histoire de la sorcellerie et des pouvoirs magiques

la sorcellerie sur Wikipedia

La sorcellerie désigne à proprement parler l’art d’interroger le sort (hasard, destin), et par extension d’en modifier le cours.

Le mot désigne plus généralement la pratique d’une certaine forme de magie, dans laquelle le sorcier travaille avec des forces surnaturelles, des entités maléfiques ou non, et parfois aussi des forces naturelles connues comme celles des plantes, des cycles lunaires, des ondes, des suggestions. Selon les lieux et les époques, la sorcellerie fut considérée avec des degrés variables de faveur ou d’hostilité, parfois avec ambivalence. Dans la Grèce antique et à Rome, la divination était une pratique admise, liée à certains sanctuaires et à la prise officielle de décisions. Les religions du livre condamnent toute forme de divination et de magie.

Les croyances en ce type de praticiens de la magie se sont rencontrées dans la plupart des sociétés humaines.

Dans d’autres sociétés, les chamans ou les griots étaient non seulement bien acceptés en tant que praticiens des rituels traditionnels et d’intercesseurs avec les forces et les énergies de l’invisible, mais respectés, parfois craints, et souvent placés en positions socialement dominantes

Pour les religions monothéistes (principalement le judaïsme, le christianisme et l’islam), la sorcellerie fut souvent condamnée et considérée comme une hérésie. La notion de sorcellerie prit une certaine importance pour les chrétiens à partir des xive – xve siècles, l’apogée des chasses aux sorcières ayant eu lieu au xviie siècle. À cette époque la sorcellerie a progressivement été assimilée à une forme de culte du Diable. Des accusations de sorcellerie ont alors été fréquemment combinées à d’autres charges d’hérésie contre des groupes tels que les Cathares et les Vaudois. Certains groupes anciens ou modernes se sont parfois plus ou moins ouvertement réclamés d’un culte « sataniste » dédié au mal.

Le terme de sorcellerie est une extension du mot sorcierSorcier possède une double étymologie. La première est sortiarus en latin, qui désigne dans l’antiquité les praticiens de la divination, à l’aide de baguettes notamment. Mais le terme de sorcier n’apparaît réellement qu’en 589, lors du Concile de Narbonne. C’est alors un terme politique issu d’un contexte post-évangélique qui désigne de façon péjorative un personnage cristallisant la diabolisation de tous ceux qui pratiquaient la « vieille coutume » : les sages-femmes, herboristes, guérisseurs, rhabilleurs, tireurs de feu, connaissant les « simples », tous arts médicaux des druides et druidesses, les sourcières, les astrologues et les devins, pourchassés déjà depuis l’occupation romaine. Le mot sorcier a pour origine la déformation du mot sourcier — celui qui détecte la source, l’eau à distance. La notion d’action à distance du sorcier se retrouve dans l’expression jeter un sort. L’aspect ésotérique du sorcier a donné naissance au xxe siècle à l’expression « Ce n’est pas sorcier », désignant ce qui n’est pas compliqué.

Pour René Guénon, la magie est une technique par laquelle sont manipulées certaines lois naturelles délaissées ou inaccessibles aux savants modernes mais faisant l’objet d’anciennes sciences traditionnelles maintenant oubliées.

L’auteur insiste sur le caractère naturel des phénomènes en cause et dénonce le qualificatif de « surnaturel » qui leur est souvent fautivement attribué. Il s’agit, pour le pratiquant, d’exploiter des courants ou des entités psychiques et de les faire agir sur l’élément corporel. Il différencie ce domaine de celui de la théurgie qui, bien qu’ayant parfois des effets semblables, utilise, elle, des influences spirituelles, divines ou surnaturelles. Il poursuit :

