« A la grâce de Dieu « – Laurence de Charette – en parcourant « le songe d’une nuit d’hiver » chronique de Vincent Trémolet de Villers

 

Présentation de l’auteur 

Laurence de Charette, est la fille d’Hervé de Charette, trois fois ministre dont ministre des affaires étrangères de 1995 à 1997. Laurence de Charette est issue d’une famille aristocratique. Elle descend du roi Charles X par le duc de Berry, de l’académicien Pierre Girauld de Nolhac et de Louis Marin Charette de La Contrie, le frère du général vendéen François Athanase Charette de La Contrie.

Parcours spirituel

Malgré ses origines familiales profondément ancrées dans le catholicisme, Laurence de Charette ne se convertit que sur le tard, en 2020, à l’âge de 50 ans. Son enfance n’est pas « un terreau fécond pour la foi » : elle est baptisée et fait sa première communion, mais elle est scolarisée à l’école publique et ne reçoit aucune éducation religieuse à la maison. Ne croyant pas en Dieu, elle refuse de faire sa profession de foi.

Elle découvre la foi bien plus tard, après une expérience mystique suivant la mort d’un de ses meilleurs amis, lui-même très croyant : durant la Pentecôte, alors qu’elle se recueille sur la tombe de celui-ci, elle entend une voix intérieure lui dire : « Voici, je me tiens à la porte », sans savoir encore que cette phrase est un verset de l’Apocalypse. Elle se met alors à croire en Dieu, au Verbe incarné et en l’Esprit saint, et ressent la nécessité de se rendre à la messe, qu’elle fréquente désormais chaque dimanche. Depuis, elle multiplie les lectures spirituelles — Jacques Fesch et Séraphin de Sarov, notamment —, les formations et les retraites pour toujours mieux connaître le Christ et approfondir sa foi.

 

Pour témoigner de cette expérience, Laurence de Charette publie en 2023 À la grâce de Dieu (éd. du Laurier), dans lequel elle invite à la découverte de l’existence de Dieu dans la Bible, mais aussi dans nos vies quotidiennes.

 

Laurence de Charette- 7 juin 2023

Présentation du livre

Cet ouvrage n’est ni un témoignage ni un essai sur la conversion, mais une invitation à saisir la grâce. À travers une magnifique lettre, Laurence de Charette enjoint le lecteur à découvrir l’existence de Dieu : sa personne, la manière dont il s’adresse à chacun – à la fois dans la Bible et aussi au quotidien –, et ce que l’on gagne à le connaître… D’une grande profondeur, tout en douceur et en sensibilité, non sans humour, l’auteur se livre sur cette rencontre avec un Dieu pas si has been que l’on voudrait nous faire croire. Que l’on soit athée, en chemin de conversion ou déjà croyant, le lecteur est amené à ouvrir son cœur pour goûter à la plénitude de sa propre vie… à la grâce de Dieu !

 

Quelques versets de la Bible à propos de la grâce divine :

Mais Dieu est riche en compassion. A cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts en raison de nos fautes, il nous a rendus à la vie avec Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés.

Paul -Éphésiens 2:4-5       ( Ephèse appelée aujourd’hui Selkuc est située à 50km au sud d’Izmir en Turquie. Elle possèdait le Temple d’Artémis, l’une des 7 merveilles du monde. Paul s’adresse dans cette lettre à ses habitants . Voici une présentation de l’Epitre)

 

 

En effet, la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été révélée. Elle nous enseigne à renoncer à un mode de vie impie et aux convoitises de ce monde et à vivre dans le temps présent conformément à la sagesse, la justice et la piété.

Tite 2:11-12     ( il s’agit de l’épitre de Paul à Tite, son principal collaborateur d’origine grecque, son « frère » comme il le nommait.)Voici la présentation de l’épitre à Tite

Il nous a sauvés et nous a adressé un saint appel. Et il ne l’a pas fait à cause de nos œuvres, mais à cause de son propre plan et de sa grâce, qui nous a été accordée en Jésus-Christ de toute éternité.

2 Timothée 1:9       Paul emprisonné à Rome s’adresse à Timothée qui est à Ephese et à qu’il demande de lui succéder. Voici la présentation de l’Epitre)

 

En effet, le péché n’aura pas de pouvoir sur vous, puisque vous n’êtes plus sous la loi mais sous la grâce.

Romains 6:14       (Epitre de Paul adressée à l’Eglise de Rome. Elle a joué un rôle central dans l’histoire du christianisme  . Voici sa présentation)

En effet, c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se vanter.

Éphésiens 2:8-9

Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ.

Romains 3:23-24

En effet, l’Eternel, votre Dieu, fait grâce et est rempli de compassion, et il ne se détournera pas de vous si vous revenez à lui.

2 Chroniques 30:9b « Discours des jours »), forment un livre du Tanakh, originellement rédigé aux alentours du ive siècle av. J.-C. comme un seul livre    Les Chroniques proposent une histoire d’Israël depuis la création jusqu’au terme de l’Exil à Babylone, présentant d’abord de longues généalogies jusqu’à l’époque du roi David puis insistant ensuite sur la période des rois de Juda.                     

 

Le songe d’une nuit d’hiver : passages de la chronique de Vincent Trémolet de Villers

Le Figaro 31 mai 2023

En matière spirituelle, il faut se méfier comme de la peste du témoignage. Ces récits édifiants à mi-chemin entre le mysticisme New Age et le développement personnel ; ces confessions publiques où dégouline un sirop néo-sulpicien ; ces révélations horizontales où Dieu porterait les promesses d’un bonheur «all inclusive», comme le serait une destination de vacances ensoleillée. Que le ciel soit notre cité ou qu’il soit vide, le mystère de la foi est aussi souterrain que cristallin. Celui qui le manipule le profane avant de le détruire.

C’est avec toutes ces prévenances que l’on entre dans À la grâce de Dieu, l’essai que Laurence de Charette consacre non pas à sa conversion, mais à sa rencontre avec « Celui qui est » …

Pourtant, dans le sillage d’André Frossard (cf là « Dieu existe et je l’ai rencontré » , janvier 1976), du romancier Thibaut de Montaigu,(cf là : la grâce -2021) plus récemment de l’essayiste Sonia Mabrouk ( cf là  Reconquérir le sacré), elle a choisi de prendre la plume pour écrire à sa fille, sa «princesse», que Dieu existe, et qu’elle l’a rencontré.

Rencontre tardive…C’est par la messe que ça commence. C’est un dimanche soir comme un autre. L’angoisse du retour de la semaine étreint l’auteur…

« La messe m’a transportée. (…) Les chants m’ont émue aux larmes. Tous les mots prononcés ce soir-là sont entrés en moi. La beauté de l’église m’a saisie. »

Dès lors, Laurence de Charette cherche celui qu’elle a déjà trouvé. Elle le fait dans la fréquentation des sacrements, la lecture de la Bible, le silence des monastères, avant de le reconnaître, par moments, dans l’existence ordinaire.

L’Écriture sainte, d’abord,

vers laquelle elle retourne comme on se désaltère à une source d’eau vive. Les prophètes sont aussi des poètes et leur verbe console, réveille, rassérène. Isaïe: «La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger ; ainsi, ma parole qui sort de ma bouche ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. »   

( Isaïe ou Ésaïe (יְשַׁעְיָהוּ en hébreu, Yeshayahu, qui signifie « Yahweh sauve ») est un prophète de l’Ancien Testament (ou Tanakh selon la tradition hébraïque), qui aurait vécu sous le règne d’Ézéchias (Hizkiya) puisqu’il est fait mention de « la quatorzième année du roi Ézéchias ». Ésaïe est considéré comme l’un des quatre grands prophètes, avec Jérémie, Ézéchiel et Daniel.

Figure biblique, Isaïe aurait vécu à Jérusalem au VIII è siècle av. J.-C., approximativement entre 766 et 701. )

La retraite, ensuite,

Dans une chambre austère sans écran et sans bruit. C’est là que Charette nous décrit, un jour gris et froid, ce qui a tout d’un songe mystique. Pages vibrantes et impressionnantes traversées par l’invisible. Ce n’est pas le feu d’un volcan mais une brise légère : « Au milieu de la nuit, une présence me rend visite. Elle volète autour de moi, elle s’approche du lit et soulève doucement le drap qui recouvre mon visage, comme le ferait une mère auprès de son petit à l’heure du lever. (…) Le visage de ma mère m’est apparu. (…) Nous voguons elle et moi, parcourant ainsi longuement des immensités planes. (…) De l’autre côté s’étend un monde auquel je sens confusément que je ne peux pas accéder. (…) Paix et joie mêlées ont jailli en abondance. (…) Bonheur ardent, et en même temps plein d’une infinie quiétude, d’une volupté intérieure totale ; joie sans nom de l’être enfin délié et rassemblé à qui l’univers aurait remis son unité originelle. (…) Ineffable félicité. »

On songe évidemment aux «pleurs de joie » de Pascal, à Thérèse de Lisieux, mais aussi à Simone Weil, qui, dans La Connaissance surnaturelle, que cite Laurence de Charette, écrit ces lignes sidérantes: «Il m’emmena dans une église. Elle était neuve et laide. Il me conduisit en face de l’autel et me dit : “Agenouille-toi.” Je lui dis : “Je n’ai pas été baptisée.” Il dit: “Tombe à genoux devant ce lieu avec amour comme devant le lieu où existe la vérité.” J’obéis. »

Une expérience incandescente

Le lecteur, reconnaissons-le, est parfois déstabilisé par ce surgissement du surnaturel, du merveilleux, dans un temps qui a éteint les étoiles du ciel, évacué l’inquiétude métaphysique et relégué la religion catholique au rang d’ONG patrimoniale. Temps ricanant et revenu de tout, à qui on ne la fait pas.

Agnostique ou croyant, on est tenté de convoquer tout ce que l’esprit humain a produit, les sciences cognitives et la psychanalyse, pour détourner les yeux de ces rêves incroyables. Peine perdue. Les mots de Laurence de Charette résonnent encore, même quand on ne veut pas les croire.

La fraîcheur de son regard, la sincérité et la profondeur de son propos désarmeront les plus sceptiques. Ils pourront se sentir éloignés, impressionnés, intimidés, même étrangers : ils sortiront transformés par la force poétique et mystique de ce texte.

La foi, ici, n’est pas le fruit d’un raisonnement, d’un quelconque pari, d’une quête, d’une discipline, c’est l’effet d’un élan, d’une expérience incandescente, d’une rencontre, d’un mystère insondable : ce que l’on appelle la grâce. « Il frappe. À nouveau, je pense à cette porte, derrière laquelle Il attend. Oublié le plus souvent, ignoré, repoussé, récusé, crucifié (…), vulnérabilité totale et confiance sans borne à la fois.» Il attend. Et Laurence de Charette de renverser la question de l’existence de Dieu par cette interrogation en forme de gouffre spirituel : «Est-ce que Dieu existe sans nous ? »

Alexis Didier, un voyant prodigieux

 

Préface du livre « le sommeil magnétique » expliqué par le somnambule Alexis en état de lucidité – Paris 1856

Lorsque le ciel de la pensée humaine est obscurci par le sombre nuage du matérialisme, et que, semblable à un phare battu et aveuglé par la tempête, la lampe du sanctuaire philosophique ne verse plus dans les consciences troublées qu’une fugitive lueur impuissante à éclairer les écueils où la société menace de s’abîmer tout entière, ils sont bénis les pieds de l’homme qui, portant en ses mains le flambeau magique de la vérité, en jette les vives lumières sur les mystérieux ressorts de l’organisme humain. Aussi, le cœur ouvert sur l’infini, nous avons acclamé avec enthousiasme le somnambule Alexis, dont nous avons si souvent entretenu nos lecteurs, comme étant une manifestation évidente, une révélation visible de l’existence, dans chaque homme, d’un ange intérieur nommé âme.
Pour les hommes de notre génération, il y a un nom qui résume, pour ainsi dire, tous les miracles du somnambulisme lucide. Ce nom est celui d’Alexis. Il est pour nous hors de doute que c’est une renommée qui ira toujours en grandissant et prendra des proportions d’un fantastique fabuleux, le jour (que nous désirons bien éloigné encore) ou sa gloire aura reçu une sanction solennelle par sa mort. Jésus-Christ était parfaitement dans la vérité, lorsqu’il proclamait de sa voix divine, cette sentence qui est restée un proverbe Nul n’est prophète en son pays. En conformité d’idées et en fraternité d’âme avec lui, nous ajoutons Nul n’est prophète en son temps. Et, l’histoire en main, il nous serait facile de confirmer cette proposition en démontrant que les hommes au cœur aveugle ont toujours raillé les prédictions du génie prophétique retentissant fatidiquement à leurs oreilles incrédules en un mot, que la destinée de l’homme supérieur à son siècle est d’être perpétuellement contesté ; il faut que l’ange de la mort l’ait renversé, pour que la Gloire, appliquant sur sa bouche décolorée un baiser de ses lèvres rouges de vie, mette à son front pâli l’auréole d’une renommée posthume.
Personne n’a contesté jamais l’existence des phénomènes merveilleux opérés par le somnambule Alexis. Seulement, on les a dénaturés et on leur a enlevé leur haute portée philosophique, par les ridicules explications qu’en ont donné les adversaires intéressés du magnétisme.
Nous allons combattre les objections faites à sa lucidité par les savants qui, dans l’infirmité de leur raison étroite, refusant toujours d’admettre que quelques signes faits devant le front d’un jeune homme, suffisent pour lui inspirer une science universelle qui surpasse et éteigne leur instruction péniblement acquise, comme le soleil au matin dissipe la clarté des étoiles, traitent ces phénomènes d’hallucinations imaginaires. Il est certain que dans les séances de somnambulisme où, devant une foule d’une crédulité idiote, l’on envoie un sujet qui ne peut pas voir ce qui se passe dans la pièce à côté, dans la lune, où il aperçoit assez distinctement les habitants pour décrire leur costume, leurs traits, leurs mœurs et leurs cabanes, il y a hallucination ou mystification.
Nous accordons même que les guérisons des maladies prouvent très peu, car souvent la santé se rallume au flam beau de l’imagination mais quand Alexis lira couramment dans un livre fermé et non coupé, à la page qu’on lui indiquera, ou dans le portefeuille qu’on lui présentera, nous ne croyons pas assez à la mauvaise foi ou à la débilité intellectuelle des adversaires de la lucidité, pour admettre qu’un seul persiste à expliquer un fait aussi précis par l’imagination du somnambule et l’hallucination des spectateurs, ce qui équivaudrait à lancer à la face de tous l’accusation de folie.
Les esprits superficiels traitent ces phénomènes de jonglerie et de charlatanisme. Il est certain que presque tous les somnambules qui exploitent à Paris la crédulité publique, sont des êtres sans éducation, qui contrefont la lucidité et, à l’aide de termes vagues et ambigus, épatent les cruches. Mais lorsque, comme le somnambule Alexis, on apporte une effroyable précision de détails dans les descriptions, et que, comme nous, l’on possède plus de quatre cents récits d’objets perdus et retrouvés par lui il est difficile à un esprit logique d’expliquer les phénomènes par le charlatanisme et la jonglerie. Quant à la prestidigitation, le plus grand prestidigitateur des temps modernes, Robert Houdin, reconnaîtra que les subtilités de la prestidigitation ne peuvent produire rien de semblable.
Les esprits abêtis par de vaines et chimériques terreurs, les imaginations égarées par une religion mal entendue, considèrent les phénomènes d’Alexis comme des opérations diaboliques. Cette opinion, très-répandue dans un public très-honorable, a été un des principaux motifs qui ont déterminé Alexis à expliquer lui- même une faculté qui donnait lieu à de si étranges commentaires.
Pour nous, si nous avons avec plaisir accepté de faire l’introduction de ce livre, c’est qu’à l’exception de quelques idées que nous n’avons jamais émises, ce livre éclaire d’une vive lumière les doctrines contenues dans nos ouvrages sur la vie future.
Les esprits distingués qui ont assez étudié le somnambulisme pour croire à la réalité de ces phénomènes et à l’inconstante variabilité de leur production, trouveront un argument dans ce livre où, guidé par un sentiment élevé que nous ne saurions assez louer, obéissant à sa conscience plutôt qu’à son intérêt, il proclame la faillibilité de ses oracles.
Ce livre a été composé dans des circonstances tout à fait exceptionnelles. Alexis étant très-souffrant, se faisait endormir pour se donner à lui-même des consultations somnambuliques. C’est dans ces moments de haute lucidité qu’il a expliqué le mécanisme admirable de sa clairvoyance, le magnétiseur ayant, comme l’on peut facilement s’en convaincre en lisant ce livre, une puissante influence sur la nature des pensées de son sujet.
Nous croyons utile de dire que la personne qui l’a magnétisé pour faire cet ouvrage, était une ravissante jeune femme d’un esprit gracieux et enjoué, d’une élégante distinction de manières, possédant non seulement le goût de la science magnétique, mais douée de plus d’une rare puissance de fascination c’est pourquoi l’attirante magie de son regard rayonnant ayant éclairé le somnambule de sa lumière, ce livre se ressentira de l’enchanteresse qui l’a inspiré magnétiquement, et nous lui prédisons qu’il instruira en charmant.
Cet ouvrage contient un grand nombre de faits, parce que, comme l’a très-bien remarqué Broussais, rien n’est brutalement concluant comme un fait, et de plus, les faits miraculeux étant le seul moyen d’impression sur les masses, ce livre ne pourrait devenir populaire et passer à la postérité s’il les avait bannis ; car les expériences de la métaphysique se nomment miracles. Nous croyons que ce livre est un livre de vérité. Cependant, la lucidité ayant ses incertitudes, avoir la prétention qu’il est sans erreur, serait une opinion que la connaissance que nous avons du somnambulisme ne nous autorise, en aucune façon, à émettre. Ce volume est de pus une oeuvre sérieuse et d’une très-haute importance philosophique car en venant donner l’explication des mystères du sommeil magnétique, il fait faire un pas immense à une des sciences les plus nécessaires et les plus négligées dans ce siècle, la science de l’âme ! L’esprit qui a dicté ce livre n’est pas celui de la spéculation, sans cela, au lieu de grandir Alexis dans l’estime publique, il le laisserait dans la catégorie de ces somnambules qui exploitent la crédulité publique et compromettent tous ceux qui, s’occupant de cette science, tiennent d’une main ferme et noble l’étendard du magnétisme et pensent qu’il est indigne de la vérité de s’affubler des haillons dorés du charlatanisme.
Pour nous, nous avons saisi avec bonheur cette occasion de causer quelques instants, cœur à coeur, avec nos lecteurs bien-aimés qui, comme nous, apôtres au cœur vaillant, ont à se faire en ce siècle les propagateurs du spiritualisme visible.
Ce poste, le plus avancé de la philosophie religieuse est sans cesse attaqué, les traits de la plus mordante ironie sifflent perpétuellement à nos oreilles, voici bien des années que nous y combattons, bien que notre nature de contemplatif, ivre de poésie et d’amour, préfère le sentiment à l’action ; mais le grand inspiré du Christianisme, saint Paul, appelle la foi un bouclier et la grâce une armure de lumière forgés au ciel ; c’est pour apprendre que la vie du chrétien est une lutte perpétuelle que la mort seule terminera et remplacera par un repos immortel au sein d’une béatitude éternelle.  Le bonheur étant la satisfaction perpétuelle  du désir sans cesse renaissant de connaître, d’aimer et d’agir, ce livre ouvre devant l’intelligence des horizons inconnus il initie l’homme aux mystères les plus secrets de son organisme et de la vie de son âme il donne au cœur une consolation, en prouvant que dans l’être humain il y a autre chose que des organes de chair et de sang, qu’il y a en lui une individualité persistante et immortelle qui traverse triomphante la crise de la mort pour ressusciter dans la gloire. Plusieurs personnes, trouvant que la sagesse de notre conduite ne correspondait pas à ce qu’elles appelaient la folie de nos écrits, ont répondu que nous n’étions pas ce que nous paraissions, que nous ne croyons pas ce que nous écrivions, qu’en un mot nous étions un esprit original promenant dans le monde l’apparence d’une folie factice si ces personnes s’étaient donné la peine de lire autre chose que les titres de nos livres, elles sauraient que ce qu’elles nommaient folie, par le Paganisme était appelé sagesse, et que le Christianisme lui a donné le beau nom de foi !
Le succès de nos ouvrages nous oblige en terminant à remercier les nobles âmes qui se sont faites les propagatrices de nos idées, non parce que nous les avons imprimées, mais parce qu’en les émettant nous nous sommes fait l’écho de la tradition religieuse.
Le souffle d’un spiritualisme élevé coule sous les lignes de ce livre en sève de feu, il relèvera, nous l’espérons, les yeux vers le ciel et démontrera que la mort n’est que’ le passage du temps à l’éternité ; fils des croyances du passé, nous sentons que nous sommes les restaurateurs de la foi due l’avenir, car les miracles du magnétisme ont une voix éloquente qui, retentissant aux oreilles de la conscience endormie du sommeil profond des intérêts matériels, lui crie éveille toi !

Henri DELA AGE

pour lire ce livre 

Henri Delaage, né à Paris le  et mort dans la même ville le , est un écrivain et journaliste français, versé dans l’occultisme.

puis la présentation du livre de Bertrand Méheust édité en 2003…

 

Bertrand Méheust : Un Voyant prodigieux : Alexis Didier 1826-1886 ; Paris ; Les Empêcheurs de penser en rond/Le Seuil ; 2003 ; 492 p.

L’article qui suit est écrit à partir de la critique de Fabrice Bouthillon parue dans la Revue Commentaire, printemps 2005, Vol 28/N°109 ; Rubrique CRITIQUE.

Dans les années 1840, à Paris, à Londres, mais aussi en Normandie, à Châteauroux ou à Brighton, on pouvait voir un jeune homme, alors dans la vingtaine, se faire plonger dans un état de transe profonde par son magnétiseur attitré, Jean-Bon Marcillet, personnage lui-même haut en couleur, mais très honorablement connu, entre autres pour le courage dont il avait plus d’une fois donné la preuve dans ses fonctions de commandant de la garde nationale.

