La sorcellerie

sorcier (Wikipedia)

Le Marteau des sorcières ( Malleus Malleficarum)  ( traité des dominicains Henri Institoris (Heinrich Kramer) et Jacques Sprenger (Jacob Sprenger), ayant eu place de coauteur, publié à Strasbourg en 1486 ou 1487. Il connut de nombreuses rééditions. Ce texte est utilisé dans le cadre de la chasse aux sorcières qui débute au xve siècle en Europe.)

le manuel de l’Inquisiteur (traité du dominicain français Bernard Gui (12611331). L’ouvrage, écrit en latin, porte sur les droits et les devoirs de l’Inquisition. Une édition complète fut publiée en 1886 par l’abbé C. Douais à Toulouse.)

Helena Scheuberinfemme autrichienne accusée de sorcellerie en 1485)

le Canon Episcopi (est le nom conventionnel donné à un passage du droit canonique médiéval.)Il constitue une source importante à propos des croyances populaires et des coutumes paganistes ayant survécu en Francie médiane à la veille de la formation du Saint-Empire romain germanique. Le folklore décrit dans le texte reflète les résidus des croyances pré-chrétiennes environ un siècle après la christianisation de l’Empire carolingien. Sa condamnation de la croyance en la sorcellerie est un argument important utilisé par les opposants aux chasses aux sorcières durant le xvie siècle, représentés entre autres par des personnages comme Jean Wier.

Vox in Rama (Vox in Rama est une bulle pontificale émise par le pape Grégoire IX en plusieurs exemplaires du 11 au . C’est le premier texte ecclésiastique officiel qui affirme la réalité de cérémonies maléfiques secrètes organisées par des hérétiques avec la participation du Diable. L’idée sera abondamment reprise au cours des chasses aux sorcière)

Errore Gazariorum(Les Errores Gazariorum est le nom d’un traité rédigé par un auteur anonyme vers 1430 et 1440 constituant une des premières tentatives de théorisation du concept de sorcellerie dans le cadre des chasses aux sorcières. Il est rédigé par un auteur anonyme qui est vraisemblablement un inquisiteur savoyardvaudois ou valaisan et aborde pour la première fois la notion de sorcières volant sur un balai pour se rendre au sabbat)

Formicarius (sorcellerie) (Le Formicarius, écrit entre 1436 et 1438 par Johannes Nider lors du Concile de Bâle et imprimé pour la première fois en 1475, est le deuxième livre jamais publié sur la sorcellerie (le premier livre étant Fortalitium Fidei )

Summis desiderantes affectibus ( « Désireux d’ardeur suprême »)est une bulle promulguée par le pape Innocent VIII le .La bulle est rédigée en réponse à la demande de l’inquisiteur Heinrich Kramer à disposer de pouvoirs explicites à poursuivre la sorcellerie en Allemagne, après avoir essuyé un refus d’aide par les autorités ecclésiastiques locales2. Cette bulle pontificale conduit les deux inquisiteurs Heinrich Kramer et Jacques Sprenger à mener en Allemagne, une chasse aux sorcières cruelle3. Ceux-ci rédigeront, en 1486 ou 1487, le Malleus Maleficarum (Le Marteau des sorcières), un traité sur la sorcellerie et les moyens pour lutter contre la sorcellerie (livre toujours édité de nos jours)4. Innocent VIII, donne une pleine approbation pontificale à l’inquisition afin de procéder à la correction, l’emprisonnement, punition et châtiment de ces personnes « selon leurs mérites ». La bulle reprend essentiellement les vues de Kramer, sur le fait qu’une épidémie de sorcellerie et une hérésie se produisent dans la vallée du Rhin en particulier dans les diocèses de MayenceCologneTrèvesSalzbourg et Brême, comprenant les accusations de certains actes.

la sorcière ( essai de Jules Michelet publié en 1862 à Paris, qui présente une vision romantique de la sorcière.)

