bouddhisme

 

 

 

 

 

Siddhartha Gautama dit Shakyamuni (« sage des Śākyas ») ou le Bouddha « l’Éveillé »

Siddhārtha Gautama (sanskrit ; pāli : Siddhattha Gotama), dit Shakyamuni (« sage des Śākyas ») ou le Bouddha (« l’Éveillé »), est un chef spirituel qui vécut au vie siècle av. J.-C. ou au ve siècle av. J.-C., fondateur historique d’une communauté de moines errants qui donnera naissance au bouddhisme.

Il naît à Lumbinî situé dans l’actuel Népal ( à 250km à l’ouest de Katmandu), sur la route de Kapilavastu, la capitale du clan familial, dans l’actuel Teraï népalais, de Māyādevī et Śuddhodana, souverain des Śākyas appartenant à la caste des kṣatriyas guerriers et administrateurs, et fut actif dans les États de Kosala et Magadha au nord-est de l’Inde actuelle.

Il aurait vécu à peu près quatre-vingts ans, mais les traditions ne s’accordent pas sur les dates exactes de sa vie, vers 563-483 av. J.-C. selon la majorité des spécialistes du début du xxe siècle, beaucoup au début du xxie siècle envisageant un parinirvāṇa (mort du Bouddha) entre 420 et 380 av. J.-C.

Tous les courants bouddhistes le considèrent comme le « bouddha pur et parfait » (samyaksambuddha)de notre ère, qui non seulement a atteint l’éveil, mais est capable de « mettre en branle la roue de la Loi » et de propager l’enseignement bouddhiste dans le monde. Son enseignement se transmit oralement pendant trois à quatre siècles avant d’être couché dans les textes du canon pali.

Le titre de Bouddha (en sanskrit buddha, « éveillé », participe passé passif de la racine sanskrite budh-, « s’éveiller ») lui a été accordé plus tard par ses disciples.

À l’époque de Gautama, le nord de l’Inde est divisé en cités-États (janapadas). Malgré l’existence d’un système de castes, le territoire abrite un certain nombre de républiques et chefferies au pouvoir politique diffus et à la stratification sociale limitée, appelées gana-sanghas13 Les Shakyas auxquels Gautama appartenait, dépendants du janapada de Kosala selon l’Agganna sutta, vivaient probablement dans un système oligarchique, voire républicain, et ne semblent pas avoir suivi un système de castes.

Le bouddhisme, qui se développera dans le contexte de l’Inde védique, naît aux marges extrêmes de sa zone d’influence. Selon Romila Thapar, la structure politico-sociale gana-sangha pourrait avoir favorisé l’apparition de communautés d’ascètes. Le bouddhisme originel partage le terrain spirituel avec d’autres écoles ; différents maîtres contemporains de Gautama développent leur vision du nirvāņa et présentent un moyen de l’atteindre. On peut en avoir un aperçu dans le Brahmājālasūtta qui énumère et critique soixante-deux vues contemporaines du bouddhisme originel. Parmi les écoles concurrentes, le jaïnisme, qui présente avec lui plusieurs ressemblances, est la seule à avoir survécu.

Des notions importantes de l’hindouisme se verront remaniées dans le bouddhisme, comme le concept de réincarnation ou renaissance dans une vie future, de karma, les dhyanas, le statut de dieux comme Brahma.

Certains textes du canon pali prétendent qu’il connut sa première expérience de méditation et atteignit le premier degré du jhana alors qu’il n’était encore qu’un jeune enfant, assis sous un jambu lors d’une cérémonie de labour effectuée par son père. D’autres textes situent l’événement plus tard dans sa vie.

Selon les Jatakas, c’est à seize ans qu’il épousa la jeune princesse Yaśodharā qui lui donnera un fils, Rāhula. Selon André Bareau, la mère de Rahula était ignorée des quatre premiers Nikayas et des Agamas, mais sa légende s’est développée avec de nombreux détails à partir du Ier siècle av. J.-C..

Gautama aurait passé ses vingt-neuf premières années dans le respect de l’hindouisme et entraîné au maniement de l’arc comme un vrai kṣatriya, mais pourtant tenu à l’abri de la vue de la souffrance et de la mort, et même maintenu selon certaines versions dans l’enceinte du palais familial. Les brahmanes lui ayant prédit un avenir de roi ou d’ascète avaient en effet recommandé à son père de prendre cette précaution s’il voulait éviter que la deuxième option ne se réalise. Śuddhodana espérait bien sûr que son fils deviendrait un roi et pensait qu’une vie de facilité l’empêcherait de réfléchir aux difficultés et à la souffrance.

Éveil

Selon la tradition, son éveil ou illumination, à 35 ans, 6 ans après avoir quitté le palais, est le plus souvent narré de façon synthétique : dans la même journée, méditant sous un banian à Uruvelā près de Bodh-Gaya, il met fin à ses mortifications en acceptant un bol de riz au lait des mains de la villageoise Sujāta, puis après un bain rituel et un après-midi de méditation dans un bois de sals, va s’asseoir sous un pipal et fait le vœu de ne pas bouger de cette place avant d’avoir atteint la vérité ultime.