.« Si de nombreux cas de « lévitation » ou de « bilocation », par exemple, peuvent être relevés dans l’histoire des saints, il s’en trouve certainement tout autant dans celle des sorciers ; les apparences (c’est-à-dire précisément les « phénomènes » comme tels, au sens propre et étymologique du mot) sont bien exactement les mêmes dans les uns et dans les autres, mais personne n’en conclura que les causes soient aussi les mêmes. »

Jusqu’au xive siècle, l’Église s’était montrée conciliante vis-à-vis des sorciers et des sorcières ; elle ne croyait pas à la réalité des phénomènes magique. Ce fut Jean XXII qui publia, en août 1326, la bulle super illius specula, assimilant la sorcellerie à l’hérésie, une voie que suivirent ses successeurs de Benoît XII à Alexandre V en pérennisant la chasse aux sorcières.

Après la parution du Malleus Maleficarum (1487) – le marteau des sorcières, oeuvre essentiellement d’ Institoris, inquisiteur pontifical, chassa les sorcières de l’Alsace à l’Autriche, au prix de nombreuses polémiques.– , les procès pour sorcellerie se multiplient et ils atteindront un sommet en France entre 1550 et 1650. Nombre de spécialistes de la chasse aux sorcières publient des ouvrages sur la question, tels Jean Bodin avec De la Démonomanie des sorciers (1580), Pierre Le Loyer, Martín Antonio Delrío, Jean de Nynauld, Noël Taillepied et Nicolas Rémy

.Dès 1640, « le Parlement de Paris devenait le premier corps judiciaire en Europe à ordonner la fin des poursuites pour sorcellerie ». Une déclaration de Louis XIV en 1672 rappelle à tous les officiers et à tous les tribunaux l’interdiction de recevoir ou de débattre sur des accusations de sorcellerie.

la sorcellerie normande -la messe du saint Esprit

novembre 2013

La Normandie a toujours été une terre de légendes et la sorcellerie y hante, depuis des siècles, les campagnes et les villes. C’est surtout à partir du xvie siècle que des affaires retentissantes de sorcellerie et d’envoûtement secouent la Normandie, notamment dans la Manche, ou encore à Louviers. Au XIXe siècle, les cas de sorcellerie sont encore très nombreux et popularisés par des auteurs comme Barbey d’Aurevilly ou Maupassant.
Ce livre présente les cas les plus extraordinaires de sorcellerie dans les cinq départements…

 

 

de la démonomanie des sorciers-Jean Bodin 1587    ( lecture en ligne)

 

histoire de la sorcellerie démoniaque -les grands textes de référence -L’Histoire novembre 2021

 

2021

 

Du XVe siècle à l’aube du XVIIIe siècle la grande chasse aux sorcières culmine en Europe catholique et protestante. Près de 100 000 justiciables sont exécutés par le feu ou la corde au terme du procès inquisitoire instruit en justice séculière. Utilisant la torture pour forger l’aveu du maléfice, les juges poursuivent huit fois sur dix une femme accusée de pactiser avec Satan au sabbat, cette contre-eucharistie du mal. Depuis Le Marteau des sorcières (1486) des inquisiteurs Jacques Sprenger et Henri Institoris, les textes démonologiques des juristes, des juges, des médecins et des théologiens inventent le contentieux du crime imaginaire de sorcellerie. Entre théologie de la faute originelle, misogynie morale, hérésie et crime de lèse-majesté divine, la doctrine soutient en partie l’incrimination et la mise à mort des ennemies du genre humain.

Des sorcières et devineresses d’Ulrich Molitor (1489), De la démonomanie des sorciers par Jean Bodin (1580), le Discours exécrable des sorciers du juge Henry Boguet (1602) : bien mise en contexte, la démonologie classique est réfutée en 1563 par le médecin matérialiste et naturaliste Jean Wier dans les Histoires, disputes et discours des illusions et impostures des diables. Selon lui, rongée d’humeur noire, la sorcière est une malheureuse mélancolique qui rêve au diable et somatise le mal. La dispute démonologique illustre l’emprise des savoirs philosophique, théologique, juridique et médical sur l’invention et la contestation du satanisme moderne. Or, entre le crépuscule de la Renaissance et l’aurore des Lumières, la culture du mal qui hante les démonologues déploie une poétique « fantastique ». Du sabbat des sorcières aux spectres des catacombes, elle marqua l’imaginaire de la littérature gothique et du roman noir nés en Angleterre vers 1760.

