Le meilleur moyen d’explorer ce qui nous dépasse n’est-il pas de réconcilier l’esprit critique et la faculté d’émerveillement ? Regarder le miracle en face, c’est réfléchir sur soi. C’est remettre en question nos limites. Et si nous étions tous capables d’accomplir des prodiges ?
Rien n’est plus insolent qu’un miracle. Il se rit des lois communes, défie les autorités religieuses, provoque les sceptiques… Quand Émile Zola, voulant démystifier le sanctuaire de Lourdes, choisit sur place deux tuberculeuses mourantes pour en faire les personnages de son roman et assiste, ébahi, à leur guérison instantanée, quand le bouillonnant Padre Pio, suspendu par le Vatican pour imposture mystique, donne la vue à une enfant née sans pupilles, quand une héroïne de la Résistance porte secours à un navire bombardé alors même que la Gestapo la torture dans une prison parisienne, quand une hostie se met à léviter en direct durant une messe télévisée ou prend la forme d’un muscle cardiaque en présence du futur pape François, la raison est en droit de s’offusquer.
Et pourtant, tous ces cas ont été authentifiés par des témoins, des scientifiques, des historiens, des instruments de contrôle. Mais relèvent ils de l’intervention divine ou des capacités secrètes de l’être humain ? À l’heure où la foi paraît s’incliner devant la peur, Didier van Cauwelaert nous offre, avec cet ouvrage hautement documenté, à l’humour percutant, une profonde réflexion et un formidable message d’espoir.
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C’est par cette présentation de ce livre, véritable concentré de miracles éblouissants, figurant en quatrième de couverture que le lecteur non encore averti prend contact avec cette insolence des miracles. Tous ces signes que Didier Van Cauwelaert rassemble dans son livre nous montrent, si tant est qu’on y porte attention, que notre monde strictement matériel car globalement issu d’une pensée athée ou agnostique est une fausse représentation du monde. Il s’appuie exclusivement sur la science, elle-même toujours assise sur ce que l’œil est capable de lui faire voir soit directement, soit par les indications diverses données par des instruments de mesure ou des interprétations d’images reconstituées. Mais notre monde ainsi, s’arrête alors à ce que notre œil peut percevoir et notre raison en déduire. La science nous limite à ce qu’elle voit et sait ou prétend expliquer à partir de ses observations. Mais qu’en est-il de tous ces faits inexplicables par la science et si extraordinaires, tous ces miracles ?
Tous ces miracles dont beaucoup ont donné lieu à de multiples investigations à caractère scientifique nous montrent de façon criarde que des manifestations diverses, hors de nos connaissances scientifiques, surgissent parfois sans explication rationnelle dans notre monde réel. Il s’agit ici essentiellement de manifestations produites par des humains ou autour d’humains et qui nous ramènent à la foi chrétienne excepté un cas d’un miracle qui s’est produit dans le cadre de la foi musulmane. Il faut souligner cette exception qui permet d’envisager des miracles hors du monde chrétien.
Mais, au-delà de ces faits incontestables, l’auteur s’interroge, du moins nous laisse cette liberté : Ces événements sont-ils directement produits dans notre monde matériel par des êtres extérieurs que sont ici la puissance divine, la Vierge Marie, des anges ou des humains vivants ou parfois décédés ?
Saint Augustin d’Hippone, (354- 430) l’un des quatre Pères de l’Eglise, disait : « les miracles ne sont pas en contradiction avec les lois de la nature mais avec ce que nous savons de ces lois. »
Pour un chrétien ayant la foi totale en Jésus- Christ, la solution à cette profonde interrogation se trouve dans les propres paroles de Jésus rapportées en Jean 14:12 :
» Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi; croyez du moins à cause de ces oeuvres.En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père; et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils.… »
Alors les humains ayant une foi extraordinaire en Jésus peuvent, selon les propres paroles de Jésus réaliser des miracles encore plus grand que ceux relatés dans les Evangiles. Mais qu’en est-il de la guérison dans le cas du miracle à la Mecque dont a bénéficié Leila Lahlou ? Qu’en est-il aussi des capacités extraordinaires obtenues par exemple dans le monde de l’inde par Sri Aurobindo ?
Portes Ouvertes est une ONG internationale humanitaire chrétienne évangélique qui soutient les chrétiens persécutés. Elle est interconfessionnelle. Son siège international est situé à Harderwijk, Pays-Bas.
Depuis 1993, Portes Ouvertes publie chaque année l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens, un classement des 50 pays où les chrétiens rencontreraient les plus grandes difficultés en raison de leur religion. En 2022, elle aurait des programmes dans 70 pays.
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La rigueur des informations qui remontent par ces réseaux a fait de cet observatoire une référence pour toutes les confessions chrétiennes. L’édition 2023, présentée mardi à Paris, marque d’ailleurs le trentième anniversaire de cette initiative. Elle offre une rétrospective très inquiétante sur la «poursuite effrénée du terrorisme islamique en Afrique», sous la forme d’un «djihadisme en pleine expansion en Afrique subsaharienne».
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L’Index 2024 fait le constat d’un nombre record d’églises ciblées. Cette explosion des violences contre l’Église entraîne un regain de la persécution. Aujourd’hui, les chrétiens sont fortement persécutés et discriminés dans 78 pays.
Plus globalement, le rapport 2023 comptabilise que «près de 360 millions de chrétiens sont fortement persécutés et discriminés» dans le monde. Ce qui représente un chrétien sur sept à l’échelle de la planète.
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On commet souvent l’erreur de limiter la persécution des chrétiens à la seule violation de la liberté religieuse (article 18 de la DUDH). Or, cette persécution prend des formes variées qui violent tout un ensemble de droits fondamentaux: discriminations à l’éducation ou à l’emploi au Nigéria, meurtres en Égypte, tortures dans les prisons iraniennes, détentions arbitraires en Chine, mariages forcés dans certains pays d’Asie Centrale…
Comment est élaboré l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens ?
C’est sur la base de six indicateurs distincts, pondérés de manière égale et additionnés, qu’est calculé l’index: la violence physique et matérielle à l’égard des chrétiens, ainsi que les atteintes à leur liberté de pensée et de conscience, à leur vie familiale, à leur vie sociale, à leur vie civile et à leur vie ecclésiale. Une équipe de recherche récupère les informations, les vérifie, recoupe et compile. L’index est ensuite progressivement établi, laissant apparaître les pays où les chrétiens sont le plus à risque d’être l’objet de persécutions directes.
Nous rassemblons des informations provenant de sources très différentes, religieuses et laïques. Pour nous permettre de classer les pays où les chrétiens sont le plus persécutés, l’étude est réalisée sur 150 pays en tout.
Qu’entend-on par « persécution » ?
Pour Portes Ouvertes, la persécution est entendue au sens usuel du terme. Nous définissons la persécution des chrétiens comme « toute hostilité à l’égard d’une personne ou d’une communauté motivée par l’identification de celle-ci à la personne de Jésus-Christ »
La persécution marteau : elle consiste en une violence physique et matérielle soudaine et brutale (meurtres, viols, enlèvements, passages à tabac, attaques d’églises…). Il s’agit souvent de celle qui est la plus choquante, chiffrable et manifeste pour les médias.
La persécution étau : cette forme de persécution est moins visible mais a souvent un impact plus néfaste et durable. Il s’agit d’une discrimination faite de rejets, d’oppression discrète, de déni des droits, d’exclusions… Subie au quotidien, elle finit par ostraciser les chrétiens en touchant tous les domaines de leur vie.
4 998 CHRÉTIENS TUÉS
soit 13 par jour.
Le Nigeria occupe la première place. L’index écrit qu’il «est depuis 2019 le premier pays où les chrétiens sont persécutés, si l’on ne prend en compte que les chiffres de la violence». À lui seul, «ce pays représente 89 % des chrétiens tués (près de 9 chrétiens tués dans le monde sur 10 ont donc trouvé la mort au Nigeria. Soit 5014 personnes) et 90 % des chrétiens kidnappés dans le monde. Il figure à la deuxième position du classement en ce qui concerne les églises attaquées, 100 en 2022».
Par ailleurs, le Soudan, séparé du Nigeria par le Tchad, remonte dans le sinistre classement. Le Mali, lui aussi, dérape:
Juan Manuel de Prada, né le à Barakaldo, est un écrivain, éditorialiste et critique littéraire espagnol.
Il étudie le Droit à l’Université de Salamanque où il obtient un diplôme d’avocat, profession qu’il n’exercera jamais car il décide de se consacrer entièrement à la littérature.
Juan Manuel de Prada est traditionaliste et défend dans ses articles des positions proches de l’Église catholique sur les questions de l’avortement ou de l’euthanasie. Il est éditorialiste du journal madrilène de droite ABC depuis de nombreuses années. Il est aussi très critique du libéralisme et de l’aliénation de l’individu dans le contexte du postmodernisme et du capitalisme, dans une ligne distributiste de pensée socio-économique qui le séduit.
Il revendique le Moyen Âge, nie qu’il s’agisse d’un âge obscur et estime que le monde occidental a atteint son apogée au XIIIé siècle. La crise que nous traversons actuellement trouve ses racines au XVIé siècle. À cette époque, trois événements essentiels apparaissent pour comprendre l’histoire européenne ultérieure : l’œuvre de Machiavel, qui sépare la morale de la politique ; la révolte contre l’Église romaine, menée par Luther et cause de la naissance du protestantisme ; et la théorie politique de Jean Bodin, créateur du concept de Souveraineté qui superposait l’État à l’unité de la chrétienté dans un Empire. Il considère également que la violation juridique de Hobbes et la violation sociale de la paix de Westphalie sont pertinentes. Tous ces échecs se cristallisèrent lors de la Révolution française de 1789, lorsque De Prada considéra que « toute la philosophie moderne » devenait « anti-chrétienne, anti-thomiste et anti-aristotélicienne ».