Alexis Didier, « un somnambule lucide » devenu célèbre : quelques exemples de ses dons

Ces préliminaires achevés, Alexis Didier déployait les pouvoirs de ce qu’on appelait alors un « somnambule lucide » (nous dirions extra- lucide) : les yeux bandés, et bandés d’une manière, cent fois vérifiée par les inquisiteurs les plus hostiles, à le plonger dans la cécité la plus absolue, il était capable de jouer aux cartes avec un partenaire inconnu, et de gagner la partie ; de lire des passages entiers de livres qu’on tenait fermés devant lui, et d’indiquer la page à laquelle ils y étaient imprimés ; de décrire avec la plus extrême précision à ses consultants, qu’il n’avait jamais rencontrés auparavant, leur intérieur, dans lequel il n’avait jamais mis le pied ; de deviner ce que contenait des coffrets qu’on lui présentait scellés.

Si l’on y avait placé un billet, il parvenait à le lire ; si c’était un autre objet, il disait de quoi il s’agissait, puis ajoutait, à cette performance déjà impressionnante, l’exploit proprement médusant de remonter de là à la biographie de la personne qui le lui présentait, ou de répondre à telle ou telle question qu’elle était venue pour lui poser. On l’interrogeait d’ailleurs assez peu sur l’avenir, à la différence de ce qui constitue aujourd’hui le fonds de commerce le plus substantiel de nos pythonisses ; on recourait plutôt à lui pour retrouver des objets perdus, ou la trace de personnes disparues. Un cas célèbre concerne Chopin. En 1849, le musicien, qui n’avait plus longtemps à vivre, était déjà malade et dans le besoin ; deux dames, qui voulaient l’aider, font porter à son domicile une enveloppe contenant la somme très conséquente de 25000 francs-or. La concierge, qui en ignorait le contenu, l’égare : Alexis devine qu’elle a oublié de remettre le pli, mais ne peut aller plus loin qu’une fois qu’on a réussi à lui procurer une mèche des cheveux de la gardienne. Il voit alors l’enveloppe dans un petit meuble, au pied du lit de celle-ci : et on l’y trouve (pp. 145-146). Sept ou huit ans plus tard, en 1856 ou 1857 (la date exacte n’est pas connue), l’histoire de la disparition d’un M. Bonnet, paysan de la région de Chartres, n’est pas moins stupéfiante.

Dans l’impossibilité de le retrouver, on finit par apporter sa casquette à Alexis Didier ; il indique que son propriétaire est noyé dans la rivière qui passe auprès de Maintenon ; qu’il voit son corps, tout habillé, sous l’eau, retenu par des troncs d’arbres abattus. Est-il bien sûr de ne pas commettre une erreur sur la personne, lui demande-on ; oui, répond-il, car il manque au noyé l’un de ses gros orteils. Le consultant, qui ne savait rien de ce détail, va en demander confirmation aux parents du défunt : ils le confirment, abasourdis ; on drague la rivière à l’endroit indiqué, et on y découvre le corps (p.143).

Le cas d’Alexis Didier : un des plus documenté qui soit

De tels exemples, tous plus sidérants les uns que les autres, pourraient être légion, et ils le sont effectivement dans le livre de Bertrand Méheust : car l’une des caractéristiques du cas Alexis Didier est d’être l’un des plus documentés qui soient. Publics ou privés, parus dans la presse ou consignés dans des correspondances, les témoignages à son sujet ont été d’autant plus nombreux que le somnambule et son magnétiseur avaient pignon sur rue, et vivaient de leur art. Ils organisaient des séances publiques, payantes, lors desquelles n’importe quel assistant pouvait poser une question au voyant ou le soumettre à un test ; ils apparaissaient aussi dans les salons de la meilleure société, lorsqu’un maître ou une maîtresse de maison souhaitait régaler ses hôtes d’une prestation du phénomène. Mais il leur arrivait encore de donner des séances strictement privées, pour des personnes du plus haut rang, désireuses d’en avoir le cœur net : membres de la Chambre des Lords à Londres, ou de celle des Pairs à Paris, et même (ce fut leur apogée), la propre famille de Louis- Philippe, au début de 1847 : les ducs de Montpensier et de Nemours, fils du roi, la princesse Adélaïde, sa sœur, étaient présents.

Alexis Didier dans l’oeuvre d’ Alexandre Dumas .

Les relations d’Alexis Didier et d’Alexandre Dumas sont ainsi parfaitement connues ; ce sont elles qui ont inspiré à l’écrivain son célèbre roman magnétique, Joseph Balsamo, et lui ont fait prêter à ce devin des gestes, des attitudes, des répliques même, qu’on sait avoir été celles d’Alexis. Mais il y a mieux. Le 26 mai 1843, au cours d’une séance pour happy few chez Mme de Saint-Mars, Alexis devine que le terme inscrit sur un billet caché à l’intérieur d’une boîte scellée est celui de « Politique » : performance pour lui banale, sauf que ce jour-là, c’était Victor Hugo qui avait écrit le mot. Le poète en resta bouleversé. Chacun sait, ou croit savoir, que ce fut la mort de sa fille Léopoldine qui le fit chavirer dans l’occulte, au point qu’il a fini en faisant tourner les tables ; or cette mort est de septembre de la même année, et il n’est pas possible que ces deux épisodes n’aient pas réagi l’un sur l’autre.

 Analyse critique des performances d’Alexis Didier par Bertrand Méheust : étude à partir de l’histoire, de la philosophie, de la criminologie. examen aussi sous l’angle du compérage et de la magie

Un Voyant prodigieux ne contiendrait-il que ce que je viens d’en résumer, pareil livre mériterait déjà le détour ; mais M. Méheust a encore enrichi l’étude de cas, à laquelle il a intelligemment voulu se limiter, en la plaçant sous la clarté d’analyses qui relèvent les unes, de l’histoire ; les autres, de la philosophie ; les dernières, en somme, de la criminologie. Je commence par celles-ci, tant il est avéré, depuis Fontenelle et la dent d’or, que sur de tels sujets, la bonne méthode l’exige. Les performances incompréhensibles qu’on relate d’Alexis Didier étaient-elles réelles, oui ou non ? L’auteur prend la question à bras-le-corps, et il la traite avec ce mélange d’ouverture intellectuelle et de rigueur méticuleuse qui fait, à mes yeux, le mérite principal de son ouvrage. Alexis, par exemple, soutirait-il, mine de rien, des informations à ses consultants en les faisant parler sans qu’ils s’en aperçussent, ou en captant des indices infra-verbaux, qu’ils lui fournissaient innocemment ? Pour Bertand Méheust, il n’est pas contestable qu’une partie des vérités qu’Alexis énonçait lui parvenait de la sorte ; mais il ne l’est pas moins, sauf à récuser de façon systématique tout le corpus des témoignages, qu’une autre partie ne pouvait lui venir de là – qu’on se souvienne du gros orteil de feu Bonnet. L’hypothèse du compérage résiste encore moins à l’examen : outre que, pour n’y pas donner prise, fréquemment Marcillet quittait la pièce après avoir endormi Alexis, celui-ci a pratiqué durant treize ans, devant les publics les plus divers et les plus imprévus : ce sont donc des milliers de complices qu’il lui aurait fallu, sans compter que, d’un point de vue sociologique, il n’est même pas imaginable que Lord Normamby, ambassadeur de Sa Majesté britannique en France, le prince d’Oettingen-Wallerstein, ministre de Bavière à Paris, le duc de Nemours, une Infante d’Espagne, et j’en passe, aient consenti, les uns après les autres, à se faire les comparses d’un saltimbanque. Reste alors l’explication par la prestidigitation ; eh bien, elle est exclue par l’autorité la plus haute, puisque, le 3 mai 1847, à l’initiative du marquis de Mirville, un catholique persuadé que les pouvoirs d’Alexis étaient d’origine diabolique, et qui n’en tenait que davantage à les faire constater, le jeune homme fut confronté au roi des prestidigitateurs, Robert- Houdin en personne. Partie de cartes les yeux bandés, lecture dans un livre fermé, identification de l’auteur gardé secret d’une lettre, etc. : le magicien eut droit à tout, en sortit confondu, et attesta par écrit qu’il lui était « impossible de ranger [ces faits] parmi ceux qui faisaient l’objet de son art et de ses travaux ». Bref : si soupçonneux qu’on veuille être, il semble qu’il faille admettre qu’Alexis Didier avait bien les dons qu’on lui attribuait.

Les corollaires de cette conclusion sont très dérangeants, et d’abord pour une certaine tradition philosophique. Sur sa quatrième de couverture, M. Méheust se présente d’ailleurs clairement comme « philosophe, spécialiste de la voyance » : il doit y falloir du courage, si j’en juge par celui dont aurait besoin, au sein de sa corporation de rattachement, qui voudrait s’annoncer comme historien spécialiste du même objet. Il a donc pris un malin plaisir à choisir, pour épigraphe de son ouvrage, une phrase de Kant dans Les Rêves d’un Visionnaire (l’exécution qu’il fit subir en 1756 aux voyances de Swedenborg) : « Quelle perspective de conséquences étonnantes, écrivait le philosophe de Kaliningrad, si on pouvait présupposer qu’un seul de ces faits soit garanti ». Or voilà qu’avec Alexis Didier, des faits garantis, on en a à foison ; d’où une polémique argumentée et suggestive de l’auteur, contre le traitement par prétérition qu’inflige au magnétisme, au bénéfice de la conception cartésienne d’un moi totalement insulaire, la philosophie contemporaine, en particulier celle qui se réclame de la phénoménologie. L’opacité habituelle aux productions de cette école est d’ailleurs telle que je me sens et porté, et réduit, à croire là-dessus M. Méheust sur parole ; je préfère passer, sans autre forme de procès, à la mise en perspective historique qu’il esquisse du cas d’Alexis.

Du magnétisme de Messmer à la transe somnanbulique : des méthodes et états qui dépassent la raison pure et qui monopolisent l’intérêt dans la décennie 1850-1860 

Car lorsque, vers 1840, la carrière de celui-ci commence, le magnétisme stricto sensu a déjà derrière lui plus de soixante ans d’une existence tourmentée. Elle s’était inaugurée lorsque le médecin viennois Anton Mesmer (1734-1815) était venu à Paris proposer des cures, fondées sur le postulat de l’existence d’un fluide universel, dont un praticien pouvait arriver, par voie de magnétisation, à contrôler les mouvements chez ses patients. Le mesmérisme passionna, en pour et en contre, la Cour et la ville ; or c’est l’un de ses adeptes, le marquis de Puységur, qui fut inopinément à l’origine de la découverte de la transe somnambulique. En avril 1784, de passage sur ses terres, il entreprit de magnétiser un de ses paysans, le jeune Victor Race, pour le guérir d’une fluxion de poitrine. Il s’attendait à produire les effets habituels de la pratique mesmérienne, bâillements, suées, convulsions, le tout suivi d’un mieux. Or «les choses ne se déroulent pas selon le schéma prévu. La personnalité du patient se modifie ; un autre moi surgit, qui semble surplomber sa conscience vigile ; mais il y a plus : le jeune homme prévoit le déroulement de sa maladie, en fixe les étapes et semble capable de lire les pensées de son maître avant qu’elles aient été formulées. Stupéfait, le marquis constate, en multipliant les expériences sur d’autres patients, que l’on peut assez régulièrement reproduire l’étrange état, et que les autres somnambules sont également capables de diagnostiquer les maladies, de lire les pensées cachées, d’avoir des aperçus sur des événements soustraits à la connaissance normale » (p. 23). Par analogie avec le somnambulisme naturel, le marquis dénomma cet état le somnambulisme lucide, et il publia en 1784 – l’année même où paraissait La Critique de la Raison pure – un Mémoire pour servir à l’Histoire et à l’Etablissement du Magnétisme animal, qui déchaîna la controverse. Plus d’un millier d’écrits en tous genres parurent sur la question, rien qu’en français, avant la Révolution. Le corps médical fut particulièrement divisé, si bien qu’en 1826, l’Académie de Médecine finit par créer une commission ad hoc, qui, en 1831, reconnut la réalité de la lucidité magnétique. Ces conclusions déclenchèrent une réaction des médecins antimagnétiques, majoritaires à l’Académie, qui les firent tout d’abord enterrer, puis, en 1842, firent décider, pour plus de sûreté, que leur Compagnie n’examinerait plus ces sujets. C’est donc à partir de cette date que le magnétisme devient l’affaire de médecins en lisière de la corporation, d’hommes de lettres, ou de femmes du monde ; il se réfugie dans les salons, parce que les laboratoires lui avaient fermé leurs portes. Sa vogue n’en fut tout d’abord que plus grande, favorisée aussi par le bouillonnement intellectuel qui précéda 1848, et qui fit qu’il trouva quelque temps des appuis à Gauche comme à Droite, ou dans l’Eglise. Il bénéficia ainsi, dit M. Méheust, d’une fenêtre de visibilité d’une dizaine d’année, qui correspond exactement à l’activité d’Alexis, et qui va jusqu’au coup d’Etat de Louis-Napoléon, après lequel la Gauche fut gagnée au positivisme, tandis que la Droite et l’Eglise regardaient désormais avec une méfiance croissante des phénomènes qu’elles cataloguaient de plus en plus vite comme subversifs, ou comme sataniques. Au début des années 1860, Alexis Didier met ainsi un terme à sa carrière, pour des raisons mal connues, parmi lesquelles l’épuisement physique que lui causaient les séances a dû peser d’un grand poids : la fenêtre magnétique se referme.

Cela n’entraîne pas que les réalités sur lesquelles elle avait jeté du jour avaient cessé d’exister. Et de fait, quoique sans y insister trop, M. Méheust rappelle qu’il faut aussi replacer le cas Alexis dans une durée beaucoup plus longue. Thaumaturgie, télépathie, double vue, bilocation, divination : ces performances sont en fait typiques de ce que les spécialistes d’histoire des religions appellent le chamanisme, et que les ethnologues contemporains rencontrent encore de nos jours chez certains peuples premiers. L’histoire intellectuelle, politique et religieuse des nations d’Occident a tendu à effacer cette réalité religieuse de leur mémoire, mais des savants – Carlo Ginzburg, par exemple – ont essayé de montrer qu’elle a pourtant survécu souterrainement en Europe, sous forme populaire et folklorique, symbolisée par les figures clandestines du rebouteux, du sourcier, de la sorcière. Le magnétisme fait-il irruption quand des membres des classes supérieures (un docteur de l’Université de Vienne, un marquis de la Cour de France) tendent la main, sans le savoir, à cette tradition cachée ? C’est fort possible. D’une part, le marquis de Puységur le découvre au contact d’un paysan ; d’une autre, l’une des voies les plus traditionnelles d’accès à la condition de chaman est la transmission familiale : or il semble bien que le père et la mère d’Alexis Didier aient eu une certaine propension à développer des états de somnambulisme lucide, et il est certain que son frère a joui exactement des mêmes facultés que lui.

Deux remarques, pour finir, qui vont d’ailleurs en sens inverse l’une de l’autre. Bertrand Méheust insiste sur les conséquences philosophiques que les faits qu’il établit devrait avoir, mais a- t-il songé à leurs conséquences politiques ? Car depuis la Révolution, ce sont toutes nos institutions qui reposent, ou du moins, prétendent reposer, sur le postulat d’un individu insulaire et cartésien : le docteur Guillotin avait du reste compté parmi les adversaires les plus acharnés du mesmérisme. Le frère magnétique d’Alexis s’appelait par ailleurs Adolphe ; qu’il me soit permis d’y voir un discret rappel providentiel des liens qui ont uni, au XXe siècle, l’occultisme et la contestation de la démocratie libérale. A en croire Otto Strasser (autorité, il est vrai, sujette à assez forte caution), la ville natale de Hitler, Braunau-am-Inn, avait fourni à l’Allemagne des médiums célèbres pendant des siècles ; il est d’autre part bien connu qu’après la première guerre mondiale, à Munich, le parti nazi a été lancé par la société ésotérique dite de Thulé, et il est arrivé au moins une fois à Hitler de dire, expressis verbis, qu’il suivait son chemin « avec la précision d’un somnambule ». Je ne prétends pas savoir ce qu’on doit en conclure, mais il me paraît sûr qu’il y a là quelque chose qu’il faudrait penser.

D’autre part et enfin – cela pour réagir à l’élimination un peu trop rapide, par l’auteur, (pp. 232, 306-309, etc.) de toute problématique théologique pour rendre compte du cas d’Alexis, qui faisait personnellement profession de la foi catholique : je suis, pour ma part, frappé par la similitude qui existe entre ses performances et certains des récits de miracles du Christ que rapportent les Evangiles, et que l’exégèse contemporaine renvoie la plupart du temps à l’allégorie, à la symbolique, ou à la mythologie. La ressemblance saute aux yeux non seulement pour les réussites (Jésus devinant l’identité (Jn, IV 17-18) ou les activités (Jn , I 47-50) de tel ou tel de ses interlocuteurs), mais aussi, pour les échecs. M. Méheust consacre ainsi plusieurs pages à la question des « sceptiques inhibiteurs », c’est-à-dire à ces spectateurs des séances d’Alexis qui étaient si hostiles à l’idée qu’il pût jouir de dons réels, que leur seule présence le rendait incapable d’accomplir ses prouesses habituelles. Or que trouve-t-on par exemple en saint Marc, VI, 4-6 ? Le Christ est retourné dans le village de ses pères, et il y expérimente que nul n’est prophète en son pays : les gens du coin refusent tellement l’idée que le fils du charpentier ne se réduise pas à cette identité, qu’« il ne put faire là aucun miracle » (Mc, VI 5). L’expérience est exactement comparable, et cela peut se comprendre : si la vie du Christ est le sommet de l’histoire religieuse de l’humanité, il est logique qu’elle en récapitule toutes les réalisations antérieures, y compris la chamanique. C’est du reste ce qui fait qu’on peut parfaitement retrouver, dans les récits de la Passion, la trame la plus classique des rituels d’initiation du chaman. L’impétrant subit toujours, pour commencer, une lacération de son corps, qui symbolise sa lutte avec le mal ; puis le lien qu’il aura désormais avec le ciel est matérialisé par une ascension, qui, dans les cultures les plus archaïques, peut se réduire à celle du poteau central de la hutte, sinon même à celle du tronc d’un arbre. La victoire sur les forces maléfiques est au bout : étapes initiatiques que reprennent exactement le déchirement du corps du Christ par ses bourreaux, son élévation sur le bois de la Croix, et la Résurrection.

Je me résume : ce livre est l’un des plus stimulants que j’aie lu depuis dix ans. Fabrice Bouthillon.

voir la voyance pour les nuls 

pour aller plus loin : thèse sur le kardécisme , un nouvel avatar initiatique ?

Recherche scientifique : un naufrage mondial

mise à jour le 26/08/2023

 

de Jean-Claude Bourret et Jean-Pierre Petit  -5 mai 2022

Alors que la France regorge de talents et d’intelligences créatrices, le constat est sévère : la recherche scientifique est en panne.
Que s’est-il passé ? Que se passe-t-il ? Jean-Pierre Petit a mené l’enquête.

Si on n’en finit plus de décrire au public les fantastiques développements de la technologie, qui ne sont en réalité que la mise en oeuvre d’outils qui ont vu le jour entre 1895 et 1960, celui-ci sait-il que la science fondamentale connaît, depuis six décennies, une crise sans précédent ? Jean-Pierre Petit révèle, par exemple, que la cosmologie se fonde sur deux articles originaux de Karl Schwarzschild datés de 1916. Des articles rédigés en allemand, mal traduits en anglais, avec de graves erreurs ayant faussé les travaux des astrophysiciens depuis… 1970 !

En répondant aux questions pertinentes et percutantes du journaliste Jean-Claude Bourret, Jean-Pierre Petit, le chercheur qui trouve et qui a vu des découvertes importantes pillées par des pays étrangers, dresse un bilan dont l’électrochoc pourrait être salvateur pour le monde scientifique.

 

 

interview sur Nurea TV il y a un an

pour lire les commentaires

La « MHD » ou La Magnètohydrodynamique…Hallucinant ce J.P PETIT…_ mixé par R.Bus   (vidéo de 9:47)

La France a 30 ans de retard face aux américains sur le sujet…Dixit JP Petit. Jean-Pierre Petit, est un scientifique français spécialiste en mécanique des fluides, physique des plasmas, magnétohydrodynamique et en physique théorique ; il a été directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique en activité en tant qu’astrophysicien à l’observatoire de Marseille. Il est un pionnier d’un pan de recherche abandonné dans les années 1970, la magnétoaérodynamique. Il a notamment mis au point le principe de convertisseur MHD pariétal. Il a participé régulièrement à des colloques internationaux sur la MHD. En cosmologie, il a travaillé sur la « théorie de la bigravité ».

 

 

Le SARS-cov2 est bien une arme biologique – par David E.Martin

 

 source Thiery Didiers blog Médiapart « origine du virus et de la folie liberticide »

Nous avons affaire au final à une arme biologique (un poison binaire) – sélectionnant le vivant – où le virus synthétique n’est rien comparativement à la délivrance du « vaccin » », a déclaré récemment David E.Martin au Covid Summit III au Parlement Européen « Il n’y a pas eu de fuite de laboratoire à Wuhan mais une bio-militarisation intentionnelle d’un virus »

 

Au sujet de l’ICS ( International Covid Summit)

La 3e édition de l’International Covid Summit (ICS 2023) s’est déroulée au Parlement européen à Bruxelles, du 2 au 4 mai dernier. L’ICS est un espace créé pour que les médecins et professionnels du monde entier puissent échanger sur la gestion (ou l’origine en l’occurrence) de la crise sanitaire, dans un temps et un espace politique. Ici européen. Mais l’ICS n’est ni organisé ni financé par l’assemblée européenne. Il est à l’initiative de certains députés européens.

Qui est D E. Martin ?

Martin y a été invité en tant que fondateur et président-directeur général de M.CAM, une société internationale qui a pour activité le “capital immatériel”. Soit tout ce qui englobe les éléments non monétaire et non physique qui développe de la valeur : par exemple, les brevets intellectuels. David Martin s’est spécialisé dans les dépôts de brevet de l’industrie pharmaceutique. Il a été engagé, par exemple, par le gouvernement US pour rechercher l’origine des souches d’anthrax des attaques du début de années 2000.

