoudre des problèmes qui se reposeront inévitablement. On ira à la GPA, car le politique est incapable de résister à sa prétention de vouloir apporter une solution technique et juridique à toutes les situations de souffrance. C’est une spirale sans fin.
L’Église catholique perd encore du terrain, est-elle désormais hors-jeu de la société française?
C’est une banalité de dire que l’Église a perdu de l’influence et une évidence de constater que beaucoup de Français n’ont plus de vrais liens avec le catholicisme et parmi eux beaucoup de parlementaires. La morale chrétienne n’a toutefois jamais été portée par les sociétés. Notamment sur les questions du mariage et de la sexualité, où le Christ apporte une parole tellement neuve, dont aucune société n’a jamais été le reflet exact. Le décalage est à certains moments plus flagrant qu’à d’autres, mais l’Église a toujours un champ pour annoncer la parole qui donne vie.
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FIGAROVOX/TRIBUNE – Pour Roland Hureaux, les défenseurs du projet de loi bioéthique vont à l’encontre de l’héritage des Lumières. L’historien estime que ce projet de loi doit être combattu au nom du droit naturel et des principes universels.
Enfin, c’est surtout la «brèche» que le DPI-A ouvrirait vers le dépistage génétique de nombreuses maladies ou handicaps potentiels qui fait craindre à ses opposants une grave dérive eugéniste. «On est dans une dynamique de contrôle qualité. La logique de la technique, c’est d’aller toujours plus loin. Jusqu’où ?», s’interroge Blanche Streb. Selon elle, il suffit de regarder nos voisins pour avoir la réponse. En Angleterre, par exemple, le strabisme est inclus dans la liste des maladies concernées par le DPI. Dans une autre logique, le biologiste Jacques Testart cite le cas de couples de sourds souhaitant que l’on sélectionne un embryon porteur d’une surdité génétique pour être sûr que leur enfant soit sourd, comme eux, et «s’intègre mieux» dans leur famille…
Ancien élève de l’École normale supérieure et de l’École nationale d’administration, Roland Hureaux a été le collaborateur de Philippe Séguin. Il est notamment l’auteur de La France et l’OTAN en Syrie: le grand fourvoiement (Bernard Giovanangeli, 2019).
Sans qu’ aucun des deux camps en ait conscience, la bataille sur le projet de loi bioéthique se joue à front renversé. Ceux qui soutiennent le projet se considèrent généralement comme les héritiers des Lumières sans réaliser à quel point un tel projet trahit celles-ci ; ceux qui le combattent appartiennent surtout à la mouvance catholique, alors même que le combat en cause ne porte que sur le droit naturel et des principes universels qui n’ont rien de spécifiquement chrétiens.
Les lumières avaient trois maîtres mots: la raison, la nature, la liberté
Raison et nature: que penser des nouveautés introduites par la commission spéciale de l’Assemblée nationale dans la loi? La plus singulière est la légalisation de la méthode qui consiste à féconder l’ovocyte d’une femme avant de le réimplanter dans l’utérus de sa compagne, de telle manière que leur maternité soit partagée. Est aussi envisagée la création d’embryons transgéniques, soit à terme la fabrication d’enfants génétiquement modifiés, la fabrication d’embryons chimères homme-animal par insertion de cellules-souches humaines dans des embryons d’animaux. Dans le même esprit, l’Assemblée nationale devrait autoriser l’autoconservation des ovocytes (sans raison médicale) afin permettant aux femmes en âge de procréer à remettre à plus tard leur projet de maternité, ainsi que la technique du «bébé médicament». Bref: carte blanche à Frankenstein.
Que tous ces projets soient contraires à la nature est assez évident. Seuls les députés écologistes qui les votent aveuglément ne s’en sont pas aperçu.
Les philosophes des Lumières croyaient au droit naturel
Ceux qui poussent à ces changements tiennent la nature humaine pour une notion scolastique dépassée. Pourtant la nature était souvent invoquée par les philosophes des Lumières. Voltaire, Rousseau, Kant croyaient au droit naturel. Seul homme des Lumières à le récuser: le marquis de Sade… Les philosophes des Lumières ont combattu l’Église au nom de la nature: le célibat de prêtres et des religieuses était, disaient-ils, contre-nature ; de même les châtiments infligés aux enfants dans les collèges auxquels ils préféraient une éducation sans contrainte à la manière d’Émile.
Aujourd’hui, l’idée de droit naturel est pourtant tenue pour un gros mot dans les facultés de droit. Singulier paradoxe au moment où les droits de l’homme (naturels et imprescriptibles!) sont invoqués partout et où l’on découvre la permanence du génome de l’Homo sapiens depuis 100 000 ans. Constance du génome, permanence anthropologique.
Contrairement à ce que certains disent, la liberté prônée sous la Révolution n’est pas illimitée: elle «consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui» (article 4 de la Déclaration du 26 août 1789). Le droit conféré à des femmes sans hommes, de procréer avec un sperme anonyme, reviendrait à autoriser la fabrication délibérée d’orphelins de père et donc à leur porter un préjudice irréversible, terrain propice aux pires difficultés psychologiques, comme les expériences effectuées à l’étranger l’ont montré. La gestation pour autrui, suite logique de la PMA, est tenue à raison pour une forme d’esclavage.
Le principe de non-discrimination devrait interdire d’étiqueter le sperme avec des mentions raciales, ce que le projet de loi ne prévoit pas, et pour cause.
La raison n’est pas seulement la raison raisonnante, elle est plus profondément le bon sens, auquel se référait Descartes, précurseur des Lumières qui, pensait qu’il était «la chose du monde la mieux partagée». Où est le bon sens quand on permet à la Sécurité sociale en détresse financière de rembourser à hauteur de 20 000 € la PMA d’une femme en bonne santé apte à concevoir naturellement?
Et que dire du projet lui-même, d’une complexité si effroyable qu’il est à lui seul une injure au droit?
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