 

 

Histoire de la sorcellerie – Colette Arnoux -2019

Que sait-on vraiment des sorcières et de leurs charmes ? Quelles fonctions leur ont été attribuées ? Et surtout, quelles représentations a-t-on projetées sur ces créatures surnaturelles ? Toujours redoutées, souvent dénoncées et parfois brûlées, les sorcières hantent depuis toujours l’imaginaire occidental. Les Grecs avaient les leurs et nos sociétés contemporaines continuent d’en cultiver l’image. Colette Arnould retrace l’étrange histoire de la sorcellerie de l’Antiquité jusqu’au XXe siècle dans un récit qui dépasse largement la simple chronique : au fil des pages se profilent quelques grandes questions telles que la place des femmes dans la société, la tolérance ou la fascination pour le mal et la violence. Autant de sujets d’une actualité inquiétante.

Démonolâtrie et sorcellerie au Moyen-Âge – Norman Cohn-1982 ( compte-rendu)

 

 

Le sabbat des sorcières – Carlo Ginzbourg- 1966 -traduction 1992-comptes rendus

 

 

Fées, sorcières et loups-garous au Moyen-Âge, histoire du double, 1992 – Claude Lecouteux

La Vauderie d’Arras. Une chasse aux sorcières à l’automne du Moyen-Âge – Franck Mercier-2006

la chasse aux sorcières ( wikipedia)

La chasse aux sorcières est la poursuite, la persécution et la condamnation systématique de personnes accusées de pratiquer la sorcellerie. Si la condamnation de pratiques de sorcellerie se rencontre à des époques et dans des cultures diverses, on connaît particulièrement les chasses aux sorcières pratiquées dans le monde chrétien (Europe, Amérique du Nord) au Moyen Âge tardif et surtout à la Renaissance. De nos jours, des pratiques de chasse aux enfants sorciers perdurent en Afrique.

En Europe, ce mouvement influencé par les pratiques de persécution des juifs et des lépreux et les méthodes de l’Inquisition pour éradiquer les hérésies, débute dans les années 1430 dans l’arc alpin par les procès de sorcellerie du Valais et connaît son apogée des années 1560-1580 aux années 1620-1630 jusqu’à sa remise en cause progressive. On estime à environ 60 000 le nombre de prétendues sorcières exécutées.

Le phénomène de chasse aux sorcières n’est absolument pas cantonné au Moyen Âge tardif et à la Renaissance ni aux civilisations occidentales, puisqu’on les retrouve par la suite dans les sociétés dans lesquelles la croyance dans la pratique de la magie prévaut. Des occurrences sont rapportées en Afrique subsaharienne, dans l’Inde rurale du Nord et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Quelques pays disposent par ailleurs d’une législation contre les pratiques de sorcellerie. Le seul pays dans lequel la sorcellerie est encore punie de la peine de mort est l’Arabie Saoudite.

La chasse aux sorcières est une réalité actuelle dans divers pays africains, notamment au Nigéria, attisée au début des années 2000 par la forte diffusion et les dérives doctrinaires du christianisme évangélique. Les opposants à ces pratiques (torture, meurtre, abandon de l’enfant par sa famille) estiment que, dans deux des trente-six états du Nigéria, environ quinze mille enfants ont été accusés et mille enfants ont été tués pour sorcellerie en une décennie, et selon l’Unicef, des dizaines de milliers ont été pris pour cibles à travers l’Afrique2. Selon Sam Itauma, de l’organisation Child Rights and Rehabilitation Network, la compétition entre les églises pousse de plus en plus d’entre elles à pratiquer la chasse aux enfants sorciers, celle-ci donnant à l’église une image de puissance spirituelle et pouvant également être rémunératrice, les parents payant pour l’exorcisme de leur enfant.

