Les abus sexuels dans le yoga : dénoncez-les

Animateur du site et blog « le Temple des Consciences » je suis également pratiquant en yoga depuis une vingtaine d’années. C’est à ce titre, profitant de l’élan féminin actuel pour dénoncer les agressions sexuelles que je publie aujourd’hui cet article. Il a pour but d’ inviter les victimes de certains agissements à dénoncer ces abus mais aussi informer toutes celles et ceux qui se lancent dans cette pratique. 

Le large partage de cette information dans les milieux du yoga permettra de lutter contre ces pratiques déviantes et permettra de poursuivre cette activité épanouissante hors de tous excès physiques.

Des femmes manifestent lors de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2018 à Paris.

 

Dans une tribune publiée sur franceinfo le 8 octobre, 600 femmes appellent à une grande marche contre les violences sexistes et sexuelles le 24 novembre prochain. C’est l’occasion de dénoncer, par cette reprise partielle d’un article de 2015, les comportements de certains Guru  du monde du yoga qui bénéficient de la loi du silence.

(à partir d’un article  d’Arnaud pour le magazine YOGANOVA  paru le 1/2/2015)

Il dénonce des loups déguisés en saints

et

Les abus sexuels dans le yoga et pourquoi personne n’en parle…

 

Pour lire tout l’article :

http://www.yoganova.fr/des-loups-deguises-en-saint-les-abus-sexuels-dans-le-yoga-et-pourquoi-personne-nen-parle/#comments

 

Si on entend énormément de voix s’élever, à raison, contre les divers scandales sexuels et pédophiles qui ont touché le cœur de l’Eglise Catholique ces dernières années, il en est malheureusement autrement quand d’influentes figures du Yoga sont touchés par les mêmes accusations.

Face aux questions soulevées par les rumeurs du comportement inadéquat d’un « maître », la réponse sera souvent un silence gêné, voir une mimique pleine de reproches. Pourquoi parler de tout cela ?
On vous rappellera peut-être ses mots du grand (et irréprochable) Swami Sivananda :

« Vous ne devez jamais regarder les défauts du Gourou, vous devez au contraire le diviniser. Le gourou est Dieu ! »

oubliant peut-être de mentionner  ses conseils sur les qualités à rechercher chez un Guide authentique :

« Il fera disparaître vos doutes, il doit être libre de l’avidité, de la colère et du désir. Si il est plein d’amour, détaché de lui même et sans ego, vous pouvez le choisir comme votre guide »

Qu’est-ce qui fait que certains agissements particulièrement intolérables de « guides spirituels » bien connus ne fasse pas plus de bruit ? Comment des personnages qui salissent les enseignements peuvent rester en place sans créer trop de polémique ?

Par cet article, nous ne cherchons pas  la petite bête, nous ne voulons pas instaurer une « police dharmique de la braguette » ni  appliquer une grille de lecture « spirituellement correcte » sur une une quête de Soi qui peut, à certains moments, prendre des formes étranges et paradoxales. Certains maîtres véritables peuvent utiliser de temps à autres des méthodes atypiques et bien peu orthodoxes pour « réveiller » et « secouer » l’aspirant…Nous le reconnaissons.

Néanmoins, la gravité de certains faits ne cesse d’alarmer et l’aveuglement général semble parfois prendre des dimensions abyssales. On ne compte plus le nombre de chercheurs sincères dont la vie a été brisée par des psychopathes déguisés en saints, avec l’approbation silencieuse du reste de leur communauté. Il est temps d’en parler…

Swami Satyananda Saraswati pronait l’abstinence et la chasteté…pour les autres.

Ses révélations concernent le « gourou » indien Swami Satyananda Saraswati célèbre pour être le fondateur de l’école internationale de Yoga du Bihar et l’auteur de nombreux (et souvent excellents) ouvrages sur les techniques yogiques et tantriques de méditation.

Mort il y a quelques années, le Swami prônait l’abstinence, la chasteté et l’austérité alors que sa vie intime semble bien trouble.
Bhakti Manning, une ancienne disciple a récemment expliqué devant une commission d’enquête de la justice australienne comment elle aurait été « abusée sexuellement par le Swami devant des étrangers alors qu’elle n’avait que 16 ans durant un voyage en Inde« , elle souligne « avoir  précédemment  subi le même traitement de la part de Swami Akhandananda Saraswati« , un disciple de Satyananda et responsable à l’époque de l’ashram de Mangrove Moutain en Australie.

