La méditation est d’abord le « non » d’une rébellion radicale

Cet article reprend pour partie celui paru sous le titre : « Méditations insolentes » le 10 avril sur le blog intégratif   et que je vous invite à lire dans son intégralité tant il présente un visage inhabituel et pourtant si juste de la méditation et de ce que devrait être ses effets. Alain Gourhant nous indique  que la médiation est d’abord un non radical personnel face au oui.

J’étends ici ce propos au non radical qu’il doit entraîner sur le plan collectif. Au non radical et personnel doit correspondre un non radical collectif.

A mes yeux, la force de cet article c’est de poser la méditation, je dirais les conséquences de cette méditation, comme d’abord un double jeux du non et du oui dans la vie de chaque jour. Alain Gourhant cite Bouddha qui refuse la vie princière qui lui était socialement promise pour une vie d’ascèse, Lao Tseu dit non à l’empereur pour s’en aller comme un vagabond. Quant au troisième cité , Jésus, il part jeûner quarante jours dans le désert avant de revenir chasser les marchands du Temple et enseigner sa vie aux plus humbles.

Je distinguerai le parcours du troisième de celui des deux premiers. Jésus ne quitte pas définitivement la société mais  revient parmi les siens pour s’opposer aux marchands du Temple avant d’enseigner aux plus humbles : il y a là l’expression d’un non et d’un oui social et collectif. Et c’est cet engagement dans la société qui le conduira ensuite à la mort en tant que « roi des Juifs ». Même si la méditation peut permettre à certains d’atteindre le détachement suprême je pense que le travail ne doit pas s’arrêter là. En tant qu’humain il convient ensuite de revenir là où nous sommes et de faire l’expérience de l’esprit dans la matière. Car là, tout recommence : le jeu du oui et du non qui est engagement collectif, enseignement et vie et qui devient l’expression de l’effet de la conscience dans la matière. Je suggère cette courte poésie  qu’un athée ne pourra totalement apprécier et qui illustre à merveille ce double mouvement. Le Temple des Consciences pourrait inscrire au fronton de son entrée cette réponse d’Alain Gourhant à un de ses commentaires : « pour moi, il y a mille chemins et mille manières d’atteindre les hauts sommets de la transcendance spirituelle ». Alors, celui qui est athée mais qui va par l’expérience de la méditation au delà du simple mental a sa place au Temple des Consciences . Oui, il y a mille chemins et chaque marcheur parmi nous ne peut prétendre à lui seul dire « je suis le chemin, la vérité et la vie »…

Qu’est-ce que ce non  ?

C’est un non à l’avidité des désirs mais pas au désir. Ce non peut être selon moi tantôt un frein, tantôt un refus, parfois une sublimation des désirs mais ce n’est pas un non total définitif, un retrait de la vie, de tous ses plaisirs et de toutes ses souffrances. Tant qu’il y a « non » on reste dans la vie. Nous voyons que toute notre société conduit le système capitaliste  dont le seul but est le profit, à utiliser au contraire le levier de maximisation des désirs pour y parvenir. L’utilisation outrancière de la publicité est l’outil qui permet  d’accroître encore certains désirs et le besoin de consommation jusqu’à entraîner une véritable addiction.  C’est donc cette addiction au consumérisme dont nous sommes plus ou moins et de façons différentes presque tous victimes consentantes qui permet ce mode de fonctionnement qui nous entraîne économiquement, socialement et au plan environnemental dans le mur. J’ajouterai, en simple observateur, que tout un courant de la psychologie a oeuvré un temps et aussi en entreprise  pour valoriser les désirs comme outil qui redonne goût à la vie ou pour accroître ce goût. Il est vrai qu’une vision purement matérialiste de l’existence trouve là sa logique et son efficacité.

Nous sommes donc là au coeur du fonctionnement de la pensée matérialiste qui sévit et nous a conduit là où nous en sommes aujourd’hui : l’activité humaine est réduite dans cette vision à produire et consommer en maximisant ses plaisirs et en répondant et en exacerbant – même artificiellement -tous ses désirs. Je crains que ce besoin de consommation ait aussi envahi certaines sphères du monde de la psychologie et de la spiritualité. Ces produits se vendent alors il faut développer le marché, chercher les clients, les relancer pour des stages ….

