INVS (Institut national de veille sanitaire)
Etablissement public, placé sous la tutelle du ministère chargé de la Santé, l’Institut de veille sanitaire (InVS) réunit les missions de surveillance, de vigilance et d’alerte dans tous les domaines de la santé publique.
Créé par la loi du 1er juillet 1998 relative au renforcement de la veille sanitaire et au contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à l’homme, l’InVS a vu ses missions complétées et renforcées par la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, afin de répondre aux nouveaux défis révélés par les crises sanitaires récentes et les risques émergents.
La biosurveillance humaine permet de surveiller la présence, dans l’organisme, des substances chimiques de notre environnement ou de leurs produits de dégradation. La biosurveillance peut aussi consister à surveiller certains effets précoces des substances chimiques sur l’organisme. Les dosages peuvent être faits dans le sang, l’urine les cheveux, le lait maternel… Les substances ainsi dosées sont appelées “biomarqueurs”.
Lors de la préparation du Plan d’action européen en faveur de l’environnement et de la santé, la biosurveillance a été définie comme « la surveillance de l’homme, en utilisant des indicateurs biologiques, dénommés “biomarqueurs”, révélateurs d’expositions environnementales, de maladies et/ou de troubles ou d’une prédisposition génétique, et l’étude des liens éventuels existant entre eux». Le terme « biomarqueurs » comprend des biomarqueurs d’exposition, d’effet et de susceptibilité1. Ainsi, un biomarqueur peut être défini comme une substance chimique ou les produits qui en découlent présents dans le corps humain (biomarqueur d’exposition). On parle habituellement d’imprégnation pour décrire les concentrations d’un biomarqueur dans l’organisme. Un biomarqueur peut être aussi le signe d’une réponse biologique vis-à-vis de cette substance (biomarqueur d’effet).
La biosurveillance est donc un outil important qui permet d’évaluer le degré d’exposition aux substances chimiques présentes dans l’environnement. Elle intègre les parts respectives de tous les modes d’exposition, de toutes les sources, quelles que soient les voies d’entrée des substances dans le corps humain, quels que soient le lieu d’exposition, l’activité ou la nature des produits consommés. Elle améliore ainsi les connaissances sur les expositions grâce à une mesure directe de l’exposition totale chez l’homme aux polluants de l’environnement. Elle prend également en compte les différences physiologiques selon les individus (respiration, métabolisme…) ainsi que les facteurs associés au comportement et aux activités de chacun (micro-environnements, hygiène, usage de produits de consommation). Cet outil fournit des connaissances nécessaires pour mieux évaluer et gérer les risques pour la santé posés par les substances chimiques.
Etude nationale multipolluants
volet environnemental de l’ENNS – étude nationale nutrition santé-
Pour la première fois en France, les concentrations biologiques de plusieurs polluants de l’environnement ont été mesurées sur un échantillon représentatif de la population.
L’exposition de la population française à divers polluants de l’environnement a été estimée par la mesure de 42 biomarqueurs d’exposition. Ils correspondent à des contaminants chimiques de l’alimentation et de l’environnement retenus en fonction de leur intérêt en santé publique : 11 métaux, 6 PCB et trois familles chimiques de pesticides (organochlorés, organophosphorés et pyréthronoïdes). Ces substances chimiques ou leurs métabolites ont été dosés dans des prélèvements de sang, d’urine, ou de cheveux recueillis auprès d’un échantillon de la population dans le cadre de l’Etude nationale nutrition santé (ENNS).
L’étude nationale nutrition santé (ENNS) réalisée par l’InVS en 2006-2007 a permis de répondre à des objectifs de surveillance nutritionnelle et de surveillance des expositions environnementales. Son approche est assez innovante en France, puisqu’elle repose sur un recueil de données individuelles, couplant des questionnaires, des prélèvements biologiques pour le dosage de biomarqueurs et un examen clinique auprès d’un échantillon représentatif de la population française (tableau 1).
Elle a pour objectif d’évaluer les apports alimentaires, l’état nutritionnel, l’exposition à divers contaminants chimiques, notamment d’origine alimentaire et certains effets sanitaires. Elle intègre donc des données de biosurveillance, de nutrition et de santé. Parmi les différents polluants susceptibles de contaminer l’alimentation et l’environnement humains, plusieurs substances ont été retenues pour leur intérêt en santé publique : les métaux (plomb, arsenic, mercure, cadmium, antimoine, chrome, cobalt, étain, nickel, uranium, vanadium, tableau 2), les pesticides (trois familles chimiques, tableau 3) et les PCB (tableau 4). En effet, ces substances peuvent être responsables, entre autres, de troubles neurologiques, rénaux, de la reproduction, et de l’apparition de certains cancers.