REINER FUELLMISH : PANDEMIC FRAUD version intégrale jusqu’à environ 1H sur 1H 20

Découverte du coronavirus en 1965 en tant que modèle d’agent pathogène

Le coronavirus en tant que modèle d’agent pathogène, nous dit-il, a été isolé en 1965. Il était associé au simple rhume. Il a été immédiatement identifié comme un agent pathogène pouvant être utilisé et modifié pour toute une série d’objectifs.

Pfizer dépose un brevet de premier vaccin à protéine de pointe en 1970

En 1967, il a été procédé aux premiers essais humains sur l’inoculation de personnes. Ensuite, 1975, 1976 et 1977, on a commencé à chercher comment modifier le coronavirus en l’introduisant dans différents animaux, les porcs et les chiens.  C’est sur cette base que Pfizer a déposé le brevet du premier vaccin à base de protéines de pointe en 1990.

Dix ans plus tard, le 28 janvier 2000, Timothy Miller, Sharon Klepfer, Albert Paul Reed et Elaine Jones déposent, toujours pour Pfizer, le brevet d’un vaccin à protéine de pointe contre le coronavirus canin. Il est publié sous le nom de brevet américain 6372224. Ce vaccin comprenait spécifiquement la protéine de pointe « S »

En 2003, c’est le CDC (Central of Desease Control and Prévention) qui dépose un brevet pour “isoler” le SARS-CoV-1 et protéger la totalité de la séquence génomique ainsi que les méthodes de détection du Sars Cov. La séquence génétique déposée par les CDC en 2003, 2005 et 2006 présente une identité dans 89 à 99 % de la séquence chevauchant le SARS-CoV-2.

A Chapel Hill- Université de Caroline du Nord- en 2002 est déposé un brevet de modèle de vaccin ARN

En avril 2002 est déposé le brevet 7279327 par l’Université de Caroline du Nord, Chapel Hill sous la dénomination : « The mRNA Vaccine « model » is patented as « an infectious, replication defective clone » aux noms de  Krisopher M. Curtis et Boyd Yount. La source du financement qui a permis la recherche : le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) dirigé par Anthony Fauci ((ce brevet 7279327 a été transféré de l’UNC Chapel Hill aux NIH en 2018).

Ce modèle de vaccin : une arme biologique

Le « modèle » du vaccin à ARNm est breveté comme « un clone infectieux à réplication défectueuse », Martin nous dit que l’UNC a réussi à fabriquer un virus capable de cibler un individu – en l’occurrence l’épithélium pulmonaire humain – mais sans causer de dommages collatéraux à d’autres individus, et qu’il s’agit donc d’une arme biologique. D’après Martin, ce pathogène particulier a été spécifiquement étiqueté comme une technologie de plate-forme de bioterrorisme et d’armes biologiques en 2005.

En 2015-2016, sur la base d’échantillons de l’institut de virologie Wuhan de 2011 deux articles indiquent que la chimère ainsi produite est prête pour l’émergence humaine.

L’étude -in vivo – sur la protéine de pointe du virus, s’est poursuivi ensuite à l’Université de Caroline du Nord à partir de coronavirus échantillonnés par l’Institut de virologie de Wuhan  entre 2011 et 2013 – malgré le moratoire sur le gain de fonction décidé en 2014 – et a abouti à deux articles – : un, en 2015 et un, en 2016, indiquant tous deux que la chimère conçue par le laboratoire ciblait le tissu endothélial, le tissu pulmonaire, le tissu rénal, « et qu’elle était «  prête pour l’émergence humaine ».

En 2015 Moderna achète la technologie des nanoparticules lipidiques

En 2015, Moderna – le concurrent principal de Pfizer dans la course au vaccin anti- Covid – fait un pas décisif pour le développement d’un vaccin à ARNm. Elle achète à AlCana ​​Therapeutics, la licence pour la technologie des nanoparticules lipidiques. Et en avril 2019, Moderna est amenée à modifier 4 demandes de brevet rejetées pour inclure le terme libération accidentelle ou intentionnelle d’un agent pathogène respiratoire comme justification de la fabrication d’un vaccin.

En novembre 2019 Moderna commence le séquençage d’un vaccin anti-covid 19

Huit mois plus tard, en novembre 2019 – bien avant que soit déclarée la pandémie – après avoir conclu un accord de coopération avec l’UNC Chapel Hill et le NIAID – Moderna commence le séquençage d’un vaccin à base de protéine de pointe contre le Covid-19.

David Martin dit qu’il n’y a pas eu de fuite de laboratoire à Wuhan mais une bio-militarisation intentionnelle d’un virus.

 Nous avons affaire au final à une arme biologique (un poison binaire) – sélectionnant le vivant – où le virus synthétique n’est rien comparativement à la délivrance du « vaccin » », a déclaré récemment David E.Martin au Covid Summit III au Parlement Européen « Il n’y a pas eu de fuite de laboratoire à Wuhan mais une bio-militarisation intentionnelle d’un virus »

« Phénomènes – Et si notre réalité était un rêve ? »…un essai collectif pour un regard d’ensemble sur OVNI, poltergeists et autres phénomènes paranormaux

25 août 2022-Romuald Leterrier- Laurent Kasprowicz-

 

 

 

La présentation de la quatrième de couverture :

POLTERGEIST, EMI, OVNIS, CONTACTS AVEC LES DÉFUNTS OU RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE, LES PHÉNOMÈNES SPONTANÉS ONT TOUS DES CARACTÉRISTIQUES SEMBLABLES.

Ils défient les lois de la nature et se jouent des témoins et des chercheurs. Mais d’où proviennent ces manifestations ? Auraient-elles, comme le proposent les auteurs de ce livre, une source commune ?

Issu des réflexions d’un collectif de chercheurs pluridisciplinaire international (ufologues, ethnologues, sociologues, psychologues, philosophes), cet ouvrage dresse le constat suivant : derrière la matérialité des phénomènes paranormaux et ovnis, il existe également une dimension archétypale et symbolique.

Un point de vue qui permet d’envisager la réalité de ce que les anciens nommaient  » monde invisible  » ou  » âme du monde  » qui interagit avec nous. Un nouveau paradigme pour appréhender notre rapport au réel et à l’univers.

Voici la présentation d’un livre qui s’ouvre sur deux avis de lecteurs.

Le premier, très favorable, présente bien la dimension de cet ouvrage collectif.(Cf analyse ci-dessous)

Le second, après avoir souligné sa vision d’un monde partagé entre le monde matériel, le monde intermédiaire, objet du livre, et le monde primordial, regrette que cet ouvrage n’évoque que les liens entre les deux premiers mondes et qu’il souffre, de ce fait, d’une vision parcellaire, point de vue que je partage. Ceci n’empêche pas de souligner la qualité des théories explicatives du fonctionnement des deux premiers mondes à travers l’examen des anomalies qu’ils génèrent dans leur rencontre.

L’article se poursuit par une analyse de la préface de Bertrand Méheust qui détermine les grands traits de l’approche des différents auteurs en soulignant à la fois l’intérêt pour le caractère novateur de celle-ci tout en précisant que celui-ci ne signifie pas nécessairement une adhésion à cette vision.

L’article aborde ensuite les contributions des différents auteurs enrichies par des interviews vidéos de certains de ceux-ci.

Il se prolonge enfin par la présentation plus succincte des livres « OVNI et conscience » par Fabrice Bonvin  (2021) et « Apparitions mondiales d’humanoïdes » par Eric Zürcher (septembre 2018)

 »Phénomènes » : livre fascinant et annonciateur de la prochaine révolution paradigmatique  ( commentaire du 11 septembre 2022 sur Amazon)

Un premier avis très positif :

La lecture de ‘’Phénomènes’’ est aujourd’hui absolument nécessaire si on veut espérer être en mesure d’entrevoir un jour la profonde et véritable nature de notre réalité. Les différentes contributions sont toutes de très haute facture. N’utilisant pas le jargon habituel et obscure des spécialistes, elles permettent à toutes et à tous de pouvoir cerner méthodiquement et très clairement les éléments les plus critiques de ce débat passionnant.

Au tout début du XXème siècle, le grand physicien William Thomson s’était senti en mesure d’annoncer que définitivement, il n’y avait plus rien à découvrir en physique et que tout ce qui restait à faire consisterait à augmenter la précision des mesures. En effet, quand Thomson fit ce constat, il ne restait en physique pratiquement qu’une ou deux « petites » anomalies (dont celle du rayonnement du corps noir). On sait ce qui s’est passé par la suite avec l’avènement de la relativité et de la physique quantique (ironiquement la même année que la déclaration de Thomson) qui ont tout remis en question.

La leçon qu’il faut retenir ici (et que les auteurs exploitent à merveille dans leur argumentation) est qu’Il ne faut jamais sous-estimer la puissance épistémologique et le pouvoir extraordinaire que mêmes les plus petites anomalies ont de pouvoir remettre en question les paradigmes dominants les mieux ancrés et que certains pensent être définitivement établis.

Les phénomènes dits paranormaux sont bien des anomalies ontologiques qui nous rappellent en permanence que notre perception de la réalité est parcellaire et très incomplète. Même s’il existe des milliers de cas de témoins directs et crédibles (voir les très nombreux rapports de police dans le domaine des poltergeists ou les très nombreuses observations d’ovnis par les militaires ou les pilotes), ces phénomènes continuent à être ignorés voire ridiculisés. Pourtant et depuis plus d’un siècle, de très nombreuses sommités intellectuelles et scientifiques se sont intéressées à ces aspects fascinants de notre réalité. On peut citer des Nobel comme Flammarion, Bergson, Carrel, Richet, Pauli, les Curie, Wigner, Josephson ou Kary Mullis. Qui se rappelle aujourd’hui qu’Einstein a écrit la préface du livre ‘’Mental Radio’’ sur la télépathie d’Upton Sinclair ?

Le paranormal n’a donc absolument rien de ridicule, Bien au contraire. On commence d’ailleurs à observer une véritable ouverture en ufologie notamment aux USA avec la reconnaissance par le Pentagone et le Congrès américain de la réalité physique des ovnis d’origine non humaine.

Ce livre passionnant met l’accent sur la signification de ces anomalies et va encore plus loin en analysant la signification profonde de ce que les auteurs considèrent comme étant ‘’des anomalies dans les anomalies’’. J’ai trouvé cet aspect des plus fascinants.

Ce qui est aussi fascinant c’est de pouvoir constater que les éléments débattus et la thèse défendue dans ce livre (l’existence d’anomalies, leur importance, la nature onirique de notre réalité, l’existence d’un aspect central et fondamental qui échapperait à l’espace et au temps…) ont chacun leur pendant en physique quantique. On constate d’ailleurs aussi la même attitude de la part de la quasi-totalité des physiciens. Les anomalies de la physique quantique sont aussi totalement ignorées. J’ai d’ailleurs été frappé par l’attitude irritée de Leonard Susskind (que je respecte au plus haut point) en ce qui concerne les impacts ontologiques de ces anomalies (la non-localité par exemple). Bref, l’essentiel pour ces derniers est que la physique quantique permet de produire ! La compréhension des impacts ontologiques de ces anomalies pourra attendre.

Frederic F.W. Myers et Williams James ainsi que leurs pairs de la SPR et de la ASPR étaient arrivés durant la seconde moitié du XIXème siècle à la même conclusion : Derrière les phénomènes dits paranormaux se cachent une même source et une même réalité. Ils avaient aussi réussi à identifier le rôle central et actif de l’inconscient. Aujourd’hui, ce livre aborde les mêmes thèses mais va beaucoup plus loin en intégrant le sujet des ovnis dans le carré de sable des phénomènes anomalistiques étudiés et en ouvrant de nouvelles perspectives très prometteuses.

Un second avis négatif

Une critique par Peter El Baze, médecin, informaticien, ufologue et qui se déclare passionné, entre autres, de physique théorique, d’astronomie (cosmologie), de math et d’épistémologie sur forum ovni. ou sur info C.R.U.N

 » Je suis déçu par ce livre. En effet ce livre prétend parler des réalités.
Selon moi il y a 3 réalités :

la réalité primordiale
C’est la plus importante, ne comporte pas de matière, aucune loi de la physique mais uniquement des âmes en dehors de notre espace-temps. C’est elle qui a créé.

la réalité physique
C’est notre réalité de matière avec ses terribles contrainte des lois de la physique, c’est une école qui permet à notre âme d’évoluer spirituellement.

– entre les 2 il y a la réalité intermédiaire
Celle des âmes malades qui ont refusé à leur mort de retourner à la maison dans la réalité primordiale celle explorée par certaines personnes de notre réalité physique capables de s’y rendre momentanément.

Or ce livre ne parle pratiquement que de cette réalité intermédiaire et pratiquement pas de la réalité primordiale.
Pratiquement rien sur les NDE.
Dommage, car il y a beaucoup d’informations intéressantes dans ce livre bien écrit qui démontre encore une fois ce que l’on sait depuis le début des années 1970 : pas besoin de petit hommes verts dans leurs vaisseaux en tôle pour expliquer le phénomène OVNI.
Ce sont de « extra-terrestres » physiques qui font des voyages astraux chez nous depuis tout l’univers et qui sont capables un cours moment de se matérialiser sur terre pour nous envoyer des messages.
De même, certaines âmes malades de cette réalité intermédiaire sont capables d’avoir une action physique transitoire dans notre réalité physique, donc il ne faut pas prendre en compte leurs « messages » qui, la plupart du temps, n’ont aucun sens. »

La présentation par auteurs (dans l’ordre d’apparition dans le livre)

Bertrand Méheust : préface – ( p 11 à34)

Un résumé de la préface du livre par Bertrand Méheust

Dans sa préface Bertrand Méheust, ancien professeur de philosophie, docteur en sociologie et spécialiste en histoire de la parapsychologie écrit que ce livre collectif constitue une première tentative méthodique pour établir un pont sur les phénomènes paranormaux et la question des ovnis.

Le fil conducteur du livre est le concept de trickster– fripon, farceur- tiré de la psychologie jungienne qui est à la fois bon et mauvais et médiateur entre le divin et l’homme.

Cette approche a conduit peu à peu une partie de la réflexion ufologique à s’éloigner de l’hypothèse extraterrestre au premier degré et s’ouvrir à des hypothèses nouvelles sur la nature des phénomènes ovni et par ricochet sur la nature de la Réalité des phénomènes qui nous englobent.

Les ovnis – rebaptisés PAN (phénomène aérospatial non identifié)- sont appréhendés sur le modèle d’objets matériels traçant des trajectoires dans l’espace. Les récentes révélations américaines de films de chasseurs de l’US Navy montrent que l’hypothèse d’objets physiques n’est plus totalement exclue en haut lieu. cf là 3 vidéos ovni de pilotes de l’US Navy

Ici, dans ce livre, c’est la figure du trickster, le brouilleur de limites, le magicien, le perturbateur, qui est le fil conducteur. Chez les Grecs c’était le daïmôn qui était une représentation du divin.

Bertrand Méheust regroupe certains thèmes abordés autour de plusieurs idées centrales :

  1. L’idée d’une source commune et cachée, d’où procéderaient des phénomènes à première vue différents, traverse d’abord leurs propos. Il souligne qu’ils attachent une grande importance aux manifestations qui brouillent les repères.
  2. Dans une culture qui nie les phénomènes surnaturels et s’attache à la vie matérielle, il est important de mettre l’accent sur les intrusions du mythe dans la Réalité. Romuald Leterrier fait ainsi une description inédite de la Sachamama.
  3. Le livre entreprend d’explorer le rôle du trickster à la fois perturbateur et gardien de nos limites. L’écrivaine franco-américaine Sharon Hewitt Rawlette, le décrit comme le Gardien du Seuil. Le trait du trickster qui commande tous les autres c’est son comportement à la fois ostentatoire et élusif comme le sont les ovnis et les phénomènes psi.

La portée de l’élusivité est virtuellement immense car au départ dans la pensée moderne de Descartes il y a la confrontation héroïque avec le malin génie qui pour lui est resté une fiction heuristique.

5. Un autre trait constant des manifestations du trickster, ce sont les phénomènes de résonance quand elles interagissent avec la culture vivante et les personnes impliquées. Cela débouche sur les phénomènes de mimétisme et de la mise en scène analysés par les ufologues québécois Marc Leduc et Yann Vadnais et par le philosophe français Jean-Jacques Jaillat.

6. Pour terminer, il faut jeter un coup d’œil sur les courants culturels auxquels on peut rattacher cette exploration du thème du trickster.  Il remonte à la théosophie de Jakob Böhme (XVIIe), à Paraclese ( XVIe) et sa théorie de l’imagination créatrice et resurgit dans l’œuvre immense de Jung (XXe). Il réapparaît dans la nouvelle image du monde qu’appelle la révolution écologique. L’imagination créatrice est un des grands thèmes de la pensée occidentale. Il nous renvoie à l’imaginal – dimension intermédiaire de la Réalité, du philosophe Henry Corbin.

Romuald  Leterrier montre que cette dimension intermédiaire est connue des cultures amazoniennes où, par exemple la Sachamama est l’émergence du mythe dans le réel.

Le trickster n’est pas seulement un être mythologique car il possède aussi avec les poltergeists une dimension physique, incarnée. Le physicien allemand Walter von Lucadou dans un texte de 1997 postule une propriété immanente du psychisme humain qui permet de faire glisser de la transcendance vers l’immanence. (cf là une présentation sur croyance et incroyance dans la recherche sur la psychokinèse )  ( cf là, le site de Walter von Lucadou)

Bertrand Méheust établit un parallèle entre poltergeists et ovnis sans assimiler les premiers aux seconds. Il note toutefois que les témoignages des premiers sont plus anciens et remontent même à l’Antiquité. Ils font l’objet de plus d’un siècle et demi d’enquêtes minutieuses.

Laurent Kasprowicz Il a publié en autoédition Des coups de fil de l’au-delà ? cf là en 2018 et présentait un cadre explicatif en lien avec l’archétype du trickster.

 Son introduction ( p 35 à 43)

Dans son introduction au livre « Phénomènes  » Laurent Kasprowicz note que le phénomène OVNI est enfin pris au sérieux avec la diffusion d’archives de vidéos par la NAVY en 2021. Il souligne aussi que les phénomènes OVNI et paranormaux étaient jusqu’ici étudiés séparément et qu’ils étaient même largement tabous l’un pour l’autre. Avec Romuald Leterrier, il s’inscrit dans une démarche globalisante de leur étude.

Pour ce faire, il pose comme première approche de ne pas séparer les phénomènes des témoins du contexte dans lequel ils se produisent.

Il note ensuite, en s’appuyant sur sa propre expérience, « d’appels téléphoniques des morts  » et qu’il a pu enregistrer, que ce phénomène prouve qu’il y a « des anomalies dans l’anomalie » et que celui-ci était un cas absurde mais réel et objectif.

Ces phénomènes réinjectent de l’incertitude en gênant le paradigme matérialiste et le rationalisme.

Y aurait-il une source commune, une logique sous-jacente à tous ces phénomènes ?

Il souligne que ce rapprochement entre phénomène OVNI et paranormal a déjà été proposé par d’autres auteurs évoqués dans le livre et il cite Jacques Vallée, John Keel, Patrick Harpur, Kenneth Ring, George Hansen, Bertrand Méheust.

Il note que ces phénomènes ont des dimensions symboliques, archétypales ou mythologiques qui entraînent à chercher leur origine dans « les profondeurs de l’âme humaine et dans notre Réalité. »

Le livre est en deux parties. Dans la première, sont rassemblés les constats de la dimension symbolique, archétypale et mythologique de nombre de ces phénomènes.

Dans la seconde, divers auteurs commencent à tirer des conclusions sur la nature de notre Réalité : Patrick Harpur présentera sa vision d’une « Réalité daïmonique  » et Yann Vadnais reviendra sur ce terme. Jean-Jaques Jaillat fera un détour par le folklore, les mythes anciens pour aboutir aux phénomènes actuels. Romuald Leterrier posera une hypothèse quant à la nature de notre Réalité et Charles Imbert explorera quelques « lois du monde invisible ».

Hermès et le paranormal – ( p 47 à 72)

Le trickster – le fripon– est un archétype (modèle supérieur et transcendant) mais possiblement une ou des entités autonomes farceuses qui communiquent avec nous d’une certaine manière. Avec Patrick Harpur et Yann Vadnais les anciens philosophes avaient probablement donné à l’entité « trickster » le nom de « daîmôn« . cf le mythe du trickster par Laura makarius.

Les incroyables coups de fil de l’au-delà (p 73 à 102)

Tout se passe comme si des entités « trickster », nous connaissant intimement, étaient impliquées. Ce sont des êtres que Camille Flamarion dès 1907, avait brillamment caractérisés. Si les archétypes sont bien les constituants de l’arrière-monde, alors ce que j’ai vécu pourrait en être la manifestation écrit Laurent Kasprowicz. Ces phénomènes sont-ils des projections de notre inconscient ou viennent-ils d’ailleurs ? Ces caractéristiques communes au paranormal et à l’ufologie sont si gênantes que certains fuient ces questions. Il rejoint Philippe Solal qui en postface de son précédent livre soulignait la dimension symbolique du téléphone dans cette affaire.

Pour être le plus exhaustif possible, Laurent Kasprowicz se base sur les enquêtes et recherches de Scott Rogo et Raymond Bayless (cinquante cas principalement américains)-leur livre : Phone Calls from  the Dead paru en 1979- et de Callum Cooper  (cinquante cas anglais et américains)-Telephone Calls from the Dead, paru en2012- et son propre travail (trente cas principalement français recueillis à ce jour) – cf  là des coups de fil de l’au-delà paru en 2018-. Le phénomène se présente   principalement comme suit : des morts semblent appeler des vivants via les téléphones, les répondeurs, les textos, mails, appli Messenger ou Whats App. cf là : phénomène de voix électroniques

Demain ne meurt jamais ? (p 259 à 270)

(Souvenirs d’entre-deux vies et âme du monde) 

L’âme, nous disent Carl Jung, Patrick Harpur et d’autres chercheurs ou sages est partout immanente, en dehors du temps et elle est aussi collective. Ces histoires de retour parmi les vivants pourraient n’être que la traduction, un peu trop littérale, de l’éternité de l’âme qui anime ce monde et chacun de nous.

