Auteurs, chrétiens, d’inspiration chrétienne, d’études du monde chrétien, au XXè et XXIè siècles
dernière mise à jour le 26/10/25
Cette page propose une analyse des écrivains et penseurs chrétiens depuis le XXè siècle. Elle met en lumière leurs contributions à la pensée chrétienne et leur engagement spirituel.
Cyril Abad
Luc Adrian
Gabriele Amorth
Jeanne Ancelet-Hustache
François Angelier
Metin Arditi
Jean-Noël Armogathe
Mère Immaculata Astré
Vincent Aucante
Jean-Marc Aveline
Antje Babendererde
Jean-Pierre Bagot
Dominique Bar
Jean Claude Barreau
Gwenaëlle Barussaud
Marie-Françoise Baslez
Lytta Basset
Mary Batchelor
Paul Baudiquey
René Bazin
Brigitte Bédard
Paul Beaupère
Maurice Bellet
Michel Benoit
Louis Benson
Louis Bernard
Pierre-Antoine Bernheim
Anne Bernet
Augustin Berthe
Florian Besson
Frans Bunar Bengtsson
Pierre-Antoine Bernheim
Maurice Besselet
Alain Billard
Anne Binet
Thierry Bizot
Anne-Laure Blanc
Jean-François Blondel
Sophie Barut
Olivier Bobineau
Clémence Bodoc
Sandrine Bonini
Hubert de Boisredon
Jean Bottero
Judith Bouilloc
Isabelle Le Bourgeois
François Bovon
Daniel Boyarin
Rémi Brague
Anne -Lyse Breurec
Bernard Brien
François Briquel Chatonnet
Peter Brown
Willhelm Buntz
Anthony Burgess
Maximilien Le Fébure du Bus
Raphaël Buyse
Marie-Dominique Cabanel
Ross Campbell
Adrien Candiard
Roger Caratini
Marie Dauphine Caron
Merlin R. Carothers
Leo Martin Carruthers
Charlotte de Castelnau
soeur Catherine
Claude Bernard Causteclade
William Cavanaugh
Michel de Certeau
Baptiste Cesbron
Gaultier de Chaillé
Françoise Chandernagor
Hanane Charrihi
Jean Chausse
Anne Sophie Chauvet
Isabelle Chazeran
René de Ceccatty
Jean Chélini
Jean de Saint Cheron
Michel Chiron
Yves Chiron
Marie-Axelle Clermont
Dominique Collin
Will Conquer
Amandine Cornette de Saint -Cyr
Jérôme Cordelier
Claude-Bernard Costeclade
Stéphane Coviaux
Jo Croissant
Guillaume Cuchet
Serge Dalens
Lionel Dalle
William Dalrymple
Laurent Dandrieu
Matthieu Dauchez
Philippe Dautais
Marie-Madeleine Davy
Didier Decoin
Henri Delassus
Bénédicte Delelis
Jean Delumeau
Eric Denimal
Jean-Pierre Denis
Alex Deschênes
Placide Deseille
Arnaud Desjardins
Dominique Desjeux
Sylvain Détoc
Guillaume Dezaunay
Nicolas Diat
Pierre Doat
Charles Harold Dodd
Hilarion Domratchev
Joseph Doré
Rod Dreher
François Dubreil
Jean-Pierre Duffour
Jacques Duquesne
Eric Edelmann
Bart D. Ehrman
Claude d’Elendil
Bart D. Ehrman
Charlotte Erlih
Stéphane Esclef
François Euvé
Roberet Eymeri
Joseph Fadelle
Jean-Philippe Fabre
Audrey Fella
Gertrud Von Le Fort
Olivia de Fournas
Sophie Fournier
Laurence Freeman
André Frossard
Didier Le Fur
Tomoko Furul
Mark A. Gabriel
Reginald Gaillard
François Garagnon
Daphné Gastaldi
Candice Gastines
Ariane Geiger Hiriart
Pierre Geoltrain
Lev (ou Leon) Gillet
René Girard
Emmanuel Godo
Jacques Le Goff
Géréon Goldmann
Catherine Golliau
Irina Gorainoff
Cyril Gordien
Jean Gouillard
André Gounelle
Julie Grand
Jean Grosjean
Pierre -Hervé Grosjean
Charlotte Grossete
Antoine Guggenheim
Joël Guibert
Jean-Claude Guillaume
Anne Guillard
Philippe Le Guillou
Jean-Claude Guy
Tomas Halik
Jean-Pierre Hammel
James Hannibal
Paul-Adrien d’Hardemare
Fouad Hassoun
Lauric Henneton
Michel Henry
Etty Hillesum
Christopher Hitchens
Axelle Huber
Guillaume Hünermann
Bernard Hurault
Robert Hutchinson