Plusieurs versions légendaires racontent comment Māra, démon de la mort et des passions, effrayé du pouvoir que le Bouddha allait obtenir contre lui, tente de le sortir de sa méditation en lançant contre lui des hordes de démons effrayants. En vain : c’est avec le geste souvent représenté dans l’iconographie de « prise de la terre à témoin » de ses mérites passés (bhûmisparshamudra) que Siddhārtha les repousse, niant t les présences démoniaques sans les combattre, en toute sérénité. Il peut ainsi poursuivre sa nuit de méditation et accède à l’éveil à l’aube.

Essai sur la légende du Buddha/Introduction – par Emile Senart

Qui est le Bouddha ? ( Méditation et bouddhisme en France)

Nous savons qu’il venait d’une famille aisée, voire patricienne. La tradition représente parfois son père comme étant le roi du clan ou de la tribu des Shakyas. Mais il semble plus probable qu’il ait été non pas le roi mais le président élu de l’assemblée du clan, remplissant pendant douze ans cette fonction avec le titre de raja, et que pendant cette période naquit son fils, Siddhartha Gautama, qui plus tard devint le Bouddha.

Siddhartha reçut ce qui était, selon les normes de cette époque, une très bonne éducation. Bien sûr, il n’alla pas à l’école, et nous ne savons pas très bien s’il savait lire et écrire, mais nous savons qu’il reçut une excellente formation à toutes sortes d’arts martiaux et d’exercices.

 De la bouche des vieux sages du clan il apprit aussi diverses traditions, listes généalogiques, croyances et superstitions anciennes. De façon générale il eut une vie assez confortable, sans responsabilités particulières. Son père, un parent plein d’affection, qui l’adorait même, le maria alors qu’il était assez jeune : selon certaines sources il n’avait que seize ans. (En Inde, à cette époque comme généralement de nos jours, le mariage était arrangé par les parents, car ce n’était pas qu’une affaire personnelle mais une affaire concernant toute la famille.) Il épousa une cousine, et le temps venu il leur naquit un fils.

Les quatre visions.

Ils allèrent à la ville, et soudain Siddhartha rencontra sa première vision : il vit un vieil homme…

…La deuxième vision fut celle de la maladie. C’était comme s’il n’avait jamais vu de personne malade auparavant, et il réalisa que tous les êtres humains sont sujets à diverses maladies…

...La troisième vision fut celle d’un cadavre que l’on transportait vers le lieu de crémation, sur une civière…

Cette vision était celle de ce qui est appelé un sadhu en Inde, un saint homme, marchant dans la rue avec son bol à aumônes. Il semblait si calme, si tranquille, si plein de paix que le futur Bouddha pensa : « Peut-être sait-il. Peut-être est-ce là le chemin. Peut-être devrais-je en faire autant …

La belle histoire, presque romantique, continue en décrivant comment par une nuit de pleine lune, alors que tout était calme, Siddhartha fit un dernier adieu à sa femme et à son fils endormis…

…Cet « aller de l’avant » est psychologiquement très significatif. Cela signifie trancher ce que Fromm appelle les liens incestueux du sang, du sol et de la famille, et rester seul, en personne autonome et libre, à travailler à son propre salut, à sa propre destinée spirituelle.

...C’est donc ce que fit Siddhartha. Il se débarrassa de tout. Il choisit de ne pas participer à la société.

…En ce temps-là, il y avait en Inde de nombreuses personnes qui enseignaient, ou prétendaient enseigner des voies menant à la réalisation de la vérité. Une des voies les plus courantes était celle de la torture de soi.

Il en était ainsi au temps du Bouddha. Il y avait un puissant mouvement de cette sorte, un mouvement enseignant que si l’on voulait trouver la vérité on devait soumettre, voire mortifier la chair. Et c’est exactement ce que fit Siddhartha. Pendant six ans il pratiqua les austérités les plus sévères. Il limita nourriture et sommeil, il ne se lava pas, et il alla nu. Tout cela, le Bouddha le décrivit lorsqu’il fut âgé, et son récit se trouve dans les écritures bouddhiques.

Il était devenu célèbre en tant que grand ascète, et avait un certain nombre de disciples avec lui. Mais lorsqu’il réalisa que ce n’était pas le chemin de la Vérité, le chemin de l’Éveil, il eut le courage d’abandonner.

…Il alla de lieu en lieu et, finalement, nous dit-on, il arriva à un bel endroit sur les bords d’une rivière fraîche. Là, il s’assit à l’ombre d’un grand arbre et prit la résolution : « Je ne me lèverai pas de cet endroit avant d’être Éveillé. »

…la nuit de la pleine lune de mai, à l’instant où l’étoile du matin se levait, alors qu’il fixait son esprit sur cette étoile scintillant à l’horizon, l’Illumination complète, l’Éveil complet arriva.

