Saint Benoît- Benoît de Nursie puis Benoît d’Aniane

 

Cette page s’inscrit dans la collection Histoire du christianisme en 14 volumes proposée par Le Temple des Consciences.
Elle retrace la vie de Benoît de Nursie (VIᵉ siècle), fondateur de la Règle bénédictine, et celle de Benoît d’Aniane (IXᵉ siècle), son commentateur et propagateur dans l’Empire carolingien.

Vie et spiritualité de Benoît de Nursie

Né vers 480, Benoît de Nursie – aujourd’hui Norcia au centre de l’Italie-quitte Rome pour mener une vie de solitude à Subiaco, avant de fonder le célèbre monastère du Mont-Cassin. – Montecassino entre Naples et Rome-
C’est là qu’il rédige la Règle de Saint Benoît, texte fondateur du monachisme occidental, qui prône la prière, le travail et la vie communautaire selon un équilibre de modération et de discipline spirituelle.

Principes de la Règle bénédictine

  • Modération dans la vie quotidienne ;
  • Gravité dans la prière et les actes ;
  • Austérité comme voie d’humilité ;
  • Douceur et charité fraternelle.

Ces valeurs ont profondément marqué la vie monastique et l’organisation spirituelle de l’Occident chrétien. La Règle reste aujourd’hui une référence pour les communautés religieuses du monde entier.

Benoît d’Aniane et la réforme monastique

Trois siècles plus tard, Benoît d’AnianeAniane commune au nord du département de l’Hérault-entreprend de réformer le monachisme sous le règne de Charlemagne et Louis le Pieux.
Il adapte la Règle de Saint Benoît aux réalités du IXᵉ siècle, unifiant les pratiques et consolidant la place du monachisme dans la société carolingienne.

Un héritage spirituel durable

L’action conjointe de Benoît de Nursie et de Benoît d’Aniane a façonné les fondations spirituelles, éducatives et culturelles de l’Europe chrétienne.
Leur héritage se retrouve dans les ordres bénédictins et cisterciens, dans la liturgie, et dans l’esprit de paix et de prière qui anime encore les monastères contemporains.

 

 

 


 

 


La règle de Saint-Benoît ( intégrale) –DOM CLAUDE DE VERT, trésorier de l’abbaye de Cluny,  Pour l’édition de 1689.

Benoît de Nursie( VIè siècle)sur Wikipedia

Benoît de Nursie est né vers 480 à Nursie en Ombrie et il est mort en 547 dans le monastère du Mont-Cassin.

Il est considéré par les catholiques et les orthodoxes comme le patriarche des moines d’Occident, grâce à sa règle qui a eu un impact majeur sur le monachisme occidental et même sur la civilisation européenne médiévale. Il est souvent représenté avec l’habit bénédictin (coule noire), une crosse d’abbé, ainsi qu’une bible.

Son enfance se déroule à Nursie, où il vit avec ses parents et reçoit une bonne instruction. À cette époque, les enfants de l’aristocratie sont placés sous la direction d’un esclave particulièrement instruit, ce qui fut sans doute le cas de Benoît.

Sa gouvernante et lui quittent la ville par la porte Tiburtine et marchent vers le sud. Ils s’arrêtent à Enfide, où ils trouvent refuge dans l’église San Pietro. Enfide (actuellement Affile) est une localité située à 50 kilomètres de Rome, sur le versant des monts Ernici. C’est dans cette localité qu’aurait eu lieu le premier miracle de Benoît : sa servante ayant par maladresse cassé en deux un crible emprunté à une voisine, Benoît prie et l’ustensile se répare sans présenter de trace de fêlure. Ce miracle conduit à sa soudaine popularité, il décide alors de fuir tout son entourage pour « aller dans le désert » dans la localité voisine de Subiaco et y mener une vie érémitique.

Un certain jour, alors qu’il est seul, Benoît commence à penser à une femme très belle qu’il a rencontrée lors de son séjour à Rome. Face à cette tentation de retourner dans le monde, il se roule nu dans un buisson d’épines et d’orties et s’immunise ainsi contre toute tentation ultérieure.

