La philosophie indienne au fil des jours avec Marc Ballanfat
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Émission enregistrée le 17 novembre 2012.
Ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, Michel Cazenave est l’auteur d’essais touchant entre autres aux rapports entre science et symboles, à la psychanalyse ou encore à l’histoire des religions. Il est également créateur de pièces de théâtre , romancier et poète. Spécialiste reconnu de l’œuvre de Carl Gustav Jung, il dirige la traduction de l’œuvre complète du psychiatre suisse en français. Toujours à l’affût des découvertes les plus récentes de la science, il n’a cessé de promouvoir la rencontre de cette dernière avec d’autres voies de connaissance depuis le colloque de Cordoue qu’il prépara en 1979 pour France Culture. C’est d’ailleurs sur les ondes de cette même radio que de 1997 à 2009 il se fit connaître d’un plus large public avec son émission Les Vivants et les Dieux, donnant lieu chaque semaine à un dialogue sans cesse renouvelé entre les différents champs de la connaissance et les modalités multiples de l’expérience intérieure.
Michel Cazenave est régulièrement invité à prendre la parole lors de débats, tables rondes, conférences et colloques. Un agenda détaillé de ses prochaines interventions se trouve sur son site à cette adresse : http://www.michelcazenave.fr/actualites.html.
philosophie indienne :
- Upanishads, les textes fondateurs ?
- La Bhagavad-Gîta, le chant du Bienheureux
- Et l’Inde créa Bouddha
- le Yoga, une discipline de l’esprit ?
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La Bhagavad Gîta
bibliographie spiritualité hindoue
Entre Sagesse de l’Inde et tradition chrétienne
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Commençons par quelques idées rudimentaires sur la culture indienne et sa philosophie.
Il y a d’abord les 4 « castes « ou « rangs » (varna) interdites à présent par la constitution mais qui perdurent dans toute la société. Ces rangs sont divisés en plusieurs centaines de sous-groupes.
– les brahmanes occupent le rang supérieur des gardiens de la loi védique, préposés aux rites et à l’enseignement : c’est le pouvoir spirituel.
ensuite viennent les guerriers et princes, puis le rang des pasteurs, agriculteurs et marchands.
Tout en bas les shûdra, les serviteurs.
Toute une couche sociale( vidangeurs, cordonniers, éboueurs, tanneurs) est exclue des castes et sont considérés totalement impurs. Ce sont les « intouchables« .
Chaque rang est soumis à un dharma ( loi de discipline de vie) qui lui est propre fait de droits, devoirs et privilèges.
Les quatre âges de la vie (âshrama), :
– stade de l’étudiant voué à l’étude de la Révélation sous la direction d’un maître (guru)
(vécu essentiellement par la caste des Brahmanes)
– stade du « maître de maison » : travail, devoirs rituels, chargé de famille et d’obligations diverses.
– stade du « retraité » qui s’est retiré de la vie active mais poursuit la pratique de devoirs rituels.
– stade du « renonçant », itinérant sans maison et sans famille libre de tout devoir rituel et uniquement consacré à sa propre libération. Ce dernier stade n’est pas de pratique courante.
Ce parcours est proprement masculin, la femme n’a pas de parcours similaire et se consacre à sa famille au côté de son mari.
Les quatre buts de l’homme ( purusha-artha, la plénitude de l’homme cosmique)
4 buts selon la tradition hindoue :
– vivre selon le dharma ( ordre établi) : Traité des lois de Manu est l’un des plus anciens les codifiant.
– acquérir des biens, des richesses (artha) : traité de l’artha-shastra qui complète les Lois de Manu dans ce domaine et qui n’a rien à envier au Prince de Machiavel.
– connaître les plaisirs ( notamment d’amour) (kâma) : ( traité du kâmasûtra)
– rechercher la délivrance (moksha)
Quelques repères historiques :
– vers 2100-1500 av JC : arrivée des Aryens venus du plateau iranien
– de -1500 à -600 av JC : Inde « védique » avec les Vedas ( « savoir« )puis les Upanishads. Début de la composition du Mahabarata.
– du VI av JC au II ième siècle av JC : « Inde bouddhique »
– du IV ième siècle jusqu’au VIII : « Inde indouiste » : empire GUPTA, apogée culturelle et le bouddhisme est évincé au profit de l’hindouisme.
– du Xième à 1700 : empire Mogol : Inde musulmane.
XIX ième et XX ième Inde britannique
1947-48 indépendance de l’Inde puis partition Inde/Pakistan – Assassinat de Gandhi apôtre de la « désobéissance » civile » et de la « non violence active ».
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La philosophie en Inde a toujours été l’affaire des clercs ou des lettrés jamais totalement affranchis des clercs. Tout conduit à un détachement du monde, un retrait du monde pour avoir droit à chercher le savoir.