François Icher
Pascal ide
Matthieu Jasseron
Lucien Jerphagnon
Marc Joulin
Nikos Kazantzakis
Jacqueline Kelen
Jean-François Kieffer
Christopher Knight
Sophia Kuby ( ou Cuby)
Paul Labutte
Jacques Lacarrière
Serge Lancel
Sylvaine Landrivon
Georges Von Lengerke
Michel Laroche
Franck Lalou
Sébastien Lapaque
Dysmas de Lassus
Isabelle Laurent
René Laurentin
Matthieu Lavagna
Vincent Lecarne
Eloi Leclerc
Julien Leclerc
Anne Lécu
Marcel Lefebvre
Paul Lemoine
Frédéric Lenoir
Cyril Lepeigneux
Michaël Lonsdale
Xavier Loppinet
Vladimir Lossky
Père Louis
Jeff Loveness
Martin Luther King
Hélène Machelon
Ramsay MacMullen
Conrad de Maester ( ou de Meester)
Moïse Maïmoide
Marie Malcurat
Vitaly Malkin
Pierre Manent
Jack Mardesic
Henri Irénée Marrou
Paul Mattei
Pierre Maraval,
Marie- Noëlle Marchand
Jacq Mardesic
Clotilde Margotin
Daniel Marguerat
Henri-Irénée Marrou
François Marxer
Alexandre Masseron
Paul Mattei
Conrad de Meester
John P. Meier
Anthony de Mello
Olivier Merle
Henri Meschonnic
Gerald Messadié
Henri Meschonnic
Jean Meyendorff
Nicolas Meylaender
Valérie de Minvielle
Constanza Miriano
Jean Montaurier
Isabelle Mordant
Bernadette Moriau
Jacques Mourad
Jean Mouttapa
François de Muizon
Sophie de Mullenheim
Marion Muller-Colard
Jacques Musset
John O’ Neill
Alain Le Ninèze
Colette Nismazure
Clotilde Nöel
Enrico Norelli
Antoine Nouis
Colette Nys-Mazure
Philippe Olivier
Simone Pacot
Raymon Panikkar
Delphine Pasteau
Xavier Patier
André Paul
Giovanni Papini
Camille Pascal
Xavier Patier
Christine Pedotti
Jean-Christian Petitfils
Olivier Pétré-Grenouilleau
Jacques Philippe
Eric C. Plamondon
Gleb Pokrovsky
Matthieu Poupart
Léon Pressouyre
Edmond Prochain
Eric Puybaret
France Quéré
Pascal Quignard
Matthieu Raffray
Didier Rance
Davis Ratte
Bill O’ Reilly
René Rémond
Chantal Reynier
Gabriel Ringlet
Priscille Roquebert
Thomas Römer
Daniel Rops
Priscille Roquebert
Joelle Rostkowski
Emmanuelle Rousseau
François Roustang
Fabrizzio Russo
Estelle Saint Martin
Jean-Marie Salamito
Antonia Salzano Acutis
Henri Le Saux
Fulton Scheen
Jean-Claude Schmitt
Christian-Georges Schwentzel
Axel Sénéquier
André Sève
Jean Sévilla
Ralph Shallis
Raphaëlle Simon
Benoit de Sinety
Alexandre Siniakov
Gilbert Sinoué
Nicolaas Sintobin
Denis Sonet
Vincent La Soudière
Pierre Sourisseau
Annick de Souzenelle
Kathryn Spink
Jean Staune
Edith Stein
Isabelle Stock
Blanche Streb
Lee Strobel
James D. Tabor
Mathieu Moustapha Taieb
Marie-Noëlle Thabut
Mère Teresa
Patrick Theillier
Jean- Christophe Thibaut
Victoire Theismann
Paul Tillich
Linn Tonstad
Jean-Michel Touche
Maria Augusta Trapp
Emmanuel Tran
Claude Tresmontant
Maria Valtorta
François Varillon
Philippe Verdun
Bertrand Vergely
Jean Vernette
Paul Veyne
Alexia Vidot
Charlotte de Vilmorin
Jean-François Vivier
Rick Warren
Odile Weulersse
Cécile de Williencourt
Jean-Guilhem Xerri
William Paul Young
Boris Zaitzev
Thomas Ziegler
Michèle Zink
Amulf Zittelmann
Stefano Zuffi
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XXIè siècle : une exploration de la foi et de la culture- Première partie
1-François-Xavier Amherdt-1957
né le 10 octobre 1957
Son profil et sa vocation :
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François-Xavier Amherdt est un prêtre catholique suisse, ordonné pour le diocèse de Sion.