Cette étude apporte les premières valeurs de références de l’exposition de la population française à ces substances et constitue une étape clé de leur surveillance, notamment en identifiant certains déterminants de ces expositions et des groupes de population particulièrement exposés. Elle comporte également la constitution d’une biothèque destinée à explorer les imprégnations à des polluants émergents. Une synthèse est disponible en français et en anglais ainsi que le tome 1 sur la biosurveillance des métaux.
projet ESTEBAN
La biosurveillance1, la surveillance des maladies chroniques et la surveillance nutritionnelle impliquent la réalisation, à intervalles réguliers, d’enquêtes en population générale combinant un volet enquête par questionnaires, un recueil de données cliniques, des dosages biologiques et la constitution d’une banque de prélèvements biologiques. Les travaux préparatoires à la construction de la stratégie nationale de biosurveillance qu’a menés l’InVS en 2009 et 2010 ont montré qu’il y avait des avantages à la fois scientifiques, financiers et logistiques à aborder ces trois thématiques dans une même enquête en population générale. Cette logique avait déjà été appliquée lors de la réalisation par l’InVS en 2006-2007 de l’Etude nationale nutrition santé (ENNS) réalisée dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS) et qui incluait un volet clinique et biologique optionnel.
La stratégie nationale de biosurveillance a été mise en place dans le cadre du Plan national santé environnement – PNSE-2 – (issu du Grenelle de l’environnement). Le volet de biosurveillance de cette nouvelle enquête, appelée Esteban, permettra la description et le suivi (par répétition des enquêtes selon un pas de 5 à 7 ans) des niveaux d’imprégnation de la population résidant en France, sur une centaine de substances, retenues au regard de leurs impacts présumés et/ou observés sur la santé.
1La biosurveillance permet de surveiller la présence et les effets sur l’organisme des substances chimiques, notamment des polluants environnementaux. En pratique, il s’agit de mesurer dans les liquides et les tissus biologiques (sang, urine, cheveux, salive, lait maternel) des “biomarqueurs” qui peuvent être le signe d’une exposition à des substances toxiques pour la santé humaine ou de leurs effets sur le corps humain.
projet ELFE (étude longitudinale française depuis l’enfance)
Le projet ELFE (étude longitudinale française depuis l’Enfance) est une cohorte nationale représentative des enfants nés en France métropolitaine en 2011. Elle enrôle 1/40e des naissances françaises de l’année, soit 20 000 enfants qui seront suivis de la naissance à l’âge adulte dans une approche pluridisciplinaire.
L’objectif de cette cohorte est d’étudier les interactions complexes entre différents facteurs environnementaux au sens large (alimentation, lieu d’habitation, vie familiale et sociale…) et le développement de l’enfant. Une attention particulière est portée sur l’exposition des femmes enceintes, du fœtus et des jeunes enfants aux polluants reprotoxiques et neurotoxiques de l’environnement : décrire les niveaux d’imprégnation et analyser les déterminants de ces imprégnations.
Ainsi, les 20 000 bébés – nés pendant 4 périodes prédéfinies de 6 jours en 2011 – sont recrutés de façon aléatoire dans les 2/3 (n = 344) unités de maternités publiques et privées en France continentale. Les naissances avant 33 semaines et les naissances multiples de plus de 2 enfants ne seront pas retenues pour l’étude.
Une collection biologique a lieu à la maternité pour 7 000 couples mère-enfant (sang veineux maternel, sang de cordon, urine, cheveux de la mère, colostrum et méconium). Un sous-échantillon aléatoire de 600 à 2 000 couples mère-enfant (en fonction du composé) seront analysés à des fins de biosurveillance. Les autres données collectées comprennent les dossiers médicaux (données obstétricales), des questionnaires (conditions de vie, sociales et démographiques, caractéristiques du logement, croissance et développement de l’enfant, alimentation et santé), ainsi que des mesures d’environnement, comme des pièges à poussière au domicile. (Vandentorren et al., 2009).