n01-Technocritiques
du refus des machines à la contestation des technosciences
François Jarrige -1ière publication :2014- 2016
François Jarrige est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne. Thèmes de recherche :Histoire de l’industrialisation et de ses impacts sociaux et écologiques. Histoire de l’énergie et des changements sociotechniques.Histoire du travail et des mondes ouvriers. Histoire des protestations collectives et des socialismes au XIXe siècle.
Depuis une trentaine d’années, les grands projets technologiques suscitent des critiques croissantes et de nombreux conflits. Cet essai d’histoire globale, le premier ouvrage de référence sur la question, entend retracer l’évolution et les spécificités des contestations de la technologie, du XVIIIe siècle à nos jours, en articulant une histoire des pensées critiques et une histoire sociale des contestataires, nourrie de très nombreuses anecdotes édifiantes et peu connues.
Les techniques promettent abondance et bonheur ; elles définissent la condition humaine d’aujourd’hui. Pourquoi les contester, et à quoi bon ? Les discours technocritiques ne masquent-ils pas des peurs irrationnelles, un conservatisme suranné, voire un propos réactionnaire ? Pourtant, depuis que les sociétés humaines sont entrées dans la spirale de l’industrialisation, des individus et des groupes très divers ont dénoncé les techniques de leur temps et agi pour en enrayer les effets. L’introduction de machines censées alléger le travail, les macrosystèmes techniques censés émanciper des contraintes de la nature, la multitude des produits technoscientifiques censés apporter confort et bien-être ont souvent été contestés et passés au crible de la critique.
Contre l’immense condescendance de la postérité, Technocritiques est un ouvrage qui prend au sérieux ces discours et ces luttes. Depuis deux siècles, les technocritiques sont foisonnantes et multiformes, elles émanent des philosophes et des romanciers comme des artisans et des ouvriers ; elles se retrouvent en Europe comme dans le reste du monde et nourrissent sans cesse des pratiques alternatives. Toute une tradition de combat et de pensée originale et méconnue s’est ainsi constituée : ce livre d’histoire au présent tente de leur redonner vie tout en pointant les impasses des choix politiques mortifères portés par la foi en une » croissance » aveugle. Et, en filigrane, il montre comment s’est imposé le grand récit chargé de donner sens à la multitude des objets et artefacts qui saturent nos existences.
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1-Une autre histoire des » Trente Glorieuses « – 7 janvier 2016
Serge Moscovici (1925-2014) est l’un des premiers théoriciens français de l’écologie. Il définit la nature comme une construction historique, l’être humain renégociant en permanence sa relation avec elle. Cela le conduit à penser une écologie de l’ensauvagement qui romprait avec les systèmes de « domestication » et de « civilisation » de l’être humain, et ouvrirait, par la pratique renouvelée de la nature, au réenchantement du monde.
Dès les années 1970, Moscovici s’est ainsi intéressé de près aux modes de vie minoritaires et expérimentaux de l’écologie naissante. Sa théorie des « minorités actives » et de leur influence sur les valeurs dominantes constitue un véritable manuel d’action pour tous ceux qui s’engagent aujourd’hui dans des formes d’écologie subversive. Elle fournit à la fois des moyens de saisir les ressorts de cette influence et des pistes stratégiques pour l’accroître.
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On ne peut pas dénoncer « la société de consommation » sans se référer aux analyses de Jean Baudrillard (1929-2007). Le démontage de la publicité et la mise en lumière de son omniprésence manipulatrice sont au cœur de son premier grand livre. La décroissance, qui implique de s’extraire de la religion de la croissance et de l’économie, trouve aussi, dans un autre de ses livres majeurs, L’économie politique du signe, les arguments pour déconstruire la prétention de l’économie à dire le réel.
Baudrillard résiste pourtant à l’appropriation pure et simple dans une perspective de transformation sociale. Car si sa critique du système touche juste, les conclusions qu’il en tire sont si radicales qu’elles tendent à neutraliser l’action. L’entretien totalement inédit que nous publions à la suite de l’analyse détaillée de Serge Latouche éclaire ainsi la singularité et la dualité de cette figure, dont l’œuvre toute entière tourne finalement autour du désenchantement mélancolique de la modernité, entre révolte rentrée et subversion ironique.
15 pages d’entretien inédit de Thierry Paquot avec Jean Baudrillard (1997)

1 commentaire: Par une lumineuse mise en perspective historique, Chantal Delsol montre et démontre pourquoi et comment l’idéologie du transhumanisme (ou posthumanisme), après l’échec catastrophique du communisme, n’est que la « poursuite par d’autres moyens » de l’utopie prométhéenne des Lumières, la construction d’un « Homme nouveau ».
De collective, la barbarie est devenue individuelle, mais elle est plus que jamais présente. Jamais sans doute, dans l’Histoire, utopie ne fut plus négationniste de la réalité, son projet consistant au fond à « interrompre ce qui, essentiellement, devient »: il s’agit de réserver l’immortalité à une ou deux générations, et donc, forcément, d’empêcher aux générations futures de naître ! Un essai brillant, accessible, d’une logique et d’une lucidité impitoyable, que Luc Ferry et ses comparses pro-transhumanistes béats feraient bien de méditer…

Puisque tout est en voie de destruction. Réflexion – 3 mars 2016

Puisque tout est en voie de destruction
C’est à l’heure où une chose est sur le point de disparaître qu’elle se révèle à nous dans ses contours singuliers et sa présence irremplaçable. Le mot » apocalypse » le suggère, dans lequel on entend » désastre « , et qui veut dire » dévoilement « . Dans notre époque critique où l’humain est trois fois menacé d’extermination (technologique, écologique et théocratique), les lignes bougent, les ennemis d’hier deviennent alliés, les plus révolutionnaires éprouvent la nécessité de recourir à une certaine tradition…
C’est sur cette alliance de la tradition et de la modernité, de l’eschatologie et de la culture, de la lucidité devant la mort et de l’éducation ouverte à la vie, que porte ce recueil de textes et conférences.
Fabrice Hadjadj
Agrégé de philosophie, essayiste et dramaturge, il dirige l’institut Philanthropos (Fribourg). Il collabore régulièrement à Art Press et au Figaro littéraire. Il est l’auteur de nombreux livres, dont Réussir sa mort(2005 ; Points 2010), La Profondeur des sexes (Seuil, 2008), Le Paradis à la porte (Seuil, 2011).

