Le transhumanisme en chair et en os

Le Temps.ch

 

Le journaliste Mark O’Connell sonde la fascination des mortels pour l’éternité radieuse promise par les nouvelles technologies. Son reportage en immersion auprès d’apprentis sorciers 4.0. vaut mille analyses sur le sujet

Mark O’Connell est un ancien professeur de littérature anglaise irlandais reconverti dans le journalisme.

«S’il te plaît, Google, résous le problème de la mort»: c’est munis de cette pancarte que des convertis au transhumanisme ont manifesté devant le siège de Google, peu après que cette entreprise eut investi, en 2014, des centaines de millions de dollars dans le groupe Calico, spécialisé dans les biotechnologies.

Ce fut la première action de rue transhumaniste sur sol américain. Le slogan des manifestants résumait bien le cœur de leur doctrine: nous délivrer de la mort par le moyen des nouvelles technologies, raison pour laquelle la Silicon Valley est le berceau naturel de ce nouveau credo…

Deux portraits retiennent particulièrement l’attention, où le pittoresque le dispute au pathétique. D’abord, celui de Max More (un pseudonyme qui est identiquement un programme; sa femme s’appelle Vita-More, plus de vie), connu de tous les transhumanistes pour avoir rédigé en 1999 une Lettre à Mère Nature qui est devenue un véritable manifeste du mouvement.

Ce philosophe de formation est aujourd’hui reconverti dans une entreprise de cryonie (congélation) qui conserve les cadavres pour 200 000 dollars et les «céphalons» (entendez: les têtes découpées du corps) pour 80 000 dollars. »«Et voilà aujourd’hui où cet homme brillant en était: il passait ses journées dans un petit bureau de la banlieue de Phoenix… »

Désormais, le problème de ce théoricien du transhumanisme est d’élargir la base de sa clientèle. Sa femme partage son rêve: troquer son enveloppe actuelle «pour une multitude de corps physiques et virtuels»…

 

 

 

 

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Changement de décor avec l’inénarrable István Zoltán, candidat à la dernière élection présidentielle américaine ayant traversé les Etats-Unis d’ouest en est à bord de son «bus de l’immortalité», un vaste camping-car customisé en cercueil géant.

Au fil des pages, O’Connell suggère que ce nouvel espoir relève d’un instinct fondamentalement religieux. La thèse mérite en effet discussion. Mais on l’a compris, ce livre n’est pas un livre théorique; c’est plutôt un reportage en immersion. Il nous en apprend pourtant beaucoup plus que nombre d’essais philosophiques sur la question.

pour un approfondissement cf la présentation de Laurent Ottavi dans Limite

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