Il y a quelques années, j’avais été très intéressé par ce livre « La Mémoire de l’Univers » où Rupert SHELDRAKE déployait de manière assez magistrale et impressionnante, cette hypothèse de la Causalité Formative ( cf là )- Cette hypothèse a été depuis reprise par un nombre de plus en plus important de scientifiques..
Mais ici, c’est plutôt une tentative d’essai, sur les possibles effets psycho-spirituels qu’engendrent – entre autres égrégores – ces champs d’informations et donc d’influences.
Essai :
Au-delà des Champs Morphiques…
ou l’Intuition libérée de la forme.
Volonté et concentration sont très souvent imbriquées dans notre façon de penser et d’agir. Elles sont telles des puissances tutélaires, présidant à la « réalisation » de notre moi. La volonté est alors ce feu ardent qui propulse notre « moi-je », vers l’assouvissement de ses passions, de ses désirs et de ses visées parfois hégémoniques. La concentration n’étant reconnue elle, que dans son aspect égocentrique : Une condensation de notre potentiel psychique, orientée vers tel ou tel sujet ou objet, toujours située dans la trame mentale ou émotionnelle de notre ego. Tout ceci a été amplement commenté déjà, et le monde semble fonctionner effectivement selon de tels canevas similaires. Cependant, nous avons sans doute tous connu des instants de forte concentration, sans que notre volonté n’intervienne pour autant ; et cela dans des phases de vie qui n’étaient pas nécessairement orientées spirituellement.
Un physicien, un chimiste ou tout autre chercheur par ex., peut connaître de tels moments d’intense concentration lorsqu’une découverte, un événement inopiné, se déroule là, devant ses yeux. La volonté, en cet instant précis, n’intervient plus, même si bien évidemment, elle a été le moteur qui a conduit l’homme jusqu’à ce moment précis et si particulier de la pure découverte, associée en cela au puissant désir de réussite.
Mais dans ce créneau de temps si singulier, où va jaillir la réponse, la solution après tant d’années d’hésitations, de tâtonnements et de recherche – et là précisément – où la volonté s’estompe, l’homme devient lui-même la somme de toutes ses facultés, porté par l’unique objet de son désir : Sa découverte.
Dans cet instant donc, ce n’est pas un exercice auquel participerait sa volonté de concentration. Cela s’apparenterait plutôt à une sorte d’état d’être particulier. A un niveau différent, et si nous sommes sensibles par ex. à la majesté des prémices d’un lever de soleil – en cet instant très particulier où toute la nature semble retenir son souffle, dans ce silence magique, juste avant que l’océan de lumière ne déferle repoussant l’obscurité de la nuit ; et bien nous nous apercevons que précisément en cet instant-là, nous pouvons aussi connaître et éprouver une forme de concentration – de saisissement – sans que la volonté n’intervienne en quoi que ce soit. Notre sensibilité, la particularité de notre état d’être en cet instant, seront déterminant du degré et de l’intensité de notre concentration face à un si merveilleux événement – ceci n’étant bien sûr jamais reproductible sur la base d’une action volontaire de notre part, comme le choix d’un lieu ou d’une saison. « Cela » nous saisit simplement, presque par surprise.
Cependant, il y a encore un support, mais qui n’était pas recherché. C’est un état de fait : L’aurore et ses prémices.
Nous nous levons pour notre journée de travail, l’esprit peut-être encore ailleurs, et, ouvrant la fenêtre, nous sommes soudain saisis par cette rencontre fortuite toute de splendeur. Silencieux, presque hors du temps, tout notre être est alors en concentration non préméditée, et toute espèce d’acte de volonté est ici, totalement exclu.
Nous sommes alors bien loin des exercices de concentration, des méthodes en tous genres et de certaines pratiques de yoga hyper mental par ex. Non, l’événement est là, nous ne l’avons pas recherché, mais nous sommes saisis de l’intérieur, en résonance harmonique avec lui, et nous devenons « concentration ».
Nous approchons là d’une forme de concentration où le mobile, matériel ou spirituel, tend à disparaître, mais reste cependant encore sous-jacent.
On s’aperçoit en effet qu’ici, la focalisation sur un point précis, est en fait une attitude d’écoute de tout notre être. Ce n’est pas seulement nos yeux qui découvrent la merveille, et par là s’émerveillent révélant ainsi une sorte de similitude naissante, mais tout notre être y participe : Notre respiration devient plus subtile, notre mental est déconnecté, au repos, notre ouïe perçoit tous les murmures de la nature qui s’éveille, sans les analyser. Bref, tout notre être n’est qu’écoute attentive, totalement détendu, mais particulièrement concentré.
Dans cette orientation, nous pourrions être portés à approcher l’instant magique, où le UN, nous transmettrait le si subtil Souffle de son Message – celui de l’Unité, du Tout en tous –
Instants fugaces, mais qui sont comme autant de rappels d’une Autre Réalité. Dès lors, l’imagination pourrait être tentée de prendre le relais, afin d’aller à la rencontre d’un « troisième type » de concentration – pour autant que nous ne puissions jamais, par bonheur, classer et répertorier ce qui ne peut l’être.
Cette concentration – sans but – sans objet – sans mobile – totalement neutre vis à vis de tout ce qui pourrait tenir lieu de support – État, sans aucun doute très particulier, où la Porte du Temps semble s’entrouvrir vers un Ailleurs indéfinissable. Et ce n’est vraisemblablement pas celui du folklore des mondes parallèles, et de ses cortèges d’apparitions et réalités, toutes empruntes de dualité.
Comme des égarés de l’au-delà, beaucoup de ces pèlerins de l’astral reviennent de temps à autre de leurs périples aventureux, avec amples moissons de descriptions et d’informations. Ce ne sont toutefois qu’autant de charges émotionnelles – de ces émotions semblables à la glu qui suinte parfois de leur enveloppe éthérique.