histoire de la chasse aux sorcières -Agathe Charvet -2010-2013

Qui sont les sorcières ? – Radio France 2016

Les procès de sorcellerie au parlement de Paris (1565-1640)  Alfred Soman 1977

Les victimes des chasses aux sorcières entre le XVI è et le XVIIIè– billet de blog le Monde -2021

l’inquisition contre les sorcières – L’histoire mensuel de février 2019

poisons, sorcières et landes de bouc– Nicolas Ghersi

L’histoire de la sorcellerie dans l’Occident médiéval, qui suscite tant d’articles et d’ouvrages, pose immanquablement la question de la genèse de la grande chasse aux sorcières1. Depuis les travaux de P. Paravy, de nombreux historiens, notamment autour de l’Université de Lausanne, ont repris à leur compte l’hypothèse de l’arc alpin, avec parfois moins de prudence que ceux qui l’avaient initiée. Elle présente de nombreux atouts : unité de lieu (Dauphiné, Savoie, Val d’Aoste, Valais), unité de temps (du concile de Constance au concile de Bâle), unité d’action (les premiers bûchers de sorciers coïncident avec les premiers traités de démonologie). Elle a pour mérite de distinguer démonolâtrie et sorcellerie, mais aussi de ne pas confondre les superstitions magiques et populaires, largement tolérées, du prétendu complot contre la Chrétienté, scellé lors du sabbat où mène un vrai ballet nocturne. Elle repose surtout sur une documentation abondante, qui fait sans conteste de ces régions un épicentre majeur du phénomène sorcellaire.

Cette documentation fait défaut dans le Midi, ou plutôt, ces procès épars, dans les maigres sources des registres d’officialité, de justice consulaire ou seigneuriale, parfois simplement évoqués dans une minute notariale, n’ont pas fait l’objet d’une recension exhaustive2. Les Pyrénées, longtemps présentées comme le berceau du sabbat, ont donc abandonné aux Alpes la paternité de la chasse aux sorcières, depuis que les mystifications de Lamothe-Langon ont été éventées par N. Cohn et R. Kieckhefer3. Elles constitueraient pourtant une solide alternative : le sabbat y est attesté, dans le Val d’Aneu, dès 1424 ; les premiers bûchers s’élèvent déjà depuis une vingtaine d’années, sur les pas de Vincent Ferrier ; les traités d’Alfonso Tostado ou d’Alfonso de La Espina évoquent le vol nocturne ou le pacte diabolique avec des accents plus « modernes » que le Formicarius de Nider ; leurs parcours croisent ceux de Jean Vineti et d’Hugues Nigri, les premiers chasseurs de sorciers.

La sorcellerie méridionale semble codifiée dès le début du XVe siècle, puisqu’elle suppose 1) le vol nocturne des femmes, 2) la réunion sur la montagne ou sur la lande de bouc, 3) l’hommage au diable sous forme de bouc, 4) l’osculum infâme, 5) le meurtre par poisons de petits enfants. Certains de ses traits sont originaux : la pratique conjointe du vénéfice et du sabbat est attestée dès que l’affaire est un peu documentée ; le crime de sorcellerie ne concerne que les femmes, sans exception ; le diable apparaît sous les traits d’un bouc, à peu près inconnu dans les procès alpins. C’est à ces trois topoi, aux accents nettement modernes, puisqu’ils sont largement diffusés hors de cette aire géographique aux XVIe et XVIIe siècles, et à leur articulation que nous consacrerons cette étude.

les sorcières

Les archives du Parlement de Toulouse entre 1444 et 1483 mentionnent 99 sorcières et seulement 6 sorciers. Si l’on élargit la région au Pays Basque, aux Landes et au Béarn, et qu’on tient compte des quelques procès évoqués par d’autres sources, on obtient une proportion comparable : 11 sorciers pour 145 sorcières. Le siècle précédent offre un déséquilibre identique.