Il s’oppose à la modernité, au puritanisme et au capitalisme influencé par Chesterton. Il soutient que Rousseau est le père de l’ingénierie sociale tandis qu’il faisait l’éloge d’Alexis de Tocqueville. Il a également critiqué Descartes ,Adam Smith, David Ricardo, Stuart Mill, Hegel, ou Nietzsch. Il soutient que « le progressisme, en fin de compte, n’est rien d’autre qu’une expression dévalorisée de l’esprit hégélien du monde ». Il s’oppose à l’Union européenne et défend la justice sociale. Il considère le libéralisme économique comme « l’une des idées les plus néfastes de l’histoire de l’humanité. Elle assimile le capitalisme au communisme. Elle affirme que le libéralisme crée les conditions sociales, économiques et morales optimales pour le triomphe de la gauche socialiste et du communisme. Elle comprend que les maux que la droite attribue au communisme sont en réalité causés par le capitalisme. Il croit que le pape François défend l’orthodoxie économique de l’Église27.Diplômé en droit, il est un détracteur du positivisme.. Influencé par Aristote, considère que conservatisme et progressisme partagent une vision erronée de la nature humaine: la vision libérale32. s’est opposé le Processus de Bologne. Il a déclaré que « la mentalité catholique est tellement défensive qu’elle a cessé de comprendre le sens de l’art », « montrer le péché aujourd’hui est scandaleux », « l’artiste doit montrer comment la Grâce agit sur le territoire du diable » et que «Dans un cinéma authentiquement catholique, le mal doit être attirant ».] Il convient avec Leonardo Castellani que Baudelaire a été le plus grand poète catholique du XIXe siècle. De Prada déteste le puritanisme :
« Notre monde est hypocrite et puritain. Le puritanisme est une dégénérescence de l’hypocrisie qui prétend d’abord être vertueuse et, lorsqu’elle se rend compte que la vertu absolue est impossible, essaie de transformer ses vices en vertus, de telle sorte que notre faiblesse est absolument niée et devient une force. La position catholique est beaucoup plus réaliste avec la réalité humaine: on admet qu’elle est faible mais cette faiblesse est pointée du doigt. »
Sur le pharisaïsme, il a déclaré :
« Le pharisaïsme est l’incapacité d’accepter que Dieu pardonne nos fautes, en s’érigeant en purs qui ne peuvent y tomber. C’est l’incapacité d’accepter la conversion du pécheur, la possibilité de l’homme nouveau, et de prétendre que, si quelqu’un est tombé dans le passé, il faut toujours continuer à lui frotter le visage (les pharisiens n’auraient jamais admis la sainteté de Marie-Madeleine ou d’Augustin d’Hippone). Et la propre justice n’est pas d’admettre que Dieu peut agir à travers nous, pécheurs , que ce que font les pharisiens, les pécheurs peuvent être guéris par Dieu avec sa grâce, et que Dieu peut utiliser les pécheurs pour accomplir son œuvre de salut
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Introduction aux grandes œuvres de la littérature chrétienne
Présentation d’une vingtaine de livres sur les vingt six recommandés
Le Grand Théâtre du monde donne le vertige. Chef d’œuvre de l’auto sacramental (un théâtre religieux conçu pour les processions spectaculaires de la Fête-Dieu), il est une clé de voûte du grand art dramatique de l’Espagne au Siècle d’or. Poésie sublime, rire délicat, rigueur doctrinale, Calderon convoque ici tous ses talents pour façonner un formidable trompe-l’œil baroque, où l’angoisse existentielle se place au service d’une foi irréductiblement optimiste. Le Grand Théâtre du monde est une leçon de vanité mondaine, qui trouve dans le Ciel sa raison d’espérer. Synthèse dramatique de tout l’univers d’un maître de la littérature universelle, véritable encyclopédie en miniature des grands concepts du Siècle d’or, ce texte émouvant est la meilleure façon de pénétrer le génie d’un peuple qui
« Ce siècle est un combat, un fracas, un éclat, un tumulte.
Souffrez que je vous présente en ce moment quelques hommes pacifiques. Car il y en eut ; à regarder le monde, on est tout près de s’en étonner. Il y eut des Pacifiques. Parmi eux plusieurs ont reçu une dénomination singulière, officielle, et s’appellent des Saints. Des Saints ! Souffrez que je vous arrête un instant sur ce mot. Des Saints ! Oubliez les hommes dans le sens où il le faut pour vous souvenir de l’homme. Souvenez vous de vous-même. Regardez votre abîme.»
Ernest Hello
Ernest Hello (1828-1885), dont Barbey d’Aurevilly, Huysmans ou encore Michaux ont salué l’influence sur leurs propres œuvres, raconte, en écrivain et en croyant, la vie des saints.
Les colères, les peurs et les exaltations du grand pèlerin de l’absolu. Des mots qui font sursauter. L’auteur du mot qui frappe.
Léon Bloy (1846-1917) est un bloc erratique dans la littérature fin-de-siècle. Il récuse les langues mordorées de son époque pour se lancer, avec véhémence, dans le déchiffrement du mystère qu’est l’homme. Il le fouille sans complaisance, mettant à nu ses faiblesses et ses souffrances. Pamphlétaire coruscant, il combat la société bourgeoise de son temps, mais aussi ses ennemis, comme Zola et les naturalistes. La plupart de ses romans ont un caractère autobiographique et prennent leur essor dans un Journal tenu sans relâche pendant un quart de siècle (1892-1917). C’est ce document que Bloy destinait lui-même à la publication qui est donné ici, entouré pour la première fois des clefs qui permettent au lecteur moderne de déchiffrer les nombreuses allusions à la vie et à l’époque de l’auteur. Pierre Glaudes est professeur à l’université de Toulouse-Le Mirail ; il a publié de nombreux travaux sur la littérature française du XIXe et du XXe siècle (notamment sur Balzac, Barbey d’Aurevilly et Huysmans).
T2 ;
Léon Bloy (1846-1917) ressemble à un prophète de l’Ancien Testament dénonçant les vices de la société qui l’entoure. Il ne cesse de lancer ses anathèmes contre la veulerie de ses contemporains, de fustiger leur matérialisme, leur incapacité de s’élever au-dessus des mesquineries quotidiennes et de concevoir un quelconque idéal. Pèlerin d’un absolu situé hors du temps, menant une vie non pas de moins (bien au contraire) mais de marginal bourru, Bloy a fini par devenir un étranger dans son propre pays, moqué, honni. Ses romans (La Femme Pauvre, Le Désespéré) et ses nouvelles (Histoires désobligeantes) n’ont d’abord été appréciés que par de rares lecteurs avertis. Quant à son Journal, auquel il a consacré les vingt-cinq dernières années de sa vie, il est resté totalement méconnu. Il s’agit pourtant d’un des textes majeurs de cette littérature autobiographique qui mène des Confessions de Rousseau au Journal de Gide. Avec une intransigeance et une violence qui n’ont pas leur pareil, Bloy retrace l’histoire de sa vie et de son œuvre, évoque ses rencontres, enregistre ses impressions de lecture, nous fait part de ses tentations, de ses colères, de ses doutes, de ses déchirements. Ce texte n’est pas seulement un document unique sur la Belle Epoque, mais aussi le cri d’un homme de douleur meurtri dans sa chair et dans son âme.
Robert Kopp.
Juillet 64 après J.-C. Rome brûle et le feu, activé par un vent violent, semble devoir ne jamais s’éteindre. Quelques semaines plus tard, d’autres flammes s’élèveront mais dont les victimes seront des hommes et des femmes, coupables d’avoir propagé une foi nouvelle, celle du Christ.
Derrière ces murs de flammes, un seul homme: Néron. Néron l’incendiaire, Néron le persécuteur, Néron la bête de l’Apocalypse, Néron l’Antéchrist.
À la cour impériale, la belle mais cruelle Poppée, le sage mais complaisant Sénèque, le dandy mais sceptique Pétrone. Dans l’ombre des catacombes, Paul, infatigable thuriféraire de la foi de Pierre, zélateur passionné de Jésus.
Çà et là, rodent quelques monstres: le sauvage Tigellin, préfet du Prétoire et le sycophante Chilon, un Grec cupide et fourbe.
Entre les prières et les persécutions, entre la croix du Seigneur et les crocs des lions, naît un amour impossible entre le jeune et beau Marcus Vinicius, noble Romain pur et dur et la douce et frémissante Lygie, dont le cœur jusque là n’avait battu que pour Jésus.
Au milieu des cris des victimes et du sang des Justes, les deux amants accompliront leur destinée, sous la protection du bon géant Ursus. Tout comme le fera Pierre, honteux de sa fuite devant les supplices, mais que la vision de Jésus transformera en glorieux martyr.
C’est tout cela Quo Vadis. Mais c’est aussi bien autre chose encore: un monument romanesque, accueilli triomphalement dans le monde entier et que le cinéma fera sans cesse, depuis ses origines, revivre devant des foules admiratives et enthousiastes.
Lire aujourd’hui Quo Vadis dans son texte intégral, c’est faire un fabuleux voyage au cœur de la capitale du monde, la Rome de Néron. Fascinante et bariolée, antre de tous les délices et de toutes les perversions.
En lisant ce roman, on se rend compte que l’auteur s’est nommé Pape dans son esprit et raconté en 400 pages sous le nom de Hadrien VII, pour pouvoir de plus haut, juché sur le trône de Pierre, au milieu d’un parterre de princes et de cardinaux, foudroyer un journaliste qui l’avait accusé d’avoir en son jeun temps dévoré » des omelettes coûteuses dans des hôtels de premier ordre » aux frais d’un mécène abusé… autour de cette omelette en folie, l’incroyable Baron Corvo a réussi à bâtir un chef-d’œuvre, un monument, une cathédrale de style baroque. Alexandre Vialatte, La Montagne, 20 mars 1962
« Entouré qu’il était depuis son enfance par toutes les formes possibles de la révolte, il était fatal que Gabriel se révoltât aussi contre quelque chose ou en faveur de quelque chose. C’est ce qu’il fit en faveur du bon sens, ou du sens commun. Mais il avait dans les veines trop de sang fanatique pour que sa conception du sens commun fût tout à fait sensée. » Dans le Londres victorien, Gabriel Syme est recruté par Scotland Yard pour lutter contre des groupes anarchistes. À cette fin, il se rapproche de Lucien Gregory, un poète, qui l’introduit dans une société secrète qu’il fréquente… Ce thriller métaphysique constitue l’un des livres charnières du XXᵉ siècle, où se rejoignent l’absurde fantastique de Lewis Carroll et les constructions cauchemardesques de Kafka et de Borges.
“ Le Sang du Pauvre, c’est l’argent. On en vit et on en meurt depuis les siècles. Il résume expressivement toute souffrance. Il est la Gloire, il est la Puissance. Il est la Justice et l’Injustice. Il est la Torture et la Volupté. Il est exécrable et adorable, symbole flagrant et ruisselant du Christ Sauveur, in quo omnia constant. Le sang du riche est un pus fétide extravasé par les ulcères de Caïn. Le riche est un mauvais pauvre, un guenilleux très puant dont les étoiles ont peur. La Révélation nous enseigne que Dieu seul est pauvre et que son Fils Unique est l’unique mendiant. « Solus tantummodo Christus est qui in omnium pauperum universitate mendicet », disait Salvien. Son Sang est celui du Pauvre par qui les hommes sont « achetés à grand prix ». Son Sang précieux, infiniment rouge et pur, qui peut tout payer ! Il fallait donc bien que l’argent le représentât : l’argent qu’on donne, qu’on prête, qu’on vend, qu’on gagne ou qu’on vole ; l’argent qui tue et qui vivifie comme la Parole, l’argent qu’on adore, l’eucharistique argent qu’on boit et qu’on mange. Viatique de la curiosité vagabonde et viatique de la mort. Tous les aspects de l’argent sont les aspects du Fils de Dieu suant le Sang par qui tout est assumé. ”
Nous avions publié, en 2009, la première des biographies écrites par Chesterton, celle du poète Robert Browning. Celle qu’il écrit en 1923 sur saint François, peu après sa conversion au catholicisme, est plus tardive mais tout aussi éblouissante de fraîcheur et d’intelligence. Il ne serait d’ailleurs pas impossible de tracer une filiation entre les deux livres. L’admiration de Chesterton allait au Browning « démocratique », qui, dans L’Anneau et le Livre, donnait la parole à tous, du criminel au pape, car « nul n’a jamais vécu sur terre sans avoir un point de vue propre ». L’homme qui parlait aux oiseaux n’était déjà pas si loin. D’ailleurs Chesterton voit d’abord dans saint François « un poète dont l’existence entière fut un poème ». Certes, il existe beaucoup de livres sur saint François d’Assise, et beaucoup d’un abord plus savant. Mais personne n’a jamais mieux saisi l’esprit de saint François que Chesterton. C’est ce que montre avec brio Anne Weber dans sa préface : « A chaque idée toute faite, à chacune de nos représentations à la fois vagues et stéréotypées, le Saint François de Chesterton oppose une tout autre vision correspondant à une tout autre réalité. » Du coup : « Nul besoin d’être soi-même « catholique orthodoxe », comme Chesterton, ni catholique tout court, ni même d’être croyant. Du moment qu’on est un être humain, comment ne pas être ébloui face au merveilleux personnage que l’on découvre et qui ressemble si peu à l’idée que l’on se fait communément d’un saint, ni d’ailleurs à rien de ce qu’on a jamais connu. »
L’affrontement millénaire entre les forces de la lumière et celles des ténèbres pour la possession du pouvoir sacré du graal… Cette étrange histoire débute par un crime banal au sein d’une respectable maison d’édition dirigée par Stephen Persimmons. Mais, au fur et à mesure que l’enquête progresse, on découvre que cet assassinat est le fait d’une conspiration occulte qui vise à s’approprier le Graal récemment découvert au cœur d’un paisible village de la campagne anglaise. Dès lors, il ne s’agira plus que de l’affrontement entre les forces de la Lumière et celles des Ténèbres…
Le roman décrit l’existence discrète d’un jeune prêtre catholique dans la petite paroisse artésienne d’Ambricourt dans le nord de la France. Il est marqué par ses douleurs à l’estomac et son désespoir devant le manque de foi dans la population du village. Il se sait faible, inférieur, et se pense parfois touché par la folie, mais croit vivement que la grâce de Dieu passe par son sacerdoce : « Tout est grâce ! ».