Frédéric Neyrat nous conduit au cœur de la pensée constructiviste qui domine aujourd’hui les sciences humaines et sociales, de Philippe Descola à Bruno Latour. Ce courant a abattu la césure nature-culture pour la remplacer par une nature hybride, toujours anthropisée et intégrée dans les réseaux technico-financiers. Et si, en déniant toute altérité à la nature, cette approche n’était que le prêt-à-penser du projet géo-constructiviste d’une Terre 2.0 ? Réinterrogeant le rapport nature-culture, et critiquant le mythe fusionnel de toute-puissance technologique, l’auteur propose alors une nouvelle philosophie de la nature et de la Terre : une écologie de la séparation, en prenant acte de ce qui n’est pas constructible dans la nature et en reconnaissant la Terre dans sa singularité.Frédéric Neyrat, philosophe, est professeur dans le département de Littérature comparée de l’université de Wisconsin-Madison. Spécialiste de la pensée contemporaine, ayant enseigné plusieurs années les études environnementales, il est l’auteur de Biopolitique des catastrophes (2008), Le Communisme existentiel de Jean-Luc Nancy (2013), et Homo Labyrinthus (2015).

Depuis une trentaine d’années, les grands projets technologiques suscitent des critiques croissantes et de nombreux conflits. Cet essai d’histoire globale, le premier ouvrage de référence sur la question, entend retracer l’évolution et les spécificités des contestations de la technologie, du XVIIIe siècle à nos jours, en articulant une histoire des pensées critiques et une histoire sociale des contestataires, nourrie de très nombreuses anecdotes édifiantes et peu connues.
Les techniques promettent abondance et bonheur ; elles définissent la condition humaine d’aujourd’hui. Pourquoi les contester, et à quoi bon ? Les discours technocritiques ne masquent-ils pas des peurs irrationnelles, un conservatisme suranné, voire un propos réactionnaire ? Pourtant, depuis que les sociétés humaines sont entrées dans la spirale de l’industrialisation, des individus et des groupes très divers ont dénoncé les techniques de leur temps et agi pour en enrayer les effets.
Contre l’immense condescendance de la postérité, Technocritiques est un ouvrage qui prend au sérieux ces discours et ces luttes. Depuis deux siècles, les technocritiques sont foisonnantes et multiformes, elles émanent des philosophes et des romanciers comme des artisans et des ouvriers ; elles se retrouvent en Europe comme dans le reste du monde et nourrissent sans cesse des pratiques alternatives. Toute une tradition de combat et de pensée originale et méconnue s’est ainsi constituée ; ce livre d’histoire au présent tente de leur redonner vie tout en pointant les impasses des choix politiques mortifères portés par la foi en une » croissance » aveugle. Et, en filigrane, il montre comment s’est imposé le grand récit chargé de donner sens à la multitude des objets et artefacts qui saturent nos existences.
de
2a – L’Argent, excrément du démon – 5 avril 2016

2bis – Commentaires sur l’extrême radicalité des temps derniers : critique de la dictature démocratique du spectacle de la marchandise terminale…– 1 mai 2016

Plus de 60 biographies pour se familiariser avec les origines de la décroissance. Des stoïciens et des cyniques à Huxley ou Orwell, en passant par Kropotkine, Giono, Ivan Illich, Nicholas Georgescu-Roegen, etc.
L’étude des « précurseurs de la décroissance » prouve que la vision que recouvre ce slogan provocateur est ancienne, profonde et diversifiée, et que ce sont bel et bien la croissance et ses serviteurs zélés qui constituent une parenthèse dans l’histoire de l’humanité et de la pensée.
L’économiste et anthropologue Serge Latouche, l’un des premiers et principaux théoriciens de la décroissance aujourd’hui, revient de manière claire et érudite sur les courants d’idées, les intellectuels et les activistes politiques qui ont influencé sa réflexion.
La décroissance n’a pas la prétention de chercher à construire de toutes pièces une vision entièrement nouvelle de l’organisation de la vie sur terre. Elle vise plutôt à mettre en lumière ce qu’il peut y avoir de convergent entre des approches développées en tout temps, en tous lieux et dans tous les domaines, mais qui ont pour caractéristique commune d’avoir été ignorées ou discréditées a priori par les discours modernes de la productivité, de l’efficacité, de la croissance et du profit.
La décroissance désigne en premier lieu la rupture avec l’occidentalisation du monde. Elle entraîne donc la réouverture de l’histoire au fond commun universel qu’on appelait traditionnellement « sagesse ». En revenant sur le stoïcisme, l’épicurisme, le cynisme, le taoïsme, le bouddhisme zen, les traditions indienne, africaine, amérindienne et bien d’autres, il s’agit d’abord, explique Latouche, de rappeler que l’humanité, par sa connaissance séculaire de l’homme et de ses passions, n’a pas attendu la démesure extrême de notre époque pour penser la mesure et les conditions de la vie bonne.
Les précurseurs modernes, quant à eux, développent une critique de la croissance de l’intérieur. Celle-ci s’articule d’abord autour de la lutte contre les méfaits sociaux et politiques de la révolution industrielle, exprimée par des socialistes « utopiques » comme Morris, Fourier, Owen…, ou des anarchistes comme Proudhon, Bakounine, Kropotkine… Plus proches de nous, ceux qui, à partir des années 1950, ont vécu l’essor de la société de consommation, l’emprise croissante de la technique et l’aliénation productiviste ont été, dans une large mesure, les fondateurs de l’écologie politique : Ivan Illich, Cornelius Castoriadis, André Gorz, Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, François Partant, Nicholas Georgescu-Roegen, etc. Enfin, l’ouvrage se penche sur toute une pléiade de quasi-contemporains moins connus (Murray Bookchin, Barry Commoner, Alex Langer…) ou auxquels on ne pense pas parce qu’ils étaient avant tout des écrivains (Léon Tolstoi, Jean Giono, Aldous Huxley ou René Barjavel…).


