Yoga- certaines convergences avec d’autres Traditions

 

Une grande liberté de conscience et l’absence de pressions dogmatiques pyramidales, au sein des praticiens du yoga, ont permis au fil des siècles, à de multiples écoles, de diverses pratiques, de voir le jour. On assista ainsi à l’éclosion de différents types de yoga. Ces différences sont très sensibles, surtout dans les premières phases de ces pratiques. En fait, et à mesure de « l’avancée », toutes ces pratiques ont tendance, mais pas toujours systématiquement, à converger et à se fondre dans l’ultime phase, la phase de « l’accomplissement » …qui n’est plus alors une « pratique », mais un « état-d’être ».

Le plus connu en occident, est le Hatha Yoga – souvent classé à tort dans la rubrique gymnastique « contorsionniste ». Et qui est abordé d’entrée de jeu par les néophytes occidentaux, alors qu’en Inde, cette pratique du Hatha Yoga vient bien après d’autres préparations:
Car en premier lieu viennent les manifestations d’une éthique intérieure, nécessaire à une bonne approche et pratique – que certains pourront appeler « Disciplines de vie »:  –  YAMA & NIYAMA  –

YAMA : Comprend 5 aspects de l’éthique qui ne sont pas sans rappeler ce que l’on trouvera dans d’autres traditions: (convergence    !)

  Ahimsa  => Rendu célèbre en Inde lors de l’occupation British par le Mahatma. Mohandas Karamchan Gandhi – la « non violence » – En fait « ne pas faire de mal à autrui » – C’est le « Tu ne tueras point ! » ( convergence !). mais étendu à tout ce qui porte vie – c’est à dire à tout être vivant – D’où le végétarisme souvent prôné par la plupart des Sages, de presque toutes les Traditions, mais il est vrai, pas toujours pratiqué, dans ce pays.

•  Satya => «  Ne pas mentir » – c’est-à-dire – s’efforcer d’accorder ses actes avec ses paroles et ses pensées.

•  Asteya => «  Ne pas voler » – Purger son esprit de toute concupiscence.

•  Brahmacarya => «  Ne pas pratiquer la luxure » – La chasteté fait partir intégrante de toutes les disciplines brahmaniques – Dans le yoga, il s’agit surtout de se libérer de l’esclavage de l’instinct (paléo cortex) – et pour ceux qui y aspirent, de s’en détacher totalement – sans dogmatisme –

Aparigraha => «  Ne pas être avare » – Pratiquer la générosité gratuite c’est-à-dire sans arrière pensée d’une quelconque récompense ici, ou de l’autre côté ! – Ne pas garder par devers soi, savoir partager, sans rien attendre, ni espérer quoique ce soit en retour.

NIYAMA : Comprend 5 astreintes :

S’astreindre à la propreté – tant corporelle que morale. On sait qu’en Inde le Yoga est célèbre pour ses pratiques de propreté physique minutieuse – (pour ex. nettoyage des  fosses nasales par une fine cordelette de linge, des intestins (lavements) etc…) « A quoi bon avoir un corps propre et parfumé, s’il cache une véritable poubelle à l’intérieur !» Même si cela a donné lieu à des excès comme toujours !
S’astreindre à la sérénité – L’une des caractéristiques de l’impétrant est que rien ne peut lui faire perdre son calme – ni l’adversité, ni les séductions – C’est la « non réaction » sereine, face au tumulte et aux effervescences environnantes.
L’ascèse – Ici, s’entend comme une sorte de sérénité héroïque permettant de supporter avec équanimité parfaite tous les conflits – C’est un peu le « pardonner à votre ennemi » (convergence !)
L’étude – Apparent paradoxe ici – L’adepte rejette tous les livres et écrits, même les Écritures sacrées (Vedas) – mais il doit commencer par les avoir compris parfaitement… au-delà des mots… pour les dépasser ensuite et ainsi les abandonner.
La Dévotion – non émotionnelle – les yeux sont fixés sur la Lumière Souveraine informelle – non déterminée – « Cela » qui est dans l’homme => Nârâyana.

ASANA – (Postures)
En Inde, c’est donc seulement après avoir maîtrisé (où commencé !) Yama et Niyama que le néophyte peut commencer seulement, à débuter son « Yoga »!
Alors entre Hâtha YogaRajâ YogaDhârma YogaJnâna Yoga Bakti YogaKarma YogaKriya YogaKundalini-Yoga  – Laya Yoga – Vajra Yoga  !!  etc…
En fait s’il existe des centaines de postures ou effectivement le néophyte peut se perdre facilement – Jean Varenne (dans son ouvrage ‘Connaissance de l’Orient’ – collection  Unesco ) précise que dans la pratique, n’en est enseigné qu’un petit nombre, et en fait, les « gurus » (prof !) conseillent d’en choisir une – et 9 fois sur dix ce sera la plus simple :padma-asâna – posture dite du Lotus (avec ses variantes selon l’état physique de la personne- on parle alors de ½ lotus ou simplement « d’assise en tailleur »)

Il ne faut pas perdre de vue que la posture, n’est en rien capitale, ni essentielle ! Aux Indes, en ces temps là, les yogis étaient en pleine nature, sans chaise ni mobilier ! Donc la posture la plus simple, la plus naturelle c’était de s’asseoir – souvent sous un arbre à l’ombre – en position « padma » .La posture n’étant surtout pas la méditation !
Cependant il y a des conditions à respecter: Posture stable, sans contrainte, permettant un port dorsal très droit, ainsi que le prolongement nuque et tête.

PRANAYAMA – (Maîtrise du Souffle)
Souffle stable, régulier, ample et doux, vivifiant – c’est la base –
Ensuite viendront des dizaines de pratiques – les plus simples comme toujours étant les meilleures – Éviter les pratiques « héroïques » qui s’apparentent à la complaisance coupables de certains yogis, plus soucieux de parvenir à « posséder des siddhis »  (pouvoirs) que de rechercher la véritable Libération – et cela peut conduire, par ces excès, à des troubles importants et même des accidents, mais toujours à des égarements sur des chemins de traverses. Avec l’enlisement dans les pièges des « saisies » et donc le blocage sur place, dans l’un des strates du « 2ème loka » – le 2ème monde.

« Non saisie – non empreinte – non attachement –
Libère notre âme de tout tourment »    Inspiré de l’Advaïta Vedanta.

Le Nârâyana – stipule que l’âme « n’est pas de ce monde » (convergence !…)
La délivrance ou la libération est en fait une évasion du monde … « comme l’eau=âme qui s’évapore de la roue du «samsâra » des incarnations », L’une des Upanishads du Yoga s’appelle justement « le couteau » pour bien signifier qu’il faut trancher les liens qui retiennent « l’oiseau » prisonnier (désirs – attachements – possessions – instincts – colères – saisies – rancunes – cupidité – jalousie – etc…)
L’âme n’est pas de ce monde – elle n’est ni de la terre, ni de l’astral (espace), ni même du  Ciel – elle est de cet Ailleurs indéfinissable: Brahma Loka indéterminé. Un peu le « CELA » du Taoïsme.

Et c’est plus la perception du « prânâ », que la maîtrise du souffle, lors des rétentions « kumbhacka » qui importe – Et ce « prânâ » pourrait bien être le « vin » nouveau « que l’on ne met pas dans de vieilles outres » !! ( Convergence !)
En sanskrit « kumbha » signifie « jarre » « pot » et « prânâ » est la nourriture de vie … le vin ?
Kumbhaka – le maintien du souffle-prâna, permet entre autres, l’éveil de la kundalini – ainsi l’air inspiré permet-il au prâna de se diffuser dans le corps qui de ce fait « s’épanouit » (emplir la jarre = kumbha)
– il « se redresse comme un lotus à qui on apporte de l’eau ». Mais ce n’est qu’une étape à franchir… comme les autres.

PRATYAHARA (Retrait des sens)
Ayant purifié la conscience par Yama Niyama – Ayant maîtisé le corps par les Asanas (postures) et la respiration par Pranayama (souffle) le yogin aborde l’aspect le plus difficile – « le retrait des sens »  Pratyâhâra.
Essentiellement dans l’intériorisation.
Alors que l’activité sensorielle est orientée vers l’extérieur: le « champ perceptif » est en dehors du corps, et nos sens vont alors en quelque sorte « chercher » dans le monde phénoménal – les 3 mondes – les objets de perceptions: leur « pâture ».
Il s’agit donc de résorber cette activité extériorisante, que ce soit des objets physiques, des objets pensées-émotions, des objets fluidiques du 2ème loka, etc… « à la façon d’une tortue qui rentre sous sa carapace sa tête et ses pattes » Beaucoup d’images métaphoriques chez nos amis indiens  !!