Dans son éclairante préface, John Updike note que » La Puissance et la Gloire est généralement considéré comme le chef-d’oeuvre de Greene, son roman le plus célèbre et le plus estimé par la critique « . En le relisant aujourd’hui, on comprend pourquoi ce roman a eu un tel impact auprès du public international.
Graham Greene y raconte le martyre d’un prêtre, intrigue que lui avait inspirée un voyage dans la province de Tabasco, au Mexique, en 1938 : sous la dictature du tristement célèbre Garrido Canabal, les prêtres étaient persécutés ou assassinés. Un seul avait réussi à se cacher pendant dix ans dans les forêts et les marais. Fuyant sans cesse les serviteurs d’un régime totalitaire, hostile à l’Église, il resta fidèle à une vocation à laquelle il croyait pourtant avoir failli.
Dans le quartier de Williamsburg, Brooklyn, entre 1912 et 1920.
Francie Nolan a 9 ans, des rêves plein la tête, un optimisme à toute épreuve et une envie un peu folle : écrire. Écrire sur sa mère, Katie, qui sait insuffler de la poésie dans leur quotidien ; sur Johnny, son père, son héros, la plus belle voix de Brooklyn ; sur Neeley, son petit frère, un débrouillard qui court les rues avec ses copains ; sur ses tantes, la douce Evy qui a marié le laitier et la pétulante Sissy, qui collectionne les » John « , des fiancés si éphémères qu’elle ne prend plus la peine de retenir leur véritable prénom ; sur l’arbre dans la cour, dans lequel elle s’abrite du soleil en été ; sur Williamsburg, son quartier, où tout le monde se connaît et s’entraide.
Mais Francie voudrait aussi pouvoir écrire la vérité : sur sa mère qui s’use les mains à faire des ménages ; sur son père qui dépense le peu d’argent qu’il gagne au café du coin ; sur Neeley et les petits de Williamsburg qui fouinent, fouillent, volent ferrailles et haillons pour les revendre aux chiffonniers ; sur la faim qui les tenaille jour après jour ; sur ces hivers où il fait si froid ; sur Williamsburg, le quartier le plus misérable de New York, celui où échouent tous les immigrants venus chercher fortune en Amérique. Alors Francie va lire tous les livres de la bibliothèque, écouter toutes les histoires de sa grand-mère, observer toute la vie de Williamsburg, avant de réussir à trouver sa voix…
La création, dans sa diversité infinie, forme un ensemble harmonieux dont toutes les parties sont liées entre elles et vivent les unes par les autres. De l’atome à l’ange, de la cohésion des molécules à la communion des saints, rien n’existe seul ni pour soi. Dieu n’a créé qu’en unissant. Le drame de l’homme c’est de séparer. Il se coupe de Dieu par l’irréligion, il se coupe de ses frères par l’indifférence, la haine et la guerre, il se coupe enfin de son âme par la poursuite des biens apparents et caducs. La métaphysique de la séparation est la métaphysique même du péché, mais comme l’homme ne peut pas vivre sans un simulacre d’unité, ces parties de lui-même, disjointes et tuées par le péché, se rejoignent, en tant que mortes, non plus comme les organes d’un même corps, mais comme les grains de sable du même désert. Il n’est pas d’autre moyen de salut que le retour à l’unité dans la diversité. Gustave Thibon a toujours essayé de montrer les voies de ce retour sur le plan religieux et social et aujourd’hui il tente de placer dans le même éclairement les problèmes de l’amour humain.
Hollywood, fin des années 1940. Lorsque Francis Hinsley, un employé modèle des studios Megalopolitan, apprend son licenciement en découvrant un inconnu assis à son bureau, il ne voit qu’une seule issue possible : la pendaison. Son jeune ami et poète, Dennis Barlow, est chargé par la communauté anglaise d’organiser les obsèques, qui devront être assez grandioses pour accueillir tout le gratin hollywoodien.
Bijou d’humour noir, Le Cher Disparu dépeint avec une certaine cruauté l’Amérique et ses travers, et donne le ton d’une oeuvre dédiée à la critique cynique de notre civilisation.
» Waugh donne ouvertement dans la caricature et la farce, comme si, laissant momentanément souffler ses compatriotes, il avait trouvé un meilleur emploi de ses dons satiriques dans la peinture des aspects outrageusement cocasses du Nouveau Monde. » Maurice Nadeau
» A tant de chrétiens modernes qui acclament sans réserve tous les progrès temporels comme les effets et les preuves de la vocation divine de l’homme, je voudrais poser cette question-limite qui départage à jamais les hommes de l’avenir et les hommes de l’éternité: si, du jour au lendemain, la science supprimait la mort, que penseriez-vous de ce » plan de Dieu sur l’histoire » qui perpétuerait indéfiniment la séparation entre l’homme et Dieu? Et surtout que choisiriez-vous ? De profiter d’une découverte qui vous priverait pour jamais de la vision de celui que vous appelez votre Dieu ou bien de vous précipiter dans l’inconnu pour le rejoindre? Si vous optez pour la première branche de l’alternative, vous avouez que votre patrie est dans le temps et que votre Dieu n’est qu’une chanson de route dont se berce la fatigue d’une humanité en marche vers le Paradis terrestre. Et ce Dieu-là se rapproche singulièrement de la » dernière auberge » de Baudelaire, du » bouche-trou » de Nietzsche ou de » l’opium du peuple » de Marx. Mais si, gorgé de tous les biens et de toutes les sécurités d’ici-bas, vous pouvez dire avec saint Paul: cupio dissolvi et esse tecum, si vous désirez du fond de votre être voir Dieu, non plus dans le miroir de la création, mais face à face, alors vous êtes vraiment les disciples de Celui dont le Royaume n’est pas de ce monde et qui ne donne pas comme le monde donne. » – Gustave Thibon
Prêtre, écrivain, philosophe, théologien, exégète et poète, Leonardo Castellani (1899-1981) est l’une des plus grandes figures de la pensée catholique du xxe siècle, l’une des plus singulières aussi. Considéré comme un jésuite rebelle parce qu’il critiquait les égarements de l’Église et du clergé argentin, il refusa de quitter la Compagnie de Jésus, comme l’exigeait sa hiérarchie. Il accepta la réclusion en Espagne, puis s’évada au bout de deux ans, en 1949. Revenu en Argentine, il vécut en « ermite urbain » à Buenos Aires, payant le prix de son combat héroïque pour la Vérité.Pourquoi redécouvrir aujourd’hui ce maître oublié, que ses ennemis surnommaient le «Curé fou » ? Parce qu’en dépit des persécutions, Castellani suivit le Christ jusqu’au bout. Parce qu’il éleva son chant au-dessus des fracas du monde, avec autant d’humour évangélique que de rectitude et de sagesse visionnaire. Quarante ans après sa mort, à l’heure où l’humanité bascule dans le néant, son âme s’adresse aux âmes qui veulent encore se sauver.Conçu par Erick Audouard à partir d’une oeuvre comptant plus de cinquante livres, organisé en trois parties – « Vérité sur le monde », « Vérité sur soi », « Vérité de Dieu » -, cet ouvrage anthologique trace un chemin vivant, à la rencontre de l’Éternel et de sa Gloire. Erick Audouard est écrivain et poète. Il a présenté et traduit Leonardo Castellani pour la première fois en 2017 dans une anthologie très remarquée, Le Verbe dans le sang, aux éditions Pierre-Guillaume De Roux. Chez le même éditeur, il a publié en 2018 Comprendre l’apocalypse avec René Girard et Leonardo Castellani.
« Sans pathos, sans niaiserie, C.S. Lewis, après la mort de sa femme, a écrit cette traversée d’un paysage de cris. En refermant Apprendre la mort, on éprouve la gratitude ressentie vis-à-vis de l’éclaireur, d’un esprit dont le tranchant a ouvert un chemin dans la forêt obscure qui a manqué de nous avaler et que l’on laisse à présent derrière soi, tandis que le ciel s’ouvre à nouveau. Un livre de première nécessité, une sorte de de plan à même d’aider chacun à s’orienter dans le chaos et la béance du deuil. Une leçon de lucidité, de noblesse aussi. La leçon d’un courage salutaire, seule façon de rendre justice à l’amour. »
Mathieu Terence
Japon, 1614. Le shogun formule un édit d’expulsion de tous les missionnaires catholiques. En dépit des persécutions, ces derniers poursuivent leur apostolat. Jusqu’à ce qu’une rumeur enfle à Rome : Christophe Ferreira, missionnaire tenue en haute estime, aurait renié sa foi. Trois jeunes prêtres partent au Japon pour enquêter et poursuivre l’oeuvre évangélisatrice… Dans ce roman encensé par la critique internationale, Shûsaku Endô éclaire une part méconnue de l’histoire de son pays. Ce roman d’aventures se fait réflexion sur le caractère universel des religions et le sens véritable de la charité chrétienne, témoignage étonnant des relations complexes entre Japon et Occident.
Dans ce recueil de nouvelles, Flannery O’Connor nous entraîne dans les profondeurs de l’âme humaine de ses contemporains, mettant à jour leurs bassesses, leurs compromissions et leurs faiblesses. Des hommes violents, narcissiques, des femmes castratrices, baignant dans une fausse religiosité, des enfants handicapés, névrosés… Les nouvelles se succèdent dans un crescendo d’échecs, de cruautés et de fins tragiques. Ainsi, dans la nouvelle, Vue sur les bois, un grand-père n’aura de cesse de monter sa petite fille contre son fils qu’il méprise jusqu’au dénouement tragique. Dans Braves gens de la campagne, une jeune fille unijambiste, en manque d’amour, se fait duper par un charlatan.
