Pour une gouvernance écologique des organisations
Pour une agriculture locale et biologique
Les monnaies complémentaires redonnent du sens à nos échanges
Préface de Patrick Viveret : Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
Ce que nous avons coutume d’appeler la « crise actuelle » n’est pas un phénomène passager. Ses différentes facettes sont celles de l’association dans nos sociétés du mal-être et de la démesure.C’est un cocktail clairement identifié de troubles comme la boulimie, l’alcoolisme ou la toxicomanie ou l’incapacité à se fixer des limites comme l’hyper-consommation, le surendettement, l’acceptation de responsabilités ou délais outrepassant les limites physiques ou psychologiques. Il en va de même au plan « macro ».
Une société de la démesure : Celle-ci est spectaculaire dans le secteur de la finance où 97% des transactions ne correspondent pas à des biens et services réels.
C’est également vrai de la facette écologique de la crise : En quelques générations nous avons été capables de gaspiller des ressources fossiles comme le pétrole que la nature a mis des millions d’années à accumuler. le gaz à effet de serre, les attaques majeures de la biodiversité pourrait entraîner la planète vers la sixième grande extinction des espèces.Ces excès traduisent notre rapport guerrier et prédateur à la nature.
Nous retrouvons la même absence de limites dans la facette sociale de la crise actuelle. Selon les chiffres des nations unies la fortune personnelle de 225 personnes est égale au revenu de 2,5 milliards d’êtres humains.
Nous retrouvons cette démesure dans la constitution des empires politiques, financiers et religieux.
Il est donc très important d’identifier la démesure comme dénominateur commun à tous les champs de la société et ne pas imaginer que nous pouvons résoudre les problèmes de façon cloisonnée.
Une fois que nous avons vu le caractère systémique du couple formé par la démesure et le mal de vivre il devient évident que le couple inverse, positif consiste à associer sobriété, simplicité, frugalité et qualité de vie. On ne peut accepter ces limites sans travailler sur la question de la joie de vivre.
le mal de vivre déclenche des réactions compensatoires qui s’expriment par le cktail peur:domination/captation. les stratégies transformatrices sont donc nécessairement des stratégies où les acteurs sont prêts à travailler sur eux-mêmes ce que le forum social mondial de Porto Alegre avait caractérisé par l’axe « TPTS » : transformation personnelle et transformation sociale.
Allier les acquis de la tradition et de la modernité aussi bien à l’échelle planètaire qu’à celle de nos quartiers. Il ya dans la modernité des éléments de contre-productivité qui sont considérables. La chosification en est l’élément central. Mais il y aussi dans la modernité une face de lumière. Elle s’est constituée dans des sociétés où l’état de dépendance par rapport aux religions despotiques voire totalitaires était très important.
Elle a permis l’mergence de la liberté de conscience de l’individuation. Elle est à l’origine de la logique des droits humains et particulièrement du droit des femmes.
Dans le chemin à construire vers des sociétés du bien-vivre il va nous falloir affronter de nombreux chocs traumatiques. Les conséquences de notre irresponsabilité va nous conduire à des ruptures majeures écologiques et sociales.
Il est donc important de rajouter aux mots-clé : métamorphose et transition celui de résilience utilisé par Boris Cyrulnik pour caractériser la capacité d’un individu à retrouver de la force de vie.
Le plus simple dans les sociétés humaines est la reconstruction matérielle. Le plus difficile est l’alternative à la panique et au désespoir. Comment construire de la solidarité; de l’espérance y compris face à des chocs traumatiques importants.
Toutes apporches proposées dans ce livre , villes en transition, villes lentes, AMAP, circuits courts, monnaies complémentaires ont comme caractéristiques de s’inscrire dans cette métamorphose.
Dans une grande rencontre en juin 2011, les états généraux de l’économie sociale et solidaire qui sont un vaste mouvement d’élaboration et de synthèse de propositions ont mis en évidence le REV :
– R comme résistance créatrice qui n’est pas révolte désespérée.
-V comme vision transformatrice qui vient débloquer l’imaginaire.
E comme expérimentation qui est anticipatrice : nous n’attendons pas la réformes structurelles pour aller le plus loin possible.
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Introduction de Lionel Astruc
A la croisée des chemins
Un grand mouvement social bouleverse en silence nos territoires, hors du champ des caméras, à l’échelon local.
Ces initiatives, si elles se propagent pourraient construire en trente ans une société radicalement nouvelle. Mais cette perspective peut aussi être engloutie par la frénésie de nos vie quotidiennes.
Chacun d’entre nous est à la fois le rouage d’un système économique néfaste et le vecteur d’un fort désir de remise en question. les quatorze intervenants de ce livre montrent que des solutions réalistes et éprouvées existent pour opérer collectivement un virage écologique et social décisif.
La région de Voralberg en Autriche offre la démonstration qu’un territoire aussi vaste qu’un demi-département français peut généraliser l’architecture et l’urbanisme écologique pour atteindre l’autonomie énergétique.
Le WIR cette monnaie communautaire helvète utilisée par plus de 75000 entreprises et individus montre que les devises parallèles protègent les citoyens et encourage une économie à dimension humaine.