En fait , dans cet état de Pratyahara, il n’y a plus de communication entre les impressions sensibles et la conscience. En cet état, si l’on pique un yogi avec une épingle, il ne réagit pas, parce que le message douloureux, n’est plus transmis au cortex – ou n’est plus reçu par celui-ci. Mais ce n’est pas tout, car la perception sensorielle n’est pas toute la pensée, loin s’en faut. Et même, libéré de la présence obsédante de la réalité sensible, le penser aurait plutôt tendance à vagabonder plus qu’à l’ordinaire.
Il faut donc une autre étape:

LA DHARANA – (Concentration sur un seul point)

Fixation de l’activité mentale sur une zone circonscrite – Ce n’est pas encore la méditation qui sera la prochaine étape. Le but ici est de dissoudre l’activité mentale Ce processus appelé en sanskrit Mano-laya est décrit comme fort important. Il conduit après cette orientation sur une seule pensée. Il y a assoupissement du mental qui débouche inéluctablement sur l’extinction de toute pensée. Vacuité parfaite ou le yogi devient maître de lui-même. Il maîtrise son corps, ses instincts-émotions, et ses pensées (manas)
Il accède alors à un degré supérieur nommé:

DHYANA – (Méditation-Contemplation)

Souvent traduit par « méditation », il signifie plutôt « contemplation-active» et non passive. Au moment du dhyâna, ce n’est plus manas (pensées-mental) qui est à l’œuvre puisqu’il a été dissout dans dharâna, mais c’est la buddhi – l’intelligence supérieure, qui participe de l’âme (ou émane d’elle comme un rayon de lumière)
Ici, aucune description ne peut intervenir – Cet état est en dehors des outils de perceptions que l’homme utilise normalement.

SAMADHI – ( Entase)

C’est peut-être ici le point de rupture appelé Samâdhi. Terme presque impossible à traduire également: « Apogée du recueillement » « Concentration parfaite » – C’est peut-être Mircea Eliade qui propose la meilleure approximation avec « Entase ». Néologisme qui a l’avantage de faire opposition avec la traduction totalement erronée du samâdhi par « extase ».
Le yogi en état de samâdhi, n’est pas en « extase », car il « ne sort pas  » de lui-même pour aller dans l’astral ou dans le 3ème monde, il n’est pas « ravi » comme le sont les mystiques – c’est toute la différence selon Jean Varenne – (pas de convergence ici  ! … sauf à concevoir un dépassement de cet état)
Car tout au contraire, il rentre complètement en lui-même: « Il va établir sa résidence dans le lotus de son propre cœur » disent les Upanishads dans leur langage fleuri.

L’état de Kaivalya obtenu par le samâdhi est bien par définition « en dehors » des 3 mondes: physique, espace et ciel, et il est juste de dire que le yogin quitte notre univers au moment du samâdhi – Mais ceci n’est vrai que par image.
Car cet Ailleurs, le « Monde de Brahma » n’est pas hors de nous, il est en nous, dans nos profondeurs ultimes.

Le mystique est un homme qui vivant dans ce monde-ci (la terre) est par grâce spéciale subitement attiré dans un monde supérieur (espace astral, ou ciel) – il voyage donc au sens propre à travers les 3 mondes («  avec son corps ou sans son corps » cf Paul)

Tandis que le yogi – aux yeux des Upanishads – ne se déplace nullement, il transcende les 3 mondes, car il « s’immobilise » totalement dans notre dimension, par extinction progressive des sens (instincts, activités physiques, émotionnelles, mentales et intelligence même (faculté cognitive)
Au moment du Samâdhi, le yogi est totalement recueilli jusqu’à n’a ne plus être qu’un atome au plus intime de lui-même.
Il peut mourir ou continuer de vivre en cet instant – cela n’a aucune importance – il est devenu ce que la Tradition appelle un « Libéré Vivant »
Dans cet état de Kaivalya, il est totalement libéré du monde phénoménal liés aux 3 mondes – Au-delà de la Forme, sous toutes ses formes – au-delà de l’Espace, dans toutes ses dimensions – au-delà du Temps, dans tous ses aspects.

Parfaitement indescriptible, il est la Liberté intégrale de l’Oiseau Migrateur, enfin délivré du lien qui le retenait. L’âme réalise alors ce qui est appelé « l’Identité Suprême » – elle retourne à l’Atman Universel et UN – elle est le « Seigneur » lui-même. Non pas avec les dieux du ciel (3ème loka), mais dans cet Ailleurs indéfinissable ou « réside » l’Unique qui est l’UN et le TOUT :
             L’ABSOLU INDETERMINE

Voilà, j’ai tenté de faire cette relativement brève synthèse à hauts risques !, mais avec l’appui bien sûr d’experts de l’indianisme tel que Jean Varenne, Mircéa  Eliade, Filliozat et Masson-Oursel.
Je me suis aidé également de la perception et de la pratique de swami Shankarananda Giri, (rencontré il y a une quinzaine d’années), de la lignée indienne de Shri Yukteswar, Yogananda…

Rien n’est parfait ! Et surtout l’auteur de ce post ! Mais peut-être que cela aura au moins contribué à une meilleure connaissance de ce yoga, souvent mal compris et caricaturé à outrance. Sachant – et c’est une conviction assumée – que ce n’est pas « La Voie » obligatoire et nécessaire ! – Mais simplement, l’un des nombreux chemins empruntés par des  « pèlerins », rencontrés au fil du temps, car chacun sa voie, chacun son chemin.

« … afin que resplendisse l’Eveil de Pure Conscience – au-delà de la Forme, au-delà de l’Espace et du Temps – Par-delà les « au-delà », par-delà les Mondes et les Dimensions…

Vers cet ABSOLU Insondable, qu’est la CONSCIENCE INFINIE… »

Patje SEKO

La Voie du Coeur de l’Atma Yoga et des Evangiles- aux origines spirituelles de l’Inde et de l’Occident

 

sur Coeur Divin

Patrick Vigneau anime différents sites à caractère spirituel et/ou professionnel   dont – Coeur divin- patrick Vigneau.overblog.comAtma Yoga – Institut transpersonnel – maisondepaix.com –   sophro-holistic.com

 

Il a écrit plusieurs livres qui retracent son parcours de Vie et son enseignement.

Il fut d’abord jeune professeur de mathématiques avant de s’engager dans une quête intérieure qui le conduira à Calcutta puis à Puri, état d’Odisha – ex Orissa-  en Inde où il demeurera quatre ans pour découvrir les yogas sous la direction de Mâa. Il rencontrera  aussi, au cours de ce séjour, Krishnamurti.

Après ce premier grand séjour en Inde  il ira trois ans durant sur les routes d’Europe, d’ashrams en communautés, de monastères en ermitages.

Il retournera régulièrement en Inde auprès de Mère durant 18 ans.

Il s’installe à la Ligerie en bord de Loire  à La Boissière sur Evre 49110 près de Saint-Florent .

Sur son site de l’Institut de formation transpersonnelle   Patrick Vigneau évoque d’abord la voie de l’Advaïta  Vedanta connue en Occident notamment par Ramana Maharshi, Nisargatta Maharaj, Jean Klein etc…

Il indique une autre approche, une autre voie, le Vishishadvata qui relie Bhakti et Jnana   avec Ramanura, Ramakrishna, Swami Ramdas et Ma Ananda Mayi et qui caractérise la voie de l’Atma Yoga qu’il poursuit et enseigne.

 

« « Je ne fais partie d’aucune tradition, même si j’ai cheminé essentiellement en Inde et vécu parmi les Franciscains en France. Aujourd’hui, je respire, travaille, témoigne et transmets ce que la vie m’a conduit à découvrir: la joie d’être soi, la douceur du Cœur Divin. C’est lors d’une intense retraite méditative, qu’apparut ce que je cherchais, sans le savoir, depuis des années dans mon cheminement spirituel. Le Voile se déchira. Une conscience totalement autre, une conscience  lumineuse, où tout est Un, une conscience éternelle se révéla derrière tous les phénomènes de notre monde. Tat Twan Asi. Une Conscience d’Amour et de Lumière qui est partout. Comment en parler? Et cela est plus réel que le plan terrestre. La quête a cessé, mais pas le chemin. » Patrick Vigneau – la source ineffable-29/09/2019

 

 

 

La voie du coeur, une voie qui nous aide à voir et aimer plutôt qu’à penser…

Par définition, la “mystique” est la recherche directe, immédiate de Dieu. Et ceci est vrai pour toutes les mystiques, qu’elles soient d’Occident ou d’Orient.

