Nous sommes, à notre insu, le terreau fertile d’une bien étrange « forêt tropicale » : les cent mille milliards de bactéries qui prospèrent en silence dans nos entrailles. Cette jungle intestine, les scientifiques la nomment « flore microbienne » ou « microbiote intestinal ». « Comme pour la forêt tropicale naturelle, la perte de la diversité biologique de notre flore microbienne pose problème, souligne le professeur Oluf Pederson, de l’université de Copenhague (Danemark). Plus nos bactéries intestinales sont nombreuses et diversifiées, meilleure est notre santé. »Il est le principal auteur, avec le professeur Dusko Ehrlich, de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), à Jouy-en-Josas (Yvelines), d’une étude publiée le 29 août dans Nature montrant que cette richesse bactérienne nous protège des maladies liées à l’obésité.
Pesant en moyenne 1,5 kilogramme chez un adulte, notre microbiote intestinal abrite une population de bactéries dont le nombre est dix fois plus élevé que celui de nos propres cellules. On ne cesse de lui découvrir de nouvelles fonctions, au point qu’on le considère comme un organe à part entière. Longtemps ignoré, cet insaisissable organe veille sur notre santé physique. Il améliore la nutrition et le métabolisme de notre organisme et dialogue sans cesse avec nos tissus – même à distance du tube digestif. Plus surprenant, il jouerait un rôle sur nos fonctions cognitives et mentales.