Une brève histoire de Tout – Ken Wilber (résumé)

 

Contenu

Préface -15-. 1

Note de l’auteur-21-. 2

Introduction-25-. 2

La portée de ces discussions-36-. 2

  1. Le schème de connexion-43- 3

Le Kosmos-45-. 4

Les vingt principes : les schèmes de connexion-46-. 4

Agence et communion-48-. 4

Transcendance et dissolution -49-. 4

Les quatre pulsions de tous les holons-51-. 5

Emergence créative-52-. 5

Holarchie-56-. 5

La Voie du Tout-Englobant-59-. 5

  1. L’impulsion secrète-61- 6

Supérieur et inférieur -62-. 6

Si on détruit un niveau inférieur de holons par exemple les atomes pour les molécules celles-ci disparaissent. L’inverse n’est pas vrai, les holons de rang inférieurs subsistent. 6

Profondeur et étendue-64-. 6

Conscience Kosmique-69-. 7

Le spectre de la conscience-72-. 7

  1. Tout à fait humain-77- 8

Chasse/cueillette-78-. 8

Horticole-81-. 8

Agraire -85-. 9

Industriel-88-. 9

  1. La grande révolution postmoderne-93- 9

La ligne de partage de la postmodernité-94-. 10

Les deux sentiers de la postmodernité-98-. 10

A l’orée de demain-102-. 11

Transcendance et répression-104-. 11

  1. Les quatre coins du cosmos-107- 12

Les quatre quadrants -109-. 12

. 13

Intentionnel et comportemental-114-. 14

Culturel et social-117-. 14

Un exemple -120-. 14

L’aspect des choses à venir-122-. 14

  1. Les deux mains de Dieu -125- 14

Mental et cerveau -126-. 15

Les sentiers de gauche et de droite-129-. 15

Le regard monologique : clef des sentiers de droite-129-. 16

Interprétation : la clé des sentiers de gauche-131-. 16

Que signifie ce rêve ?-134-. 16

Sciences sociales et compréhension culturelle-138-. 16

Herméneutique -140-. 17

Toute interprétation est liée à un contexte-142-. 17

Interprétations non humaines-143-. 17

Interprétation spirirtuelle-145-. 17

  1. A l’unisson du Kosmos -151- 18

Vérité propositionnelle -152-. 18

Véracité-154-. 18

Légitimité -159-. 19

Adéquation fonctionnelle-162-. 19

Conclusions : les quatre faces de l’Esprit -167-. 20

  1. Le Bien, le Vrai et le Beau -171- 20

Les Trois Grands -171-. 20

Bonne nouvelle : la différenciation des Trois Grands-175-. 22

Mauvaise nouvelle : la dissociation des Trois Grands-178-. 22

La tâche de la postmodernité : l’intégration des Trois Grands-183-. 23

Les Trois Grands spirituels-185-. 23

  1. L’évolution de la conscience-191- 24

Les stades supérieurs du développement-192-. 25

Echelle, grimpeur, vision- 195-. 25

Les structures de base : l’échelle-196-. 25

Le moi : le grimpeur-197-. 26

Point charnière -199-. 26

De nouveaux mondes émergent : visions changeantes-200-. 26

Pathologie-204-. 27

Stade du déploiement spirituel-206-. 27

La religion de la terre plate-209-. 28

Freud et Bouddha-211-. 28

  1. En route vers le global I-215- 28

La matrice primaire-216-. 29

Le faux moi-219-. 29

Point charnière 1 –Eclosion du moi physique-221-. 30

Point charnière 2 Naissance du moi émotionnel-222-. 30

Point charnière 3 – Naissance du moi conceptuel-228-. 30

Toute névrose est une crise écologique-229-. 30

Visions du monde primitives : archaïque, magique, mythique-233-. 31

Point charnière 4 –Naissance du rôle dans le moi-235-. 31

Changement de paradigmes-236-. 31

Abus sataniques et OVNI-238-. 31

  1. En route vers le global II-243- 31

Evolution versus égocentrique-243-. 31

Point charnière 4 (suite) – Les scénarios sociaux de la vie-245-. 32

Point charnière 5  – L’ego mature ou mondocentrique-249-. 32

Point charnière 6 – L’intégration corps-mental du centaure-256-. 32

Folie aperspective-258-. 33

Aux abords du transpersonnel-259-. 33

  1. Les domaines du superconscient I -265- 33

Là  où s’arrête le mental-266-. 34

Les stades transpersonnels-268-. 34

Point charnière 7 – Le psychique-270-. 35

Ecologie profonde et écoféminisme-274-. 35

L’ennéagramme et le squelette-277-. 35

Point charnière 8 – Le subtil-282-. 36

Jung et les archétypes -284-. 36

  1. Les domaines du superconscient II-291- 37

Point charnière 9 –Le causal -292-. 37

Le Non Duel-300-. 38

L’immédiateté de la Pure Présence -307-. 38

Illumination-312-. 39

  1. Ascendant et descendant-321- 39

Un bref résumé -321-. 39

La grande holarchie-325-. 41

De-ce-monde versus de-l’autre-monde-328-. 42

Sagesse et compassion-333-. 43

Dieu et Déesse-334-. 43

Deux Dieux-336-. 43

La grille Descendue-339-. 44

  1. L’effondrement du Kosmos-341- 44

La dignité de la modernité-342-. 45

Le désastre de la modernité-346-. 45

Rationalité instrumentale : le monde de cela-348-. 45

Le paradigme fondamental des Lumières-352-. 46

Pas d’esprit, pas de mental, seulement la nature-354-. 47

L’ironie : l’humeur de la modernité-355-. 47

La voix de la grille industrielle-357-. 47

  1. L’Ego et l’Eco-363- 47

Ego contre Eco-363-. 48

Les jumeaux de la terre plate-364-. 48

Le problème de l’Ego-369-. 48

L’Ego et la répression-370-. 49

Le ré-enchantement du monde-371-. 49

De retour à la nature – 373-. 49

L’Eco et la régression-374-. 49

Le Paradis Perdu-376-. 50

La Machine à revenir en arrière-381-. 50

La grande bataille de la modernité : Fichte versus Spinoza-383-. 51

  1. Domination des Descendants-387- 51

Evolution – La  Grande Holarchie se déploie dans le temps-389-. 51

Evolution : l’Esprit-en-action-391.. 52

Chatoiement du Non Duel-394-. 53

Toujours déjà-396-. 53

La vision s’estompe-397-. 53

La domination des Descendants-400-. 54

L’Internet-401-. 54

La religion de Gaïa -403-. 54

  1. Déballer Dieu-405- 54

Le signe sur le mur -405-. 54

Le Soi Superman- 407-. 55

La merveilleuse Grande Toile du Moi de Gaïa -411-. 55

Au delà du mental post-moderne -416-. 56

Transformation du monde et écart culturel-420-. 57

Ethique environnementale -425-. 57

L’intuition morale essentielle-433-. 58

Adieu terre plate -434-. 58

 

 

 

Préface -15-

 En 1996 à l’âge de 23 ans  Ken Wilber abandonne ses études en biochimie et publie Spectrum of Consciousness. Cet ouvrage l’a établi comme le penseur et le philosophe sans doute le plus complet de notre époque.

 L’outil le plus puissant qu’il développe dans une brève histoire de tout est cette idée qu’il existe quatre « quadrants » du développement.

 Dans la dialectique du progrès, suggère Wilber, chaque stade de l’évolution transcende les limitations du stade précédent mais en introduit également de nouvelles.

 La voix de Wilber est unique et son œuvre est empreinte à la fois de sincérité et de dévouement à la vérité.

 Ce livre place à un niveau entièrement neuf le débat sur l’évolution, la conscience et notre aptitude à nous transformer.

 Tony Schwartz

 

 

Note de l’auteur-21-

Ce livre traite de la matière, de la vie, du mental et de l’esprit et des courants évolutionnaires qui semblent les unir tous en un schème de connexion.

Il n’est pas nécessaire d’avoir lu Sex, Ecology, Spirituality ni aucun des autres pour lire celui-ci…

Ken Wilber

Boulder, Colorado Printemps 1995

 

 

 

Introduction-25-

 

La sexualité est l’un des thèmes principaux de ce livre et particulièrement sa relation avec le genre : mâle et femelle pour exprimer les différences sexuelles et masculin et féminin pour les différences culturelles.

Niveler les différences entre les rôles sexuels (masculin et féminin) est une bonne idée mais effacer les différences biologiques entre hommes et femmes est impossible. En particulier, les différences hormonales, la testostérone  semble induire essentiellement, sans être grossier, baiser et tuer. Les hommes seront toujours poussés à dépasser les bornes. Du côté féminin on pourrait attirer l’attention sur l’ocytocine qualifiée de drogue relationnelle et les femmes seront toujours à la base des êtres relationnels.

En remontant 5 ou 6 époques majeures de l’évolution humaine, j’ai examiné pour chacune d’elles, le statut des hommes et des femmes.Ce que nous constatons c’est que lorsque les  rôles sexuels sont polarisés ou séparés les deux sexes souffrent terriblement.

 Peut-être pouvons-nous apprendre à valoriser les différences des systèmes de valeurs masculin et féminin avec autant de ferveur pour les deux.

 

La portée de ces discussions-36-

 Les stades du développement humain font partie d’un projet plus vaste qui consiste à considérer l’évolution en général.

Un fil conducteur traverse toute l’évolution, de la matière à la vie et au mental jusqu’aux stades les plus élevés de l’évolution de la conscience elle-même. Certains schèmes communs se répètent constamment dans tous ces domaines.

L’évolution de la conscience s’inspire de divers thèmes suggérés par Schelling, Hegel, Aurobindo et d’autres théoriciens de l’évolution en Orient et Occident.  Toutes ces approches non-duelles considèrent l’évolution comme l’ Esprit-en-action, Dieu-en-devenir : l’Esprit se déploie lui-même à chaque stade du développement se réalisant lui-même toujours plus à chaque déploiement. L’ Esprit n’est ni une idéologie préférée, ni une déesse ou un dieu favori mais plutôt le processus entier.

Nous pouvons envisager les stades supérieurs de ce déploiement d’après les grandes traditions de sagesse du monde. Ces stades sont souvent qualifiés de mystiques ou d’ »exaltés » mais pour la plus grande part, ce sont des stades de développement supérieurs très concrets et très réels.

Ces stades supérieurs – qui dans le passé ont été atteints par le petit nombre, les rares élus, l’élite, les doués, les avant-leur-temps- pourraient nous fournir quelques indications sur ce que l’évolution collective a en réserve pour nous demain.

 Les grandes traditions spirituelles du monde se répartissent en deux vastes camps très différents : un courant qualifié d’Ascendant et un courant qualifié de Descendant.

Le sentier Ascendant est purement transcendantal et de l’autre-monde. Il est habituellement puritain, ascétique, avec une tendance à nier le corps, les sens, la sexualité, la Terre, la chair. Ses tenants cherchent leur salut dans un royaume qui n’est pas  de ce monde et pour eux la manifestation est illusoire ou représente le mal. Le sentier Ascendant glorifie l’UN et non le multiple, la Vacuité et non la Forme, le Ciel et non la Terre.

Le sentier Descendant est exactement le contraire. Ses tenants glorifient le multiple, pas l’UN et célèbrent la Terre, le corps, les sens et souvent la sexualité. Ils méprisent ce qui est transcendantal et leur sentier est purement immanent. Pour les adeptes du sentier Descendant toute forme d’Ascension représente le mal.

 C’est une guerre vieille d’au moins deux mille ans souvent brutale et pleine de rancune.

En Occident depuis à peu près Saint Augustin et jusqu’à Copernic nous trouvons un idéal purement Ascendant. Mais avec la modernité nous observons un renversement complet : bienvenue aux Descendants et nous pouvons appeler ce monde moderne et post-moderne de « terre plate ».

Qu’il s’agisse du capitalisme ou du marxisme, d’industrialisation ou d’écologie profonde, de consumérisme ou d’éco-féminisme,  vous pouvez voir votre Dieu avec vos yeux, le percevoir avec vos sens, l’envelopper de sentiments, l’adorer de manière ostensible.

 Les traditions non-duelles en Orient ou Occident tentent plutôt d’intégrer les deux courants. : la transcendance et l’immanence, l’Un et le Multiple, la Vacuité et la Forme, le nirvana et le samsara, le Ciel et la Terre.

C’est dans l’union des courants Ascendant et Descendant que se trouve l’harmonie.

 

 

 

 

1ère partie – l’Esprit-en-action-41-

 

1.    Le schème de connexion-43-

 

Nous allons commencer cette histoire par le Big Bang, ensuite avec l’émergence du mental ou de la conscience humaine, nous allons examiner cinq ou six époques majeures de l’évolution humaine elle-même. C’est une sorte de brève histoire de tout.

Si nous considérons différents champs de la connaissance humaine – de la physique à la religion en passant par la biologie, la psychologie, la sociologie et la théologie, certains grands thèmes généraux émergent au sujet desquels il n’existe que très peu de dissensions.

Ce que je dis c’est que si nous prenons les diverses branches de la connaissance  les types de généralisations d’orientation qui-font-l’objet-d’un-vaste-consensus et que nous les relions l’une à l’autre nous en arrivons à des conclusions stupéfiantes.

Nous pouvons alors esquisser une vaste carte quant à la place des hommes et des femmes par rapport à l’Univers, la Vie et l’Esprit.

Le Kosmos-45-

 C’est le domaine pris ensemble  du cosmos (ou physiosphère), du bios (ou biosphère) de la psyché ( la noosphère) et de théos ( théosphère ou domaine du divin). Le terme « kosmos » a été créé par les Pythagoriciens et traduit généralement par « cosmos » ce qui est très réducteur car il allait alors de la matière au mental jusqu’à Dieu.

Nous voulons faire de la Kosmologie pas de la cosmologie.

 

Les vingt principes : les schèmes de connexion-46-

 Nous avons isolé vingt schèmes ou formes constantes qui semblent se vérifier dans toute évolution qu’elles se produisent dans la matière, la vie ou le mental.

Quelques exemples : selon le principe n°1 la réalité se compose de tous/partie ou « holons ». C’est Arthur Koestler qui a créé le mot « holon » : entité qui est simultanément un tout en soi et une partie d’un autre tout.  Par exemple le tout d’un atome fait partie d’une molécule qui fait partie d’une cellule qui fait partie d’un organisme et ainsi de suite.

Même le « Tout « du Kosmos est simplement une partie du tout du moment suivant et ce indéfiniment.

Le premier principe dit donc que la réalité se compose de tous/parties- les holons- jusqu’en haut et jusqu’en bas.

En regardant ce qui est commun à tous les holons on arrive aux vingt principes.

 

Agence et communion-48-

Le principe n° 2 c’est que tous les holons partagent certaines caractéristiques : ils doivent maintenir à la fois leur « total-ité » et leur « partie-llité ».

Transcendance et dissolution -49-

 Si un holon ne peut maintenir à la fois son agencement et sa communion alors il peut s’écrouler complétement.

Mais observons le processus inverse, celui d’édification de nouveaux holons. Absolument personne ne croit plus à l’explication néo-darwinienne standard et toute faite de la sélection naturelle. Le processus consiste à sélectionner des transformations qu’absolument personne ne comprend.

Prenez l’idée que les ailes aient évolué à partir des pattes antérieures. Il faut peut-être une centaine de mutations pour y parvenir et ceci ne peut survenir que si ces cent mutations se produisent en même temps. Tout le monde s’est entendu actuellement pour appeler ça « un saut quantique dans l’évolution ». L’évolution a en fait la capacité tout à fait stupéfiante d’aller au-delà de ce qui existait avant. La pulsion auto-transcendante fait donc partie intégrante du tissu même du kosmos.

Les quatre pulsions de tous les holons-51-

Nous avons donc l’agencement et la communion qui opèrent « horizontalement » à chaque niveau et sur le plan « vertical » nous avons le mouvement vers un niveau supérieur c’est à dire l’auto-transcendance ainsi que le mouvement vers un niveau inférieur c’est à dire l’auto-dissolution.

La pulsion auto-transcendante produit la vie à partir de la matière et le mental à partir de la vie. Le processus continu d’auto-transcendance produit des discontinuités, des sauts, des bonds créatifs.

Emergence créative-52-

 La prise de conscience que nous vivons dans un univers d’émergence créative a commencé à faire son chemin dans l’esprit des scientifiques.

Comme l’écrivait Whitehead le « fondement métaphysique ultime est l’avancée créatrice dans la nouveauté. De nouveaux holons émergent  de façon créative. C’est le principe      n °3 : les holons émergent.

Créativité – ou Vacuité, le terme bouddhique -et Esprit sont liés. L’Esprit ou la Vacuité donnent naissance à la forme. Par exemple, le Big Bang : il n’y a d’abord rien et puis « Bang », quelque chose : la manifestation sort de la Vacuité.

 Les calculs effectués par les scientifiques de Fred Hoyle à F.B. Salisbury prouvent  systématiquement que 13 à 14 milliards d’années ne suffiraient pas au hasard pour produire ne serait-ce qu’un seul enzyme. En quelque sorte quelque chose d’autre que le hasard pousse l’univers. Le hasard est au contraire ce dont triomphe la pulsion auto-transcendante  du Kosmos.

 Le Kosmos a donc une direction. Il va quelque part et son fondement est la Vacuité.

Donc vacuité, créativité, holons.

Mais ne s’ensuit pas que vous pouvez assimiler la créativité à votre Dieu favori, le Dieu des Juifs, celui des Hindous celui des peuples autochtones et Dieu me garde, Il est bon….Nous devons être très prudents c’est pourquoi je garde le terme Vacuité.

 Holarchie-56-

 Holarchie c’est ainsi que Koestler désigne la hiérarchie car elles sont composées de holons. Pratiquement tous les processus de croissance de la matière à la vie et au mental s’inscrivent dans des holarchies naturelles à ne pas confondre avec les hiérarchies de domination.

La Voie du Tout-Englobant-59-

 Le principe n°5 est que chaque holon qui émerge et transcende inclut son ou ses prédécesseurs. Par exemple, les molécules transcendent et incluent les atomes  qui transcendent et incluent les particules.

L’Evolution est un processus qui transcende et inclut.

2.    L’impulsion secrète-61-

L’Evolution transcende et inclut c’est à dire que le supérieur possède l’essentiel de l’inférieur plus quelque chose d’autre.