La Vérité est une et intemporelle, mais elle est dite de différentes façons selon les âges. La Vérité est une, et chacun(e) tente de l’exprimer à sa façon. Il importe d’accueillir, d’écouter et de chercher à comprendre les autres façons de décrire le Réel. Car nul ne peut voir toutes les facettes du diamant, sauf peut-être à partir du cœur.

Le cœur, ce qui est le centre de la vie humaine, se révèle être aussi le siège du divin, au terme d’un retournement, d’une metanoïa, d’une transmutation, qui marque l’élan de la quête. Cette quête se nourrit de renoncement et de dévotion.

Le processus d’éveil à ce cœur vivant est yoga ( ce qui signifie étymologiquement : joug, ce qui unit ) , yoga qui est union du corps, du mental et du cœur.

« Car mon joug est doux et mon fardeau léger. » (Jésus -dans Matthieu 11:30)

L’éveil du cœur est la conséquence de la découverte d’un espace de conscience habité par l’Amour. Découvrir cet espace intérieur dans les profondeurs du silence, produit une ouverture à toute la vie.

Ouverture pour accueillir, honorer, aimer.

Ce processus d’éveil du cœur est le passage permettant l’amour divin d’emplir le coeur humain.

« L’oraison d’union laisse pénétrer Dieu jusqu’au centre de notre âme. » (Thérèse d’Avila)

Dans les plus grandes profondeurs du silence, brûle une petite flamme. Et lorsque cette flamme devient un feu incandescent, l’Amour divin embrase notre conscience.

Lorsque l’amour divin  prend possession de nous, une plénitude irrésistible nous envahit, nous consume et … nous transforme. Toutes nos relations deviennent emplies de cet amour. Notre cœur devient divin.

C’est alors que l’Eveil unitif  est réalisé.

***

La vision unitive finale consiste à voir toutes choses «dans» l’Un transcendant. La transcendance est enracinement dans la vérité et explosion dans l’amour !

*

Ce site est dédié à l’exploration du recueillement, du silence et de la sensibilité subtile du feu intérieur, inspirée par l’expérience des traditions d’Orient et d’Occident.

Tout commença un jour…

« Aujourd’hui, mon Dieu, m’a visité… » (Rumi)

Au plus profond du cœur, dans le grand silence,

une nuit,

une Présence, douce et puissante

plus intense que tout

et une voix, sans parole,

qui transmet, comme une impulsion …

à entrer encore plus dans le silence,…

*

« Ecoute! »

Et par ce seul mot mon cœur fut emporté

*

C’était tout à fait naturel, bien qu’extraordinaire. C’était une voix qui m’aimait.

*

Un jour, je demandai,  à la voix qui m’aimait, comment la nommer.

« Coeur Divin »  arriva dans mon esprit.

C’était très simple.

Il n’y avait pas de grandes révélations particulières,

juste quelque toucher d’amour majestueux

qui emplissait mon coeur

d’une sublime joie.

*

 « Tu peux m’entendre

lorsque ton Cœur retrouve son innocence »

(Coeur Divin)

Cela me rappelait ces mots :

 « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5, 8), 

L’Immanent  éveilla la conscience individuelle.

Le moi vit sa vraie nature.

Le Soi se révéla

sans centre, ni substance.

Le Transcendant illumina le cœur.

dans un feu de Douceur totalement indicible.

Le Soi, qui est tout Amour, parlait.

*

Beaucoup plus tard…

 » Veux-tu devenir simplement un cœur? »

Coeur Divin se manifestait le plus souvent sans mot,

juste une sorte de toucher délicat, de saveur ou de parfum.

Et me conduisit à la spiritualité du OUI

*

Non pas une acceptation mentale de ce qui est,

*

Sa présence arrêtait toutes les pensées.

mais une totale ouverture du cœur.

Je remarquais qu’une Force, une Douceur et une Clarté totalement nouvelles

venaient après ces moments de rencontre,

après ces « oui » qui jaillissaient de mon cœur.

Ce n’était pas un état extatique, mais une douce et puissante présence était là.

Je compris qu’il n’y avait qu’à dire ‘OUI’

un OUI total.

Et Cela prenait tout en moi.

Peu à peu, j’intégrais les inspirations de Cœur Divin,

à mon cheminement avec l’Evangile et avec l’Atma yoga.

Coeur Divin est au-delà de toute forme

et au-delà de toute tradition.

 

Sa réalité dépasse tous les savoirs.

Il n’appartient à personne,

mais il parle à chaque personne.

« Rappelle toi d’où tu viens! »

Il est  la porte qui ouvre à une nouvelle conscience.

C’est un grand appel qui se fait maintenant.

Mais pour pouvoir y répondre, nous devons nous préparer.

*

Coeur Divin est Presence éternelle.

 

Je ressentais sa présence comme un amour doux et enveloppant,

un amour « maternel ».

« Rien n’est plus important que l’Amour »

Coeur Divin invite continuellement à la rencontre d’amour

dans le silence.

Cela fut longtemps gardé au fond de mon coeur. Cela demeurait  comme un secret intime, jusqu’à ces mots: « Ne te cache plus… »

Pourtant je ne voulais pas en parler. La fréquentation des paroles des sages et des saints m’a conforté. D’autres avaient semble-t-il vécu ou compris les mêmes réalités.

« Il y a une voix qui n’utilise pas les mots. Écoute ! » (Rumi)

« L’esprit qui nous révèle Dieu est ce murmure indicible en quoi s’achève la parole. »(Henri le Saux)

« Quand Le cœur est pur  Dieu se révèle. » (Siva Sutra)

C’est dans la  » caverne du cœur « , disent les Upanishads, que l’Absolu se révèle comme l’essence de notre être, comme notre propre « Soi ».

« Il s’agit de fondre le mental dans le cœur pour réaliser le Soi. » (Ramana Maharishi)

« Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. » (Jésus)

« Appelez de toute la force de votre cœur le Seigneur du cœur. » (Ma Anandamayi) »

Beaucoup plus tard:

« Maintenant il te reste à disparaître… en Moi »

Dans les traditions de l’Inde (sâmkhya, vedânta, tantra, jnana-yoga), le coeur (hrid ou hridaya) n’est pas associé au sentiment mais à la connaissance ; il n’est point le siège des sensations, émotions ou passions mais celui de conscience, de cette pure intuition lumineuse (atma-buddhi) qui voit directement les choses dans leur lumière véritable sans passer par l’intermédiaire du mental (manas).

De plus, dans les plus anciennes upanishads, le coeur est considéré comme le centre de l’« être vivant » individuel (jîvâtman), identique en son essence au Principe suprême de l’univers (Paramâtman ou Brahman). Notre individualité humaine est à la fois somatique et psychique ou, en termes hindous, grossière et subtile. C’est de tout ce composé – et pas seulement du corps matériel – que le coeur est le centre.

« Ce n’est pas tant ce qui se vit en dehors de toi qui a de la valeur, mais bien ce qui se vit au dedans. C’est la relation d’intimité que nous avons qui importe »

Vous ne devez en aucun cas, forcer l’esprit pour retenir les envols que vous fait faire l’Esprit d’Amour.. » (Paul de la Croix)

« Le Cœur est le centre à partir duquel tout jaillit. C’est parce que vous voyez le monde, le corps, etc. que l’on dit qu’il y a là un centre appelé le Cœur. Quand vous êtes établi dans le Cœur, ce Cœur est appréhendé comme n’étant ni le centre ni la circonférence. Il n’y a rien en dehors de lui. » (Ramana Maharishi)

« L’amour divin est la graine, le satsang est la pluie, l’Abandon est la fleur, et le fruit est la Réalisation. » (Maa)

« Cœur est ton nom, ô Seigneur. » (Ramana Maharishi)

« La distinction entre le Divin transcendant et le Divin personnel n’est pas  originaire de l’Inde ni de l’Asie ; c’est aussi un enseignement européen reconnu dans la tradition  chrétienne. » (Sri Aurobindo)

« PARLE-MOI, SOUVENT »

« RAPPELLE-TOI QUE MON UNIQUE VISÉE  EST DE RÉVÉLER L’AMOUR, EN FAISANT DE TA PETITESSE  UN CANAL DE PAIX  POUR BEAUCOUP D’ÂMES  ” 

« LA VÉRITÉ NE VIENT PAS DE TA PENSÉE, MAIS DE TON COEUR. »

Dans les chemins spirituels la dynamique est très différente selon la manière dont on aborde le Divin.