Se nourrir dans ou de l’autre monde (écrit avec Jacques Jaillat)

(p 271 à 288)

Ces histoires, ces mythes, ces phénomènes modernes ont probablement une source commune. Et cette source est, de toute évidence, toujours vivante. Que nous l’appelions l’âme du monde, l’inconscient collectif ou le monde imaginal ( Henri Corbin)

 

Brent Raynes : ufologue américain spécialiste d’un autre chercheur célèbre dans le milieu : John Keel (1930-2009)

John Keel ou la convergence du paranormal et de l’ufologie (p 103 à 117)

John Keel est surtout connu pour son livre The Mothman Prophetics paru en 1975 (en français : la prophétie des ombres, traduit par Benjamin Legrand -17/04/2002 et dont voici la quatrième de couverture :

De novembre 1966 à décembre 1967, les habitants de Point Pleasant, furent les témoins de phénomènes étranges : lumières dans le ciel, animaux de ferme abattus dans les champs Par dizaines, des citadins affirmèrent avoir vu un humanoïde volant aux yeux rouges, un homme-mite  » qui semblait avoir élu domicile dans une usine désaffectée Certains affirmèrent avoir eu des contacts avec lui. Dépêché sur place, John Keel fut impressionné par ces témoignages et vécut durant son enquête des phénomènes de synchronicité curieux : sa ligne téléphonique fut mise hors d’usage par des interférences, des témoins semble au courant de son intention de les appeler avant qu’il ait lui-même décidé de le faire. En outre, il eut à subir d’étranges canulars téléphoniques ; des photographes vêtus de noir le harcelèrent même après son retour à New York. Keel se mit bientôt à avoir des prémonitions sur des catastrophes sur le point de se produire. Le 5 décembre 1967, il prévint les autorités d’une catastrophe imminente allait survenir. Ce jour-là, à l’heure de pointe, le pont de fer enjambant la rivière Ohio s’effondra, précipitant 31 véhicules et 67 personnes dans le vide. Il y eut 46 victimes. »

Keel soutient qu’il existe une relation directe entre le monde ufologique et les phénomènes humains psychiques (dans le cadre de ce qu’il nomme : une hypothèse « ultraterrestre »). Ne se décrivant pas comme un ufologue, il préfère se présenter comme un chercheur s’intéressant aux sujets dits paranormaux

De nombreux auteurs illustres et recommandables ont fait le lien entre paranormal et ovni. Citons Scott Rogo, Jacques Vallée, John Keel ou plus récemment Michael Grosso qui fait ce constat : «  Les ovnis et leurs occupants se comportent comme des hybrides et restent incroyablement insaisissables et surréalistes. »

John Keel conclut que le surnaturel est irrationnel mais il est aussi réel. Il détient un pouvoir énorme. Nous l’ignorons à nos risques et périls. Il opère non seulement sur la psyché individuelle mais à un niveau collectif, influençant des cultures entières… nos pensées y compris nos pensées inconscientes, ne se limitent pas à notre cerveau. Elles bougent d’elles-mêmes et influencent le monde physique. »

Marc Leduc : ufologue québécois diplômé en science de l’éducation, membre fondateur de UFO-Québec

Parmi les nombreux auteurs de référence qu’il cite, Marc Leduc met au-dessus de tous Jacques Vallée.  (maîtrise en astrophysique, docteur en informatique. Il s’est installé aux Etats-Unis où il fonda avec l’astronome américain J. Allen Hynek, le Collège invisible).   Il est l’auteur de très nombreux livres d’ufologie.

Mimétismes et mises en scènes facétieuses du phénomène OVNI

p 119 à 144)

La démarche est avant tout exploratoire et celle du mimétisme comporte des risques qui peuvent générer des objections dont certaines reposent sur un simple scepticisme parfois des vérifications poussées et pertinentes. Ce sont alors des anomalies parmi les anomalies. Dans notre domaine, un paradigme dit post-matérialiste, semble mieux convenir mais il reste à l’établir – cf « manifeste pour une science post-matérialiste » Inexploré,Actualités, INREES 2015-. Nous recueillons ces données sous la pression de plusieurs hypothèses. La plus populaire veut que le phénomène soit extraterrestre. Pourtant, nous écartons cette hypothèse et tendons plus vers une explication archétypale ou celle d’une intelligence exogène mais pas nécessairement extraterrestre. Nous nous rapprochons d’autres auteurs dont l’exemplaire enquête du Dr Harley Rutledge  ( très grand chercheur, docteur en physique des solides en 1966 puis président du departement  de physique d’une université du Missouri. Il a mené avec ses étudiants des observations instrumentées qui les ont conduits à interagir avec le phénomène étudié. Le phénomène démontrerait une sorte d’omniscience et maitriserait totalement les aboutissants de ces manifestations. Ce serait une communication à sens unique exploitant l’inconsient  d’un individu et l’inconscient collectif. La personnalisation et le sur-mesure des manifestations laissent supposer une intrication psychique du phénomène avec les témoins. Le chercheur Gregory Little déclarait en 1984 dans son livre The Archetype Experience: « Les OVNIS sont des reflets de notre monde inconscient intérieur d’archétypes qui s’expriment et dont on fait l’expérience mais qu’on ne comprend pas « 

Jean-Jacques Jaillat : philosophe et ufologue, il écrit pour des revues spécialisées et a participé au livre Ovnis et conscience en 2015 ( cf ci-dessous (A1)) et sur Cero-France.com

Cette idée du « mimétisme ovni  » généralisé sous-entend une perception du phénomène comme étant, à un certain degré une tromperie. Le phénomène, comme nous l’avons vu, semble se déployer en miroir de notre propre psyché.

Les étranges messages et prédictions des visiteurs de l’autre monde (p 173 à 185)

Il nous faut opérer avec nos concepts ce que la peinture moderne a su opérer avec notre regard. Car c’est une remise en cause totale de la connaissance de notre Réalité qui se tient en germe dans une juste appréciation de ce qu’implique la nature du phénomène ovni et, au-delà de celui-ci, de ce que celui-ci révèle tout en le dissimulant.

En conclusion le phénomène semble d’ailleurs, comme nous l’avons vu, se déployer en miroir de notre propre psyché. Un fait qui semble se retrouver dans le domaine du paranormal comme va le montrer dans le prochain texte la chercheuse Sharon Hewitt Rawlette.

Sharon Hewitt Rawlette (cf là): philosophe de formation et chercheuse franco-américaine, elle s’intéresse aux questions de synchronicité et de parapsychologie. Son livre The Source and Significance of Coincidences est paru en 2019.

L’archétype du trickster comme gardien des frontières de notre réalité ( p 155 à 172)

Les expériences de mort imminente et autres expériences exceptionnelles évoquées montrent que le trickster est un paradigme fructueux pour caractériser ce qui survient dans ces moments. Plus on s’approche des frontières – entre la vie et la mort, entre le physique et le mental, entre l’objectif et le subjectif, entre le moi et l’autre-plus on est susceptible de rencontrer cet archétype. Ce dernier se pose alors en gardien et semble nous tendre un miroir.

Romuald Leterrier ( cf là) : chercheur en ethnobotanique, spécialiste du chamanisme amazonien. Auteur de plusieurs ouvrages dont : se souvenir du futur. Son approche pluridisciplinaire propose des pistes nouvelles d’investigation et d’expérimentation sur le lien entre conscience et la Réalité.

De l’émergence des mythes dans le réel 

Et si la réalité était un rêve ? (p186 à 203)

Pour l’heure, nos théories et modèles scientifiques semblent se substituer au réel en masquant celui-ci. Nos fictions semblent également habiller les phénomènes mythico-réels comme les ovnis, ou la Sachamama.

Pour pouvoir entrer en relation avec le réel, la science occidentale devrait peut-être faire preuve d’imagination en dotant la Réalité de moyens d’expression auxquels elle devrait être attentive.

vidéo de présentation du livre Univers-esprit, tout est relié publié le  9 février 2023

Ces messages, en y regardant bien, sont imprégnés de notre substance humaine, de nos structures langagières, de notre logique, de nos affects…Mais nous savons aussi que le phénomène n’est pas une projection mentale à laquelle il se réduirait.

 » Autre chose » règle ses formes et ses manifestations sur nos affects et nos représentations, conscientes et inconscientes. « Autre chose » vit avec nous depuis toujours. Nous avons affaire à une réalité à la fois exo- et endogène. Que penser de la figure du trickster? Ne faut-il pas penser les archétypes au-delà de la seule vision jungienne ?

…Pour l’heure, nos théories et modèles scientifiques semblent se substituer au réel en masquant celui-ci… L’heure de tomber les masques est peut-être arrivée. Le mot est dit ! L’avenir de la science est de transformer son approche et ainsi de devenir une véritable science de l’attention.

Patrick Harpur ( cf là) écrivain anglais, auteur de plusieurs livres à succès. Dans son livre « Daimonic Reality, A Field Guide to the Otherworld », paru en 2003, il propose une vision originale du monde qui intègre les phénomènes ufologiques ou paranormaux. Patrick Harpur apporte une contribution primordiale dans ce livre.

Une réalité daïmonique (p 213 à 235)

Nous devons essayer de restaurer l’âme du monde…Pour cela nous devons adopter une vision métaphorique de celui-ci…nous devons faire plus qu’introduire des remèdes environnementaux…nous devons cultiver une nouvelle perspective et ajouter à notre vision habituelle un sens de la métaphore, une double vision.

Nous pourrions commencer par développer un meilleur sens de l’esthétique et une appréciation de la beauté qui est le premier attribut de l’âme.

Yann Vadnais (Garpan) (cf là) : ufologue, chercheur et conférencier en histoire, directeur du GARPAN depuis 2012 au Canada

Daïmôns et ovnis entre témoignages et recherche de sens 

(p 237 à 257)

Du point de vue de l’histoire des idées, le terme de daïmôn a connu un sort hors du commun. Ce fut d’abord une notion religieuse au fondement de la sensibilité grecque puis elle s’est graduellement sublimée en un concept philosophique permettant de définir des communications intérieures, puis des rencontres avec les divinités. Elle a cependant permis de spéculer sur la hiérarchie d’intelligences certes supérieures mais aussi proches des humains. Enfin, il faut constater que le christianisme triomphant a réduit les daïmons en démons infernaux (en opposition aux anges célestes)

Charles Imbert (cf là) mène des recherches sur les questions de mythologie, d’ésotérisme, d’éveil et de psychisme transpersonnel. Rédacteur en chef de la revue d’études spirituelles Un Temps.

A propos des lois du monde invisible (p303 à 321)

Charles Imbert suggère plusieurs niveaux :

  1. La spontanéité : on ne peut forcer ces phénomènes à se manifester.
  2. La reproductibilité et la semi-reproductibilité : on ne peut les reproduire de manière expérimentale. Mais de grands médiums à effets physiques comme Franeck Kluski, Eusapia Palladino, Uri Geller, Dunglas Home, etc …ont montré qu’ils pouvaient produire des phénomènes télékinétiques –cf là télékniésie mais leur pouvoir ne fonctionne pas toujours. Il subsiste quelque chose d’erratique, d’incontrôlable.

Par contre, les manifestations du psi intellectuel, télépathie, précognition et clairvoyance, si elles restent aussi capricieuses, peuvent être reproduites à la demande plus régulièrement. Avec un Ossowiecki ou un Alexis Didier on avait toutes les chances de voir se produire quelque chose d’intéressant.

3. L’implication de la personne : dans les poltergeists, les phénomènes sont liés à la présence d’une personne qui ignore en général en être la source. Pour les médiums, ceux-ci désirent intensément produire les événements.

4. L’élusivité : Celle des ovnis est absolue alors que celle des phénomènes psi est relative.

5. Les lieux de manifestation : les ovnis sont à l’extérieur et les phénomènes psi à l’intérieur. Ainsi, Claude Lecouteux, le meilleur spécialiste français de ces questions, montre que les anciens revenants scandinaves avaient une dimension concrète, matérielle, absolument terrifiante, ils pouvaient par exemple, mettre le bétail en pièce. (cf là : compte-rendu sur « démons et génies du Moyen-Âge », ou encore là :  compte-rendu sur « Au-delà du merveilleux – des croyances du Moyen-Âge »)

6. « Psi sauvage » et « psi apprivoisé«  :  le premier correspondrait aux ovnis et le second aux poltergeists.

En conclusion, en faisant fusionner des événements physiques et mentaux le phénomène des poltergeists incite l’ufologie à se détacher du paradigme spatial pour se rapprocher des sciences psychiques.

A propos des lois du monde invisible

L’étude des lois du monde invisible et du paranormal (Dieu est aujourd’hui relégué dans le paranormal) est un champ d’investigation passionnant. Tout ce que nous pouvons faire en la matière c’est ouvrir des pistes. Il nous appartient de réinventer complètement ce que l’on peut appeler « métaphysique » … Le défi est d’envergure. Mais parler pour l’inconscient collectif et l’exprimer est notre destinée. Comme le rappelait Teilhard de Chardin en citant Paul : « Dieu a fait l’homme pour que celui-ci le trouve. » (cf là, Le milieu divin de P. de Chardin 1957) dont je reproduis la quatrième couverture :

Ce petit livre expose la grande intuition mystique du père Teilhard ; il témoigne de sa force visionnaire et de la puissance de son espérance.

« Le progrès de l’Univers, et spécialement de l’Univers humain, n’est pas une concurrence faite à Dieu, ni une déperdition vaine des énergies que nous lui devons. Plus l’Homme sera grand, plus l’Humanité sera unie, consciente et maîtresse de sa force […]. Il ne saurait pas plus y avoir deux sommets au Monde que deux centres à une circonférence. […]

La Terre peut bien, cette fois, me saisir de ses bras géants. Elle peut me gonfler de sa vie ou me reprendre dans sa poussière. Elle peut se parer à mes yeux de tous les charmes, de toutes les horreurs, de tous les mystères. […]

Ses ensorcellements ne sauraient plus me nuire, depuis qu’elle est devenue pour moi, par delà elle-même, le Corps de Celui qui est et de Celui qui vient !

Le Milieu Divin. »

Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955)

Jésuite, paléontologue, il a tenté de penser la place de l’homme et le sens du Christ cosmique dans l’univers.

Les sources du tarot -commentaires du livre écrit par Charles Imbert

Jocelin Morisson 

Sur son site éponyme, Jocelin Morisson se présente comme journaliste de formation scientifique. Il dit s’intéresser aux nombreuses thématiques qui lient la science, la spiritualité et la philosophie. Il déclare avoir travaillé une quinzaine d’années dans la presse professionnelle du secteur de la santé, tout en collaborant régulièrement au magazine Le Monde des Religions ainsi qu’à la revue Nouvelles Clés à partir de 2003.

Postface

Le remarquable travail exposé dans ce livre appelle une révision drastique de nos conceptions scientifiques et philosophiques de la nature de la Réalité.

Selon le modèle matérialiste-physicaliste … nous vivons dans un monde composé de matière, avant tout.

C’est pourtant oublier ce que le philosophe des sciences Michel Bitbol a appelé « le point aveugle » de la science. Le projet de la science à son origine est de parvenir à une description « objective » du monde c’est à dire qui soit indépendante de l’observation. Pour ce faire, on a occulté le fait que toute observation requiert un sujet conscient pour se manifester.

Au cours des cent dernières années on est parvenu au constat sans appel qu’un même phénomène peut apparaître de façon différente à deux observateurs.  Le philosophe Bernardo Kastrup en est ainsi venu à distinguer l’objectivité forte de l’objectivité faible. ( cf là l’étude sur l’objectivité scientifique)

Les faits d’observation et d’expérience liés aux phénomènes OVNI et autres phénomènes évoqués nous plongent dans un domaine intermédiaire entre le matériel et l’immatériel, entre le physique et le psychique, entre le réel et l’imaginaire, un espace où ces opposés se confondent et que Patrick Harpur et Bernardo Kastrup appellent « daïmonique ».

Carl Jung a magistralement pensé cette continuité entre le domaine physique et le domaine psychique baptisant Unus Mundus cet ensemble psychico-physique  où se manifestent les synchronicités et les poltergeists.

La leçon la plus importante est que le monde de la matière tel que nous le percevons est, en fait, une construction de notre esprit.

Bernard Kastrup souligne que » la prochaine étape de notre aventure humaine doit être fondée sur un nouveau type de logique « illogique » : une logique où l’ambiguïté règne et où le constructivisme est le moteur de la Réalité. »

Les réflexions les plus récentes en philosophie des sciences, psychologie ou métaphysique, émanant de chercheurs anglo-saxons comme Bernardo Kastrup, Steve Taylor, Robert Pippin, Tim Freke, Ian McGilchrist, et beaucoup d’autres amène à décrire une réalité où la conscience est première.

Depuis Platon et son allégorie de la caverne cette idée ne cesse de refaire surface et lui-même s’est inspiré des Pythagoriciens. Cette idée est au cœur des Upanishads composées entre 800 et 500 avant notre ère : l’espace-temps n’est pas la Réalité fondamentale mais qu’est ce qui donne à la nature sa structure ?

la proposition théorique de Bernardo Kastrup est que l’arrière-monde est de nature sémantique : une base de données reliées entre elles par le sens.

Bernard Kastrup réhabilite les vérités profondes de l’advaïta vedanta, philosophie de la non-dualité avec comme idée fondamenatale que la conscience individuelle – atman-et la conscience primordiale – brahman-ne font qu’un.

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 OVNI et conscience 

15 septembre 2021 – ouvrage collectif T1

 

 

 

 

Fabrice Bonvin 21 avril 2021

Ufologie-paranormal.org       Par      Peter El Baze-24 avril 

Ce livre est absolument fondamental. Il y aura l’ufologie avant et après ce livre, et croyez-moi, je n’exagère pas.
J’ai lu tout ce qui existe en français et beaucoup en anglais (même le rapport Condom, le préservatif anti-OVNI), mais celui-ci est de très loin celui qui apporte le plus dans la compréhension du phénomène.
Encore une fois, après Aimé Michel et Jacques Vallée, ce sont encore des français qui sont à la pointe de l’Ufologie mondiale ! Cocorico !
Je ne doute pas qu’il va être traduit en anglais afin que les chercheurs du monde entier puissent en profiter.
Je suis un scientifique rationnel, et passionné d’ufologie depuis 1968 (47 ans déjà ! ), et malheureusement,  les grands livres dans ce domaine se font rares, à part celui de Leslie Kean, mais qui est destiné plutôt aux débutants, aux sceptiques et politiques car il aborde le phénomène OVNI d’une manière très (trop ?) conventionnelle : cf Ovni des généraux parlent
Ce livre « OVNI et CONSCIENCE » va bien au-delà de l’Ufologie, c’est une nouvelle conception de la réalité qu’il fait découvrir, une nouvelle façon de considérer le phénomène OVNI qui n’a plus grand chose à voir avec l’hypothèse naïve « Tôles et boulons » des Aliens du cinéma et des médias.
Le sous-titre « L’Inexpliqué au cœur du nouveau paradigme de la physique » est parfaitement justifié.
Ce livre est destiné à des lecteurs avertis, ayant une culture ufologique et scientifique, et surtout une grande ouverture d’esprit. Il devrait même intéresser les passionnés de physique théorique qui ne connaissent rien du phénomène OVNI !
Les intervenants dans ce livre sont de très haut niveau, leurs écrits sont le résultat de dizaines d’années d’études et de réflexion sur ce sujet très difficile et délicat.
Stéphane Allix « Préface » 8 pages
Un des rare vrai journaliste d’investigation qui connait bien la question, auteur de livres et d’émissions télévisées de très bon niveau. A voir : enquête sur l’extraordinaire
Cette préface est claire et concise et résume bien la situation.

Fabrice Bonvin « Introduction » 19 pages
On voit qu’il connais bien le sujet, voir les nombreux livres qu’il a écrit. C’est lui qui a eu l’idée géniale de faire ce livre, bravo !
« Une enfance sous emprise » 24 pages
Un cas très détaillé à haute étrangeté concernant une famille sur une longue durée. Ce cas risque de surprendre ceux qui connaissent peu le phénomène OVNI, et pourtant il est typique du phénomène et parfait pour illustrer les propos des chapitres suivants.
Daniel Robin « Le facteur exogène »  50 pages
Ufologue, bonne expérience d’enquêtes sur le terrain depuis de nombreuses années, il expose son analyse ainsi que des observations passionnantes démontrant la réalité d’une action des OVNI sur la conscience des témoins. Cependant j’émets une réserve sur les travaux de Persinger page 97. A part cela, j’adhère totalement à ce chapitre.
Eric Zurcher « La composante psychique » 100 pages
Encore un article fondamental, mais un peu pessimiste. Zurcher insiste sur la composante psychologique du phénomène (mais pas trop sur la composante PSY rétro-causal et pas « acausal »). Le phénomène agit directement sur la conscience des témoins et lui donne un spectacle à voir. Il s’agit d’hallucinations OBJECTIVES provoquée de manière intentionnelle. Mais dans quelle intention ? Aider l’humanité à évoluer ? Faire une psychothérapie de masse pour sauver la race humaine de l’auto-destruction et permettre enfin dans quelques milliers d’années un contact bénéfique aux deux races ? Ou bien, sommes-nous seulement des rats de laboratoire qui tentent de comprendre les motivations des expériences des chercheurs ?
Cependant je suis en désaccord avec certains points de détail :
– contrairement à ce qui est écrit page 177, aucun ordinateur, même quantique, quelle que soit sa puissance ; ne pourra jamais prévoir de manière certaine l’avenir (rêve de Laplace). Pour une raison très simple : nous ne vivons pas dans un monde déterministe comme l’a montré le congrès de Solvay en 1927. L’infiniment petit est indéterminable, et le vivant apporte au monde macroscopique cette indéterminabilité. Le libre arbitre du vivant est une réalité indiscutable, imprévisible et les ordinateurs ne pourront jamais en tenir compte (sauf s’ils deviennent eux-mêmes vivants)
– page 177, ce qui nous sépare le plus de cette intelligence, ce n’est certainement pas la technologie. A partir d’un certain stade d’évolution d’une race, la technologie devient très secondaire, voir inutile par le développement et la maitrise des capacités Psy que les humains ont déjà à un niveau très embryonnaire. Les « trains d’ondes micro pulsés » ne risquent pas d’expliquer une action sur la conscience….
On vient de découvrir un système planétaire de 4 planètes dont l’âge est estimé à 12 milliards d’années…….On ne peut pas imaginer une intelligence qui a survécu à 12 milliards d’années d’évolution !
Ce qu’écrit Zurcher est absolument PASSIONNANT, à lire, à relire et à faire lire à méditer et discuter.
Philippe Guillemant « L’espace temps … » 62 pages
Les premières pages me paraissent claires, et j’y adhère totalement. Mais à partir de la page 229, les choses se compliquent. En résumé : l’auteur physicien envisage une nouvelle physique qui englobe les réalités totalement ignorées des scientifiques : OVNI, les NDE et les phénomènes Psy. Ce nouveau paradigme de la physique intègre la conscience en plus de la matière. Notre réalité matérielle serait un sous-produit de l’ensemble des consciences de l’univers passé, présent et futur. Toutes ces consciences sont dans une réalité composée d’informations (sans matière) , cette réalité est dans un temps particulier, un éternel présent (confirmé par les témoignages de NDE).  Il n’est pas le premier à voir les choses de cette façon, mais le point important est que cette théorie serait testable, donc falsifiable, donc vérifiable. Comment ? lI ne le dit pas ici. Ce serait une révolution scientifique sans précédent si cela était confirmé. Voir le site de théorie de la double causalité,, vous y trouverez des infos détaillées, et surtout visionner toutes les vidéos (youtube et INRES) de Guillemant qui sont révolutionnaires.
– Romuald Leterrier « L’expérience de l’ayahuasca » 62 pages
Ce chapitre montre les relations entre les visions des chamanes sous l’ayahuasca et certaines observations d’OVNI.
Jean-Jacques Jaillat « Prolégonèmes à la phénoménologie Ovni » 12 pages
Le titre résume le contenu ….un petit extrait : « L’acmé de l’irrésolution conflictuelle provoque une disruption archétypale génératrice de matérialisation ». Cependant, aud-delà de la forme, ce chapitre pose des questions très intéressantes sur le fond : serions-nous, humains, depuis des millénaires, en symbiose avec d’autres intelligences ?
Philippe Solal « Une nouvelle vision de la réalité »  58 pages
Je suis en train de le lire, mais je peux déjà vous dire que c’est magnifique d’intelligence !
Une synthèse magistrale du phénomène OVNI qui va bien au-delà des OVNI !