Certes, la méditation entraîne – ou devrait entraîner- un non individuel . Mais j’ajouterai qu’une conscience collective qui n’est qu’une extension dans le domaine social de sa propre conscience doit aussi apparaître pour orienter différemment la société, sinon la société agit sans conscience. Elle se dirige donc alors vers le chaos. Certes on peut regarder venir ce chaos d’un air détaché…

Le Temple des Consciences défend cette vision d’un double mouvement de la  conscience : au coeur de chaque personne mais aussi au coeur de la société.  Le jeu de cette conscience s’exprime effectivement sous la forme d’un non et d’un oui à l’intérieur de chacun de nous. Ce jeu entraîne aussi un jeu collectif du non et du oui dans un système démocratique qui participe à l’influence de l’homme sur le cours de la société.

Nous sommes au bord d’un point de rupture, j’ai créé un onglet sur le site  du Temple des Consciences : un monde à construire, un monde à déconstruire pour essayer de montrer certains  expériences négatives ou positives de ces deux mondes. Il nous appartient à la fois de vivre ce jeu personnel du non et du oui et de vivre aussi ce jeu collectif en gardant la possibilité que ce jeu reste le plus ouvert possible. Nous avons connu des  régimes totalitaires. Des bruits se font entendre à nouveau de ce côté. Mais nous sommes de plus en plus soumis à un autre totalitarisme insidieux encore plus ravageur qui prend essentiellement deux visages : celui du néolibéralisme mondial et celui de la technoscience du transhumanisme tous deux destructeurs de l’Homme.

Maintenant que l’activation et la libération des désirs est à son comble, le système et ceux nombreux qui le servent par intérêt souvent et par conviction parfois, les deux pouvant s’ajouter, veulent libérer les forces de production pour rendre ainsi l’ensemble encore plus performant. N’est-il pas promis ainsi plus de croissance ? Il y a un non à opposer à la religion de la croissance et  à la religion du progrès qui sont les résultats d’un réductionnisme matérialiste. A ce non doit être opposé un oui des chemins spirituels multiples qui fait monter la terre vers le ciel et descendre le ciel vers la terre.

Dans l’activation des désirs il y a par exemple sur ce blog le rejet du projet local de Center Parcs à Poligny qui veut transformer une forêt locale en centre de loisirs pour créer des emplois. Il y a aussi, cette fois au niveau national voire européen, ces projets dangereux d’ouverture et livraison de nos espaces démocratiques aux décisions des multinationales notamment par le jeu juridique d’égal partenaires qu’elles vont avoir avec les Etats- cf le combat contre CEFA/TAFTA par exemple-Il y a aussi la défense de ceux qui dénonce la dérive des paradis fiscaux comme .

Voilà, parmi d’autres, des exemples d’un  non collectif. Ajoutons-y le non aux dérives des technosciences et certains articles déjà publiés sur le sujet ici.

Il y a en face la méditation du oui : « la méditation du Oui s’élève alors vers le Ciel comme un parfum de fleurs afin de donner au Ciel l’envie de descendre sur terre. » Alain Gourhant résume de façon poétique ce jeu d’ascension et de descente qui constitue toute notre humanité.

Le temps  est venu de lire ce regard si juste sur la méditation qui dénonce à la fois

 » les petits maîtres actuels de méditation
qui derrière leur « oui » de façade,
ne remettent jamais rien en cause
de leur monde intérieur et surtout extérieur.« 

et…

« l’ego de lumière.
se croire devenu indispensable et supérieur,
se prendre pour un maître,
le « non » est alors plus que jamais de mise,
le non d’une conscience acceptant ses limites,
prête à accueillir l’humilité, l’humus de sa condition humaine. »

 

Enfin quelques extraits  repris ci dessous de méditations insolentes

 »

La méditation c’est d’abord oser dire « non »,
non à l’humaine folie qui nous menace de toute part,
non au charivari intérieur, au tumulte des pensées et des passions,

La méditation est le pouvoir de dire « non »
un non absolu à la trivialité de la vie commune,
un « pied de nez » au fonctionnel, au rentable, à la performance, à l’efficacité, au profit, au spectacle,
toutes ses pitoyables programmations contemporaines des esprits.

La méditation c’est le courage de dire « non »,
non à cet incessant bavardage des informations devenues informes,
non à ce déluge insensé des images,
quand chacun cherche à donner en spectacle
sa misère passagère. »

Méditer c’est d’abord dire « non » pour s’arrêter, s’immobiliser,
refuser la course de cette foule tenaillée par le chaos des désirs,

La méditation, c’est oser avec détermination poser les limites d’une vie insatiable et toujours insatisfaite,
afin de se contenter de peu,
afin de se contenter du Vide. »

La méditation en ce « non » flamboyant
est totalement inutile et gratuite,
le contraire de vouloir tirer profit de ce monde.