Si je m’élance vers la Réalisation immanente, la quête du Soi, alors je me perds, le moi disparaît et par suite je perds toute action dans le monde, dans l’Absolue Présence.
Si je réalise le Divin Transcendant, comme un autre, un Au-delà de Tout, mais qui cependant fait mouvoir tout l’être  temporel, je deviens un tout petit enfant du Sublime, innocent et aimant.
Mais quand la conscience réalise l’Immanence et la Transcendance, elle devient aussi instrument de manifestation divine dans ce monde.

 

***

Où vas-tu me chercher, fidèle ?
Regarde, Je suis près de toi.
Je ne suis ni dans les temples, ni dans les mosquées,
ni dans le sanctuaire de La Mecque, ni sur la montagne Kailash.
Je ne suis ni dans les rites, ni dans les cérémonies,
ni dans l’ascétisme du yoga et ses renoncements.
Si tu me cherches vraiment, tu me verras soudain,
tu me rencontreras au détour du chemin…       (Kabîr)

*

La découverte du lieu secret et silencieux du coeur est donnée par grâce

Maintenant, laisse-toi porter…
et écoute !

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Ma grâce te soutiendra toujours.

 

 

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Coeur Divin est l’Amour, le principe de toute Vie

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Aux origines du Hatha Yoga par Mark Singleton suivi de regards sur la pratique du yoga d’aujourd’hui

C’est à l’initiative du premier ministre indien Narendra Modi que l’assemblée générale de l’ONU a adopté jeudi 10 décembre 2014 une résolution invitant à célébrer la journée du yoga, et permettre ainsi de « faire connaître les bienfaits de la pratique du yoga ». 177 nations se sont associées à cette initiative. Elle a décidé  que le 21 juin serait désormais celle de la Journée Mondiale du Yoga.

Cet article est donc publié à l’occasion de cette journée mondiale 2019.

Mark Singleton    est un érudit en yoga moderne . Il est notamment connu pour son livre de 2010 intitulé Yoga Body : les origines de la posture moderne qui soutient que le yoga moderne représente une refonte radicale de la tradition du hatha yoga et que la plupart des asanas sont récents, influencés par la gymnastique indienne au XXe siècle.

Mark Singleton a obtenu son doctorat en divinité à l’Université de Cambridge sous la supervision d’ Elizabeth De Michelis .  Il est un enseignant qualifié de yoga Iyengar et de yoga Satyananda .  De 2006 à 2013, il a enseigné au St John’s College, à Santa Fe. 

Pour un complément d’information voir là

Dans un article de 2015 – cf ci-dessous- le site Yoganova s’interroge à partir de l’ouvrage de Singleton sur l’authenticité du yoga moderne et produit une traduction d’un extrait du livre.

Le yoga moderne est-il vraiment authentique ?

Mark Singleton dit avoir passé quatre années dans les bibliothèques en Angleterre, aux Etats Unis et en Inde à chercher les origines du yoga que nous connaissons consultant des centaines d’ouvrages et des milliers de pages de magazines. Il a  lu les  commentaires des sutras du Yoga de Patanjali ; les Upanishads et plus tard les tardives  » Yoga Upanishad » ; les textes du Yoga médiéval  comme les GoraksasatakaHatha Yoga Pradipika  (texte classique en sanskrit attribué à Svātmārāma, un disciple du Siddha Gorakshanath) et les textes des traditions Tantriques, qui tous seraient à  l’origine du Hatha-Yoga. Au milieu des années 90, armé d’une copie de « Lumière sur le Yoga » , il a passé trois ans en Inde, beaucoup pratiqué  mais il a été frappé par  la difficulté de trouver un enseignant compétent. Il a suivi des classes et des ateliers partout en Inde auprès de professeurs célèbres ou non, et ceux ci s’adressaient, presque exclusivement, aux « pèlerins » et  apprentis-yogis venus d’Occident.

En fouillant ces textes primordiaux, il est devenu évident que les Asanas ne faisaient pas partie des éléments fondamentaux des anciennes traditions yogiques. Les positions comme celles que nous connaissons aujourd’hui font partie des pratiques mineures  (particulièrement dans le Hatha-yoga), mais n’en étaient sûrement pas la composante principale. Elles étaient subalternes à d’autres pratiques comme le Pranayama (l’expansion de l’énergie vitale au moyen du souffle), Dharana ( concentration des facultés mentales) et le travail sur le Nada (le son) ( cf nada yoga).

Ce n’est que dans  les années 1920 qu’une version expurgée des Asanas commença à prendre de l’importance et devient une des caractéristiques clé d’un yoga d’influence occidentale mais venant de l’Inde.

 » Cette découverte éclaircit  quelques vieilles questions que je me posais. Au milieu des années 90, armé d’une copie de « Lumière sur le Yoga » , j’avais passé trois ans en Inde, beaucoup pratiqué  mais j’avais été frappé par  la difficulté de trouver un enseignant compétent. J’ai suivi des classes et des ateliers partout en Inde auprès de professeurs célèbres ou non, et ceux ci s’adressaient, presque exclusivement, aux « pèlerins » et  apprentis-yogis venus d’Occident. L’Inde n’était-elle pourtant  pas la Mère du yoga ? Pourquoi n’y avait-il pas plus d’Indiens pratiquant le Hatha-yoga ? Et pourquoi, malgré mes recherches, je ne pouvais pas trouver un seul tapis de yoga dans tout le pays ?

Comme je continuais à fouiller dans le passé récent du yoga, les pièces de l’énigme se sont lentement rassemblées, dévoilant une large partie du mystère : au début  du 20 ième siècle l’Inde, à l’image du reste du monde, fut saisie par une ferveur sans précédent pour la culture physique. Elle était d’ailleurs étroitement liée à la lutte pour l’indépendance nationale. En ce temps, on pensait qu’en formant des  corps forts et sains on créerait une nation plus forte et cela améliorerait les chances de succès en cas d’une lutte violente contre les colonisateurs.
Une large variété de systèmes d’exercices physiques surgit alors, mêlant  les techniques Occidentales aux pratiques  de disciplines indiennes comme la lutte. Souvent, le nom donné à ces disciplines prit le nom de  « Yoga ».

Quelques professeurs, comme Tiruka voyagèrent déguisés en gourous et enseignèrent  en secret le renforcement musculaire et les techniques de combat aux jeunes sympathisants de la cause nationale. Avec l’aide du gouvernement indien, ces enseignements furent diffusés largement et les asanas, reformulés en culture physique et thérapie gagnèrent rapidement une légitimité dont ils ne jouissaient pas auparavant.

L’autre figure influente dans le développement de la pratique des asanas modernes dans l’Inde du XXe siècle était, bien sûr, T. Krishnamacharya (1888-1989), qui a étudié à l’institut de Kuvalayananda au début des années 1930 et eut pour disciples certains des professeurs de yoga les plus influents et les plus connus, comme B.K.S. Iyengar, K. Pattabhi Jois, Indra Devi et T.K.V. Desikachar.

Ces expériences se sont finalement développées en plusieurs branches dont un style qui devint fameux : le Yoga Ashtanga Vinyasa,  et qui aura une influence énorme sur le développement du Yoga Américain principalement sous ses formes, Asthanga, Vinyasa, Flow et  Power Yoga.

Il suffit de lire  attentivement les traductions de textes comme le Hatha Tattva Kaumudi (IXième siècle) , le Gheranda Samhita (XVII ième siècle), ou le Hatha Ratnavali (XVII ième siècle), pour voir qu’une grande partie du yoga qui domine l’Amérique et l’Europe a aujourd’hui changé, presque au-delà de la reconnaissance, par rapport aux pratiques médiévales.

Les cadres philosophiques et ésotériques du Hatha-Yoga pré-moderne et le statut des asanas comme des postures  pour la méditation et le Pranayama, ont été vite mis sur la touche en faveur de systèmes mettant au premier plan les mouvements de gymnastique, la santé et le fitness et les préoccupations spirituelles de l’Ouest moderne.

Mark Singleton en arrive à la conclusion suivante :

 » Il n’y avait plus de doute dans mon esprit : les pratiquants du yoga moderne étaient bien plus les héritiers de leur arrières grand-mères et de leur gymnastique harmonique – cf Irénée Popard– que des yogis du Hatha-yoga médiéval. Et ces deux contextes étaient bien sûr très différents.