Alors que la philosophie grecque est tournée vers le politique celui-ci est absent de la philosophie indienne. Cette dernière est tournée vers la libération du revivre qui après être passée par l’étude, le raisonnement et la droiture morale ne s’accomplit véritablement que par la méditation et la sagesse qui s’expérimentent et se reçoivent sous la direction d’un maître ( guru) mais ne s’enseigne pas : il s’agit d’une relation de maître à disciple.
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Langues utilisées : Les quatre Védas ( savoir sacré de la Révélation), les Upanishads, « spéculations », la Bhagavad-Gîta ( le chant du Bienheureux Seigneur) extrait du grand poème indien, le Mahâbhârata, ainsi que les textes des « six écoles » orthodoxes sont rédigés en sanskrit qui est la langue des peuples ayant envahi l’Inde par le nord-ouest vers le deuxième millénaire avant JC. Cette langue très différenciée permet de rendre compte des multiples états de conscience, processus psychiques, intellectuels ou spirituels qui n’a pas d’équivalent dans les langues européennes.
Parallèlement il existe plusieurs canon bouddhiques dont le seul, complet, est rédigé en pâli dialecte indien dérivé du sanskrit. Pour d’autres canons, certaines parties sont en sanskrit, en chinois ou tibétain.
Cette philosophie est le plus souvent regroupée en sûtra qui veut dire « fil conducteur ». Ce sont des textes courts, condensés qui nécessitent un développement par le maître.
Les quatre Védas auraient été révélés à des sages, des voyants ( « rishi ») en état de méditation et transmis oralement de génération en génération.
Le Rigvéda, le plus ancien et le plus saint est un vaste recueil sous forme de chants ( « rig« ) qui comporte une cosmologie.
Le Sâmaveda est un recueil de chants destiné à être chantés dans une perspective liturgique.
Le Yajurvéda ou véda des formules est un recueil de formules sacrificielles.
Enfin l’Atharvavéda est un recueil d’hymnes magiques marginal par rapport aux trois premiers.
Des textes explicatifs et spéculatifs sont venus par la suite accompagner ces védas.
Les Upanishads (qui signifient « être assis au pied de son maître ») sont au nombre d’une bonne centaine et comprenant quelques dizaines de lignes jusqu’à une centaine de pages.
les quatre grandes paroles :
« La connaissance -« intuitive »- est Brahman » (Aitareya Upanishad, commentaire du Rigvéda)
« Tu es Cela » ( Chandogya Upanishad , commentaire du deuxième Véda, le Samvéda)
l’univers tout entier s’identifie à cette essence subtile qui n’est autre que l’Âme.)
« Je suis Lui » (dans l’Ishâ Upanishad commentaire du troisième livre des Védas)
( l’âme humaine est identique à « Dieu »)
« Cet âtman est le brahman » ( Ayam âtma brahma) ( Mandukya Upanishad , commentaire du quatrième livre des Védas).
Ce texte analyse les quatre quarts de la syllabe « OM » à la fois exclamation lithurgique au début et à la fin de la récitation de tout texte sacré mais aussi symbole du monde et de l’identité âtman- Brahman.
Traditionnellement, ce que l’on appelle la philosophie classique de l’Inde se répartit en 6 « points de vue » ( darshana) orthodoxes en ce sens qu’ils prennent appui ou à minima ne nient pas les postulats védiques qui sont niés par les matérialistes, les Bouddhistes et les jaïns.
Précisons que le Bouddhisme est très minoritaire dès le VIII ième siècle et le jaïnisme principalement localisé au Bihar où il a vu le jour.
Ce que nous appelons l’hindouisme, fait cohabiter ces 6 points de vue parfois très différents sans qu’aucun n’exclue un autre. La pensée indienne constitu un sycrétisme très respectueux de la Révélation, très intimement attaché à la Bhagavad Gîta et ouvert à tous les « points de vue ».
Ces 6 points de vue peuvent être présentés par paire :
Le Nyâya ( la logique) et le Vaïsheshika (la connaissance des constituants du monde physique et spirituel)
Le Sâmkhya et le Yoga : Le Sâmkhya distingue Prakriti, le monde manifesté et Purusha l’entité spirituelle suprême. Il est considé comme une doctrine athée car il n’y a pas de théologie du Seigneur Dieu.
Le yoga, ( de la racine « YUG » qui veut dire « relié ») est d’abord connu en Occident pour ses techniques corporelles et respiratoires en vue d’une libération. Il se réfère surtout, mais pas seulement, aux yoga-sûtra de Patanjali , un recueil de 195 aphorismes condensés et elliptiques desquels il ressort les huit membres du yoga : « l’ashtanga yoga ».