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Sa fonction universitaire :
Il est professeur de théologie pastorale, de spiritualité et d’homilétique à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg (Suisse). Ces disciplines sont spécifiquement liées à la réflexion chrétienne sur la foi, la vie spirituelle, la prédication et la mission de l’Église. -
Ses publications :
Ses nombreux livres et articles traitent de sujets chrétiens :-
la pastorale (la manière de vivre et transmettre la foi dans l’Église),
-
la liturgie et les sacrements,
-
la spiritualité chrétienne contemporaine,
-
la communication et la foi,
-
la théologie de la mission et de la catéchèse.
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bibliographie de François-Xavier Amherdt (jusqu’à ~ 2023)
(Titres principaux et collectifs)
Thème Ouvrage / Direction / Collectif Année / Éditeur / Remarques Théologie / Herméneutique, exégèse L’herméneutique philosophique de Paul Ricœur et son importance pour l’exégèse biblique 2004, Éditions du Cerf – Éditions Saint-Augustin Persée Prêcher l’Ancien Testament aujourd’hui. Un défi herméneutique. 2006 Wikipédia Vatican II : quel avenir ? Évangile et culture, paroisses et ministères 2018 Eurolivre L’Apocalypse révélée (dir.) 2022, “Les cahiers de l’ABC” Payot+1 Pastorale / Catéchèse / Vie chrétienne L’animation biblique de la pastorale : 120 propositions pratiques 2017, Lumen Vitae IxTheo Entendre et proposer l’évangile avec les jeunes (avec Morel & Biemmi) 2020 Editions du Cerf A la découverte de la spiritualité chrétienne 2022, Béatitudes, collection Petits traités spirituels Furet.com+1 Spiritualité / Vie dans l’Esprit La vie dans l’Esprit (ouvrage collectif dirigé) date récente (vers 2023) Editions du Cerf+1 Thèmes spéciaux (sport, culture, etc.) Ce que la Bible dit sur… le sport / Dieu est arbitre / Sport Amherdt a écrit plusieurs ouvrages ou essais sur le sport et son rapport à la foi. Le Nouvelliste Ouvrages d’édition et direction de publication L’Apocalypse révélée (dir.) 2022 Payot Collectifs / Revues Paix et fraternité : pratiques catéchétiques et pastorales (n° spécial) 2023, édité par Amherdt Payot
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2-Marie Balmary-1939
née le 5 septembre 1939
Marie Balmary n’est pas à proprement parler une auteur chrétienne au sens confessionnel mais ses écrits sont profondément nourris par la Bible et une lecture spirituelle des textes.
Qui est-elle ?
Marie Balmary est une psychanalyste et essayiste française. Formée à la psychanalyse lacanienne, elle s’est progressivement tournée vers une lecture symbolique et existentielle des Écritures. Son travail se situe à la croisée de la psychanalyse, de l’anthropologie et de la foi biblique, sans appartenir à une école religieuse particulière.
Thèmes centraux
Elle relit les récits bibliques — en particulier la Genèse et les Évangiles — en montrant comment ils parlent de désir, de parole, de relation, de liberté et de vérité intérieure.
Ses analyses visent à dépasser les lectures moralisantes ou dogmatiques pour retrouver la dimension vivante, psychique et spirituelle du texte biblique.
Ses principaux ouvrages à connotation biblique / spirituelle :
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Le Sacrifice interdit. Freud et la Bible (1979)
→ Dialogue entre la psychanalyse freudienne et la Bible. Elle montre comment Freud, sans le savoir, reprend des intuitions bibliques. -
La Divine Origine. Dieu n’a pas créé l’homme (1993)
→ Relecture du récit de la Genèse (Adam et Ève, la faute, la liberté). Elle y développe une vision libératrice de la relation à Dieu et à soi. -
Le Moindre des deux (1991)
→ Réflexion sur la fraternité et la réconciliation, à partir du récit de Jacob et d’Ésaü. -
Abel ou la traversée de l’Éden (1999)
→ Interprétation du meurtre de Caïn et Abel, vue comme une clé pour comprendre la violence humaine et la possibilité du pardon. -
Le Passeur de Lumière. Pierre, l’homme de feu (2009)
→ Lecture des Évangiles à travers la figure de saint Pierre ; méditation sur la foi, la faiblesse et la responsabilité spirituelle. -
La Jouissance du sacré. Lecture biblique et psychanalyse (avec Daniel Sibony, 2014)
→ Dialogue entre deux psychanalystes sur le rapport entre désir, loi et foi.
