L’« intelligence végétale » pour repenser radicalement notre (rapport au) monde ?

Sciences Critiques et le Festival du livre et de la presse d’écologie (Felipé) ont le plaisir de vous inviter à une conférence-débat sur l’« intelligence » des plantes, intitulée : L’« intelligence végétale » pour repenser radicalement notre (rapport au) monde ?, le dimanche 24 novembre, à Paris, de 15h15 à 16h30.

Les thèmes de la « vie secrète » et de l’« intelligence » des plantes font florès au sein de la recherche scientifique et du grand public, comme en témoignent les récents succès en librairie de livres comme ceux de l’ingénieur forestier allemand Peter Wohlleben, La vie secrète des arbres (Les Arènes, 2017), du biologiste italien Stefano Mancuso, L’intelligence des plantes (Albin Michel, 2013), ou encore de l’écologue français Jacques Tassin, Penser comme un arbre (Odile Jacob, 2018). Pourtant, la thèse de l’« intelligence végétale » reste encore très controversée au sein même de la communauté scientifique.

Les citadins regardent les arbres comme des « robots biologiques » conçus pour produire de l’oxygène et du bois. Forestier, Peter Wohlleben a ravi ses lecteurs avec des informations attestées par les biologistes depuis des années, notamment le fait que les arbres sont des êtres sociaux. Ils peuvent compter, apprendre et mémoriser, se comporter en infirmiers pour les voisins malades. Ils avertissent d’un danger en envoyant des signaux à travers un réseau de champignons appelé ironiquement « Bois Wide Web ». La critique allemande a salué unanimement ce tour de force littéraire et la manière dont l’ouvrage éveille chez les lecteurs une curiosité enfantine pour les rouages secrets de la nature.

Les plantes sont-elles intelligentes ?
Oui, et bien plus que nous ne pourrions l’imaginer, nous répond Stefano Mancuso. Savant de renommée mondiale, fondateur de la neurobiologie végétale, il est le premier à avoir démontré que, comme tous les êtres vivants, les plantes discernent formes et couleurs, mémorisent des données, communiquent. Elles ont une personnalité et développent une forme de vie sociale basée sur l’entraide et l’échange.

Véritable manifeste écologique, ce livre pionnier, qui a bénéficié d’une reconnaissance internationale, nous plonge dans un incroyable voyage au coeur du monde végétal. Un monde qui, en formant plus de 99 % de la biomasse, s’avère aujourd’hui indispensable pour l’humanité. Car si les plantes peuvent très bien vivre sans nous, nous ne survivrions pas longtemps sans elles !

À l’heure où l’on recherche d’autres modes de vie, où les ressources naturelles s’épuisent, nous avons tout à apprendre du monde végétal dont dépendent la survie et l’avenir de l’homme.

Depuis quelques années, dans le sillage d’importantes découvertes scientifiques liées à la communication végétale, une tendance de fond nous incite à prendre l’arbre pour modèle, voire à pénétrer les arcanes de sa « vie secrète ». Mais, au-delà des métaphores et des analogies faciles, que peut-on vraiment espérer de ce nouveau rapprochement avec l’arbre ? Une source d’inspiration, un modèle écologique, la clé d’un nouveau bien-être fait d’ouverture et de partage ? Un écologue passionné nous livre ses réponses empreintes de science, de sagesse et d’un infini respect pour l’arbre :
« L’arbre semble vouloir s’adresser aux grands primates irrévérencieux que nous sommes devenus. Des primates aujourd’hui perdus au bord du chemin pour avoir sottement oublié qu’ils vivaient sur la planète des arbres. » J. T.

Les végétaux, qui forment plus de 99 % de la biomasse de la Terre – et desquels dépendent les femmes et les hommes pour leur survie –, sont-ils vraiment « intelligents » ? Que recouvre exactement ce qualificatif pour les chercheurs et les philosophes ? Si les plantes (arbres, fleurs, légumes, algues…) sont capables de communiquer, de discerner formes et couleurs, d’apprendre, de se souvenir, de ressentir, de penser, de développer une forme de vie sociale basée sur l’entraide et l’échange, etc., ont-elles pour autant ce qu’on appelle chez les êtres humains une « conscience » ? Ou certains scientifiques pécheraient-ils plutôt par excès d’anthropocentrisme et de zoomorphisme ? Les débats, épineux, entre spécialistes se poursuivent…
Et si, après la science, les plantes étaient reconnues, par le droit, comme des « êtres sensibles » – à l’instar des animaux –, le règne végétal pourrait-il alors basculer d’objet scientifique à sujet politique ? Autrement dit, les végétaux représentent-ils plus que jamais aujourd’hui, à la faveur de la (re)découverte de leurs impressionnantes facultés, des sources d’inspiration ? Plus encore, comment tisser des liens avec ces « autres qu’humains », à l’heure où les dérèglements climatiques et l’effondrement de la biodiversité nous enjoignent à revoir radicalement nos modes de vie ?
> Avec :
 François Bouteau, biologiste, maître de conférences à l’Université Paris 7-Denis Diderot.
– Quentin Hiernaux, philosophe, chercheur au Fonds National Belge de la Recherche Scientifique (FNRS), coordinateur de l’ouvrage Philosophie du végétal (Éditions Vrin, 2018).

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