Festival de FEZ des Musiques sacrées du Monde – du 08 juin au 16 juin 2012
Ré-enchanter le monde « Hommage à Omar al Khayyam »
Peut-on considérer aujourd’hui que le mur de la raison pure, sur lequel se base le modernisme, se fissure et menace de s’effondrer?.
D’une façon surprenante le rationalisme livré à lui- même semble avoir tissé au cours du temps, en même temps qu’une extraordinaire inventivité technologique, un étrange totalitarisme d’autant plus efficace qu’il reste invisible. Du moins jusqu’à ses dépassements les plus récents où, après « l’horreur économique », on parle de plus en plus aisément d’une dictature financière dont on ressent quotidiennement les effets, sans en comprendre véritablement les leviers. De moins en moins de gens sont disposés à considérer qu’il s’agit là d’une fatalité, appelée mondialisation, avec laquelle le politique lui- même doit bien se résigner à composer, sans espoir de dépassement. Car la fatalité ici n’est pas qu’économique. Elle a des conséquences sociales, culturelles humaines que l’on ne peut plus méconnaitre.
Ré-enchanter le monde c’est entrevoir les possibilités de nouveaux rapports à celui-ci où la fatalité, et donc la dictature du fait accompli, n’a plus de place. C’est reprendre à rebrousse-poil le processus actuel de délitement pour y restituer la place de l’homme, de la culture, de la spiritualité ; échapper au diktat du tout économique et retrouver la liberté de l’esprit. Cela sera peut-être le fruit d’une prochaine indignation après toutes celles qui l’ont précédée.
Ici la poésie, la quête du beau, l’art de vivre – qu’il faut prendre en compte à côté du niveau de vie, comme une richesse immatérielle, eh oui cela existe!- du vivre ensemble doivent reprendre tous leurs droits. Comment entamer une telle épopée à la fois individuelle et collective tout en échappant aux mille pièges tendus par les différentes formes de recherche du pouvoir pour lui-même, qu’elles soient matérialistes ou idéalistes, politiciennes ou fondamentalistes?
Ce sont les fragments d’enseignements que pourrait nous inspirer un personnage hors du commun et , d’une certaine façon, hors du temps, Omar Al Khayyam, poète , homme de science, philosophe, spirituel dont plus de dix siècles nous séparent et dont les quatrains , Rubiyat, fulgurances poétiques, ont tant de choses à nous dire.
Faouzi Skali
Directeur Général de la Fondation Esprit de Fès