7. Nos souvenirs sont-ils stockés sous forme matérielle ?

la plupart des gens se disent que les souvenirs doivent être d’un façon ou d’une autre conservés dans le cerveau sous forme matérielle. l’analogie qui domine est celle de la mémoire des ordinateurs. D’un point de vue matérialiste, il faut que les souvenirs soient entreposés sous forme d’empreintes matérielles dans le cerveau. Sinon où pourraient ils être ? Nous en déduisons qu’entrer le processus d’apprentissage et de remémoration doit exister un processus d’enregistrement permanent laissant une empreinte mémorielle à l’intérieur du cerveau.

Toutes les tentatives pour localiser ces empreintes ont échoué malgré plus d’un siècle de recherches qui ont coûté des milliards de dollars.

Plusieurs philosophe antiques Plotin notamment, doutaient que les souvenirs soient inscrits matériellement et défendaient au contraire qu’ils étaient immatériels. Bergson ou Whitehead considéraient les souvenirs comme des connexions directes à travers le temps.

Je suggère quant à moi que les souvenirs dépendent de la résonance morphique de son propre passé.

Problèmes logiques et chimiques (307-308)

Sans parler des échecs répétés de la recherche des traces des souvenirs plusieurs philosophes modernes ont souligné les problèmes logiques insolubles que pose cette hypothèse. Mais le problème est également structurel. Les souvenirs peuvent se garder des années et pourtant le système nerveux est dynamique , en perpétuel changement. Comme le disait Francis Crick presque toutes les molécules de notre corps à l’exception de l’ADN se régénèrent tout au plus en quelques semaines. Comment dès lors conserver les souvenirs sur un plan matériel. Depuis des décennies la théorie la plus courante repose sur des changements dans les connexions entre cellules nerveuses, les synapses.

L’infructueuse recherche des empreintes mémorielles (308-316)

Dans les années 1890 Ivan Pavlov a étudié comment le chien associe un stimulus  comme le tintement d’une cloche avec le fait de recevoir à manger. Il avait découvert que les stimulus pouvaient perdurer en dépit d’interventions chirurgicales dommageables pour le cerveau.

Pendant plus de 30 ans Karl Lashley a essayé de localiser des empreintes mémorielles dans le cerveau de rats, de singes et de chimpanzés. A sa grande surprise les animaux pouvaient se souvenir de ce qu’ils avaient appris après l’ablation d’une grande quantité de tissu cérébral. Lashley montra ensuite que les habitudes acquises le restent même si l’on détruit les aires cérébrales associatives. Ses idées ont été poursuivies par son ancien élève Karl Pribam 

Malgré ces résultats des générations de chercheurs ont cherché encore et encore de localiser les souvenirs. Dans les années 1980 Steven Rose et ses collègues ont pensé avoir réussi avec des poussins d’un jour mais une fois de plus l’empreinte mémorielle faisait défaut.

Eric Kandel en recevant le prix Nobel 2000 pour son travail sur la mémoire du mollusque Aplysia  a attiré l’attention sur les interactions entre les zones de l’hippocampe et les lobes temporaux médians.

Le dirigeant du Projet Connectome du MIT, Sebastian Seung  dit qu’il  y a environ 100 milliards de neurones et il pense que chacun d’eux peut être relié à 100 000 autres. Le projet de comparer l’état d’un cerveau avant et après apprentissage paraît très ambitieux.

Par ailleurs les différence de structure cérébrale les plus frappantes se rencontrent chez les personnes ayant souffert d’hydrocéphalie. John Lorber a découvert que certains de ces individus étaient étonnement normaux ce qui l’a conduit à poser cette question : « le cerveau est-il nécessaire ? ». Il a scanné le cerveau de plus de 100 hydrocéphales dont environ 60 avaient une boîte crânienne pleine de liquide à95%. U126 jeune homme avait m^me un QI de , était diplômé en mathématiques et n’avait « pratiquement pas de cerveau ».

Le cerveau serait davantage comparable à un poste de télévision plutôt qu’à un disque dur.

le papillon se souvient-il de ce qu’il a appris chenille ? (316-318)

Dans la chrysalide, presque tous les tissus de la chenille se dissolvent avant que les nouvelles structures adultes se développent.

Lors d’une étude récente Martha Weiss et son équipe de l’Université de Georgetown à Washington ont entraîné des chenilles de sphinx du tabac à éviter l’odeur de l’acétate d’éthyle en associant à celle-ci à une légère décharge électrique. Après deux mues larvaires et une métamorphose dans la chrysalide les sphinx adultes étaient toujours repoussés par l’acétate d’éthyle en dépit de transformation radicale de leur système nerveux.