En conclusion, un petit extrait d’un article : « Hypothèse 3 : Les OVNIs sont des objets matériels créés inconsciemment par les témoins grâce à la fonction PSI. Les OVNIs seraient des hallucinations OBJECTIVES de même que les ectoplasmes du début de ce siècle et certaines apparitions religieuses, l’apparence de ces phénomènes PSI variant en fonction du contexte social de l’époque ». Article que j’ai écrit et publié dans le numéro 4 de la revue Univers Parallèles en  …1970 ! Ensuite j’ai ajouté une Hypothèse 4 identique, mais l’origine du phénomène étant une intelligence NON humaine, ce qui est de loin le plus probable actuellement. Il y a 45 ans, avec mes amis Rémy Chauvin, François Favre, Yves Lignion, etc..nous pensions comme dans ce livre mais en plus simple (simpliste ?), je suis donc heureux que ces idées soit reprisent ici d’une manière absolument brillante et beaucoup plus aboutie.

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Eric Zürcher -10 septembre 2018

avis Peter El Baze

Un livre majeur en Ufologie

« Les apparitions mondiales d’humanoïdes » de Eric Zürcher, historien et ufologue depuis presque 50 ans. Ce livre n’est pas un livre de plus parmi les 600 livres sur les OVNIs parus en français, pour moi passionné d’ufologie depuis 50 ans, il fait partie des quelques meilleurs livres à lire sur les OVNIs. Zurcher a un don certain pour l’écriture : son style est fluide, agréable à lire, dans un français irréprochable. C’est un livre très important car Zürcher analyse de manière très approfondie le phénomène et en tire des constantes de comportement qui sont certainement beaucoup plus importantes que les simples apparences auxquelles les ufologues s’attachent en général. Zürcher a fait un travail énorme de recherche depuis quelques années, je suis bien placé pour le savoir. Il a analysé, avec mon aide, des milliers de cas (comme le catalogue Rosales contenant plus de 10 000 cas de RR3), avec lui nous avons fait des recoupements, des traductions, des recherches multi-critères dans les textes de milliers de documents ufologiques, revues, livres, catalogues, que j’ai scanné avec OCR, etc.. Zürcher n’a retenu que des cas fiables et représentatifs et n’a pas hésité à éliminer des cas au moindre doute. Zürcher ne donne pas de solution miracle au mystère des OVNIs, il ne présente pas les dizaines d’hypothèses sur l’origine des OVNIs qui circulent sur le WEB : Zürcher présente des faits objectifs, fiables, vérifiables et documentés, et en déduit des constantes sur le comportement du phénomène : furtivité, élusivité, etc… On en apprend beaucoup plus sur les OVNIS avec ce livre, qu’en lisant les dizaines de milliers de pages publiées dans ce domaine. Eric Zurcher a su s’entourer des meilleurs ufologues français, ainsi nous avons droit à : – une superbe préface par Fabrice Bonvin auteur de nombreux livres sur ce sujet – une excellente post face de Nicolas Dumont, psychothérapeute spécialiste des témoins de RR3 et RR4, qui parle du travail incontournable de John Mack. Donc un livre majeur à posséder absolument, une » bible » de l’ufologie (mais sans dogmatisme) que doit lire toute personne qui s’intéresse à ce sujet. Ce livre comporte de nombreux dessins et croquis dessinés par Zürcher, et qui permettent de bien visualiser les cas. C’est un plus certain que l’on ne trouve malheureusement que trop rarement. Livre en grand format 25×20, magnifique qualité de papier et de mise en page. Zürcher et JMG Editions m’ont fait l’honneur de choisir en couverture un de mes dessins.

Il est venu le temps des cathédrales : Chartres vouée à Marie

« J’ose le prédire : Chartres deviendra, plus que jamais, le centre de la dévotion à Marie en Occident, on y affluera, comme autrefois, de tous les points du monde. »

CARDINAL PIE

31 mai 1855

les grandes dates :

Ier siècle ; Chartres est le chef-lieu de la cité romaine des Carnutes. Evangélisation par les saints Saviniens et Potentien

fin IV ième siècle : date probable de la première cathédrale

743 : destruction de la cathédrale par le duc d’Aquitaine. L’édifice est consacré à Marie.

858 : destruction de la cathédrale par les vikings

962 : destruction de la cathédrale par Richard duc de Normandie

1020 : A la suite d’un incendie, l’évêque Fulbert inaugure le chantier de la cathédrale romane, alors une des plus vastes d’Europe. Elle est consacrée en 1027

Au XII ème    l’école épiscopale atteint un haut niveau de développement. On y étudie les textes de l’Antiquité et du haut Moyen-Âge et surtout on inaugure une approche scientifique de l’univers créé.

1194 : incendie de la cathédrale le 10 juin. Le voile de la Vierge a été sauvé par sa mise à l’abri dans l’église basse.

1194-1230 : construction de la cathédrale actuelle

1260 : consécration de la cathédrale le 17 octobre

1506-1513 : édification de la flèche nord dans un style gothique flamboyant

1594 : sacre du roi Henri IV

1793 : la cathédrale est désaffectée et devient à l’occasion « temple de la raison »

1836 : incendie,  la charpente est détruite et remplacée par une charpente métallique et une couverture en cuivre

1898 : parution du livre « la cathédrale de J-K Huysmans – en lecture libre ici

1935 : premier pélerinage des étudiants à la suite de Charles Péguy

 

À LA SUITE DE L’INCENDIE DE 1020 L’ÉVÊQUE FULBERT DÉCIDE DE RECONSTRUIRE LA CATHÉDRALE SELON UN PARTI AUDACIEUX ET NOVATEUR POUR EN FAIRE UN DES PRINCIPAUX CENTRE DE PÈLERINAGE DE L’EUROPE MÉDIÉVALE VERS LES TRÉSORS DE CHARTRES, SA STATUE MIRACULEUSE, LE VOILE DE LA VIERGE ET LE PUITS DES SAINTS-FORTS.

“LORSQUE TU SERAS SEUL À PARIS, AVEC DEUX JOURS LIBRES DEVANT TOI, VA À CHARTRES, ON EN REVIENT MEILLEUR”.

Guy de Larigaudie -(1908-1940 scout de France, écrivain, explorateur, conférencier et journaliste )

 

Les vitraux des fenêtres sous la rose sud montrent les évangélistes juchés sur les épaules des prophètes qui ont annoncé la conception virginale du Christ. Les prophètes sont la source des messages divins dans l’Ancien testament ( AT) et les évangélistes, la source des paroles de Jésus dans le Nouveau Testament (NT)

« Nous sommes comme des nains juchés sur les épaules de géants (les Anciens)« Bernard de Chartres (philosophe français du XII ème siècle) (Bernard de Chartres fut également évêque de Quimper sous le nom de Bernard de Moelan)

L’occasion de la rédaction de cet article m’a été donnée par la visite de cette cathédrale faite récemment par mes enfants demeurant à l’étranger. C’était le 23 mai dernier et peut-être ne savaient-ils pas alors qu’ils rataient de quelques jours le double pèlerinage des catholiques traditionnalistes les 27, 28 et 29 mai. Il y eut alors durant ces trois jours le pèlerinage de la Fraternité Saint Pie X non reconnue par Rome qui allait de Chartres à la cathédrale Saint Louis des Invalides et le pèlerinage de Notre Dame de la Chrétienté mouvement également traditionnaliste que Benoît XVI a réintégré dans l’Eglise en 2009 et dont le parcours, en sens inverse, allait de l’église saint Sulpice à la cathédrale de Chartres. Nous en reparlerons plus loin.

Quelques mots sur la cathédrale de Chartres

En lien avec ce qui précède on peut dire que la cathédrale de Chartres doit d’abord sa renommée aux pèlerinages qui s’y déroulent depuis le Moyen-âge avant celle pour le bleu de ses vitraux -cf le bleu de Chartres– dont quatre verrières datent encore du milieu du 12 ème siècle.

A cette époque, les chrétiens, pour se rapprocher de Dieu, cherchaient à se rapprocher des reliques –du latin relictum, qui signifie les restes-des saints, auteurs notamment de miracles, celles-ci précieusement conservées dans les églises et cathédrales.

« Sancta Camisia », « la sainte chemise », le « voile de la Vierge » -trois noms pour désigner successivement les reliques de la cathédrale de Chartres

 

Nous sommes en 876 et Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, vient d’être couronné empereur d’Occident l’année précédente par le pape Jean VIII.  Après le siège de Chartres, il aurait fait don de la sainte chemise portée par Marie lors de l‘Annonciation et remise à son grand-père Charlemagne par Irénée impératrice du saint Empire romain à Constantinople.

Cette relique fut sans doute une des origines des pèlerinages à Chartres au Moyen-Âge. Ceci explique que la Vierge Marie soit donc partout présente dans la cathédrale et où elle est représentée pas moins de 175 fois.  Signalons Notre Dame du pilier, dite la Vierge noire avant sa restauration qui lui redonne sa couleur d’origine et devant laquelle sont venus priés tant de pèlerins parmi lesquels Charles Péguy.

Il faut évoquer aussi Notre Dame de Sous-Terre, dans la crypte de Sous-Terre, la plus vaste d’Europe. Cette statue est qualifiée par certains de la plus pélerine car elle remplace là une statue de la Vierge romane du XII ème siècle.

Terminons par l’évocation de Notre-Dame de la belle verrière : C’est la Vierge des théologiens dit La Croix, celle aussi des mystiques et des lettrés (Claudel, Malraux, Huysmans, Proust, Dos Passos), avec son hiératisme caractéristique des Vierges romanes. Ce magnifique vitrail du XIIe siècle, exposé au soleil du Sud, fut sauvé de l’incendie de la cathédrale précédente.

Mais la légende, encore, rapporte qu’avant la christianisation, les Gaulois honoraient déjà à cet endroit la Vierge qui avait enfanté en Orient. Ainsi dans le livre évoqué ci-après –cf. là- est-il fait état de la statue Virgini Pariturae – naissance de la Vierge- élevée alors par les druides.

La présence de la Vierge à Chartres s’accompagne de nombreux miracles qui lui sont attribués et on peut lire un livre publié en 1973 et écrit à partir d’un manuscrit « les miracles de N. D. de Chartres  » composé sans doute entre 1252 et 1262 par Jean le Marchant chanoine de Perone.

Au siècle de la construction de l’actuelle cathédrale, la notion de miracle pour l’Eglise n’avait bien sûr pas du tout la rigueur à laquelle elle a abouti aujourd’hui – cf ici l’article sur Lourdes- Le premier miracle rapporté dans ce manuscrit ancien s’intitule : Dou valet qui avoit non Benöait. Il relate, comme souvent dans ces miracles mais pas seulement, des personnes du peuple ayant travaillé un jour férié et subissant de ce fait la punition divine.  Se repentant, ils sont sauvés dans ces miracles par le recours à la Vierge, notamment s’ils effectuent un pèlerinage à la cathédrale de Chartres. On retrouve là l’association entre miracles et pèlerinages.

Il est temps de revenir à 2023 et d’écouter cette chorale de Caroline du nord qui semblait répéter lorsque mes enfants sont entrés dans la cathédrale cinq jours avant le dimanche de Pentecôte :

Le puits des Saints-Forts – cf là 

Ce puits de 33 mètres fut mis hors service à la fin du XII ème siècle. A la même époque, un hôpital avait été créé dans les galeries à proximité et au XIè et XIIè,  les infirmes affluaient surtout pour y guérir du Mal des Ardents. (Dont les principaux symptômes étaient des spasmes violents, des maux de tête, parfois accompagnés d’hallucinations)

Le moine qui vers 1080 rédigea le cartulaire de Saint-Père- cf là-, nous apprend que le puits était depuis l’année 858 l’objet d’un pèlerinage très fréquenté et qu’il s’y opérait beaucoup de miracles.

Le Temps des cathédrales 

Sans ces pèlerinages, la cathédrale perdrait son lien historique avec ses origines du XIII ème siècle celui du temps des cathédrales  -et chanté ci-dessous par Bruno Pelletier dans Notre Dame de Paris- le temps des cathédrales :

Les pèlerinages actuels de Pentecôte à Chartes 

AU XIIIe SIÈCLE, LA DÉVOTION DE SAINT BERNARD ET DE NOMBREUX SAINTS À LA VIERGE TRANSFORME L’OCCIDENT : DES ÉGLISES ET DES CATHÉDRALES SONT ÉRIGÉES PARTOUT EN SON HONNEUR.

Le voile, devenu dans la mémoire populaire « la chemise de la vierge », conservé sur l’autel de la cathédrale attire les foules, qui processionnent le plus près possible, dans le grand déambulatoire, dans un joyeux tumulte dont tenteront de se protéger toujours plus les chanoines de céans en s’enfermant dans le chœur… cf histoire du pélerinage

Aujourd’hui, les pèlerinages de Pentecôte

Plusieurs pèlerinages ont pour destination (ou, dans un cas, pour origine) la cathédrale Notre-Dame de Chartres. La plupart d’entre eux partaient de la cathédrale Notre-Dame de Paris avant l’incendie de celle-ci. Ces pèlerinages, même s’ils s’inscrivent dans une tradition médiévale, ont surtout connu un renouveau au xxe siècle, dans la lignée du pèlerinage de Charles Péguy. Les plus connus de ces pèlerinages sont :

 

Donc, deux pèlerinages à pied et en sens inverse, reliant Chartres à Paris sont effectués chaque année pour la Pentecôte sur une distance de plus de 100 km parcourue en trois jours :

Pèlerinage de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X- pèlerinage de la Tradition (issue du schisme de Mgr Lefebvre en 1988) cf l’entretien du 12 mai 2023 avec le supérieur général de cette congrégation.

Selon la presse, elle a regroupé entre 4500 et 5000 pèlerins en 2023, nombre en constante augmentation selon les organisateurs.

présentation du pèlerinage 2022

 

Pèlerinage de Notre Dame de la Chrétienté   –pèlerinage de la chrétienté

En 1985, les pèlerins entrent exceptionnellement dans la cathédrale pour y entendre Dom Gérard parler de « notre Czestochowa national » et leur proposer « demain la Chrétienté ». Le Cardinal Gagnon, préfet de la congrégation pour la famille, adresse au pèlerinage un message de soutien : « que ce pèlerinage composé essentiellement de jeunes soit le symbole de la Chrétienté en France »

En 1990, le primat de Pologne, Mgr Glemp envoie un message d’amitié : « le chemin des pèlerins vers la nouvelle Europe Chrétienne va de Compostelle à Czestochowa, par Chartres ».

 

C’est un pèlerinage qui a regroupé en 2023 plus de 16 000 pèlerins dont l’âge moyen est inférieur à 21 ans et qui est organisé autour de chapitres : adultes, enfants, familiaux, pastoureaux et anges gardiens. Bien avant le départ, les trois premiers chapitres étaient complets compte-tenu des contraintes d’organisation. cf là 

 

De la « décivilisation « – le retour de la barbarie grâce au champ libre des pulsions et l’écrasement par les technologies

Après des études d’histoire (titulaire de l’agrégation), de latin et d’arabe à Paris, Lyon et Rome, Aurélien Girard a soutenu sa thèse de doctorat à l’École pratique des Hautes Études en 2011 (Le christianisme oriental (XVIIe-XVIIIe siècles). Essor de l’orientalisme catholique en Europe et construction des identités confessionnelles au Proche-Orient). Il est maître de conférences à l’Université de Reims Champagne-Ardenne depuis 2012 et actuellement codirecteur du département d’histoire. Ses travaux portent sur l’orientalisme en Europe à l’époque moderne, et sur les provinces arabes de l’Empire ottoman et l’histoire de la Méditerranée avant la colonisation. Il s’’intéresse aussi aux chrétiens orientaux depuis le XVIe siècle jusqu’à maintenant. Il a récemment publié (avec Sylvain Parent et Laura Pettinaroli) un Atlas des chrétiens : des premières communautés aux défis contemporains (Paris, Autrement, 2016, également traduit en italien en 2016).

d’après article sur EpochTime du 28 mai 2023

le champ libre des pulsions :

Alors que se multiplient les exemples de policiers tués par des voyous, de maires et de parlementaires agressés, que pas une semaine ne passe sans que la rupture d’un couple ne finisse en fait-divers sanglant ; alors que l’extrême gauche autant que l’extrême droite systématisent la violence ; que des enfants tuent des enfants ; alors que la haine se déchaîne en ligne quand on n’est pas assez pro- ou anti-, ou quand on refuse de devenir militant des causes de la diversité ; alors, qu’on ne peut retrouver la tranquillité qu’en éteignant tous ses écrans, Emmanuel Macron a volontairement laissé fuiter d’un Conseil des ministres le concept par lequel il tente de décrire cette courbe, cette pente et cette chute : la « décivilisation » ; dit pleinement, la régression de la civilisation humaine, le retour à la barbarie.

Toute la gauche s’est ruée ces derniers jours sur le président, l’accusant de droitisation et rappelant que le concept de décivilisation ramène à Renaud Camus, ancien socialiste devenu penseur de la droite identitaire (ou de l’extrême-droite, selon.)

Bien avant lui pourtant, l’ethnologue Robert Jaulin avait utilisé le terme pour dénoncer l’uniformisation culturelle du monde et l’éloignement du sacré ; le sociologue allemand Norbert Elias tentait lui, d’expliquer avec ce même terme le processus ayant mené aux camps de la mort nazis. Il ressortait de sa vision que l’ascension des civilisations va toujours avec celle des normes sociales, de la capacité d’auto-restriction, du contrôle des passions. Ainsi naquirent la pudeur, la courtoisie, l’étiquette.

Lors de la montée du régime nazi, comme dans celle des différents régimes communistes, Elias rappelle qu’a eu lieu ce qu’il nomme « le grand relâchement de la conscience morale », qui s’est en premier traduit par la promotion sociale de la grossièreté et de la brutalité.

Cet abaissement des exigences morales et des normes sociales, considérées comme « bourgeoises » aussi dans le national-socialisme, s’est retrouvée dans la vague soixante-huitarde, sous la bannière du « courant d’émancipation » que l’on retrouve aujourd’hui dans tous les discours progressistes. Il s’agit à chaque fois de briser des carcans – c’est-à-dire des règles non acceptées – en laissant le champ libre aux pulsions, au détriment de la raison. Par cela se déconstruisent progressivement des civilisations parfois millénaires et revient la barbarie.

L’écrasement par les technologies

Le développement technologique des sociétés, lui aussi conceptualisé comme « émancipateur » dans la pensée progressiste, a été une des armes principales de cette destruction, ce qu’illustre l’annonce cette semaine des premières implantations des puces électroniques de la compagnie NeuraLink dans des cerveaux humains. Après la seconde guerre mondiale, la technologie a d’abord artificialisé les sols, poussé à sur-exploiter les ressources de la planète, massivement pollué. Elle a ensuite modifié les plantes par ingénierie génétique, s’est rendue indispensable au quotidien, a déployé toutes les techniques de la manipulation mentale pour créer des addictions aux produits superflus, aux écrans, ainsi que pour diminuer le sens critique et radicaliser les communautés. Deux exemples chinois l’illustrent : la création en 2018, par des généticiens à Canton, des premiers êtres humains génétiquement modifiés ; puis celle de TikTok, dont l’objectif non avoué est d’imbéciliser un peu plus les nouvelles générations pour les « déciviliser. »

Avec Neuralink, le milliardaire Elon Musk utilise comme tous les transhumanistes, le prétexte de guérison des malades – tétraplégiques par exemple – en guise de Cheval de Troie. Comme pour toutes les technologies, la promesse est celle du confort et de « l’émancipation » à venir : devenir plus résistant au stress, avoir une meilleure mémoire, télécharger des contenus d’Internet directement dans son cerveau. Comme pour toutes les précédentes technologies, le but réel est de poursuivre le grand relâchement de la conscience morale, d’affaiblir les capacités d’auto-contrôle que la démarche civilisationnelle avait développées chez chacun, de rendre le cerveau « hackable ». Le chemin suivi n’est rien moins que celui de la destruction de l’humanité, de la rupture complète du lien avec le monde vivant.