Supérieur et inférieur -62-

Si on détruit un niveau inférieur de holons par exemple les atomes pour les molécules celles-ci disparaissent. L’inverse n’est pas vrai, les holons de rang inférieurs subsistent.

Supérieur et inférieur n’est donc pas un jugement de valeur.

La holarchie est donc un ordre de totalité croissante. Si vous détruisez la biosphère, le cosmos peut et va continuer d’exister.

Profondeur et étendue-64-

 Le nombre de niveaux de l’holarchie est sa profondeur et le nombre de holon à un niveau donné est son étendue.

Chaque niveau supérieur produit plus de profondeur et moins d’étendue. (c’est en fait le principe n°8) – cf la cohérence du réel d ‘Ervin Laszlo)

 

 

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L’essentiel des grandes traditions  de la sagesse humaine soutient que la réalité du monde est une grande Holarchie d’être et de conscience, allant de la matière à la vie puis au mental et à l’Esprit.

Chaque dimension transcende et inclut ses dimensions inférieures dans une holarchie gigogne, souvent représentée par des cercles ou sphères concentriques. (cf les 5 kosha dans l’Advaïta vedanta )

Conscience Kosmique-69-

 

Chaque niveau transcende et inclut son prédécesseur. L’Esprit est, transcende tout, alors il inclut tout. Il est au-delà de ce monde mais il embrasse complètement chaque petit holon qui existe dans ce monde.

Cela nous nous entraîne par exemple à considérer que la biosphère nous est interne au sens propre. Elle fait partie de notre être précisément parce que la noosphère transcende et inclut la biosphère qui inclut la physiosphère. Nous pouvons avoir un point de vue simplement écologique sans être simplement écologiques, sans tout réduire à la biosphère.

Mais il existe bien sûr des gradations de profondeur, des gradations de valeur intrinsèque, une holarchie de valeur : plus grande est la profondeur d’un holon, plus grand sera son degré de conscience.

Le spectre de la conscience-72-

 L’évolution a une direction, un principe d’ordre issu du chaos, une pulsion vers une plus grande profondeur. Le hasard est vaincu, le sens émerge.

Il s’agit en fait du principe n° 12, le dernier dont je veux parler. L’évolution a une vaste tendance générale à aller dans la direction de la complexité croissante, d’une organisation/structuration croissante d’un telos croissant.

Conscience et profondeur sont synonymes. La conscience se déploie de plus en plus, se réalise de plus en plus, se manifeste de plus en plus. Esprit, conscience, profondeur, autant de mots pour dire la même chose.

A chaque nouvelle transcendance, l’Esprit se déploie lui-même. L’évolution va au delà de ce qui était auparavant mais elle doit embrasser ce qui était auparavant.

 Comme Emerson le disait, nous sommes assis sur les genoux d’une immense intelligence.

L’évolution est à la fois Dieu et Déesse, transcendance et immanence. L’évolution est immanente  elle fait partie intégrante du tissu même du kosmos mais partout elle transcende  ses propres productions.

Est-ce que les mystiques et les sages sont fous ? Leur histoire est-elle plus folle que celle du matérialisme scientifique ?

Je pense que les sages sont le sommet toujours croissant de l’impulsion secrète de l’évolution qu’ils incarnent la pulsion même qui mène le kosmos à une plus grande profondeur.

Il n’y a pas de Tout final, seulement un processus sans fin et vous êtes l’ouverture, l’éclaircie, la pure Vacuité dans laquelle se processus se déploie.

1.    Tout à fait humain-77-

En nous fondant sur les travaux de nombreux chercheurs tels que Jean Gebster, Pitrim Sorokin, Robert Bellah, Jurgen Habermas, Michel Foucault et Peter Berger nous pouvons esquisser les grandes lignes des « visions du monde » prédominantes aux différentes époques du développement humain à mesure que l’évolution avance dans la noosphère. On peut résumer ces visions ou stades de la manière suivante : archaïque, mythique, rationnel et existentiel en corrélation avec les stades chasse/cueillette, horticole, agraire, industriel et informationnel.

En nous fondant sur les travaux très passionnants de chercheuses féministes récentes telles que Kay Partin, Barbara Vororshies, Joyce Nielsen, et Janet Chafetz nous pouvons reconstituer le statut relatif des hommes et des femmes à chacun de ces stades.

 Chasse/cueillette-78-

 (ou sociétés primitives). Les rôles de hommes et des femmes étaient très nettement délimités : les hommes, la plus grande part de la chasse et les femmes, la plus grande part de la cueillette.

Ces sociétés ont émergé quelque part entre un millions d’années et quatre cent mille ans. Ce qui distinguait les premiers humains des singes, comme l’a souligné Habermas, n’était pas l’existence d’une économie ou l’usage d’outils mais plutôt l’invention du rôle de père : la « familialisation » du mâle.

Avec cette « familialisation » nous allons voir LA tâche la plus grande, celle de dompter la testostérone qu’on peut présenter comme « baiser » ou « tuer ».

Selon Lenski l’espérance de vie était alors d’environ 22,5 ans. La structure tribale de base était fondée spécifiquement sur le lignage parentale.

Comme le souligne Théodore Roszak dans The Voice of the Earth , le regard « sacré » sur la nature ne garantissait en aucun cas un mode de vie écologiquement sain car partout et en tous temps hommes et femmes ont spolié la nature par pure ignorance.

Lorsque je regarde nos ancêtres je suis frappé de respect et admiration pour la stupéfiante créativité originale et révolutionnaire qui a permis aux humains de s’élever au-dessus d’une nature donnée et commencer, à construire une noosphère.

Pour y parvenir, ces tribus originelles vont transcender leur lignage originel et passer au trans-tribal. C’est l’agriculture et pas la chasse qui leur en fournit les moyens.

Horticole-81-

 Ainsi, la chasse et la cueillette vont laisser place à l’agriculture dont il faut distinguer deux types : horticole (basée sur la houe) et agraire (basée sur la charrue).

Dans les sociétés horticoles une femme enceinte pouvait utiliser une houe et 80% des aliments étaient alors produit par des femmes. 1/3 de ces sociétés n’ont eu alors que des divinités féminines et 1/3 masculines et féminines.

C’étaient des sociétés matrifocales avec un statut à peu près égal  pour l’homme et la femme avec pour 1/3 un culte de la Grande Mère. Cette époque a vers 10 000 av JC aussi bien en occident qu’en Orient.

Ces sociétés vivaient en harmonie avec les courants saisonniers de la nature avec le rituel annuel du sacrifice humain à la Grande Mère. Selon Lenski la durée de vie était d’environ 25 ans.

Agraire -85-

 Si une femme enceinte peut manipuler une houe il lui est impossible de manier une charrue tirée par des animaux ( cf les travaux de Joyce Nielsen et Janet Chafetz qui montrent l’augmentation du taux de fausse couche en cas de travaux agraires.

Et donc la lourde tâche du labour est revenue aux hommes.

Selon Lenski et Chafetz le sort des hommes était devenu plus dur que celui des femmes.

Il y a eu polarisation des rôles sexuels  et les deux sexes en ont souffert horriblement.

Les divinités sont devenues progressivement masculines. (cf Sex, Ecology, Spiritualité)

La société est devenue patriarcale : les hommes ont alors dominé la sphère publique – gouvernement, éducation, religion, et politique- et les femmes la sphère privée –famille, foyer, domicile-

L’usage de la charrue a libéré un certain nombre d’individus qui ont pu poursuivre d’autres tâches. C’est cette époque que l’écriture, les mathématiques, la métallurgie ont été inventées.

Les premiers grands empires militaires sont apparus.

Sont nées aussi les premières entreprises contemplatives : la porte de la méditation et de la contemplation.

Karl Jasper parle de période axiale pour désigner cette période incroyablement significative de l’histoire qui commence vers le VI ième siècle avant J.C. à la fois en Orient et en Occident. C’est la période des grands « sages axiaux » : Bouddha, Lao Tseu, Les Parménide, Socrate, Platon, Patanjali, Confucius,  les âges des Upanishads et les autres.

 

Industriel-88-

L’industrialisation, malgré toutes ses horreurs et tous ses effets secondaires cauchemardesques était d’abord un moyen d’assurer la subsistance non pas grâce aux muscles mais grâce à la puissance de la machine travaillant la nature.

En moins d’un siècle d’industrialisation, celle-ci a éliminé l’accent mis sur la force physique masculine. Le mouvement des femmes a alors émergé pour la première fois dans l’histoire. Le livre Défense des droits de la femme de Mary Wollstonecraft a été écrit en 1792. C’est le premier traité féministe majeur de l’histoire.

L’industrialisation  a conduit à l’éco-crise. Un regard sacré sur la nature ne suffira pas. Roszak souligne que c’est la science moderne seule – les sciences écologiques et systémiques par exemple, qui peuvent nous montrer pourquoi nos actions corrodent la biosphère car celles-ci résultent de l’ignorance.

 

2.    La grande révolution postmoderne-93-

 Nous venons de passer en revue les bases techno-économiques de chaque époque. Qu’en est-il des « visions du monde » correspondantes ?

L’idée générale est assez simple : les différents stades de la croissance de la conscience présentent chacun une vision du monde différente. A mesure que de nouvelles capacités cognitives se déploient et évoluent, le Kosmos se regarde lui-même d’un œil différent et voit les choses bien différentes.

Par commodité, j’appelle ces visions du monde : archaïque, magique, mythique, rationnelle et existentielle et il peut y avoir des stades plus élevés.

Ce n’est pas en fait un seul monde que nous regardons différemment c’est plutôt que des mondes différents émergent. C’est comme un  gland qui devient chêne. Celui-ci porte en lui de nouvelles composantes, branches, racines feuilles etc… dont le gland était porteur mais qui n’apparaissait pas.

La ligne de partage de la postmodernité-94-

 Le vieux paradigme dont personne ne veut plus, c’est le paradigme des Lumières, aussi appelé paradigme moderne. Il porte des douzaines d’autres noms comme newtonien, cartésien, mécaniste etc…

Ce paradigme est considéré comme dépassé ou gravement limité et c’est la panique totale pour trouver le nouveau paradigme.

Avant de parler du nouveau paradigme il nous faut comprendre le paradigme fondamental des Lumières. C’est l’idée qu’il y ait d’abord le soi ou le sujet et d’autre part le monde empirique ou sensoriel et que toute connaissance valable consiste à dresser des cartes – ou théories- du monde empirique. Et si la carte est exacte alors nous avons la « vérité ».

Tous les principaux théoriciens des Lumières qu’ils soient holistes ou atomistes, ou entre les deux, s’entendaient sur le principe de cette cartographie.

Il a fallu plusieurs siècles pour comprendre quel était le problème. Le moyen le plus simple de le présenter est d’énoncer que les cartes n’incluent pas le cartographe et que celui-ci pouvait apporter quelque chose à l’image !

Tous les partis « post-modernes » ou « post-Lumières » s’entendaient sur le fait  que ce « miroir de la nature «  était une idée totalement et immensément et désespérément naïve.

Chez Kant en particulier, pour commencer, puis chez Hegel, Schopenhauer, Dilthey, Nietzsche, Heidegger, Foucault et Derrida – chez tous les grands penseurs post-modernes partout on trouve une puissante attaque du paradigme de la cartographie parce qu’il n’a pas pris en compte le moi qui dresse la cartographie.

La grande découverte post-moderne est que ni le moi ni le monde ne sont donnés d’avance mais qu’ils ont une histoire et un développement qui évolue c’est la révolution de Kant selon laquelle c’est plus le mental qui forme le monde que le monde qui forme le mental pas à tous points de vue mais de façon nombreuses et importantes.

Ce que nous voulons c’est remonter l’histoire de ces visions du monde.

A chacune de  es étapes, le Kosmos se regarde lui-même avec des yeux nouveaux et donne ainsi naissance à de nouveaux mondes qui n’existaient pas auparavant.

 Les deux sentiers de la postmodernité-98-

 La grande découverte postmoderne c’est  l’idée générale que les visions du monde se développent et que ni le monde ni le moi ne sont simplement donnés d’avance.

Devant cette découverte du « non donné d’avance » un théoricien peut choisir l’une des deux routes qui traversent ce paysage.

 La première route c’est est sans doute la plus commune est celle du constructivisme extrême. Les visions du monde sont « construites » par des cultures. Tout est « socialement construit ». Ses théoriciens pensent que les différentes visions sont totalement arbitraires ancrées dans rien d’autre que le pouvoir ou un « isme » quelconque.

Cette approche est trop extrémiste car les visions du monde ne sont pas si arbitraires que ça. Les courants du Kosmos imposent des contraintes aux visions du monde. Foucault a emprunté cette voie avant de s’apercevoir que c’était un cul de sac et qualifié ses propres tentatives d’arrogantes.

Le constructivisme extrême est un nihilisme dont noyau invisible est le narcissisme : l’ego du théoricien remplace la vérité qui est ignorée.

 

La seconde route est plus modérée et on la retrouve dans des formes variées  chez Hegel, Marx, Nietzsche, Heidegger, Gebser, Piaget, Bellah, Foucault, Habermas.

Selon cette approche les données du monde ne sont pas complètement données d’avance et l’histoire concrète et le déploiement de ces visions constitue un schème évolutionnaire qui, selon moi se développe selon les vingt principes.

Chaque vision laisse place à la suivante ce qui engendre énormément de remous ou de chaos et si le système ne s’effondre pas tout simplement, il échappe au chaos en évoluant vers un schéma plus hautement organisé.

J’ai appelé ces visions qui se sont succédées, d’archaïques, magiques, mythiques, rationnelles, et existentielles et j’envisage la possibilité de stades plus élevés.

 

A l’orée de demain-102-

 

Le paradigme de la représentation était duel : celui qui dressait la carte ne faisait pas vraiment partie du monde.  C’est le dualisme cartésien.

L’approche postmoderne ne nie pas d’un bloc le paradigme de la représentation mais elle dit qu’à niveau beaucoup plus profond, la pensée ne peut pas dévier des courants du Kosmos et la tâche de la philosophie est d’élucider les courants plus profonds dont la pensée ne pourrait pas dévier même si elle le voulait !

  Dans le zen il y a un dicton : « Cela dont on peut dévier n’est pas le vrai Tao ».

Nous sommes assis dans notre vision du monde rationnelle mais il est certain que la vision du monde transrationnelle est là en attente.

Transcendance et répression-104-

 Naturellement cela ne veut pas dire qu’une vision du monde « supérieure » n’ait pas ses propres problèmes, c’est tout le contraire. Partout où la transcendance est possible, la répression est possible.

Ce thème transcendance versus répression est un thème absolument crucial du développement historique.

La solution de l’ancien problème est la création d’un nouveau problème.

Nous avons atteint nos propres limites avec la vision rationnelle et industrielle du monde. Elle doit laisser place au postmoderne.

 

5. Les quatre coins du cosmos-107-

 La vision de la modernité, grosso modo les Lumières, a servi à des fins nombreuses, utiles et extraordinaires. On pourrait mentionner : l’avènement de la démocratie, l’abolition de l’esclavage, l’émergence du féminisme libéral etc….Voilà des accomplissements extraordinaires et les critiques de la modernité ne font que critiquer à haute voix celles-ci tout en profitant de ses bienfaits.

Pour transcender la modernité – le rationnel /industriel signifierait que nous devons  être ouverts à des modes de conscience qui se situent au-delà de la simple rationalité.

Il faut donc être à la fois transrationnel et trans-industriel.

La rationalité et l’industrie sont devenues des cancers du corps politique. La transformation doit donc inclure les éléments de la modernité tout en limitant son pouvoir. Mais cette transformation en réglant les problèmes de la modernité créera à nouveau ses propres difficultés.

 Les quatre quadrants -109-

 Une partie de la transformation à venir comprendra à la fois un changement dans la conscience et un changement des institutions.

 

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Pour arriver aux quatre quadrants j’ai simplement fait des listes de toutes les cartes holarchiques conventionnelles, nouvel-âge, orientales, et occidentales, prémodernes et postmodernes- tout, de la théorie des systèmes à la Grande Chaîne de l’Être, des vijanas bouddhiques aux koshas du Vedanta, à la kabbale et à Piaget, Marx, Kohlberg, Loevinger, Maslow, Lenski etc… J’avais des centaines de ces cartes inscrites sur des tablettes et étalées sur le plancher.

Ces différentes holarchies affichaient des similarités indéniables mais elles différaient aussi très profondément.

Il y avait en fait quatre types distincts de holarchies. Ces quatre quadrants traitent de l’intérieur et de l’extérieur d’un holon à la fois dans ses formes individuelles et collectives.

Intentionnel et comportemental-114-

 A titre d’exemple on peut commencer avec le holon individuel.

Côté supérieur gauche : développement de la conscience : de la préhension… sensation, perception, émotion, symboles, concepts

Côté supérieur droit : forme : atome, cellule, organismes métaboliques (plantes) … organisme à neurones, … néocortex (primates) et néocortex ( humains)

 

Culturel et social-117-

 C’est la partie inférieure

A gauche : culturel (valeurs que l’on partage avec les communautés semblables)

A droite : social la base techno-économique ( …horticole, agraire…) les structures géopolitiques (villages, états, etc…)

Ces composantes matérielles, sociales empiriquement observables – en fait le système social réel – sont cruciales pour nous aider à déterminer les divers types de visions du monde culturelles.

Ma « prétendue pensée individuelle » possède en réalité au moins quatre aspects – intentionnel, comportemental, culturel et social. Le système social a une forte influence sur la vision culturelle du monde et vous pouvez tourner autour de ce cercle dans n’importe quelle direction. Les quadrants sont tous inter-reliés. Tous ils causent et sont causés par les autres quadrants.

Chaque holon a ses quatre facettes. Naturellement ces facettes se mélangent mais il y au moins ces quatre là.

Un exemple -120-

L’aspect des choses à venir-122-

 La transformation est déjà en train de se produire.  Si nous voulons accompagner l’Esprit-en-action, alors les quatre quadrants peuvent nous aider. L’Esprit n’est pas seulement un Soi supérieur ou Gaïa ou seulement la conscience ou seulement la toile de la vie ou seulement la somme de tous les éléments objectifs. L’Esprit existe plutôt dans et en tant que ces quatre quadrants.

Nous voulons parler de la manière dont cette transformation  à venir apparaîtra et se manifestera dans les quatre quadrants Toutes les choses nouvelles vont émerger ensemble ou elles n’émergeront pas du tout.