Avec la connexion planétaire des ordinateurs, des smartphones et des foules que tout cela forme, les organisations sociales et les individus qui tentent de s’approprier l’ évolution foudroyante de la technologie arrivent toujours trop tard. C’est ce que l’on appelle la disruption. Cette immense puissance installe un immense sentiment d’impuissance qui rend fou. Dans la disruption, les organisations sociales se désintègrent. Or les individus psychiques ne peuvent pas vivre raisonnablement hors des processus d’individuation collective qui forment les systèmes sociaux. Il résulte de cet état de fait un désordre mental qui incline au délire de mille manières sur un fond de désespoir où prolifèrent des types extraordinairement violents et meurtriers de folie. C’est ce dont la France découvre à présent la terrible réalité.
Ces sombres évolutions radicalisent les contradictions de l’Anthropocène, où ne cesse de s’aggraver le retard structurel des systèmes sociaux sur le système technique qui, en les désintégrant, désinhibe systémiquement les pulsions. Avec la réticulation numérique, le système technique qui s’est totalement planétarisé porte ainsi l épreuve que Nietzsche annonçait sous le nom de nihilisme à son acmé.
La disruption d’un côté et la folie qu’elle suscite de l’autre constituent deux formes de barbarie qui se nourrissent l’une l’autre ce que Theodor Adorno et Max Horkheimer virent venir dès 1944. La pensée de cet état de fait passe par une relecture de l’Histoire de la folie à l’âge classique de Michel Foucault, par une analyse des arguments que lui avait opposés Jacques Derrida, et par un dialogue avec Peter Sloterdijk décrivant l’histoire du capitalisme comme le déploiement d’un immense processus de désinhibition organisant une « propension à la folie » (cf. Le palais de cristal).
La question de la folie est l’épreuve de l’hybris ( ), qui est toujours elle-même la conséquence de la technicité des êtres non-inhumains, et dont la disruption, comme dernière période de l’anthropocène, est la radicalisation.
Pour la première fois, le philosophe livre quelques éléments biographiques notamment sur ses années d’incarcération pour braquage pour alimenter son propos sur la prison comme vecteur de radicalisation et de haine.
Un diagnostic d’une très grande lucidité.
4bis – Gravelle, Zisly et les anarchistes naturiens contre la civilisation industrielle
10 juin 2016


Tout ceci a une cause globale : la mondialisation malheureuse. Contrairement à ce qu’affirment ses partisans, la mondialisation sous sa forme actuelle n’est pas »heureuse ». Elle aggrave les inégalités. Elle précarise des milliards d’humains. Elle réduit en esclavage des dizaines de millions d’autres. Elle génère une crise mondiale des flux migratoires, qui en retour fait flamber la xénophobie. Elle pressure l’écosystème jusqu’à mettre en danger la survie de l’humanité.
Thomas Guénolé soutient que si la grande connexion mondiale des peuples, des économies et des cultures est irréversible, en revanche cette mondialisation malheureuse n’est pas inévitable. Solutions concrètes à l’appui, il propose de la remplacer par l’altersystème : une mondialisation à visage humain. En conclusion de son livre, il affirme que la victoire prochaine d’un parti altersystème dans une grande puissance économique mondiale est inéluctable.
octobre 2016
Simone Weil (1909-1943) fut une lanceuse d’alerte dont la voix fut recouverte en son temps. Ce qu’elle annonçait se vérifie aujourd’hui : le système capitaliste et industriel tend à détruire toutes les bases possibles d’une organisation différente, et il subsistera jusqu’à l’extrême limite de ses possibilités. Son appel à une dissidence ultime qui renouerait le « rapport originel de l’esprit avec le monde » doit donc plus que jamais être entendu.
Simone Weil a tenté de concevoir un projet de civilisation capable d’accueillir les tensions entre exigence de liberté et confrontation avec les limites matérielles du monde – la « nécessité ». Ce projet exige un renversement des valeurs instituées dans des sociétés vouées au « règne de la force ». Il annonce celui de la décroissance par son exigence d’une pensée lucide, le refus de la force et de la vitesse, la coopération, la décentralisation, l’amitié et le sens de la beauté.
Les auteurs réunis dans cette collection constituent les racines de la pensée politique de la décroissance. L’apport de Simone Weil à cette pensée est présenté ici par Geneviève Azam et Françoise Valon ; la seconde partie de l’ouvrage est composée d’extraits qui offrent un accès direct à son œuvre.

Présentation de l’éditeur
Biographie de l’auteur
Walter Benjamin (1892-1940) est un témoin précoce du basculement du monde vers le règne des machines et l’effacement de la magie. Son matérialisme historique inspiré de Marx, doublé d’une vision quasi mystique puisée dans la théologie juive, le conduit à explorer l’envers des objets et des villes, dans lesquelles il promène son regard de flâneur en exil. Il y pressent le caractère démesuré du XXe siècle, traversé par des champs de forces aussi puissantes que des entités cosmiques.
Formulée dans les « sombres temps » de l’entre-deux guerres, son œuvre contient aussi des ferments d’utopie et de résistance à la grande accélération qui s’annonce : le refus de l’utile, la possibilité permanente de renverser le cours des choses, l’émancipation des classes opprimées, les instants d’intensité arrachés à l’uniformisation du monde. Sa philosophie s’apparente à une constellation de pensée, un arrêt de l’histoire, un mode d’expérience du monde qui permettent de retrouver l’ici et maintenant, par-delà la catastrophe et la démesure des forces industrielles.
Les auteurs réunis dans cette collection constituent les racines de la pensée politique de la décroissance. L’apport de Walter Benjamin à cette pensée est présenté ici par Agnès Sinaï ; la seconde partie de l’ouvrage est composée d’extraits qui offrent un accès direct à son œuvre.
S’appuyant sur l’expérience zapatiste – une » utopie réelle » a fêté ses 20 ans –, ce petit livre incisif invite à rouvrir le futur et à engager résolument une réflexion sur ce que pourrait être un monde libéré de la tyrannie capitaliste. Construire (une autre réalité) et résister (aux avancées de la dépossession capitaliste) sont désormais deux aspects inséparables d’une même démarche, dont on ne peut ignorer la dimension conflictuelle.
Il est temps de rouvrir le futur. Et d’engager résolument la réflexion sur ce que peut être un monde libéré de la tyrannie capitaliste. C’est ce que propose ce livre, en prenant notamment appui sur les expérimentations sociales et politiques accumulées par l’insurrection et les communautés zapatistes, une » utopie réelle » de grande envergure.
Pratiquer une démocratie radicale d’autogouvernement et concevoir un mode de construction du commun libéré de la forme État ; démanteler la logique destructrice de l’expansion de la valeur et soumettre les activités productives à des choix de vie qualitatifs et collectivement assumés ; laisser libre cours au temps disponible, à la dé-spécialisation des activités et au foisonnement créatif des subjectivités ; admettre une pluralité des chemins de l’émancipation et créer les conditions d’un véritable échange interculturel : telles sont quelques-unes des pistes qui dessinent les contours d’un anticapitalisme non étatique, non productiviste et non eurocentrique.
En conjuguant un effort rare de projection théorique avec une connaissance directe de l’une des expériences d’autonomie les plus originales des dernières décennies, Jérôme Baschet s’écarte des vieilles recettes révolutionnaires dont les expériences du XXe siècle ont montré l’échec tragique. Il propose d’autres voies précises d’élaboration pratique d’une nouvelle manière de vivre.
Daniel Cohen passe au crible le modèle économique de nos sociétés modernes et propose des pistes pour en inventer un nouveau.Ce livre, en même temps érudit et d’une lecture abordable, est un guide essentiel pour temps troublés. Patrice Trapier, Le Journal du dimanche.Un livre riche de références historiques et philosophiques. Gérard Moatti, Les Échos.
5bis – Le dérèglement moral de l’Occident – 6 février 2017