Une telle noirceur est parfois étouffante pour le lecteur qui espère, en vain, un peu d’humanité. Pour Flannery O’Connor, le mal existe : il est la conséquence de nos compromissions et de nos lâchetés. Et le meilleur moyen de le débusquer est de le mettre en lumière. Pour cela, elle va utiliser le grotesque afin de provoquer chez son lecteur un choc salutaire. Là réside le génie de Flannery O’Connor : dans sa capacité à décrire des personnages et des situations ordinaires qui glissent vers l’absurde par un phénomène de distorsion.
Pour apprécier ces nouvelles, il faut préciser que Flannery O’Connor appartient au groupe d’écrivains du Sud qui évoluent dans une société marquée par le traumatisme de la guerre civile et l’humiliation de la défaite. Il faut ajouter qu’elle est catholique et que sa vision du monde est marquée par le péché et son corollaire, la rédemption. Explorer l’âme humaine à l’aune de l’histoire du salut est à la racine de son écriture. Et à partir d’un territoire, la Géorgie, qu’elle connaît intimement pour y avoir habiter toute sa vie. Cette religiosité n’est pas spécifique à Flannery O’Connor. Tout le Sud est habité par l’intuition que l’homme est créé à l’image de Dieu mais que le péché originel a terni cette image que seule la grâce donnée en Jésus-Christ peut restaurer. Pour elle, écrire n’est pas distraire le lecteur mais susciter chez lui une réaction à la hauteur de l’enjeu qu’elle perçoit dans le monde et qu’elle devine dans le lointain : la perte totale des repères et du sens de la vie qui mènent l’humanité vers l’abîme.
(édition américaine : Complete stories)
Peu de romanciers peuvent se targuer, comme Vladimir Volkoff, d’être traversés par de véritables traits de génie. En prenant comme trame fictionnelle la concomitance entre la mort du pape Jean-Paul Ier et celle du métropolite de Léningrad, l’auteur donne accès à un monde romanesque extrêmement riche. Mais, comme à chacune de ses publications, ce grand Russe blanc qu’est Vladimir Volkoff apporte un éclairage original à sa problématique. Surtout, il sait comme personne brosser une galerie de personnages aussi crédibles qu’attachants. Ainsi, du pape Jean-Paul Ier au prince romain décadent Innocenti, sans oublier la très belle figure, centrale, du monseigneur Ilia, à la fois archevêque et officier du KGB, le lecteur fera la connaissance de « vraies gens » s’il en est, d’une dimension humaine et spirituelle tout à fait hors du commun. À travers la plupart de ces personnages se révèlent les contradictions de la défunte société soviétique, que l’auteur dépeint avec une acuité et une drôlerie que l’on peut qualifier d’exceptionnelles. Aucun doute n’est permis, L’Hôte du Pape est un grand, un très grand Volkoff.
L’athéisme qui nie l’existence de Dieu n’est pas le pire refus de Dieu possible. Certains croyants ont trouvé Dieu et pourtant ne Le servent pas, on pourrait même avancer qu’ils Le servent d’autant moins. Ils se perdent précisément dans la mesure où ils L’ont trouvé. Ceux-là ne sont pas athées ; ils reconnaissent tous les articles de la foi chrétienne et, néanmoins, ils refusent Dieu de la manière la plus radicale, en connaissance de cause. Ils surpassent l’athéisme et nous révèlent un lieu plus ténébreux, d’autant plus ténébreux qu’il se sert de la lumière pour épaissir ses ténèbres.
Tel est le lieu du démoniaque, qui ne concerne pas seulement le danger des démons : un chrétien ne saurait l’ignorer, car il désigne aussi une possibilité tragiquement sienne, celle d’une perdition qui s’ouvre au cœur même de la chrétienté. Le démoniaque n’est pas tant de vouloir le mal que de vouloir faire le bien par ses seules forces, sans obéir à un Autre, dans un don qui prétend ne rien recevoir, dans une espèce de générosité qui coïncide avec le plus subtil orgueil.
Cet ouvrage a reçu le Prix de littérature religieuse 2010.
Demain, dans dix ans, dans cent ans, si des historiens trouvent encore quelque intérêt à notre époque, ils pourront se souvenir qu’au début du XXIe siècle, alors que des laborantins frénétiques appelaient à l’avènement de l’homme augmenté, que les flèches des cathédrales flambaient dans le grand méchoui de la fiesta postmoderne et que les kangourous prenaient feu en plein bush, un livre connut une belle faveur dans les librairies du monde occidental: il s’intitulait La Vie secrète des arbres. Plus qu’un succès, ce fut un phénomène. L’Allemagne nous avait habitués aux philosophes du fond des forêts. L’un d’eux, il y a plus d’un demi-siècle, avait composé dans une clairière de la Forêt-Noire la plus féroce critique contre l’arraisonnement du monde par la technique.
Cette fois l’auteur ne s’appelait pas Martin Heidegger, c’était un forestier du massif de l’Eifel, du nom de Peter Wohlleben. Il révélait dans son ouvrage, en les ordonnant très pédagogiquement, des choses douces à entendre.
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Ces secrets là, les forestiers ne les ignoraient pas, ni les amoureux des arbres. Les poètes les savaient depuis Virgile. L’artiste est toujours en avance sur les scientifiques, la sensibilité étant un outil plus performant que la raison. Victor Hugo avait fait de la puissance magique de la forêt l’un des thèmes obsessionnels des Contemplations. Nul arbre n’indifférait le poète en exil et il percevait en entrant dans un bois le murmure des arbres à son approche : «C’est lui, c’est le rêveur.» Tous les hommes des campagnes de l’avant-guerre nourrissaient ces antiques intuitions.
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Hypertrophie, accélération, indifférenciation: cette nouvelle organisation des sociétés humaines propose l’exact contraire de l’enseignement des arbres. Car enfin, qu’est-ce que l’arbre? Une force lente, immobile, sûre d’elle, dont le projet est contenu en puissance dans son propre commencement. En d’autres termes, le chêne est dans le gland. Rien ne fera dévier le grain de son désir de devenir un fruit. L’arbre croît lentement, s’étire vers le soleil, caresse le vent, boit la lumière puis meurt sur lui-même, se brise ou se couche en levant son chablis, se met à pourrir, se recycle. Et la forêt alors se pousse à nouveau dessus. Les arbres se côtoient sans jamais se toucher.
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En ces temps de désordre, notre besoin de stabilité est impossible à rassasier. Dans le déséquilibre général subsistent des arbres. Dieux! qu’ils sont beaux. On dirait qu’ils nous signalent nos erreurs. Le vent les agite, ils semblent murmurer des choses. Le feuillage dans le vent est l’inquiétude de l’arbre. Que murmurent-ils? «Nous sommes puissants, nous sommes immobiles, nous triomphons dans la lumière, nous sommes enracinés et pourtant nous ouvrons nos bras dans le ciel. Nous sommes de la Terre et du ciel, de l’ombre et du vent, de la racine et de la lumière. Notre écorce est la chair du temps qui passe. Vous, les hommes, vous vous agitez à la surface. Vous devriez parfois nous regarder mieux et vous inspirer de notre présence.»
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Depuis la première révolution industrielle, l’homme gagne comme une ombre à la surface de son petit globe. Deux peuples se font face. Les hommes et les arbres. La ligne de front s’appelle l’orée. Le combat est asymétrique. Les premiers se déplacent, les seconds tiennent position. Les premiers ont une hache, les autres sont nus. Les premiers sont passés de 1,5 milliard en 1900 à près de 8 milliards aujourd’hui. Les seconds reculent.
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Le retour de la forêt entraîne une vertu ultime. Elle est suprême. La grande respiration des arbres exhale une couche d’humidité au-dessus des houppiers. Alors, la pluie revient. Ce phénomène très connu des savants nous paraît magique parce que c’est un mécanisme invisible. Seuls les peintres savent le figurer comme Corot qui peignit l’haleine des frondaisons dans son merveilleux Souvenir de Mortefontaine.
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La forêt est un monde, un univers en soi. En terme biologique, c’est une matrice. En terme mythologique, une déesse de la fécondité. En terme naturaliste, un écosystème. Les antiques croyances le formulaient autrement. Les prophètes, «au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs / Sous l’olivier, le myrte ou les saules tremblants» (Nerval au début de Delfica), avaient fait de l’arbre le siège de la vie, le sceptre de la connaissance, le symbole de la fertilité.
Fabrice Hadjadj est né le à Nanterre (Hauts-de-Seine) de parents d’origine juive et militants maoïstes. C’ est un écrivain et philosophe français, qui se déclare athée et anarchiste jusqu’en 1998 date à laquelle il se convertit au catholicisme. Il se déclare alors « juif de nom arabe et de confession catholique« . Il est père de dix enfants.
Diplomé de l’IEP de Paris et agrégé de philosophie, il s’établit à partir de 2012 à Fribourg en Suisse où il dirige l’institut Philantropos créé avec d’autres dans les années 2000.
Il est l’auteur de nombreuses œuvres, essais et pièces de théâtre distingués par des prix, parmi lesquelles plusieurs livres sont consacrés à la critique de la technologie moderne et au mode de vie de nos contemporains.
Le texte résumé ci-après a servi de support à une communication donnée le 2 décembre 2016 à l’ancienne abbaye de Royaumont au nord de paris construite sous l’égide de saint Louis au XIII ème siècle.
Rendre à César ce qui appartient à César … le concept de laïcité est au coeur du message de Jésus :
Le concept de laÏcité n’a été rendu possible que parce que la France s’est construite autour du message chrétien que l’on trouve chez les trois évangélistes Marc, Matthieu et Luc : Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu. (Marc 12,17, Matthieu 22,21 et Luc 20,25)
La capacité de blasphémer est aussi d’origine chrétienne :
Le marquis de Sade écrivait dans son Histoire de Juliette : « Mon plus grand chagrin est qu’il n’existe réellement pas de Dieu, et de me voir privé, par là, du plaisir de l’insulter plus positivement. »
Mais il ne faut pas seulement que Dieu existe au moins en pensée pour jouir du blasphème, il est encore nécessaire que nous n’encourions pas aussitôt la peine de mort. Ainsi, dans une société complètement athée, le blasphème est impossible ; dans l’État islamique, il est interdit.
Le laïcisme contre l’héritage chrétien :
Tel est le paradoxe implacable auquel nous sommes confrontés en France : affirmer dans l’État un « principe de séparation de la société civile et de la société religieuse » suppose encore un lien privilégié avec la foi chrétienne (et j’ajoute à la foi chrétienne l’existence juive, parce qu’elle lui est intimement liée et que la permanence d’Israël est un principe de pluralité irréductible au sein même de la pensée de l’Église). Ou, pour le dire autrement, la neutralité de l’État à l’égard des confessions religieuses suppose une non-neutralité à l’égard de l’héritage culturel judéo-chrétien. Sans cette prédilection, soit cette neutralité devient impuissante car le neutre ne saurait produire en lui-même une quelconque détermination ; soit cette neutralité se change en neutralisation et devient la religion de l’anti-religion – le laïcisme.