La force de ce « non » méditatif vient de l’acuité de l’attention consciente,
capable seule de dire « non » à tous les pièges de l’ego,
exhaltés par une société au comble de la futilité :

non à l’avidité des désirs, non à l’addiction consumériste,
non à la possessivité, à la jalousie, aux plaisirs faciles,
non à l’absolutisme matérialiste et techno-scientifique,
non aux mirages du monde virtuel,
non à l’illusion du progrès.

car la méditation est un « non » individuel,
âme par âme,
au compte goutte.
pour se libérer du joug de l’humaine inconscience.

De même que la méditation n’a pas peur de dire « non »,
de même elle ne craint pas le négatif,
en visitant la part d’ombre de l’inconscience humaine
nichée au plus profond de chacun,
en son intériorité prédatrice.

Pendant longtemps la méditation du « non » s’occupe de cette négativité intérieure
cachée au plus profond de l’inconscient humain,
c’est un long travail sur soi-même, pour que la méditation apporte légèreté et fluidité
à ces blocs de mémoires pétrifiés, qui entravent la Conscience.

Les signes de ce « non » méditatif
sont donnés par tous ceux qui choisissent de vivre dans ce qui reste de la Nature,
pour une vie simple et sobre, vouée à la décroissance matérielle,
mais cultivant la croissance intérieure la plus radicale.

Le plus grave écueil de la méditation
C’est l’ego de lumière.
se croire devenu indispensable et supérieur,
se prendre pour un maître,
le « non » est alors plus que jamais de mise,
le non d’une conscience acceptant ses limites,
prête à accueillir l’humilité, l’humus de sa condition humaine.

Le Bouddha a commencé par dire « non » à la vie princière qui l’attendait,
pour s’échapper de sa prison dorée, seul dans la nuit,
et devenir un moine errant,
s’adonnant aux plus rudes ascèses.

Lao-tseu a dit « non » à la cour de l’empereur de Chine, dont il était l’illustre bibliothécaire,
pour s’en aller seul comme un vagabond,
trouver refuge et disparaître dans les montagnes les plus reculées.

Jésus a dit « non » aux rabbins rivés à leurs dogmes et leurs privilèges,
pour s’en aller jeûner quarante jours au désert,
puis revenir chasser les marchands du temple
et enseigner sa vérité aux gens les plus simples.
C’est ce « non » radical qui lui valut la crucifixion.

Quand le « non » de la méditation s’ouvre sur le grand « Oui »

Au plus profond du « non »,
la conscience méditative s’ouvre sur un « Oui » tout aussi radical,
paradoxe ultime,
intégration mystérieuse des contraires.

Oui à l’Absolu, oui au Tout, oui à tout,
oui à la Lumière de la Conscience qui illumine toute chose,
oui aux fragrances de l’Amour inconditionnel,
oui à cette Joie d’être que l’on appelle aussi Béatitude.

Mais ce Oui ne vient pas de l’intérieur de soi-même,
ce Oui vient du Ciel,

car dans l’ouverture du Vide préparé par  le « non » de la méditation,
le Oui du Ciel peut pleuvoir en fines gouttelettes de Lumière.

En ce grand Oui, tout est accueilli, tout est accepté, tout prend son sens :

même cette folie collective apparait comme un chemin
permettant la lente évolution individuelle de chacun,
même la souffrance incontournable permet l’émergence des chemins de la guérison,

Mais dans ce Oui méditatif radical,
veille aussi le « non » tout aussi radical,
ce qui donne  à cette méditation intégrative
une sorte de gravité derrière le sourire d’inconditionnelle acceptation.

Une gravité méditative bien loin de cette joie superficielle
ou de ce bonheur « à l’eau de rose »,
que prêchent actuellement certains pratiquants.

Ce sont les petits maîtres actuels de méditation
qui derrière leur « oui » de façade,
ne remettent jamais rien en cause
du leur monde intérieur et surtout extérieur.

C’est d’abord  Google qui prépare l’horreur du « Transhumanisme »,
entre deux méditations de « pleine conscience »,
afin de devenir plus efficace dans son projet,

ce sont aussi les cliniques du stress,
où l’on confond souvent méditation et relaxation.

Pour lire tout l’article sur méditations insolentes

 

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