Entre 1424 et 1520, sur 351 personnes examinées pour un délit de sorcellerie en Dauphiné, 70 % sont des femmes. Pourtant, dans la période précédente (1350-1415), il y a autant de sorciers que de sorcières poursuivis en Dauphiné. La féminisation semble moins marquée en Forêt Noire, en Souabe, dans les vallées vaudoises et valaisannes, dans les cantons de Fribourg, de Berne ou du Tyrol, mais elle s’accroît par la suite. Les procès francs-comtois ou bourguignons du milieu du XVe siècle sont à dominante masculine, comme la Grande Vauderie d’Arras. Les 97 lettres de rémission51 et les arrêts du Parlement de Paris présentent autant de sorciers que de sorcières,

la « lande de bouc « 

Le crime de sorcellerie a opéré, pendant la guerre de Cent Ans, deux profondes mutations, de la démonolâtrie au vénéfice, et du vénéfice au sabbat, tandis qu’il se féminisait. Cette évolution explique que les années 1340-1430 comptent si peu de procès de sorcières,

comptes rendus  sur réimpression du marteau des sorcières en 1973

Aux sources du sabbat – lectures croisées de l’imaginaire du sabbat – printemps 2002

Entre science et nigromance. Astrologie, divination et magie dans l’Occident médiéval – XIIè -XV è- Jean Patrice Boudet

Dire l’indicible. Remarque sur la catégorie du Nefandum du XIIè au XVè

la peur en Occident XIVè au XVIIIè. Une cité assiégée- Jean Delumeau -1979

la sorcière au village -1991-Robert Muchenbled

«D’où date la sorcière ? Je dis sans hésiter : des temps du désespoir.»
Consolatrice et révoltée pour Michelet, servante du diable pour la tradition démonologique, la sorcière fascine l’Occident depuis cinq siècles. C’est une autre approche qu’en propose Robert Muchembled, en replaçant la sorcellerie dans la culture traditionnelle. Acceptée au village, elle y a longtemps assuré, face aux malheurs des temps, une économie du surnaturel. Pourchassée, elle manifeste encore, contre elle, la cohésion du groupe. Exorcisée par les triomphes de la raison, peut-elle disparaître de nos campagnes ?

le sabbat des sorcières -de Carlo Ginzburg -Comptes rendus 1995

Ecritures saintes et pactes diaboliques. Les usages religieux de l’écrit ( Moyen-Âge et temps modernes)

La grande chasse aux sorcières en Europe aux débuts des temps modernes – Brian P Levack – compte-rendu 1993