Dès lors que l’État laïc ne reconnaît plus son origine et récuse pratiquement toute autorité spirituelle distincte de lui, dès qu’il se pose à partir d’un principe de souveraineté absolue, et bien que cette souveraineté absolue soit transférée du roi au « Peuple » – la notion de « Peuple », avec un P majuscule, comme l’a très bien montré Hannah Arendt, permettant aux politiciens de formidables prouesses de ventriloquie –, enfin, dès que l’État revendique une autonomie totale, sans référence à un ordre transcendant, il s’arroge ipso facto un statut divin. Le vieil adage le laisse entendre : vox populi, vox Dei, la voix du peuple est la voix de Dieu. La théocratie demeure, déguisée en démocratie. Dirait on vox technocratorum ou vox Stati islamici, que ce serait la même usurpation de la transcendance.
La religion laïciste n’a plus le vent en poupe :
La religion laïciste pouvait avoir le vent en poupe tant qu’elle s’inscrivait dans un récit humaniste et progressiste. Or ce récit est désormais révolu : pulvérisé par la bombe atomique et les camps de concentration. Nous sommes entrés dans une ère, sinon déjà posthumaine, du moins posthumaniste. Deux figures majeures s’y partagent le terrain : le fondamentalisme religieux, qui écrase l’humain sous un dieu despotique et clés en main, et le fondamentalisme technologique, qui éclate l’humain dans les fonctionnalités mirobolantes d’un supercalculateur.
Le laïcisme d’hier s’appuyait sur l’évidence que l’humain était bon et qu’il fallait le promouvoir. Mais, à l’heure où l’humain semble perdre toute légitimité, où il apparaît comme le fauteur de massacre et le prédateur de la nature, où trouver la force de le défendre, sans fuir dans le repli identitaire ni la dispersion consumériste ?
L’islamisme ici vient nous réveiller :
D’une part, il nous fait apercevoir que le concept de laïcité ne va pas de soi en dehors de la révélation juive et chrétienne.
Cette distinction radicale des pouvoirs, cette manière de réserver une autonomie relative à la puissance politique par rapport à la puissance divine est évidente dans l’Évangile, où Jésus demande à Pierre de remettre son épée dans son fourreau ( Jean 18,11). Elle l’est beaucoup moins dans le Coran où Mahomet n’a pas craint de dégainer le sabre.
Mais il y a aussi le transhumanisme …
Pourquoi continuer à rester humain quand nous avons la possibilité de devenir des cyborgs ? Pourquoi élire encore des chefs quand la gestion des big data se fait beaucoup mieux par un algorithme ? Pourquoi transmettre encore une culture plutôt que de se livrer entièrement à l’innovation disruptive ?
Face à la négation de l’humain par les fondamentalismes religieux et technologique, le combat de la laïcité deviendra de plus en plus proche de celui de la foi.
Comment l’affirmer avec ardeur sinon en ayant quelque rapport de reconnaissance avec la religion de ce Dieu qui s’est fait simple charpentier juif et qui a mené la vie à la fois la plus humaine et la plus divine, pardonnant à l’adultère, mangeant avec les prostituées et les publicains, s’identifiant avec les malfaiteurs, mourant et ressuscitant pour se retrouver encore très simplement avec ses disciples, autour d’une table, pour partager le pain ?
Pour commencer l’année 2024, j’ai chois de rassembler ici trois messages de sources différentes qui nous annoncent tous les trois l’arrivée d’une période très difficile que nous aurons à affronter.
Le premier est transmis par Lucienne Tinfena qui les reçoit de ses anges nomades dont elle est la messagère depuis plus de trente ans. Le second provient de la médium Geneviève Delpech et le troisième est une révélation faite à une japonaise, sœur Agnès Sasagawa Katsuko, par la Vierge Marie en 1973 et à laquelle elle s’est présentée par trois fois comme la Dame de tous les peuples.
La purification de la terre a commencé
Lucienne Tinfena, la messagère des anges nomades, présente ainsi son troisième recueil d’échanges avec les anges nomades et de messages et prophéties que lui transmettent ceux-ci.
» Ce troisième tome du « Livre des Anges, écrit par les anges », j’ai choisi de l’intituler « Les Anges Nomades » en hommage à mes chers amis du ciel qui m’ont fait l’immense grâce de communiquer avec moi, en substituant leur main à la mienne pour tracer ainsi l’empreinte et la preuve visibles de leur existence parmi nous. Nos dialogues ne se sont jamais interrompus, même pendant cette difficile période de pandémie, et vous verrez que prophéties, messages et conseils se sont vérifiés. L’Homme va devoir se reprendre et se détacher d’une matérialité qui l’étouffe, en l’empêchant de percevoir la réalité profonde de l’être. Alors, soyons attentifs à la parole angélique emplie de tendresse et d’espoir. Écoutons la : « Les anges sont avec vous avec tout leur amour, et chaque fois que dans votre vie se met à vibrer la petite étincelle qui sommeille au fond de votre cœur, c’est que votre ange s’est manifesté et a pincé les cordes de la lyre d’amour qui vibre et résonne sur la portée de Dieu. »
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Voici quelques extraits tirés des messages des anges et repris dans les articles publiés ici sur ce site :
L : Toujours les mêmes ? Les innocents ?
_ Oui, les innocents. Mais vous aussi vous êtes impactés et vous êtes moins innocents. Les cataclysmes vont se faire de plus en plus fréquents et de plus en plus violents, tant que vous n’aurez pas compris.
L : Sommes-nous en danger pour les attentats ?
_ Oui, hélas ! Vos élus ne voient rien et vous entraînent dans leur chute. Vous allez souffrir !
L : Aidez-nous, mes amis ! Faites quelque chose qui protège les enfants de tous ces pervers et de la guerre !
_ Tout est lié , lulu , et tout doit s’accomplir.
L : Ces catastrophes à la surface de la planète, climat, conflits, le Seigneur nous punit , n’est-ce-pas ?
_ Le Seigneur vous punit, en effet, et certains en profitent pour penser qu’il ne les aide pas. Bien entendu, ils mettent leurs décisions et leur comportement négatifs sur le compte de leur créateur !
L : Vous ne pourrez pas gagner sur ce plan-là ! C’est désastreux ! Ils rejettent la faute sur le Ciel, ils n’ont pas conscience que tout cela est la conséquence de leur conduite ! Alors, à quoi cela sert-il ?
_ A les punir ! Et tant qu’ils ne s’en réfèreront pas à la puissance divine, ce sera le cas ! Ils vont se lasser à la longue !
Nous ne pouvons plus tolérer les blasphèmes et les anathèmes. Il faut des exemples et des épreuves. Nous en souffrons énormément, mais Dieu en a décidé ainsi. Il va y avoir d’innombrables victimes.
…
Alors renaîtra une autre Terre, une terre nouvelle, vierge de toute perversité et où la main de l’Eternel aura brûlé et béni, brûlé tous les miasmes et béni le renouveau de l’âme et de l’esprit, l’âme et l’esprit de ces pauvres humains abîmés par le Perverti.
… Et n’oublie pas que la purification de la terre ne pourra se terminer que grâce à des actes et des pensées d’amour.
Il y a des millions de millions d’anges au ciel, et leur réalité ne se résout pas à notre petit cercle de nomades. Ces myriades d’anges ont toutes une fonction et une raison d’exister Il y a dans l’univers, d’autres mondes et d’autres habitants qui ne vous ressemblent pas, et dont le cœur et les qualités sont immenses. Ils vous viennent en aide, mais vous ne les voyez pas, et si de nombreuses catastrophes ont été évitées sur cette terre , c’est grâce à eux.
… Nous sommes cependant parvenus à un point de non-retour. Les exactions commises sur cette terre ne peuvent plus se perpétuer, et nous devons y mettre un terme. Cette semonce se rapproche à grands pas. Vous allez vivre les Trois jours annoncés, et vous devrez vous prosterner dans la prière. Les êtres d’autres planètes vous assisteront, ainsi que les Justes, les Saints et les Innocents. Il en reste si peu parmi vous !
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« Visions du Futur : Que nous réserve 2024 ? » avec Geneviève Delpech
Sur Nurea TV, le 29 août dernier, Geneviève Delpech, épouse du chanteur Michel Delpech, artiste -peintre, médium et auteure de plusieurs livres le don d’ailleurs paru en 2016 ou les enquêtes d’un médium paru en 2021, annonce à partir de 2024 trois années difficiles pour l’humanité qui va ainsi engager sa mutation profonde qui durera une vingtaine d’années.
Les apparitions mariales d’Akita désignent les apparitions mariales de la Vierge Marie à une religieuse japonaise, sœur Agnès Sasagawa Katsuko les 6 juillet, 3 août et à Akita au Japon. Au cours de ces apparitions, la voyante aurait reçu plusieurs messages (certains prophétiques) de la Vierge comme de son ange gardien.
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un passage du message de la seconde apparition
« Le Père s’apprête à laisser tomber un châtiment sur toute l’humanité pour faire connaître sa colère contre ce monde. Avec mon Fils, je suis intervenue tant de fois pour apaiser le courroux du Père. J’ai empêché la venue de calamités en lui offrant, avec toutes les âmes-victimes qui le consolent, les souffrances endurées par le Fils sur la croix, son sang et son âme très aimante. Prière, pénitence, renoncements et sacrifices courageux peuvent apaiser la colère du Père. Je le demande aussi à ta Communauté. Qu’elle demeure dans la pauvreté, qu’elle se sanctifie et prie en réparation des ingratitudes et des outrages de tant d’hommes. »
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un passage du troisième message du 13 octobre 1973 :
« Comme Je vous l’ai dit, si les hommes ne se repentent pas et ne s’amendent pas par eux-mêmes, le Père infligera un châtiment terrible à toute l’humanité. Ce sera un châtiment plus grand que le déluge, comme on n’aura jamais vu avant. Un feu tombera du ciel et va faire disparaître une grande partie de l’humanité, les bons comme les mauvais, n’épargnant ni les prêtres ni les fidèles. Les survivants se trouveront si désolés qu’ils envieront les morts. Les seules armes qui vous resteront, seront le rosaire et le signe laissé par mon Fils ».
chants de Noël présentés par le groupe chrétien catholique Glorious Louange
Douce nuit : chant écrit en 1816 par le prêtre Joseph Mohr (1792-1848) qui est alors coadjuteur à la paroisse de Mariapfarr en Autriche. L’organiste Gruber à Obemdorf, compose la ligne mélodique inspirée du poème avant Noël 1818. Le , le long du front belge près d’Ypres, quelques soldats allemands allument des bougies et entonnent Douce nuit ; le chant est repris par des combattants anglais et une « Trêve de Noël » s’instaure, pour une journée.
Il est né le divin enfant : le texte apparaît dès 1818 et la mélodie l’année suivante. Un arrangement pour orgue apparaît en 1862 dans un recueil de chants lorrains.
Minuit chrétien : cantique de Noël sur un texte écrit aux alentours de 1843 par Placide Cappeau et mis en musique par Adolphe Adam en 1847.
dernière mise à jour : 27/12/23 à 7h46
… Et si j’avais à raconter l’histoire de Noël, j’écrirais ceci :
Dans un article du Figaro du 25/12/2018, Alice Develey nous expose les origines du mot Noël :
Noëln’est pas simplement un jour dans l’année. Il est un sentiment, un moment de rassemblement qui évolue à chaque étape de notre vie.