 

3.    Les deux mains de Dieu -125-

 Chaque quadrant a un type de vérité différent. Ces vérités sont à l’origine d’une bonne part de la grande rébellion postmoderne. Elles parlent avec éloquence dans les langues des dieux et d’anges cachés.. Elles pointent vers le cœur des holons en général et nous invitent à entrer dans ce monde intérieur. On pourrait même dire que ces quatre types de vérités sont les quatre faces de l’Esprit tel qu’il luit dans le monde manifesté.

 

Mental et cerveau -126-

 Le mental est ce à quoi ressemble votre conscience de l’intérieur et le cerveau ce à quoi elle ressemble de l’extérieur, du dehors. Peut-être que nous allons décider que mental et cerveau sont identiques mais il faut commencer par le fait indéniable qu’ils sont très différents.

Pour connaître ce qui se passe dans mon cerveau vous devez me parler autrement dit amorcer un dialogue pas un monologue. Je peux connaître votre cerveau en l’étudiant objectivement mais je ne peux connaître votre mental qu’en vous parlant.

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Les sentiers de gauche et de droite-129-

 Les différences entre les sentiers de gauche et de droite sont dès l’origine de toute quête majeure de la connaissance aussi bien en Orient qu’en Occident. Nous les voyons en psychologie Freud en face (vs)de Watson, en sociologie Weber vs Comte, en philosophie Heidegger vs Locke, en anthropolgie Taylor vs Lenski, en linguistique herméneutisme vs structuralisme et même en thélogie Saint Augustin vs Saint Thomas d’Aquin.

Le regard monologique : clef des sentiers de droite-129-

 Tout ce qui se trouve du côté droit peut être vu avec les sens ou leur extension – microscopes, téléscopes etc…Tous ces aspects – les surfaces observables-peuvent être vus dans un monologue d’où le terme monologique.

Le paradigme des Lumières a ramené les dimensions du côté gauche du Kosmos dans le côté droit.

On se retrouve ainsi dans un univers disqualifié régi par le regard monologique, le monde brutal du technicien de laboratoire.

Et cela a déclenché la rébellion postmoderne.

Interprétation : la clé des sentiers de gauche-131-

 Du côté gauche, aucun des aspects n’a de localisation simple. Vous pouvez pointer du doigt une pierre  mais où est le désir par exemple ?  A gauche, il n’y a pas de localisation simple.

Tous les sentiers de droite impliquent la perception mais tous le sentiers de gauche impliquent l’interprétation.

Nous affaire, pour ainsi dire, aux deux mains de Dieu, à la manière dont l’Esprit se manifeste concrètement dans le monde.

 

Que signifie ce rêve ?-134-

 La psychanalyse est essentiellement une approche interprétative. Le titre du premier ouvrage de Freud dit tout : L’interprétation des rêves. C’est une approche du quadrant supérieur gauche. Toutes thérapies verbales sont essentiellement fondées sur l’interprétation.

Par contre le behaviorisme ou la psychiatrie biologique, dans leurs formes extrêmes n’ont rien de l’interprétation de la profondeur. Mais ce serait aussi une erreur de rejeter en bloc ces approches extérieures.

 

Sciences sociales et compréhension culturelle-138-

 Tout comme la psychologie, la sociologie a été divisée en deux vastes camps : la sociologie interprétative (gauche) et la sociologie naturaliste ou empirique (droite)

La compréhension des significations culturelles est une question d’interprétation.

Parmi ses plus éminents représentants il y  a Wilhelm Dilthey, Max Weber, Martin Heidegger, Hans-Georg Gadamer, Paul Ricoeur, Clifforg Goertz, Mary Douglas, Karl-Otto Appel, Charles Taylor et Thomas Kuhn.

 Les sciences sociales empiriques cherchent à étudier le comportement des sociétés de façon détachée. : taux de naissance, mode de production, etc…Ce sont les sciences sociale standards, positivistes, naturalistes et empiriques. On peut citer Auguste Comte, Karl Marx, Gerhard Lenski et bien d’autres.

Les deux approches sont complémentaires : l’une s’intéresse au holon communautaire en se tenant à l’intérieur de la culture et l’autre à l’extérieur du système.

 

Herméneutique -140-

 « Herméneutique » signifie interprétation. Les philosophes du continent particulièrement allemand et français ont perpétué les aspects interprétatifs de la philosophie tandis ,que les philosophes anglo-saxons – Grande Bretagne et Amérique du Nord- se sont surtout intéressés aux études pragmatiques et empirico-analytiques.

C’est pourquoi Thomas Kuhn a provoqué un tel tollé avec sa notion de paradigmes : selon laquelle les théories scientifiques sont en réalité immergées dans des contextes sous-jacents qui gouvernent leurs interprétations.

Toute interprétation est liée à un contexte-142-

 C’est  la principale règle de l’interprétation. Le point important ici, c’est que le contexte aide à déterminer quelle est l’interprétation correcte. Des holons à l’intérieur des holons et des contextes à l’intérieur des contextes, à l’infini. Cela fait de l’interprétation un terrain plutôt glissant. Plus nous prenons en compte ces contextes, plus riches seront nos interprétations.

Interprétations non humaines-143-

 Cette composante interprétative s’adresse aussi au non humain, par exemple avec votre chien. Une résonance empathique peut s’établir avec l’intériorité de votre chien, avec ses profondeurs, avec son degré de conscience qui n’est pas aussi grand que le vôtre mais cela ne signifie pas qu’il soit nul. Il s’établit entre lui et vous un espace émotionnel qui permet une interprétation. Nous pouvons le faire avec tous les espaces inférieurs, par exemple échanger avec un lézard et ça descend jusqu’aux pierres favorites avec lesquelles nous partageons la masse et la gravité.

Quand nous arrivons à l’humain alors, en plus du bagage antérieur – cellulaire, tronc reptilien, système limbique des mammifères, nous avons aussi un bagage cognitif conceptuel et linguistique complexe.

Les quatre quadrants évoluent, tous obéissent aux vingt principes.

Alors, comment, vous et moi, allons  interpréter le Kosmos ? Allons-nous l’interpréter sur le mode magique ? Sur le mode mythique ? Sur le mode rationnel ? Ou allons-nous d’emblée nous diriger vers le mode transrationnel ?

Vous pouvez commencer à voir pourquoi il n’y a pas simplement un monde donné d’avance, étalé là et qui attend d’être bêtement réfléchi par le regard monologique.

 

Interprétation spirirtuelle-145-

 En quoi l’interprétation est-elle importante quand il s’git de l’expérience spirituelle  directe d’illumination intérieure – une expérience aveuglante, extatique, ahurissante, de lumière intérieure ?

En fait on peut devenir un avec cette lumière mais ensuite on sort de cet état. Etait-ce Jésus-Christ, la conscience bouddhique, un archétype, un ange, un OVNI l’effet d’un cerveau détraqué, Dieu ?   Pour en parler, à ce moment- là il faut interpréter. L’interprétation est donc une partie importante des expériences spirituelles ou trans-mentales.

Bien des gens ont ce type d’expériences spirituelles. Mais ils ne savent pas comment les interpréter.  Or l’une des règles fondamentales de l’interprétation est que toute signification est liée à un contexte. Il faut s’assurer que le contexte est aussi complet et riche que possible, autrement dit qu’il soit validé dans les quatre quadrants.

Beaucoup de gens interprètent ces expériences spirituelles essentiellement en termes du seul quadrant supérieur gauche , ils ont tendance à ignorer les composantes culturelles, sociales et comportementales. Le mouvement du nouvel-âge est rempli de ce type d’interprétations axées uniquement sur le moi.

D’autre voient ces expériences comme essentiellement produites par un état cérébral – le quadrant supérieur droit. C’est hyper-objectif et purement technologique.

D’autres encore – particulièrement les théoriciens écologistes du « nouveau paradigme » les interprètent dans le quadrant inférieur droit : la réalité ultime est pour eux la vie, Gaïa, la biosphère ou le système social.

Enfin, d’autres tentent d’interpréter ces expériences simplement dans les termes d’une conscience culturelle collective et d’une transformation à venir de la vision du monde – le quadrant inférieur gauche.

 Toutes ces interprétations à un seul quadrant ont leur part de vérité. Etant donné que l’Esprit –en –action se manifeste dans les quatre quadrants, il s’ensuit que l’interprétation adéquate doit prendre en compte ces quatre quadrants.

Nous voulons toucher la vérité dans les quatre quadrants. Nous commençons à le faire en voyant que chacun de nous parle d’une voix différente. Ces voix murmurent délicatement leurs vérités et finalement s’unissent en un chœur harmonieux.

De l’unisson à l’unification nous nous trouvons dans l’étreinte irrésistible de le sympathie Kosmique, tout au bord de la sympathie Kosmique.

 

7. A l’unisson du Kosmos -151-

 Le mot vérité, au sens le plus large, signifie être à l’unisson du réel, avoir un contact avec le vrai, avec le bien et avec le beau.

L’humanité a travaillé fort et appris dans la douleur pour élaborer une série de principes de validité.

Les principes de validité sont nos manières de nous connecter à l’Esprit lui-même, à l’unisson du Kosmos.

 

Vérité propositionnelle -152-

 La première approche concerne une situation objective : exemple si je dis qu’il pleut dehors on peut vérifier cette affirmation et si il pleut effectivement on dit alors que c’est vrai. C’est une simple procédure de cartographie qui concerne les idées représentationnelles ou propositionnelles.

Les quadrants supérieurs et inférieurs droits contiennent les éléments observables.

 

Véracité-154-

 Maintenant si nous examinons le quadrant supérieur gauche, l’intériorité d’un holon individuel, pour connaître l’état intérieur  il faut utiliser un critère de véracité, ou de sincérité ou de crédibilité.

Je pourrais mentir intentionnellement ou me mentir à moi-même intentionnellement ou non.  Le but de la psychologie des profondeurs et de la thérapie est d’aider les gens à s’interpréter eux-mêmes avec plus de véracité.

Le point essentiel c’est que la route qui mène à la profondeur est bloquée par le mensonge et l’illusion.

Les freudiens mettent l’accent sur le niveau émotionnel, les thérapeutes cognitivistes mettent l’accent sur le verbal et les thérapeutes transpersonnels  mettent l’accent sur le spirituel.

Un modèle « plein spectre » serait une histoire composite des divers niveaux. De nombreux chercheurs travaillent sur ce modèle plein spectre. Le livre Paths Beyond ego de Roger Walsh et Frances Vaughan en est une bonne introduction.

 

Légitimité -159-

 La question capitale c’est que le monde subjectif est situé dans un espace intersubjectif, un espace culturel, qui permet à l’espace subjectif d’exister.

 Dans le quadrant inférieur gauche, le principe de validité est une adéquation intersubjective. Cet arrière-plan culturel fournit le contexte commun.

Ici, l’objectif est la compréhension mutuelle. Nous ne sommes pas nécessairement d’accord mais il faut d’abord se comprendre.

Il existe des structures linguistiques et des pratiques culturelles, si profondément contextuelles que nous ne sommes pas encore parvenus à les mettre à jour et les comprendre.

L’adéquation culturelle inclut toutes sortes de choses : l’éthique, la morale et la loi, les identités de groupe ou collectives, les contextes culturels d’arrière-plan et tout le reste.

Cet espace culturel existe pour tous les holons, Il y a une intersubjectivité tissée à même l’étoffe du Kosmos à tous les niveaux.

Nous voulons parvenir à une légitimité pour tous les êtres sensibles : le bien le plus profond pour nous tous.

 

Adéquation fonctionnelle-162-

 Le quadrant supérieur droit est l’extériorité des individus uniquement. Le quadrant inférieur droit est l’extériorité des systèmes. La proposition fait référence au système social dont le plus important principe est l’adéquation fonctionnelle – comment divers holons parviennent à vivre ensemble dans le système objectif global.

Ce n’est pas une théorie systémique et toute la révolte postmoderne contre la modernité des Lumières montrer essentiellement pourquoi. Toute la révolte postcartésienne souligne dramatiquement pourquoi la théorie des systèmes n’est que davantage de dualisme cartésien.

Vous ne trouverez rien dans la théorie des systèmes qui concerne les standards éthiques, les valeurs intersubjectives, les dispositions morales, la compréhension mutuelle, la véracité, la sincérité, la profondeur, l’intégrité, l’esthétique, l’interprétation, l’herméneutique, la beauté, l’art ou le sublime.

Avec l’approche systémique on abolit le clivage entre subjectif et objectif. C’est précisément le paradigme fondamental des Lumières. Voilà pourquoi de Taylor à Foucault en passant par Habermas n’est que davantage du même cauchemar réductionniste.

Le réductionnisme grossier réduit tout à des atomes. Mais le réductionnisme subtil ne fait pas ça ! Même qu’il combat cela férocement !   Il réduit tous les aspects  de gauche à leurs  corrélats de droite. Il paraît très holistique et tout-inclusif mais il évacue l’intériorité du Kosmos entier.

 

Conclusions : les quatre faces de l’Esprit -167-

 Nous avons quatre quadrants différents, chacun avec un type de vérité différent, une voix différente, un principe de validité différent. Ce sont des formes valables de connaissance fondées dans les réalités des quatre facettes de chaque holon. Elles sont falsifiables dans leur propre domaine, ce qui signifie que des principes faux peuvent être délogés par des preuves ultérieures provenant de ce domaine.

Au cours des siècles et des millénaires et par un processus très douloureux de tâtonnements, l’humanité a appris les procédures fondamentales de ces épreuves de vérité.

Ces vérités constituent le grand trésor de l’humanité collective durement gagné par le sang, la sueur, les larmes face à la fausseté, à l’erreur, à l’illusion, au mensonge. L’humanité a lentement et graduellement appris au long d’une longue histoire vieille d’un million d’années, à séparer la vérité de l’apparence, la bonté de la corruption, la beauté de la dégradation et la sincérité du mensonge.

Ces quatre vérités sont les quatre faces de l’Esprit tel qu’il luit dans le monde manifesté.

Les principes de validité nous forcent à affronter la réalité. Ils exigent des preuves du reste du Kosmos. Ils sont le mécanisme d’équilibre des pouvoirs dans la Constitution Kosmique.

En suivant ces sentiers vers la vérité, nous sommes en adéquation avec le flux du Kosmos.

 Et la voix murmurante venue de tous les coins du Kosmos nous dit : « Laissez la vérité, la véracité, le bien et la beauté étinceler comme les sceaux d’une Vacuité rayonnante qui ne voudrait ni ne saurait jamais nous abandonner. »

8. Le Bien, le Vrai et le Beau -171-

 Pour résumer les quatre quadrants disons que tout ce qui est du coté droit peut être décrit dans le langage du « cela ». Tout ce qui relève du quadrant supérieur gauche peut-être décrit dans le langage du « je ». Tout ce qui appartient au quadrant inférieur gauche peut être décrit dans le langage du « nous ».

 

Les Trois Grands -171-

 Il y a trois langages qui correspondent d’abord aux deux quadrants droits et aux quadrants supérieurs et inférieurs gauches.

 Le premier langage (celui des deux quadrants droits):

La partie droite c’est le langage du cela objectif, neutre qui concerne les surfaces dépourvus de valeurs. C’est le langage  standard des sciences empiriques, analytiques et systémiques, de la physique à la théorie des systèmes en passant par l’écologie, la cybernétique, la sociologie positiviste et le béhaviorisme (le comportement observable).

Il est monologique. Il décrit des surfaces avec des « cela » qu’elles soient à l’intérieur de vous ou à l’extérieur de vous.

Même l’information qui circule peut être décrite dans le langage du cela.

 

 Le deuxième langage (celui du quadrant gauche supérieur) celui de la manière dont « je » vois le monde :

Le langage du « je » est votre présence ; votre conscience, votre attention éveillée et subjective. Naturellement cette subjectivité augmente à mesure que s’accroît la profondeur. Il y a plus de subjectivité chez un singe que chez un ver. Mais cette subjectivité ne peut être décrite dans le langage du cela qui convertirait le sujet en un simple objet.

 

Le troisième langage (celui du quadrant gauche inférieur) , celui de la manière dont nous voyons le monde. C’est le langage du nous, celui de la dimension culturelle ou intra-subjective.

Ainsi nous avons au minimum ces trois langages fondamentaux – les Trois Grands- et ils sont différents l’un de l’autre car ils s’adressent à des domaines différents.

On peut donc traiter les quatre quadrants comme trois entités : je, nous et cela.

Voici quelques-unes seulement des trois formes des Trois Grands :

 JE  (supérieur gauche) : Conscience, subjectivité, moi et expression du moi (les arts , l’esthétique) – Véracité, sincérité.

 

NOUS (inférieur gauche) : Ethique et morale, vision du monde, contexte commun, culture, signification intersubjective, compréhension mutuelle, convenance, légitimité.

 

CELA  (quadrants de droite) : Science et technologie, nature objective, formes empiriques. Vérités propositionnelles.

 

Voici quelques exemples

 

Les Trois Grands sont aussi les trois mondes de Sir Karl Popper : objectif (cela), subjectif (je) et culturel (nous)

Les Trois Grands sont aussi les trois principes de validité de Habermas : vérité objective, sincérité subjective et légitimité inter- subjective.

Et chose qui a une immense importance historique, les Trois Grands apparaissent dans la trilogie extrêmement influente de Kant :

Critique de la raison pure (science objective)

Critique de la raison pratique (morale)

Critique du jugement (jugement esthétique et arts)

 Le paradigme fondamental des Lumières réduisait tous les « je » et les « nous » à de simples « cela ». au grand langage plat du « cela. »

La meilleure manière de  vraiment saisir les aspects négatifs de la modernité des Lumières c’est d’abord de comprendre ses contributions positives.  Rappelez-vous il y a une « dialectique du progrès » à chaque stade de développement : chaque nouveau stade est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.

J’aimerais parler brièvement de ces bonnes nouvelles.

 

Bonne nouvelle : la différenciation des Trois Grands-175-

 Selon les théoriciens, de Weber à Habermas, la bonne nouvelle de la modernité, c’est qu’elle a réussi, pour la première fois dans l’histoire, à différencier les Trois Grands.  C’est à dire à différencier les arts, la morale et la science ; ou le moi, la culture et la nature. Ces domaines n’ont plus été fusionnés et confondus de manière syncrétique.

 

Mauvaise nouvelle : la dissociation des Trois Grands-178-

La dignité de la modernité s’est mise à déraper vers le désastre de la modernité : les Trois Grands avaient tendance à se dissocier.