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3-Maurice Blondel-1861-1949
Maurice Blondel (1861-1949) est l’un des grands penseurs chrétiens du XXᵉ siècle, philosophe catholique français dont l’œuvre cherche à réconcilier la raison et la foi, la vie humaine et la révélation divine.
Il n’est pas un théologien au sens strict, mais un philosophe de l’action, pour qui toute existence humaine porte en elle une ouverture vers Dieu.
Contexte et parcours
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Né à Dijon, normalien, agrégé de philosophie, professeur à Aix-en-Provence.
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Son œuvre majeure, L’Action (1893), marque un tournant dans la pensée chrétienne moderne. pour lire le tome 1, voir aussi une étude critique des deux tomes sur Persée.
-
Blondel a profondément influencé la théologie catholique du XXᵉ siècle, notamment le renouveau de la pensée chrétienne avant Vatican II, et des figures comme Henri de Lubac, Teilhard de Chardin ou Karl Rahner.
Œuvre majeure : L’Action (1893)
Thèse centrale :
« Agir, c’est se rendre présent à soi-même et au monde, et c’est, sans le savoir, désirer Dieu. »
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Blondel y montre que l’action humaine n’est pas seulement un fait matériel ou psychologique, mais un acte spirituel.
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Dans toute action, l’homme désire plus qu’il ne peut accomplir, il tend vers un absolu qu’il ne peut atteindre seul.
-
Ce manque, ce dépassement intérieur, ouvre la raison à la foi, et l’homme à la grâce divine.
Ainsi, Dieu n’est pas extérieur à la vie humaine, mais déjà pressenti dans le dynamisme même de l’action.
Autres ouvrages importants
1. La Pensée (1934)
- lecture tome 1
- cf article sur Encyclopedia
- cf la Pensée sur Persée
-
Réflexion sur la connaissance et la vérité.
-
Montre que la pensée humaine, comme l’action, porte en elle une tension vers l’absolu.
2. La Philosophie et l’Esprit chrétien (1944-1946)
-
Synthèse entre philosophie et théologie : la philosophie doit s’ouvrir à la foi sans la confondre.
-
Blondel affirme la légitimité de la philosophie chrétienne : raison et foi sont deux voies distinctes mais convergentes vers la vérité.
3. Lettre sur les exigences de la pensée contemporaine en matière d’apologétique (1896)
-
Texte fondateur de l’« apologétique moderne » : Blondel propose une approche du christianisme non pas imposée de l’extérieur, mais vécue et éprouvée intérieurement.
Pensée chrétienne et portée spirituelle
1. L’homme comme être en quête
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Toute vie humaine est animée par une recherche du sens, du bien, du vrai.
-
Cette recherche, même inconsciente, est déjà une ouverture à Dieu.
2. La foi comme accomplissement de la raison
-
La foi n’est pas contre la raison, mais son achèvement.
-
La philosophie conduit à la reconnaissance de son propre inachèvement, et donc à la nécessité de la révélation.
3. Le surnaturel au cœur du naturel
-
La grâce divine ne s’ajoute pas artificiellement à la vie humaine : elle l’accomplit de l’intérieur.
-
C’est une vision profondément incarnée du christianisme.
Style et méthode
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Philosophique, rigoureux, dense : Blondel est souvent exigeant à lire.
-
Spéculatif mais spirituel : son style allie rigueur logique et souffle mystique.
-
Dialectique du désir : il met en tension les forces intérieures de l’homme pour révéler leur orientation vers Dieu.
Synthèse
| Aspect | Vision chez Maurice Blondel |
|---|---|
| Foi et raison | Complémentaires, non opposées |
| Action humaine | Chemin d’ouverture vers Dieu |
| Surnaturel | Immanent au naturel, comme accomplissement |
| Spiritualité | Active, incarnée, fondée sur la recherche du sens |
| Influence | Précurseur du renouveau théologique du XXᵉ siècle (Lubac, Rahner, Teilhard) |
Citation clé
« Il n’y a pas d’action humaine qui ne pose, implicitement ou explicitement, la question de Dieu. »
Conclusion
Maurice Blondel est un philosophe chrétien majeur, qui a profondément renouvelé la manière de penser la foi.
Son intuition fondamentale — que l’homme, en agissant, tend vers Dieu sans le savoir — a ouvert la voie à une philosophie spirituelle du quotidien, où la foi n’est pas un ajout mais un accomplissement de la vie humaine.
Son œuvre demeure aujourd’hui une référence pour toute réflexion sur le dialogue entre foi, raison et modernité.