Chacun s’est aujourd’hui approprié la fête de Noël, pour ouvrir les cadeaux un 24 plutôt qu’un 25, pour déguster de la dinde plutôt que du foie gras, de la bière plutôt que du champagne. Noël est une date spéciale dans le calendrier et un mot tout aussi particulier dans le dictionnaire. Du latin natalis «de naissance», le mot «noël» est l’élision de la locution natalis dies «jour de naissance». La formule est d’abord employée en latin ecclésiastique pour désigner la Nativité du Christ, indique Le Trésor de la langue française. On parle par exemple au XIIe siècle de «al Naël Deu» pour caractériser la «fête de la nativité de Jésus-Christ».
Il faut attendre le XIVe siècle pour voir fleurir le mot «Noël». Et encore ! Son orthographe ne sera pas tout de suite blanche comme neige et évoluera selon les régions avant de prendre la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. Le Trésor de la langue française rappelle succinctement l’évolution de son écriture: «L’o de noël (en face de l’ancien français nael et de l’ancien provençal nadal) est dû à une dissimilation des deux ‘‘a » de natalis.»
Mais d’autres, qui valorisent la fête du solstice d’hiver, prétendent que les origines du mot Noël et de sa fête sont gauloises. Le terme “Noël” aurait pour étymologie deux mots gaulois noio (nouveau) et hel (soleil).
Ces deux origines du nom traduisent ainsi la confusion de la fête de la nativité, naissance de Jésus et de la fête païenne du solstice d’hiver. La crèche sous le sapin symbolise encore la réunion de ces deux approches.
Noël est institué fête de la nativité de Jésus depuis le IV ème siècle afin de se substituer aux Saturnales romaines et à la fête de Mithra pour le solstice d’hiver. Le IV ème siècle est celui où l’empereur romain Constantin décide au traité de Milan en 313 d’une tolérance religieuse favorable aux chrétiens, jusque là martyrisés et il sera baptisé sur son lit de mort en 337 à Constantinople, ville dont il avait fait la capitale de son empire. Il devient le premier empereur romain chrétien. Avant ce siècle, la naissance de Jésus était fêtée le 6 janvier. Après celui-ci, le 6 janvier deviendra la fête de l’Epiphanie, celle de la présentation de Jésus aux rois mages, dont les noms ,Melchior, Gaspar et Balthazar apparaîtront seulement au VI ème siècle et seront associés à leurs trois présents, l’or, l’encens, et la myrrhe. Cette fête est dite aussi fête des Rois.
Le récit évangélique repris en fin de cet article, sert de base pendant des siècles à la fête de Noël jusqu’à l’adjonction du sapin de Noël germano-nordique, signe de vitalité malgré l’hiver, honoré depuis le XVI ème siècle et qui nous ramène plutôt alors à la fête du solstice d’hiver. ( cf là pour plus de détail sur la tradition du sapin de Noël)
La tradition du père Noël, qui se mondialisera au XX ème siècle, prenant ainsi une couleur toujours plus commerciale et de plus en plus tournée vers la fête des enfants et des familles, est aussi d’origine chrétienne fort ancienne. Cette tradition remonterait en fait, elle aussi, au IV ème siècle quand l’évêque Nicolas de Myre au Moyen-Orient et appelé aussi saint Nicolas, distribuait des cadeaux et de la nourriture aux plus pauvres. Il serait mort le 6 décembre 343. Cette tradition évoluera pour donner la tradition du père Noël ou, dans certaines régions européennes, de la St Nicolas. Cette dernière est particulièrement fêtée dans une partie de l’Europe du nord et du centre et, en France, plus spécialement en Lorraine et Alsace. Cette fête est célébrée le 6 décembre dans ces deux régions françaises. Sa célébration déborderait même sur une partie des régions voisines : Hauts de France, Champagne-Ardennes et nord Franche-Comté.
La fête religieuse de Noël perdra de son importance au fur et à mesure de la déchristianisation de la France et de l’Europe. Le nom de « Noël » subit lui-même actuellement un assaut de déconstruction sous l’influence générale de la culture woke d’origine anglosaxonne. Ses militants, ou simplement adeptes, se prétendent ouvertement ou secrètement « éveillés » et de ce fait, s’estiment au-dessus du bas peuple encore englué dans ses traditions d’autrefois qu’il faut absolument détruire.
Cette nouvelle contre-culture met en avant la défense de toutes les minorités qui s’expriment et se regroupent sur la base d’un ressenti. A ce titre, elle veut donc effacer toute référence aux valeurs universalistes que portent, entre autre, la religion et la culture chrétienne. Cette dernière est l’un des deux piliers, l’autre étant celui de la culture greco-romaine, qui sous-tend notre vieille civilisation beaucoup plus que millénaire.
On se souhaite alors maintenant de bonnes ou joyeuses fêtes de fin d’année en faisant disparaître ainsi, dans ce souhait, la fête de Noël. Celle-ci devient sans la nommer, associée à celle du jour de l’an. Ailleurs et par exemple à Nantes, on garde tout de même la célébration de la tradition de l’événement mais on le transforme en fête de la mère Noël, pour féminiser l’événement avant peut-être de le dégenrer.
Cet article a pour but de redonner son sens premier et chrétien à Noël en parlant, pour cette fête, de la naissance de Jésus et ainsi en voulant séparer fête païenne et fête religieuse.
L’injonction de Jésus de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu est reprise par les trois Evangiles selon Marc, Matthieu et Luc. Ce témoignage commun lui donne, pour un chrétien, une grande solidité dans la reproduction de ces paroles qui consistent à ne jamais confondre dans les événements de nos vies ce qui ressort de la dimension temporelle et sociale de ce qui ressort de la dimension spirituelle et personnelle.
Lors d’une audience de Benoît XVI , le Saint-Père avait déclaré que le premier à avoir affirmé que Jésus était né un 25 décembre était Hippolyte de Rome, aux environs de 204.
Mais si Noël tend pour l’instant à s’effacer comme fête religieuse en France et en Europe, la personne même de Jésus a aussi été progressivement remise en cause et historiquement combattue à partir du XVIII eme siècle dit siècle des Lumières notamment et essentiellement en France depuis cette époque. Pour plus de détails, cf l’article sur Histoire.
Pourtant, les historiens spécialistes de l’époque romaine au moment de la naissance de Jésus en Palestine, s’entendent généralement actuellement pour affirmer que Jésus, personne physique, a réellement existé et qu’il n’est pas un mythe.
Dans cette acceptation partagée, il est communément admis que Jésus est un Juif galiléen dont la famille est originaire de Nazareth. La page Wikipedia » les sources de la vie de Jésus » reprend les grandes thèses contradictoires des historiens au cours de l’histoire où la mise en cause de son existence ne surgira qu’au XVIIIème siècle avec les thèses mythistes qui ne sont plus aujourd’hui très partagées. ( cf là : la page de Jésus contre christianisme)
Selon les Evangiles, pour les chrétiens donc, Jésus serait né à Bethléem.
Dans l’ancien Testament, que globalement les chrétiens partagent avec les juifs, se trouvent les livres de Samuel, où il est dit que le Roi David, roi d’Israël et Juda au Xè siècle av JC, figure importante de la Bible, est le fils de Jessé de Bethléem. Et c’est là que le prophèteMichée en fait la patrie du futur Messie : « Et toi, Bethléem, Ephrata, bien que tu sois petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit dominer en Israël, et duquel les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité ».
Donc, sur la base des prophéties, les juifs attendent toujours l’arrivée parmi eux, du Messie. Une partie de ceux-ci, aux alentours de l’an trente de notre ère, entendent et suivent Jean le Baptiste qui leur désigne alors Jésus comme le messie qu’ils attendent. Jean-Baptiste baptisera Jésus à Béthanie, au bord du Jourdain. Cette partie des juifs qui suivra Jésus ou ses premiers disciples, les apôtres, auxquels s’ajouteront ensuite des gentils– les non juifs- sont convertis dans tout le bassin méditerranéen sous les prêches des apôtres et notamment de Paul, puis de leurs disciples. Tous ces juifs et non juifs d’origine, d’abord appelés Nazoréens vont devenir « les chrétiens » terme apparu primitivement à Antioche dans ce qui deviendra bientôt ce qu’on appellera alors le christianisme. Les écrits qui correspondent à ces premiers moments sont regroupés dans le nouveau Testament constitué pour l’essentiel des quatre évangiles retenus par la Tradition et dans la sélection desquels, Irénée de Lyon jouera un rôle important, aussi des Actes de apôtres selon Luc , de l’Apocalypse selon Jean et de diverses épitres -des lettres- dont principalement celles de Paul dit Paul de Tarse . Il reste à nommerMatthieu et Marc les deux autres évangélistes qui sont reconnus par le canon de la religion chrétienne .
Jésus, dont la naissance est célébrée le 25 décembre depuis environ 1600 ans n’a pourtant prêché que durant trois ans et demi ( son ministère s’est déroulé sur 4 Pâques selon Jean –cf là ), et moins selon d’autres, avant d’être crucifié. Ces trois années d’une vie faite de miracles et de prêches est centrée géographiquement sur une partie seulement de cette petite région qu’est la Palestine, essentiellement en Galilée et Judée et accessoirement Samarie ( cf la carte). Les paroles de Jésus vont progressivement se diffuser autour du bassin méditerranéen, au nord comme au sud, puis progressivement à toute l’Europe, enfin passer aux Amériques et aujourd’hui gagner l’Asie et l’Afrique. A ce courant d’expansion, correspond aujourd’hui un courant de contraction dans sa partie ancienne européenne. Ce courant de contraction/expansion géographique s’accompagne aussi d’un courant d’expansion des courants chrétiens. La prédominance est celle, jusqu’au XXè siècle, de l’Eglise catholique et protestante (cette dernière depuis le début du XVI è siècle) face au monde chrétien orthodoxe ( rupture orient-occident en 1054). Mais depuis le milieu du XXè siècle, ces Eglises voient se dresser à côté d’elles, aujourd’hui en Amérique du nord et du sud, mais aussi en Afrique puis en Asie, la montée des courants évangéliques – cf évangélisme– bien implantés en Amérique, en Afrique mais aussi en Asie et particulièrement en Corée du sud.
Dans le Nouveau Testament, selon Matthieu et Luc, Bethléem en Judée est le lieu de naissance de Jésus , sous le gouvernorat de Quirinius. Les parents de Jésus s’y rendent pour s’y faire recenser, Joseph, descendant de David, en étant originaire.
La basilique de la Nativité à Bethléem est l’une des plus vieilles églises du monde, bâtie selon la tradition, sur le lieu présumé de la naissance du Jésus de Nazareth. Elle a été érigée au IVè siècle par l’empereur romain Constantin.
basilique de la Nativité à Bethléem
«À peu près plus personne ne met l’existence de Jésus en doute. On a plus de documents qui attestent l’existence de Jésus que celle de bien d’autres personnages de l’époque», dit l’historien Pierre Létourneau, de la faculté de théologie de l’Université de Montréal.