Etant donné qu’ils étaient dissociés les Trois Grands n’étaient pas harmonieusement équilibrés et intégrés. Ils devenaient une proie facile pour les approches du domaine du cela.

Les progrès rapides et explosifs du domaine du cela ont commencé à éclipser ceux du je et du nous. La science a commencé à chasser la conscience et la morale hors de leur territoire en prenant leur place .

Les grands et indéniables progrès des sciences empiriques depuis la Renaissance jusqu’au siècle des Lumières ont donné l’impression que toute la réalité pouvait être approchée dans des termes scientifiques objectifs.

Les Trois Grands étaient réduits au « Seul Grand » du matérialisme scientifique, à l’extériorité, aux objets et aux systèmes scientifiques.

La quête fondamentale de la connaissance consistait simplement pour l’Ego rationnel à dresser la carte du monde entier. Ce que Rorty a très bien nommé le « miroir de la nature ».

Dans le vaste programme des Lumières, la nature était considérée comme un système parfaitement inter-relié et harmonieux.

 Les théoriciens du « nouveau paradigme » maintiennent avec force que ce  qui était fondamental au sujet du paradigme des Lumières c’était son atomisme et qu’ils vont en triompher en le remplaçant par le holisme, ou la théorie des systèmes, ce qui est effectivement un non-sens.

Ces holistes de la terre plate prétendent que le grand legs négatif des Lumières était une ontologie atomiste et séparative. Mais l’atomisme n’était pas le thème dominant des Lumières. Les historiens de cette période ont montré abondamment  que le thème dominant le legs Lumières était « l’harmonie d’un ordre inter-relié de l’être », une harmonie systémique qui sous-tendait tout depuis la  » main invisible « d’Adam Smith au grand ordre inter-relié de John Lock.

Charles Taylor conclut que « pour le courant principal des Lumières la nature en tant que système complet et inter-relié inclue tous les êtres y compris l’homme et ceux-ci ont un mode naturel d’existence harmonisé à celui de tous les autres. «

 Voilà le modèle de base, le plan du bonheur et du bien.

Dans l’Encyclopédie, bastion de la pensée des Lumières, il était énoncé que tout dans la nature était lié ensemble et Lovejoy souligne : « Ils avaient l’habitude de discourir avec éloquence sur la perfection du Système Universel en tant que tout. » (Sex, Ecoly, Spirituality, p 131-132)

 Le thème dominant était cette « grande toile de vie », un grand ordre inter-relié des êtres. Cette vision était holistique mais ne reconnaissait que le côté droit du quadrant. La théorie des systèmes fait partie intégrante du cauchemar. C’est l’univers disqualifié de Mumford.

 Ce réductionnisme de la terre plate est d’autant plus insidieux que vous êtes un théoricien de la systémique car vous pensez alors avoir tout  prévu dans votre grand système du cela.

 

La tâche de la postmodernité : l’intégration des Trois Grands-183-

 Si la modernité a réussi à différencier les Trois Grands il appartient à la postmodernité de les intégrer. Mais tout ce qui s’appelle « postmoderne «  ne suppose pas une intégration. Une grande part de la pensée postmoderne est régressive avec souvent agitation régressive et narcissique ce qui donne les jérémiades égocentriques d’une si grande part du « postmodernisme ».

 Mais les courants les plus authentiques de la postmodernité au sens où je l’emploie – de Hegel à Heidegger à Habermas à Foucault à Taylor tentent de ramener un certain équilibre dans le tableau en essayant d’honorer également la science, la morale et l’esthétique.

C’est ce que nous allons chercher à découvrir : des façons d’intégrer le mental, la culture et la nature ce qui revient à honorer l’Esprit dans les quatre quadrants ou simplement les Trois Grands.

 

Les Trois Grands spirituels-185-

 C’est ici que nous commençons à aborder les thèmes spirituels.  J’ai lié les Trois Grands aux notions de Bouddha, dharma et sangha.

Bouddha était un grand réalisé spirituel, le dharma est la vérité qu’il réalise et sangha est la communauté de ceux qui tentent cette réalisation.

Ces développements supérieurs se réalisent  également dans les quatre quadrants. Le Je ultime est Bouddha, le Nous ultime est sangha et le Cela ultime est dharma.

Lorsque vous faites preuve de véracité ou d’honnêteté ultime envers vous-même vous allez éventuellement réaliser : « je suis l’Esprit ».  « Ce n’est pas moi qui vit c’est Christ qui vit en moi ». C’est un état éternel que vous reconnaissez.

L’adéquation culturelle ultime c’est « nous sommes tous des membres de la communauté de l’Esprit. »

La vérité objective ultime est que  tous les êtres sont des manifestations parfaites de l’Esprit ou de la Vacuité c’est à dire du Cela ultime, ou du dharma.

Pour l’instant je ne me préoccupe pas de la façon dont vous souhaitez interprétez cette identité suprême. Par exemple les bouddhistes parlent de Vacuité, les soufis d’Identité suprême, de Divinité, dans le zen on trouve le Vrai Soi qui est non-moi.

 Dans cette conscience rayonnante, chaque « Je » devient Dieu, chaque Nous devient la plus sincère adoration de Dieu et chaque Cela devient le plus gracieux temple de Dieu.

 

 

2ième partie- Aux confins de l’Esprit-en action-189-

9. L’évolution de la conscience-191-

 

Ce sont les stades du je intérieur, en route vers l’identité suprême. Du subconscient à la conscience de soi, à la super-conscience, le déploiement de l’Esprit lui-même l’arc extraordinaire de l’évolution de la conscience, une envolée du seul au Seul.

 Voici une des cartes simplifiées de l’évolution de la conscience. Mais en la présentant, nous  ne discutons que du quadrant supérieur gauche.

N’allez pas vous imaginer que les autres quadrants n’ont pas d’importance !

Nous approchons rapidement d’une compréhension des choses en vertu de laquelle les « pathologies » individuelles sont la pointe d’un énorme iceberg qui inclut les visions du monde, les structures sociales et l’accès culturel à la profondeur.

La thérapie individuelle n’est pas sans importance mais, à bien des égards, elle est presque secondaire.

Les stades supérieurs du développement-192-

 Les gens qui vivaient à une époque plus ancienne –disons mythique-agraire pouvaient avoir accès à des niveaux supérieurs et se trouver ainsi au-dessus de la moyenne que donne le quadrant inférieur gauche.

Chaque société a un certain centre de gravité quia git sur l’individu comme un aimant soit en le tirant vers le haut soit en le tirant vers le bas.

 Si nous appelons échelle cette figure ci-dessus, il y a le grimpeur, celui qui gravit l’échelle et il reste les différentes visions à chaque barreau de l’échelle.

 Echelle, grimpeur, vision- 195-

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Les structures de base : l’échelle-196-

 

Les neuf niveaux ou cercles sont les structures de base de la conscience :

  1. physico-sensoriel : sensation et perception
  2. fantasmatique- émotionnel : les impulsions et les images
  3. mental représentationnel : les symboles et les concepts
  4. Mental règle/rôle : règles concrètes

5 Et 6 Formel-réflexif  et logique –visionnaire : « intégrative »

7-8 et 9 : Ensuite les stades plus élevés ou trans-personnels : psychique, subtil, et causal.

 

Cette liste n’est en aucun cas exhaustive. Ce n’est qu’un échantillon représentatif.

La métaphore de l’échelle montre que les composantes fondamentales de la conscience émergent en réalité par stades assez bien délimités. Mais elle est trompeuse en ce sens que chaque niveau supérieur n’est pas installé au-dessus du précédent mais l’englobe : c’est une holarchie d’emboîtements successifs.

 

Le moi : le grimpeur-197-

 

Le grimpeur est le moi (objectivement, système du moi mais subjectivement c’est une personne )

L’important donc c’est que l’échelle et le grimpeur sont deux choses très différentes !

A n’importe quel stade les choses peuvent mal tourner pour le grimpeur. Des aspects du moi peuvent être endommagés « laissés derrière ». Ces aspects s’appellent répression/refoulement ou dissociation ou aliénation. Le moi peut perdre un bras, une jambe ce qui a pour caractéristique une pathologie du stade auquel se produit cette perte.

Point charnière -199-

 

J’appelle point charnière chacune de ces étapes. En m’appuyant sur la recherche  dont s’occupent des théoriciens et cliniciens comme Margaret Mahler, Otto Kernberg, Heinz Kohut, Gertrude et Robert Blanck sans parler de pionnier comme Jung, un point charnière désigne simplement le processus crucial de la différenciation et de l’intégration qui se produit au cours du développement humain.

La négociation de cette fourche capital que représente le point charnière détermine à chaque fois le sort ultérieur du grimpeur.

 

De nouveaux mondes émergent : visions changeantes-200-

Dans le déploiement du développement chaque barreau offre une perspective différente – une vision différente de moi et les autres- une vision du monde différente.

Comme nous l’avons constamment vu des espaces/mondes différents naissent à mesure que la conscience évolue. Il n’y a pas simplement un monde donné d’avance !

Ce modèle de développement de la conscience est fondé sur le travail d’environ soixante ou soixante-dix théoriciens, orientaux ou occidentaux. Parmi lesquels Abraham Maslow, Jane Loevinger et Lawrence Kohlberg.

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Tous les développementalistes, pratiquement sans exception, ont une liste de type stade ou échelle, une holarchie de la croissance et du développement : Kohlberg, Carol Gilligan, Heinz Werner, Jean Piaget, R.Peck, Habermas, Robert Selman, Erck Erikson, J.M. Baldwin, Silvano Arieti, et même les traditions contemplatives de Plotin à Padmasambhava, de Chih-i- à Fa-Tsang.

 Même dans les versions fortes, comme celle de Kohlberg, environ 50% des réponses du moi tendent à provenir d’un niveau, 25% viennent du niveau supérieur et 25% du niveau inférieur. Le système du moi a son propre centre de gravité.

 

Pathologie-204-

 

Si, pour différentes  raisons, survient de façon répétée un traumatisme grave durant les premiers stades -3 ou 4 premières années de la vie- des aspects du moi peuvent être dissociés et continuer à interpréter le monde à l’intérieur du stade primitif où le traumatisme est survenu.  Le conflit interne qui en résulte peut être dévastateur : c’est une pathologie.

 

Stade du déploiement spirituel-206-

 On peut avoir une expérience spirituelle – une expérience sommet– à presque n’importe quel stade de la croissance. On peut accéder momentanément aux dimensions supérieures dans diverses conditions – moments d’exaltation, de passion sexuelle, de stress, rêve éveillé, états induits par des drogues ou même durant des épisodes psychotiques.

Une personne peut ainsi passer par exemple du stade  moral 3  au stade 4. Mais il est impossible de sauter un stade.   Même si la personne peut avoir une expérience sommet, le moi de la personne doit tout de même grandir et évoluer. Ceci a très bien été  exposé par Aurobindo.

La psychologie trans-personnelle avait tendance, à ses débuts, à se focaliser sur les expériences sommet. On passait de l’ego , bououou… à pas d ‘ego , houraaaaaa !

 Cette idée naïve de la transformation en une étape s’est maintenant rattachée à une vision du monde purement terre plate : nous allons du vilain ego newtonien au moi avec Gaïa, toile de la vie.  Nous devenons un avec la terre plate et nous sommes illuminés et cela sauve la terre.

 Hélas c’est loin d’être aussi simple. Nous n’allons pas d’un gland à une forêt en un saut quantique.

 

La religion de la terre plate-209-

 Il y a un autre problème qui est encore plus dévastateur.  L’échelle peut se développer et aller beaucoup plus haut que la volonté du moi de la gravir.

Par exemple une personne peut être à la rationalité du niveau 3 et incroyablement avancée intellectuellement et en être toujours au stade moral 1.

Par exemple au Etats Unis , nous préférons une spiritualité qui prend le niveau ou nous sommes. Alors on adopte divers paradigmes de la terre plate. Votre « profondeur » devient équivalente à l’intensité de votre négation de la profondeur tout entière. Vous attaquez les notions de stades.

La religion de la terre plate a un Dieu et un  Diable. Cette religion, comme la plupart des religions fondamentalistes a ses Inquisiteurs et c’est un groupe plutôt déplaisant.

Freud et Bouddha-211-

 L’holarchie de la conscience existe, mais les stades les plus élevés peuvent être sabotés par des refoulements survenant à des stades moins élevés – les guerres civiles internes. Certaines parties du moi peuvent rester coincées par exemple au stade moral 1 et vous avez ces petits barbares qui se promènent dans le sous-sol et deviennent très vilains si vous ne les nourrissez pas ! Avec les psychologie des »profondeurs », en réalité psychologie de la superficialité, nous reprenons contact avec ces holons inférieurs et nous les exposons à la conscience et ils peuvent ainsi rattraper le programme. Si cela se produit, à un moment donné vous allez grimper non seulement jusqu’en haut de l’échelle, mais hors de l’échelle et vous êtes alors en chute libre dans la Vacuité. Intérieur et extérieur perdent toute signification ultime. Vous ne regardez plus le Kosmos, vous êtes le Kosmos. Le soleil ne brille pas sur vous mais en vous. Vous pouvez avaler la Voie Lactée d’une seule goulée, vous pouvez mettre Gaïa dans la paume de votre main.

10. En route vers le global I-215-

 

Nous entendons beaucoup parler de « perspective globale » ou de « conscience globale » -penser globalement, agir  localement.

 Mais une carte globale est une chose. Un cartographe qui en soit à la hauteur en est une autre. Une perspective globale n’est pas innée. Elle est celle d’une élite extraordinaire, rare et d’une grande profondeur. Il y a peu d’individus capables d’atteindre cette profondeur.

Mais il n’y a rien dans la carte globale ou systémique au sujet de la manière dont ce développement intérieur se produit chez le cartographe. C’est pourtant et de loin la question la plus importante. La carte globale n’est qu’une carte du côté droit et la question principale concerne le côté gauche.

C’est de cela que je voudrais parler : gravissons toute l’échelle et commençons par le commencement.

 

La matrice primaire-216-

 La naissance est le commencement. Le bébé est alors un organisme sensorimoteur, un holon qui contient des cellules, des molécules, des atomes, un holon qui transcende et inclut ces sous-holons. Le moi s’identifie considérablement au monde sensorimoteur.

Le moi physique et le monde physique sont fusionnés. Ils ne sont pas encore différenciés.

Cet état premier est souvent appelé « matrice primaire ». Nous avons vu que chaque point charnière est un processus 1-2-3 : ici le moi s’identifie d’abord à ce barreau, ensuite il s’en différencie puis il l’intègre.

Dans cet état l’enfant ne peut assumer le rôle de l’autre, il est emprisonné dans sa propre orbite égocentrique. Il manque de compassion et d’amour intersubjectif. A ce stade il n’y a qu’une expansion horizontale et pas d’expansion verticale. A bien des égards cet état de fusion est l’antithèse de la conscience spirituelle, de l’amour et de la compassion authentique.

Je considère l’état intra-utérin comme encore très controversé et je considère cet état comme le point charnière zéro.  Stan Grof a beaucoup écrit à propos de cet état intra-utérin et ses recherches indiquent qu’un traumatisme survenant à ce moment peut induire un complexe pathologique. Mais ses preuves sont très subjectives.

 

Le faux moi-219-

 Mais un traumatisme peut survenir à n’importe quel stade du processus 1-2-3 et provoquer une lésion dans la conscience qui tend à déformer tout le développement subséquent.

Un faux système du moi commence à grandir par- dessus le vrai moi. Le refoulement, c’est essentiellement manquer d’honnêteté au sujet de ce qui se passe en réalité dans votre psyché.

C’est ainsi que l’inconscient personnel  amorce sa carrière et certains aspects de votre potentiel, isolés par la dissociation, commencent à sucer votre énergie et votre conscience.

Les thérapies interprétatives –freudiennes, jungienne, gestaltiste ou cognitive attaquent le mensonge.

 

Point charnière 1 –Eclosion du moi physique-221-

 Quelque part vers le quatrième mois, le bébé commence à différencier les sensations physiques dans son corps et celles de l’environnement : il mord la couverture ça ne lui fait pas mal, il mord son pouce ça lui fait mal. C’est la phase d’ »éclosion ». Le moi physique « éclot « . Mélanie Klein, Edith Jacobson, René Spitz, Margaret Mahler se sont particulièrement intéressées à ces premières différenciations.

Si le moi échoue dans cette différenciation, c’est une des principales caractéristique de la psychose et il y a alors une grave distorsion de la réalité.

 

Point charnière 2 Naissance du moi émotionnel-222-

 Le bébé ne peut toujours pas différencier son moi émotionnel de son environnement émotionnel. Cet état est encore extrêmement égocentrique ou narcissique. Le monde est une extension de lui-même.  Son identité est biocentrique ou écocentrique, fusionnée avec la biosphère intérieure et extérieure.

Quelque part autour de l’âge de 15 à 24 mois, le moi émotionnel commence à se différencier de l’environnement émotionnel : il commence à s’éveiller au fait qu’il est moi distinct dans un monde distinct.

De nombreux théoriciens considèrent qu’il s’agit du début de l’aliénation, d’une aliénation véritablement profonde. Ils ont appelé cela la faille fondamentale, le dualisme fondamental, la séparation entre sujet et objet, le début de la conscience fragmentée.

Le problème fondamental c’est que la plupart de ces théoriciens confondent différenciation et dissociation.

Si les choses vont mal à ce point charnière alors le moi reste fusionné à son stade émotionnellement narcissique. (troubles de la personnalité narcissique).

Dans les syndromes narcissiques, l’individu n ‘a pas le sentiment de moi unifié et cohérent. C’est la principale caractéristique constitutive de ces pathologies qui sont limite entre la névrose et la psychose.

 

Point charnière 3 – Naissance du moi conceptuel-228-

 Si tout va relativement bien tout n’est plus exclusivement identifié au niveau émotionnel.

Il commence à transcender ce niveau à s’identifier au moi mental ou conceptuel. Ce qui est le début du point charnière 3. Le mental représentationnel (mental –rep.) est constitué d’images, de symboles et de concepts.

Les images commencent vers l’âge de 7 mois. Le symbole représente un objet mais ne lui ressemble pas du tout. Les symboles émergent au cours de la deuxième année et dominent la conscience entre 2 et 4 ans.

A ce point, les concepts commencent à émerger. Un concept représente une catégorie entière d’objets. Les concepts dominent la conscience entre 4 et 7 ans. Un moi spécifiquement mental émerge.