Le succès du groupe français SOS avec ses 7000 salariés fait de cette entreprise le modèle d’une organisation qui remplace la distribution de dividendes à quelques-uns par l’insertion et la création d’emplois non délocalisables.
les laboratoires du CRIIGEN incarnent quant à eux toutes les vertus d’une recherche scientifique indépendante du secteur marchand.
(R)évolutions présente une vision articulée des initiatives à mettre en oeuvre pour changer de paradigme.
Ce regard global et transversal est essentiel à l’heure ou l’inertie du système découle précisément d’un cloisonnement excessif entre secteurs économiques, entre disciplines, entre organisations et entre individus.
Comme l’industrie le système de santé néglige lui aussi tous les atouts d’une vision plus transversale. la priorité accordée par les médecines complémentaires à la prévention est le chaînon manquant, pour une population en meilleure santé. le fonctionnement des écosystèmes nous montre qu’un être vivant ne l’est que grâce à un vaste tissu d’interdépendances- la biodiversité- sans lequel la Terre serait un désert sans vie.
En choisissant la spécialisation à outrance l’individu se contraint l’isolement.
Le diagnostic de Philippe Desbrosses et Philippe Pointereau au sujet de l’agriculture en témoigne : les méthodes intensives se basent précisément sur une spécialisation des exploitations dans un seul type de production. Or cette pratique appauvrit les sols qui ont besoins d’une alternance des cultures.
Cuba a montré que la reconquête de la souveraineté alimentaire était possible. mais une telle reconquête doit faire l’objet d’une vision comme celui de Solagro exposé par Philippe Pointereau , appelé Afterres 2050
l’association Négawatt– cf site négawatt– coopére avec Solagro pour échanger leurs données, porter un regard transversal et aboutir à des propositions complètes et réalistes.
A l’heure où les valeurs véhiculées par les médias et la publicité continue à vanter la consommation sans limite, la compétition et la mondialisation cet élan vers plus de sobriété relève encore parfois du tabou.
les sines de de ce grand mouvement se lisent par exemple dans l’explosion des circuits courts alimentaires, le nombre des AMAP – 1500-. Face à la crise de multiples monnaies locales complémentaires sont créées – 4000 devises de par le monde- dont certaines comme le chiemgauer , en Bavière représentent 4 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Les décisions évoquées dans ce livre ne demandent ni décisions héroïques, ni sacrifices impossibles, en revanche notre citoyenneté doit dépasser le seul choix d’un bulletin de vote.
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Pour une agriculture locale et biologique
par Philippe Desbrosses,
– généraliser l’agriculture vivrière
un virage fondamental
Multiplier les lieux de formation
la relocalisation : une perspective réaliste
par Philippe Pointereau
Vers une alimentation locale et bio
le scénario Afterres 2050
Produire et s’approvisionner localement
Reconnecter le citoyen aux producteurs et à l’environnement
cas pratique Philippe Desbrosses et la ferme Saint-Marthe : essaimer les savoirs-faire agroécologiques
Comment transformer les filières agro-alimentaires ?
grandes directions :
– relocaliser la production alimentaire pour assurer à chaque territoire son autonomie
– viser une production moitié bio moitié intégrée pour 2050
– réduire l’élevage de 60% et aller vers des élevages de qualité moins gourmands en ressources et moins émetteurs de CO2
Quelques mesures qui vont dans ce sens
– place prépondérante à l’agrobiologie dans les cursus de formation des jeunes agronomes et agriculteurs. Créer des fermes écoles dispensant un enseignement sous forme de compagnonnage.
-réduire la surface minimale d’installation pour développer les petites unités
-assouplir les normes sanitaires pour les productions locales
-protéger les PME qui assurent la transformation alimentaire sur chaque territoire : ( séchoirs de graines, meuneries, huileries, abattoirs, fromageries conserveries, cidreries etc…)
– encourager les réseaux de distribution locaux : (marchés, magasins fermiers, AMAP, commerces de proximité)
– augmenter les subventions à l’agriculture bio et intégrée
– conditionner les aides à un effort de protection de l’environnement
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Energie : Vivre aussi bien en consommant moitié moins
par Thierry Salomon
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Mieux construire ensemble réduit notre impact écologique
par Dominique Gauzin-Müller
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Les monnaies complémentaires redonnent du sens à nos échanges
par Bernard Lietaer
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Vers la symbiose industrielle
par Gunter Pauli
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Vers une entreprise sociale et solidaire
par Jean-Marc Borello
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Pour un retour à l’emploi : Accompagnement et temps choisi
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Vers une communication responsable et multilatérale
par Laurent Terrisse
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Vers une justice indépendante au service des citoyens
par Dominique Rousseau
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Vers une recherche scientifique au service de l’intérêt général
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rapprocher les médecines conventionnelles et alternatives
par Thierry Janssen
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Pour une gouvernance écologique des organisations
par isabelle Desplats
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Pour une pédagogie coopérative à l’école
par Isabelle Peloux
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Incarner les utoppies
postface de Pierre Rabhi
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