Brian modernes, P. Levack, Seyssel, La grande Champ chasse Vallon, aux 1991, sorcières 283 en p., Europe 155 F. aux débuts des Temps Ce livre, disons-le d’entrée, ne prétend pas apporter le fruit de recherches originales : il s’appuie sur une très imposante bibliographie, dont il nous propose une synthèse dans laquelle l’historien américain introduit ses propres conceptions. Cette présentation modeste — celle de l’auteur lui-même — pourrait conduire à une lecture cursive voire dédaigneuse, et ce serait grand dommage. Avec une remarquable clarté, Brian P. Levack nous livre en effet une synthèse très étoffée sur la sorcellerie et sa répression à l’époque moderne. Le thème est défini avec précision : on n’est pas obligé de suivre la terminologie de l’auteur, mais l’analyse est difficilement contestable, et permet à Brian P. Levack d’avancer une estimation d’environ 110 000 procès, et 60 000 condamnations. On devine les qui accompagnent ces chiffres, mais ils soulignent bien l’énormité du phénomène, et cela d’autant mieux que l’auteur garde en permanence le souci du concret : 60 000 victimes, mais aussi — et ce n’est pas la même chose — 133 le même jour de 1589 sur les terres du couvent de Quedlinburg. Quatre chapitres sont consacrés à une analyse des « causes » de la répression, soigneusement hiérarchisées. Celle-ci tient tout d’abord à un contexte nouveau, caractérisé par l’émergence d’une conception nouvelle de la sorcellerie et des changements fondamentaux dans le droit pénal. Les Européens cultivés de la fin du xvie siècle croient au pacte avec le diable, au sabbat, au vol des sorcières, à une pratique à large échelle, un ensemble que l’auteur appelle le « concept cumulatif de sorcellerie ». Ne nous laissons pas arrêter par le jargon (au demeurant exceptionnel dans l’ouvrage) : il montre bien la part de l’héritage de la démonologie scolastique, l’héritage de la répression de l’hérésie, la résistance de ce concept, au point dès la fin du XVe siècle, à l’esprit critique d’une Renaissance qui ne remet en cause ni l’existence du Diable, ni l’efficacité de la magie, ni surtout le grand pouvoir de Satan sur les affaires humaines. La tradition livresque et la pratique judiciaire se en 1486 dans le Malleus maleficarum, qui n’innove pas mais devient une véritable « encyclopédie de la sorcellerie ». Les changements du droit pénal sont simples, mais décisifs, pense Brian P. Levack. Le remplacement du système accusatoire par l’inquisitoire permet aux magistrats d’agir même sans plainte de victimes, et la généralisation de la torture (sauf en Angleterre, on le sait) permet d’apporter les indispensables preuves. Le pouvoir nouveau des tribunaux laïcs en la matière s’avère d’autant plus redoutable que les procès sont souvent menés par des tribunaux locaux mal contrôlés : c’est le moment où l’État moderne se développe tout en déléguant largement ses pouvoirs aux échelons locaux. Dans ce contexte, Brian P. Levack accorde une place importante, en tant que véritables « causes », aux phénomènes sociaux et surtout à l’impact de la Réforme. Du social, il souligne le rôle très général, indirect, les transformations économiques et sociales des xvie et xvne siècles ayant pu développer une angoisse que soulage la chasse au bouc émissaire. Il rappelle aussi le profil classique de la sorcière, femme, assez âgée, plutôt veuve ou célibataire, de condition sociale précaire, langue bien pendue et mauvaise voisine, au comportement « excentrique », « anti-conformiste », résume-t-il : c’est rarement une habitante typique. Il corrige aussi, au passage, l’image elle aussi classique de la ruralité du phénomène : les villes fournissent proportionnellement plus de cas que les campagnes. Il souligne surtout le rôle des Revue d’histoire moderne et contemporaine, 40-4, octobre-décembre 1993. 684 REVUE D’HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE réformes, protestante et catholique — fondamentalement identiques en ce domaine, au-delà de quelques différences secondaires ou superficielles bien entendu rappelées — , qui permettent l’intensification de la chasse aux sorcières. Les réformes en effet la peur du diable, accordent beaucoup d’importance à la piété et à la sainteté personnelle et poussent donc à se libérer d’un péché insupportable, attaquent paganisme, magie et superstitions, et provoquent l’intervention de l’État dans le domaine de la morale. Les conflits religieux, en revanche, ne jouent pas de rôle direct : ils développent simplement le souci de chaque communauté de se purifier, de marquer sa place aux côtés de Dieu, aux dépens des sorcières. Ainsi résumée, la première partie de l’ouvrage peut paraître proche du manuel. C’est vrai en un sens — et flatteur à ce niveau