 

Toute névrose est une crise écologique-229-

 Ce nouveau monde issu des symboles peut penser au passé, peut donc ressentir des remords et anticiper l’avenir il peut alors souffrir d’anxiété.

La noosphère peut non seulement transcender et inclure la biosphère mais elle peut aussi la refouler : individuellement c’est une névrose et en général c’est une crise écologique.

Dans un environnement sûr entouré d’empathie, d’acceptation, l’individu peut commencer à dire la vérité au sujet de son intériorité.

Visions du monde primitives : archaïque, magique, mythique-233-

Lorsqu’il n’y a que des sensations et des impulsions le Kosmos est dit archaïque. Lorsque vous ajoutez des symboles il est dit magique. Quand on ajoute des règles et des rôles il est dit mythique. Lorsque le mental opératoire émerge le monde devient rationnel.

Point charnière 4 –Naissance du rôle dans le moi-235-

 C’est ce que Piaget appelait la pensée opératoire concrète qui émerge en principe vers l’âge de 6-7 ans et qui domine la conscience jusque vers l’âge de 11-14 ans. A cet âge l’enfant passe d’un état égocentrique à un état conventionnel ou, souvent, hautement conformiste.

 

Changement de paradigmes-236-

 Le moi va maintenant réinterpréter les événements de l’histoire de sa vie à partir de sa nouvelle vision du monde. Il réécrit complètement sa propre histoire.

Inutile de dire que cela déforme complétement ce qui s’est réellement produit au cours de ces périodes antérieures. C’est le cas pour les Romantiques.

 

Abus sataniques et OVNI-238-

 Je soupçonne les rituels sataniques d’abus d’enfants et les enlèvements par les ovnis d’être des exemples puissants de ce qui arrive aux réalités spirituelles dans une culture qui nie les réalités spirituelles.

 

11. En route vers le global  II-243-

 

Evolution versus égocentrique-243-

 

La direction générale chez les humains – le telos du développement humain – nous mène vers des états de moins en moins égocentriques.

Le grand combat de l’univers reste celui de l’évolution contre l’égocentrisme. La pulsion évolutionnaire en vue de produire une plus grande profondeur est synonyme de la pulsion de triompher de l’égocentrisme en vue de trouver des touts plus vastes et plus profonds, de déployer des  unions toujours plus grandes.

La molécule triomphe de l’égocentrisme de l’atome et nulle part cette tendance n’est-elle plus évidente que dans le développement humain lui-même.

Howard Gardner donne un résumé parfait de la recherche dans ce domaine.

 

Point charnière 4 (suite) – Les scénarios sociaux de la vie-245-

 A ce stade, ce n’est pas comment je suis en adéquation avec mes impulsions qui est capital pour moi mais comment je suis en adéquation avec mes rôles, mon groupe, mes pairs, ma nation etc…

 

J’assume maintenant le rôle de l’autre et la manière dont je suis en adéquation avec l’autre.

C’est une transformation majeure. – un changement de paradigme- par rapport à l’état précédent. Avec le point charnière 4 sollicitude et préoccupations s’étendent maintenant au groupe mais pas plus loin.

Cet état socio-centrique ou conventionnel a donc tendance a être ethnocentrique.

La vision du monde du point charnière 4 est encore mythologique et couvre les membres de la même idéologie, de la même culture mais ça ne va pas plus loin.

Le moi pénètre dans un monde de rôles et de règles.

 En thérapie cognitive Aron Beck, par exemple, un pionnier de la thérapie cognitive, a découvert que dans la plupart des dépressions les gens ont une série de faux scénarios qu’ils répètent comme si ils étaient vrais.

 

Point charnière 5  – L’ego mature ou mondocentrique-249-

A partir de 11-15 ans la faculté opératoire de la conscience émerge.

Ce n’est pas seulement à cause de l’épanouissement sexuel que l’adolescence est une période tellement débridée, c’est aussi parce que des mondes possibles s’ouvrent devant les yeux de l’esprit. – c’est l’âge de la raison et de la révolution. Vous pouvez critiquer votre société et vous n’êtes plus simplement identifiés à elle.

Vous êtes passés du socio-centrique au mondo-centrique.  Vous voulez savoir ce qui est bon pour vous, pour votre groupe, mais pour tous les peuples.

Tous les développements ultérieurs auront pour base cette plateforme.

Point charnière 6 – L’intégration corps-mental du centaure-256-

Le point charnière 6 est le dernier stade « orthodoxe » majeur que la plupart des chercheurs conventionnels ont tendance à considérer comme le plus élevé.. La structure de base à ce stade est la logique-visionnaire ou logique réseau qui est une forme de conscience intégrative et synthétique. La logique visionnaire additionne les parties et voit les réseaux d’interactions.

La faculté hautement intégrative de la logique–visionnaire soutient un moi tout aussi intégré.

Loevinger, Selman, Habermas, Rerikson et Maslow par exemple ont soigneusement exploré ce stade mais j’ai toujours aimé le résumé de la recherche de Broughton : à ce stade, « le mental et le corps sont tous deux des expériences pour le moi intégré. »

A ce stade le moi observateur commence à transcender à la fois le mental et le corps : il est conscient à la fois du mental et du corps en tant qu’expérience. Il peut alors commencer à intégrer le mental et le corps. J’appelle ce niveau: le centaure, le niveau existentiel.

Folie aperspective-258-

 A ce stade vous n’avez plus une fois aveugle dans les règles et les rôles conventionnels de la société. Selon le terme de Jean Gesber cette logique –visionnaire additionne toutes les perspectives, elle est aperspective. Mais ça ne signifie pas que certaines perspectives soient considérées meilleures que d’autres sinon on se jette dans la folie aperspective, une paralysie de la volonté et du jugement.

Aux abords du transpersonnel-259-

 A ce stade, le moi finit par mourir- la magie ne le sauvera pas, ni les Dieux mythiques, ni la science rationnelle. Cette confrontation à ce fait cinglant fait partie de l’authenticité. C’est l’un des thèmes constants de Heidegger. Accepter sa propre mortalité et sa propre finitude.

Les existentialistes ont admirablement analysé ce moi authentique, le véritable moi centaurique.

Nous mentons à propos de notre mortalité en construisant des symboles d’immortalité.

Nous mentons à propos de notre responsabilité préférant nous considérer comme les victimes passives de quelques forces extérieures. C’est un peu la maison de la terreur existentielle, du désespoir, de l’angoisse, de la peur , de l’horreur.

Ils estiment que si vous pensez qu’il existe des états de conscience au-delà vous êtes en train de sombrer dans le déni de la mort.

Cette préoccupation du sens et de son insidieuse absence peut être l’aspect central des pathologies du point charnière 6 et de la thérapie existentielle.

Ce qui est curieux c’est que le centaure le plus souvent ne sourit pas-il est profondément malheureux. Il est intégré, autonome et misérable.

 

12. Les domaines du superconscient I   -265-

 Nous pouvons maintenant passer aux stades  trans-personnels, aux domaines du super-conscient.

Les grands mystiques et sages du monde répondent que ce moi observateur se rend tout droit à Dieu, tout droit à l’Esprit, tout droit au Divin même. Dans les profondeurs ultimes de votre propre conscience, vous croisez l’infini.

Ce moi observateur est habituellement appelé le Soi ou le Témoin, ou la Pure Présence ou la conscience.

Le Je ultime est Christ ( le Messie), est Bouddha, est la Vacuité elle-même.

 

Là  où s’arrête le mental-266-

Le Témoin est-il une émergence ?

Pas exactement, car ce témoin était présent dès le départ en tant que préhension, sensation, impulsion, émotion, symboles, raison. Cette conscience c’est la profondeur de chacun des holons. Quand elle augmente l’éclat de conscience devient de plus en plus manifeste.

Une fois arrivée au centaure la conscience continue son processus et commence à se désidentifier du mental lui-même. Les traditions mystiques, contemplatives et yogiques reprennent le flambeau là où s’arrête le mental. Si vous poussez au-delà de l’arrière- plan du mental quelle expérience répétable reproductible y trouvez-vous ?

« Il y a une essence subtile qui imprègne toute réalité. » Cette essence est tout et toi tu es cela.  C’est l’Esprit lui-même, la Vacuité elle-même.

De la matière au corps, au mental et à l’Esprit donc.

 

Les stades transpersonnels-268-

 Si nous regardons ces stades supérieurs, nous voyons un groupe plutôt restreint d’hommes et de femmes audacieux qui ont lutté contre le système établi et se sont élancés vers les sphères nouvelles et plus élevées de la conscience. Ils ont rejoint un petit groupe d’âmes de même trempe et ont développé des pratiques, des injonctions ou des paradigmes qui allaient révélé ces espaces/mondes supérieurs et ils nous ont laissé leurs cartes de ce voyage intérieur.

Alors nous prenons ces cartes et les divers sentiers que nous ont laissés les grandes traditions contemplatives orientales et occidentales, du Nord et du Sud, nous les comparons et faisons ressortir leurs différences. (ce qui exige que nous pratiquions plusieurs d’entre elles.)

A partir de cette comparaison qui couvrent toutes les cultures et fondée dans la pratique, nous créons un modèle maître offrant une carte composite assez complète de divers degrés supérieurs de la conscience accessibles aux hommes et aux femmes.

Ce sont les structures de base supérieures, présentes en tant que potentiel en chacun de nous et dont la manifestation, la croissance et le développement sont latents.

Certaines traditions sont si sophistiquées qu’elles ont littéralement des centaines de minuscules subdivisions pour les divers stades et composantes du développement.

Il est assez peu risqué de dire qu’il y a au moins quatre stades majeurs : les stades psychique, subtil, causal et le non duel.

Ce sont des structures de base et chacune a une vision du monde différente que j’appellerai respectivement mysticisme de la nature, mysticisme du divin, mysticisme sans forme et mysticisme non duel.

 Comme toujours ce n’est pas dans l’échelle  que se déroule l’action réelle. L’action réelle est le grimpeur et le parcours de sa croissance subit toutes sortes de montées, de descentes et de spirales.

Comme Aurobindo, Plotin et Da Avabhasa l’ont souligné, vous pouvez avoir une expérience-sommet mais vous devez reprendre ce terrain, l’intégrer et le consolider plus tard sinon vous flottez vers le haut, sans base et sans connexion aux structures inférieures, au corps, à la terre, aux sens.

 

Point charnière 7 – Le psychique-270-

 C’est le grand stade de transition entre la réalité ordinaire, axée sur le grossier – sensorimoteur, rationnel, existentiel- et les domaines transpersonnels proprement dit. On arrive là à une conscience qui n’est plus exclusivement confinée à l’ego.

Vous faites une belle promenade en montagne et brutalement il n’y a plus personne qui regarde, il n’y a que la montagne – vous êtes la montagne. Il, n’y a pas alors de séparation entre vous et la montagne. C’est ce qu’on appelle le mysticisme de la nature. C’est votre propre Soi supérieur à ce stade – le point charnière 7- – certains l’appellent l’Âme du monde, l’Âme suprême. Vous êtes un « mystique de la nature ». L’identification se déplace du corps-mental au monde entier. Mais après le stade 2 vous n’êtes déjà plus dans une simple identité corporelle !

 

Ecologie profonde et écoféminisme-274-

 Les écologistes profonds font grand cas de ce Soi plus profond. Mais ils réduisent cette expérience au quadrant inférieur droit : nous sommes tous des fils de la grande toile ce qui évacue les dimensions intérieures. Ils réduisent le Kosmos à une carte monologique qu’ils appellent Gaïa.

La plupart des écothéoriciens sont entièrement fidèles au programme des Lumières.

 

L’ennéagramme et le squelette-277-

 Tous les développements du niveau psychique ont ceci en commun qu’ils un pied dans le domaine personnel grossier ordinaire et un pied dans le domaine transpersonnel. Ils ont vraiment en commun la transcendance du corps, du mental et de la culture ordinaires.

 Certains de ces phénomènes incluent les états méditatifs préliminaires, les visions et voyages shamaniques, l’éveil de l’énergie de la kundalini, de puissantes impressions du numineux : des éveils spirituels spontanés, la reviviscence de profonds traumatismes du passé, l’identification à certains aspects de la nature (plantes ou animaux) et jusqu’à une identification à la nature entière (conscience cosmique, mysticisme de la nature et l’Âme du Monde.)

 Si la cognition s’éveille à ce niveau psychique vous percevez alors ces nouveaux objets.

Prenez l’ouvrage de Howard Gardner sur les intelligences multiples – l’idée que le développement implique non pas une mais plusieurs aptitudes relativement indépendantes ( musicale, artistique, mathématique, athlétique….) Elles tombent dans les mêmes structures de base de la conscience mais elles se déploient selon leur propre logique.

  L’ennéagramme – en grande partie créé par Oscar Ichazo– divise la personnalité en 9 types de base. Ce ne sont pas des niveaux de conscience. Entre de bonnes mains ce peut être un outil très puissant. Helen Palmer y a beaucoup travaillé et Don Riso a récemment commencé à utiliser l’ennéagramme en conjonction avec le spectre de la conscience.

 

Point charnière 8 – Le subtil-282-

 Le Subtil désigne des processus plus subtils que ceux de la conscience ordinaire, ils incluent des sons et des luminosités intérieures, des états affectifs expansifs d’amour et de compassion ainsi que des états pathologiques plus subtils.

Nous appelons cette forme mysticisme du divin car elle implique votre propre forme archétypale, une union avec Dieu ou la Déesse un état de savikalpa samadhi.

Quel que soit le nom qu’on lui donne c’est le début de la phase fusion du point charnière 8.

Ce n’est pas juste le mysticisme de la nature, pas juste une union avec le monde grossier ou naturel que les bouddhistes appellent le Nirmanakaya. Mais une union plus profonde avec le corps intérieur de béatitude. Le mysticisme de la nature laisse place au mysticisme du divin.

 Les structures profondes de ces niveaux supérieurs, pour autant que nous le sachions, sont présentes sous forme de potentiels dans tous les êtres humains. A mesure que ces structures se déploient, leurs structures de surface sont créées et façonnées par les quatre quadrants.

L’exemple classique est celui d’une personne qui vit une intense illumination intérieure, une illumination de niveau subtil (par exemple au cours d’une expérience de mort imminente). Un chrétien peut alors la voir comme le Christ, un ange ou un saint ; un bouddhiste peut la voir comme le Sambhoga-kaya ou corps de béatitude de Bouddha ; un Jungien peut la voir comme une expérience archétypale du Soi et ainsi de suite.

Comme nous l’avons dit toute profondeur doit être interprétée ce qui n’est possible qu’avec tout un ensemble de contextes sous-jacents qui fournissent plusieurs outils qui serviront à interpréter.

Les structures profondes sont données mais les structures de surface n’existent pas.

Ces structures profondes constituent un niveau archétypal (différent des archétypes Jungiens de type collectif). Ici il est fait référence à une structure transpersonnelle.

Il y a des structures prépersonnelles collectives (magiques et mythiques), des structures personnelles collectives (rationnelles et existentielles) et des structures transpersonnelles collectives (psychiques et subtiles)

 

Jung et les archétypes -284-

 La plupart des archétypes Jungiens sont mythiques et donc prépersonnels ou du moins prérationnels. Quelques-uns sont personnels (ego, persona) et quelques-uns sont vaguement transpersonnels (le vieil homme sage, le Soi, le mandala). Mais ces derniers sont vraiment anémiques en regard de ce que nous connaissons en réalité.

 Prenons par exemple les dix-huit stades de la croissance transpersonnelle tels que décrits par la tradition Mahamudra du bouddhisme tibétain. Ce sont des descriptions extraordinairement détaillées des stades de l’évolution de la conscience supérieure et transpersonnelle. Cette description ne se retrouve dans aucun des mythes classiques du monde car il s’agit d’une croissance très rare à travers les domaines psychiques, subtils et causal et ils ne décrivent pas les expériences quotidiennes communes et typiques.

 Des traditions néoplatoniciennes en occident jusqu’aux traditions du Védanta, du Mahayana et du Trikaya en Orient, les véritables archétypes sont de subtiles formes-semences dont dépend toute la manifestation.

 Dans les états de conscience profond on commence à comprendre que le Kosmos émerge directement de la Vacuité, de la Pureté primordiale et que les premières formes qui émergent de cette Vacuité sont les formes fondamentales dont toutes les formes inférieures dépendent pour leur existence.

Vous ne pouvez comprendre ces archétypes sans effectuer l’expérience méditative.

 

13. Les domaines du superconscient II-291-

 

Point charnière 9 –Le causal -292-

 

Lorsqu’on poursuit le Soi observateur, le Témoin,  jusqu’à sa source alors plus aucun objet ne s’élève dans la conscience. C’est un état bien définissable nommément, l’absorption dans le non manifeste ou cessation ou aussi appelé entre autre nirvana.

 

C’est l’état causal, un état bien délimité souvent comparé à un état de sommeil profond et sans rêves.

 Le Soi observateur, le Témoin, le regard, n’est pas le corps, n’est pas l’esprit, n’est pas l’ego. Alors, ce pur témoin n’est rien que l’on puisse voir. Ce pur Témoin est une pure Vacuité dans laquelle tous ces sujets et objets individuels s’élèvent, restent un moment et passent.

Malheureusement nous identifions le regard à ces malheureuses petites choses qui peuvent être vues.

Ce Regard, cette vaste Liberté est le grand Non Né dont Bouddha disait : «  Il y a un Non Né, non causé, non créé, non formé. »

La plupart des gens peuvent entrer en contact assez rapidement avec le Témoin.

L’état yogique de pure cessation – le nirvikalpa est le point charnière n°9. C’est du pur mysticisme sans forme.

 On appelle cet état « causal «  car il est la cause ou le fondement créatif de toutes les dimensions subordonnées.

 La créativité fait partie du fondement essentiel de l’univers. De quelque manière, de quelque façon de nouveaux holons émergent. Quelque chose émerge, c’est stupéfiant, c’est miraculeux !

 Ces holons émergent sous les formes singulières et plurielles – soit les quatre quadrants- Ils obéissent aux vingt principes, ce qui est simplement le schème qu’expose la manifestation à mesure qu’elle s’élève.

 

Le Non Duel-300-

 Ce non manifeste causal, ce point Oméga final est considéré dans plusieurs traditions comme le point final. Il est assimilé à la pleine Illumination, à l’ultime libération, au pur nirvana.