D’autres témoignages viennent corroborer ses dires et accusent les dirigeants de l’ashram de  Mangrove Moutain de nombreux abus physiques et sexuels durant les années 70 et 80.

« Dracula » Akhandananda en couverture de son ouvrage sur le Tantra dans la vie quotidienne. On se demande quel sorte de Tantra il pratiquait.

La plupart des faits  seraient l’oeuvre de ce Swami Akhandananda Saraswati, véritable pédophile grimé en promoteur de paix et  leader de l’ashram de Mangrove Moutain.

(voir ici et en réponse à l’article, une lettre ouverte d’un membre de la communauté Satyananda France)

 

Akhandananda fut d’ailleurs condamné à deux ans de prison en 1989 pour abus sexuels sur une jeune fille de 15 ans mais la sentence fut annulée pour vice de forme en 1991. Il mourut en 1997 d’un coma éthylique.

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Swami Kriyananda le fondateur d’origine roumaine d’une communauté spirituelle bien connue et disciple du  fameux Paramahansa Yogananda (auteur de « auto-biographie d’un yogi ») reconnaîtra lui aussi en 1994 avoir eu des relations sexuelles avec plusieurs de ses étudiantes. Il aura fallu un long procès et la déposition de sept de ses anciennes disciples. Il restera pourtant à la tête de  l’Ananda Sangha Worldwide jusqu’à sa mort. (cf ici un autre témoignage sur Kriyananda)

Amrit desai dans sa jeunesse

Cette même année, Amrit Desai, le très photogénique fondateur de l’école de yoga Kripalu sera condamné à payer 2,5 millions de dollars à d’anciennes disciples qui l’accusaient d’abus sexuels. En revanche on doit admettre que Amrit Desai a reconnu les faits, effectué son auto-critique et s’est sincèrement excusé auprès de ceux et celles qu’il avait blessé avant de confier la gestion du mouvement à un groupe d’étudiants.

Swami Muktananda le charismatique leader du Siddha Yoga  et Swami Satchindananda d’Intégral Yoga (qui connu une renommé internationale après son passage au festival de Woodstock en 1969) furent aussi accusés d’abus sexuels dans le milieux des années 90. En 1991 ce dernier dû faire face à des protestataires en colère devant l’amphithéâtre où se tenait sa  conférence aux cris de « Arrêtez les abus » et « arrêtez de couvrir les scandales ».
Les choses iront encore plus loin pour Muktananda puisque nombres d’anciens disciples témoignèrent des mauvais traitements subis sous son autorité et de trafic d’armes et d’argent au sein de la communauté.

cf ici un autre récit d’abus sexuels de maîtres du yoga 

Dans les années 60-70, le culte de la personnalité associé à une naïveté béate de la part de nombreux occidentaux ont bien souvent facilité la tache des experts en manipulation qui se cachaient sous des robes de Swami.
Mais ne nous y trompons pas, les abus continuent aujourd’hui et concernent des personnalités bien connus du yoga moderne.

Choudhury Bikra ici dans son costume de travail.

Par exemple, Choudhury Bikra, qui par le biais de sa très lucrative école de yoga Bikram posséderait plus de 650 studios à travers le monde. En plus d’avoir essayé (sans succès) de breveter une série d’asanas , il est lui aussi pris dans de nombreux scandales. Il est notamment accusé du viol de deux étudiantes pendant des « training camps » en 2010 et 2011. Nous ne prononcerons pas sur son cas et nous respecterons la présomption d’innocence jusqu’à ce que le jugement soit rendu.

John Friend « l’entrepreneur en yoga »du temps de sa splendeur

John Friend, le charismatique et médiatique  fondateur de Anusara Yoga, était encore il y a peu le héros d’une yoga « success story » typiquement américaine avant de s’effondrer complètement sous les nombreuses accusations d’inconduite sexuelle, de manipulations financières et de consommation de stupéfiants. Aujourd’hui, il ne reste plus grand chose de Anusara yoga et John Friend a été largement abandonné par ses anciens compagnons. Dire que le petit monde du yoga bruissait de commentaires élogieux sur ce mouvement il y a encore quelques temps ! Ah, l’impermanence des choses…