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4-Karl Barth-1886-1968
cf étude sur Karl, Barth de Claude Brunier -Coulon
Karl Barth (1886–1968) est un théologien chrétien protestant suisse, largement considéré comme l’un des plus grands théologiens du XXᵉ siècle.
Courte présentation
Karl Barth fut une figure centrale du renouveau théologique protestant, souvent appelé théologie dialectique ou néo-orthodoxie.
Il a réagi contre le libéralisme théologique du XIXᵉ siècle (notamment celui de Schleiermacher et Ritschl), en réaffirmant la transcendance de Dieu et la centralité de la révélation divine en Jésus-Christ.
Principaux ouvrages de Karl Barth
1. L’Épître aux Romains (Der Römerbrief, 1919, 2ᵉ éd. 1922)
-
Ouvrage qui l’a rendu célèbre.
-
Interprétation révolutionnaire de l’épître de Paul aux Romains.
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Il y oppose radicalement Dieu et l’homme, soulignant l’impossibilité de connaître Dieu par la raison ou la culture humaine : seule la révélation le rend possible.
-
Texte fondateur de la « théologie dialectique ».
2. Dogmatique de l’Église (Kirchliche Dogmatik, 13 volumes, 1932–1967)
-
Son œuvre monumentale et inachevée.
-
Environ 9 000 pages !
-
Exposition systématique de la théologie chrétienne centrée sur la Parole de Dieu, la révélation en Christ et la grâce souveraine.
-
Souvent abrégée en KD (ou Church Dogmatics en anglais).
-
Quatre grandes parties :
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La Parole de Dieu
-
Dieu
-
La Création
-
La Réconciliation (inachevée)
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3. La Parole de Dieu et la théologie (Das Wort Gottes und die Theologie, 1924)
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Expose sa méthode théologique : la théologie est une réflexion humaine placée sous l’autorité de la Parole de Dieu.
4. Introduction à la théologie évangélique (Einführung in die evangelische Theologie, 1962)
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Synthèse tardive de sa pensée, écrite à un niveau plus accessible.
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Destinée aux étudiants et aux pasteurs.
5. La confession de Barmen (Barmer Theologische Erklärung, 1934)
-
Barth en est le principal rédacteur.
-
Texte fondamental de la Résistance de l’Église confessante allemande contre le nazisme et la soumission des Églises protestantes au régime hitlérien.
-
Affirme que Jésus-Christ est la seule Parole de Dieu à laquelle l’Église doit obéissance, contre toute idéologie politique.
-
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5-Nicolaï Berdiaev-1874-1948
Nicolas Berdiaev (1874–1948) est un auteur chrétien russe d’envergure, reconnu pour sa philosophie de la liberté, de la création et de l’histoire. Issu de l’aristocratie russe, il a d’abord été influencé par le marxisme avant de se tourner vers le christianisme orthodoxe. Exilé en France après sa condamnation par le régime soviétique en 1922, il a poursuivi son œuvre en Europe, notamment à Paris, où il a dirigé la revue La Voie, un carrefour intellectuel de la pensée religieuse russe en exil Wikipédia.
Voici une analyse de son livre le sens de la création :
Principales œuvres de Nicolas Berdiaev
Voici une sélection de ses ouvrages majeurs, traduits en français :
-
Le Sens de la création (1936) :
-
une réflexion sur la liberté humaine, la dignité de l’homme et la place de la création dans le plan divin. lire là
-
Le Sens de l’Histoire (1923) :
-
une analyse de la destinée humaine à travers une philosophie religieuse de l’histoire, enrichie d’un article sur la « Volonté de vivre et volonté de culture » et d’un chapitre sur « Histoire et eschatologie » Barnes & Noble. lire là
-
L’Esprit de Dostoïevski (1923) :
-
une étude sur l’œuvre du romancier russe, mettant en lumière sa dimension spirituelle et existentielle. Lire là
-
Un Nouveau Moyen Âge (1924) :
-
une réflexion sur les destinées de la Russie et de l’Europe, dans une perspective chrétienne et eschatologique. lire là
-
De la dignité du christianisme et de l’indignité des chrétiens (1931) :
-
une critique de l’institution ecclésiale et de ses défaillances, appelant à une authentique vie chrétienne. Lire là
-
Essai d’autobiographie spirituelle (1949) :
-
un témoignage personnel sur son parcours intellectuel et spirituel, publié après sa mort Persée. Lire là
Thèmes centraux
La pensée de Berdiaev s’articule autour de plusieurs axes :
-
La liberté humaine : il considère la liberté comme un don divin fondamental, permettant à l’homme de participer à l’œuvre créatrice de Dieu.