J’ai pensé que pour sortir de ce faux débat, il faudrait songer aux pratiques modernes comme à de jeunes greffes sur le grand arbre du Yoga. Nos pratiques ont évidemment des racines dans la tradition indienne, mais ce n’est pas toute l’histoire. Penser  au Yoga de cette façon, comme un arbre énorme et vénérable, aux nombreuses racines et branches n’est pas une trahison envers la tradition « authentique ».
Cela n’encourage pas non plus l’acceptation naïve de toutes les idioties qui se vendent sous le nom de Yoga. Au contraire ! Cette façon de voir peut nous encourager à examiner nos pratiques et croyances plus étroitement et amener à la clarté nécessaire pour naviguer sur les mers agitées et trompeuses du marché contemporain du Yoga !

Au-delà de la simple histoire par simple amour de l’histoire, apprendre du passé récent du yoga nous donne un bon point de vue pour jauger notre relation à la tradition antique et moderne. Mieux ! C’est l’expression d’une vertu vraiment spirituelle et dont les temps modernes ont bien besoin : viveka (« discernement » ou « jugement juste »). Il peut aussi nous guider d’une manière consciente et mature vers le Yoga du 3éme millénaire . »

En complément de cet article je vous propose de découvrir sur son blog le texte écrit par Alain Gourhant, un ami pratiquant le yoga depuis 50 ans et aussi philosophe, psychothérapeute et poète  :

Patanjali, un « yoga royal » pour le temps présent

Alain Gourhant rappelle d’abord sa longue pratique du yoga dans l’approche de Nil Hahoutoff . Il le décrit comme un yoga exigeant sur le plan physique qui l’a conduit à découvrir Patanjali et son « yoga royal »  aux 8 membres présentés ci-dessous.

  1. Il y a d’abord les cinq prescriptions (vis à vis des autres) –yama– qui sont : ahimsa -non- violence/satya – vérité/asteya -ne pas voler/brahmacharya-chasteté/aparigraha-non possessivité.

2. Viennent ensuite les cinq observances (vis à vis de soi-même) – niyama : saucapureté/samtosa-contentement/tapas-restrictions, force d’âme/svādhyāya-étude des textes sacrés/īśvarapraṇidhānaabandon au divin.

Selon Alain Gourhant, ahimsa , la non-violence et santosha, le contentement, sont  à ses yeux la principale prescription et la principale observance.

3. Commence alors, dans le cadre général de ces prescriptions et observances, la pratique corporelle des postures – Asana  sur laquelle Patanjali n’insiste pas si ce n’est pour citer l’assise, stable et « bienheureuse » qui permet de passer au pilier suivant, le souffle.

4.  Pranayama ou la respiration consciente et la circulation de l’énergie, du prana. Ce travail va permettre de mettre en place les trois piliers suivants : 5, 6 et 7.

5. Le retrait des sens, pratyahara, yeux mi-clos ou fermés, on s’intériorise et on lâche avec le monde extérieur.

6. La concentration, dharana, (je rajoute : concentrations sur le souffle, sur la posture, sur la flamme de la bougie etc..) permet au mental de se calmer.

Alors s’installe le septième pilier :

7. Dhyāna, la méditation qui permet l’observation des fluctuations du mental – Chen pour la Chine, dzogchen chez les tibétains, zazen pour le Japon.

Alors arrive le but final :

8. Samādhi, l’éveil ou la pure conscience. A vrai dire Patanjali n’évoque pas là une expérience extatique mais plutôt un chemin vers l’éveil : samadhi pada, auquel il consacre une cinquantaine de préceptes ou sutra.

Et Alain Gourhant de conclure :

Tout cela pour dire aussi que le Samadhi, c’est la grande obsession du yoga originel de cette époque bien loin de l’actuelle « mindfulness » la pleine conscience à la mode.

Dans un article du 29 mai dernier, Christiane Delabre de  l’Union comtoise de yoga à Besançon, reprend un article intitulé « l’essence du yoga » d’Estelle Lefebvre  et publié dans le journal du yoga.

Cet article s’appuie sur le propre enseignement de Sri T.K.Sribhashyam(Fils de Sri T. Krishnamacharya) c’est à dire le fils de celui qui relança le yoga en Inde et eu pour disciples ceux qui l’ont fait découvrir à l’Occident.

Le fils de Krishnamasharya énonce le point fondamental  du yoga : selon la tradition indienne le corps est indispensable à la recherche spirituelle : Quand le corps est renforcé, le mental retrouve la volonté, la persévérance et le courage.

Il insiste sur le rôle du souffle : « La respiration est étroitement liée à notre pensée. Plus la respiration est lente, moins il y a de pensées. Chaque pensée éveille une valeur affective. La respiration lente réduit l’impact entre la pensée et la valeur affective ».

Les portes de la vérité s’ouvrent quand le pratiquant explore toutes les facettes du yoga et se donne la peine de mettre en application cet art de vivre à tout instant. Pas à pas l’essence du yoga nous mène vers Dieu. Le Dieu non conceptuel, celui perçu par l’enfant face au paysage, celui qui touche du bout du doigt nos rêves d’enfant.

Pour conclure, je dirai que la pratique des postures renforce les qualités d’ observation   et de volonté du mental en les mêlant de façon subtile : être à chaque instant ni dans la paresse ni dans l’excès de volonté en observation et à l’écoute constantes de son corps. C’est le premier pilier qui se développe avec la pratique des asana.

 S’arrêter là, c’est pratiquer un yoga qui apporte beaucoup de bienfaits physiques, augmente ou maintient souplesse et force musculaire et mentale. Mais une pratique trop orientée uniquement vers ce but  à atteindre – c’est le mental qui dit d’atteindre –  peut conduire à la recherche de prouesses gymniques et occulter ainsi le vrai but du yoga originel. Attention à ce que veut le mental ! Certains enseignants, pour ne pas dire de très nombreux enseignants en yoga, développent principalement ce yoga postural dont  Mark Singleton retrouve justement la trace…dans la pratique gymnique occidentale. Alors comment s’étonner d’un glissement et d’un risque d’absorption de cette pratique par le monde du sport et son ministère ?

Mais  il faut aussi développer  dans cette pratique  le deuxième pilier, celui du souffle, car la pratique du pranayama  conduit notamment, grâce à la concentration  sur le souffle qui est la porte physique vers le  psychisme,  au ralentissement des fonctions du mental. Ce pilier me paraît essentiel dans la pratique. Dans l’enseignement du hatha yoga,  le souffle peut-être introduit par certains enseignants dans chaque posture en lien avec celle-ci alors que pour d’autres  il est réservé à certains exercices spécifiques placés entre des postures et qui rythment ainsi la séance. Enfin, dans une troisième option  le souffle peut-être réservé à une partie de la séance et des pratiques spécifiques qui s’articulent par exemple autour des 4 temps du cycle de la respiration, ou de la pratique de kapalabhati. Il est regrettable que pour une dernière catégorie, le souffle soit quasiment ou totalement  absent de l’enseignement. Mais le travail spécifique sur le souffle est  aussi un puissant travail sur l’énergie – « …là où va le souffle va l’énergie »  disait Roger Clerc– Il faut néanmoins mettre en garde contre les excès d’une telle pratique du souffle mal maîtrisée  qui peut alors entraîner de graves méfaits à cause du lien souffle-psychisme. Ce yoga axé sur le souffle est le yoga de l’énergie ou kundalini yoga avec chakras et montée de la kundalini dans un but d’éveil.  Parallélement, existe aussi un travail sur  l’énergie,  pour la canaliser,  la diriger qui oriente vers d’autres techniques comme par exemple celle de  la lutte du corps contre le froid avec la pratique du  toumo ou dans  le yoga des yeux, dans un but thérapeutique pour améliorer la vue. Personnellement, je pense que ces pratiques, sans en mésestimer ni les résultats ni les bienfaits,  s’éloignent de l’Esprit du yoga originel de l’Inde qui utilisait la posture – asana -pour atteindre l’assise parfaite et permettre une bonne pratique  de la circulation du prana.

A ce stade, il faut alors avancer  que le prana dans sa conception originelle est plus que l’énergie qui réchauffe et qui soigne. Alors que celle-ci est sa dimension physiquement  directement perceptible par le pratiquant, le prana est aussi de façon plus subtile le souffle vital. Nous atteignons alors la dimension spirituelle du yoga.