La Porte dont il est question ici, n’ouvre pas sur ces terres humides d’émotions, parfois de véritables cloaques, ou sur ces vallées « merveilleuses », si somptueuses ou lumineuses qu’elles semblent paraître à travers le prisme déformant des illusions. Ceci est peut être dû au manque de discernement, mais aussi le plus souvent, à la paresse spirituelle – Car ces pèlerins de l’au-delà, sont malheureusement avides de rencontrer, pour certains d’entre eux, des maîtres plasmatiques – figures ascensionnées ou pas, tutélaires à coup sûr, et en tous cas des hologrammes de plus, dans cette dualité qui n’en finit pas de nous illusionner.
Refermons alors ces lieux trompeurs, parfois enténébrés. Sachons qu’ils existent cependant, dans une réalité très relative, puisque sujette à l’entropie galopante, véritable marque de fabrique de la dualité. Nombreux sont ceux qui, malheureusement, se sont fait prendre dans ces pièges à glu de l’astral.
L’abord de cet Autre type de Concentration, pour la plupart de ceux qui sont en aspiration de cet Esprit d’Unité, pourrait passer par un cheminement au travers d’autres formes méditatives. Le but – l’objet – et le mobile appartiennent à un premier type de concentrations, qui sont à l’évidence les plus connues et les plus pratiquées, avec le renfort zélé de la volonté et/ou du désir :
Le but final et tant espéré de la réintégration à une divinité, ou autre.
L’objet-sujet, même élevé, du symbole, de l’image ou du texte.
Le mobile, même épuré, de la paix intérieure, de la maîtrise-de-soi .
Tous ne sont que trop souvent, des supports permanents, nos béquilles psychiques.
Alors peut-on se risquer à rester seul, debout, avec un simple et unique objet ou mobile, comme point d’appui provisoire ? Car de but – il n’y en a point. Le but serait une fin en soi, et la fin serait le début d’une cristallisation dans des schémas et des entrelacs, nouvelle prison psychique et émotionnelle. Le but signe l’arrêt de mort de l’évolution, c’est la stagnation dans des certitudes, et finalement le renforcement de l’illusion. Il devient donc un poids inutile, réservé à ceux qu’active encore la volonté de parvenir à quelque chose.
Ainsi, la volonté et le désir de réussir pourront être dépassés et abandonnés comme des guenilles, sur le bord du Chemin. Il n’y aura plus qu’un seul support très provisoire, et rien d’autre. Cette forme de concentration, à l’évidence plus rare car plus subtile aussi, n’entre pas dans des schémas pré-établis.
Puis un jour… ou jamais, dans cette vie ou ailleurs, l’homme passera sans avertissement aucun, dans un état de méditation, que l’on pourrait appeler du « 3ème type » !, dans un éclair du temps, que nous ne pourrons, bien évidemment et fort heureusement, jamais maîtriser.
Instant magique, où l’homme parvient au point de fusion alchimique, – où totalement uni en lui-même – sans tension aucune, sans division, sans attente, les pensées au Repos du Silence, en absolue neutralité, simplement en paix, car ayant dissout tous liens et entraves avec le monde de l’entropie, il franchira le seuil de l’Unité ; se « similarisant » dès lors, avec la Vibration unique de la Vie. Il devient ainsi pour lui-même, le médiateur pouvant pressentir au-delà de la trame titanesque des Champs morphiques et autres Egrégores, l’Echo lointain du Silence de l’Autre Ailleurs… en lui-même, car précisément en cet instant ultime, son intérieur et cet Autre, ne sont qu’UN.
Dans cette progression où chacun imprimera son propre rythme, oscillant entre l’aspiration et l’expiration, tels les mouvements lents du pendule qui capte les vibrations alentours, nous serons amenés à affronter une certaine désillusion – sur le monde environnant – c’est sans doute déjà le cas – sur l’humanité aussi ; mais sur nous-même, là le pas est plus difficile à franchir, car il en va de notre position, de notre image, de nos chers acquis – et pourtant la désillusion pourrait nous permettre d’entamer cette déprogrammation si nécessaire, si l’on veut laisser place à un nouvel état-d’être.
Trop souvent l’éphémère, le fugace, mais également le puéril voire l’infantile, gouvernent ou accompagnent nos actes « d’adultes » dans l’existence au quotidien.
Et les remords épisodiques d’un soir nostalgique de méditation, ne suffiront certainement pas à enrayer le mécanisme trop bien huilé, par tant d’années et de vies au service fébrile de l’illusion.
Se passe-t-il une seule journée sans que l’illusoire « moi-je » ne prédomine à un moment ou à un autre – toujours mendiant une reconnaissance, récupérant ou s’appropriant ceci ou cela, quêtant une estime « justifiée » bien sûr, de sa personne ? Comment pourrait-il en être autrement venant de lui ?
L’homme marche ainsi, de glorioles en glorioles – « Vanité des vanités » disait une voix de sagesse, mais le vent que les hommes poursuivent maintenant, devient de plus en plus pollué et nous intoxique par ses pestilences psychiques. Qu’on le veuille ou non, à des degrés divers bien sûr, nous réagissons tous sous l’influence pernicieuse de cette psycho-sphère ambiante.
L’empreinte des champs morphiques, des égrégores, de la Matrice, établit des inter-règnes entre les divers courants émotionnels et intellectuels. Sa trame est gigantesque et recouvre notre humanité, lançant ses ramifications innombrables dans tous les règnes.
Certains scientifiques tentent d’apporter des confirmations tangibles de cette interconnexion psychique qui régit notre monde. Les intuitions des Anciens décrivant les « égrégores », les « esprits-groupes », les « sphères psychiques de l’astral » etc… sont en train d’être confirmées – si besoin en était – par ces découvertes.
Et si beaucoup pensent être à l’abri de leurs influences, peu nombreux en fait son ceux qui en sont totalement indépendants dans le développement de toutes leurs pensées, de toutes leurs actions, et de toutes leurs émotions. Autour de nous, l’humanité ne réagit-elle pas en permanence, dans une conformité quasi totale, avec les différents et multiples trames de ces champs morphiques ? : Véritables sphères d’influences à forte gravité – On peut le constater de manière flagrante dans tous les regroupements, sportifs, politiques, sociaux, culturels etc.., mais aussi souvent, de manière beaucoup plus subtile – inextricables enchevêtrement mentaux et émotionnels, souvent porté à l’excitation par d’habiles manipulateurs, et qui opèrent en complète interdépendance, tissant ainsi le plus magistral réseau psychique de cette humanité. C’est alors un carcan ou un tombeau pour l’homme des différentes sphères. Mais rien n’étant définitif, le temps de la compréhension viendra.