L’économiste agraire Alexandre Chayanov (1888-1937), loyal soutien de la transition vers le socialisme fusillé pour ses idées par la police politique soviétique en 1937, a jeté les bases d’une étude rigoureuse de l’économie paysanne familiale. Encore largement à l’œuvre dans l’agriculture de subsistance des pays du Sud, celle-ci figure aussi dans les déclarations de nombreux paysans en lutte contre le développement des grandes exploitations agro-industrielles.
En présentant le fonctionnement d’une économie dénuée des catégories de base du capitalisme (salaire, intérêt, rente, profit) et fondée sur le sens populaire des équilibres, des échelles pertinentes de production et de l’autonomie locale, l’œuvre de Chayanov permet de combattre l’imaginaire de l’homo economicus. Sa réflexion sur l’extension coopérative de cette économie offre en outre de solides points d’appui à la réorganisation de la production agricole dans les sociétés de l’après-croissance.
Les auteurs réunis dans cette collection constituent les racines de la pensée politique de la décroissance. L’apport d’Alexandre Chayanov à cette pensée est présenté ici par Renaud Garcia ; la seconde partie de l’ouvrage est composée d’extraits qui offrent un accès direct à son œuv
7-La révolution transhumaniste : Comment la technomédecine et l’uberisation du monde vont bouleverser nos vies –
7 avril 2016 puis 12 avril 2017
de Luc Ferry

10 –Commentaires sur l’extrême radicalité des temps derniers : critique de la dictature démocratique du spectacle, de la marchandise terminale… – 1 mai 2016
Francis Cousin
Voilà plus de trente ans que Francis Cousin s’est attaché à produire une critique radicale du spectacle mondialiste de la marchandise autocratique, de sa décadence universelle, de ses man uvres monétaires intensives et de ses grandes manipulations terroristes étatiques. Ainsi, il en dévoile ici la généalogie, le développement et la fin en identifiant la dialectique historique des longues durées par laquelle a pu finir par se réaliser l’économie politique de la tyrannie démocratique du mouvement de l’argent. Il est, entre autres ouvrages, l’auteur de L’Être contre l’Avoir… En prolongement de la pensée critique des présocratiques, de Hegel et de Marx et en relation avec les luttes pratiques du mouvement communier multiséculaire, il dé-crypte le devenir du temps long dans une série de Commentaires où la pensée radicale permet à la fois de démontrer et dé-monter le mensonge quotidien qui, dans chaque fait, laisse apparaître les déterminations et les forces productives de la vie fausse… En s’appuyant sur la tradition primordiale de la communauté de l’Être telle qu’elle exprime la vie générique du cosmos non divisé par le travail aliénatoire des échanges, Francis Cousin nous invite à nous émanciper de la liberté despotique de la vérité inversée. Oui, ce sont bien les puissances ténébreuses de l’accumulation capitaliste qui sont partout à l’oeuvre et ce sont elles que l’humanité tout entière doit affronter en s’appuyant sur une conscience d’insoumission enfin retrouvée pour que la négation spectaculaire de l’épanouissement humain soit niée à son tour.
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12 -Penser le XXIe siècle – La troisième révolution industrielle: économie collaborative, transhumanisme et uberisation du monde –Téléchargement audio – Enregistrement original

La troisième révolution industrielle, qui commence avec l’invention du web en 1990, inclut en elle huit innovations révolutionnaires : les nanotechnologies, les biotechnologies, l’informatique (Big data et objets connectés), le cognitivisme (l’intelligence artificielle), les imprimantes 3D, la robotique, l’hybridation homme/machine et la recherche sur les cellules souches.
Si la philosophie est d’abord « son temps saisi dans la pensée » (Hegel), il est urgent de comprendre les promesses, les dangers et les enjeux éthiques, politiques et spirituels des deux retombées principales de cette nouvelle plateforme technologique à savoir, d’un côté le transhumanisme (le projet « d’augmenter l’homme ») et de l’autre, l’économie collaborative (« l’uberisation » du monde).
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Ainsi se confie le narrateur, coincé dans une aberration temporelle, au beau milieu d’un océan de ténèbres.
Pour ne pas sombrer, il se souvient.
Le parti de la Nouvelle Chair venait de parvenir au pouvoir et avait édicté toute une série de lois prônant le clonage pour tous et la « mort de la mort ». Il régnait dans la cité une atmosphère effervescente, pleine de ferveur révolutionnaire. La joie donnait aux visages d’étranges rictus d’assassins.
Seule une infime frange de la population avait échappé à cette lente désagrégation de ce qu’on appelait autrefois la nature humaine. Une mystérieuse épidémie frappait les étages inférieurs. Ces décès ne manquaient pas de susciter une terreur superstitieuse et l’adhésion en masse de nouveaux candidats à l’immortalité.
Le Crépuscule de la France d’en haut – 14 septembre 2016

14–Ecologisme et transhumanisme -des connexions contre nature

14bis – Notre ennemi, le capital – 11 janvier 2017
Si l’on veut réellement rassembler la grande majorité des classes populaires autour d’un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste (et non pas simplement accroître ses privilèges électoraux), il faut impérativement commencer par remettre en question ce vieux système de clivages fondé sur la « confiance aveugle dans l’idée de progrès », dont les présupposés philosophiques de plus en plus paralysants (du type « parti de demain » – celui de la Silicon Valley – contre « parti d’hier » – celui de l’agriculture paysanne ou de la culture du livre) ne cessent d’offrir depuis plus de trente ans à la gauche européenne le moyen idéal de dissimuler sa réconciliation totale avec le capitalisme sous les dehors beaucoup plus séduisants d’une lutte « citoyenne » permanente contre toutes les idées « réactionnaires » et « passéistes ».
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15 – La Société hyper-industrielle – Le nouveau capitalisme productif – 2 février 2017

Si le progrès ne réside plus guère que dans les moyens, qui ont tendance à augmenter sans cesse, il n’est pas surprenant qu’on le rencontre à chaque pas, avec le sentiment de rencontrer en réalité à chaque fois autre chose que lui. L’impression qui résulte de ce qui se passe est que le progrès est partout, et que pourtant sa physionomie ne peut plus être reconnue nulle part.