Cette capacité des papillons adultes à se souvenir d’expériences vécues au stade chenille pourrait avoir une importance évolutive. De nouveaux comportements préférentiels pourraient s’installer en une seule génération et persister chez les ascendants.

Dommages cérébraux et perte de mémoire (318-320)

Deux types de perte de mémoire peuvent survenir après un traumatisme cérébral : l’amnésie rétrograde ( on oublie ce qui est arrivé avant) et l’amnésie antérograde ( où l’on perd la capacité de se souvenir de ce qui est arrivé après.) Karl Lashley est arrivé à la conclusion que « les preuves penchent en faveur de l’idée selon laquelle l’amnésie suite à une blessure du cerveau est rarement, voire jamais, due à la destruction d’empreintes mémorielles spécifiques.

les hologrammes et l’ordre implicite ( 321-323)

Dans une série célèbre de recherches menées pendant l’opération du cerveau de patients conscient Wilder Penfield et ses collègues ont testé les effets d’une faible stimulation électrique sur différentes zones du cortex cérébral.

Quand l’électrode touchait certaines parties du cortex moteur, des membres bougeaient. Quand il stimulait le cortex visuel ou auditif les électrodes déclenchaient des hallucinations visuelles ou sonores tels que flashs lumineux  ou sonneries.La stimulation du cortex secondaire donnaient des hallucinations de fleurs, d’animaux ou de gens familiers.

Penfield a d’abord supposé que  ces souvenirs étaient stockés dans le tissu stimulé avant d’abandonner cette idée. Comme Lashley et Pribam il a abndonné l’idée d’empreintes mémorielles localisées en faveur d’empreintes mémorielles dans plusieurs zone du cerveau. L’analogie la plus courante est celle de l’hologramme où l’image à reconstituer peut l’être à partir de quelques parties seulement du tout.

Pribam en est venu à considérer que les schémas ondulatoires holographiques ne sont pas stockés dans le cerveau. Celui-ci serait plutôt un « analyseur de forme ondulatoire » plutôt qu’un système de stockage. Cet aspect de sa pensée témoigne de l’influence du physicien quantique David Bohm qui a  suggéré que l’univers entier est holographique dans le sens où la totalité est présente dans chaque partie.

Selon Bohm, le monde observable constitue l’ordre déplié qui émerge d’un ordre implicite replié. Ce qui arrive quelque part est est injecté dans l’ordre implicite ensuite quand l’ordre implicite se déplie dans l’ordre explicite ce souvenir affecte ce qui arrive donnant ainsi des ressemblances avec la résonance morphique. Comme Bohm le suggérait la résonance morphique sera peut-être un jour intégrée dans une version élargie de la théorie quantique.

Résonance temporelle ( 324-)

La résonance mémorielle fait partie d’une hypothèse très vaste : il existerait une résonance à travers l’espace et le temps de modèles d’activité vibratoire dans tous les systèmes auto-organisés. la résonance morphique sous-tend la cristallisation chimique et le pliage des protéines (cf ch 3). Elle sous-tend l’héritage des champs morphogénétiques et des modèles comportementaux (ch 6). Elle joue un rôle essentiel dans le transfert de l’apprentissage comme nous allons le voir.

Accoutumance et sensibilisation (325-330)

L’accoutumance est l’un  des processus mémoriels les plus fondamentaux. Elle sous-tend toutes nos réactions à notre environnement.

L’accoutumance implique une forme de mémoire qui permet à stimuli d’être reconnus quand ils se reproduisent.  La résonance en propose une explication sans détour : l’organisme entre en résonance avec ses propres modèles d’activité passés. Quand le stimulus se répète l’organisme entre en résonance  avec son précédent modèle de réponse.

L’accoutumance se retrouve chez tous les animaux dotés d’un sytème nerveux ou non. Ce phénomène a été particulièrement étudié chez un ver marin géant  qui peut atteindre jusqu’à 30 cm, l’aplysie. Il a été remarqué que le réflexe cesse si des stimuli indolores sont répétés : les cellules sensorielles cessent d’exciter les cellules motrices. le fait que les synapses fonctionnent différemment suite à l’accoutumance ne prouve pas que le souvenir soit stocké chimiquement dans les synapses, le système peut s’accoutumer par autorésonance.

La sensibilisation est le contraire de l’accoutumance : un animal devient plus réactif aux stimuli dont les effets lui sont néfastes.