-
La création : il insiste sur l’acte créateur comme essence de l’existence humaine, opposée à une vision déterministe ou matérialiste du monde.
-
La critique sociale et politique : tout en rejetant le marxisme, il analyse les structures sociales et politiques sous l’angle chrétien, soulignant la nécessité d’une transformation intérieure.
-
L’eschatologie : il envisage l’histoire comme un chemin vers le Royaume de Dieu, où l’homme est appelé à réaliser sa vocation divine.
-
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6-Dietrich Bonhoeffer-1906-1945
Dietrich Bonhoeffer (1906‑1945) était un théologien et auteur chrétien allemand très influent, surtout connu pour son engagement moral et religieux face au nazisme. Pasteur luthérien, il a combiné théologie, éthique et action concrète contre l’injustice. Il est devenu une figure majeure du christianisme protestant, notamment pour sa réflexion sur la responsabilité du chrétien dans le monde.
Voici quelques-uns de ses ouvrages majeurs :
-
Éthique (Ethik, publié posthume en 1949)
-
Son œuvre théologique la plus importante sur la morale chrétienne et la responsabilité.
-
Analyse comment le chrétien peut agir dans un monde moralement complexe.
-
-
La vie en communauté (Gemeinsames Leben, 1939)
-
Réflexion sur la vie chrétienne en communauté, tirée de son expérience à l’« Institut de Finkenwalde ».
-
Insiste sur le lien entre la foi et la pratique concrète.
-
-
Le prix de la grâce (The Cost of Discipleship, 1937)
- cf là
-
-
L’un de ses livres les plus célèbres.
-
Discute de la distinction entre « grâce bon marché » et « grâce coûteuse », appelant à une véritable obéissance au Christ.
-
-
Résistance et soumission (Widerstand und Ergebung, publié posthume en 1951, traduit souvent sous Letters and Papers from Prison)
-
Recueil de lettres et notes écrites pendant sa détention par le régime nazi.
-
Offre un aperçu de sa réflexion spirituelle et morale face à la persécution.
-
Bonhoeffer est ainsi un auteur chrétien engagé, dont la pensée allie théologie, éthique et action concrète.
Dietrich Bonhoeffer (1906‑1945) était un théologien et auteur chrétien allemand très influent, surtout connu pour son engagement moral et religieux face au nazisme. Pasteur luthérien, il a combiné théologie, éthique et action concrète contre l’injustice. Il est devenu une figure majeure du christianisme protestant, notamment pour sa réflexion sur la responsabilité du chrétien dans le monde.
Voici quelques-uns de ses ouvrages majeurs :
Éthique (Ethik, publié posthume en 1949)
cf là sur Wikipedia
Son œuvre théologique la plus importante sur la morale chrétienne et la responsabilité.
Analyse comment le chrétien peut agir dans un monde moralement complexe.
De la vie communautaire (Gemeinsames Leben, 1939)
Réflexion sur la vie chrétienne en communauté, tirée de son expérience à l’« Institut de Finkenwalde ».
Insiste sur le lien entre la foi et la pratique concrète.
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7-métropolite Andreï Bloom-Antoine de Sourozh -1914-2003
Le métropolite Antoine de Souroge (1914–2003), né Andreï Borisovitch Bloom, est une figure majeure de l’orthodoxie contemporaine. Évêque du diocèse de Souroge, couvrant la Grande-Bretagne, il a marqué le XXe siècle par sa pensée spirituelle profonde, accessible et vivante.
Ses écrits sur le christianisme
Mgr Antoine Bloom a laissé une œuvre spirituelle riche, traduite en plusieurs langues, qui explore la foi chrétienne à travers une expérience personnelle et une pédagogie pastorale. Voici quelques-unes de ses publications majeures :
-
Prière vivante (1971) :
-
Un ouvrage fondamental sur la prière chrétienne, abordée comme une rencontre vivante avec Dieu, et non comme une simple pratique rituelle.
-
Certitude de la foi (1974) :
-
Une réflexion sur la foi chrétienne, qui va au-delà des simples convictions intellectuelles pour en faire une expérience vécue.
-
Le sacrement de la guérison (2002) :
-
Une méditation sur le sens chrétien de la souffrance et de la guérison, abordant la maladie et la mort à la lumière de la foi.
-
Rencontre avec le Dieu vivant – Lecture spirituelle de l’Évangile selon saint Marc (2004) :
-
Une lecture spirituelle de l’Évangile de Marc, invitant le lecteur à une rencontre personnelle avec le Christ.