On ne retient souvent d’Orwell que son antitotalitarisme, central dans sa critique radicale de la modernité. Mais il s’accompagne aussi d’un souci de combattre la marche forcée de l’industrialisation du monde et ses ravages. Le souci écologique de George Orwell ne se dément pas tout au long de son œuvre. Ses positions sur les conditions réservées à l’homme par cette civilisation sont inséparables d’une réflexion sur celles infligées à la planète par le productivisme aveugle. Par sa critique d’une langue « pétrifiée », toute entière soumise aux impératifs de la marchandise, par sa description du « futur mécanisé » que l’empire techno-industriel promet à l’être humain, Orwell ne dénonce pas seulement les mythes qui portent l’idéologie du productivisme ; il en dévoile les fondements et les mécanismes, et nous fournit nombre d’outils pour les combattre et renouer avec l’entraide et l’ingouvernabilité de la « vie ordinaire ».
Les auteurs réunis dans cette collection constituent les racines de la pensée politique de la décroissance. L’apport de George Orwell à cette pensée est présenté ici par Stéphane Leménorel ; la seconde partie de l’ouvrage est composée d’extraits qui offrent un accès direct à son œuvre

On a toujours tendance à faire remonter les commencements de la science aux Grecs anciens. On tient pour acquis qu’elle relate un progrès en marche et se construit linéairement, de manière cumulative, chacun ajoutant une brique à l’édifice commun. La science serait universelle, surplombante, détachée de tout substrat idéologique et culturel, et les écrits de nos prédécesseurs ne seraient que des essais, souvent naïfs, pour nous permettre de devenir ce que nous sommes.
Il n’en est rien. La science est une construction culturelle à une époque donnée. Et la question du » progrès « , dans ce cadre, n’a pas grande signification.
En revanche, un chemin traverse la pensée occidentale depuis les Grecs : celui de l’ordre démonstratif, lancé par les Éléments d’Euclide, poursuivi en terre d’Islam, renforcé au XVIe siècle en Occident, où naissent les mathématiques comme nous les connaissons. Mais cet ordre démonstratif vaut pour sa forme, pas pour son contenu.
En prenant une position résolument critique, en revisitant les approches historicisantes de l’histoire des sciences tout autant que celle portant sur l’homogénéisation idéologique des pensées de l’histoire globale, Michel Blay expose une nouvelle sensibilité aux constructions du passé comme à celles du présent, et ouvre une nouvelle voie pour l’avenir.
19– La société autophage
14 septembre 2017

Le sujet fétichiste-narcissique ne tolère plus aucune frustration et conçoit le monde comme un moyen sans fin voué à l’illimitation et la démesure. Cette perte de sens et cette négation des limites débouchent sur ce qu’Anselm Jappe appelle la « pulsion de mort du capitalisme » : un déchaînement de violences extrêmes, de tueries de masse et de meurtres « gratuits » qui précipite le monde des hommes vers sa chute.
20 – Il n’y a pas de maîtrise démocratique de la science
19 décembre 2015
par Jean-Marc Lévy-Leblond
Physicien, professeur émérite de l’Université de Nice, Jean-Marc Lévy-Leblond appelle de ses vœux une « critique de science », une nécessité démocratique pour comprendre le sens et la portée de l’activité scientifique. Il est l’auteur d’un nouvel ouvrage, La science expliquée à mes petits-enfants, un condensé d’érudition pour appréhender les sciences dans toutes leurs dimensions.
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21 – Arnaque transhumaniste, arnaque productiviste
29/10/2016
par Sarah Dubernet
Sarah Dubernet, infirmière, titulaire d’un Master en Santé Environnementale, spécialiste des nanotechnologies.
Le Transhumanisme n’est-il pas le support idéologique du productivisme depuis ses débuts, tout autant qu’une très vieille arnaque qui se dévoile désormais sans complexe dans des discours « high tech » ? Le Transhumanisme est, avant tout, un discours terriblement laid sur l’existence et terriblement beau sur la technologie, à l’heure où celle-ci n’a jamais été aussi nocive et tyrannique. Il est temps de penser sérieusement − avec toute la gravité que cela implique − une résistance organisée à cette religion mondialisée dévastatrice.
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23– Qu’est-ce que l’écologie scientifique ?
26 novembre 2016
par Vincent Devictor
Comme toute science, l’écologie scientifique a le monde qu’elle prétend étudier qui lui colle à la peau. Cela n’invalide pas la scientificité de l’écologie mais, au contraire, confirme que l’écologie scientifique n’est pas différente des autres activités scientifiques. L’écologue doit assumer le fait que les interactions du monde vivant qu’il étudie sont elles-mêmes en interaction avec d’autres sphères, qu’elles soient éthique, politique ou citoyenne.
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Si l’on veut réellement rassembler la grande majorité des classes populaires autour d’un programme de déconstruction graduelle du système capitaliste (et non pas simplement accroître ses privilèges électoraux), il faut impérativement commencer par remettre en question ce vieux système de clivages fondé sur la « confiance aveugle dans l’idée de progrès », dont les présupposés philosophiques de plus en plus paralysants (du type « parti de demain » – celui de la Silicon Valley – contre « parti d’hier » – celui de l’agriculture paysanne ou de la culture du livre) ne cessent d’offrir depuis plus de trente ans à la gauche européenne le moyen idéal de dissimuler sa réconciliation totale avec le capitalisme sous les dehors beaucoup plus séduisants d’une lutte « citoyenne » permanente contre toutes les idées « réactionnaires » et « passéistes »
Daniel Cohen passe au crible le modèle économique de nos sociétés modernes et propose des pistes pour en inventer un nouveau.Ce livre, en même temps érudit et d’une lecture abordable, est un guide essentiel pour temps troublés. Patrice Trapier, Le Journal du dimanche.Un livre riche de références historiques et philosophiques. Gérard Moatti, Les Échos.
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25 – La mise en marché de l’Université
24 janvier 2017
par Eric Berr et Léonard Moulin
Nous ne sommes pas condamnés à une marchandisation croissante de l’enseignement supérieur et de la recherche. Refuser de brader l’avenir de notre jeunesse et du pays tout entier suppose d’augmenter significativement les dépenses publiques dans ces domaines. S’il n’existe pas de modèle idéal, il serait utile de mener une réflexion en ce sens si l’on souhaite favoriser un enseignement supérieur qui promeut l’équité et l’égalité des chances et cesse d’être un vecteur de reproduction sociale.
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26 – Pour en finir avec le dogme de l’Immaculée Conception de la science
10 janvier 2017
par Daniel Cérézuelle
La société peut-elle supporter plus longtemps un tel rythme de l’innovation scientifique et technique ? A quel niveau faut-il plafonner les investissements pour que les conséquences écologiques, sociales et culturelles de l’innovation soient assimilables par la société ? Ces questions concernent tous les citoyens. Mais réduire le financement de la recherche, c’est menacer la principale église de notre temps. Réflexions sur la « crise » française.
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29 – Subordonner les technosciences à l’éthique
15 février 2017
Geneviève Azam, Dominique Bourg et Jacques Testart, respectivement maître de conférences en économie à l’Université Toulouse II, philosophe à la Faculté des géosciences et de l’environnement à l’Université de Lausanne, et directeur de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Alors que la recherche de nouveaux savoirs honore l’espèce humaine, celle de nouveaux savoir-faire sous l’égide des marchés et d’une accélération des projets prométhéens engage la responsabilité des scientifiques. Les conséquences sur les humains, les sociétés et la nature sont telles qu’elles nécessitent le contrôle par la société.
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30 – Le mythe moderne du progrès : La critique de Karl Kraus, de Robert Musil, de George Orwell, de Ludwig Wittgenstein et de Georg Henrik von Wright – 17 février 2017
Bertrand Louart, Le mythe du Progrès, 2017
La discussion que mène Bouveresse est curieuse, car il s’inspire d’un philosophe finlandais inconnu, Georg Henrik von Wright auteur de l’ouvrage Le mythe du progrès (1993 ; trad. fr. éd. de l’Arche, 2000), qui relie le Progrès à la croissance
…Bouveresse souligne que ce Progrès, la croissance économique et l’innovation technologique continue, est une chose à laquelle tous les responsables politiques (ou les candidats à la présidentielle, pour prendre un exemple au hasard) adhèrent sans exception – même ceux que l’on présente comme « conservateurs » ou « réactionnaires ». L’idée toujours mise en avant est que la croissance économique est nécessaire pour que les pauvres deviennent un peu moins pauvres (p. 12), alors que dans les faits les riches ne cessent de s’enrichir et les inégalités se creuser dans des proportions faramineuses ; ou encore que l’innovation technologique permanente est indispensable pour résoudre les maux engendrés par la croissance et dépasser la finitude des ressources naturelles, alors que dans les faits les nouvelles technologies – y compris celles que l’on présente comme vertes (éoliennes industrielles, panneaux photovoltaïques, etc.) – sont encore plus énergivores et nécessitent encore plus de métaux rares, tout en étant toujours plus difficile à recycler.