On pourrait avancer aussi qu’une des origines de ces états d’interdépendance – armature principale de ce canevas machiavélique – a été forgé, en partie, au burin des tyrannies religieuses. Tyrannie toujours en vigueur pour certaines, dont la rigidité des dogmes a assuré jusqu’à nos jours la permanence du sinistre édifice. Cet étau de souffrance, qui enserre les consciences de l’humanité, depuis des Aéons.
Ces religions de la forme, qui furent, et sont encore pour certaines, des religions du sang, disposent de cette perfide influence pouvant conduire l’homme à des états de type mystico-religieux, véritables leurres engrammés, tels des artefacts, dans l’imagerie mentale ou la psyché des individus.
Dans ces structures dogmatisées, chargées de maintenir l’enclos psychique à l’abri des réflexions iconoclastes, nous constatons que ce ne fut jamais – sauf à quelques exceptions – une assemblée d’âmes lumineuses, vivantes, rayonnant la paix, et libérées des jougs, qui auraient délivré un message libérateur à l’humanité. Quelques uns sans doute, font exception – Du plus profond de l’Inde antique, l’un d’eux ne disait-il pas : « Ce que je vous dis, ne le croyez surtout pas sur paroles, mais expérimentez par vous-même ». Il fut l’unique guide à tenir de tels propos dignes, par le profond respect qu’il devait avoir pour l’âme humaine, la conscience. Il s’appelait Siddharta Gautama. Même si par la suite, la gangrène du culte et de l’idolâtrie, a complètement déformé, comme toujours, le message initial.
Et quel message du reste ? Celui d’un doux Ieschoua ? « Aimez-vous, les uns les autres ». Malheureusement les siècles passés ont démontré aussi qu’il ne fût pas appliqué ou si peu. Les siècles hurlent encore l’horreur des crimes, des inquisitions, des croisades et autres massacres, Albigeois, Cathares, etc…, dispensés par cet organisme religieux, comme d’autres également, liées au fameux livre. La mémoire informative est toujours là, dans les replis du temps. Rien ne se perd…. L’information reste engrammée dans les sphères psychiques de l’humanité.
Ce message cependant, ainsi que d’autres citations, existaient déjà presque mot pour mot parfois, sur les tablettes sumériennes, et dans d’autres récits (Mithra, etc…) « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » – Car, en dehors de ces « copier-coller » de l’histoire des croyances, dirait-on aujourd’hui, ces congrégations d’ego enchaînés au dogme, et recroquevillés sur la forme, ont par le jeu des joutes intellectuelles, et des influences multiples, façonné le dogme au ciment épais de leur matière cérébrale.
Il n’est pas étonnant alors de constater l’étouffement et l’oppression subis par bon nombre de chercheurs, qui fuient les temples de pierre, afin de rechercher ailleurs – chacun selon son aspiration – la fraîcheur du souffle inspiré, qui pourrait désaltérer leur âme.
La route est naturellement longue et semée d’embûches, tant les oppositions sont multiples. L’ignorance, l’immaturité et la précipitation aiguillonnent bien souvent les hommes vers l’une ou l’autre des nombreuses chapelles jouxtant les massifs édifices psychiques, que sont les champs de force de l’establishment religieux. Car leurs influences vont bien au-delà des structures visibles !
L’exotisme, le changement de décor ne suffiront pas car ils pourront en abuser plus d’un. C’est pourquoi, il semble qu’une vigilance aiguisée et une honnêteté sans faille, vis-à-vis de soi-même soient primordiales, avec en premier lieu cette interrogation : « Qu’est-ce qu’au fond, je recherche ? Et pourquoi ? » Ceci pourrait démontrer très vite que les mêmes schémas, les mêmes structures mentales, sont ici encore à l’œuvre.
Les mailles du filet sont si fines et si resserrées, que ne s’en libère pas qui simplement le voudrait. C’est sans doute le degré et l’intensité de cette soif de liberté, et non la volonté téméraire, qui déterminera la possibilité, ou non, d’échapper aux multiples liens de la forme. Ou du moins, de conserver assez de maîtrise et de lucidité, pour permettre de ne pas s’enliser dans une forme ou une autre, mais à chaque fois, d’avoir l’audace intérieure de rompre les liens… pour un jour peut-être, parvenir aux pieds de cette montagne mythique où meurt la Forme.
Et ce n’est ni une autoroute, ni un chemin de pèlerinage qui y conduisent, mais sans doute, un sentier très escarpé et solitaire, bordé d’abysses, offrant parfois, à un détour, la surprise de perspectives inattendues.
On a pu penser que ces religions-de-la-forme, qui délivrent toutes, une sorte de « prêt-à-penser » avec tout ce qui gravite autour, avaient malgré tout, une certaine utilité ? La question reste posée. Car il est vrai qu’une grande multitude ne serait peut-être pas encore prête, ni physiquement, ni psychiquement, ni spirituellement, à supporter un tel cheminement vertigineux. Véritable épopée « hors normes », « hors formes ». C’est un peu le hors-piste de la quête spirituelle, avec ses dangers, ses traquenards, mais aussi ses découvertes grandioses, d’où parfois, peut jaillir cette Mélodie du Silence…Porte vers la Vacuité ?
Mais les temps changent, et l’avenir n’est jamais totalement déterminé. De plus en plus d’âmes s’éveillent dit-on, alors leur chemin se croiseront, peut-être ou sans doute, dans cette épopée essentielle. Les limitations imposées par les religions-de-la-forme, sont-elles pour autant des barrières destinées à réguler, contenir ou ralentir une explosion qui, d’une manière ou d’une autre, devrait avoir lieu ? C’est un autre sujet. Celui de l’apprenti sorcier pris à son propre piège.