-
Entretiens sur la foi et l’Église (2011) :
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Un recueil de ses enseignements sur la foi chrétienne et la vie de l’Église, offrant une perspective pastorale et théologique.
️ Sa vision du christianisme
Mgr Antoine Bloom percevait le christianisme comme une expérience vivante et personnelle de la rencontre avec Dieu. Il soulignait l’importance de la prière comme un dialogue intime avec Dieu, et non comme une simple obligation religieuse. Il mettait également l’accent sur la guérison spirituelle, voyant dans la souffrance humaine une occasion de se rapprocher de Dieu. Sa pensée chrétienne était profondément ancrée dans la tradition orthodoxe, tout en étant ouverte aux questionnements contemporains.
—
8-Paul Evdokimov 1901-1970
Paul Evdokimov (1901-1970) est un théologien orthodoxe et auteur chrétien majeur du XXᵉ siècle, dont l’œuvre a profondément marqué la pensée spirituelle moderne.
Russe exilé en France après la révolution bolchevique, il a su unir la richesse mystique de l’Orient chrétien et la réflexion humaniste et existentielle de l’Occident, faisant de lui un véritable pont entre la foi, la beauté et la vie moderne.
Parcours et contexte
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Né à Saint-Pétersbourg, élevé dans la tradition orthodoxe.
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Exilé en France après 1917 ; études à l’Institut Saint-Serge (Paris).
-
Philosophe, théologien, professeur et écrivain.
-
Marié, père de famille, engagé dans des œuvres sociales (notamment à la “Fraternité orthodoxe”).
-
Son œuvre aborde la foi à travers les thèmes de l’amour, la beauté, la vocation humaine et la transfiguration du monde.
Œuvres majeures et axes de pensée
1. Le Christ dans la pensée russe (1959)
-
Exploration de la théologie et de la mystique russes : Dostoïevski, Soloviev, Boulgakov…
-
Pour Evdokimov, ces penseurs ont su incarner le Christ dans la profondeur de l’âme humaine.
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Thème central : le Christ comme “Dieu-homme”, lieu de la rencontre entre infini et quotidien.
« Le christianisme russe ne sépare jamais la contemplation du monde de la compassion pour le monde. »
2. L’amour fou de Dieu (1973, posthume)
-
Livre testament spirituel.
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Réflexion sur l’amour divin, insensé et absolu, manifesté dans le Christ.
-
La foi chrétienne y est présentée comme une aventure de l’amour total, où Dieu se livre sans mesure à l’homme.
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L’amour devient le critère de toute vérité : théologique, morale, existentielle.
➤ Thème : Dieu est “follement amoureux” du monde — et la sainteté, c’est de répondre à cet amour fou.
3. La femme et le salut du monde (1958)
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L’un de ses ouvrages les plus influents.
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Vision profondément anthropologique et spirituelle du féminin.
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La femme, pour Evdokimov, n’est pas simplement un rôle social ou biologique, mais une dimension spirituelle universelle : celle de l’accueil, de la compassion et de la beauté.
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Il y voit Marie comme l’archétype de la personne humaine réceptive à Dieu.
-
C’est aussi une méditation sur la vocation de l’homme et de la femme dans le monde contemporain.
« Le féminin est le visage humain de la tendresse divine. »
4. L’Art de l’icône : théologie de la beauté (1970)
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Ouvrage majeur sur l’esthétique orthodoxe.
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L’icône n’est pas une image pieuse, mais une fenêtre sur l’éternité, une théologie en couleur.
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La beauté y devient voie de connaissance spirituelle : l’art révèle la présence du divin dans la matière.
➤ Thème central : la beauté sauvera le monde (selon Dostoïevski), non comme ornement, mais comme révélation.
5. Le sacrement de l’amour : le mariage dans la perspective orthodoxe (1962)
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Réflexion sur le mariage comme mystère spirituel.
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L’union conjugale est pour lui une icône de l’amour trinitaire : communion, liberté, don réciproque.
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Refus du moralisme : l’amour humain est chemin de divinisation, non simple contrat.
Vision chrétienne et spirituelle
| Dimension | Vision chez Paul Evdokimov |
|---|---|
| Dieu | Amour fou, liberté absolue, don de soi total |
| Homme | Être créé pour la communion, appelé à la transfiguration |
| Beauté | Chemin vers Dieu, reflet de la gloire divine |
| Amour | Voie essentielle du salut ; l’amour humain participe à l’amour divin |
| Monde | Lieu de la présence de Dieu, non à fuir mais à sanctifier |
| Femme | Icône de la tendresse et de la réceptivité divine |
Evdokimov conçoit le christianisme comme une spiritualité incarnée, joyeuse, profondément humaine.