Selon les Traditions non-duelles, ce n’est pas la fin de l’histoire car une fois que vous reposez dans le Témoin, le sentiment de « ici en dedans » s’évanouit complétement et le Témoin s’avère être tout ce qui est observé. Le causal laisse place au Non Duel : « La Forme est la Vacuité et la Vacuité est la Forme. »

La Vacuité  a deux significations : c’est l’état causal, l’état  d’absorption dans le non – manifesté, d’autre part ce n’est pas un état particulier à part mais la réalité ou la condition de tous les états, bas ou élevés, sacrés ou profanes, ordinaires ou extraordinaires.

 

L’immédiateté de la Pure Présence -307-

 William James dans un essai intitulé « Does Consciousness exist ? a répondu que la conscience n’existe pas. En regardant attentivement vous verrez que la conscience est simplement une avec quoi que ce soit qui s’élève dans l’immédiateté.

 L’expérience pure n’est pas divisée en intérieur et extérieur.

Remarquez que duplicité a le sens à la fois de « deux-à la-fois » et de « mensonge ». La deux-ité de l’expérience est le mensonge fondamental. C’est le début du samsara, le début du mensonge logé au cœur de l’infinité.

 T. Suzuki, le grand érudit du Zen dit que l’Occident ne s’est jamais approché si près du « sans-mental » qu’avec l’empirisme radical de James.

 Russel présente la grande réalisation de James de manière très claire : Jusqu’à James les philosophes avait tenu pour acquis qu’il y a une sorte d’occurrence appelée « connaître » dans laquelle une entité , le connaissant ou le sujet, est conscience d’une autre entité, la chose connue. Le connaissant étant considéré comme l’esprit ou l’âme ; l’objet connu pouvant être un objet matériel, une essence éternelle, un autre esprit. Presque tout dans la philosophie acceptée était lié au dualisme du sujet et de l’objet. La distinction entre l’esprit et la matière et la notion de traditionnelle de « vérité », tout cela doit être revu si la distinction entre sujet et objet n’est pas acceptée comme un donné fondamental.

 

Illumination-312-

 La non-dualité ne rejette pas le dualisme sinon ce serait passer complétement à côté de la question. L’esprit se manifeste en tant que sujet et objet et dans des formes singulières et plurielles. Autrement dit l’Esprit se manifeste dans les quatre quadrants.

Nous ne sommes pas censés simplement dissiper ces quadrants- ils sont la gloire rayonnante de la manifestation de l’Esprit. Nous sommes censés les percer et voire leur Source à travers eux. Cet effort sans effort requiert une grande persévérance beaucoup de pratique, une grande sincérité, une grande véracité. Il doit être poursuivi pendant l’état de veille, l’état de rêve et l’état sans rêve. C’est ici que nous retrouvons les pratiques des écoles non duelles.

Il y a deux écoles assez différentes concernant cet état d’illumination.

La première adopte comme paradigme l’état causal ou non manifesté de l’absorption.

Chaque fois qu’on entre dans cet état d’absorption on brule certaines afflictions et sources d’ignorance résiduelles. Et après un certain nombre de ces entrées, souvent quatre, vous avez brûlé tout ce qu’il y a à brûler. Vous pouvez entrer dans le Nirvana en permanence.

 Mais tel n’est pas le but des Traditions non-duelles –telles que l’hindouisme védantique et les bouddhismes mahayana et vajrayana. Elles recherchent plutôt la condition de vacuité de tous les états.

Dans les Traditions causales vous pouvez clairement déterminer si une personne est dans un état d’illumination. Dans les Traditions non-duelles ce n’est pas un changement d’état qui est recherché mais la reconnaissance que cet état est toujours là.

Dans les Traditions non-duelles vous prononcez le serment que vous n’allez pas disparaître dans la cessation, vous n’allez pas vous cacher dans le nirvana ?

Vous êtes le spectacle, vous et l’univers êtes Une Saveur. Votre Face Originelle est la Vacuité la plus pure et chaque fois que vous regardez dans le miroir vous ne voyez que le Kosmos entier.

3ième partie-la terre plate-319-

 

14. Ascendant et descendant-321-

 

Nous allons aborder la raison historique de la quête du spirituel assez généralisée en Occident, ce que j’appelle la terre plate.

 

Un bref résumé -321-

 Nous avons commencé avec la Vacuité ou l’Esprit, la créativité et les holons. En d’autres mots, lorsque les holons émergent créativement de la Vacuité. Partout cette évolution a certaines caractéristiques communes que j’ai résumé dans les vingt principes et nous avons parlé de certains d’entre eux. Ce sont les schèmes de la manifestation.

Nous avons vu que les holons ont quatre capacités –agencement et communion, autotranscendance et autodissolution. De nouveaux holons émergent en raison de la pulsion auto-transcendante en incluant et transcendant.

 La pulsion du Kosmos produit des holons d’une profondeur toujours plus grande. Plus cette profondeur est grande, plus grand est son degré de conscience, entre autre choses. Mais plus de profondeur signifie aussi que plus de choses peuvent mal tourner : les chiens attrapent le cancer, pas les atomes.

Les holons n’ont pas seulement une intériorité et extériorité, ils existent aussi en tant qu’individus et collectifs. Chaque holon a donc 4 facettes que nous avons appelé les 4 quadrants : intentionnel,(SG) comportemental(SD), culturel (IG)et social(ID)

Nous avons suivi l’évolution des quatre quadrants jusqu’à leur formes humaines. Etant donné que chacun des 4 quadrants traite d’un aspect différent des holons chacun d’eux a un principe de validité différent.

 L’humanité a, par un processus d’expérimentation,  fondé la connaissance sur la réalité de chaque quadrant. Nous avons vu qu’il s’agissait de la vérité, de la véracité, de la légitimité et de l’adéquation fonctionnelle.

Etant donné que les deux dimensions objectives – quadrants de droite – peuvent être décrites dans le langage du « cela » nous avons donc réduit ces quatre quadrants au Trois Grands. : je, nous, cela. Par exemple dans le spirituel : Bouddha, Sangha, Dharma.

Nous pourrions encore simplifier en considérant que nous arrivons aux dimensions de gauche par l’introspection et l’interprétation et aux dimensions de droite par la perception et l’empirisme : les surfaces peuvent être vues mais la profondeur doit être interprétée.

Le  point capital était : ne confondez pas ces quatre quadrants. Simplifiez les, d’accord mais ne les assimilez pas l’un à l’autre car chacun est la facette fondamentale de tout holon .

Nous avons vu que cette évolution intérieure implique l’échelle, le grimpeur et la vision.

L’échelle : les structures de base ou la holarchie, par emboitements successifs de la conscience.

Le grimpeur ou le moi avec un point charnière à chaque stade (processus 1-2-3 de fusion/différenciation/intégration)

La vision : avec des visions du monde qui changent : archaïque, magique, mystique, rationnelle, etc…)

 Nous avons vu que l’identité du moi, les besoins du moi et la réponse morale  aller du physiocentrique à l’ethnocentrique, au mondocentrique lequel sert de plate-forme à tous les développements supérieurs et véritablement spirituels.

Nous avons vu qu’un « accident » à l’un ou l’autre stade produit une pathologie caractéristique  du stade ou survient l’accident (psychose, état limite, névrose, scénario, etc…)

Finalement, nous avons considéré les 4 stades et points charnière les plus élevés, les 4 stades transpersonnels : le psychique, le subtil, le causal et le non duel. Nous avons vu que chacun a sa propre vision du monde et par conséquent son propre type de mysticisme soit : le mysticisme de la nature, le mysticisme du divin, le mysticisme sans forme et le mysticisme non duel.

 Ces stades supérieurs sont des réalisations très difficiles, très élitaires. Seule une poignée de personnes les ont atteints dans le passé. – le shaman solitaire, le yogi dans sa caverne, les petits shangas et cloîtres des véritables chercheurs de sagesse. Aucun mode de conscience ordinaire ne s’est jamais approché de ces états plus profonds et plus élevés. Généralement les modes cosncience ordinaire s’arrête au centaure, à la logique visionnaire avec une moralité globale ou mondocentrique.

Si ces stades supérieurs ou transpersonnels  émergent  dans nos évolutions futures, ils se manifesteront dans les 4 quadrants et nous sommes en attente des formes possibles de cette évolution à venir même si nous cherchons à titre individuel à atteindre ces stades supérieurs.

L’essentiel c’est que l’Esprit qui était présent tout au long du processus évolutionnaire en son entier devient de plus en plus conscient de sa propre condition. Il est allé du subconscient à la conscience de soi puis au superconscient, déployant de plus en plus de lui-même et enclosant de plus en plus de lui-même à chaque stade.

L’Esprit dort dans la nature, commence à s’éveiller dans le mental et finalement se reconnaît en tant qu’Esprit dans les domaines transpersonnels- mais c’est le même Esprit qui est présent à travers toute la séquence : le fondement, le sentier et la réalisation de tout le spectacle.

Les formes continuent de s’élever et d’évoluer mais le secret est maintenant connu : ce sont toutes les formes de la Vacuité dans l’univers de la Saveur Une, éternellement transparentes et absolument Divines.

Il n’y a pas de fin, pas de fond, pas d’endroit final ou se reposer seulement la Vacuité et la Grâce éternelle.

 

La grande holarchie-325-

 Tenons –nous en pour le moment au quadrant supérieur gauche avec le spectre de conscience individuel– ces neufs niveaux fondamentaux de la conscience. Vous verrez essentiellement le même spectre de base à la fois chez Plotin et chez Aurobindo. Dans les deux cas c’est une série de dimensions encloses et emboîtées les unes dans les autres.

 Ce qui donne chez Aurobindo :

Satchidananda/Supramental (Divinité)

Mental intuitif/Surmental

Mental-du-monde illuminé

Mental supérieur/mental réseau

Mental logique

Mental concret

Mental inférieur

Vital-émotionnel ; impulsion

Perception

Sensation

Végétatif

Matière

 

Le point vraiment intéressant c’est que cette Grande Holarchie a été, comme l’a dit Lovejoy, la philosophie officielle dominante en orient et Occident pendant la plus grande partie de son existence.

Sous une forme simplifiée nous y trouvons une holarchie de la terre, une holarchie de l’humain et du ciel. Même dans les sociétés de chasse/cueillette les plus reculées. (cf. le merveilleux livre de Shambhala : La Voie sacrée du guerrier.

Pendant une grande partie de leur histoire la plupart des humains avait en arrière-plan culturel cette holarchie jusqu’au Lumières en occident.

En dressant des cartes de toute la réalité en termes empiriques et monologiques, les profondeurs intérieures ont complétement disparu. On les a déclarées inexistantes, illusoires. Tous les « je » et les « nous » ont été réduits à de simple « cela ». Il n’y a que des surfaces, toutes également plates et interminablement fades et dont aucune n’a la moindre idée de ce que sont la valeur, la profondeur, la qualité, le bien, la beauté ou le mérite.

Nous avons la terre plate. C’est à a fois une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c’est que les Trois Grands ont été différenciés. : art, sciences et morale. La mauvaise nouvelle c’est qu’ils n’ont pas encore été intégrés et que ça a permis à une science explosive de coloniser et dominer les domaines du je et du nous.

 Le mauvais côté des Lumières c’est qu’on avait réduit toutes les dimensions de gauche à leur corrélat de droite et que le fait de dresser la carte constituait toute la connaissance.

Selon John Locke « l’enseignant des Lumières » la cartographie du Kosmos était en place.

Alors très lentement, dans une atmosphère de confusion et de perplexité le cadavre exsangue du programme des Lumières a été poussé jusqu’à la morgue. Et la rébellion postmoderne, post-Lumières  a commencé : quelque chose avait profondément mal tourné.

Vous ne pouvez pas trouver la conscience avec le regard monologique. Alors ça doit être qu’elle n’existe pas. Ca doit être qu’elle n’est pas « réellement réelle. »

 

De-ce-monde versus de-l’autre-monde-328-

 Si vous regardez les niveaux de dimension de la conscience, il y a deux directions majeures que vous pouvez prendre dans cette Grande holarchie : vous pouvez monter de la matière à l’Esprit ou vous pouvez descendre de l’Esprit à la matière.

Aller vers le haut est très transcendant  et aller vers le bas très immanent. L’ascension est très de-l’autre-monde et la descente est très de-ce-monde.

De là découle deux courants de spiritualité l’un Ascendant –de-l’autre-monde  et l’autre Descendant  -de-ce-monde.

Comme Lovejoy l’a montré Platon avait décrit les deux courants : l’un qui va du multiple au un où nous voyons une seule Source et l’autre par lequel l’Un se déverse lui-même dans toute sa création, se donne à toutes les formes, de sorte que la création est elle-même une manifestation de l’Esprit. Platon l’appelle le « Dieu visible et sensible. »

Lovejoy conclut que chez Platon les courants ascendants et descendants étaient unis et intégrés.

Et puis au cours de l’histoire ces deux courants se sont séparés et cette guerre fait partie de l’histoire que j’essaie de retracer.

La plupart des Gnostiques étaient de purs Ascendants et la Descente était assimilée au mal.

Plotin a lancé une attaque contre les Gnostiques qui n’équilibraient pas le courant Ascendant et le courant Descendant. Dans une des proses spirituelles les plus belles qui ait jamais été écrite il rappelle au Gnostiques que ce monde visible est une manifestation de l’Esprit.

Sagesse et compassion-333-

 On le voit en Occident comme en Orient, le sentier de l’Ascension du multiple au Un est le sentier de la Sagesse.

Le Sentier de la Descente est le Sentier de la compassion. Il voit que l’un se manifeste dans le Multiple et voit que toutes les formes doivent être traitées avec égale bonté, compassion et miséricorde. En Orient, Karuna voit que la Vacuité est la forme.

Alors nous avons la Sagesse qui voit que le  Multiple est Un et la compassion qui voit  que  Un est Multiple.

Sagesse et Compassion c’est aussi Eros ascendant et Agapé descendant.

 La question centrale avec ces systèmes non duels c’est que nous  voyons un accent placé sur l’équilibrage et l’intégration de ces mouvements. Le courant ascendant et le courant descendant doivent être équilibrés.

 

Dieu et Déesse-334-

 Au sens large ces deux courants sont aussi Dieu – le Père– et la Déesse –la Grande Mère de l’horticole protectrice des fermages.

L’image équilibrée serait le courant Ascendant et transcendant du Kosmos , la face masculine de l’Esprit –ou  Dieu s’efforçant de trouver une plus grande globalité et des unions plus larges rejetant toujours le moins profond dans la quête du plus profond, rejetant l’inférieur dans la quête du supérieur.

Et la face féminine de l’Esprit – la Déesse, le courant Descendant et immanent de manifestation du Kosmos, Agapé ou la Compassion,le principe de l’incorporation, de l’incarnation dans un corps qui embrasse le Multiple avec la Bonté et la sollicitude immanente.

Le Tantra, au sens général, présente la réalité non duelle ultime en tant qu’étreinte sexuelle du Dieu et de la Déesse, de Shiva et de Shakti, de la Vacuité et de la Forme. Ni l’Ascension, ni la Descente ne sont finales mais elles sont plutôt comme le yin et le yang primordiaux qui s’engendrent l’un l’autre, dépendent l’un de l’autre, unis dans la béatitude, en tant que Kosmos entier. C’est exactement la vision non Duelle.

 

Deux Dieux-336-

 15.L’effondrement C’est la vision intégrative non duelle de Plotin. Mais cette vision allait, dans l’histoire occidentale être brisée. Les courants ascendants et descendants entrant violemment en conflit.

C’est le conflit central et constitutif de la pensée occidentale depuis Saint-Augustin.

Le Dieu des Ascendants était de l’autre monde jusqu’à la moelle – mon royaume n’est pas de ce monde. Il était puritain, habituellement monastique et ascétique et considérait le corps et la chair et particulièrement le sexe comme des péchés archétipaux. Il cherchait toujours à fuir le Multiple et à trouver l’Un et pessimiste quant à la possibilité de  trouver le bonheur en ce monde.

Le Dieu des Descendants conseillait exactement le contraire. C’était un Dieu de pure incarnation. Le but de ce Dieu était une plus grande variété et se délectait d’une spiritualité centrée sur la création qui considérait chaque lever de soleil et de lune comme une bénédiction visible du Divin.

De Saint-Augustin jusqu’à Copernic nous voyons un idéal presque exclusivement Ascendant. On ne pouvait trouver le véritable salut sur cette terre mais dans l’autre monde. La chair, le sexe, la terre et le corps était péché.  La racine du péché était Eve, la femme, le corps. La Descente était le Diable.

Cette tendance était aussi marquée en Orient. Et elle relève des sociétés agraires. Il y a eu bien entendu des exceptions mais la tendance générale était celle- là. On trouve cela du début du judaïsme jusque dans la plupart des formes de christianisme et de l’Islam en passant par toutes les formes de gnosticisme et de bouddhisme primitif.

Tout a changé dramatiquement avec la Renaissance et l’avènement de la modernité, du rejet de l’Ascension et l’adoption d’un monde descendu.

Nous voici sur la piste du Déni occidental moderne des dimensions transpersonnelles et l’éclipse de toute sagesse transcendantale quelle qu’elle soit.

 

La grille Descendue-339-

 Dans le monde moderne, le salut est offert par la politique, les sciences, le marxisme, l’industrialisation, le consumérisme, le retribalisme, la sexualité, la résurgence horticole, le matérialisme scientifique, l’adoration de la déesse de la terre, les écophilosophies ou tout ce que vous voulez. On ne peut trouver son salut que sur cette terre, que dans le monde de la Forme. Il n’y a rien de plus transcendantal. Tout ce qui est supérieur est maintenant le Diable.

C’est simplement la domination des Descendants. C’est une religion de grande compassion et de peu de sagesse, de beaucoup de bonté mais de peu de bien, de la glorification du Multiple et de l’oubli de l’Un. C’est tout la terre plate.

 Pendant un millénaire nous avons eu le désastre d’un idéal purement Ascendant et nous sommes maintenant dans les griffes d’une grille tout aussi insidieuse qui est le cauchemar occidental fondamental.

 

15. L’effondrement du Kosmos-341-

 La dialectique du progrès a eu son premier accident de l’ère moderne. Et la différenciation des Trois Grands – conscience, culture et nature- a commencé à donner de la bande et s’est effondré dans le Grand Un de la terre plate.

Naturellement, l’évolution est un programme qui s’autocorrige et qui est en train de se redresser lentement.

Les cultures non occidentales ne différenciaient pas les Trois Grands ce qui empêchait qu’ils s’effondrent.