Car une explosion de ce type, a toujours été précédée d’une compression et d’un échauffement… et cela dure maintenant depuis des siècles! Le rouleau compresseur des religions a durement martelé et incrusté les différents credo dans les consciences. Des siècles à subir ce burinage systématique, ce façonnage des consciences, cette programmation, où têtes et cœurs ont été pétris au jus de l’angoisse, du mensonge, de la peur, et de la récompense, si l’on se soumet. Cela explique bien des comportements, et des conditionnements observables de nos jours. L’inquisition entre autres croisades, avait représenté le summum de la haine religieuse organisée, étalée au grand jour, orgueilleusement drapée dans l’hypocrite excuse du dogme bafoué. Mais elle couve encore et toujours sous les cendres, portant d’autres appellations. Intégrisme de tout bord – Congrégation pour la propagation de la foi etc…– Encore une fois, « Rien de nouveau sous le soleil !». C’est la doctrine même qui préside à la perpétuelle recherche de puissance et de domination, et donc du pouvoir et de l’hégémonie – orgueil boursouflé d’orgueil !
Dès lors, la forme ainsi compressée risque fort de voler en éclat, car elle pourrait avoir atteint les limites de sa résistance. L’homme de cette fin de 20 siècle, est un homme pressé, et même dans la spiritualité. Il voudrait atteindre une apothéose finale, avant même d’avoir mis le premier pas sur le chemin. Alors, coûte que coûte, il recherche une solution immédiate, sans comprendre qu’il lui faut avant toute chose « sortir » de ce dédale inextricable dans lequel il s’est fourvoyé.
Le mythe du Labyrinthe, atteint en cette fin de siècle une si forte densité, qu’il en devient tangible, presque palpable. Où est donc alors notre Fil d’Ariane ? Celui qui nous permettrait de transpercer tous les conformismes, de dissoudre tous ces agglomérats psychiques, toutes ces vieilles routines et ces pesantes conventions, toutes nos identifications à dominantes grégaires.
Le Minotaure devrait être facile à identifier. Ce taureau massif se repaît uniquement des impulsions de la terre, des sécrétions psychiques que nous investissons dans nos chimères. Mais le recherchons-nous vraiment pour l’anéantir ? C’est sans doute dans le noyau-même de nos illusions qu’il faudrait le débusquer. Car c’est lui – tel notre miroir – le véritable moteur de nos errances. Il absorbe ainsi l’énergie gaspillée et, tel le « trou noir » tapi aux cœur des galaxies, il active sans relâche les réseaux de liens captifs qui nous enserrent. Mais alors, où est le vaillant Thésée ?
De la sentimentalité « humide » du pseudo mystique, (eau)
à la spiritualité élitiste du fanatique religieux. (feu)
De la connaissance livresque et desséchée de l’intellectuel, (air)
aux activités dévouées mais serviles du dévot (terre) – empreintes d’arrière-pensées intéressées ; vastes et multiples sont les nuances et le raffinement des liens qui entretiennent cette captivité.
Le gigantisme et la diversité de ces lianes psychiques, pourraient nous faire douter de toute possibilité de nous soustraire un jour à leurs emprises.
Et pourtant, l’Antique Tradition ne parlait-elle pas déjà de cette Montagne où meurt la Forme ? Morphê, où la dissolution et l’anéantissement sont l’issue fatale du monde des formes – qu’elle soient physiques ou éthériques ?
(Morphê – nom grec signifiant : forme – à ne pas confondre avec Morphée, dieu des songes)
De ce passage au travers des champs morphiques, jadis empruntés lors d’un périple qui aurait conduit notre conscience, jusque dans cette dimension ; il nous reste l’imagination intuitive, celle qui est inspirée par des Informations non cognitives, en provenance d’une Conscience extra-neuronale. (Cette nouvelle approche, d’une conscience différenciée de la conscience ordinaire, commence a être abordée et étudiée par des instituts de recherche, des scientifiques et autres neurochirurgiens.). C’est peut-être cette Autre connexion, qui nous permettra de retrouver en nous, l’étroit passage permettant de se libérer de l’emprise de ces champs.
Mais pour se libérer, il faut sans doute connaître déjà ce qui nous subjugue, jusqu’à nous enfermer. Chacun de nous peut agir en ce sens, selon sa mesure, et reconnaître ces influences multiples et souvent pernicieuses – soit en observateur, soit le plus souvent encore, en tant qu’acteur encore imprégné de son rôle. Car aucun domaine d’existence ne semble pouvoir en réchapper – du religieux au politique – du social au spirituel – des grands mouvements de foules, au champ subtil des sectes élitistes.
L’esprit nationaliste est l’un des plus reconnaissables et fut souvent l’un des plus redoutables, comme émanation typique de l’égrégore d’une nation. Ce champ d’influence martial qui gouverne les hommes grégaires, pouvant aller jusqu’à leur faire détester et haïr leur voisins de frontières, pour la « bonne raison » qu’ils appartiennent à un autre champ d’influence. Ce ne sont alors que des prisonniers inconscients de leur captivité à tous les niveaux.
Et à l’échelle des clans et des familles – desquelles précisément on parle bien non sans raison, d’un « esprit-de-famille » – cette incrustation du sceau morphique et de l’égrégore, est bien là, et ne s’y soustrait pas, qui simplement le veut !
Peut-on rapporter à ce sujet ce que la tradition relate : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais la division (le brisement) Luc 12:52 » – « Je suis venu mettre la division entre le fils et le père, la fille et la mère, etc… Mat 10:35. »
« L’homme aura pour ennemi les gens de sa maison » Mat 10:36 » N’est-ce pas là, en un langage on ne peut plus direct et percutant, l’annonce d’une sorte de rupture nécessaire des champs morphiques. Ces sphères d’influences qui régissent les clans et les familles doivent effectivement être « ouvertes », si l’homme veut pouvoir recouvrer la liberté d’un penser autonome, la faculté de développer une imagination qui pourrait même être iconoclaste, et ainsi se relier à Autre Chose, et méditer hors du canevas, et des schémas imposés inconsciemment par les liens du sang. Par bonheur, beaucoup parmi les chercheurs y parviennent, car leur potentiel d’investigation, leur élan intérieur vers la recherche, cette quête d’un absolu indéterminé, comme une nécessité dans cette vie, est puissant. Mais ce ne semble pas être une majorité.