A ce point de la pratique, l’Occidental a déjà beaucoup oeuvré pour sa santé physique et mentale donc pour son équilibre et bien-être profond, pour être en harmonie avec les autres et la nature. Sans doute  parvenons-nous là aux bienfaits qui satisfont tant de pratiquants et qui ne sauraient être rejetés.  Voilà donc avec ces deux piliers – asana et pranayama -le yoga santé physique et psychique.

Parmi ces pratiquants,  certains vont éprouver le besoin d’aller plus loin car ils se sentent appelés par ce silence intérieur qui devient de plus en plus présent. Ils vont  découvrir les « portes de la vérité«   et « s’ouvrir à Dieu«  en dehors de tous les dogmes, expressions retenues  par le fils de Krishnamacharya. Alors, le but profond  du yoga originel est atteint car l’ Homme est à nouveau relié au Soi profond. Il accède à un domaine que les matérialistes  ressentent comme le « rien »et  le néant . Ce qui est vide pour le matérialiste athée ou agnostique  devient paradoxalement pour le pratiquant à ce niveau  un chemin  Samadhi Pada– celui de son âme individuelle – Âtman en chemin vers la SourceBrahman, l’âme universelle. Lorsque Âtman rencontre Brahman elle se font en Lui  et le remplit d’ une joie profonde.

Nous retrouvons alors les origines du  yoga de l’Inde dont nous parle Mark Singleton et qu’évoque Alain Gourhant.

Pour ces pratiquants, la Conscience va considérablement s’élargir au cours de la pratique   et tendre vers  la Conscience universelle. Ce parcours peut devenir instantané pour certains pratiquants mais aussi paradoxalement pour certains… non pratiquants – cf par exemple la voie directe de Ramana Maharshi-, on peut dire que Atman – l’âme individuelle  est Brahman – l’âme universelle.   Satchitananda, Sat Chit Ananda. Sat , l’Être absolu, la vérité non changeante, Chit  la Conscience, Ananda , la félicité, le bonheur absolu. Il y a plusieurs chemins pour atteindre notre être profond et l’Unité. Celui emprunté par le yoga de Patanjali et ses huit membres  est une belle voie d’harmonie qui part du corps, prend son expansion avec le souffle et nous conduit sur le chemin de la réalisation au bout duquel Atman rejoint Brahman.

( précisions sur la non-dualité : Patañjali serait le compilateur réel ou mythique du recueil classique des Yoga Sūtra de date comprise  entre l’an 300 av. J.-C. et l’an 500 apr. J.-C.

Outre que le Yoga ou le Sāṃkhya Yoga soit une école liée à la philosophie indienne orthodoxe, c’est aussi un ensemble de voies pratiques qui sont censées conduire le yogi vers la libération de sa propre souffrance. On compte traditionnellement quatre voies majeures (mārga) décrites dans la Bhagavad Gita qui sont :

  • Bhakti Yoga : Yoga de la dévotion et de l’adoration ;
  • Jnana Yoga : Yoga de la connaissance transcendante ;
  • Karma Yoga : Yoga du service et de l’action désintéressée ;
  • Raja Yoga : Yoga codifié par Patañjali et procédant essentiellement par méditation (dhyâna).

Le Sāṃkhya  est généralement considéré comme le plus vieux des systèmes philosophiques indiens, il aurait été fondé au viie siècle av. J.-C. par Kapila

Dans la Bhagavadgītā, – Les indianistes s’accordent à penser que le texte a été écrit entre le ve et le iie siècle av. J.-C., voire au ier siècle av. J.-C- Le Sāṃkhya est une philosophie non-dualiste puisqu’elle considère prakṛti, la création et les créatures, comme étant le prolongement matériel de puruṣa associé a Dieu, celui-ci s’opérant par la mâyâ (ou l’Illusion qu’engendre l’attachement aux gunas). Notons également que prakṛti et purusha sont deux principes de nature divergente et complémentaire : prakṛti, la nature est féminine, puruṣa, l’âme est d’essence masculine. Cette distinction a donné lieu à de multiples élaborations philosophiques complexes qui abondent dans les sciences du yoga. La réalisation ne peut se faire qu’en se libérant de prakṛti, qui mène aux ténèbres de l’ignorance pour se confondre en puruṣa.)

 

Une mise au point de dernière minute : L’Union Comtoise de yoga synthétise un article d’Ysé Tardan-Masquelier Directrice de projets à l’EFY -école française de yoga-, docteur habilitée en sciences des religions.  Cet article est paru dans les carnets du Yoga de juin 2019.

« Dans sa forme la plus profonde, le yoga cherche à relier tous les aspects de notre Etre : Physique, énergétique, émotionnel, mental et spirituel et pour cela être au plus près de l’enseignement traditionnel indien.

En Inde, le yoga a en effet une dimension spirituelle, qui n’est pas à négliger, puisqu’elle permet d’atteindre la joie intérieure (ananda) et de se libérer de ses tourments intérieurs. (De gérer stress et émotions). Mais pour ne pas se fourvoyer ou avoir une approche illuminée, ce qui peut arriver dès qu’on touche à la spiritualité, il est préférable de se référencer aux textes de la Tradition ; d’où l’importance, lorsque l’on veut pratiquer le Yoga, de s’intéresser également aux textes de l’Inde classique. »

Denis Brossier

présentation complémentaire de marc Singleton

En 2009, Marc Singleton a édité la collection Yoga dans le monde moderne .

En 2010, il a publié sa thèse sur les origines du yoga moderne , Yoga Body : Les origines de la pratique de la posture moderne ; il soutient que le yoga moderne représente un remaniement radical de la tradition du hatha yoga, tant dans son contenu (abandonnant la plupart des pratiques de hatha que les asanas ) et son but (exercice plutôt que moksha , libération spirituelle), et que la plupart des asanas debout sont récents, influencés par la gymnastique ( en particulier celle de  Niels Bukh dans les Primitive Gymnastics) en Inde au cours du 20e siècle. Il a écrit sur son travail dans le New York Times et le Yoga Journal , comprenant un hommage à BKS Iyengar ). 

Il est chercheur à la School of Oriental and African Studies de Londres. Il a été coprésident du groupe de l’Académie américaine des religions, étudiant le yoga en théorie et en pratique.  En 2013, il a servi de consultant pour l’ exposition Smithsonian Yoga : The Art of Transformation , contribuant également au catalogue de l’exposition. 

En 2014, il a édité la collection Gurus of Modern Yoga (le livre). 

En 2017, il a aidé l’assistant orientaliste James Mallinson sur le livre Roots of Yoga , publiant pour la première fois la traduction de plusieurs manuscrits de hatha yoga , dont certains décrivaient des asanas non assises. 

Il est membre du Hatha Yoga Project – SOAS University of London-fondé par the European Research Council.projet de recherche qui s’étend de 2015 à 2020 et regroupe 4 chercheurs basés à Londres et 2 chercheurs basés à l’école française d’Extrême -orient à Pondicherry.

Les abus sexuels dans le yoga : dénoncez-les

Animateur du site et blog « le Temple des Consciences » je suis également pratiquant en yoga depuis une vingtaine d’années. C’est à ce titre, profitant de l’élan féminin actuel pour dénoncer les agressions sexuelles que je publie aujourd’hui cet article. Il a pour but d’ inviter les victimes de certains agissements à dénoncer ces abus mais aussi informer toutes celles et ceux qui se lancent dans cette pratique. 

Le large partage de cette information dans les milieux du yoga permettra de lutter contre ces pratiques déviantes et permettra de poursuivre cette activité épanouissante hors de tous excès physiques.

Des femmes manifestent lors de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2018 à Paris.

 

Dans une tribune publiée sur franceinfo le 8 octobre, 600 femmes appellent à une grande marche contre les violences sexistes et sexuelles le 24 novembre prochain. C’est l’occasion de dénoncer, par cette reprise partielle d’un article de 2015, les comportements de certains Guru  du monde du yoga qui bénéficient de la loi du silence.

(à partir d’un article  d’Arnaud pour le magazine YOGANOVA  paru le 1/2/2015)

Il dénonce des loups déguisés en saints

et

Les abus sexuels dans le yoga et pourquoi personne n’en parle…

 

Pour lire tout l’article :

http://www.yoganova.fr/des-loups-deguises-en-saint-les-abus-sexuels-dans-le-yoga-et-pourquoi-personne-nen-parle/#comments

 

Si on entend énormément de voix s’élever, à raison, contre les divers scandales sexuels et pédophiles qui ont touché le cœur de l’Eglise Catholique ces dernières années, il en est malheureusement autrement quand d’influentes figures du Yoga sont touchés par les mêmes accusations.