Les Évangiles selon Luc et Matthieu, qui relatent la naissance de Jésus, ont été écrits environ 50 ans après sa mort sur la base, durant ce demi-siècle, d’une transmission orale ou écrite disparue. Tel est le cas pour cette dernière, de la fameuse source Q. ( pour plus de détail cf là)
Le prophète Isaïe, dit aussi Esaïe, est un prophète de l’Ancien Testament ayant vécu sous le règne du roi Ezéchias, roi de Juda de la fin du VIIIème siècle av JC. Ce prophète annonça, selon les chrétiens, la naissance future de Jésus.
Il vécut dans l’entourage royal et ses oracles ont une portée politique très caractérisée. Parmi ceux-ci, les prophéties sur l’Emmanuel ( cf là ) ont une très grande importance, en raison de leur sens messianique et leur influence sur la révélation chrétienne : ( cf là)
Isaïe a vécu au VIIIème siècle avant Jésus-Christ au temps du roi Ezéchias et voici l’une de ses prédiction :
C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous).
Dans le nouveau Testament, la naissance de Jésus est annoncée dans deux des quatre évangiles, celui selon Matthieu que les historiens estiment être écrit en grec entre 70 et 85 et celui selon Luc écrit à la même époque.
18 Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph ; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle se trouva enceinte par l’action du Saint-Esprit.
19 Joseph, son fiancé, qui était un homme juste et qui ne voulait pas l’exposer au déshonneur, se proposa de rompre secrètement avec elle.
20 Comme il y pensait, un ange du Seigneur lui apparut dans un rêve et dit : « Joseph, descendant de David, n’aie pas peur de prendre Marie pour femme, car l’enfant qu’elle porte vient du Saint-Esprit.
21 Elle mettra au monde un fils et tu lui donneras le nom de Jésus car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
22 Tout cela arriva afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète :
23 La vierge sera enceinte, elle mettra au monde un fils et on l’appellera Emmanuel, ce qui signifie « Dieu avec nous ».
24 A son réveil, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné et il prit sa femme chez lui,
25 mais il n’eut pas de relations conjugales avec elle jusqu’à ce qu’elle ait mis au monde un fils [premier-né] auquel il donna le nom de Jésus.
26 Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
27 chez une vierge fiancée à un homme de la famille de David, appelé Joseph. Le nom de la vierge était Marie.
28 L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, toi à qui une grâce a été faite, le Seigneur est avec toi. [Tu es bénie parmi les femmes. ] »
29 Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation.
30 L’ange lui dit : « N’aie pas peur, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
31 Voici que tu seras enceinte. Tu mettras au monde un fils et tu lui donneras le nom de Jésus.
32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre.
33 Il régnera sur la famille de Jacob éternellement, son règne n’aura pas de fin. »
34 Marie dit à l’ange : « Comment cela se fera-t-il, puisque je n’ai pas de relations avec un homme ? »
35 L’ange lui répondit : « Le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra sera appelé Fils de Dieu.
36 Voici qu’Elisabeth, ta parente, est elle aussi devenue enceinte d’un fils dans sa vieillesse. Celle que l’on appelait « la stérile » est dans son sixième mois.
37 En effet, rien n’est impossible à Dieu. »
38 Marie dit : « Je suis la servante du Seigneur. Que ta parole s’accomplisse pour moi ! » Et l’ange la quitta.
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Au cœur du drame d’Annecy, Henri d’Anselme, le pèlerin au sac à dos, éduqué dans la recherche du beau et du grand, à la rencontre des cathédrales
Alexander Grothendieck, est né à Berlin en 1928 et décédé en 2014 à St Lizier commune située au sud-ouest de Toulouse.
Alexander a eu trois vies très différentes qu’il a traversées successivement avec la même passion et le même absolu, consacrant la première aux mathématiques, la seconde à l’écologie radicale antimilitariste et la troisième à sa rencontre avec Dieu à travers notamment les messages reçus par lui dans son sommeil.
La clé des songes, livre jamais publié mais conservé dans ses archives, relate sa vie et ses expériences oniriques et dit qui lui a parlé dans certains de ses rêves. Avant d’en faire la présentation, voici en quelques mots les deux premières parties de sa vie.
Ses origines familiales
Alexander Grothendieck est né d’un père juif et russe, anarchiste militant et emprisonné à quatorze ans pour son action politique, libéré après la révolution de 1917. En 1924, à l’occasion d’un voyage en Allemagne son père rencontre celle qui deviendra sa mère et dont il prendra le nom, née d’une famille de la bourgeoisie protestante et comme son père, investie dans la cause anarchiste révolutionnaire.
Après l’arrivée d’Hitler, ils émigrent en France où ils sont internés en camp d’étrangers. Son père sera déporté du fait de ses origines et mourra à Auschwitz et le jeune Alexander poursuivra sa scolarité et sa vie en France.
Un génie des mathématiques
Alexander Grothendieck fera une carrière de chercheur en mathématiques et recevra en 1967 la médaille Fields, consécration suprême. Madame Claire Voisin mathématicienne, membre de l’académie des sciences et qui n’aimait pas, dit-elle, la personne du mathématicien, dira pourtant de lui qu’il est le génie pur des mathématiques, du même niveau qu’Einstein en physique. A titre d’exemple elle dit qu’il découvrit en moins d’un an quatorze questions restées jusque-là sans solution.
Un livre vient d’être édité en 2023 sur sa vie de mathématicien :
mars 2023
Son engagement dans l’écologie radicale antimilitariste et anti-technologique
La deuxième partie de sa vie, menée de pair avec son travail de professeur de mathématiques à l’Université de Montpellier, correspondra à son engagement dans l’écologie radicale antimilitariste. Il refuse alors la société vers laquelle nous entraînent les sciences et techniques nouvelles et notamment dans le domaine militaire. » Survivre et vivre » sera une revue qu’il créa avec d’autres et qui sera publiée de façon irrégulière d’août 1970 à juin 1975. Après cette période, il abandonne alors son militantisme politique pour créer successivement deux communautés dans lesquelles il vivra quelque temps et dont il s’éloignera. Celles-ci disparaîtront d’ailleurs assez rapidement.
Son retour à une vie intériorisée et son attention très soutenue à certains de ses rêves où Dieu lui parle
Sans doute déjà, s’étaient manifestés les premiers indices de sa troisième vie où il rencontrera Dieu dans ses songes puis le message de Jésus-Christ. Avant cette période, il a vécu quelques épisodes qui l’avaient déjà fait évoluer en ce sens. Comme ses parents, Alexander était pourtant anarchiste et totalement athée, ne voyant en Dieu qu’un concept dépassé, auquel, seuls les esprits les moins éveillés pouvaient encore se référer. Un homme de science, comme lui, ne pouvait adhérer à de telles sottises !
Le livre présente de façon disparate et à vrai dire confuse, une chronologie des grands événements qui l’ont fait changer. Le premier de ceux-ci remonte à 1944. Il a alors 16 ans et participe avec sa classe à une causerie de son professeur de sciences naturelles profondément croyant et qui leur montre l’évolution de la vie en sciences naturelles. Il est totalement émerveillé devant la beauté des cellules et la complexité quasi infinie de la diversité de la vie. Contrairement à l’hypothèse du hasard qui sous-tend la théorie de l’évolution et prétend l’expliquer, il est alors immédiatement convaincu du contraire : un dessein caché organise l’évolution. Il dit que c’est depuis ce jour qu’il est passé de la vision athéiste à déiste sans d’ailleurs, note-t-il, que ce passage n’ait eu, alors, une quelconque influence sur lui. Sa vie continuera donc comme avant.
Le deuxième moment de rupture avec sa vision strictement matérialiste de la vie se situe en 1957. Année exceptionnelle pour lui, durant laquelle il fera, dit-il, ses découvertes fondamentales en géométrie algébrique, accompagnera sa mère durant ses derniers moments et puis rencontrera celle qui deviendra sa compagne. L’accompagnement de sa mère durant ses derniers mois sera l’occasion pour lui de découvrir qu’à côté de la réalité intellectuelle basée sur la raison, existe aussi une réalité spirituelle. Mais là encore, et comme en 1944, il dit que cette découverte restera sur le moment sans effet sur sa vie.
Le troisième moment décisif correspond à la période 1975 – 1978, dates où il abandonne à la fois son implication dans la recherche en mathématiques et son engagement en politique – mais il, continuera d’enseigner à l’Université jusqu’en 1988 date de son départ en retraite.
Il se consacrera alors beaucoup plus à lui-même et en particulier à l’observation de ses rêves. Depuis 1976, et durant dix ans, il va consigner, dit-il, environ mille rêves dont il s’est souvenu et parmi ceux-ci trois à quatre cents dont il dit avoir compris les messages.
Parmi ces quatre cents rêves, il affirme qu’aucun ne tire sa source de son psychisme et il leur reconnaît toujours la même « patte », le même souffle.
Certains de ceux-ci sont en langage clair et sans code secret. Ils constituent une Parole vivante dont chaque mot porte et s’accomplit en lui. Il reconnaît en 1988, une dizaine d’années après, que c’est cette voix qui lui a fait changer la façon dont il percevait le monde.
Cet état lui est venu dit-il comme une grâce, en revanche, l’acte de foi qui l’a accompagné ne peut venir dit-il que de nous, que de l’âme. Cette foi se confond chez lui avec la foi en la vie, en l’existence.
Persuadé, à force d’observation, que ces rêves ne viennent pas du psychisme mais d’un Rêveur extérieur, il finit par être convaincu que ce Rêveur est Dieu qui nous parle. Il décrit même, à ce propos, ce rêve survenu en août 1982 où Dieu lui apparaît sous les traits d’un vieux monsieur bienveillant qui lui indique son chemin.
Il mesure alors la chance inouïe qui est la sienne et la confiance absolue et jamais démentie qu’il accordera alors aux messages divins qu’il reçoit.
Dans son livre, Alexander Grothendieck veut d’abord brosser à grands traits la vision du rêve en général et dans un second temps faire passer son expérience du rêve et de Dieu.
Début 1988, ses rêves deviennent des révélations prophétiques
Il estime enfin que les rêves obtenus de janvier à mars 1988 présentent le caractère de véritables révélations. Parmi ceux-ci, il y a les rêves prophétiques annonçant la fin brutale d’une ère à son déclin, d’une culture en pleine décomposition et l’avènement d’une nouvelle ère.
Viendra, dit-il alors, le choc de la tempête et les oreilles de ceux qui vivront entendront et les yeux verront.
Ágnes Heller est née le à Budapest et elle est morte le au bord du lac Balaton en Hongrie. Elle est une philosophe et sociologue hongroise.
Elle s’exile en 1977 en Australie où elle devient professeur de sociologie à Melbourne jusqu’à sa nomination, à partir de 1986, à la chaire de philosophie Hannah Arendt à la New School for Social Research à New York. Elle abandonne alors la pensée marxiste pour adopter une position plus néolibérale et elle investigue des questions éthiques et existentielles.
À partir de 2007, elle revient en Hongie où elle résidera jusqu’à la fin de sa vie.
Elle a publié trente-cinq livres dont une dizaine en hongrois et vingt-cinq en anglais et allemand dont « An Ethics of Personality » en 1996 traduit en français en 2023 dont il est question ci-après.