La division n’est pas à comprendre évidemment, comme le rejet de la personne en soi – père ou mère, qui seraient devenus infréquentables – absolument pas – mais dans la non-acceptation, dans la libération du « cercle de famille », cette emprise génétique, dans cette libre échappée, par une paisible décision intérieure. Ce cercle génère des liens captifs, des influences émotionnelles, parfois conformistes, mais aussi pouvant être ressenties comme étouffantes psychiquement, pour qui veut retrouver son autonomie intérieure.
Et comme on a pu le constater au fil des siècles, c’est exactement le contraire qui a été préconisé – voire imposé – par les hiérarchies religieuses de toutes obédiences, renforçant précisément cet « esprit-de-famille et de clan au moyen de pseudo sacrements, afin d’éviter que les esprits rebelles à l’autorité religieuse, ne puissent se développer et croître hors du sérail.
Les liens filiaux et parentaux traditionnels restent cependant ce qu’il sont – nous sommes dans cette existence avec les lois de ce monde. Mais c’est la conscience que l’on en a, qui pourrait avoir changé, et apporter ainsi une plus vaste et plus enrichissante dimension, aux relations entre les êtres… Pour autant que les uns et les autres aient cheminé dans la même direction. Sinon il sera fort possible, que l’un restera dans « l’apparence »,- le monde de « Maya », avec tout le poids de son inconscience, et que l’autre cheminera alors vers cet Ailleurs indéterminé, dans la solitude apparente d’une autre dimension de sa conscience. Car cette apparente solitude pourrait être un jour, la porte de la Vacuité.
Rappelons-nous quand même, que nous arrivons ici – seul – et que nous repartirons – seul -.
Alors ascendants et descendants sont bien les gardiens vigilants – bien que les temps changent – et presque toujours inconscients de leur rôle dans le maintien du groupe, dans sa cohésion vibratoire pourrait-on dire.
Cependant, il semble bien que l’époque actuelle annonce l’ éclatement de certaines sphères d’influences de type « conservatrices », mais c’est sans illusion, car une fois de plus, ce sera pour en reformer d’autres, sous de nouvelles apparences.
Qui donc est celui, qui peut alors dire en totale certitude, qu’à aucun moment, il n’a été « vécu » – comme l’annonce le philosophe « Nous ne vivons pas, nous sommes vécus » – Bien sûr, cela en fera sursauter plus d’un, et pourtant, un regard sans compromission aucune sur nous-même, peut nous assurer que cela est, ou a été, une réalité… bien regrettable. Car pour en revenir à cet exemple typique :
Que la patrie soit en danger, que résonne l’hymne magique, et le sang du peuple vibrera de nouveau au diapason de ce Champ d’influences.
Idem dans les églises, les sectes, les groupes spirituels – l’homme subit la « loi du groupe » qu’il le veuille ou non, et son comportement en portera longtemps l’empreinte.
L’homme grégaire est sous le sceau de l’égrégore. La sémantique nous le confirme si besoin en était, par les racines des mots : groupe-grégaire-égrégore. Et ce n’est pas Grégoire qui dira le contraire !
Le mimétisme, ce désir puéril de vouloir ressembler à ceci ou cela. Cette recherche d’une certaine dépendance émotionnelle. Tous ces « copier-coller », démontrent s’il en était, une forme d’immaturité, et surtout d’abdication de sa propre liberté intérieure, face à la puissance de ces champs morphiques. Ces champs induisent donc des comportements et des attitudes physiques et mentales, et en retour nous informons ce champ, par un effet bio-feed-back. L’enchaînement est ainsi assuré ! Il faudra une puissante prise de conscience, pour commencer à sortir de ce cercle vicieux.
Ce constat ne sera vraisemblablement pas partagé par beaucoup. Il est intéressant de noter cependant, que certains physiciens quantique, dans un autre domaine, celui de la Conscience, abordent les possibilités de rétro-causalité, et donc d’informations en provenance d’une autre dimension. Et ces champs « Morphogénétiques » ont aussi été très amplement étudiés, par le biologiste Rupert Sheldrake entre autres.
Mais on aura sans doute des difficultés à admettre que l’on est ou a été « manipulé » à un moment ou à un autre. Peut-être que les ablutions et autres pratiques rituelles de purification chez les anciens, sont les vestiges extérieurs d’une connaissance ancestrale de ces champs d’influences. Il fallait s’en défaire, en se purifiant par l’écoulement de l’eau sur son corps. Cependant, c’est bien intérieurement qu’il est sans doute souhaitable de prodiguer ce « rinçage » quotidien, si nous voulons conserver notre conscience libre, à l’égard des sphères d’influences.
Les Anciens parlaient aussi de « … ceux qui mangeaient et s’habillaient comme les Pharisiens » – et « de crainte de devenir comme eux » – Mais aussi : « Que les gardiens de pourceaux veillent à ne pas devenir eux-mêmes des pourceaux ». dixit la Bible !
En dehors de la dérive élitiste, voire raciste, que peuvent susciter de tels propos chez des êtres fragiles psychiquement, ou ayant une propension à l’inflation de l’ego, il semble quand même assez clair, que des « champs d’influences » non évidents, ne datent pas d’hier. Dans le meilleur des cas, nous en serons persuadés et nous pourrons tenter, par une vigilance sereine mais affûtée, d’agir sur telle ou telle tendance néfaste, en la portant sous la lumière crue de notre conscience active – sans compromis aucun envers nous-même.