Le progrès extraordinaire que constituait la différenciation des Trois Grands a permis cette extraordinaire tragédie. La dignité de la modernité commence à glisser vers le désastre de la modernité.

La dignité de la modernité-342-

 Avec le passage à la raison et à la moralité mondocentrique, nous voyons l’avènement des mouvements de libération modernes : libération des esclaves, des femmes, des intouchables : ce qui est équitable pour les êtres humains quels que soient leur race, leur sexe, leur caste ou leur credo.

La vision du monde mythologique était pratiquement partout criblée de hiérarchies dominatrices.

L’Âge de raison était donc aussi l’Âge de la révolution en théorie, en pratique, en politique  contre les hiérarchies mythiques. Un des grands thèmes des Lumières était « on ne veut plus des mythes ! » et c’est le grand cri passionné de Voltaire : « Rappelez-vous les barbaries ! ».

 D’un autre côté des milliers d’hommes et de femmes sont morts pour cette vision démocratique de la tolérance mondocentrique et du pluralisme universel : « je suis peut-être en désaccord avec ce que vous dites mais je vais me battre jusqu’à la mort pour défendre votre droit de le dire. » -(phrase attribuée à Voltaire)

Cela est radicalement nouveau et les premières démocraties grecques n’envisageaient pas cet universalisme.

Enfin, il faut citer le développement de la science empirique qui a pu  s’émanciper des dogmatismes religieux  et travailler à partir de la rationalité sur les choses observables.

Le désastre de la modernité-346-

 Avec la science empirique il ne saurait y avoir que peu de querelles mais avec le scientisme c’est très différent.

A la fin du XVIII ième siècle le développement rapide et extraordinaire de la science a commencé à déséquilibrer tout le système. Les Trois grands ont commencé à s’effondrer dans le grand Un. La science empirique et elle seule pouvait se prononcer sur l’ultime réalité. Elle devint scientisme c’est à dire qu’elle niait  avec vigueur qu’il puisse y avoir une autre vérité quelle qu’elle soit !

 A partir du XVIII ième siècle les dimensions intérieures des quadrants de gauche ont été réduites à leurs corrélats des quadrants de droite.

Il n’y a pas de véritable Esprit, il n’y a que la nature empirique, pas de superconscient, pas de conscience de soi seulement des processus subconscients.  La seule vérité qui vaille la peine d’être connue est la vérité de cela, celle des processus objectifs et empiriques : un monde troglodytes creux à l’os.

 

Rationalité instrumentale : le monde de cela-348-

 Les gains extraordinaires de la science empirique – par Galilée, Kepler, Newton, Harvey, Kelvin, Clausius ou Carnot ( cf thermodynamique)étaient assortis de transformations massives amenées par l’industrialisation.

Les deux étaient des entreprises du domaine du cela.

Avec la base industrielle, une mentalité entièrement productive, technique et instrumentale s’est déployée.

 De nombreux critiques ont tendance à attribuer un grand nombre des problèmes à l’industrialisation. A mon avis ce n’est pas capital. La pression que cette base productive a placé sur la conscience pour qu’elle sélectionne le domaine du cela est capitale.

Le domaine du cela croissait comme un cancer, envahissant, colonisant et dominant les domaines du je et du nous.

Nous entendons tout le temps les tenants du « nouveau paradigme » dire que nous vivons dans un monde fragmenté parce que la vieille science « newtonienne » était mécaniste  séparative et atomiste et que ces conceptions ont envahi la société. Ils disent qu’il faut maintenant que la société se rattrape avec les nouvelles sciences holistiques, de la physique quantique à la théorie des systèmes et que cela va réconcilier les divisions.

 Le cerveau fait partie de la nature mais le mental ne fait pas partie du cerveau. Le mental ou la conscience est un je et le cerveau est un cela.

La conscience n’a pas une localisation simple. On y accède de l’intérieur par l’interprétation.

Dire que les emboîtements dans le holarchies relèvent de l’ordre de grandeur : un atome fait partie d’une molécule qui fait partie d’une cellule laquelle fait partie d’un organisme lui-même intégré à une biosphère plus grosse, c’est toujours une carte systémique holistique. On tombe dans ce que Whitehead appelle « la  fiction de la localisation simple ». C’est à dire que pour exister une chose doit être localisable.

Mais vous ne pouvez pas localiser simplement la conscience.

La Grande Holarchie fut abandonnée pour la première fois dans l’histoire parce qu’on ne pouvait pas mettre le doigt dessus.

 

Le paradigme fondamental des Lumières-352-

 Foucault a admirablement résumé cette folie monologique dans une phrase parfaite. Hommes et femmes dit-il , sont devenus « objet d’une information, jamais sujet dans une  communication. » (dans : surveiller et punir)

Conséquence de l’avènement du scientisme vous avez les sciences de l’homme qui ont réduit celui-ci à un objet d’information. C’est ce qu’on a appelé « l’humanisme déshumanisé »

Les êtres humains sont devenus des objets de la rationalité monologique.

Si vous regardez les principaux théoriciens et critiques de l’avènement de la modernité –tels Hegel, Weber, Habermas, Taylor et Foucault une image émerge étonnamment constante : un sujet désengagé passant en revue un monde holistique du cela, la connaissance n’étant qu’une simple représentation empirique et objective. Les domaines subjectifs et intersubjectifs étant réduits à des études empiriques.

Le monde et ses habitants sont devenus « unidimensionnels » comme le dit Marcuse.

 

Pas d’esprit, pas de mental, seulement la nature-354-

Il n’y a que la nature de surface, le monde des formes sensorielles et matérielles- c’est le Dieu du monde moderne et postmoderne.

 

L’ironie : l’humeur de la modernité-355-

C’est ironique, la rationalité qui a libéré l’humanité était en train de la détruire. De la déshumaniser, de la réduire. Et presque tout dans la modernité et la postmodernité a saveur d’ironie, l’ironie des Lumières.

Kierkegaard  a même fait sa thèse sur elle.( « Le Concept d’ironie »). C’est l’ironie d’un monde qui meurt et d’un autre qui lutte pour naître.

C’est l’ironie d’avoir différencier les Trois Grands et avoir permis leur effondrement dans un monde plat.

Le monde moderne n’a pas d’Esprit, il a l’ironie. L’ironie c’est la saveur de la terre plate, l’arrière-goût d’un monde qui ne peut pas dire la vérité à propos de la profondeur du Kosmos, un monde qui ne peut s’engager dans quoi que ce soit.

 

La voix de la grille industrielle-357-

 « La nature empirique seule est réelle ». Cette idée même est la grille moderne Descendue et elle est par- dessus tout celle de l’ontolgie industrielle pure.

C’est l’industrialisation qui maintient en place la terre plate.

En ce qui concerne l’Esprit, deux choses l’une : soit vous allez nier l’Esprit complétement ou soit vous allez prétendre que la nature est l’Esprit.

Les philosophes des Lumières ont opté pour le premier choix et les romantiques pour le second.

 Rappelons que pour Platon, Plotin, Emerson, Eckart ou Lady Tsogyal, la nature est une expression de l’esprit.

La religion de Gaïa, l’adoration de la nature est simplement l’une des principales formes de la religion industrielle, de la spiritualité industrielle et elle perpétue ce paradigme industriel.

Pour les éco-romantiques la nature est pour eux la suprême réalité.

 Notre salut réside dans l’intégration des Trois Grands. Nous ne pouvons pas aligner la nature, la culture et la conscience. Nous ne pouvons pas aligner la nature, la morale et le mental. Nous sommes complétement fragmentés.

La solution éco-romantique – de retour à la nature- n’est pas une solution du tout mais simplement la perpétuation de la grille Descendue, la grille industrielle. Les éco-romantiques sont opposés à la transcendance qui est pour eux le début de tout mal !

 

16. L’Ego et l’Eco-363-

 Les contradictions profondes du paradigme fondamental des Lumières ont rapidement engendré une série  de développements renversants.

Les dignités de la modernité ont croisé le fer avec les désastres de la modernité et tous nous vivons encore dans les ruines fumantes de cette extraordinaire bataille.

 

Ego contre Eco-363-

 La différence c’est que là où les Lumières approchaient le monde plat et Descendu par un calcul rationnel et industrieux, les Romantiques l’approchaient par la sensibilité, le sentiment et l’émotion. Par la sensibilité nous allions devenir un avec la terre plate, un avec la nature, un avec le monde de la forme. Les Romantiques voulaient devenir un avec la terre plate.

 

Les jumeaux de la terre plate-364-

 Le camp de l’ego rationnel – le camp fondamental des Lumières, depuis Descartes jusqu’à Fichte et passant par Locke désirait contrôler, calculer et même soumettre le monde, la nature. La vie dans la nature était solitaire, pauvre, pénible, brutale et courte et plutôt amorale. Ils ont senti que la tâche de l’Ego rationnel était de s’extirper de ce filet brutal et amoral.

C’était intolérable pour la rébellion éco-romantique car cela introduisait un dualisme majeur entre l’Ego et le monde de la nature. Les fondateurs de la vaste rébellion écoromantique : Rousseau, Herder ; Schlegels, Schiller, Novalis …. Whiteman voulaient une certaine harmonie, union entre le moi et le monde. Il voulaient une unité avec eux-mêmes en trouvant une unité avec la nature.

Charles Taylor montra que Ego et Eco étaient toutes deux fondées sur la même conception moderne de la nature.

Kant fut le premier moderne d’importance à montrer que c’est en s’élevant au- dessus de ses impulsions égocentriques, ses désirs naturels et ses points de vue conformistes ou ethnocentriques que l’on trouve son propre moi le plus vrai.

Ce n’est qu’en ascensionnant, en transcendant ces ordres inférieurs plus primitifs que l’on devient plus universel et tolérant.

Tous les courants transcendantaux modernes allaient faire remonter une large part de leur héritage à Kant : Fichte, Schelling, Hölderlin, Hegel, Schopenhauer, Nietzsche, Bradley, Husserl, Heidegger, etc…

Le problème de l’Ego-369-

 Que faire de cette rupture entre la nature extérieure et la nature intérieure ?  Comment transcendez-vous mais en même temps incluez-vous la nature ?  Car cette rupture est en même temps une rupture à l’intérieur de notre propre être. – mon mental et mon corps sont également séparés. Que faire avec ça ?

Et Kant n’avait aucune réponse définitive .Kant essaie mais sans succès d’intégrer les Trois Grands. – éthique, art, science- qui évoluent chacun de leur côté.

Nous avons vu que le progrès de la modernité était d’avoir différencié les Trois Grands et ceci Kant le fait admirablement bien.

Dans le sillage de Kant et de la modernité nous affrontons une grande énigme : mental, morale et nature, comment pourraient-ils être jamais unis ou intégrés ?

Là se trouvait le cauchemar du désert industriel, un cauchemar que l’humanité n’avait jamais connu auparavant.

 

L’Ego et la répression-370-

 L’Ego rationnel voulait s’élever au-dessus de la nature et de ses propres impulsions corporelles, de manière à atteindre une compassion plus universelle que l’on ne trouve nulle part dans la nature. L’Ego avait tendance à réprimer tant la nature externe que la nature interne. L’Ego semblait introduire des ruptures, des dualismes et des dissociations partout.

Les Romantiques voulaient par-dessus tout trouver une globalité, une harmonie et une union.

L’Ego allait simplement dresser la carte du monde de la nature empirique avec la connaissance représentationnelle. C’est le désenchantement du monde.

Mais les camps de l’éco trouvaient que ce désenchantement tournait rapidement à l’éviscération : répression, dissociation, dessication. Voilà ce que l’Ego rationnel nous avait apporté ! Un monde désenchanté. Alors les camps de l’éco ont pris sur eux de ré-enchanter le monde.

La tentative folle, fabuleuse, étonnante et extraordinaire de ré-enchanter le monde avait enfin commencé.

Le ré-enchantement du monde-371-

 

Les camps de l’éco ont commencé par une critique de l’Ego rationnel. Ce fut particulièrement sur la répression que la rébellion romantique allait se focaliser. Ils ont trouvé la rupture entre le mental et la nature, la morale et la nature, le mental et le corps intolérable. Ils voulaient la globalité et l’unité.

Il voulait la réconciliation entre morale et nature. Mais leur réponse était boiteuse et s’appuyait sur deux manières très différentes de définir la nature.

De retour à la nature – 373-

 

D’une manière Descendue ils soutenaient que la nature est la seule réalité mais que la culture avait gravement dévié de cette nature et qu’elle était en train de détruire cette nature.

D’un côté la nature est la réalité ultime qui embrasse tout et de l’autre, la culture est censée avoir dévié de cette nature.

Nous avons alors deux natures. Tout le mouvement romantique est alors allé s’écraser contre cette contradiction.

Ils ont alors identifié l’Esprit à la nature sensorielle et ont explosé dans une vision narcissique, égocentrique et flamboyante, un égoïsme divin.

 

L’Eco et la régression-374-

 Si vous êtes Ego et que vous nier toute forme de réalité spirituelle alors ça va, vous allez simplement cartographier cette nature empirique de manière désengagée.

Mais si vous avez le cœur tendre ou que vous êtes ouvert aux expériences spirituelles et que malgré tout vous êtes toujours secrètement la dupe de l’ontologie industrielle alors vous allez simplement assimiler l’Esprit à la nature. Si vous avez une expérience directe de l’Âme du Monde ou même Non Duel c’est interprété comme venant de la nature. Vous embrassez des ombres mornes et lugubres, ternes et sombres, tristes et ennuyeuses et vous appelez cette superficialité votre Dieu. Vous recommandez tout simplement le « retour à la nature ».

Ce courant qui caractérise la plupart des mouvements romantiques, jusqu’au écophilosophes est un mouvement régressif qui devient très important dans le monde moderne et postmoderne.

Pour les Romantique la culture était le Crime originel contre  le paradis primitif de la liberté naturelle et de l’abondance spirituelle.

 Cet insitght spirituel est au cœur de tous les mouvements écoromantiques alors et maintenant.

C’est une interprétation entièrement conçue dans le cadre de la grille industrielle. C’est l’un des nombreux moyens dissimulé qu’utilise la grille Descendue moderne pour se défendre contre toute transcendance.

Avec cet insight ont commencé les mouvements extrêmement influents du « retour à la nature », du « noble sauvage » d’un « Paradis perdu ». Une fois que nous aurons trouvé ce Paradis perdu, notre programme social sera d’en faire la Terre Promise. C’est la glissade rétroromantique.

 

Le Paradis Perdu-376-

 Les Romantiques ont pensé que la différenciation entre mental et nature  était le problème  sans voir que c’était le prélude nécessaire à l’intégration.

Nous pouvons probablement nous entendre sur le fait que souvent spiritualité authentique ne constitue pas une très grande part de la culture-type ou conventionnelle.

Le remède consiste à aller vers le postconventionnel et non vers le préconventionnel c’est à dire à allers vers l’Esprit et non en direction de la nature. L’Esprit transcende à la fois la culture et la nature et donc intègre les deux.

On peut avoir de grandes expériences spirituelles dans la nature, être foudroyé par la beauté de celle-ci mais la source de ces sentiments spirituels n’est pas la nature elle-même.

Les camps de l’éco défendaient ce qui revenait à une régression.

 

La Machine à revenir en arrière-381-

 Les Romantiques originels tels que Schiller aimaient beaucoup la Grèce car, mental et nature était censés être une « unité » sans se préoccuper par exemple qu’un Grec sur trois était esclave. Les Romantiques actuels préfèrent revenir à une époque plus ancienne, celle des sociétés horticoles.

Les masculinistes vont remonter encore un stade plus loin au temps de la chasse/cueillette, l’état pur et virginal.

 

La grande bataille de la modernité : Fichte versus Spinoza-383-

 Très brièvement Fichte a tenté de venir à bout de séparation entre Ego et Eco en « absolutisant » l’Ego, le sentier de l’Ascension.

Les éco-romantiques, allaient exactement dans la direction opposée en absolutisant le sentier de la Descente, l’immersion totale dans le sentier de la Descente. Ils allaient trouver leur champion en Spinoza en interprétant que pour Spinoza, Nature signifiait nature.

C’était précisément le cœur de la tentative de l’Occident de s’éveiller, la toute fin d’une bataille qui avait duré deux mille ans. Fichte et Spinoza, tout le monde avait la vague intuition qu’ils avaient tout les deux raison. Alors quoi faire maintenant ?

Le cri est monté de partout : Nous devons intégrer Fichte et Spinoza ! Ou Kant et Spinoza. Ou Kant et Goethe. Ce fut une véritable obsession notamment vers la fin du XVIII e  siècle.

Mais comment intégrer l’Ascendant et le Descendant ?

Au milieu de cette bataille est venue une personne que j’aime de tout évidence beaucoup et qui a peut-être résolu le problème. Et que je présente  dans Sex, Ecology, Spirituality.

 

17. Domination des Descendants-387-

 

« Que ne ferait-on pas pour entendre Schelling ? …J’ai mis tout mon espoir dans Schelling. »

Oui, c’est de Kierkegaard durant les conférences de Schelling à Berlin en 1841. Parmi ceux qui assistaient aux conférences de Schelling il y avait  notamment Michael Bakunin, Friedrich Engels.

Schelling a commencé par dire que si les Lumières avaient réussi à différencier le mental et la nature elles avaient tendance à oublier le Fondement transcendental et unificateur des deux et que par conséquent elles tendaient à dissocier mental et nature- le désastre de la modernité.

La représentation avait introduit une cassure, un clivage entre la nature en tant qu’objet externe et le moi réflexif en tant que sujet.

Schelling, bien qu’un des principaux fondateur du Romantisme savait qu’il était impossible de retourner à l’Eco-nature.

A la place soutenait-il nous devons aller de l’avant, aller au –delà de la raison pour découvrir que le mental et la nature sont simplement des mouvements différents d’un seul Esprit absolu.

Comme Hegel, le collègue de Schelling le dirait bientôt, l’Esprit n’est pas Un séparé du Multiple, il est le processus même de l’Un s’exprimant à travers le Multiple.- c’est une activité infinie s’exprimant dans le processus de développement lui-même.

L’Esprit s’exprime dans le processus entier de l’évolution.

