Ce texte est signé par de nombreuses personnalités scientifiques ( cf ci-dessous renvoi 1)
Le désir de connaitre le monde est aujourd’hui débordé par le besoin de l’exploiter. La production des connaissances scientifiques et des innovations est largement prise en charge par des institutions à buts technologiques. La recherche, qu’elle soit dite “fondamentale” ou “appliquée”, est orientée par des choix économiques, sociaux, sanitaires ou militaires.
Le chercheur ne peut ignorer cette orientation, et la société est en droit de la juger. Fonctionnant sur un mode réductionniste, en ignorant toute autre forme de connaissance et de vérité, la science entre en conflit avec la nature, la culture et les personnes.
Ainsi, sauf à être contrôlée et maîtrisée, elle fait courir des risques graves à l’environnement, aux peuples et aux individus. Pourtant le processus de développement scientifique s’auto-accélère avec l’assentiment naïf de sociétés qui acceptent de ne rêver l’avenir que dans l’artifice technique, alors que l’identification de la production scientifique au progrès, et même au bonheur, est largement une mystification.
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Au nom de la vérité scientifique, la vie est réduite à ses aspects mesurables. La spécialisation de plus en plus étroite des chercheurs encourage leur myopie quant à leur fonction dans la société et crée des cloisons étanches entre les disciplines scientifiques.
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Nous croyons que la lucidité doit primer sur l’efficacité et la direction sur la vitesse. Nous croyons que la réflexion doit précéder le projet scientifique, plutôt que succéder à l’innovation. Nous croyons que cette réflexion est de caractère philosophique avant d’être technique et doit se mener dans la transdisciplinarité et l’ouverture à tous les citoyens.
(1)Ce texte a été signé par les personnes suivantes : Jean Arsac, informatique, univ. Paris-VI ; Michel Bounias, biochimie, univ. Avignon ; Michel Cassé, astrophysique, CEA Saclay ; Jean-Paul Deleage, physique, univ. Paris-VII ; André Gsponer, physique des hautes énergies, ISRI, Genève ; Albert Jacquard, génétique, INED Paris ; Jean-Marc Levy-Leblond, physique théorique, univ. nice ; Jean-Marc Meyer, embryologie, univ. Strasbourg ; Michel, pneumologie, univ. Montpellier ; Jacques Panijel, immunologie, CNRS-Pasteur ; Bernard Prum, statistique médicale, univ. Paris-V ; Jean-Paul Renard, embryologie, INRA-Pasteur ; Jean-Claude Salomon, cancérologie, CNRS, Villejuif ; Jean-Louis Scheidecker, astronomie, CNRS, Nice ; Jean-Paul Shapira, physique nucléaire, Orsay ; Michel Sintzoff, informatique, univ. Louvain ; Jacques Testart, biologie, INSERM, Clamart