Beaucoup peuvent éprouver une certaine sensibilité, plus ou moins subtile, à l’environnement ambiant, et traduisent parfois cela par un style de comportement « protecteur ». La réticence plus ou moins prononcée de certaines personnes à ne pas trop vouloir serrer la main d’autrui par ex. ou bien ce sentiment de rejet, voire de répulsion, d’un contact direct, attestent d’une telle sensibilité parfois exacerbée et qui peut frôler la psychose. Ses personnes semblent vouloir garder « leur » champ individuel indemne de toutes influences extérieures. On peut retrouver cela encore dans certains comportements dits religieux.
C’est ce qu’elles croient ! Car ne soyons pas dupes, il existe tant et tant d’autres canaux d’influence pour infiltrer le psychisme des individus. Notre environnement est saturé de déchets psychiques en tous genres, et ces pollutions sont largement propagées par les écrans. Ces « robinets à images » qui distillent sur le monde des milliards de stimuli, d’ordre pour l’essentiel, émotionnel – garant d’un bon audimat. Superficialité – niaiseries généralisées – culture grégaire – sont les principaux gagnants de cette méthode d’assujettissement des masses.
Nombreux sont ceux qui s’abreuvent à ces déversoirs d’images – le regard comme hypnotisé – fixant l’écran blafard, à la poursuite de leurs rêvasseries transistorisées.
Il est bien connu que la fixité du regard sur ce déferlement d’images, joue le rôle néfaste du phénomène hypnotique. Combien ne s’endorment-ils pas devant leur écran ? Facilitant ainsi l’infiltration polluante. Ceci n’a qu’un but : Perpétuer des chocs émotionnels, par le principal vecteur de l’image, afin de maintenir l’agrégation de millions d’êtres de part le monde, à un niveau vibratoire donné. C’est bien sûr un nivellement par le bas qui s’opère.
Il n’y a aucun conspirationnisme derrière tout cela, certains tirant des ficelles et la multitude étant assujettie. Nous sommes tous co-responsables et co-victimes – Du haut au bas de l’échelle, quelle que soit la position de l’individu, il est réceptif à ces champs d’influence tant qu’une prise de conscience inspirée ne s’est pas manifestée.
Certains ont rejetés tous ces accessoires douteux de la pseudo-culture, et se sont tournés vers une autre forme de rêverie, tout aussi polluée. L’illusion y règne également, et cela est d’autant plus sournois, que ceux qui s’y engouffrent, le font par réaction aux agressions du monde matérialiste. C’est alors l’illusion pseudo-mystique d’un caravansérail, regroupé sous la bannière du « New-Age ».
Beaucoup fuient les religions de la matière, celle des temples de pierres, des dogmes, des décorums et autres pontifes, pour accueillir à bras ouverts la « nouvelle vérité »… de l’illusion métaphysique de masse.
Mais l’instinct grégaire est toujours à l’œuvre quelque part, et la solitude – celle par laquelle, l’homme pourrait enfin affronter face à face la réalité de ses illusions – fait toujours aussi peur.
Alors la désillusion n’est pas encore pour demain. Il y a encore de beaux jours pour les mirages et les utopies en tous genres. Chacun trouvant sans doute utopique ce qui n’est pas conforme à son schéma ou à son credo personnel. Les leurres raffinés aux multiples facettes, abondent généreusement sur le marché des dupes.
Sachant qu’encore et toujours, l’homme préférera le mensonge à une approche de la vérité, toujours trop dure à assimiler . Ce mensonge confortable et douillet dans lequel il s’enfonce, jusqu’à en perdre conscience, étouffant toute vigilance intérieure.
Et l’ensemble de la trame émotionnelle et mentale de notre humanité, semble bien, pour une grande partie, être tissée dans l’étoffe robuste de ce mensonge permanent, de cette hypocrisie ambiante, souvent par totale inconscience.
Nous sommes là au cœur de l’illusion, et la nausée qui pourrait nous saisir en cet instant, sera alors la dernière secousse salutaire qui pourrait nous faire « violence » en faisant vaciller le joug tutélaire des Champs morphiques.
Mais il ne suffit pas d’une révolte de salon, d’un sursaut épisodique de notre conscience, ou d’une prise de position purement formelle, pour espérer parvenir à briser nos rudes chaînes. Il faudra à l’évidence beaucoup plus que cela, pour qu’une percée puisse s’opérer, dans l’épaisseur de la chape de plomb de la psycho-sphère.
Et ce ne sera ni une lutte, ni un combat singulier à mener fougueusement, contre tel ou tel obstacle extérieur, mais bien une Décision irrévocable, scellée dans le secret de notre intérieur. Décision vivifiée en permanence, de démasquer – en nous-même – toutes les ruses et les mensonges, qui génèrent ces liaisons avec les sphères d’influences environnantes.
Nous ne pourrons effectivement changer quoi que ce soit avec la charge héroïque de notre volonté. Ce serait même très certainement, un bon moyen d’engendrer l’inverse de ce que l’on escompte : Un glissement des leurres vers plus de raffinement encore. Cela nous replacerait au point de départ, avec la certitude illusoire cette fois, d’avoir vaincu l’obstacle. Nous recommencerions alors allègrement un autre chemin tout aussi pavé d’illusions, mais en croyant cette fois, avoir progressé vers cet hypothétique but.
Il est vrai que « l’illusionné » ne connaît pas le doute. Il est sûr de son fait – ce qui le pousse souvent à proclamer haut et fort sa certitude religieuse, spirituelle, ou ésotérique. Cette proclamation porte en elle le ferment de tous les fanatismes dont le monde est infesté. Elle est, comme nous le savons tous, le terrain propice à l’éclosion de tous les intégrismes, de toutes obédiences.
La « véritable certitude », n’est toujours que parcellaire, et donc paradoxalement provisoire, puisque relative, et soumise aux tourbillons et fluctuations incessants de la dualité. Qui pourrait en effet avoir l’outrecuidance d’une connaissance holistique de ce que nous appelons « Dieu », ou la Source Ultime ?
Et puis bien sûr la certitude, si cela était une réalité, ne se proclamerait pas, car elle est inexprimable et porte en elle l’humilité, due à l’ignorance sur tout ce que nous ne savons pas, et qui est sans commune mesure, avec les miettes d’un pseudo-savoir. Cependant, pour infime et relative qu’elle soit, elle peut être le vecteur d’une force inconnue, pouvant en étonner plus d’un parmi les matérialistes; car cette « petite force » peut permettre à l’homme qui l’abrite, de supporter le choc des tyrannies psychiques, qui veulent le déstabiliser, voire l’anéantir.