Ces huit membres sont :
– yamas : règles de vie dans la relation aux autres
–niyamas : règles de vie dans la relation avec soi-même
asana : la posture
prânâyâma : la respiration
pratyâhara : l’écoute sensorielle intérieure
dhâranâ : le pouvoir de concentration
dhyâna : la méditation
samâdhi : l’état d’unité
Le yoga est donc beaucoup plus vaste que la pratique corporelle et du souffle : le hatha-yoga. C’est la Bhagavad-Gîtâ, pourtant écrite sans doute antérieurement aux yoga-sûtra de Patanjali qui articulent les formes de yoga : outre le hatha-yoga il y a le karma-yoga, yoga de l’action, le bhakti-yoga ou yoga de la dévotion, le jnana-yoga ou yoga de la connaissance. Mais la Bhagavad-Gîtâ ne parle pas du souffle et des pouvoirs merveilleux du yogi.
les textes sacrés de l’hindouisme
Savoir et Connaissance – extrait 1 de la Mundaka Upanishad – La fine fleur du Yoga
Les deux natures – Bhagavad-Gîtâ- La fine fleur du Yoga
bibliographie sur la spiritualité hindoue
Entre sagesse de l’Inde et tradition chrétienne
L’hindouisme : Supervielle.Univers.free
Les VEDAS par l’ordre monastique Vaisnava
La Bhagavad Gita – nouvelle traduction commentée- Maharishi Maesh Yogi
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information sur l’Inde
Introduction à l’hindouisme par Alain Danielou
Shankara (deuxième moitié du VIII è siècle) parfois appelé Ādi Śaṅkarācārya
« Lorsque fleurit la dévotion, elle apporte avec elle la vraie discrimination, le renoncement, l’amour de toutes les créatures, le service des saints hommes, la compagnie des bhaktas, le chant des Noms du Seigneur, la véracité et les autres vertus. »
« Brahman est au-delà de la pensée et de la parole, au-delà de la concentration et de la méditation, au-delà du connaissant, du connu et de la connaissance, au-delà même de la conception du réel et de l’irréel. En résumé, Il est au-delà de toute relativité. »
En vérité, il parvient à l’illumination suprême celui qui ne réalise pas seulement la présence de Dieu, mais le connaît à la fois comme personnel et impersonnel, l’aime intensément, lui parle, participe à sa félécité. Un tel être illuminé réalise la félicité de Dieu quand il est absorbé dans la méditation et qu’il atteint l’Unicité avec l’Etre impersonnel indivisible ; il réalise la même félicité quand il revient à la conscience normale et qu’il voit cet univers comme une manifestation de cet Etre et comme un jeu Divin. «
Sri Nisargadatta Maharaj
JE SUIS (extrais) éditeur : Les Deux océans
C’est le désir qui donne la naissance, qui donne le nom et la forme. On imagine et on veut le désirable et il se manifeste comme quelque chose de tangible ou de concevable. C’est ainsi qu’est créé le monde dans lequel nous vivons, notre monde personnel. Le monde réel est hors du champ du mental ; nous le voyons à travers le filet de nos désirs, divisé en plaisir et misère, juste et faux, intérieur et extérieur. Pour voir l’Univers tel qu’il est vous devez passer de l’autre côté du filet. Ce n’est pas difficile, le filet est plein de trous.
C’est toujours le faux qui vous fait souffrir, les faux désirs comme les fausses peurs, les valeurs et les opinions fausses, les fausses relations entre les gens. Renoncez au faux et vous serez libéré de la misère ; la Vérité rend heureux – la Vérité libère.
L’ENSEIGNEMENT DE MA ANANDA MOYI (Spiritualité Vivantes Albin Michel éditeur)
« La souffrance est inévitable tant que l’on n’a pas trouvé sa vraie demeure. Le sens de la séparation est à la racine même de la souffrance car il repose sur une erreur, sur la notion de la dualité. C’est pourquoi le monde est appelé du-niya (reposant sur la dualité). »
« Dissolvez par la dévotion la notion de séparation, ou bien brûlez-la au feu de la connaissance. Qu’est-ce qui sera dissous ou brûlé ? Seules les choses qui par nature peuvent être dissoutes ou brûlées, c’est-à-dire l’idée qu’il existe autre chose que votre Soi. Qu’arrivera-t-il alors ? Vous parviendrez à la connaissance de votre Soi. »
Association internationale pour la conscience de Krishna
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Il passe 7 ans dans un ermitage à 2000m d’altitude face à l’Himalaya, avec l’accord de Mâ.
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sites sur l’hindouisme
L’enseignement en ligne de Chinmaya : Mission-yoga de la connaissance.com
L’Union Divine- la Fine Fleur du Yoga
Indian Red : pour découvrir l’hindouisme
le Yoga intégral selon Sri Aurobindo
blog Sri Aurobindo et Mère France
Centre Sivananda de yoga
Hindouisme – sur Conscience sans objet