de qualité — , mais c’est aussi très réducteur. L’auteur fait preuve en effet d’un grand sens des nuances, d’un sens critique affûté, d’un doute méthodique à l’égard des conceptions apparemment les plus solides, et bouscule ainsi de temps en temps avec une allégresse vivifiante certitudes et auteurs bien établis. Le lecteur peut diverger sur tel point précis de l’analyse (pour ma part, sur le lien marqué entre la chasse aux sorcières et la peur des révoltes qui obséderait les classes supérieures), mais cela n’affecte aucunement le profit qu’on peut tirer de l’ensemble. Le profit devient plaisir quand Brian P. Levack commence à souligner l’extrême variété des situations et des processus qui engendrent les chasses aux sorcières. Il le dit clairement : la grande chasse n’est en fait que l’addition de milliers de distinctes, sans véritable cas-type, persécutions qui combinent de manière très complexe les éléments analysés jusqu’ici. Cela permet de faire la part des angoisses ponctuelles, nées de sermons (comme à Salem, excursion américaine obligée), d’une crise économique, religieuse, politique, de la guerre, et presque toujours de plusieurs de ces causes à la fois ; de faire la part aussi du « détail » qui déclenche la chasse, le plus souvent un malheur ponctuel, interprété comme fait de sorcellerie ; de montrer pouquoi certaines affaires deviennent chasse, quand s’en mêlent la torture et la poursuite des « complices » ; de montrer enfin les multiples causes qui mettent un terme souvent inattendu à ces chasses, en particulier quand le coût social en devient excessif : ces villages dont toutes les femmes sauf une ont péri, ou ces privilégiés dénoncés à leur tour, comme l’évêque de Wûrzburg en 1629 ou l’épouse du gouverneur Phips à Salem en 1692. La même volonté de nuances géographiques permet à Brian P. Levack de hiérarchiser cinq grandes zones : l’Empire (faiblesse politique, instabilité religieuse), la Suisse et la France, avec peut-être 75 % de procès, puis les Iles britanniques, la Scandinavie, l’Europe centrale et orientale, et loin derrière l’Europe méridionale « protégée » par l’Inquisition moins redoutable que les tribunaux laïcs… On peut ne pas le suivre quand il analyse le cas français en termes d’une lutte entre le centre et la périphérie, thèse qui convient bien à la Lorraine ou à la Guyenne mais pas à la Bretagne. Il ne me convainc guère quand il tente d’expliquer la chronologie « générale » et la pointe de 1580-1630 : ces cinq pages contredisent presque, me semble-t-il, une analyse qui fait par ailleurs la part belle aux phénomènes généraux certes mais aussi à l’infinie complexité des contextes locaux. C’est là, peuton imaginer, la dernière scorie des explications globalisantes qui, dans ce cas comme dans celui des réformes religieuses, sont aujourd’hui rejetées à bon droit. L’analyse du déclin de la persécution rejoint très largement les conclusions lumineuses de Robert Mandrou, vieilles d’un demi-siècle déjà : c’est un chapitre moins enrichissant, mais il reste stimulant quand iî montre clairement le lien entre le recul des persécutions et les progrès du doute méthodique — Descartes — , les progrès aussi de la connaissance de l’univers et d’une explication naturelle de la plupart des phénomènes qui relevaient de la sorcellerie — Copernic, Galilée, Kepler et Newton sauveurs des sorcières… — . L’auteur nourrit sa synthèse de précisions qui me semblent peu connues, ainsi sur les dernières exécutions du xvinc siècle, en 1745 en France, en 1782 pour l’Europe (en Suisse). Il montre également la parenté avec certaines formes spontanées ou « sauvages » d’exécutions, et même avec la… chasse aux sorcières qu’ont connue les États-Unis au début des années 1950. Ce n’est pas là facile concession au présent puisque Brian P. Levack souligne au contraire la différence avec le regain récent d’une « sorcellerie » ou avec les pratiques COMPTES RENDUS 685 des civilisations extra-européennes. C’est pour lui l’occasion de souligner, à juste titre, la part de l’institution judiciaire, et celle du culturel, dans ce drame de l’histoire européenne. Le livre, il serait injuste de l’omettre, doit une part de sa qualité à la clarté d’une langue qui est celle du traducteur, Jacques Chiffoleau, probable auteur d’une actualisation de la bibliographie (l’édition américaine date de 1987). Il est, sur une question qui a engendré une production incroyablement abondante depuis presque trois décennies, une mise au point nuancée, stimulante — elle fera avancer le débat, comme l’auteur le souhaite — , très richement documentée, en un mot remarquable. Alain Croix. Jacques-Guy Petit, Nicole Castan, Claude Faugeron, Mi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