Dans ses précédents ouvrages, l’auteur avait flétri la sorcellerie, qu’il définissait comme « la reprise de l’orgie païenne par le peuple ». Dans ce livre, il considère au contraire la sorcellerie comme la révolte populaire et naïve de la nature humaine contre les épouvantes et les oppressions du Moyen Âge

pour lire le livre 

affaire des démons de Loudun

les possessions d’Aix en Provence affaire d’hystérie collective qui se déroula en Provence au début du xvIIe siècle où elles furent qualifiées de séduction diabolique. Les acteurs en sont Louis Gaufridi, moine bénédictin de Saint-Victor de Marseille et curé des Accoules, ainsi que des religieuses ursulines d’Aix-en-Provence

affaire de possession au XVII ième siècle : les religieuses d’Auxonne

 

 

Aux  sources du Sabbat. Lecture croisée de l’imaginaire du Sabbat. Edition critique des textes les plus anciens (1430ca-1440ca) (2002)

Le marteau des sorcières -compte-rendu année 1991

Les sorcières et leur monde -1972). L’épidémie de sorcellerie en Europe au XVI ième et XVII ième siècle  dans de la Réforme aux Lumières ( compte-rendu)

La sorcière et l’Occident. La destruction de la sorcellerie en Europe des origines aux grands bûchers -1997

Démonolâtrie et sorcellerie au Moyen-Âge (1982- compte-rendu)

La peur en Occident (XVI-XVII ième siècle)– Jean Delumeau

Le Sabbat des sorcières -Carlo Guinzburg

Les batailles nocturnes. Sorcellerie et rituels agraires en Frioul au XVI et XVII ième siècle -Carlo Guinzburg

Fées, sorcières et loups garous au Moyen-Âge, histoire du double -1992

La vauderie d’Arras – Une chasse aux sorcières à l’automne du Moyen-Âge – Franck Mercier 2006 ( lecture intégrale)

La sorcière au village -Robert Muchembled -1979

chasse aux sorcières et démonologie (entre discours et pratiques ) ( XIV – XVIIième)

le diable au Sabbat. Littérature démonologique et sorcellerie (1440-1460)

Folâtrer avec les démons . Sabbat et chasse aux sorciers à Vevey (1448)- Martine Ostorero 

la sorcière moyenâgeuse faussement médiévale ? Construction d’une image fantasmagorique 

Fuga Satane. Musique et démonologie à l’aube des temps modernes 

références : 

Exode 22-18 : Tu ne laisseras point vivre la magicienne.

livre de Samuel 28

Pline l’Ancien 

 De la démonomanie des sorciers (1580) – Jean Bodin

estimation exécutions 

définition Sabbat, shabbat

bilan de la grande chasse aux sorcières en Europe au XVI et XVII ième siècle -Jacques Roehrig

Tremblez , les sorcières sont de retour ! ( Mona Chollet article octobre 2018 – le Monde diplomatique)

 

la chasse aux sorcières ( Wikipedia)

 

Une série documentaire de France Culture sur les sorcières en 4 épisodes: première diffusion 16 avril 2018

Cette série documentaire a donné lieu à un livre publiée aux éditions France Culture /Michel Lafon en octobre 2019 : Les sorcières, une histoire de femmes de Céline du Chéné

 

Bibliographie 

Cette série documentaire a donné lieu à un livre publiée aux éditions France Culture /Michel Lafon en octobre 2019 : Les sorcières, une histoire de femmes de Céline du Chéné

Liens

 

 

Épisode 1 : La chasse aux sorcières

Première diffusion : 16 avril 2018

Personnage mythique, historique, d’une grande richesse littéraire et iconographique, elle a traversé les époques, en se renouvelant, sans jamais disparaître.

Le corps diabolique de la femme est différent. Elle est supposée pouvoir voler dans les airs elle est plus légère que l’air… On pesait les sorcières pour voir si leur apparence corporelle et leur poids étaient concordants. Robert Muchembled

Son acte officiel de naissance – juridique du moins – c’est la toute fin du 15e siècle avec ses manuels en démonologie, son cortège de procès, ses bûchers. Un cycle de violence inouïe qui va perdurer pendant plus de 2 siècles et qui causera en Occident, la mort d’environ une soixantaine de milliers de sorciers.

L’église a inventé un grand ennemi mythique. Elle l’a trouvé parmi les pires êtres humains c’est-à-dire les femmes, en particulier les vieilles femmes rurales.  On n’a presque pas brûlé de citadines. Robert Muchembled

Pourquoi à un moment donné de l’Histoire en est-on arrivé à torturer, tuer et brûler des êtres humains – essentiellement des femmes- ? Qui étaient les « sorcières » ? Que leur reprochait-on ? Retour sur le contexte historique, religieux, sociologique dans lequel ces procès ont eu lieu.