Swami Shankarananda

Une autre polémique a  éclaté en Australie autour des agissements douteux de Swami Shankarananda fondateur et maître spirituel de la Shiva School of Meditation and Yoga, de grande renommé en Australie. Il aurait eu des aventures avec des dizaines de ses étudiantes dans le plus grand secret. Prit la main dans le pot de confiture, le « gourou » qui apparaît dans nombre de documentaires sur le yoga s’est justifié par un communiqué où même s’il reconnait que « son comportement était inapproprié et qu’il promet plus de transparence dans ses actions et dans son enseignement« , il souligne « qu’il est bien connu que notre tradition est tantrique et inclut le culte discipliné de la grande déesse et jusqu’ici j’avais gardé mes activités secrètes comme le recommande les anciennes écritures« .  Le bonhomme est rusé et nous sors un joker de dessous sa robe orange de Swami: le Tantra. Nous on veut bien mais en attendant, sa communauté est sous le choc et de nombreux adeptes l’ont déjà quitté. Bien essayé mais dommage…

cf ici un article à ce sujet

cf là, un article sur le Tantra, la sexualité et l’extase

 

Pour terminer j’ajouterai une vidéo, sans commentaire, de la pratique du yoga par le grand maître indien K. Pattabhi Jois qui a popularisé la pratique de l’ashtanga yoga aux Etats-Unis :

 

la dénonciation des comportements de Joice dans ses « ajustements » et les accusations d’agressions sexuelles le concernant Wikipédia -critiques

The Economist a publié une notice nécrologique qui mettait en cause l’adhésion de Jois au principe yoguique du brahmacharya ou de la continence sexuelle et a accusé ses élèves de sexe féminin de recevoir des « ajustements » différents de ceux de ses élèves de sexe masculin. [42] Dans un article de magazine, CounterPunch a indiqué que Jois était un « agresseur sexuel d’étudiants signalé ». [50] Des accusations d’atteintes inappropriées de femmes par Jois pendant des cours de yoga ont également fait surface sur YogaDork [51] [52]dans Elephant Journal , [53] [54] et dans un article publié sur YogaCity NYC., où une étudiante a raconté qu’elle avait été pelotée par Jois lors d’un cours à New York. [55]

La même notice nécrologique mettait en doute l’adhésion de Jois au principe yogique de l’ ahimsa ou de la non-violence et soulignait qu ’« un bon nombre d’étudiants de M. Jois semblaient constamment boiter avec des genoux ou des dos blessés parce qu’ils avaient reçu ses «ajustements», Lotus, le split ou un backbend.  » [42] Les ajustements de Jois ont été qualifiés de « accablants, produisant une peur et un inconfort extrêmes chez les étudiants lorsqu’ils sont poussés au-delà de leur zone de confort physique et psychologique dans des asanas souvent difficiles, voire dangereux ». [56]Il est peu probable que les étudiants aient enduré de tels ajustements sans foi et confiance dans les enseignants et la méthode. Cette relation entre enseignant et élève est la façon dont Jois a enseigné le Parampara, la transmission du savoir entre professeur et élève. [34] Pattabhi Jois ne s’est pas appelé un gourou, mais est considéré comme le maître gourou ou le professeur de l’Ashtanga Yoga. [34]

Le 25 avril 2018, le magazine Walrus a publié un article intitulé « La culture des abus sexuels perpétrée par le yoga: neuf femmes racontent leurs histoires ». [57] L’article présente les témoignages à la première personne de neuf femmes qui prétendent avoir été agressées sexuellement par Pattabhi Jois. Les incidents datent de 1992 à 2002. L’une des femmes citées dans cet article, Karen Rain, était autrefois connue sous le nom de Karen Haberman. Elle a étudié avec Jois à Mysuru pendant un total de deux ans entre 1994 et 1998. Elle a archivé ses écrits sur Jois sur son blog. [58] Dans une interview, elle décrit les défis liés à la présentation de son histoire. [59]En réponse aux révélations et à l’appel de Rain pour une réforme de la communauté Ashtanga Yoga, plusieurs professeurs d’Ashtanga autorisés par la famille Jois se sont engagés à des actions réparatrices. [60] [61]

lire ici à propos des pratiques de Jois le témoignage d’une praticienne et professeure de yoga établie à Toronto : « depuis longtemps, j’ai entendu parler du comportement présumé de Jois il y a plusieurs années. Au cours d’une enquête de deux ans, j’ai interviewé neuf femmes d’Amérique du Nord »

 

 

 

 

 

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