La généalogie intellectuelle proposée par Serge Audier revient sur des évidences trompeuses, notamment celle qui voudrait que les mouvements émancipateurs n’aient abordé que très tardivement les enjeux écologiques. On redécouvre certes peu à peu des voix minoritaires qui, de Henry D. Thoreau à William Morris, avaient manifesté très tôt un souci inédit de la nature. Mais en les érigeant en héros solitaires, on contribue à occulter une nébuleuse beaucoup plus large et méconnue qui, entre socialisme et anarchisme, a esquissé les traits d’une » société écologique « . L’objectif de ce livre est d’exhumer et de reconstituer une pensée sociale de la nature et de l’émancipation, construite aux marges du » grand récit » socialiste et républicain.
De fait, cette tendance dissidente a été ignorée, marginalisée, voire combattue par les courants hégémoniques, qui ont souvent vu dans l’écologie un conservatisme traditionaliste ou un romantisme réactionnaire… Si les » ennemis » de la » société écologique » se trouvent bien entendu du côté des forces du capitalisme, il serait faux et dangereux d’oublier qu’ils font aussi partie de l’histoire même de la gauche et du socialisme dans ses orientations majoritaires, encore prégnantes.

On ne retient souvent d’Orwell que son antitotalitarisme, central dans sa critique radicale de la modernité. Mais il s’accompagne aussi d’un souci de combattre la marche forcée de l’industrialisation du monde et ses ravages. Le souci écologique de George Orwell ne se dément pas tout au long de son œuvre. Ses positions sur les conditions réservées à l’homme par cette civilisation sont inséparables d’une réflexion sur celles infligées à la planète par le productivisme aveugle. Par sa critique d’une langue « pétrifiée », toute entière soumise aux impératifs de la marchandise, par sa description du « futur mécanisé » que l’empire techno-industriel promet à l’être humain, Orwell ne dénonce pas seulement les mythes qui portent l’idéologie du productivisme ; il en dévoile les fondements et les mécanismes, et nous fournit nombre d’outils pour les combattre et renouer avec l’entraide et l’ingouvernabilité de la « vie ordinaire ».
Les auteurs réunis dans cette collection constituent les racines de la pensée politique de la décroissance. L’apport de George Orwell à cette pensée est présenté ici par Stéphane Leménorel ; la seconde partie de l’ouvrage est composée d’extraits qui offrent un accès direct à son œuvre
34-– Que serait une science responsable ?
10 avril 2017
par Isabelle Stengers
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Que ce soit pour des raisons éthiques, écologiques ou simplement économiques, nous sommes de plus en plus nombreux à chercher des façons de consommer moins, moins cher, et plus responsable.
Certaines solutions se trouvent à portée de main. En faisant davantage de choses vous-même, de votre pain à vos conserves en passant par du bricolage ou du petit élevage, vous réduisez votre impact sur l’environnement, faites des économies et acquérez des savoir-faire qui profitent à tous.
Que vous choisissiez de vous mettre à la permaculture, d’élever des poules, de conserver les fruits et légumes de votre jardin ou de construire un système de récupération d’eau de pluie, découvrez dans cet ouvrage toutes les clés pour cheminer vers plus d’autonomie.
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36 – La Religion industrielle: Monastère, manufacture, usine. Une généalogie de l’entreprise – 19 avril 2017