Ces Titans psychiques, ou Archontes, comme les désignaient les Anciens, ne s’insurgeront jamais contre le croyant dogmatique, le religieux à la dévotion émotionnelle, ou le pratiquant de l’occulte « savoir ». Tous ceux là n’ont rien à craindre. Ils travaillent avec plus ou moins d’opiniâtreté à renforcer les murs de leur enclos. Non, celui qui devra affronter leur fureur ou leur malice, c’est bien l’hérétique – celui qui pratique le « hors piste » spirituel. Et celui-là, se devra de veiller fidèlement sur son Silence intérieur – car c’est uniquement en ce lieu secret, et au travers de sa Présence, qu’il pourra apprendre à décrypter le message des étapes à venir.
La proclamation, est bien alors le constat d’échec d’un ego à l’anxiété introvertie. Il veut se rassurer lui-même en se réfugiant dans une spirale émotionnelle teintée selon le cas, de religiosité, d’un savoir spirituel ou occulte. Alors cet « illusionné » est sûr de son fait, et il le clame à tout va. Par contre, un imaginatif hérétique pourrait parfois être inspiré, mais il gardera toujours une bonne part de doute et d’incertitude, par la simple action d’une conscience constamment vigilante.
Ce sera son garde-fou, contre ces pulsions de certitude dont l’ego a le secret, et qui parfois se développent en lui de temps à autre. Ces spirales ascendantes, un peu comme si, soudainement, un vent puissant venait à se lever et soulever un coin du voile qui recouvre ces Mystères, là tout près, à portée de cœur.
Chacun sait que l’illusion procède d’une imagination exclusivement egocentrée. On se fait des illusions, dit-on, on s’abuse soi-même. Comptons sur celles dont nous sommes un peu conscients ! Quant aux autres, elles sont souvent si raffinées, fondues dans le décor, et par cela souvent indécelables ; et cela entraînerait de toutes façons une telle remise en question de notre confort intellectuel, moral ou spirituel, pour que nous osions les placer sous la lumière crue de notre conscience profonde.
L’illusion a toujours besoin d’un support, et l’on y trouve toujours et presque systématiquement l’insatisfaction intérieure. Insatisfaction qui se projette souvent dans des orientations ou activités religieuses ou sociales, comme autant d’exutoire psychiques.
L’illusion orientée sur ces aspects extérieurs, peut entraîner ainsi la dépendance, la soumission, la servilité et l’étreinte étouffante du carcan mental.
L’illusion orientée sur soi-même, génère très souvent une bonne dose d’orgueil, de l’arrogance, cette prétention de tout maîtriser, de tout savoir – bref, l’inflation du moi.
Le support est donc cette insatisfaction intérieure, et l’aiguillon, une angoisse existentielle plus ou moins refoulée. A tous deux, ils peuvent nous conduire à bride abattue, dans un chaos intérieur. Ceux qui aspirent à saisir entre leurs mains fébriles la « robe de sagesse » de leur dieu, ceux-là semblent courir le grand risque d’y succomber. Ceux sont aussi ceux qui aspirent au réconfort et à la quiétude conviviales « entre initiés », en compensation de toutes les souffrances et épreuves endurées au fil des vies, sous la tutelle des Archontes de la dualité, matrice du matérialisme forcené. Eh bien, ils risquent de trouver tout cela, s’ils ne prennent garde, que c’est précisément ces désirs insensés qui les ont conduit vers ce chaos intérieur, avec en prime la fameuse « gorgée d’oubli».
Ils se regrouperont alors dans le giron humide de leur obscure divinité – l’illusion aura ainsi scellée son œuvre sournoise et insidieuse. L’imagination aura été rabaissée et cloîtrée dans le carcan égocentrique, ou les gaz de sa décomposition, feront apparaître les « feux follets » de l’illusion – feu d’artifice final pour cette existence, à moins d’un gigantesque sursaut de conscience . Sinon, l’homme aura perdu pour cette vie l’accès au vol libre et sans contrainte de l’imagination sans limite – celle qui pourrait être inspirée par ce Mystère indéfinissable – celle qui à des degrés divers, rapporte de ses lointains voyages, l’Inspiration qui est aussi ce Souffle venu d’Ailleurs. Réalité d’une autre dimension, car on peut avancer que tout ce que l’homme est capable d’imaginer, dans tout le spectre du possible, du pire comme du meilleur, existe, a existé ou existera un jour. Rien ne pouvant être créé qui ne soit déjà une réalité présente, passée ou future. Ici le temps se dissout, puisqu’il est une fabrication de nos cerveaux, qu’il est relatif, et donc sans existence propre réelle, hormis l’illusion que nous lui prêtons.
Nous ne sommes pas propriétaire-créateur de notre imaginaire. Nous puisons de l’information, ici ou Ailleurs, et nous assemblons cela en formes pensées. La pensée peut être riche, profonde ou simplement belle, comme dépravée, sordide et noire. Mais l’information pré-existe, et nos assemblages de pensées vont contribuer à enrichir cette mega Banque de données : Inconscient collectif (C.G.Jung) – Noosphère (Teillard Desjardin) – Champs Morphiques (Rupert Sheldrake) – Âkâsha – Univers impliqué (David Bohm, La Physique de l’Infini) – Astral etc…, qui continueront à nous façonner, tant que nous n’aurons pas trouvé une réponse, dans cet ultime Silence – cette Vacuité, d’où l’univers même provient.
Il n’y a qu’une Seule Source Créatrice, et le petit homme ne peut lui, que « reproduire » – Tel un promeneur dans un somptueux jardin, il peut cueillir des fleurs selon son choix certes, et confectionner ainsi le plus beau des bouquets. Mais sera-t-il pour autant le créateur du bouquet dans sa totalité ? Tout au plus, un assembleur, plus ou moins inspiré, car, sans ces fleurs pré-existantes, point de bouquet. On ne peut imaginer l’Inimaginable à partir de Rien. Dès lors, nous ne sommes seulement et simplement que ces co-reproducteurs, qui puisons à telle ou telle source, pour retransmettre, souvent dans la teinture propre à chacun d’entre nous. Ce qui est souvent déjà assez, pour permettre au petit ego de se gausser du col.