Evolution – La  Grande Holarchie se déploie dans le temps-389-

 L’idée de l’évolution n’est pas apparue avec Darwin. Loin de là.  Les théoriciens de la Grande chaîne, dès Leibnitz, avaient commencé à prendre conscience que la meilleure manière de comprendre la Grande chaîne  c’était de la voir comme une holarchie qui n’est complétement donnée d’un coup mais qui se déploie au cours d’un temps historique et géographique immense. Elle commence avec la matière, continue avec l’émergence  de la sensation dans les formes de formes de vie, puis la perception, ensuite l’impulsion, les images et ainsi de suite. C’était environ un siècle avant Darwin. La Grande chaîne ne contient ni « trous » ni vides et la recherche visait donc à trouver les « chaînons manquants. » Cette vision était communément admise deux décades avant que Darwin publie De l’origine des espèces ! ( cf histoire de la pensée évolutionniste)

Ca sous-tendait la croyance dans la vie sur d’autres planètes, que Giordano Bruno avait déduite sur la base de la Grande Chaîne.

Tout ça remonte d’une manière ou d’une autre à Plotin. L’Esprit est si plein et si complet, disait-il que lorsqu’il se déverse dans la création, il ne laisse aucun endroit intouché.

 Ce qui est capital c’est que Plotin répartit également l’évolution dans le temps et tout ca est largement admis un siècle avant Darwin. ( par exemple Schelling a écrit la philosophie transcendantale vers 1800 et Darwin a publié vers 1860.)

Evolution : l’Esprit-en-action-391

 Pour Schelling l’évolution était un mouvement spirituel. L’Esprit est présent à tous et chacun des stades du processus évolutionnaire précisément en tant que ce processus lui-même.

Dans Sex, Ecology, Spirituality il y a une citation de Hegel : «  Que l’histoire universelle, avec toutes les scènes changeantes que présentent ses annales, soit ce processus de développement et de réalisation de l’Esprit… que ce qui est arrivé et arrive tous les jours, non seulement n’est pas « sans Dieu » mais est essentiellement l’œuvre de Dieu. »

 Le zen dira : « Cela dont il est possible de dévier, cela n’est pas le vrai Tao. »

L’argument de Schelling c’est que la nature n’est pas la seule réalité et que le mental n’est pas la seule réalité. L’Esprit est la seule réalité.

L’Esprit sort d’abord de lui-même pour produire la nature, laquelle est simplement l’esprit objectif. A ce point dans l’évolution l’esprit est encore inconscient de lui-même.

Schelling appelle la nature :Esprit sommeillant. La nature n’est pas une simple toile de fond inerte et instrumentale comme les camps de l’Ego le soutenaient.

La nature est « un système dynamique auto-organisé. » qui est « la manifestation objective de l’Esprit. » précisément le Dieu visible et sensible de Platon.

Alors la nature n’est décidément  pas une machine statique ou déterministe. Pour Schelling la nature est « Dieu-en-devenir » . Les processus même de la nature sont ders processus spirituels.- ils s’efforcent d’atteindre l’éveil spirituel- parce qu’ils sont l’Esprit objectif s’efforçant de s’actualiser. Ici Schelling reconnaît les principales prétentions des éco-Romantiques. La nature est spirituelle jusqu’à la moelle.

L’Esprit devient conscient de lui-même avec l’émergence du mental ce qui , entre autres choses, introduit la morale consciente dans le monde. Cette morale représente un progrès dans la conscience par rapport à ce que l’on peut trouver dans la nature sommeillante.

L4esprit cherche à se connaître lui-même à travers des symboles et des concepts, il commence à réfléchir à l’univers. Ainsi dit Schelling, là où la nature est Esprit objectif, le mental est Esprit subjectif.

Schelling insiste : au lieu de reculer nous devons plutôt aller de l’avant, au-delà de l’Ego et au-delà de l’Eco. Cette synthèse selon Schelling est également l’identité du sujet et de l’objet dans un acte éternel de connaissance de soi, de l’’Esprit se connaissant lui-même.

Pour Schelling et son ami et élève Hegel l’esprit sort de lui-même pour produire la nature objective.

L’Esprit se connaît lui-même objectivement en tant que nature, se connaît lui-même subjectivement en tant que mental et se connaît lui-même absolument en tant qu’Esprit.

Chatoiement du Non Duel-394-

 Ces trois vastes mouvements peuvent être appelés (subconscient,-prépersonnel) – (conscience de soi) – (rationnel-et superconscient.-transpersonnel).

Lorsque vous réalisez votre identité suprême en tant qu’Esprit, vous êtes autonome au sens le plus plein car rien n’est extérieur à vous.

 

Toujours déjà-396-

 Les écophilosophes n’étaient conscients que de la nature pas de la Nature. Ils n’ont pas compris le véritable Tao de l’Esprit.

Le Bien dit Hegel, le Bien absolu, s’accomplit éternellement dans le monde.  L’existence finie dans le ici maintenant avec toutes ses limitations lorsqu’elle est correctement acceptée est identique, enseigne Hegel, à l’existence infinie qui est partout et toujours.

 

La vision s’estompe-397-

 Oui, la grille Descendue a dévoré vivant l’idéalisme et recraché le salut gaäcentrique, que ce soit sous la forme du marxisme, de l’égocentrisme ou du capitalisme.

Pour que l’évolution continue sa course il y  aura un nouveau type d’idéalisme mais la langue du Bouddha avenir sera le digital.

Néanmoins, aucun des idéalistes n’a vraiment bien compris les quatre quadrants. Je crois que nous pouvons résumer ces carences en deux simples points.

Ne pas avoir développé quelque pratique véritablement contemplative, aucune véritable pratique transpersonnelle.

Pour le dire autrement : pas de yoga, pas de discipline de méditation pas de méthodologie expérimentale pour reproduire dans la conscience les intuitions et insights transpersonnels de ses fondateurs.

Les grands systèmes idéalistes ont été confondus avec la métaphysique. IL n’y avait aucune manière de reproduire la conscience transpersonnelle dans un communauté pratiquante. Oui, pour le dire plus simplement pas de yoga.

Si des intuitions profondes des domaines transpersonnels constituaient la principale force motrice derrière le mouvement idéaliste, elles s’exprimaient à travers le logique-visionnaire.  Particulièrement avec Hegel, l’Esprit transpersonnel devient pleinement identifié à la logique visionnaire ou à la raison mature.

 

La domination des Descendants-400-

 L’effondrement de l’idéalisme a laissé les Descendants pratiquement sans rivaux en tant que détenteurs et façonneurs de la modernité. Le courant idéaliste fut bien sûr happé par la grille industrielle et converti, via Feurbach et Marx, en une notion fortement matérialiste et « naturaliste ». Il est presque impossible d’échapper à la grille Descendue moderne.

Feurbach, un étudiant d’Hegel allait bientôt annoncer que toute forme de spiritualité, toute forme d’Ascension était simplement une projection des potentiels humains des hommes et des femmes dans un autre monde d’origine totalement imaginaire ce qui les handicape et constitue la véritable cause de l’auto-aliénation.

 

L’Internet-401-

 Le Net est simplement la structure extérieure – le quadrant inférieur droit. Mais ce qui transite par le Net – eh bien ! ça implique la conscience, la morale et les valeurs intérieures.

Ceux qui soutiennent que le Net est une conscience globale ne se soucie pas, même vaguement de tout ça. C’est la terre plate sous sa pire forme, la plus Descendue et peut être la plus destructive.

Le Net fait partie du quadrant inférieur droit et en tant que tel il est lui-même neutre par rapport à la conscience qui l’utilise. Les progrès cognitifs sont nécessaires mais pas suffisants pour assurer le progrès moral. Le Net offre la possibilité mais ne la garantit pas.

La religion de Gaïa -403-

 Les plus grands problèmes de Gaïa ne sont pas l’industrialisation, l’amincissement de la couche d’ozone, la surpopulation ou la disparition des ressources. Le principal problème de Gaïa est le manque de compréhension mutuelle et d’accord mutuel dans la noosphère.

La grille Descendue rejette complétement la transcendance et méprise de ce fait la seule source de salut pour Gaïa.

 Ainsi l’horrible vérité de la condition moderne apparaît lentement : la haine de la transcendance est la manière dont la grille de la terre plate se reproduit elle-même dans la conscience d e ceux qu’elle détruit.

 

18. Déballer Dieu-405-

Le signe sur le mur -405-

Les intuitions spirituelles sont souvent très vraies je crois mais elles sont interprétées.

Elles sont déballées d’une manière moins que raffinée. Elles sont piégées dans la grille Descendue avec sa dissociation massive du moi, de la culture et de la nature.

 Vous pouvez avoir une expérience de conscience kosmique  ou une intuition de l’Âme du Monde tout-englobante mais vous pouvez l’interpréter uniquement dans les termes de la recherche de votre Soi Supérieur. Vous pensez que tous les autres problèmes vont se régler tout seul.

Vous avez tendance à ignorer les composantes comportementales, sociales et culturelles. Qui sont absolument obligatoire pour la transformation.

Vous pouvez aller aussi à l’autre extrême et considérer que votre expérience de conscience kosmique est tout simplement la nature empirique. Vous sentez une unité avec la montagne, avec l’océan et vous allez ignorer l’espace subjectif et intersubjectif qui vous a permis de vous développer.

Vous négligez que de grands changements intérieurs dans la conscience sont nécessaires au départ pour être capable d’appréhender un point de vue systémique. Vous refaites le vieux coup de Spinoza.

L’intuition spirituelle peut-être authentique mais l’interprétation peut être faussée. C’est la question centrale car les surfaces peuvent être vues mais toute profondeur doit être interprétée. Il faut que l’interprétation intègre les Trois Grands : le Bien, le Vrai et le Beau.

 

Le Soi Superman- 407-

 L’idée semble être que si seulement  je parviens à contacter le Soi Supérieur tout le reste se règlera. Mais c’est une lamentable incompréhension du fait que l’Esprit se manifeste dans les quatre quadrants du Kosmos.

 Oui, le vrai Soi ne se fait jamais de souci et à l’inverse si vous vous « souciez » ou vous « préoccupez » de la pauvreté, de l’injustice ou de l’angoisse du monde cela montre que vous n’avez pas trouvé le vrai Soi.

L’identité suprême vous établit dans la Liberté radicale mais cette Liberté se manifeste comme une activité compatissante comme une inquiétude torturante.

La Forme de la Liberté est la peine, le souci incessant de ceux qui luttent pour s’éveiller.

Si vous continuer d’interpréter l’esprit simplement comme un Soi plus élevé ou plus sacré ça va saboter votre propre développement.

Plus je parviens à interpréter de façon adéquate l’intuition de l’esprit plus cet esprit peut me parler et plus les canaux de communication sont ouverts menant à la communication à la communion, à l’union et à l’identité – l’Identité suprême.

 

La merveilleuse Grande Toile du Moi de Gaïa -411-

 Beaucoup de bonnes âmes ont une profonde intuition de l’Esprit mais la déballent uniquement dans les termes du « cela » et décrivent l’Esprit comme la somme totale de tous les phénomènes entrelacés dans un grand système unifié.

Rien ne change car le « nouveau paradigme » est toujours rendu en langage monologique du cela. Elle évacue leur intériorité, leur véritable profondeur. L’écologie profonde est une écologie de l’étendue, l’écoféminisme est un écosentimentalisme et le monde de la Biosphère est leur Dieu, leur grand amour de la nature pas la Nature.

Ils deviennent des âmes aux yeux creux, très déprimés en raison disent –ils qu’on est train de détruire Gaïa sans se rendre compte qu’ils embrassent l’ontologie industrielle de la localisation simple qui broie Gaïa. C’est le cas de Goldsmith, Mander, Fox, Sessions, Diamond, Merchant et compagnie.

A son ultime limite cette approche encourage la régression tant individuelle : régression aux positionnements biocentrique et égocentrique que la régression culturelle aux idéaux tribaux ou horticoles.

 

Au delà du mental post-moderne -416-

 La plupart des grandes traditions de sagesse voit le grand mouvement de sécularisation rationnelle comme ayant « tué »Dieu. Ce mouvement a tué le Dieu mythique mais l’Esprit est toujours dans le processus global. La raison est plus profonde que la mythologie et elle représente un déploiement plus avancé des potentiels de l’esprit. Le mouvement de la modernité est une augmentation collective de la liberté de l’esprit.

 Tous ces éloges des époques du passé et toute cette haine du présent viennent principalement du fait que l’on a confondu le mode de conscience ordinaire et les modes de consciences les plus avancés dans ces cultures.

 Mon argument central c’est que la plupart des penseurs religieux traditionnels n’ont simplement pas compris clairement la modernité, sans parler de la post-modernité.

Chaque grande époque de l’évolution humaine semble être dotée d’une idée absolument centrale et ces idées sont si simples et si essentielles qu’elles peuvent être exprimées dans une phrase.

 Chasse/cueillette : L’Esprit est entrelacé avec le corps de la terre. Nous sommes tous des fils et des filles de la terre dans laquelle coule librement l’Esprit.

 Horticole : Mais l’esprit exige des sacrifices. Pour parvenir à un accord avec l’Esprit certains pas doivent être faits pour parvenir à un accord avec l’esprit.

 Agraire : Ces échelons spirituels sont en réalité répartis dans la Grande chaîne de l’Être. C’est l’idée dominante de la plus grande part de la culture civilisée.

 Modernité : La Grande chaîne se déploie dans le temps évolutionnaire. Autrement dit c’est l’évolution. L’Esprit a généralement été exclu de l’équation. L’évolution est le Dieu de la modernité. Les humais sont co-créateurs de leur propre évolution de leur propre histoire, de leurs propres espaces/mondes.

 Postmodernité : Rien n’est donné d’avance ; le monde n’est pas seulement une perception mais aussi une interprétation.

Rien n’est donné d’avance et cela place les humains dans un Kosmos plastique de leur propre co-création. L’Esprit devient conscient de lui-même dans les formes les plus fines

 

Transformation du monde et écart culturel-420-

 De manière saccadée depuis la Deuxième Guerre Mondiale nous voyons un net glissement d’une société rationnelle-industrielle vers une société logique-visionnaire informationnelle.

Si nous servons du quadrant inférieur droit il y a eu cinq ou six transformations majeures dans l’évolution humaine allant de la chasse/cueillette à l’informationnel primitif. Que l’on peut ramener à trois transformations majeures : fermage, industrie, information.

Si on fait le tour des quatre quadrants on voit un nouveau centre de gravité socioculturel qui émerge lentement  – la société logique-visionnaire informationnelle avec une vision du monde existentielle (quadrant inférieur gauche)

Celle-ci est établie sur une base techno-économique de transfert digital de l’information (quadrant inférieur droit) et un moi centaurique (quadrant supérieur gauche) qui doit intégrer matière, corps et mental. – intégrer la physiosphère, la biosphère et la noosphère – pour que son comportement (supérieur droit) soit en adéquation fonctionnelle avec le nouvel espace/monde.

C’est un nouveau fardeau sur les épaules du monde. Plus grande est la profondeur de la transcendance plus grand est le fardeau de l’inclusion.

Et le véritable cauchemar c’est que chaque être humain doit tout de même commencer son propre développement à la case départ.

On dit souvent que l’un des principaux problèmes de nos sociétés est l’écart entre riches et pauvres  – vision terre plate- mais je vois plutôt l’écart intérieur, l’écart culturel et l’écart de conscience  comme un écart plus inquiétant. Cet écart crée une tension interne dans la société.

Or comme nous vivons en terre plate nous n’avons même pas le droit de penser en écart culturel.  L’immense écart culturel ne peut pas être résolu dans les termes de la terre plate.

Nous sommes très près de voir l’écart culturel mener à l’effondrement culturel.

Ethique environnementale -425-

 L’écart culturel et la crise environnementale constituent le même problème qui nous a été légué par la terre plate.

Il ya quatre grandes écoles d’axiologie environnementale.

La première est la bioégalité : un ver et un singe sont d’égale valeur. C’est très courant en écologie profonde.

La deuxième approche implique les variations sur les droits des animaux : leur accorder certains droits fondamentaux. Cette école tente de tirer une ligne évolutionnaire entre les formes vivantes.

La troisième école est hiérarchique ou holarchique. Elle est souvent fondée sur la philosophie de Whitehead.  Cette approche voit l’évolution comme un déploiement holarchique, chaque entité plus complexe possédant plus de droits.

La quatrième école comprend les diverses approches « d’intendance «  en vertu desquelles seuls les humains ont des droits qui incluent le soin et l’intendance de la terre et de ses habitants vivants. Plusieurs théoriciens religieux adoptent cette approche dont Max Oelschlaeger par exemple.

Ces approches sont fondées sur différents types de valeur.

Tous les holons ont la même valeur Fondamentale celle de la manifestation de l’Esprit.

Mais chaque holon outre le fait qu’il est une expression de l’absolu est un tout /partie relatif.

En tant que Tout sa valeur est d’autant plus grande qu’il est profond, qu’il enclot d’autres holons.

En tant que partie il a de la valeur pour les autres.

 

En tant que tout, un holon a des droits qui expriment son autonomie relative. En tant que partie il a des responsabilités.

Actuellement nous voulons être un tout avec des droits sans être une partie avec des responsabilités.  C’est la culture du narcissisme, de la régression et de re-tribalisation.

L’intuition morale essentielle-433-

L’intuition morale essentielle est « protéger et promouvoir la plus grande profondeur pour la plus grande étendue ». Je crois que c’est la véritable forme de l’intuition spirituelle, la véritable structure de l’intuition spirituelle.

Lorsque nous intuitionnons l’Esprit nous désirons protéger cet Esprit non pas seulement en moi mais dans les être possédant cet Esprit et je suis enclin, si j’intuitionne cet Esprit clairement à mettre en œuvre ce déploiement spirituel dans autant d’êtres que possible.

L’intuition Spirituelle, lorsqu’elle est clairement appréhendée est appréhendée comme un désir d’étendre la profondeur du Je à l’étendue du Nous en tant qu’état de chose objectif (cela) : la plus grande profondeur pour la plus grande étendue.

Cela doit également être fait à travers toute l’étendue, ce qui rend impossible une hiérarchie dominatrice.

Adieu terre plate -434-

 Tout tourne autour du rejet de la terre plate. Une nouvelle forme de société devra évoluer et intégrer la conscience, la culture et la nature et trouver de la place pour les arts, la morale et la science –pour les valeurs personnelles, la sagesse collective et le savoir-faire technique.

Ce n’est qu’en rejetant la terre plate que le Bien, le Beau et le Vrai peuvent être intégrés.

La question essentielle c’est d’intégrer et d’équilibrer les courants Ascendants et Descendants dans l’être humain.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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