…Dans un certain sens ceci était la fin de sa quête. Il était devenu le Bouddha, « celui qui savait ». Il avait trouvé la solution à l’énigme de l’existence. Il était Illuminé, il était Éveillé.

Progressivement, une communauté spirituelle grandit autour du Bouddha. Il ne resta pas de façon permanente en un endroit, mais parcourut tout le Nord-Est de l’Inde. Il eut une longue vie, atteignant l’Éveil à trente-cinq ans et vivant jusqu’à quatre-vingts ans. 

…Le Bouddha venant d’atteindre l’Éveil, il y avait une luminosité qui émanait de tout son être. On nous dit que c’était comme si une lumière brillait de son visage : il était heureux, serein, plein de joie. Dona fut très impressionné par son apparence, et il semble qu’il ait ressenti que ce n’était pas un être humain ordinaire, et peut-être pas un être humain du tout. Se rapprochant, il alla directement au cœur du sujet, comme c’est la coutume en Inde en ce qui concerne les choses religieuses. Il dit : « Qui es-tu ? »

Les anciens Indiens croyaient que l’univers était stratifié en divers niveaux d’existence, qu’il n’y a pas que des êtres humains et des animaux, comme nous le croyons, mais aussi des dieux, des esprits, des yakshas, des gandharvas, et toutes sortes d’autres êtres mythologiques habitant un univers à plusieurs étages, le niveau humain n’étant que l’un des nombreux étages. Dona demanda donc : « Es-tu un yaksha ? » (un yaksha étant un esprit sublime assez terrifiant vivant dans la forêt). Mais le Bouddha dit : « Non ». Simplement « Non ». Dona essaya alors à nouveau : « Es-tu un gandharva ? » (une sorte de musicien céleste, un bel être chantant, tel un ange). Une fois encore, le Bouddha dit : « Non », et Dona demanda encore : « Alors, es-tu un deva ? » (un être divin, une sorte d’archange). « Non ». Dona pensa alors : « C’est étrange. Il doit être un être humain, après tout ! » Et il lui demanda aussi cela, mais le Bouddha dit encore : « Non ». Dona fût alors tout perplexe, et il lui demanda : « Si tu n’es aucune de ces choses, alors qui es-tu ? » Le Bouddha répondit : « Les souillures qui, si elles n’avaient pas été abandonnées, m’auraient fait renaître yaksha, ou gandharva, ou deva, ou humain, ces souillures je les ai abandonnées… Tu peux considérer, brahmane, que je suis un bouddha. »

Une école de pensée dit : « Le Bouddha était un homme très bon, un saint homme même, mais ce n’était qu’un homme et rien de plus que cela ». C’est le point de vue, par exemple des catholiques qui écrivent sur le bouddhisme. C’est une sorte d’approche assez insidieuse. Quoiqu’ils puissent louer le Bouddha pour son amour merveilleux, pour sa compassion merveilleuse, pour sa sagesse merveilleuse, etc., ils prennent soin d’ajouter qu’après tout ce n’était qu’un homme, alors que Jésus-Christ était le Fils de Dieu. L’autre école dit : « Non, le Bouddha est pour les bouddhistes une sorte de Dieu. À l’origine c’était un homme, bien sûr, mais après sa mort ses disciples le déifièrent car ils voulaient quelque chose qu’ils puissent adorer ».

Ces deux vues sont erronées. Le Bouddha était un homme, oui, un être humain, dans le sens où il a commencé comme tout être humain commence, mais ce n’était pas un être humain ordinaire, c’était un homme Éveillé. Et un tel être, un bouddha, est, selon la tradition bouddhique, l’être le plus élevé dans l’univers, plus élevé même que ceux que l’on appelle des dieux. Dans l’art bouddhique les dieux sont représentés dans d’humbles positions, de chaque côté du Bouddha, le saluant et écoutant son enseignement.

Ce que font donc les bouddhistes, lorsqu’ils offrent des fleurs à l’image du Bouddha, est respecter ou honorer le Bouddha en tant qu’être Éveillé, et non l’adorer en tant que Dieu.

« Qui est le Bouddha ? », nous ne pourrions que répondre : « Vous êtes vous-même le Bouddha – potentiellement ». Nous ne pouvons réellement et vraiment arriver à connaître le Bouddha qu’en rendant réelle notre propre bouddhéité potentielle, dans notre vie spirituelle, dans notre méditation, etc. Ce n’est qu’alors que nous pouvons dire, par connaissance, par expérience, qui est le Bouddha.

Mais nous ne pouvons pas faire cela d’un coup. Nous devons tout d’abord établir un contact vivant avec le bouddhisme…prendre la Bouddhéité, prendre l’idée ou l’idéal de l’Éveil, en tant qu’idéal spirituel vivant, en tant qu’objectif ultime, et faire tout notre possible pour le réaliser.

 

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