Face aux questions soulevées par les rumeurs du comportement inadéquat d’un « maître », la réponse sera souvent un silence gêné, voir une mimique pleine de reproches. Pourquoi parler de tout cela ?
On vous rappellera peut-être ses mots du grand (et irréprochable) Swami Sivananda :

« Vous ne devez jamais regarder les défauts du Gourou, vous devez au contraire le diviniser. Le gourou est Dieu ! »

oubliant peut-être de mentionner  ses conseils sur les qualités à rechercher chez un Guide authentique :

« Il fera disparaître vos doutes, il doit être libre de l’avidité, de la colère et du désir. Si il est plein d’amour, détaché de lui même et sans ego, vous pouvez le choisir comme votre guide »

Qu’est-ce qui fait que certains agissements particulièrement intolérables de « guides spirituels » bien connus ne fasse pas plus de bruit ? Comment des personnages qui salissent les enseignements peuvent rester en place sans créer trop de polémique ?

Par cet article, nous ne cherchons pas  la petite bête, nous ne voulons pas instaurer une « police dharmique de la braguette » ni  appliquer une grille de lecture « spirituellement correcte » sur une une quête de Soi qui peut, à certains moments, prendre des formes étranges et paradoxales. Certains maîtres véritables peuvent utiliser de temps à autres des méthodes atypiques et bien peu orthodoxes pour « réveiller » et « secouer » l’aspirant…Nous le reconnaissons.

Néanmoins, la gravité de certains faits ne cesse d’alarmer et l’aveuglement général semble parfois prendre des dimensions abyssales. On ne compte plus le nombre de chercheurs sincères dont la vie a été brisée par des psychopathes déguisés en saints, avec l’approbation silencieuse du reste de leur communauté. Il est temps d’en parler…

Swami Satyananda Saraswati pronait l’abstinence et la chasteté…pour les autres.

Ses révélations concernent le « gourou » indien Swami Satyananda Saraswati célèbre pour être le fondateur de l’école internationale de Yoga du Bihar et l’auteur de nombreux (et souvent excellents) ouvrages sur les techniques yogiques et tantriques de méditation.

Mort il y a quelques années, le Swami prônait l’abstinence, la chasteté et l’austérité alors que sa vie intime semble bien trouble.
Bhakti Manning, une ancienne disciple a récemment expliqué devant une commission d’enquête de la justice australienne comment elle aurait été « abusée sexuellement par le Swami devant des étrangers alors qu’elle n’avait que 16 ans durant un voyage en Inde« , elle souligne « avoir  précédemment  subi le même traitement de la part de Swami Akhandananda Saraswati« , un disciple de Satyananda et responsable à l’époque de l’ashram de Mangrove Moutain en Australie.

D’autres témoignages viennent corroborer ses dires et accusent les dirigeants de l’ashram de  Mangrove Moutain de nombreux abus physiques et sexuels durant les années 70 et 80.

« Dracula » Akhandananda en couverture de son ouvrage sur le Tantra dans la vie quotidienne. On se demande quel sorte de Tantra il pratiquait.

La plupart des faits  seraient l’oeuvre de ce Swami Akhandananda Saraswati, véritable pédophile grimé en promoteur de paix et  leader de l’ashram de Mangrove Moutain.

(voir ici et en réponse à l’article, une lettre ouverte d’un membre de la communauté Satyananda France)

 

Akhandananda fut d’ailleurs condamné à deux ans de prison en 1989 pour abus sexuels sur une jeune fille de 15 ans mais la sentence fut annulée pour vice de forme en 1991. Il mourut en 1997 d’un coma éthylique.

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Swami Kriyananda le fondateur d’origine roumaine d’une communauté spirituelle bien connue et disciple du  fameux Paramahansa Yogananda (auteur de « auto-biographie d’un yogi ») reconnaîtra lui aussi en 1994 avoir eu des relations sexuelles avec plusieurs de ses étudiantes. Il aura fallu un long procès et la déposition de sept de ses anciennes disciples. Il restera pourtant à la tête de  l’Ananda Sangha Worldwide jusqu’à sa mort. (cf ici un autre témoignage sur Kriyananda)

Amrit desai dans sa jeunesse

Cette même année, Amrit Desai, le très photogénique fondateur de l’école de yoga Kripalu sera condamné à payer 2,5 millions de dollars à d’anciennes disciples qui l’accusaient d’abus sexuels. En revanche on doit admettre que Amrit Desai a reconnu les faits, effectué son auto-critique et s’est sincèrement excusé auprès de ceux et celles qu’il avait blessé avant de confier la gestion du mouvement à un groupe d’étudiants.

Swami Muktananda le charismatique leader du Siddha Yoga  et Swami Satchindananda d’Intégral Yoga (qui connu une renommé internationale après son passage au festival de Woodstock en 1969) furent aussi accusés d’abus sexuels dans le milieux des années 90. En 1991 ce dernier dû faire face à des protestataires en colère devant l’amphithéâtre où se tenait sa  conférence aux cris de « Arrêtez les abus » et « arrêtez de couvrir les scandales ».
Les choses iront encore plus loin pour Muktananda puisque nombres d’anciens disciples témoignèrent des mauvais traitements subis sous son autorité et de trafic d’armes et d’argent au sein de la communauté.

cf ici un autre récit d’abus sexuels de maîtres du yoga 

Dans les années 60-70, le culte de la personnalité associé à une naïveté béate de la part de nombreux occidentaux ont bien souvent facilité la tache des experts en manipulation qui se cachaient sous des robes de Swami.
Mais ne nous y trompons pas, les abus continuent aujourd’hui et concernent des personnalités bien connus du yoga moderne.

Choudhury Bikra ici dans son costume de travail.

Par exemple, Choudhury Bikra, qui par le biais de sa très lucrative école de yoga Bikram posséderait plus de 650 studios à travers le monde. En plus d’avoir essayé (sans succès) de breveter une série d’asanas , il est lui aussi pris dans de nombreux scandales. Il est notamment accusé du viol de deux étudiantes pendant des « training camps » en 2010 et 2011. Nous ne prononcerons pas sur son cas et nous respecterons la présomption d’innocence jusqu’à ce que le jugement soit rendu.

John Friend « l’entrepreneur en yoga »du temps de sa splendeur

John Friend, le charismatique et médiatique  fondateur de Anusara Yoga, était encore il y a peu le héros d’une yoga « success story » typiquement américaine avant de s’effondrer complètement sous les nombreuses accusations d’inconduite sexuelle, de manipulations financières et de consommation de stupéfiants. Aujourd’hui, il ne reste plus grand chose de Anusara yoga et John Friend a été largement abandonné par ses anciens compagnons. Dire que le petit monde du yoga bruissait de commentaires élogieux sur ce mouvement il y a encore quelques temps ! Ah, l’impermanence des choses…

Swami Shankarananda

Une autre polémique a  éclaté en Australie autour des agissements douteux de Swami Shankarananda fondateur et maître spirituel de la Shiva School of Meditation and Yoga, de grande renommé en Australie. Il aurait eu des aventures avec des dizaines de ses étudiantes dans le plus grand secret. Prit la main dans le pot de confiture, le « gourou » qui apparaît dans nombre de documentaires sur le yoga s’est justifié par un communiqué où même s’il reconnait que « son comportement était inapproprié et qu’il promet plus de transparence dans ses actions et dans son enseignement« , il souligne « qu’il est bien connu que notre tradition est tantrique et inclut le culte discipliné de la grande déesse et jusqu’ici j’avais gardé mes activités secrètes comme le recommande les anciennes écritures« .  Le bonhomme est rusé et nous sors un joker de dessous sa robe orange de Swami: le Tantra. Nous on veut bien mais en attendant, sa communauté est sous le choc et de nombreux adeptes l’ont déjà quitté. Bien essayé mais dommage…

cf ici un article à ce sujet

cf là, un article sur le Tantra, la sexualité et l’extase

 

Pour terminer j’ajouterai une vidéo, sans commentaire, de la pratique du yoga par le grand maître indien K. Pattabhi Jois qui a popularisé la pratique de l’ashtanga yoga aux Etats-Unis :

 

la dénonciation des comportements de Joice dans ses « ajustements » et les accusations d’agressions sexuelles le concernant Wikipédia -critiques