Dans un monde où il n’est plus de principes certains s’imposant à tous, il ne peut y avoir d’éthique qu’individuelle : l’éthique de la personnalité. Cela ne livre pas pour autant la morale à l’arbitraire de notre caprice. Car il est parmi nous des hommes et des femmes remarquables qui prouvent par leur existence même que l’on peut toujours agir avec sagesse et bonté. Ces bonnes personnes sont réelles. Comment sont-elles possibles, demande Ágnes Heller.
Voici une présentation de la philosophie de Agnes Heller à partir d’un long article de Gilles Achache paru dans le n°183 -automne 2023 de Commentaire.
Gilles Achache est Philosophe, éditeur, directeur de la collection « Liberté de l’esprit » aux éditions Calmann-Lévy
Par-delà « la mort de Dieu »
« Dieu est mort » dit Zarathoustra, cela signifie d’abord que le monde des idées est redescendu sur terre et qu’ici-bas règne une violence nue que nous habillons d’idées majestueuses.
Voilà la mascarade dévoilée. Le mieux qu’on puisse espérer dans cet orphelinat généralisé, c’est de forger des vérités et des valeurs relatives, temporaires et régionales. Il n’est plus de monde ou d’humanité, mais un archipel dont les îles abritent des peuplades disparates. L’une d’entre elles, l’Europe, s’est indûment poussée du col et a tenté de faire croire aux autres qu’elle était leur destin. Elle est aujourd’hui remise à sa place.
Soutenir qu’il existe des valeurs universelles prétendant régler le vouloir et l’agir semble une lubie anachronique, une faute de goût, une ringardise. Pourtant, dit Agnes Heller, tout ne se vaut pas.
Le XX ième siècle a aussi montré que tout le monde ne sombrait pas : à côté des voyous, des crapules et des lâches en grand nombre, il existe quelques bonnes personnes ; ce que l’on appelle parfois des Justes.
Dans l’horizon de la postmodernité, l’existence de ces bonnes personnes pose un problème épineux : nous savons les reconnaître, mais nous ne savons plus les penser.
Les bonnes personnes existent, comment sont-elles possibles ? Telle est la question qui traverse toute la philosophie morale de Ágnes Heller.
Le paradoxe de la postmodernité sur le fond duquel se déploie la pensée de Ágnes Heller : aucune métaphysique n’est aujourd’hui en mesure d’offrir à l’action morale le soutien d’un fondement sûr, et cependant l’exigence morale de bien agir est pour nous toujours aussi vive.
Sortir de la contingence de l’existence : se choisir soi-même
Le point de départ de l’argument de Heller est un philosophème devenu classique depuis Heidegger et Sartre : l’homme est un « être jeté là ».
La nature n’obéit-elle pas à des lois ? Mais, à mesure qu’augmente la connaissance que nous en avons, nous découvrons qu’elles n’ont rien à nous dire sur le juste et l’injuste, ni même sur les raisons suffisantes pour lesquelles les choses sont ce qu’elles sont et pas autrement.
Le langage et les conventions sociales nous fournissent bien quelques repères pour naviguer en ce monde, mais ils n’offrent qu’un semblant d’ordre pour expédier les affaires courantes.
Cette confrontation de l’existant à un monde contingent n’est pas elle-même contingente, il ne peut y échapper. Cette première nécessité en entraîne une seconde : l’exigence pour l’existant de faire sens du désordre des choses pour ne pas y succomber. Il lui appartient de faire de ce chaos un monde. Cette nécessité, cette exigence, est au fondement du paradoxe moral de notre modernité : nous sommes pressés d’agir alors que rien, sur la terre comme au ciel, n’indique de direction dans laquelle conduire notre action.
Pour répondre à cette instance fondatrice qui lui est faite, la première tâche de l’existant est de se choisir soi-même. Heller emprunte ce thème du « choix de soi-même » à Kierkegaard. Il convient, pour le comprendre, de le rapprocher d’un autre, qu’elle emprunte cette fois à Nietzsche : l’amor fati. Se choisir soi-même, c’est épouser son destin.
Authenticité et courage
Rien d’autre que lui, qui choisit, ne peut garantir qu’il fait le bon choix ; ni ordre transcendant, ni loi de l’histoire. L’individu est seul à porter le risque et, par conséquent, la responsabilité de son choix. On comprend dès lors pourquoi le choix de soi-même est au fondement même d’une éthique de la personnalité : c’est par cet événement, qui le voit épouser son destin, que l’individu devient à proprement parler une personnalité.
Le deuxième trait remarquable du choix de soi-même est qu’il témoigne de l’absolue liberté de l’individu.
Le troisième trait du choix de soi-même est qu’il fait émerger un premier couple de vertus : le courage et l’authenticité. Pas encore de quoi faire une morale, mais déjà un bon début.
Devenir ce qu’on est véritablement exige dès lors une force suffisante pour être soi-même et résister à la tentation du fantasme que les autres projettent sur soi, et auquel on finit par croire – ce que l’on appelle le courage. Pour le plus grand nombre, le choix de soi-même se réduira souvent à une décision paresseuse. Par défaut, on se conformera au choix que les autres ont fait pour soi. Si le choix de soi-même exige de résister au conformisme, il exige de la même manière que l’individu ne se mente pas à lui-même, et que son engagement dans la vie soit authentique .
Se choisir soi-même selon l’universel ou le particulier
Heller sort de cette difficulté en distinguant deux types de choix de soi-même : celui qui s’effectue sous la catégorie du particulier et celui qui s’effectue sous la catégorie de l’universel.
Le choix sous la catégorie du particulier est le parti que prennent ceux qui décident de consacrer leur vie à la réalisation d’une œuvre particulière : les artistes, les savants, les hommes politiques et, d’une manière générale, tous ceux qui consacrent leur talent et leur énergie vitale à un but ou à une ambition. La vertu consiste ici à rester fidèle à son engagement, mais rien ne dit ce que vaut cet engagement. Encore une fois, Hitler et Al Capone ont sans nul doute été fidèles à eux-mêmes. Toute la difficulté consiste alors à réintroduire une dimension substantielle dans le choix de soi-même qui ne requerrait pas un fondement métaphysique qu’on sait ne pas pouvoir trouver, car nous sommes postmodernes. C’est la figure de la bonne personne elle-même qui fournit ce contenu substantiel.
Ainsi Ágnes Heller parvient-elle à dépasser de manière convaincante les apories les plus importantes de la pensée postmoderne. Il s’agit bien ici d’un dépassement, puisque son propos n’est pas de récuser la pertinence de la déconstruction de la métaphysique traditionnelle. Elle concède que la critique des arrière-mondes est effectivement justifiée, et qu’il est inutile de chercher à les restaurer. Dieu est vraiment mort, si l’on entend par là l’idée d’une réalité transcendante qui serait au fondement de ce monde et du sens qu’il a pour nous. Notre ciel est irrémédiablement vide ; on ne saurait le repeupler qu’avec des nuages.
En revanche, ce que montrent Heller et son éthique de la personnalité, c’est qu’il existe encore dans la tradition métaphysique, pour autant qu’on veuille bien s’y intéresser sérieusement, des inspirations utiles – chez Kierkegaard et Nietzsche, bien sûr, mais aussi chez Kant, Platon et d’autres – pour penser notre monde en désordre et y vivre une vie bonne.
Voir une lumière au bout du tunnel ou la vie défiler devant ses yeux, avoir le sentiment de flotter au-dessus de son corps, etc. Nombreux sont les témoignages concordants d’expérience de mort imminente. Mais peu nombreux sont les éléments scientifiques qui peuvent l’expliquer. Une nouvelle recherche laisse entendre qu’au moment où le cœur lâche, le cerveau, lui, devient hyperactif…
Ils sont des centaines de milliers à travers le monde. Peu importe le pays, le sexe ou la culture d’origine, de nombreux témoignages de personnes ayant vécu une expérience de mort imminente concordent. Victimes d’un arrêt cardiaque ou d’un profond coma qui aurait dû les entraîner vers la mort, certains survivants racontent avoir vu des flashs lumineux, leur vie défiler devant leurs yeux ou ressentir un sentiment de paix et de tranquillité.
« Beaucoup de personnes pensent avoir vu le paradis, précise Jimo Borjigin, neurobiologiste à l’université du Michigan. La science ne leur a pas apporté de réponse plus convaincante. » Mais grâce à son travail et celui de ses collaborateurs, les choses pourraient un peu évoluer. Car la scientifique vient de mener une expérience sur le rat qui suggère une explication au phénomène : après l’arrêt du cœur, le cerveau pourrait rentrer dans une phase d’hyperexcitabilité, qui se caractérise par une activité anormalement élevée, dans les zones chargées de la conscience.
Le cœur s’arrête, le cerveau s’active
Tout a commencé en 2007. La biologiste travaille sur les sécrétions de neurotransmetteurs dans le cerveau de rats. Une nuit, deux des rongeurs meurent. En reprenant les données, elle aperçoit aux alentours de l’heure du décès des pics d’activité étranges. Que se passe-t-il dans le cerveau au moment de la mort ?
Lorsque le cœur arrête de battre, le cerveau souffre de ne plus être irrigué en sang et donc en oxygène et nutriments. À priori, privé d’énergie, l’organe devrait progressivement perdre son activité et s’éteindre dans la minute, le tout étant représenté par un électroencéphalogramme plat. Dans les faits, c’est tout l’inverse qui se produit.
Comme expliqué dans les Pnas, des électrodes ont été directement placées sur le cerveau de neuf rats. Ceux-ci ont reçu une injection de chlorure de potassium, ce qui stoppe les battements cardiaques. Les auteurs ont noté 30 secondes plus tard une augmentation de l’intensité des ondes cérébrales de hautes fréquences, dites oscillations gamma. Leur intensité a même été la plus forte au moment de la dernière pulsation cardiaque, alors que les rats étaient encore bien vivants.
L’expérience de mort imminente, aussi pour les rats ?
Or, selon la théorie en vigueur, ces ondes gamma seraient l’une des caractéristiques neuronales sous-jacentes à la conscience, et spécifiquement lorsqu’il s’agit d’établir un lien entre des informations émanant de plusieurs régions du cerveau. Ainsi, les chercheurs suggèrent que ce même processus se déroule également dans notre crâne dans les instants précédant notre fin, ce qui pourrait expliquer ces sensations particulières ressenties. Seuls ceux qui arrivent à s’en remettre peuvent alors témoigner de ce qu’ils ont connu.
Voici au moins un début d’explication au phénomène, qu’il faudrait désormais creuser. Les personnes ayant vécu une telle expérience de mort imminente racontent avoir vu des flashs lumineux. Il faut donc aller vérifier si le cortex visuel est concerné par cette décharge d’ondes gamma. Et cela semble être le cas. « Nous avons noté une augmentation du couplage entre les ondes de basses fréquences et les ondes gamma, une des caractéristiques de la conscience et de la sensation visuelles », reprend Jimo Borjigin.
Mais les auteurs ne sont malgré tout pas affirmatifs. Il est en effet un peu tôt pour tirer des conclusions définitives de ces expériences menées sur le rat. Il faudrait obtenir des informations sur l’Homme. L’expérience a déjà été tentée, mais les électroencéphalogrammes des personnes en train de mourir n’ont jamais rien décelé. Peut-être parce que les électrodes n’ont pas capté le faible signal depuis le cuir chevelu des patients, alors qu’elles deviennent assez sensibles directement placées sur le cerveau. L’affaire ne fait donc que commencer…
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