Dans sa quête de solitude, qui ressemble à celle d’Antoine le Grand, Benoît rencontre à Subiaco un moine, nommé Romain, à qui il demande de lui indiquer un lieu peu visible et difficilement accessible. Ce moine lui montre une grotte, au pied d’une falaise, où Benoît s’installe. La grotte sera baptisée plus tard la Sacro Speco, la Sainte Grotte.

La vie érémétique de Benoît s’arrête au bout de trois ans, quand le moine Romain ne vient plus le visiter, peut-être pour cause de décès. C’est au cours de la nuit de Pâques, alors que Benoît a perdu toute notion de calendrier, qu’un curé de campagne est incité en songe à lui apporter de la nourriture. Il écoute la voix du songe et, peu après, parle de Benoît autour de lui. La renommée de Benoît croît et de nombreuses personnes des alentours lui rendent visite.

Peu de temps après, des moines ayant perdu leur supérieur demandent à Benoît de devenir leur abbé]. Après avoir décliné une première fois l’invitation, il se laisse finalement convaincre et décide alors de quitter sa grotte pour Vicovaro.

 

C’est vers 510, que Benoît devient abbé pour la première fois. Très vite il se rend compte que sa communauté de Vicovaro ne respecte pas rigoureusement la règle de saint Pacôme qui avait organisé les premières communautés religieuses. Benoît cherche à y restaurer l’ordre, en rétablissant l’autorité et les pénitences. Très vite les moines regrettent de l’avoir élu abbé. Ils cherchent alors à l’empoisonner en mélangeant des herbes vénéneuses à son vin. Lors du bénédicité, Benoît fait un signe de croix et sa coupe de vin se brise. Sans violence, il décide de partir et de retrouver la solitude de sa grotte.

Benoît semble soulagé de retourner à sa retraite : « Il revint alors au lieu de sa chère solitude et, seul sous le regard de Celui qui voit d’en-haut, il habita avec lui-même ».

Sa piété et sa renommée attirent de plus en plus de personnes auprès de Benoît, au point qu’un des prêtres de la région, Florentius, jaloux de son influence, cherche à en diminuer l’éclat : il calomnie Benoît, puis interdit à ses paroissiens d’aller le voir. Il envoie à Benoît un pain empoisonné, destiné à être béni et partagé conformément à la pratique chrétienne appelée. Benoît, soupçonnant la malveillance de Florentius, présente le pain à un corbeau apprivoisé et lui ordonne d’emporter au loin le funeste cadeau].

Après avoir évité la tentative d’empoisonnement par le vin, Benoît déjoue le complot d’empoisonnement par le pain. Enfin, Florentius envoie sept femmes païennes nues danser aux abords des monastères, afin de réveiller le désir sexuel des jeunes moines.

Devant l’hostilité de Florentius, Benoît, accompagné de quelques moines, décide de quitter Subiaco, laissant au frère Maur la charge des moines restants. Au moment de son départ, Benoît apprend que le père Florentius vient juste de décéder dans l’écroulement de sa maison et pleure cependant la mort de son ennemi. Il ne modifie pas sa décision de quitter ce lieu hostile, craignant pour la vie de ses moines.

De Subiaco, Benoît et ses compagnons partent (en 529 ?) vers un bourg au flanc d’une montagne, dans une région plus aride et alors moins christianisée, pour s’installer au lieu-dit Cassino, le mont Cassin. Ce lieu avait été un camp de la légion romaine.

Au cours du séjour de Benoît à Subiaco et au Mont-Cassin, nombre de miracles relatés par Grégoire le Grand sont interprétés par certains analystes comme la répétition de miracles analogues de l’Ancien et du Nouveau Testament, en particulier des miracles attribués aux prophètes Élie et Élisée.

Vers 540, il établit à leur intention une règle de vie, appelée ensuite la règle bénédictine, dont l’expansion sera immense et qui sera par la suite reprise et codifiée par saint Benoît d’Aniane. Inspirée de l’Écriture sainte, elle recommande aux moines, qui vivent en communautés dirigées par un abbé, de respecter quatre principes essentiels :

  1. la modération (discretio, en latin) qui est présente dans les usages quotidiens de la nourriture, de la boisson et du sommeil ;
  2. la gravité qui a pour corollaire le silence ;
  3. l’austérité qui implique l’éloignement du monde et le renoncement à la possession ;
  4. la douceur faite de bonté, d’amour évangélique, d’hospitalité exercée envers les humbles.