Cet ouvrage porte un regard anthropologique et philosophique de l’Occident sur lui-même. Cet Occidental selfie met au jour sa puissante religion industrielle, jamais vue comme telle.
L’industrie absorbe tout. Elle fait tenir l’architecture culturelle de l’Occident. Car l’Occident a bien une religion. Il ne s’est produit aucune « sécularisation ». La religion ne peut disparaître : elle se métamorphose. Avec la « Révolution industrielle », un « nouveau christianisme » technoscientifique a été formulé.
Cet ouvrage donne à voir la naissance, dans la matrice chrétienne, d’une religion rationnelle qui est désormais notre croyance universelle. L’esprit industriel s’est emparé du plus grand mystère de l’Occident chrétien, celui de l’Incarnation, et l’a inscrit dans divers grands Corps pour transformer le monde : ceux du Christ, de la Nature, de l’Humanité et de l’Ordinateur.
Pierre Musso explore la généalogie de la religion industrielle et met en évidence trois bifurcations majeures institutionnalisées dans le monastère (xie-xiiie siècles), la manufacture (xviie-xviiie) puis l’usine (xixe), avant de constituer l’entreprise (xxe-xxie). Son élaboration s’est accomplie sur huit siècles pour atteindre son apogée avec la « Révolution managériale », la cybernétique et la numérisation.
E 21 FÉVRIER 2017, a été adoptée par l’Assemblée Nationale, sous le n°926, une déclaration de principe relative à la science et au progrès dans la République
élaboré par l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques (OPECST),
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38 – Allons-nous continuer la recherche scientifique ?
20 juin 2017
par Alexandre Grothendieck, mathématicien
39 -Un ministère pour la transition
15 juillet 2017
par François Jarrige et Jean-Louis Tornatore
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40 – Choisir définitivement entre l’enfer et la raison
8 août 2017
par Albert Camus
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Les Désobéissants sont un collectif qui entend promouvoir et former à l’action directe non-violente et la désobéissance civile. Xavier Renou en est l’un des membres fondateurs ; il dirige la collection Désobéir aux éditions le passager clandestin.

43 – La technologie est une politique
par Philippe Godard, directeur de collections aux éditions Autrement, La Martinière et Syros, auteur de plusieurs essais, dont « OGM, semences politiques »
4 septembre 2017
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Avec lui, c’est une part de la conscience européenne qui a trouvé la mort.
Sébastien Rongier s’est retrouvé par hasard dans la petite localité espagnole, lieu à la fois solaire et tragique où les apports majeurs de l’écrivain et philosophe allemand à l’histoire de l’art et de la pensée prennent un relief particulier.
Où mieux qu’ici prendre conscience de la fragilité d’une pensée face au totalitarisme ? L’auteur trace le chemin qui l’a conduit vers ce penseur, au milieu des livres et des villes. Il dessine son portrait, entre souvenirs et mémoire des dernières années de l’existence de Benjamin. Celui qui avait à cœur de penser en dehors des systèmes s’est pourtant retrouvé acculé dans une impasse par le pire des systèmes qui soient. Et c’est autant l’impossibilité de penser autrement que celle de fuir qui l’a conduit à son geste fatal.
En ce début de XXIe siècle, cette impossibilité ne menace-t-elle pas à nouveau ?