Le christianisme n’est pas un humanisme

 

 

J’ai eu l’occasion en 2020 de découvrir puis de résumer un livre capital écrit par Laurent Fourquet dont je ne doute pas qu’il laissera une trace sur l’analyse de notre société et qu’il constituera un point de repère pour les chrétiens comme pour ceux qui ne le sont pas :

le christianisme n’est pas un humanisme 

Laurent Fourquet -26 avril 2018

 

Biographie de l’auteur

Normalien, énarque, agrégé de sciences sociales, Laurent Fourquet a publié, en 2011, aux éditions du Cerf, L’Ère du consommateur et, en 2014, aux éditions François Bourin, Le Moment M4.

 

Vous pouvez accéder au résumé de ce livre en suivant le lien suivant :

Dans le résumé de sa conclusion que je reproduis ici sous forme d’article, Laurent Fourquet établit une analogie entre l’Occident contemporain et l’empire romain des deux premiers siècles après Jésus-Christ.

Il faut toujours se méfier des analogies mais on ne peut nier ici les profondes similitudes entre le climat spirituel de l’Occident contemporain et celui de l’Empire romain des deux premiers siècles après Jésus Christ.

Comme aujourd’hui, une classe dirigeante, solidaire par l’intérêt et l’idéologie, régissait les peuples, était convaincue d’incarner le nec plus ultra de la culture et de la modération.

Pline le Jeune constituait sans doute le modèle le plus achevé de l’aristocratie romaine. Pline n’a pas seulement brillamment réussi sa vie professionnelle, il se veut aussi un honnête homme qui se flatte d’aborder les autres hommes avec bienveillance, un progressiste sans excès, un conservateur à l’écoute de la modernité, l’ami de tout ce qui est bon et bien, le chantre du convenable.

Pourtant ce bel esprit, partisan déclaré de la tolérance, n’hésite pas un instant à faire torturer, très probablement à mort, deux servantes qui passaient pour pratiquer le culte chrétien. Et pourtant Pline n’est pas un monstre, c’est un sénateur bienveillant qui respecte tous les cultes, bien trop subtile et raffiné pour prendre au sérieux les histoires de dieux. Pline est un véritable humaniste avant l’heure.

Nous autres Occidentaux, sommes convaincus que, à la différence de celui de Pline, notre humanisme est réel.

Nous pensons pourtant et tout cet ouvrage s’est construit autour de cette conviction, que, après tant de siècles, c’est une scène identique, ou à peu près identique, qui se joue.  Si l’on oublie les circonstances historiques, secondaires, c’est la même confrontation entre l’humanisme et le christianisme, qui se répète et qui continuera de se répéter puisque ces deux forces sont antagonistes.

 

Pourquoi l’humanisme dans sa forme antique ou actuelle s’en prend il nécessairement au christianisme ? Parce que l’humanisme clôture tandis que le christianisme ouvre. Le monde de Pline est un monde de mesure et de modération, de “tolérance” et “d’ouverture d’esprit”. Le monde chrétien dont parle Pline est le lieu de cet étrange fanatisme dont il parle. On doit comprendre, le monde de la force ouvert à l’absolu.

L’humanisme, qu’il chemine avec un rouleau de papyrus ou une déclaration des droits à la main, est toujours ce qui borne, comme la sagesse, alors que le christianisme est toujours ce qui va au-delà, comme l’amour.

De fait, il arrive que les notions paraissent se ressembler, au point que pour nombre de contemporains, la morale des droits de l’homme et la morale évangélique sont voisines. En réalité, leur foyer central et leur mouvement demeurent continûment et absolument étrangers.

Plus peut-être qu’à toute autre époque dans toute l’histoire du christianisme, les chrétiens sont constamment sommés de se réconcilier avec la longue liste des notions raisonnables : la modernité, le progrès, l’évolution des mœurs, la relativité des cultures, etc…Aussi, plus que jamais, il nous faut nous inspirer de l’exemple de nos grands ancêtres et répondre comme eux : « Non possumus »- « nous ne pouvons pas »-

Si nous faisons un bond de presque deux millénaires, il est évident, pour tout observateur un peu perspicace, que l’Occident a commencé son déclin.

Parce qu’il décline, l’Occident se voit contraint de jeter toutes ses forces dans la bataille pour universaliser son modèle, le Consommateur, ultime héritier de l’humanisme. L’Occident veut donc le Consommateur pour le monde entier et parce que la survie de son modèle est à ce prix, il ne transigera pas sur cette volonté.

Parallèlement, en Europe et en Amérique, la “société” c’est à dire la classe dirigeante, sera de moins en moins tolérante vis à vis des formes sérieuses de contestation. Les chrétiens seront donc toujours davantage des dissidents, peut-être surveillés et punis dans un avenir moins lointain qu’on ne l’imagine. Ils retrouveront cette fonction de sel de la terre dont parle l’Evangile.  -en résumant je rajoute cette référence biblique : Matthieu 5, 13-16 : “Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent.
« Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » –

Le camp progressiste, la “gauche ” culturelle et institutionnelle en Occident, est au minimum co-responsable de tous les mouvements de “dérégulation” des institutions, de la famille en particulier, exigés par la figure du Consommateur. Si le « gauchisme culturel » a pavé et continue à paver les voies du Consommateur, c’est parce qu’il appartient à celui-ci. Comme le Consommateur, il croit que la liberté se résume à la faculté de consommer l’ensemble de ses désirs, que l’individu se ramène à une somme de droits, qu’il faut “libérer” définitivement l’homme de la transcendance. Les prétendus “super-contestataires” font l’offrande au système de leur “contre-culture” qui depuis longtemps est devenue la culture officielle de l’Occident. Ce camp progressiste ouvre un boulevard aux différents fondamentalismes, l’islamisme en premier, qui veulent revenir en arrière du Consommateur en utilisant leur dynamique négative.

Si rien n’est fait pour susciter et organiser une opposition effective au monde du Consommateur, allant vers la vie et non vers le néant, nous laisserons alors en face à face deux barbaries : la barbarie du système qui efface l’homme au profit de sa détermination et celle du fondamentalisme qui par réaction deviendra toujours plus destructrice.

Il est peut-être encore possible d’échapper à la catastrophe en réapprenant le chemin de dissidence. Il faut que les chrétiens réapprennent le chemin de la dissidence et il faut que ceux qui luttent sincèrement pour la sortie du monde du Consommateur par le haut comprennent que le christianisme, seul, offre les ressources spirituelles permettant d’édifier la sortie.

 » Ces mains qui racontent » – Hugues Febvray

 

 

J’ai eu l’occasion, à quelques mois d’intervalle, de faire la connaissance de  deux soignants qui ont en commun de pratiquer des techniques et avoir  des approches éloignées de notre médecine et  de créer ou rechercher  avec celles-ci l’harmonie de l’âme et du corps. Dans leurs soins, les mains sont comme des antennes qui émettent et reçoivent.

Ils partagent aussi le fait d’avoir pris conscience très jeunes  de qualités très particulières et d’une hyper sensibilité à des phénomènes inexplicables rationnellement aujourd’hui encore. Ils partagent aussi une pratique de soins depuis  plus de trente ans. Il faut souligner enfin que leurs deux approches partagent le fait d’inscrire nos vies dans un circuit de réincarnation de l’âme.

Là s’arrêtent les points communs. Le premier dispose de facultés médiumniques essentiellement de clairaudience qui le rendent messager de quelques guides qui l’accompagnent presque chaque nuit et plus rarement le jour. La démarche du premier s’inscrit donc dans un univers beaucoup plus vaste que l’univers de la matière et qui est  aussi peuplé d’entités. Il est donc avant tout un messager de celles-ci qu’il appelle ses « guides ». Ceux-ci lui donne à la fois des conseils de soins et des conseils globaux sur le comportement des humains.  Mais il pratique aussi les soins énergétiques. L’amour est au cœur de l’énergie fondamentale qui sous-tend son action toujours exercée de manière gratuite.

Le second dont il est question dans cet article, ne fait pas particulièrement état de clairaudience mais par contre utilise ses dons de clairvoyance. Ses techniques de soins se sont enrichies de sa pratique de la spiritualité bouddhiste et aussi des techniques du reiki dont il est maître de quatrième niveau ce qui lui permet d’enseigner cette pratique – méthode de Mikao Usui et certificats d’autres formes de Reiki : le Lightarian, le Shamballa, le Tibétain.   cf là.   Avec la voie du bouddhisme, nous sommes ici dans une voie de sagesse qui n’établit pas de contact direct avec des entités extérieures à notre monde. C’est une différence fondamentale entre les deux approches mais là aussi l’énergie d’amour est bien présentée et utilisée comme l’énergie source.  

Je vous présente donc aujourd’hui Hugues Febvray à partir de  la lecture de son livre « Ces mains qui racontent » édité en 2019 et réimprimé en février 2023.

Le livre commence par cette citation de Bouddha :

« Tu ne peux pas voyager sur un chemin sans être toi-même le chemin. »

Dans son avant -propos, Hugues Febvray, la soixantaine, se présente succinctement, dit sa gratitude envers sa mère,  sa conviction  très jeune de l’existence de  certaines lois qui se manifestent et ont pour nous une signification. Il s’intéresse très tôt aux sciences intuitives et d’abord à la parapsychologie pour trouver des réponses à sa très grande sensibilité. Vers l’âge de 28 ans, il comprend que sa voie est d’aider les autres. Tout en restant dans un présent permanent, il accède à la capacité de lire dans le présent, le passé et le futur d’une personne : il lit ce qu’il appelle l’aura.

D’abord autodidacte, il se met en recherche de trouver un enseignant et c’est ainsi que sa route croisera  celle du bouddhisme et plus particulièrement la voie du bouddha médecine Sengyé Menla. Il réalise que sa véritable voie est celle de la « thérapie spirituelle » en y incluant aussi ses soins énergétiques.

Il nous dit que chaque dimension, chaque fréquence,  correspond à un niveau de conscience. Cette fréquence, lorsqu’elle s’élève, étend notre conscience et la vibration la plus élevée se nomme l’Amour qui est capable de changer la fréquence vibratoire des cellules. A ce niveau de vibration, nous nous rendons compte de nos possibilités de création. C’est alors qu’il introduit dans sa présentation nos corps subtils, nos chakras dont il découvrit l’existence à travers des lectures sur l’Inde.

Il nous dit que soigner c’est donner et recevoir cet amour sans limites. Guérir, s’appuie aussi sur l’amour mais c’est autre chose. A l’instant de son propos il ne précise pas plus ce qu’est cet « autre chose ».

Il nous parle alors de la méditation qui peut devenir un outil thérapeutique puissant. L’esprit n’est plus là pour décider mais s’adapter aux désirs de l’âme. Alors, l’alignement âme-esprit provoquera la manifestation. Là est le miracle !

 

 

L’autre miracle est de renoncer à l’importance de s’attacher. Nous sommes là au cœur de l’enseignement du bouddhisme.

Les mains qui s’expriment …

Nous sommes des canaux multidirectionnels et Hugues a ouvert sa sensibilité par apposition des mains. Il a découvert ce soin à l’adolescence en guérissant spontanément  par simple apposition des mains la  cheville malmenée d’une cavalière qui avait chuté.

Mais il passa ensuite du magnétisme qu’il qualifie « d‘animal » au magnétisme des plans subtils qu’il qualifie de  « spirituel« . Il explique qu’au cours des soins, des sensations lui arrivent d’autres plans et guident ses mains. Il soigne ainsi le plan physique, mais aussi  le plan mental et le plan spirituel.  Il reconnait que certains magnétiseurs ont une spiritualité très développée alors que d’autres sont complétement agnostiques, ce qu’il juge plutôt rassurant. N’est ce pas le constat de la différence qu’il fait entre « magnétisme animal » et « magnétisme spirituel », le second incluant aussi le premier  mais travaillant aussi sur d’autres plans ?

A ce sujet et selon  son vécu,  notre corps anatomique serait  composé en fait de huit corps :

  • le corps physique
  • le corps subtil épais d’environ 5 cm et composé des champs électromagnétiques relié au corps physique par une corde ( cf cordon d’argent) -et dont il est distant de quelques centimètres.
  • le corps éthérique d’environ 20 centimètres
  • le corps causal qui contient la totalité de notre histoire depuis l’origine de nos vies.
  • le corps bouddhique qui ne concerne que peu d’êtres et qui est celui des sages.
  • enfin le corps divin qui est cette lumière au fond de chacun de nous.

A l’aide de sa main droite ou gauche, il entre dans le champ de l’aura chargée de notre histoire passée, présente et avenir et à cette occasion, il lui arrive de percevoir des scènes de vie passée, présente et future du consultant.

Pour réactiver, « nettoyer » les chakras, il n’utilise pas sa propre énergie mais celle de l’univers réalisant ainsi ses soins sans fatigue ce qui lui permet, dit-il, d’effectuer de  très longues journées. Il perçoit dans le cadre de ses soins tout un ensemble de détails formés de plusieurs couleurs qui lui apparaissent et il dit être capable par exemple de dire en soupesant un CD et sans le regarder ni l’avoir écouté, de quelle musique il s’agit et quel instrument est prédominant dans celle-ci.  Avec les couleurs qui lui apparaissent, il entend le son correspondant, par exemple le do qui correspond au rouge. Pour ses soins à distance, qu’il dit aussi efficaces que ses soins en présentiel, la voix du consultant le dirige sur une couleur fondamentale. Il utilise aussi la télépathie et fait des allers et retours entre les phases de vie passées, présentes et futures du consultant.

Tout ceci l’a conduit à développer la bienveillance universelle.  Il dit qu’une chose essentielle est  d’abord de commencer par pratiquer l‘amour, la compassion, la tendresse à l’égard de soi-même. Il s’agit là des trois vertus cardinales du bouddhisme d’abord appliquées pour soi  avant d’être, ou de pouvoir être,  appliquées envers les autres.

Il dit aussi qu’au delà d‘un maître pour assoir la démarche, l’essentiel est d’écouter   son Ami spirituel … qui renseigne sur « le bon côté du trottoir à suivre ». Nous pouvons réaliser que nous sommes essence divine en tant que pure conscience.

Il conclut qu’actuellement de profonds changements se produisent sur notre planète et que la conscience collective s’éveille. C’est le grand saut quantique et ce passage est considérable car il y va de l’évolution de notre espèce.

Cette conclusion ne peut que me réjouir, moi le jardinier de la conscience, créateur et animateur principal du Temple des Consciences depuis plus de dix ans.

 

 

La vie surnaturelle de Jeanne, la Pucelle, en parcourant son époque et son procès

 

Le Monument à Jeanne d’Arc est une statue équestre de Jeanne d’Arc réalisée par le sculpteur français Emmanuel Frémiet. Inauguré en 1874, il est situé place des Pyramides, dans  le 1er arrondissement de Paris, en France

 

« Il n’y a pas d’histoire plus connue, il n’y en a pas non plus de plus mystérieuse. »
 Philippe Erlanger, historien

 

La vie de Jeanne est déjà annoncée  dans les prophéties de Merlin et Jeanne se référait à ces prophéties populaires à son époque pour appuyer ce que  les voix lui disaient et convaincre ses auditeurs…

Le Libellus Merlini, manuscrit appelé aussi Prophetia Merlini. Ce corpus « prophétique », dont l’auteur est anonyme, n’a pas de titre à l’origine ; il était connu déjà selon les historiens du roi Louis le Gros (de 1108 à 1137).

Ce corpus annonce l’avènement d’une pucelle venant d’un bois nemus canutum (le bois chenu) à Domnum Remigium qui sauvera la France des anglais, « fera de grandes choses pour le salut des nations », défendra « les gens du beau pays de France » et la Foi catholique.

Au xve siècle, le Bois Chenu, qui dominait la Meuse et abritait Domremy sous son ombre, était particulièrement célèbre.

 

Ce chant est une cantique écrit en 1894 par Thérèse de Lisieux. Le titre original est « Cantique pour la canonisation de la vénérable Jeanne » mais est souvent simplifié en « Chant à Sainte Jeanne d’Arc ». Ce chant raconte brièvement l’histoire de Jeanne d’Arc mais est surtout un appel à la Sainte à aider et prier le peuple de France en ces jours (1894).

Sortie le 29 mai 2022

HM Télévision a produit ce documentaire maintenant, dans le cadre du centenaire de la canonisation de Sainte Jeanne d’Arc. La Providence elle-même a tout mis en œuvre pour le rendre possible, mettant sur la route les personnes nécessaires aux entretiens et facilitant les enregistrements des lieux où Juana a vécu et rempli sa mission. Il est, comme le disent les historiens, l’un des personnages les plus documentés du Moyen Âge. On pourrait se demander si on n’en a pas assez dit à ce sujet et ce que l’on pourrait dire de plus. En premier lieu, nunquam satis (ce n’est jamais assez), et en second lieu, bien que ce documentaire ne vienne peut-être pas dire quelque chose de nouveau ou d’inconnu, il veut rappeler Sainte Jeanne, et surtout sa mission, si actuelle pour aujourd’hui.

Les XVI ième, XVIIème  et XVIII ième   ont largement oublié la Pucelle, l’heure était aux Lumières essentiellement orientées par la raison et de ce fait rejetant l’héritage de Jeanne la Pucelle.

On peut estimer que les trois Jules, Ferry, Michelet et Quicherat sont pour beaucoup pour le retour de Jeanne sur le devant de la scène, conscients qu’ils étaient après la défaite de 1870, de recréer un imaginaire national autour de Jeanne, fille du peuple et symbole de la défense de la France. Parallèlement et à la même époque, des gens d’Eglise s’approprient aussi le sujet.

J’ai parcouru un certain nombre des écrits du camp de la raison pure et dont le point commun est de bâtir une autre histoire de Jeanne construite sur les vides historiques existants en ébauchant des hypothèses hasardeuses pour remplir ces vides de l’histoire.  C’est  au XIX ième siècle surtout mais encore aujourd’hui,  le camp de la libre pensée et de la raison pure  qui livre là, sur les traces de Jeanne, un de leurs combats contre l’Eglise, ses « légendes », et  selon eux l’obscurantisme de cette époque. Dans ce camp, Yolande d’Anjou, mère de Marie épouse de Charles VII  y jouera souvent  un rôle important.

L’autre camp adhère au côté surnaturel de l’histoire de Jeanne que certains de leurs prédécesseurs ont d’abord condamnée à   mourir sur le bûcher puis qu’ils ont progressivement défendue après son procès en réhabilitation.

les fêtes johanniques d’ Orléans et de Reims, la fête nationale de Jeanne d’Arc et la fête religieuse de sainte Jeanne d’Arc :

En m’avançant vers l’histoire de Jeanne dont je ne savais presque rien, ma première découverte  fut celle des fêtes johanniques d’Orléans  du 29 avril au 8 mai- cf là– Elles y sont célébrées depuis 1457 date qui suit le procès en réhabilitation de Jeanne d’Arc soit depuis 566 ans, un témoignage populaire qui dure depuis près de six siècles !  Voici le site de l’Association johannique  chargée de ces festivités à Orléans.  Dans le même registre, je découvre ensuite qu’il existe aussi les fêtes johanniques de Reims -cf -qui célèbrent le sacre de Charles VII auquel participait la Pucelle.

Je terminerai en évoquant la fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme instituée en 1920 et qui est organisée par le Ministère de la Défense le deuxième dimanche du mois de mai et qu’il ne faut pas confondre avec la fête  de sainte Jeanne d’Arc célébrée par l’Eglise le 30 mai, anniversaire de sa mort. A travers ces deux fêtes nous retrouvons l’influence des deux courants qui ont réhabilité Jeanne.

Ces premières lignes montrent, plus de 500 ans après sa vie, l’importance du personnage au plan national comme au plan spirituel depuis la fin du  XIXième siècle avec sa mise en valeur par le camp républicain et notamment ses historiens Michelet et Quicherat après une éclipse entre le XVI ième et le XIX ième siècle. Parallèlement, l’Eglise et les catholiques,  sont tétanisés par la condamnation de Jeanne dans les siècles qui suivent son procès organisé et présidé par l’évêque Cauchon.   L’Eglise entreprend  la réhabilitation de Jeanne  et c’est Mgr Dupanloup alors évêque d’Orléans qui lance le procès en béatification en 1869. Celui-ci  aboutira  une cinquantaine d’années après, à sa canonisation en 1920 par le pape Benoît XV.

Le contexte de l’époque 

le petit âge glaciaire :

Il faut d’abord situer la vie de Jeanne d’Arc dans un espace temporel et climatique plus grand qui est celui de la première moitié  du petit âge glaciaire- PAG– et qui s’étend sur 600 ans de 1250 à 1850, même si ce phénomène n’est pas relevé par les écrits parcourus au sujet de la vie de Jeanne. C’est un contexte de fond où cette période est marquée par des hivers parfois extrêmement rudes qui accroissent les misères du peuple, qu’il soit des campagnes ou des villes. C’est un élément supplémentaire qui nous rend encore plus difficile la perception des réalités de l’époque si éloignées des nôtres.