de la sorcellerie et de la justice criminelle à Valenciennes XVIe et XVIIe – TH Louïse -1861

la vauderie d’Arras . Une chasse aux sorcières à l’automne du Moyen-Âge – Franck Mercier – 2006

A nous le temps des sorcières – Le monde diplomatique par Naïqué Desquesnes sept 2014

Et si les sorcières renaissaient de leurs cendres ? Télérama 12 avril 2015

 

 

 

 

      la sorcière sur racines et traditions

le sorcier assassiné

 

R Guénon : l’explication des phénomènes

 

 R Guénon : le rejet des pouvoirs

Satan hérétique ; l’institution judiciaire de la démonologie sous Jean XXII

  Une brève histoire de la sorcellerie

Histoire de la sorcellerie -Colette Arnould -2017

la sorcellerie – Jean Palou -2002

 

la sorcellerie – histoire et regards 

la chasse aux sorcières n’est pas le fait du Moyen-Âge

la sorcellerie – Franck Ferrand

histoire de la sorcellerie démoniaque – Nicole Jacques Lefebvre -2022

 

 

les bacchanales sur Wikipedia

Les bacchanales étaient des fêtes religieuses célébrées dans l’Antiquité. Dans le monde grec et romain, les bacchanales (latin : bacchanales ) étaient des fêtes liées aux mystères dionysiaques en l’honneur du dieu Bacchus ou Dionysos (divinité de la vigne et du vin), pendant lesquelles on buvait sans mesure. Les prêtresses organisatrices de ces cérémonies étaient appelées Bacchantes et ce nom a ensuite été associé aux orgies romaines. Les célébrations primitives étaient exclusivement féminines et provenaient du culte originel du dieu Pan.

Introduites à Rome (vers 200 av. J.-C.) de Grande-Grèce via l’Etrurie, les bacchanales étaient célébrées en secret et avec la seule participation des femmes dans le bosquet de Simila, près de Mont Aventin. Les jours de célébration étaient celui de la première pleine lune de janvier et le premier jour de mars, ainsi que les 16 et 17 mars. Plus tard, la participation aux rites a été étendue aux hommes et les célébrations ont eu lieu cinq fois par mois.

 

Inspirées des anciennes Dionysies grecques célébrées en l’honneur de Dionysos, les cérémonies des bacchanales furent introduites en Italie vers 300 av. J.-C., mêlées à d’autres coutumes notamment étrusques. Elles avaient dès l’origine le caractère de superstitio. Arrivé à Rome, le culte de Dionysos accentua son caractère subversif, « qui passe du mythe à la réalité » et perd tout lien avec le vin1. Ces fêtes eurent lieu ensuite au moins trois fois par an sous le contrôle de matrones respectables. Elles devinrent publiques et étaient célébrées dans toute la Grande-Grèce, en Égypte et principalement à Rome. Ces fêtes, qui duraient environ 3 à 5 jours en fonction de la région, étaient avant tout axées sur des représentations théâtrales faisant office de cérémonie religieuse.

Elles servirent bientôt de prétexte aux désordres les plus extravagants car elles évoluèrent en fêtes orgiaques nocturnes de plus en plus fréquentes (jusqu’à cinq fois par mois selon le témoignage d’Hispala, rapporté par Tite Live, qui dévoila le scandale des Bacchanales) qui eurent souvent mauvaise réputation, du fait de l’ivresse publique et des licences sexuelles qui les accompagnaient.

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