Avec par ordre d’apparition :

  • Robert Muchembled, historien, professeur honoraire des universités de Paris
  • Pierre Fluckiger, archiviste d’état de Genève
  • Michel Porret, professeur d’histoire moderne à l’université de Genève
  • Marianne Closson, maîtresse de conférence en littérature du XVIe siècle de l’université d’Artois
  • Nicole Jacques-Lefèvre, professeure émérite des universités
  • Nathalie Coilly, conservatrice à la Bibliothèque nationale de France, responsable des incunables
  • Jean-Michel Sallmann, historien, professeur d’histoire moderne à l’université de Paris Nanterre
  • Arlette Farge, historienne du XVIIIe siècle, directrice de recherches au CNRS
  • Jacob Rogozinski, philosophe, professeur à l’université de Strasbourg

Lectures du procès de Michée Chauderon : Elina Löwensohn et Richard Bohringer

Un documentaire de Céline du Chéné, réalisé par Laurent Paulré

Épisode 2 : Sorcellerie

 

Une créature qui se déploie la nuit, se transforme en animal, se rend au sabbat, se livre à des festins et des orgies, mange des enfants et profane des rites chrétiens : voilà le portrait que l’on peut faire de la sorcière d’après les retranscriptions de procès des 16e et 17e siècles.

On sait le peu de crédit que l’on peut accorder à des aveux arrachés sous l’effet de la torture mais de nombreuses recherches dont le travail colossal de Carlo Ginzburg, professeur émérite d’histoire à l’université de Pise, permettraient aujourd’hui d’affirmer que tous ces éléments constituent un monde très ancien, présent dans toute l’Eurasie, lié à la nuit et au chamanisme. Carlo Ginzburg a reconstitué cette histoire. Il raconte cette véritable enquête menée en confrontant l’histoire et l’anthropologie. Son travail est devenu aujourd’hui la référence de toute personne s’intéressant à l’origine de la figure de la sorcière et du magicien.

Je suis née sorcière. J’ai toujours eu un bon lien avec les animaux, extrêmement puissant. Petit à petit, j’ai vu des choses que les autres ne voyaient pas, j’ai cru devenir folle et puis non. Katell

Puis, à partir des travaux de Carlo Ginzburg, nous cherchons à voir si aujourd’hui, il existe encore des sorcières dans la lignée de ces femmes de la nuit. Sont-elles les descendantes des sorcières chamaniques et des sorcières décrites par les démonologues du 15e siècle ?

Essayer de saisir les voix des victimes, c’est très difficile. Je n’ai jamais rencontré de témoignages écrits par les prétendus sorciers ou sorcières. Carlo Ginzburg

Avec par ordre d’apparition :

  • Martine Ostorero, professeur d’histoire médiévale associée à l’université de Lausanne
  • Carlo Ginzburg, historien, professeur émérite à Pise et à Los Angeles
  • Katell, sorcière
  • Céline Chanas, directrice du musée de Bretagne, Champs Libres  à Rennes
  • Jeanne Favret-Saada, anthropologue, directrice d’études honoraire à l’EHESS

Les lectures des « Admirables secrets d’Albert le Grand » et du « livre des secrets » de Dominique Camus sont faites par Elina Löwensohn.

Épisode 3 : Figures de sorcières

La littérature s’est très vite emparée du personnage de la sorcière. Du rôle de méchante à celui de personnage fort et féminin dans la pop culture, les sorcières sont légions dans les contes de fée, la littérature jeunesse et en littérature.

Première diffusion : 18 avril 2018

La sorcière est fictionnelle par essence. Il n’y a jamais eu de sorcières en réalité, encore moins de sorcières démoniaques, il n’y a jamais eu de sabbat. La sorcière démoniaque, telle qu’elle s’est construite au au 16e siècle, a aussi des origines littéraires, c’est-à-dire qu’elle a été construite à partir de textes littéraires, en particulier antiques. Marianne Closson

Vieille femme diabolique, belle et jeune séductrice, femme marginale et romantique : sur quoi reposent ces archétypes et d’où viennent-ils ? Quels rôles jouent les sorcières ?