La guerre de cent ans :

La vie de Jeanne est au cœur  de la guerre de cent ans – cf làqui va s’étaler de 1337 à 1453 avec des périodes de trêves plus ou moins longues et qui oppose d’une part la dynastie anglaise  d’abord des Plantagenêts puis des Lancaster  à celle  des Valois en  France  sur fond de rivalité pour s’approprier le royaume de France. C’est aussi la guerre interne qui opposera le camp dit des Armagnacs avec à sa tête le  duc d’Orléans au camp du duc de Bourgogne allié des Anglais. La guerre de cent ans c’est la guerre qui oppose côté anglais d’abord Edouard III– roi de 1327 à 1377- Richard II son petit fils né à Bordeaux -roi de 1377 à sa destitution en 1399 par le parlement et son remplacement par Henri IV de la dynastie des Lancastre, Henri V – roi de 1413 à 1422 et enfin Henri VI, duc d’Aquitaine-roi de 1422 à 1461 et qui concerne notre époque -Ils veulent devenir roi de France car le premier de cette énumération, Edouard III,  était le petit fils de Philippe le Bel roi de France. Durant  la période qui nous intéresse, du côté français il y eut d’abord  Charles VI dit  « le fou » dit aussi « le Bien Aimé » – roi de France de 1380 à 1422-  puis le dauphin, Charles VII, élu par ses pairs  mais rejeté par le traité de Troyes  de 1420 ourdis par le duc de de Bourgogne et  Isabeau de Bavière épouse de Charles VI. Cet traité sera signé par Charles VI et il place  le roi d’Angleterre à la tête du royaume de France.  Charles VII, normalement successeur de Charles VI, est écarté de la succession par ce traité.  A partir de cette date il va   régner, désargenté, mais élu par ses paires,  avec les plus extrêmes difficultés sur la partie française non occupée par les Anglais ou les Bourguignons, à savoir le sud de la Loire sauf la Guyenne anglaise.  Edouard III, dans la conquête du royaume de France    débarque à Calais en octobre 1359 dans le but d’aller se faire couronner roi à Reims.

 Jean le Bon, roi de France, battu à la bataille de Poitier a été fait prisonnier en 1356 par les anglais. Il  ne sera relâché qu’après paiement d’ une énorme rançon de treize tonnes d’or. Celle-ci payée, il entrera dans Paris en décembre 1360, quatre ans après. Poitier avait vu périr  8000 hommes d’armes français dont 17 comtes et 66 barons contre 190 hommes d’armes et 150 archers du côté anglais !

Cette défaite de Poitier succède à celle de Crécy dix ans plus tôt au cours de la  troisième chevauchée d’Edouard III pour piller les provinces françaises du bord de la Manche. Le souverain débarque alors avec 40 000 hommes et face à lui, Philippe VI de Valois, alors roi de France jusqu’à sa mort en 1350, peut opposer une armée de 100 000 hommes. A Crécy c’est 8 à 12 000 hommes côté anglais dont les 3/4 d’archers et en face entre 25 à 50 000 français. Malgré le très large avantage numérique c’est l’effondrement de la chevalerie française face aux archers anglais avec au moins 4000 morts dont 1500 chevaliers….

La peste noire : 

En dehors de ces batailles, l’époque doit aussi subir les effets de la peste noire qui ravage l’Europe de 1347 à 1352  décimant 30  à 50 % de la population  soit environ 25 millions de morts pour l’Europe  !

En 1350, Charles V dit le Sage succède à Jean le Bon et avec l’aide de Du Guesclin chasse les anglais du royaume, réorganise les forteresses crée des compagnies d’archers, rétablit les finances. mais il meurt en 1380. remplacé par son fils  Charles VI dit  » le fou » qui règne jusqu’à sa mort en 1422 et qui prend pour épouse Isabeau de Bavière, reine  aux nombreux amants dont le duc d’Orléans frère du roi et en conséquence aussi  des descendants bâtards.  Les épisodes de folie du roi commencent en 1392 et ils l’entraînent, à certains moments, à ne plus savoir qui il est, ne plus reconnaître son entourage. Ces épisodes sont suivis de moments de pleine conscience.  La rivalité du pouvoir va alors opposer la maison d’Orléans avec à sa tête son frère Louis, duc d’Orléans qui est assassiné par Jean sans peur  en 1407 puis son fils Charles,  camp dit des Armagnacs, à la maison de Bourgogne avec Philippe le Hardi oncle du roi puis son fils Jean sans peur.

En 1414, Henri V d’Angleterre  profitant de la faiblesse de la France demande à Charles VI de lui restituer le royaume de France. Il débarque à Harfleur  et les français veulent les arrêter à Azincourt en octobre 1415 avec une armée de 50 000 hommes qui s’oppose aux  10 000 anglais. Malgré là encore l’avantage du nombre,  Azincourt est une hécatombe pour les Armagnacs et pour finir 1700 prisonniers français sont exécutés par 200 archers anglais .

Les Bourguignons sont absents de cette bataille et en profitent trois ans plus tard par reprendre Paris en 1418 après avoir fait allégeance au roi d’Angleterre en 1416. Les parisiens leur ouvrent les portes tant ils ont souffert sous la direction des Armagnacs.

Mais afin de ne pas se soumettre  totalement aux anglais,  Jean sans Peur  le Bourguignon, décide néanmoins de se rapprocher de Charles VII successeur de Charles VI. A l’occasion d’une rencontre  le 10 septembre 1419,  sur le pont de Montereau sur l’Yonne, la querelle s’envenime et Jean sans Peur est tué par les gens de Charles VII.

Alors Philippe le Bon, fils du Bourguignon assassiné, devenu duc de Bourgogne, prépare avec Isabeau de Bavière, épouse du roi Charles VI et alors à ses côtés,  un traité qu’ils font signer à Troyes le 21 mai  1420 au roi fou Charles VI. Le roi d’Angleterre Henri V est alors déclaré aussi roi de France. Il épouse Catherine, fille du roi  et soeur de Charles VII. Les rois d’Angleterre garderont pendant près de quatre siècles ce double titre jusqu’en 1802 !

un passage de la Tribune de Philippe de Villiers du 12 avril 2023

Avant d’aller plus loin, j’insère ce passage de la Tribune de Philippe de Villiers parue le 12 avril 2023  dans le Figaro et qui résume  avec élégance ce que Jeanne va alors représenter pour la France qui traverse là une des époques les plus sombres de son histoire  :

« Nous avons derrière nous de grandes figures d’historien qui nous ont laissé une belle parabole française, nous invitant à pratiquer la fréquentation de nos aide-mémoire de pierre ou de chair. C’étaient des républicains. Au lendemain de la défaite de Sedan, en 1870, tous les Jules – Quicherat, Michelet, Ferry – ont constaté avec effroi que la France avait perdu son ciment et n’avait plus de fédérateur. Depuis la Révolution, on avait évacué le sacré. Ils s’avisèrent de la nécessité de créer un saint-chrême de substitution, pour fédérer, unir les petits Français et faire naître à nouveau des têtes épiques. À la recherche d’une sacralité d’incarnation, ils convoquèrent la bergère de Domrémy, après celle de Nanterre, ils allèrent chercher Saint Louis à la Sorbonne ; ils appelèrent à eux la colombe et son rameau d’olivier au baptistère de Reims. Ce sont les historiens républicains, voyant l’unité française suspendue au-dessus du vide, qui exhumèrent Jeanne d’Arc, le plus pur chef-d’œuvre que le génie allégorique ait jamais déposé dans notre littérature.

L’Église catholique suivra le mouvement, avec trente ans de retard pour béatifier puis canoniser l’héroïne. Ce sont les grands laïcs du récit national qui allèrent rechercher les voix de Jeanne, de sainte Marguerite, de sainte Catherine et puis de ce fameux saint Michel, aujourd’hui euthanasié. Au nom d’une laïcité amoureuse et non pas militante et mortifère. Leur sagesse leur donnait à penser que la France n’est rien sans l’esprit d’enfance. Il n’y a pas d’unité de destin sans l’unité des cœurs. Il n’y a pas d’unité des cœurs sans lien amoureux, sans un peuple amoureux. Amoureux de quoi? De nos héritages, sublimes, puissants et féconds. Si on ne donne pas à aimer nos figures, nos œuvres, nos saints, les jeunes âmes regarderont ailleurs, là où il y a foison d’autres modèles ou contre-modèles. Malraux a tout dit en une phrase: «Toute civilisation s’adosse à une religion.» Si nous récusons le lien de chrétienté intime entre la France et nos civilités ancestrales, nous allons mourir. »

La rudesse de l’hiver 1421-22 à Paris 

Revenons aux temps de Jeanne  avec ce récit de l’hiver 1421-22 à Paris :

Malgré le passage sous la direction des Bourguignons et la présence des Anglais , les parisiens souffrent. L’hiver 1421-1422 est terrible. Le froid est si rude que les loups entrent dans Paris, menacent les habitations et sortent de leurs cercueils les morts qui viennent d’être enterrés pour les manger !

Voici, rapportés à grands traits, les contextes climatique et géopolitique désastreux  de la France lorsque Jeanne arrive au monde en 1412 à Domrémy.

la situation de Domrémy et de la France en 1420 -1430

Domrémy est un petit village situé sur la rive gauche de la Meuse, rivière qui coule entre  des collines.

Les historiens sont assez unanimes pour dire que cette commune est située aux marges de la France de l’époque dont  toute la partie au nord de la Loire, y compris donc la région de Domrémy,  est occupée par les Bourguignons.

Domrémy, rive gauche  de la Meuse, est français mais Maxey sur Meuse à moins de trois kilomètres, rive droite, dépend du duc de Lorraine et donc du saint Empire romain germanique de la maison des Habsbourg-Lorraine. Avec Domrémy, nous sommes donc bien aux marges de la France du XVième siècle et à cet endroit, la Meuse sert de frontière.

La carte ci-dessous éclaire la situation des trois protagonistes de l’époque ; le roi d’Angleterre, le duc de Bourgogne alliés et le  dauphin Charles VII appelé ironiquement le roi de Bourges.

 

 

Les éléments qui vont suivre sont tirés du livre de Jean- Baptiste Ayroles – cf membre de la Compagnie de Jésus. Le livre, en cinq volumes, est  publié en 1894 et il peut être lu ici.    Son travail s’appuie, entre autre, sur celui de Jules Quicherat historien et élève de Jules Michelet qui fait autorité pour l’histoire de Jeanne et de son époque .       

    L’aspect surnaturel  de la force de conviction de Jeanne :

Le livre premier dénonce le sort fait à la Pucelle à Rouen par les Universitaires parisiens et juges appelés à son procès, souvent théologiens et hommes d’Eglise, sous la direction de l’évêque Cauchon de Beauvais. Tous ces intervenants étaient alors sous contrôle des Anglais qui la gardaient dans une tour du château de Rouen. Ce contexte ne peut être oublié si l’on regarde l’issue du procès mais il n’explique pas tout car l’Eglise luttait alors aussi contre ce qu’elle appelait l’hérésie et aussi la sorcellerie, les interrogatoires sont menés dans le but de déceler ces éléments dans le parcours de Jeanne et citons pour illustrer ce point de vue, les nombreuses questions autour du fameux Bois Chenu qui domine Domrémy, mais aussi autour  de l’arbre aux fées dit aussi l’arbre de May, car il s’agissait, selon Jeanne, d’un hêtre, premier arbre de la forêt à donner son feuillage début mai et où se retrouvaient parfois les filles et jeunes du village.

C’est à partir de ces données historiques,  elles-mêmes tirées des sources du procès, que mon article se poursuit. Je n’ignore pas que l’histoire de Jeanne,  comme je l’ai écrit plus haut, a fait l’objet et fait encore l’objet de spéculations multiples conduites par des personnes impliquées dans le combat frontal contre l’Eglise et toutes les croyances qui sont autour, qualifiées « d’obscurantisme ». Certains de ces auteurs vont jusqu’à nier  l’exécution de Jeanne et retrouvent ses traces  en Lorraine sous le nom de Jeanne des Armoises – cf– ou prétendent par exemple qu’elle était la sœur cachée de Charles VII-et  fille illégitime d’Isabeau de Bavière.

Laissons tous ces combats historiques autour de la personne de Jeanne faits de beaucoup de suppositions et reconstructions historiques sans réelles preuves  et laissons aussi certains éléments qui relèvent en partie de la légende pour nous consacrer essentiellement  à ce que Jeanne a révélé au procès et  à ce qu’elle a fait pour aider le roi Charles VII : libérer Orléans, faire couronner le dauphin à Reims  mais ensuite échouer à libérer Paris puis Compiègne où elle sera faite prisonnière, remise au duc de Luxembourg  qui la vend aux Anglais. Laissons de côté par méconnaissance, les révélations de Jeanne à Charles VII qu’elle dit au procès ne pas être autorisée à révéler. Sur ce point, soulignons seulement ce qu’elle déclara au procès à l’occasion de sa première rencontre à Chinon avec le dauphin qu’elle n’avait évidemment jamais rencontré auparavant. La personne de celui-ci, volontairement caché au milieu de tous les nobles réunis, lui fut indiquée, dit-elle, par une couronne qu’elle seule vit alors apparaître au-dessus de la tête d’un des membres de l’assemblée. C’est ainsi qu’elle alla alors s’adresser à Charles VII et que celui-ci lui accorda immédiatement une entrevue en tête à tête.

«  Tout est unique, tout sort des limites ordinaires dans la Vénérable servante de Dieu«  écrit  Jean- Baptiste Ayroles dans l’un des cinq volumes de la vraie vie de Jeanne. Cette phrase résume ce qui va suivre c’est à dire la dimension surnaturelle du parcours de Jeanne tant en ce qui concerne « les voix » que l’histoire  extraordinaire d’une fille qui n’a que  17 ans et qui se lance dans une entreprise militaire  surhumaine surtout pour une fille de cet âge et de surcroît de condition assurément modeste. Mais Jeanne, forte de l’appui de Saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite avait une force de conviction surnaturelle d’abord pour convaincre Robert de Beaudricourt de lui fournir une escorte pour Chinon puis, arrivée là, elle eut la même force pour convaincre Charles VII de l’envoyer défendre Orléans assiégé et là-bas, la même force de conviction pour entraîner les assiégés et les soldats  à faire fuir les anglais alors que la France perdait jusque là toutes ses batailles face aux anglais. Revenue à Loches où séjournait alors Charles VII, elle eut encore la force de conviction d’entraîner le dauphin  jusqu’à Reims pour le faire sacrer roi. C’est une distance  qui, aller et retour, fait plus de 700 km, parcourue  à travers une région de France envahie et contrôlée par les anglo- Bouguignons .

L’époque de Jeanne : une grande fragilité de l’Eglise et des combats contre l’hérésie et la sorcellerie

JB Ayroles fait naître Jeanne le 6 janvier 1412 dans une chaumière à Domrémy  aux bords de Meuse.  Même si la date exacte est pourtant incertaine car les actes de baptême n’existaient pas encore, tout le monde, y compris Jeanne, fait bien remonter sa naissance à l’année 1412.

A l’effondrement politique de la France, s’ajoute dit Ayroles, les affrontements au niveau supérieur de l’Eglise car il y eut depuis 1409 jusqu’à 1417 trois prétendants qui se disputaient la tiare.  C’est finalement Martin V qui devient pape et met fin au grand schisme d’Occident – cf là-. Il mourra le 20 février 1431 au moment où s’ouvrait le procès de Jeanne à Rouen.

 

 

C’est durant le grand schisme qu’Ayroles dit voir se développer l’hérésie en Europe et de citer par exemple Jean Huss et ses massacres en Bohême. C’est aussi au XIV et XV ième siècle que l’inquisition est la plus forte et que l’Eglise lutte contre la sorcellerie. Cette lutte se trouvera au cœur du procès de Jeanne à Rouen car on la soupçonne puis  on la condamne pour être une sorcière… en plus d’être, bien sûr, une ennemie de l’Angleterre et des Bourguignons. Rappelons que le procès organisé par l’évêque de Beauvais  Cauchon dont dépendait Compiègne où elle fut faite prisonnière,  se déroule   à  Rouen qui est alors sous  contrôle des anglais.

Le Moyen-Âge et particulièrement le XV ième siècle, est une période où le surnaturel est partout. Du côté de l’Eglise, Vincent Ferrier – cf là joue un rôle important par ses prêches en Espagne, en Italie, en Suisse, aux Pays-Bas en Angleterre bénéficiant dit Ayrole du don des langues – cf glossolalie. Il lui attribue aussi le fait d’avoir ressuscité trois morts.

On peut aussi, pour illustrer l’époque, ajouter Bernardin de Sienne – cf décédé en 1444, frère franciscain surnommé l’apôtre de l’Italie et qui prêcha contre les juifs, les homosexuels, les sorcières et les hérétiques ce qui montre le combat de l’Eglise contre les hérétiques et les sorcières.

Au temps même de Jeanne, il y eut aussi une autre vierge française, devenue sainte Colette de Corbie – cf , née trente ans avant elle en Picardie et qui mourut seize ans après. Colette eut des visions de St François d’Assise. Elle connut  des extases, la lévitation, des effluves odoriférants émanant de sa personne et de ce qu’elle touchait. Elle eut connaissance de l’état des âmes du purgatoire, des dons de clairvoyance et de prophétie.

Elle avait le goût de la pénitence, des mortifications, des jeûnes, de la pauvreté totale.

Dans ce siècle, Jeanne n’était pas la seule à bénéficier de grâces spéciales mais c’était la seule qui, par ces grâces, voulait sauver la France.

C’est le temps de l‘obscurantisme médieval  selon les esprits des Lumières adeptes et défenseurs de la seule raison. C’est un temps où l’extraordinaire était partout.

Retour à Domrémy :

Revenons à Jeanne et Domrémy.  Le  château de l’Isle et les terres qui l’entourent sont mis en location par enchères en 1419 et l’acte qui a été conservé, est bien connu des historiens.   Les enchères sont remportées par Jean Biget et Jacques d’Arc, ce dernier  père de Jeanne. Ceci constitue  une indication  factuelle de la condition sociale de Jeanne, fille d’un  laboureur, sans doute il est vrai parmi les moins pauvres  des paysans du village. Jeanne n’est donc pas ni la bergère totalement pauvre de sa légende et gardienne de moutons mais elle ne fut   pas non plus élevée dans un château !

Donnons  encore ces éléments qui rappellent la dangerosité de l’époque : Domrémy sera soumis en 1425 à une bande de pillards qui emportèrent le bétail puis le 22 janvier  1426 à une troupe anglo-bourguignonne  qui préleva les stocks d’avoine du village.

Ensuite, la famille de Jeanne dû se réfugier vers août/octobre 1428 à Neufchâteau distant d’une dizaine de km pour se protéger des troupes du maréchal de France Antoine de Vergy -un Bourguignon- qui mirent la contrée de Vaucouleurs à feu et à sang. Les habitants de Domrémy dont la famille d’Arc, s’enfuirent à Neufchâteau, avec troupeaux, armes et bagages… La famille y fut hébergée dans une auberge tenue par « La Rousse. »

Voilà quelques éléments qui colorent et indiquent ce qu’était l’époque de Jeanne…

Ce que révèle le procès qui dura trois mois  au sujet des voix qui la dirigent :

Le 12 mars 1431 elle est interrogée : Vos voix vous ont elles appelé fille de Dieu, fille de l’Eglise, fille au grand coeur ?

Avant le siège d’Orléans levé, et depuis tous les jours, quand elles me parlent, elles m’ont appelé plusieurs fois JEANNE LA PUCELLE, fille de Dieu.

Le 24 février, il lui est demandé si elle était en état de grâce et elle termine sa réponse par ces mots :

Si j’étais en état de péché, je crois que la voix ne viendrait pas vers moi. Je voudrais que tout le monde le comprit aussi bien que je le comprends. C’était dans la treizième année ou à peu près, qu’il m’est avis que j’entendis la voix pour la première fois.

Le 24 février toujours on l’interroge sur l’autorisation ou non des voix à répondre aux questions et elle répond : Je ne vous répondrai pas sur cela ; j’ai des révélations qui regardent le roi et que je ne vous dirai pas…je ne vous dirai pas tout ce que je sais…

Le 27 février : A quelle heure avez-vous entendu la voix hier  ? Je l’ai entendue trois fois, le matin, le soir, et une troisième fois quand on sonnait l’Ave Maria. Je l’entends plus souvent que je ne dis.

C’est graduellement que Jeanne s’est expliquée sur les personnages qui lui parlent et ne cessent de la guider. Dans la séance du 22 février elle n’emploie  que le mot générique voix. C‘est dans la séance du 27 qu’elle dit que ce sont les voix de Sainte Catherine, sainte Marguerite et saint Michel.

Le 24 février, on lui demande si ses derniers jours il y avait aussi une clarté du côté de la voix et elle répond : Sous le nom de voix, j’entends aussi la clarté… Il y avait beaucoup de lumière de tout côté et cela convient bien ; et toute la lumière n’arrivait pas jusqu’à moi.

Dans la séance du 22 février elle présente sommairement la suite des manifestations divines qui l’ont engagée dans la carrière. Voici son exposé jusqu’à son  départ de Vaucouleurs à 20 km au nord de Domrémy pour rejoindre Chinon avec ses six compagnons.

 » J’étais dans ma treizième année quand Dieu m’envoya une voix pour m’aider à me conduire : la première fois j’eus grande frayeur. La voix vint sur le midi, durant l’été dans le jardin de mon père : j’étais alors à jeun, mais je n’avais pas jeuné le jour précédent. J’entendis la voix sur le côté droit, vers l’Eglise ; rarement je l’entends sans voir une clarté ; cette clarté est du côté où la voix se fait entendre ; il y a là le plus souvent une grande clarté. Quand je suis venus en France, j’entendais souvent la voix. »

Après l’avoir entendu trois fois, je connus que c’était la voix d’un Ange… De cette fois l’interrogateur ne saura pas de moi sous quelle forme elle m’apparaissait.

Cette voix me disait deux ou trois fois par semaine qu’il me fallait quitter mon pays et venir en France ; mon père ne sut rien de mon départ. La voix m’ordonnait de venir en France et je ne pouvais m’endurer où j’étais. La voix me disait que je ferais lever le siège mis devant la ville d’Orléans ; elle me dit d’aller vers Robert de Beaudricourt, à la forteresse de Vaucouleurs dont il était le capitaine et qu’il me donnerait des gens pour me conduire. Je lui répondais : « je suis une pauvre fille qui ne sait pas monter à cheval et n’entend pas la guerre. »

Dans la séance du 27 février elle déclara : « il y a bien sept ans écoulés que sainte Catherine et sainte Marguerite se sont chargées de me gouverner. »

Elle parle aussi du réconfort de Saint Michel : Je ne vous parle pas de la voix mais du grand réconfort de saint Michel.

Le 15 mars elle déclare : l’Ange me disait qu’il me fallait quitter mon pays et venir en France, que je devais faire lever le siège d’Orléans.