The Economist a publié une notice nécrologique qui mettait en cause l’adhésion de Jois au principe yoguique du brahmacharya ou de la continence sexuelle et a accusé ses élèves de sexe féminin de recevoir des « ajustements » différents de ceux de ses élèves de sexe masculin. [42] Dans un article de magazine, CounterPunch a indiqué que Jois était un « agresseur sexuel d’étudiants signalé ». [50] Des accusations d’atteintes inappropriées de femmes par Jois pendant des cours de yoga ont également fait surface sur YogaDork [51] [52]dans Elephant Journal , [53] [54] et dans un article publié sur YogaCity NYC., où une étudiante a raconté qu’elle avait été pelotée par Jois lors d’un cours à New York. [55]

La même notice nécrologique mettait en doute l’adhésion de Jois au principe yogique de l’ ahimsa ou de la non-violence et soulignait qu ’« un bon nombre d’étudiants de M. Jois semblaient constamment boiter avec des genoux ou des dos blessés parce qu’ils avaient reçu ses «ajustements», Lotus, le split ou un backbend.  » [42] Les ajustements de Jois ont été qualifiés de « accablants, produisant une peur et un inconfort extrêmes chez les étudiants lorsqu’ils sont poussés au-delà de leur zone de confort physique et psychologique dans des asanas souvent difficiles, voire dangereux ». [56]Il est peu probable que les étudiants aient enduré de tels ajustements sans foi et confiance dans les enseignants et la méthode. Cette relation entre enseignant et élève est la façon dont Jois a enseigné le Parampara, la transmission du savoir entre professeur et élève. [34] Pattabhi Jois ne s’est pas appelé un gourou, mais est considéré comme le maître gourou ou le professeur de l’Ashtanga Yoga. [34]

Le 25 avril 2018, le magazine Walrus a publié un article intitulé « La culture des abus sexuels perpétrée par le yoga: neuf femmes racontent leurs histoires ». [57] L’article présente les témoignages à la première personne de neuf femmes qui prétendent avoir été agressées sexuellement par Pattabhi Jois. Les incidents datent de 1992 à 2002. L’une des femmes citées dans cet article, Karen Rain, était autrefois connue sous le nom de Karen Haberman. Elle a étudié avec Jois à Mysuru pendant un total de deux ans entre 1994 et 1998. Elle a archivé ses écrits sur Jois sur son blog. [58] Dans une interview, elle décrit les défis liés à la présentation de son histoire. [59]En réponse aux révélations et à l’appel de Rain pour une réforme de la communauté Ashtanga Yoga, plusieurs professeurs d’Ashtanga autorisés par la famille Jois se sont engagés à des actions réparatrices. [60] [61]

lire ici à propos des pratiques de Jois le témoignage d’une praticienne et professeure de yoga établie à Toronto : « depuis longtemps, j’ai entendu parler du comportement présumé de Jois il y a plusieurs années. Au cours d’une enquête de deux ans, j’ai interviewé neuf femmes d’Amérique du Nord »

 

 

 

 

 

Yoga : dans la posture, seule l’attention demeure

 

 

Un bel article présenté par L’ Union Comtoise de Yoga à Besançon

 

 

Postures

 

Extrait d’un article de Loredana HAMONIAUX qui nous a quittés le 20 juin 2011.

 

Meunier, tu dors, ton moulin, ton moulin va trop vite…..

Patanjali dans ses Yoga-Sûtra, évoque une image étrangement analogue quand il affirme d’emblée que la conscience ordinaire (citta) est en proie à des mouvements tourbillonnants (vritti), à des modifications incessantes. D’autre part, pour cette même tradition du yoga, l’homme ordinaire, qu’il veille ou qu’il dorme, vit en fait dans une sorte de somnolence, de torpeur, de rêvasserie, dont il faut bien qu’il sorte pour vivre l’éveil véritable. Notre meunier avec son moulin nous offre une bonne image de notre état dominant : c’est parce que nous sommes « endormis » et prisonniers de nos rêves, que notre « moulin » tourne sans répit, et plus il tourne et plus nous sommes immergés dans le sommeil tout en croyant être réveillés. Alors que paradoxalement le sommeil profond, sans tourbillon, se rapproche de la dimension de l’éveil….

Or notre moulin n’est pas simplement mental, mais aussi corporel. Quand les tourbillons de la conscience se succèdent, rapides et sans arrêt, le moulin psychosomatique tourne, tourne….les émotions en cascades ébranlent le corps, accélèrent le pouls, coupent le souffle, gèlent les viscères, crispent les muscles. La mécanique de la pensée (expérience-mémoire-conclusion-expérience, etc….) raidit, fibrose et contracture. Le meunier dort d’un sommeil agité. Parfois, le moulin tourne si inconsidérément que le moteur bloque, c’est l’épuisement, la dépression, et le meunier sombre dans un « sommeil » épais.

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La méditation est donc l’arrêt du moulin. Mais par où commencer à désamorcer ses virevoltes…Il est bien entendu possible d’aborder directement le mental.Nombreuses voies proposent cette approche, qui présente néanmoins ses propres embûches, car souvent la tentative d’arrêter les tourbillons de pensée se résout en une pensée supplémentaire qui présente néanmoins ses propres embûches, car souvent la tentative d’arrêter les tourbillons de pensée se résout en une pensée supplémentaire qui produit une nouvelle résistance, une nouvelle crispation : « je dois arrêter », et le « je dois » se transforme en poison.

Il est aussi possible d’aborder le problème par le corps : bien que cette voie ne soit pas dépourvue de pièges (tel celui de se perdre dans le physique, dans l’accumulation de « pouvoirs » corporels), elle est peut-être plus aisée d’accès dans un premier moment. Je vous propose donc de méditer dans le corps, par le corps, avec le corps, grâce à l’âsana.

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La racine même (âs) du mot âsana désigne le fait d’être posé et de rester. L’âsana est stabilité.

Dans l’immobilité de la posture, loin de s’agiter, les muscles aussi « restent » : certains contractés, d’autres étirés, d’autre encore relâchés, mais tous ils restent, ils se stabilisent, ils pondèrent, ils méditent. Et en méditant, ils se révèlent.

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Dans le maintien postural de l’âsana, il y a donc un premier temps pendant lequel nous laissons le corps se réaccorder : cela ne se fait pas mécaniquement, mais bien au contraire dans l’attention, dans le sentir, dans l’être conscient, et cela peut aboutir à un deuxième temps, où la plus belle musique est là : le silence. Non pas le silence d’omission, de refoulement, non pas la parole cachée qui attend d’exploser, mais le silence vrai, le silence de légèreté, de non-conflit, d’équilibre, d’abandon.

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Le corps sort de la conflictualité et de la fragmentation ordinaire. Patanjali le dit d’ailleurs : l’âsana est stabilité – d’accord – mais elle est aussi et en même temps aisance, liberté, où les assauts de la dualité ordinaire cessent. Mais… mais : il y a pour cela des conditions. D’abord – prévient Patanjali – il faut lâcher : lâcher tout effort indu, inutile, redondant, toute résistance, tout acharnement, toute « triviale » poursuite…. Ce qui veut dire aussi, dans notre contexte, lâcher toute image-fantasme de « posture parfaite ».

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Donc la deuxième condition pour que la posture soit aussi âsana est l’acceptation (même momentanée) de l’ego à se taire, et ce qui la rend possible est l’attention à ce qui est, l’immersion dans l’infini de la vie. Concrètement, dans la posture, cela veut dire attention aux sensations corporelles actuelles, c’est-à-dire présentes d’instant en instant. Les muscles alternativement contractés, étirés, relâchés, offrent une gamme de sensations très riche ; et comme les mouvements respiratoires sont accomplis aussi par des muscles, même les sensations respiratoires peuvent se considérer comme un type particulier de sensations musculaires.

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« Seule l’attention demeure.

Elle n’est ni objet, ni sujet.

Elle n’est pas « mon » attention :

elle est lumière impersonnelle.

Elle est pure vision rétablie dans sa nature originelle »

 

Sri Tathâta : « Je viens mener les humains vers une conscience supérieure »

 

Aider l’humanité à évoluer vers une nouvelle conscience est la mission que s’est donnée le sage indien Sri Tathâta. En novembre dernier, le yogi originaire du Kerala est venu partager son enseignement en région parisienne. Pour le maître hindou, les humains doivent se débarrasser de leur ego pour progresser vers une nouvelle spiritualité, selon les principes de l’ordre naturel, le dharma.

Le grand yogi hindou Sri Tathâta était de passage à Paris les 28 et 29 novembre 2014. © Matthieu Stricot

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