Une fois l’époque de la chasse aux sorcières révolue, cette figure féminine va évoluer, se doter d’attributs et de caractéristiques jusqu’alors inconnus. La Sorcière de Jules Michelet (1862) y est pour beaucoup mais c’est aussi pendant les années 1970 qu’elle va redevenir un objet d’étude et de fiction. La littérature, la peinture, le cinéma, les séries télévisées et la BD vont faire qu’aujourd’hui la sorcière peut s’appeler Samantha et être une mère de famille sympathique et « bien aimée », ou se parer d’atours glamour et sexy comme les 4 sœurs sorcières de la série Charmed, nous menant bien loin des bûchers des 16e et 17e siècles.

Un autre visage de sorcière nous sera offert grâce à Latifa Laâbissi, danseuse et chorégraphe dont le travail de danse est centré autour de la figure de la sorcière et de la femme forte. Elle interprètera pour nous « la danse de la sorcière », de la chorégraphe allemande Mary Wigman (1914), véritable OVNI dans l’histoire de la danse.

Avec, par ordre d’apparition :

  • Marianne Closson, maîtresse de conférence en littérature du XVIe siècle de l’université d’Artois
  • Nicole Jacques-Lefèvre, professeure émérite des universités
  • Philippe Rouyer, collaborateur à Mauvais Genres, critique de cinéma à la revue Positif
  • Maxime Préaud, conservateur honoraire des bibliothèques
  • Latifa Laâbissi, chorégraphe et danseuse
  • Christophe Chabouté, auteur et dessinateur de bandes dessinées
  • Fausto Fasulo, collaborateur à Mauvais Genres, rédacteur en chef à Mad Movies

Lecture de « La Sorcière » de Jules Michelet faite par Elina Löwensohn -Merci au Triangle, cité de la danse, à Rennes.

épisode 4 : sorcières, nature et féminisme

Depuis quelques années, il existe un véritable engouement autour de la figure de la sorcière. Aujourd’hui la sorcière est féministe, politique et souvent queer. Pourquoi a-t-elle ainsi évolué ?

Les sorcières, ce sont des femmes rebelles. Xavière Gautier

Si la figure de la sorcière paraît plus positive, c’est grâce à « La Sorcière » de Jules Michelet mais aussi aux mouvements féministes des années 1970 qui s’en sont emparés pour en faire un objet d’étude, il existe même une branche en gender studies intitulée witch studies.

La dernière partie de cette série documentaire retrace l’existence de ces différents mouvements féministes des années 70 qui s’appuient sur la figure de la sorcière. En France, la revue Sorcières est créée par Xavière Gauthier en 1975 (publiée jusqu’en 1982). La sorcière y est une femme révoltée, créative, politique, en lutte contre le patriarcat. Aux Etats-Unis, Starhawk, sorcière wicca, écrivaine, militante écoféministe propose des rituels qui réunissent activisme écologique et anticapitaliste avec la magie. Certains de ses écrits sont édités dans la collection de sciences humaines « Sorcières » créée par Isabelle Cambourakis en 2015.

En anglais, sorcière se dit « witch ». Ce terme désigne les adeptes des anciennes traditions pré-chrétiennes qui vouaient un culte à la terre, des religions païennes qui ont vu le jour en Europe, au Moyen-Orient et ailleurs. Le mot « witch » vient de la racine anglo-saxonne « wik » qui signifie « faire plier », « tordre ». C’était donc quelqu’un qui pouvait changer votre destin. Starhawk

« Magie nature et art, avec Christelle Enault, spiritualité et féminisme queer avec Camille Ducellier, magie et actions politiques avec une représentante anonyme d’un witch bloc : 3 figures de jeunes sorcières à découvrir dans ce documentaire. »

Herstory Camille Ducellier
24 mai 2019
L’ entretien a été filmé le 14 Mai 2019 à Synesthésie ¬ MAINTENANT, Saint-Denis — dans le cadre du programme d’exposition Résidence secondaire de Lou-Maria Le Brusq — sur une invitation de Julie Crenn et de Pascal Lièvre, dans le cadre de l’exposition Lignes de vies – une exposition de légendes. Exposition collective du 30 Mars au 25 Août 2019 au MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne. Camille Ducellier est une artiste multimédia, elle se passionne pour la figure de la sorcière contemporaine. Si les formes artistiques peuvent varier – documentaire, art interactif, installation sonore -, les sorts sont bien toujours les mêmes : rêver l’obscur, dévoiler les corps, relier le politique au spirituel.
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