voir la présentation sur la vie des idées
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49 – Le monde comme projet Manhattan
Des laboratoires du nucléaire à la guerre généralisée au vivant
Début août 1945, le monde, fasciné, découvre la puissance du feu nucléaire. Les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, deux villes choisies dans le but de « causer le maximum de dégâts et de pertes en vies humaines », sont l’aboutissement inévitable du projet Manhattan. Initié et mené dans le plus grand secret, ce dernier a réuni quatre années durant la fine fleur de la science internationale, les industries de pointe étatsuniennes (de Monsanto à Westinghouse) et la puissance de l’État adossé à son armée. Retraçant en un récit glaçant et solidement documenté l’histoire secrète de ce projet, Jean-Marc Royer montre comment la recherche d’une « solution totale » y prit vite le pas dans les esprits sur toute considération humaine. En cela, le nucléaire constitue une transgression majeure des interdits sociaux fondamentaux sous l’égide d’un puissant imaginaire structuré par la « rationalité calculatrice ».
Or le projet Manhattan est le strict contemporain d’une autre entreprise de mort massive, celle qui culmine à Auschwitz-Birkenau. La thèse de ce livre est que ces deux moments (Auschwitz et Hiroshima) sont les « points de bascule » d’une histoire inaugurée un siècle plus tôt dans l’alliance entre mode de connaissance scientifique, capitalisme industriel et États-nations, qui a débouché sur les premières lois eugénistes et les massacres de la « Grande Guerre ». Ces « secrets de famille » de l’Occident sont l’origine refoulée de la guerre généralisée au vivant que mène aujourd’hui la civilisation capitaliste, avec le consentement de foules subjuguées par cette mort érotisée depuis 1945. L’auteur en appelle alors à l’élaboration d’une théorie critique radicale et à l’historicisation de ces points de bascule pour que, levant le voile du refoulement, nous puissions faire face à ce qui menace désormais toute vie sur Terre.
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cf présentation sur comptoir .org
52 – L’occupation du monde
Sylvain PiroN
La principale thèse de ce livre s’énonce simplement : il reste un impensé théologique au coeur de la raison économique, et l’ensemble de la conceptualité économique porte encore la marque de cette provenance. Le noyau initial en a été formulé, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, par des théologiens éclairés qui n’y voyaient qu’un domaine particulier des relations sociales, requérant des règles morales spécifiques. Paradoxalement, les remaniements successifs de ce dispositif initial n’ont pas conduit à effacer, mais bien plutôt à en accentuer la composante théologique. Alors que les réflexions politiques et sociologiques ont eu maintes fois l’occasion de reformuler leurs postulats, la pensée économique est demeuré prisonnière de présupposés remontant à l’époque des Lumières, et cette structuration théologique invisible de l’économie est la première responsable de l’incapacité du monde occidental à faire face à la crise environnementale qu’il a provoquée. Au premier abord, il n’est pas évident que l’histoire intellectuelle du Moyen Âge occidental soit indispensable à une compréhension critique de la mondialisation actuelle, mais cet ouvrage vise à convaincre que c’est pourtant le cas. L’Occupation du monde est le premier volume d’une série de deux (le second tome paraîtra en 2019) consacrés à l’anthropologie économique occidentale et à son histoire, au sein de laquelle la pensée des scolastiques médévaux tient une place centrale.
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Votre titre à lui-seul constitue une provocation. Pensez-vous qu’elle est vraiment nécessaire et même urgente ?
Laurent Fourquet : Le fait même de percevoir mon titre comme une « provocation » témoigne du caractère hégémonique de l’humanisme dans la société occidentale, faisant de celui-ci l’une de nos ultimes vaches sacrées. Or, comme je tente de le démontrer dans mon ouvrage, l’humanisme procède d’une logique profonde qui, non seulement est différente de celle du christianisme, mais qui est à l’opposé de la parole chrétienne. Là où celle-ci valorise le don pur, libre et gratuit, l’humanisme, au contraire, est l’idéologie d’une appropriation généralisée du monde, et des choses au sein de ce monde, par le savoir qui les détermine, pour les classer et les ordonner au service d’une utilisation technique et/ou économique. L’humanisme constitue ainsi l’une des formes les plus systématiques de la volonté de puissance dont on sait, dès le récit de la Genèse, comment elle contrevient au verbe de Dieu.
Dès lors, toutes les tentatives, naïves ou intéressées, pour « sauver » le christianisme en faisant de celui-ci une anticipation de l’humanisme, ou une forme spiritualisée de celui-ci, aboutissent au résultat contraire de celui souhaité par leurs promoteurs : non seulement parce qu’il n’est au pouvoir de personne de rendre un cercle carré, mais surtout parce que, en l’espèce, ce cercle et ce carré s’apparentent surtout à l’eau et le feu : deux principes qui s’excluent. Dès lors, toutes les tentatives de « conciliation », de limage des aspérités du christianisme pour ramener celui-ci à une simple sagesse humaniste vaguement spiritualisée ne seront jamais assez : il faut que le christianisme aille toujours plus loin dans la dénégation de soi et la soumission à une logique qui lui est étrangère ; il faut qu’il meure pour être accepté.
Voilà pourquoi il y a urgence à dénoncer de telles tentatives et une urgence de plus en plus urgente : c’est l’essence même de notre foi qui est en cause, et la possibilité d’entendre encore, en tout cas en Occident, une parole qui mette en cause l’appropriation nihiliste du monde, qui constitue le grand mouvement de notre époque.
Pensez-vous que cette identification humanisme/christianisme constitue un leurre, préjudiciable à l’annonce de l’Évangile ?
Pour les raisons que je viens de mentionner, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir entre le christianisme et l’humanisme une relation d’indifférence polie où chacun d’eux rend un hommage distrait aux vertus de l’autre. Nous nous situons dans une contradiction métaphysique, qui nous oblige à choisir, quand bien même nous voudrions être dispensés d’un tel choix : soit l’humanisme « a raison », c’est-à-dire que la domestication du monde et de lui-même par l’homme, la course au pouvoir technique et économique, constituent la fin, dans les deux sens de ce terme, de l’aventure humaine et, dans cette hypothèse, le christianisme est définitivement discrédité puisqu’il promeut la désappropriation de soi au service des autres ; ou bien, nous considérons que le chemin actuellement emprunté par l’Occident (et le reste du monde « occidentalisé » avec lui) est un sentier de perdition, une course au néant, parce qu’aucun pouvoir, aussi sophistiqué soit-il, ne comblera ce que Pascal appelait la « misère de l’homme sans Dieu », l’homme n’étant grand que lorsqu’il parvient à contempler de face cette misère, et le christianisme retrouvera alors, pour les hommes de ce temps, sa jeunesse, son éternelle jeunesse.
Par-delà la relation à l’authenticité du christianisme, n’est-ce pas la civilisation contemporaine que vous visez dans ses fondements et ses pratiques ?
Même si je déplore la trahison de leur passé, dans ce qu’il eut de plus glorieux, qui caractérise les Occidentaux actuels, ce n’est pas cette sensation, en tant que telle, qui gouverne ma réflexion. En d’autres termes, je ne critique pas la modernité occidentale pour son infidélité au passé, mais pour ce qu’elle est aujourd’hui, pour son présent. Dans cette perspective, mon propos constitue, effectivement, une critique radicale de cette modernité et des forces qui la gouvernent, mais, pour moi, la critique de la modernité et la quête du sens le plus authentique du christianisme ne se dissocient pas.
C’est bien parce que cette quête gouverne ma réflexion que la « modernité » occidentale me paraît injustifiable, dès lors évidemment que l’on ne confond pas cette modernité avec, par exemple, le progrès scientifique mais que l’on saisit sous ce terme un système d’organisation et d’exploitation des choses au service de la volonté de puissance.
Réciproquement, c’est bien parce que la civilisation contemporaine est régie, à un point jusqu’alors jamais atteint dans l’histoire, par des forces de dévastation de l’environnement tout autant que de l’esprit, par la recherche obsessionnelle du pouvoir et du profit, par une gestion organisée des désirs au bénéfice de ceux-là seuls qui ont les moyens de satisfaire ceux-ci, c’est bien parce que ce monde et cette société, bâtis autour de la domination et de l’appropriation, sont, dans les faits, de plus en plus pauvres, de plus en plus tristes, que seul un christianisme vécu véritablement me paraît pouvoir nous sortir de l’ornière dans laquelle nous enfonçons chaque jour davantage.
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n54 – La déconstruction de l’homme
la déconstruction de l’homme « critique du système technicien »
Le mérite de ce livre n’est pas seulement de diagnostiquer avec lucidité les maux qui nous menacent. C’est aussi de proposer des solutions concrètes et d’apporter des remèdes. Bergson disait déjà que ce qui est condamnable dans le progrès technique, ce n’est pas tant la technique en elle-même que le déséquilibre qui risque toujours de s’instaurer entre la puissance matérielle dont l’homme dispose et sa croissance morale et spirituelle. Tout se passe comme si l’âme de l’homme était devenue trop petite dans un corps démesurément trop grand pour elle. Bergson nous invitait dès lors à donner au progrès technique un « supplément d’âme » qui permette à l’homme de reprendre le contrôle de ses instruments. Il faut que « la mécanique soit animée par une mystique ». Pour Éric Lemaître qui puise dans sa foi chrétienne, qui vitalise toute sa pensée, seule une « éthique de la non-puissance » peut mettre fin à ce fantasme de toute-puissance…
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Résumé
Pour ce théologien orthodoxe, la réponse à la crise environnementale et aux inégalités de richesse actuelles n’est pas uniquement politique et économique, elle est aussi fondamentalement spirituelle et morale. Il rappelle le lien fort entretenu par les différentes confessions chrétiennes avec la nature et leur statut d’autorités morales au sein des mouvements écologiques.
n57- Aux sources de la mythologie techniciste –
Daniel Cérézuelle sur Sens critique – 30janvier 2019
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Professeur à AgroParisTech et expert sur des missions de terrain aux quatre coins du monde, Marc Dufumier est l’un des spécialistes les plus reconnus dans le domaine de l’agroécologie. Alliant rigueur scientifique et engagement, il explique dans ces entretiens avec le journaliste Olivier Le Naire, pourquoi la révolution agroécologique est une réponse concrète, réalisable et globale à beaucoup des maux de notre monde moderne.
Concrète, vivante, optimiste et à la portée de tous, cette conversation redonnera espoir à toutes celles et ceux qui seraient tentés de baisser les bras.