Pentecôte -de la colline d’Arunachala au mont Sinaï dans les pas du Père KUMARAN
Ce tableau est une illustration visible au musée Condé à Chantilly et réalisée par Jean Fourquet entre 1452 et 1460 pour un manuscrit aujourd’hui disparu.
Ce tableau illustre la descente de l’Esprit-Saint sur les Apôtres réunis là parmi 120 autres disciples ce cinquantième jour – signification de Pentecôte en grec- après Pâques jour de résurrection de Jésus.
Traditionnellement la descente de l’Esprit-Saint est fêtée par les chrétiens le 7 ième dimanche après Pâques soit, pour cette année, ce dimanche 9 juin.
Je vous invite maintenant à suivre le Père anglican Kumaran qui nous montre les similitudes profondes qui conduisent à Dieu dans le monde chrétien et le monde indien.
Mais d’abord quel chemin me conduit au Père Kumaran. C’est d’abord un message d’A ciel Ouvert qui informe d’un séminaire organisé les 15 et 16 juin prochain à Pierre Chatel dans l’Ain qui me font découvrir le Père Kumaran.
Je retrouve alors les pas de Père Kumaran sur le site les chemins de Shanti.
Je vous invite à vous mettre dans les pas du Père Kumaran en lisant cet entretien du 27 mars 2018 : L’Esprit de Dieu réside dans toutes choses dont je tire la suite de cet article.
Kumeran fut prêtre anglican en Afrique du Sud. Très jeune il a fait le choix de la prêtrise. Il a découvert l’Inde à l’occasion d’un voyage au Tamil Nadu, le pays de ses ancêtres. Au pied d’Aruṇāchala il fit une très grande expérience : il a recontacté ses racines et la mémoire de ses ancêtres. Il a alors décidé de demander une disponibilité à son diocèse pour une période de deux ans car il avait perçu l’appel vibrant d’Aruṇāchala. Un peu plus tard, il a choisi de quitter son Eglise et de vivre ici comme un simple chercheur spirituel.
A propos d’une question sur le bien et le mal : Dans la Bible, comme dans l’hindouisme, le « sombre » fait référence à l’ignorance. Dans l’hindouisme, on met l’accent sur le fait que le mal est l’incapacité à reconnaître le vrai, à voir la vérité. Dans l’hindouisme, réaliser Dieu c’est être capable de voir clairement la vérité et quand on est capable de voir la vérité c’est au-delà du bien et du mal qui sont des concepts de la dualité. Dieu est au-delà de toutes les distinctions, au-delà du bien et du mal. Quand Moïse demande à Dieu qui Il est, Dieu répond simplement, « Je Suis« . Il n’ajoute pas, « je suis ceci ou cela, je suis bon, je suis mal » mais simplement « Je Suis« .
La question posée au départ concernait un mal précis, c’est-à-dire les forces de la nature, comme le tsunami.
Dans l’Hindouisme, on croit que tout l’univers est créé par Dieu et que l’univers est soumis aux lois du karma, la causalité. Dans cette loi du karma ce n’est pas Dieu qui punit, c’est Dieu qui permet à la loi du karma de s’appliquer. Et cette loi donne une rétribution exacte des actions qui sont causées. C’est l’effet de l’action. Le karma est le mécanisme qui permet à toute chose créée de revenir à Dieu.
Question : Vous dites « nous croyons dans l’hindouisme… », comment vous situez-vous entre le fait d’être pasteur protestant mais aussi dans la tradition hindoue ?
Je suis chrétien de part le fait que Jésus est mon Guru, mon maître. Je suis hindou de par le fait que c’est la spiritualité qui me permet d’exprimer ma foi. Jésus n’a jamais dit d’adorer comme nous le faisons dans l’église chrétienne, ça c’est culturel.
Je crois profondément que la spiritualité est au-delà des religions. La religion pointe quelque chose mais elle n’est pas la chose pointée. Réaliser Dieu c’est être au-delà des religions.
Dieu n’est ni chrétien, ni hindou, ni musulman, Dieu n’a pas de religion. La vraie spiritualité est au delà des religions.
Question : Très concrètement, comment l’expérience que vous avez faite a-t-elle changé votre vie ?
Jésus a dit qu’il était venu pour nous conduire au Père. Et pour les Juifs de cette époque, le Père a été appelé Yahvé. Dans la croyance juive, Yahvé
est leur Père. Dans la spiritualité hindoue, l’équivalent du Père est appelé Śiva, la félicité absolue.
Culturellement, ma façon de me référer au Père est plutôt Śiva que Yahvé. L’expérience que j’ai vécue était la révélation de Śiva et pour moi c’est celui que Jésus appelle « Père ».