Astreints à la lecture et au travail manuel, les moines doivent se consacrer au service de Dieu qui culmine dans l’office divin. La vie monastique est répartie d’une façon rigoureuse, tout en laissant place à l’indulgence envers les limites individuelles. Elle comprend des temps de prière, de lecture et de travail manuel. L’organisation de la vie cénobitique est rythmée par l’alternance de tâches régulières et quotidiennes et de célébration des offices. Ainsi les trois pôles de la vie monastique, la prière, le travail, et la lecture, deviennent un moyen pour se consacrer au service de Dieu. D’où la célèbre devise bénédictine, qui n’apparaît pourtant pas dans la Règle : Ora et labora (Prie et travaille, en latin).

La règle de Saint Benoît a une influence considérable sur le monachisme en Occident et dans le monde, ainsi que sur toute la vie intellectuelle du christianisme. Cette règle propose, en même temps qu’un cheminement vers Dieu, un idéal de vie en collectivité. Elle est parfois prise comme exemple pour l’organisation en entreprise.

Benoît d’Aniane (IXè siècle)

La règle est reprise par Benoît d’Aniane au IXe siècle, avant les invasions des Vikings : il la commente, et est à l’origine de son expansion dans toute l’Europe carolingienne, à travers notamment les ordres de Cluny et de Cîteaux. Chacun des ordres qui suivent la règle de saint Benoît en a sa propre interprétation: l’ordre de Cîteaux insiste sur le travail manuel, l’ordre de Cluny sur la liturgie, les Congrégations de Saint-Vanne et de Saint-Maur, sur le travail intellectuel. Aujourd’hui encore, la Règle est vécue différemment par les héritiers de saint Benoît : mais ils sont fidèles en cela à la pensée du fondateur qui, dans sa règle, laisse une part prépondérante aux décisions de chaque abbé, en fonction de la situation de chaque communauté.

Benoît d’Aniane est né en Septimanie vers 750, celui que nous appelons Benoît d’Aniane était le fils du comte de Maguelone (en Gothie alias Septimanie, à 10 km au sud-ouest de Montpellier)

Indéniablement d’origine wisigothique, l’enfant porta d’abord le nom de Witiza, attesté par la Chronique de Moissac. Son éducation se fit à la cour du roi franc Pépin le Bref, où il eut pour compagnons Adalhard et Wala, neveux du roi. Il devint l’échanson de la reine, Bertrade de Laon (dite Berthe au Grand Pied). Il resta à la cour de Charlemagne après la mort de Pépin.

En 774 ou 775, à la suite d’un événement dramatique (il avait failli mourir près de Pavie en voulant sauver son frère de la noyade), Witiza devint moine à l’abbaye de Saint-Seine, située à 27 km au nord-ouest de Dijon. C’est peut-être à cette occasion qu’il renonça à son nom gothique pour devenir, en religion, « le Béni » ou frère « Benoît » (Benedictus).

 A l’abbaye de Saint-Seine, il fit preuve d’un ascétisme rigoureux et étudia les nombreuses règles en usage, outre celle de saint Benoît de Nursie : règle de saint Pacôme, règle de saint Basile et règle de saint Colomban.

Il devint le cellérier du monastère. Vers 780, sa communauté le choisit comme abbé, mais il s’enfuit vers son pays natal et s’établit dans la région de Montpellier.

Il mena alors une vie d’ermite et fonda avec des disciples et son ami Guillaume de Gellone, en 782, sur les bords de l’Hérault, une abbaye : celle d’Aniane, située à 26 km à l’ouest de Montpellier. Pour cet établissement — dont l’archéologie a retrouvé les vestiges en 2013 —, Benoît choisit comme modèle le cénobitisme qui est forme de vie monastique en communauté, propre aux cénobites, par opposition aux ermites et anachorètes qui vivaient seuls une vie consacrée à la prière et à la contemplation.

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