Les nouveaux chiens de garde

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Le film documentaire « Les nouveaux chiens de garde » ne plaît pas aux toutous des médias

Marre de toujours voir les mêmes tronches dans votre télé ? Marre de toujours lire les mêmes plumes ? Ce doc vous explique enfin pourquoi la presse va si mal.

Arlette Chabot, Laurence Ferrari, David Pujadas, Alain Duhamel, Jean-Pierre Pernaut, Christine Ockrent, Franz-Olivier Giesbert, Laurent Joffrin, Alain Minc, Bernard-Henri Lévy, Christophe Barbier, Michel Field… Toujours les mêmes, toujours là, à squatter nos postes de télévisions, nos journaux et nos radios. Ils nous bassinent depuis plus de vingt ans que la crise va se résorber d’elle même, qu’elle n’existe pas et que ce n’est qu’une question d’équilibre des marchés. Ce sont encore ces mêmes zombis qui appuient tel ou tel candidat aux élections, tel ou tel politique dans sa course suprême. « Ils » ce sont les journalistes, éditorialistes et pseudos-experts, sans aucune morale, sans aucune indépendance et sans aucune objectivité. Ces « nouveaux » chiens de garde sont tels des Pasdaran, les « gardiens de la révolution médiatico-numérique » qui n’est qu’un vaste jeu de chaises musicales où les uns et les autres se refilent des postes de présentateurs, directeurs de la rédaction ou de rédacteurs en chef. Ils sont les garants d’une continuité absurde imposée par les propriétaires des « grands » médias, les patrons amis eux-mêmes des politiques, qu’ils soient aux affaires ou dans l’opposition.

Copinages

Si l’on voit Arlette Chabot claquer les bises à droite et à gauche on rit jaune quand on entend un fin analyste résumer en une phrase ce petit monde médiatico-politique: « C’est un peu comme si dans une famille certains avaient décidé de faire politique d’autre faire économie et le troisième journalisme, c’est un seul et même monde, c’est un monde unique ». De quoi faire froid dans le dos tant la réalité dépasse la fiction. Pour ce film documentaire, les deux réalisateurs sont allé exhumer des séquences qui se passent de commentaires, à l’exemple d’Arnaud Lagardère dans l’émission de Michel Drucker « Vivement Dimanche » où ce dernier invite un Jean-Pierre Elkabbach chantant les louanges de son jeune patron, fils de Lagardère. Nous vous laissons découvrir qui fait quoi dans ce trio (l’un embauche l’autre qui rembauche l’autre, puis le boss fait entrer à la radio Drucker, radio dont le patron était Elkabbach et dont le proprio était Lagardère, fils du papa ami intime des deux animateurs), pas facile à suivre ? Ces trois là s’invitent à la téloche tels de vieux potes pour faire sautiller et trémousser la ménagère de 50 ans. Si ce n’était que ces trois…

Don d’ubiquité

Combien de fois ne vous êtes vous pas demandé « mais comment il fait ce Minc pour être toujours dans ma télé ? » En effet, comment il fait pour écrire tant de livres, être sur tous les fronts en même temps ? Alain Minc, avec sa tête de jeune vieux, c’est le parfait sujet de labo qu’il faut disséquer sans anesthésie. Nos deux confrères, Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, s’en sont chargés en toute objectivité. La séquence est plus que choquante, c’est l’autopsie d’une insulte, d’une manipulation, d’un mensonge, d’une comédie :  Alors en pleine crise financière, en 2008, Alain Minc, sur le plateau de son émission « Face à Alain Minc » (sur la chaine de son pote Vincent Bolloré, Direct8) s’égosille à nous rappeler que la crise financière est passée… et que l’économie mondiale est plutôt bien gérée ! Mais la suite est plus délirante, plus lourde.

Vous avez dit indépendance ?

Constance dans l’erreur et dans l’indulgence, nos médias sont entrés en phase terminale d’un cancer dont les deux réalisateurs ont fait la radiographie. En sortant de la projection soit on réagit soit on baisse les bras en se disant qu’après tout c’est comme ça depuis des lustres et que rien ne changera. Au moins, Gilles Balbastre et Yannick Kergoat ont le mérite d’avoir réussi un pari simple mais difficile à mettre sur pied tant il y a de choses à dire, tant il faudrait plus de douze épisodes à la saison 1 des nouveaux chiens de garde. La première heure est une véritable claque à grands coups d’archives qui ne peuvent tromper, point de manipulation ou de théorie du complot: c’est un travail méticuleux et fouillé que Balbastre et Kergoat ont réalisé. Empruntant la technique aux plus grands journalistes d’investigation, ils ont remonté le temps pour mieux comprendre le mécanisme des médias d’aujourd’hui qui se proclament publiquement « contre-pouvoir ». Un film documentaire qu’il faut voir, ne serais-ce que pour se dire qu’il y a encore des gens honnêtes pour faire le job.

Si nous avons pu débattre du film avec quelques « toutous » des médias. Il ne plaît pas à certains, qui n’ont pas répondu à nos coups de fils, même sur leurs téléphones portables, c’est clair, nous sommes blacklistés à présent. Au pied ! Couché !

date de sortie 11 janvier 2012 (1h 44min)

  • Réalisé par
    Gilles Balbastre  et Yannick Kergoat

Gilles Balbastre participe à l’ouvrage de Pierre Bourdieu intitulé La misère du monde. Il réalise ensuite un reportage Le chômage a une histoire, documentaire où il cherche à montrer que la paupérisation des Français viendrait d’un projet politique et d’un renversement du rapport de force patron/employé. Il collabore par la suite au journal satirique PLPL, puis devient directeur de la publication de son successeur Le Plan B. Il collabore également au mensuel Le Monde diplomatique.

Dans le livre du sociologue Alain Accardo Journalistes au quotidien, pour une socioanalyse des pratiques journalistiques, il livre un long témoignage sur la manière dont fonctionne la rédaction d’une chaîne de télévision et comment l’information est sélectionnée et construite.
En 2006, il conçoit pour France 5 une nouvelle série de trois documentaires sur la privatisation des services publics et ses enjeux, dont un sur EDF qu’il a lui-même réalisé.
En 2008, il réalise Fortunes et infortunes des familles du Nord, un documentaire proposant les portraits croisés des membres d’une grande famille de négociants en laine de Roubaix/Tourcoing, les Dewavrin, et de leurs ouvriers, quelques années après la fermeture des usines dans la région et les délocalisations en Roumanie puis en Chine.
Il travaille à la réalisation d’un long-métrage d’après le livre de Serge Halimi, Les Nouveaux chiens de garde.

Yannick Kergoat poursuit une carrière de monteur de longs métrages. Il collabore notamment avec Rachid Bouchareb (Indigènes 2006), Costa-Gavras (Eden à L’Ouest 2008), Cédric Klapisch (Ni Pour, Ni Contre (bien Au Contraire) 2002), Dominique Moll (Harry, Un Ami Qui Vous Veut Du Bien, césar meilleur montage 2000), Mathieu Kassovitz (Assassins(s) 1997), Eric Zonca (La Vie Rêvée Des Anges 1998) … 
Il exerce, par ailleurs, une activité militante sur la question de la critique des médias en tant que co-animateur de l’Association Acrimed. 

En 2011, il réalise Les Nouveaux Chiens De Garde avec Gilles Balbastre.

 

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