Ici même à Aruṇāchala – colline sacrée en Inde-, on dit que le Père, Śiva, s’est manifesté sous la forme d’un pilier de feu. Dans la Bible, dans le livre de l’Exode, il est dit que Dieu se révèle à Israël sous la forme d’une colonne de feu –au mont Sinaï–
Je crois que la spiritualité consiste à trouver le centre immuable, la montagne immobile au cœur de nous-mêmes. Ce qui ne bouge pas malgré tous les changements dus aux circonstances de la vie.
Ramana – Ramana Maharshi-a dit quelque chose d’intéressant à propos de la terre et de la montagne. Comme la terre possède le pôle Nord et le pôle Sud, Aruṇāchala est l’une des extrémités des pôles spirituels de l’univers. Quand Ramana a dit cela, quelqu’un, dans l’assemblée a demandé : « Si c’est un des pôles spirituels, où est l’autre pôle ? » Ramana a fermé les yeux puis quand on lui a présenté une carte du monde il a désigné une montagne très près du Machu-Pichu au Pérou. Une chose intéressante à propos du Machu-Pichu : il y a des milliers d’années les Incas honoraient là-bas la grande déesse Pachamama. Dans l’hindouisme il y a beaucoup de noms qui désignent la mère divine et l’un des noms données à Aruṇāchala est Paśa-amma.
Question : Vous avez parlé de la montagne qui est stable, de la stabilité de notre foi. La Bible évoque aussi un dynamisme (Jésus parle de l’eau qui jaillit) et on peut penser à la Trinité qui est danse éternelle. Il y a donc un mouvement en tout. J’aimerais savoir quand y-a-t-il mouvement et quand y-a-t-il stabilité ?
En Inde, il y a une très belle symbolique pour parler de cela. Il y a Aruṇāchala ici, qui est une forme symbolique de Śiva et il y en a une autre à Chidambaram (à 65 kms au sud de Pondichéry)
Ici, a Aruṇāchala, c’est la colonne immuable et à Chidambaram, Śiva c’est le danseur cosmique qui crée les mondes par sa danse.
A Chidambaram existe également un temple qui réunit Śiva et Viśnu. Viśnu est l’autre Dieu principal de l’hindouisme. On peut trouver au même endroit Śiva dansant et Viśnu dans un sommeil profond.
Pour revenir à la Trinité, en Inde Dieu est « Sat Cit Ānanda ». Le Père est Sat (Existence). L’absolu à partir de quoi tout vient, « Je Suis Celui qui Suis« .
Jésus est le Fils qui est Cit, Conscience de l’Existence du Père. Dans l’évangile de Jean, « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu… « . Le mot grec pour le Verbe c’est Logos. Logos signifie la connaissance divine. Jésus est celui qui est conscient du Père, conscient de l’état absolu de l’Etre.
Enfin, à partir de cette Conscience de l’Existence de l’Etre, à partir de la Conscience du Père, coule la Félicité absolue, Ānanda, le Saint-Esprit. Dans ce Saint-Esprit nous avons notre être, la joie et la vie. Et le Saint-Esprit ramène toute chose créée à la Conscience du Père et à l’Etre Absolu.
Question : C’est la première fois que je viens en Inde et je suis très touchée par la facilité avec laquelle les Indiens acceptent la relation avec ceux qu’ils ne connaissent pas et sont attentifs à la personne qui est près d’eux même si c’est un étranger.
Ce qui est très spécial en Inde, c’est le sens de la communauté et non pas un sens individuel développé. Il y a une grande joie à faire entrer quelqu’un dans cette communauté. La loi du karma dit qu’il n’y a pas de hasard. Toute rencontre est prédestinée.
Question : Que peut apporter Ramana Mahārṣi aux chrétiens dans leur spiritualité ?
Avant de répondre je voudrais dire que ma propre expérience est davantage dans le contact avec Aruṇāchala qu’avec Ramana parce que je ne suis pas dans la recherche d’un Guru. Mon Guru est le Christ et donc ce que je vais dire sur Ramana est à considérer dans cette perspective.
Ayant dit cela, je crois que Ramana est l’une des plus grandes âmes
éveillées venues sur terre.
Je crois que ce que Ramana enseigne a pu se rencontrer chez les mystiques souvent oubliés de notre tradition. Les grands mystiques de notre tradition enseignent l’immobilité, le silence, la stabilité.
Les mystiques ont un point commun : ils abandonnent leur « moi individuel »et ne se préoccupent pas de tout ce qui est changeant, de tout ce qui apparaît et disparaît dans leurs vies.
En Occident la religion est devenue quelque chose pour « faire ». On voudrait sauver le monde mais on ne s’est pas encore sauvé soi même ! Le grand message des mystiques et des sages de l’Inde est le même : « sois immobile, entre en toi-même « . Et quand on découvre ce centre en soi-même, on peut alors prendre soin de tout, le monde est sauvé. Dans l’évangile : » Cherchez d’abord le royaume des cieux et tout vous sera donné par surcroît «