Ainsi, cette inflation du moi, est vraiment le fruit empoisonné d’une vaste et triste comédie. En voulant s’approprier tel ou tel mérite, en cherchant à se draper dans les oripeaux de gloire fumeuses, happant tout ce qui alentours pourrait servir à étayer son maintien égocentrique… Jusqu’à projeter ses propres désirs inassouvis, sur sa progéniture, afin qu’au moins elle réussisse là, où lui a échoué. Ainsi sommes-nous. Gloriole par procuration, mais gloriole quand même pour ce pauvre petit ego si injustement malmené par le destin. Qui n’a pas observé ces élans de fierté, plus ou moins contenus, d’adultes, dont la progéniture avait gravi quelques barreaux de plus sur l’échelle sociale.
En d’autres temps et en d’autres lieux, un certain Jacob tentait lui de gravir aussi une Échelle – mais c’était Celle des Cieux – « Jusqu’à ce que le Père le bénisse », dit la tradition. On pourra ainsi juger de la chute vertigineuse qui se poursuit toujours dans notre humanité. Chute vers des abysses sans fond ? – à moins que cette fois, la bénédiction du « Père » n’intervienne pour un moindre mal, avant que l’irrémédiable ne se produise. Et cette intervention pourrait peut-être nous saisir tous.
Ah cette fameuse échelle sociale… dont les hauteurs sublimes culminent au niveau d’un pâté de sable – car il suffira d’une seule vague de l’océan de la vie, un peu plus forte que les autres, pour que le sable ne redevienne uniformément plat; dissolvant ainsi en un simple battement de paupières, les orgueils et les prétentions, qui font le lit des suffisances et des arrogances. Mais l’illusion est coriace. Elle est incrustée dans notre corps du désir : Désir de se « réaliser » soi-même ou par procuration. N’avons-nous pas tous entendu trop souvent cette affirmation : « Il faut se réaliser » – « il faut réussir à s’affirmer » etc…Cette sentence ne cache-t-elle pas en fait un petit « moi » insatiable. Moi qui ne devrait être que l’outil de quelque chose qui le dépasse – Outil précieux certes, mais seulement l’outil, le véhicule. « Vouloir se réaliser », c’est alors « l’outil » qui se prend pour le « maître-ouvrier ».
Si nous avions seulement le sens de la dérision envers nous-même, bien des errances nous seraient épargnées, et le ridicule de certains de nos comportements, comme peut-être cette divagation même !, de nos pensées ou sentiments seraient mis à nu, pour le plus grand bien de notre conscience.
Alors nous pourrions peut-être suivre le Fil de notre Imagination, sans qu’il nous conduise inexorablement à tourner en rond autour de nous même, nous entortillant dans un enchevêtrement inextricable de chimères.
Oui, peut-être que ce vol libre d’une Imagination intuitive, pourrait annoncer le prélude à l’ouverture de la Porte.
Il semble évident qu’une imagination inféodée à la volonté, court de grands risques de sombrer dans des chimères. Car l’ardeur brûlante de cette volonté, repousse ou calcine toute tentative d’approche de l’Intuition.
Cette Intuition qui, telle une onde de fraîcheur, un souffle éthéré, survient inopinément, en dehors de tout processus cognitif, mais toujours et seulement lorsque le « terrain » lui convient.
Dès lors, elle pourra servir de guide à l’imagination, dans son voyage exploratoire. Et si cette Intuition dispose d’assez d’espace et d’énergie pour croître et mûrir, elle deviendra cette épée de pur cristal, qui transpercera les couches épaisses et opaques surplombant notre monde.
Imagination et Intuition chemineront ainsi de concert, en parfaite harmonie, débarrassées des interventions belliqueuses d’une volonté exacerbée qui les conduirait au chaos. La concentration pourrait être alors cet état d’unité très particulier, qui peut survenir et croître, là, de manière totalement impromptue, lorsque les messages, les informations émanant de l’Imagination Intuitive, seront proches d’une certaine forme de transcendance. Sans doute de rares êtres de par le monde, ont-ils pu franchir le Seuil de cette Porte, rapportant ainsi dans les yeux de leur âme, l’Indicible Message, qu’aucune parole humaine ne pourra jamais transmettre.
L’éclat d’un regard, est un livre ouvert qui peut en dire plus que tout exposé. Et ce pour le meilleur, comme pour le pire !
Car de multiples voiles et ombres de toutes espèces peuvent imprégner la flamme du regard. Regards enflammés par le feu exacerbé de la volonté – Regards troublés par certaines zones de l’astral – Regards porteurs de relents souillés – Regards vides et sans vie – Regards absorbants, gouffres sans fond – Regards appuyés qu’anime la prétention de celui qui croit tout savoir – Quelle palette d’infinies tristesses représente cette partie de l’humanité, dans ces regards le plus souvent tournés vers la glèbe. Ce sont alors des horizons murés, au paysage morne. Quel étouffoir, que de devoir toujours être assujettis à des mobiles égocentriques – Quelle misère, que de ne pas en être conscient.
Mais aussi tous ces Regards solaires, qui rayonnent en silence – Ces Regards de Paix, qui bénissent toutes vies – Regards de sagesse – Regards si profonds, qu’ils nous font rencontrer notre âme, par la Lumière qui en émane – Regards de pureté, comme celui du tout jeune enfant, qu’il nous donne en leçon –
Oui le Ciel est si beau cependant… Mais il est là un Autre Regard, que celui des yeux, pour Le bien contempler.
=-=-=-=-=
Cessation des divagations ! – « où le digressif côtoie l’iconoclaste –
sur ce chemin pavé d’embûches. »
=-=-=-=-=
Patje Seko
Les Amouriers,