Apprentissage par résonance ( 330-331)

beaucoup d’animaux apprennent leurs modèles comportementaux en imitant les autres membres de leur groupe. Ainsi les merles apprennent une partie de leur chant en écoutant celui des adultes.

L’héritage culturel atteint des sommets chez les humains qui apprennent ainsi toute une grande variété de modèles comme le langage, des savoir-faire physiques ou mentaux comme jouer de la flûte ou tricoter. Dans les années 1980, les neuroscientifiques ont découvert qu’en observant un autre animal en train d’accomplir un geste , les mêmes zones cérébrales étaient sollicitées. On parle de « neurones miroirs« .

Mais le terme est trompeur. Il ne s’agit pas de neurones d’un genre spécial mais plutôt d’une sorte de résonance . Vittorio Gallese l’un des découvreurs des neurones miroirs parle à cette occasion de « comportement de résonance ».

Si l’expression est nouvelle le phénomène n’est pas nouveau : regarder d’autres personnes engagées dans une activité sexuelle stimule le désir sexuel par une sorte de résonance.

Cette résonance ne se confine pas au cerveau mais s’applique à tous les mouvements du corps.

Reconnaître ( 332-333)

Reconnaître et se souvenir sont deux processus bien différents. La reconnaissance dépend d’une similitude entre l’expérience passée et présente. Se souvenir implique une reconstruction active du passé. Reconnaître est plus facile que se souvenir. par exemple il est plus facile de reconnaître une personne que de retrouver son nom. Comme l’accoutumance , la reconnaissance repose sur une résonance morphique entre des modèles d’activité similaires.

Se souvenir ( 333-335)

Les souvenirs à court terme fournissent aux éléments de notre expérience l’occasion de se relier les uns aux autres et avec l’expérience passée. Ce qui n’est pas relié est perdu. les systèmes de mémorisation sont compris depuis longtemps . On peut citer les systèmes  mnémotechniques qui servaient déjà dans l’Antiquité. Par exemple la phrase « Richard of York Gained Battles In Vain. » pour retenir les couleurs de l’arc-en-ciel : red, orange , yellow, green, blue, indigo, violet. 

Chez beaucoup d’animaux , la mémorisation spatiale repose sur l’activité de l’hippocampe. L’hypothèse de la résonance induit que le souvenir est rappelé grâce à un modèle d’activité semblable établi par résonance morphique. Il n’est pas stocké sous forme d’empreinte dans le cerveau.

Test expérimentaux ( 336-339)

Si la mémoire est un phénomène de résonance grâce auquel les organismes vivants résonnent avec leur passé, alors la mémoire individuelle et la mémoire collective sont deux aspects d’un même phénomène, différent en degré mais pas en nature. L’une des plus longues séries d’expériences dans l’histoire de la psychologie fournit des preuves que les rats semblent apprendre plus vite ce que d’autres rats ont déjà appris. Une expérience menée à Harvard puis Edimbourg puis Melbourne a montré que les rats écossais et australiens démarraient à peu près au stade des rats américains concernant l’apprentissage de sortie d’un labyrinthe aquatique.

Il en est de même pour les humains. Par exemple pour les test de QI cet apprentissage s’appelle « l’effet Flynn » du nom du psychologue qui a montré que la moyenne aux tests a progressé de 30%  ou plus en quelques décennies. Selon ses dernières explications, cette évolution viendrait du changement de la culture générale. Cette explication est vague et invérifiable. la résonance morphique fournit une bien meilleure explication. Des scientifique ont testé cette hypothèse de résonance morphique et ils ont abouti à des résultats positifs statistiquement signifiants. C’est inévitablement un champ de recherche sujet à controverse.

Qu’est ce que cela change ? ( 339-342)

Si l’apprentissage implique un processus de résonance, les méthodes d’enseignement pourraient progresser par l’augmentation délibérée de la résonance.

Au plan religeux les religions considèrent que certains aspects de la mémoire d’une personne survivent après sa mort. Dans les théories hindoues ou bouddhistes de la réincarnation, souvenirs, habitudes ou tendance sont transportées d’une vie à l’autre.Le christianisme cultive différentes théories de l’après-vie mais toutes impliquent une survie de la mémoire. En comparaison , la théorie marxiste est simple. les souvenirs sont dans le, cerveau qui s’éteint avec la mort donc tous les souvenirs sont effacés à jamais.

Dans la théorie de la résonance mémorielle, la question reste ouverte. les souvenirs ne s’éteignent pas avec la mort. Ils peuvent continuer à agir par résonance aussi longtemps qu’il y a un système vibratoire avec lequel résonner.

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