En ces temps où chamanisme, néo-chamanisme et ayahuasca sont des sujets de plus en plus abordés, le docteur Jacques Mabit, formé à la médecine occidentale et aussi initié à la médecine traditionnelle amazonienne (et qui a été confronté à de multiples chamanes depuis 1992), nous livre un texte saississant : « La déferlante chamanique« . Et dans lequel il débute par ces mots: « Dans le petit havre de Haute-Amazonie où je réside depuis presque vingt ans, je vois déferler une vague croissante d’Occidentaux avides d’aborder les pratiques des médecines traditionnelles amazoniennes. Ayant moi-même été un des initiateurs de ce mouvement, je ne peux m’empêcher d’hésiter entre la satisfaction et l’épouvante face à cet engouement pour ce qu’il est convenu de placer maintenant sous le vocable de « chamanisme », inadéquat sur le plan anthropologique (…)«
docteur Jacques Mabit : Il est médecin -chamane initialement formé en médecine classique spécialisée occidentale. Il est venu au Pérou dans le cadre de la coopération où il a eu l’occasion de travailler et compléter son approche par la connaissance de la médecine traditionnelle dès 1986. Elle consiste entre autre à prendre des plantes pour modifier ses états de conscience.
Il a ensuite créé en 1990 à Tarapato au Pérou le Centre Takiwasi -« Takiwasi ou « La Maison qui chante » en langue quechua -.
Dans la médecine indienne le corps est à la fois physique, énergétique et spirituel et pour passer d’un niveau à l’autre il convient de réaliser un rituel très rigoureux qui nécessite de connaître les lois symboliques.
Le Centre Takiwasi était initialement réservé au traitement des personnes sous influences des drogues. Compte-tenu de son développement il s’est ouvert sous forme de stages de quelques semaines à des personnes intéressées par ses approches.
Les plantes et particulièrement l’ayahuasca sont au centre de cette médecine. On distingue en fait 4 grandes catégories de plantes :
- les plantes de purification et nettoyage ( purgation) qui font vomir, suer etc…
- les plantes psycho-actives et visionnaires qui permettent de descendre dans la psychée
- les plantes de diète maîtresses : chaque plante a des effets spécifiques qui permettent par exemple des travailler sur les peurs, les enracinements etc…
- enfin, il y a des plantes de contention qui sont à prendre au jour le jour et à petite dose.
Les plantes ont aussi comme nous trois corps : physique, énergétique et spirituel ( pour ce dernier aspect l’esprit de la plante, comme celui des animaux est collectif : il s’agit de l’esprit de tel type de plante ou animal).
L’ayahuasca fascine le monde occidental car elle lui permet d’accéder à des mondes imagés de ce fait très liés à sa culture de l’image.
Dans les années 60 Timothy Leary écrivain et neuropsychologue introduit l’usage des drogues aux USA notamment du LSD. Mais cet usage emprunté à la médecine indienne se réduit à son aspect moléculaire et consumériste donc très éloigné de la pratique initiale.
50 ans après, l’engouement actuel pour le chamanisme présente moins de danger physique mais sans doute plus au plan spirituel. Cette chirurgie de la conscience peut créer des distorsions du domaine spirituel et entraîner des risques de phénomènes d’aliénation, de terreur. Il y a des dangers d’introductions d’entités maléfiques à travers la porte qu’ouvre l’usage de l’ayahuasca en dehors d’un encadrement par un chamane compétent qui joue le rôle sacerdotal de reliance avec le monde des esprits.
Pour conclure, l’ouverture de la conscience peut se faire par d’autres voies spirituelles que celle de l’ayahuasca.
pour aller plus loin : page sur le chamanisme