Le 27 février elle déclare : Ce fut saint Michel que je vis de mes yeux ; il n’était pas seul ; il était accompagné de bien des Anges du Paradis. Ce n’est que sur le commandement de Dieu que je suis venue en France… Je les ai vus de mes yeux corporels, aussi bien que je vous vois vous-même. Quand ils s’éloignaient, je pleurais et j’aurais bien voulu qu’ils m’eussent emportée avec eux.

Le 1ier mars interrogée sur la figure de saint Michel elle répond : je ne lui ai point vu de couronne et je sais rien de ses vêtements…

A la séance du 3 mars on lui dit :  » Vous avez dit que saint Michel avait des ailes ( pas de trace de cet aveu dans le procès) et vous avez parlé du corps et des membres de sainte Catherine et sainte Marguerite. Que voulez vous dire par là ?

Je vous ai dis ce que je sais … j’ai vu saint Michel en personne et les Saintes dont je parle. … 

Croyez-vous que que saint Michel et saint Gabriel aient des têtes naturelles ?

Je les ai vus de mes yeux et je crois que ce sont eux aussi fermement que je crois que Dieu existe.

Le 15 mars : comment connûtes vous que saint Michel vous parlait ?

Par le parler des Anges et je crois fermement que c’étaient des Anges.

Si l’ennemi prenait la forme ou la figure d’un Ange comment connaîtriez vous si c’était le bon ou le mauvais Ange ?

Je connaîtrais bien si  c’était saint Michel ou chose qui cherchât à le contrefaire. A la première, je fus en grand doute si c’était saint Michel ; j’eus grand peur cette première fois et je le vis maintes fois avant de savoir que c’était saint Michel.

La première fois, j’étais jeune enfant et j’eus peur de ce que je voyais ; mais dans la suite il m’enseigna et me montra tant de choses que je crus fermement que c’était lui… l’Ange me racontait la pitié qui était en royaume de France.

Le 17 mars l’interrogateur demande une  réponse sur la forme, la figure, la taille, le vêtement de saint Michel :

Il était en la forme d’un très vrai prudhomme. Quant à l’habit je n’en dirai plus rien. Pour ce qui est des Anges je les ai vus de mes yeux…

Le 28 mars elle affirme : … je crois que ce sont saint Michel et Gabriel sainte Catherine et sainte Marguerite que Notre Seigneur m’envoie pour me conforter et me conseiller. 

Le 27 février elle déclara : C’était la voix de sainte Catherine et de sainte Marguerite. Elles avaient sur la tête de belles couronnes, très riches, de très grand prix. J’ai la permission de Notre Seigneur de vous le dire ; cependant j’ai toujours reçu conseil de toutes les deux.

Lors de la séance du 1er mars  au sujet de sainte Catherine et sainte Marguerite : Il n’y a pas de jour que je ne les entende… je les vois toujours sous la même forme ; elles portent une couronne d’ineffable richesse ; je ne sais rien de leurs robes… 

… je ne sais pas s’il y avait des bras ou d’autres membres… elles parlaient un langage excellement, fort beau et je les comprenais bien.

Dans sa séance du 15 mars elle précise : « Quand saint Michel vint vers moi, il me dit que sainte Catherine et sainte Marguerite viendraient ; il m’ordonna de me conduire d’après leurs conseils ; qu’elles étaient ordonnées pour me diriger et me conseiller en ce que j’avais à faire ; que je les crusse de ce qu’elles me diraient que tel était le commandement de Notre Seigneur « .

Le 12 mars encore à la question les Anges étaient ils longtemps avec vous ? elle répond :

Ils viennent beaucoup de fois entre les chrétiens sans qu’on les voie ; je les ai vus BEAUCOUP DE FOIS entre les chrétiens.

Le 9 mai en présence des tortures étalées sous ses yeux elle disait :

« A la sainte Croix ( 3 mai) j’ai eu le confort de saint Gabriel ; croyez que ce fut saint Gabriel ; j’ai su par les voix que c’était saint Gabriel. »

Le 12 mars encore au sujet des voix : les appelez vous ou viennent elles sans être appelées ?  « Souvent elles viennent sans être appelées et d’autres fois si elles tardaient à venir, je requerrais notre Seigneur de les envoyer . »

Les saintes allaient jusqu’à lui permettre de les embrasser. Voici ce qu’elle dit le 17 mars à ce sujet : Je les ai accolées toutes les deux . 

Fleuraient -elles bon ? C’est bon à savoir ; elles sentaient bon. 

Par quelle partie les accoliez vous en haut ou en bas ? Il est plus convenable des les accoler en bas qu’en haut.

Le 14 mars elle disait :

Sainte Catherine me dit que j’aurai secours… le plus souvent les voix me disent : Prends tout en gré ; ne t’inquiète pas de ton martyre ; tu t’en viendras enfin en royaume de Paradis. Les voix me disent cela simplement, absolument, c’est à savoir sans faillir. J’appelle cela martyre pour la grande peine et adversité que je souffre en prison ; je ne sais si plus grand en souffrirai mais je m’en attends à Notre Seigneur.

En la séance du 10 mars elle expose que ses voix lui avaient indiqué qu’elle serait  faite prisonnière ( à Compiègne) :

 » En la semaine des Pâques dernièrement passées, comme j’étais sur les fossés de Melun il me fut dit par mes voix à savoir sainte Catherine et sainte Marguerite, que je serais prise avant la saint Jean ; qu’il fallait qu’ainsi il fût fait ; de ne point m’en laisser abattre ; de prendre tout en gré et que Dieu m’aiderait.

Elle me l’ont dit, par plusieurs fois, comme tous les jours. Je leur requérais que, quand je serais prise, je mourusse promptement, sans long travail de prison ; et elles me disait de tout prendre en gré, et que c’était ainsi qu’il fallait faire ; mais elles ne me disait pas l’heure…Par plusieurs fois je leur au demandé de savoir l’heure, mais elles ne me la dirent pas.

La mission de Jeanne et le départ pour Chinon

le 22 février elle dit : je vins auprès de mon oncle et j’y restai environ huit jours et je lui dis qu’il me fallait aller à Vaucouleurs rencontrer Robert Beaudricourt que je n’avais vu. ( son oncle serait  Durand Laxard, paysan à Burey-le-Petit aujourd’hui Burey la Côte situé à 8 km de Domrémy)

 Je lui dis qu’il me fallait aller en France de toute nécessité ce qu’il refusa deux fois et me repoussa. ( Robert Beaudricourt la traita d’abord de folle et conseilla à son oncle de la reconduire à son père)  La troisième, il me donna des gens pour me conduire. La voix m’avait prédit qu’il en serait ainsi. La première visite à Vaucouleurs eu lieu le 13 mai 1428.

Elle se rend aussi auprès du duc de Lorraine Charles II à la demande celui-ci qui s’inquiétait pour sa santé et que Jeanne  a dû lui être recommandée  comme une « sainte à miracles », indication  qui traduit déjà une certaine notoriété de Jeanne à cette époque.

Lorsqu’elle quitte Vaucouleurs pour Chinon elle dit : En quittant Vaucouleurs je portais un vêtement d’homme, j’avais une épée, don de Robert de Baudricourt, je n’avais pas d’autres armes.

Puis plus loin : je partis en compagnie d’un chevalier, d’un écuyer et  de quatre serviteurs. Nous nous dirigeâmes vers saint Urbain et je passai la nuit dans l’abbaye. Dans le voyage je traversai la ville d’Auxerre ; j’y assistai à la messe dans la grande église. ( selon le témoignage de Durand Laxart, son escorte était composée de Jean de Metz dit de Novelonpont « soldoyer » au service de Robert Baudricourt, Bertrand de Pouengy, « seigneur foncier », écuyer de « l’écuyerie » royale de France, Colet de Vienne –que d’aucuns disent messager ou écuyer du roi-, Richard l’archer, et deux serviteurs)

Dans sa déposition, Jean de Metz précise qu’il donna des habits de ses serviteurs pour habiller Jeanne et après cela, les habitants de Vaucouleurs lui firent confectionner des vêtements d’homme, des chaussures, des bottes et l’équipement complet et un cheval.

J’arrivai sans obstacle vers mon roi. Elle précise le 27 février : A mon arrivée à Sainte Catherine de Fierbois – à une trentaine de km de Chinon– j’y entendis trois messes en un jour et je fis porter une lettre au roi lui indiquant que je venais à son secours. 

 Sans insister, il sera seulement indiqué  ici l’épisode  de l’épée  :  les voix lui avaient ordonné d’aller prendre l’épée cachée derrière l’autel de sainte Catherine de Fierbois. Elle envoya effectivement   chercher celle-ci par un forgeron    qui la récupéra et la lui remit – lire cet article .)

Elle arriva ainsi le 6 mars à Chinon après un voyage  qui dura 11 jours selon la déposition de Bertrand de Poulengy ce qui nous donne une moyenne de plus de 40 km parcourus  par jour pour couvrir les 470 km environ  qui séparent le point de départ de celui d’arrivée.

en quelques mots les campagnes militaires de Jeanne

Après l’arrivée de jeanne à Chinon, un examen de la Pucelle  fur ordonné par Charles VII pour s’assurer à la fois de santé mentale et qu’il n’ y avait pas avec elle, de risques  de sorcellerie. Cet examen fut  effectué par les docteurs et universitaires de Poitier qui confirmèrent les allégations de jeanne et sa pleine santé mentale.  Jeanne  put donc alors être  envoyée à Orléans, non pas à la tête d’une armée, mais avec un convoi de ravitaillement qui longea la Loire sur la rive gauche. On l’équipe d’une armure et d’une bannière blanche frappée de la fleur de lys, elle y inscrit « Jesus Maria », qui est aussi la devise des ordres mendiants (les dominicains et les franciscains).

Arrivée à Orléans le 29 avril, elle apporte le ravitaillement et y rencontre Jean d’Orléans, dit « le Bâtard d’Orléans », futur comte de Dunois.

Le siège d’Orléans a été précédé  de la prise par les anglais de nombreux bourgs beaucerons. Le véritable siège commence les 23 et 24 octobre 1428. Les anglais édifient 9 bastilles en avril 1429. Le convoi de ravitaillement quitta Blois le 27 ou 28 avril escorté par 500 soldats.

Jeanne avait envoyé depuis Blois des missives aux Anglais et  ces textes, où elle se désigne elle-même comme « La Pucelle ». Elle donnait cet ordre aux Anglais : « Au nom de Dieu ,  Retirez-vous, ou je vous ferai partir »

Le convoi approcha par le sud des rives de Port Saint-Loup, en face du fort anglais de Saint-Loup, situé sur la rive nord. Pendant que des unités françaises empêchaient la garnison anglaise de Saint-Loup d’intervenir, une flotte de bateaux venue d’Orléans approcha du convoi pour ramener dans la ville le ravitaillement, Jeanne elle-même et 200 soldats.

L’un des miracles les plus connus de Jeanne fut rapporté comme ayant eu lieu à cet endroit : le vent qui avait amené les bateaux en amont s’inversa brutalement, ce qui leur permit de retourner à Orléans sans dommage sous le couvert de l’obscurité. Jeanne entra triomphalement dans la ville, le 29 avril, autour de 20 heures, ravivant tous les espoirs.

Estimant la garnison trop petite pour toute action, Dunois laissa la ville, le 1er mai, sous la responsabilité de La Hire et de Jeanne. Il se rendit personnellement à Blois pour rassembler des renforts.

Le 3 mai, le convoi de renforts de Dunois quitta Blois pour se diriger vers Orléans. Dans le même temps, d’autres convois de troupes partirent de Montargis et de Gien en direction d’Orléans. Le convoi de Dunois arriva, à travers la Beauce, à la rive nord de la rivière, au matin du 4 mai, parfaitement visible depuis le fort anglais de Saint-Laurent. Les Anglais ne tentèrent rien pour empêcher l’entrée du convoi, le jugeant trop puissant. Jeanne sortit de la ville pour escorter le convoi.

La suite de la libération d’Orléans se fit à travers plusieurs attaques de forts tenus pas les anglais : le 4 mai assaut sur le fort Saint Loup où 1500 français submergent la garnison de 400 anglais. 

Les 5 et 6 mai assaut sur le fort des Augustins où Jeanne est blessée au pied.

L’assaut sur le fort des Tourelles où les anglais perdirent près de 1000 hommes et eurent 600 prisonniers.

La fin du siège eut lieu le 8 mai 1429.

A son arrivée à Orléans Jeanne  est accueillie avec enthousiasme par la population, mais les capitaines de guerre dont Dunois sont réservés. Avec sa foi, sa confiance et son enthousiasme, elle parvient à insuffler aux soldats français désespérés une énergie nouvelle et à contraindre les Anglais  après de rudes combats à lever le siège de la ville dans la nuit du 7 au .

Après la levée du siège, Jeanne se rend à Loches ou séjourne alors le dauphin et persuade celui-ci d’aller à Reims pour être sacré roi de France.

Pour arriver à Reims, l’équipée doit traverser des villes sous domination bourguignonne, qui n’ont pas de raison d’ouvrir leurs portes, et que personne n’a les moyens de contraindre militairement.

Selon Dunoisle coup de bluff aux portes de Troyes entraîne la soumission de la ville mais aussi de Châlons-en-Champagne et de Reims. Dès lors, la traversée est possible.

Le , dans la cathédrale de Reims, en présence de Jeanne d’Arc, Charles VII est sacré roi par l’archevêque Regnault de Chartres. Le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, en tant que pair du Royaume, est absent ; Jeanne lui envoie une lettre le jour même du sacre, pour lui demander la paix.

L’effet politique et psychologique de ce sacre est majeur. Reims étant au cœur du territoire contrôlé par les Bourguignons et hautement symbolique, il est interprété par beaucoup à l’époque comme le résultat d’une volonté divine. Il légitime Charles VII, qui était déshérité par le traité de Troyes.

Dans la foulée du sacre, Jeanne d’Arc tente de convaincre le roi de reprendre Paris aux Bourguignons et aux Anglais, mais il hésite préférant la recherche de la paix. Après s’être arrêtée au château de Monceau, Jeanne mène une attaque sur Paris le , mais elle est blessée par un carreau d’arbalète lors de l’attaque de la porte Saint-Honoré. L’attaque est rapidement abandonnée et Jeanne est ramenée au village de la Chapelle.

En octobre, Jeanne participe au siège de Saint-Pierre-le-Moûtier avec l’armée royale. Le , « la Pucelle » et Charles d’Albret s’emparent de Saint-Pierre-le-Moûtier. Le 23 novembre, ils mettent le siège devant La Charité-sur-Loire pour en chasser Perrinet Gressart. Après un mois, le siège est abandonné. Pour Noël, Jeanne regagne Jargeau, ville fortifiée en bord de Loire, à la suite de l’échec de ce  siège.

Début 1430, Jeanne est conviée à rester dans le château de La Trémoille à Sully-sur-Loire. Elle quitte le roi début mai, sans prendre congé, à la tête d’une compagnie de volontaires, et se rend à Compiègne, assiégée par les Bourguignons. Finalement, elle est capturée par des capitaines bourguignons lors d’une sortie aux portes de Compiègne le

Elle est ensuite prisonnière du seigneur de ces capitaines bourguignons, Jean II de Luxembourg-Ligny. Elle essaie de s’échapper par deux fois, mais échoue. Elle se blesse même sérieusement en sautant par une fenêtre au château de Beaurevoir.

Elle est vendue aux Anglais le 21 novembre 1430, pour dix mille livres tournois, payées par les Rouennais, et confiée à Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et allié des Anglais. Les Anglais l’emmènent à Rouen, où se situe leur quartier-général.

Lors de son procès dans le château de Rouen (dans la chapelle royale, la salle dite de parement qui faisait partie des appartements royaux et dans la tour-prison lors de séances en comité restreint qui durera 3 mois  du 21 février au , Jeanne est accusée d’hérésie. Elle est emprisonnée dans une tour du château de Philippe Auguste à Rouen, dite plus tard « tour de la Pucelle ». L’enquête préliminaire commence en janvier 1431.

Le tribunal lui reproche par défaut de porter des habits d’homme, d’avoir quitté ses parents sans qu’ils lui aient donné congé, et surtout de s’en remettre systématiquement au jugement de Dieu plutôt qu’à celui de « l’Église militante », c’est-à-dire l’autorité ecclésiastique terrestre. Les juges estiment également que ses « voix », auxquelles elle se réfère constamment, sont en fait inspirées par le démon. Soixante-dix chefs d’accusation sont finalement trouvés, le principal étant revelationum et apparitionum divinorum mendosa confictrix (imaginant mensongèrement des révélations et apparitions divines). L’université de Paris (Sorbonne), rend son avis : Jeanne est coupable d’être schismatique, apostate, menteuse, devineresse, suspecte d’hérésie, errante en la foi, blasphématrice de Dieu et des saints.

Jeanne en appelle au Pape, ce qui sera ignoré par les juges.

Le tribunal déclare Jeanne d’Arc « relapse » (retombée dans ses erreurs passées), la condamne au bûcher et la livre au « bras séculier ». Le , après s’être confessée et avoir communié, Jeanne en tunique de toile soufrée est conduite vers neuf heures, sous escorte anglaise, dans la charrette du bourreau Geoffroy Thérage, place du Vieux-Marché à Rouen où l’on a dressé trois estrades : la première, pour le cardinal de Winchester et ses invités, la seconde pour les membres du tribunal civil représenté par le bailli de Rouen Raoul le Bouteiller ; la troisième, pour Jeanne et le prédicateur Nicolas Midi, docteur en théologie.

Peu après avoir repris Rouen, Charles VII publie, le , une ordonnance disant que « les ennemis de Jeanne l’ayant fait mourir contre raison et très cruellement », il veut savoir la vérité sur cette affaire. Mais il faut attendre que Calixte III succède à Nicolas V pour qu’un rescrit papal ordonne enfin, en 1455 et sur la demande de la mère de Jeanne, la révision du procès.

Le jugement, prononcé le , déclare le premier procès et ses conclusions « nuls, non avenus, sans valeur ni effet » et réhabilite entièrement Jeanne et sa famille. Il ordonne également l’« apposition d’une croix honnête pour la perpétuelle mémoire de la défunte » au lieu même où Jeanne est morte.

 

Quelques mots à propos de Jeanne des Armoises et Jeanne de Sermaises

Plusieurs femmes se présentèrent comme étant Jeanne d’Arc affirmant avoir échappé aux flammes. Pour la plupart, leur imposture fut rapidement décelée, mais deux d’entre elles parvinrent à convaincre leurs contemporains qu’elles étaient réellement Jeanne d’Arc : il s’agit de Jeanne des Armoises et de Jeanne de Sermaises.

D’après une source tardive (trouvée en 1645 à Metz par un prêtre de l’oratoire, le père Jérôme Viguier, et publiée en 1683 par son frère Benjamin Viguier), La Chronique du doyen de Saint-Thiébaud, Claude, dite Jeanne des Armoises, apparut pour la première fois le  à Metz où elle rencontra les deux frères de Jeanne d’Arc, qui la reconnurent pour leur sœur.

Il semble impossible d’affirmer s’ils crurent vraiment qu’elle fut leur sœur ou non. La belle-sœur de Claude-jeanne des Armoises, Alarde de Chamblay devenue veuve, s’était remariée en 1425 avec Robert de Baudricourt, le capitaine de Vaucouleurs. Claude-Jeanne guerroya avec les frères d’Arc et Dunois dans le Sud-Ouest de la France et en Espagne. En juillet 1439, elle passa par Orléans, les comptes de la ville mentionnent pour le 1er août : « À Jehanne d’Armoise pour don à elle fait, par délibération faite avec le conseil de ville et pour le bien qu’elle a fait à ladite ville pendant le siège IICX lp », soit 210 livres. Elle mourut vers 1446 sans descendance.

En 1456, après la réhabilitation de la Pucelle, Jeanne de Sermaises apparut en Anjou. Elle fut accusée de s’être fait appeler la Pucelle d’Orléans, d’avoir porté des vêtements d’homme. Elle fut emprisonnée jusqu’en février 1458, et libérée à la condition qu’elle s’habillerait « honnêtement ». Elle disparaît des sources après cette date.

La canonisation de Jeanne 

Jeanne d’Arc est béatifiée par un bref daté du  puis une cérémonie tenue le . Elle est ensuite canonisée le . Sa fête religieuse est fixée au 30 mai, jour anniversaire de sa mort.

Quelques indications sur sainte Catherine et sainte Marguerite dont l’existence est contestée par des auteurs  qui refusent le caractère surnaturel de la vie de Jeanne.

compléments sur sainte Catherine  et sainte Marguerite  

Quelques lignes concernant les deux saintes dont l’existence est contestée, faute de preuves par certains historiens qui combattent la légende de Jeanne.

L’absence de preuves historiques ne signifie en rien que  ces saintes ayant vécu au IV ème siècle n’ont pas existé. Leur caractère de sainteté ne fait pas d’elles nécessairement des personnages dont on puisse trouver trace dans le peu d’écrits de cette époque.

 

Voici quelques éléments sur lesquels s’appuient ces historiens :

 

La tradition situe la naissance  de sainte Catherine à Alexandrie et date sa mort dans la même ville, à dix-huit ans en 312.

Sa légende et son culte se sont répandus de l’Orient vers l’Occident et sont largement attestés après les croisades.

Quelques siècles plus tard, des moines d’un monastère construit au pied du Mont Sinaï découvrent miraculeusement au sommet d’une montagne voisine le corps intact d’une belle jeune femme qui est reconnu comme étant celui de sainte Catherine d’Alexandrie, déposé là par des anges. Le monastère était placé d’abord sous le patronage de Notre-Dame, puis de la Transfiguration, avant de l’être sous le patronage de sainte Catherine au VIII ème siècle. Les moines du monastère Sainte-Catherine du Sinaï deviennent les gardiens du tombeau de la sainte.

En 1969, elle est supprimée par l’Eglise catholique du Calendrier romain, mais le Pape Jean-Paul II l’y rétablit en 2002 suite à son pèlerinage au Monastère Sainte-Catherine du Sinai.

Marguerite d’Antioche ou Marine d’Antioche ou sainte Marguerite ou aussi Marina et Magali est une vierge martyre du début du IV ème siècle (vers 305)

L’absence de bases historiques de son hagiographie a entraîné l’interruption de son culte après le concile de Vatican II. Elle reste très vénérée dans l’Église orthodoxe.

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