Dieu n’est pas un juge lointain, mais un Amant — et le monde n’est pas déchu à rejeter, mais à transfigurer par la beauté et la compassion.
Style et ton
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Poétique, mystique, lumineux, très influencé par les Pères de l’Église et la tradition orientale.
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Langage de contemplation et de feu intérieur.
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Riche en symboles, en métaphores bibliques et artistiques.
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Accessible dans ses grands livres spirituels, plus technique dans ses écrits théologiques.
️ Thèmes récurrents
| Thème | Interprétation chez Evdokimov |
|---|---|
| Amour | Le moteur de toute théologie ; Dieu est “folie d’amour” |
| Beauté | Expression visible du divin ; art et foi sont unis |
| Féminin / masculin | Complémentarité spirituelle et mystique |
| Transfiguration | Le monde, l’art, l’homme peuvent devenir “icônes de Dieu” |
| Liberté | Condition de la foi authentique |
| Sainteté | Non perfection morale, mais accueil de l’amour divin |
Citations clés
« La sainteté, c’est de laisser Dieu aimer en nous. »
« La beauté est la transparence du monde à la lumière divine. »
« L’amour seul connaît Dieu, car Dieu est amour. »
Synthèse
| Aspect | Analyse |
|---|---|
| Statut | Théologien orthodoxe, mystique, écrivain spirituel |
| Foi | Incarnée, amoureuse, joyeuse |
| Thèmes majeurs | Amour, beauté, féminin, transfiguration |
| Style | Poétique, symbolique, contemplatif |
| Héritage | Pont entre Orient et Occident, mystique et modernité |
Conclusion
Paul Evdokimov est l’un des plus profonds auteurs chrétiens du XXᵉ siècle, représentant de la mystique orthodoxe incarnée.
Il a su montrer que la foi n’est pas une morale mais une expérience d’amour, que la beauté est une voie de salut, et que l’homme est appelé à devenir lumière.
Sa théologie — à la fois poétique, charnelle et théologale — continue d’inspirer aujourd’hui les chercheurs de Dieu qui veulent unir mystique et humanité.
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9-Henri MASSIS 1886-1970
né à Paris en 1886 et mort à Paris en 1970
critique littéraire, essayiste politique et historien de la littérature.
Henri Massis (1886–1970) est souvent considéré comme un auteur chrétien, bien que cette étiquette demande quelques nuances. Voici pourquoi :
️ 1. Un intellectuel converti au christianisme
Henri Massis, d’abord proche du nationalisme et de l’Action française, évolue progressivement vers un christianisme intellectuel et militant.
-
Après la Première Guerre mondiale, il voit dans le christianisme le seul rempart spirituel contre le nihilisme moderne, le matérialisme et le relativisme moral.
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Sa foi catholique devient le cœur de sa pensée, qu’il défend avec ardeur contre les idéologies du XXᵉ siècle (positivisme, marxisme, existentialisme, etc.).
2. Une œuvre marquée par la défense de la foi et de la tradition
Ses essais illustrent une vision profondément chrétienne de la culture et de la société :
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Défense de l’Occident (1927) :
- sur Wikipedia
pour lire « la défense de l’Occident » sur le site
-
il y défend la civilisation occidentale, selon lui fondée sur les valeurs chrétiennes et menacée par le laïcisme et le matérialisme.
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Jugements, Les Jeunes gens d’aujourd’hui (écrit avec Alfred de Tarde) : il y plaide pour un renouveau spirituel, une jeunesse guidée par la foi et le sens du devoir.
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Dans les années 1930–1950, il publie plusieurs textes d’inspiration explicitement catholique, où il lie foi, culture et engagement.
3. Un chrétien engagé dans la cité
Massis ne fut pas seulement croyant : il fut un témoin et un combattant pour ce qu’il considérait comme la vérité chrétienne :
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Il soutient les valeurs de l’ordre, de la tradition et de la transcendance.
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Il défend le rôle de l’Église dans la culture française.
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Il s’oppose aux philosophies athées et aux totalitarismes, qu’il perçoit comme la conséquence du rejet de Dieu.
4. Mais un auteur controversé
Il faut noter que :
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Sa proximité passée avec l’Action française et certaines positions politiques réactionnaires ont parfois terni son image.
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Cependant, son christianisme intellectuel reste authentique : il s’inscrit dans la lignée des écrivains catholiques français comme Paul Claudel, Georges Bernanos, ou François Mauriac, quoique sur un ton plus polémique et doctrinal.
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10-Henri Bergson 1859-1941
né en 1859 à Paris et mort en 1941 à Paris
Il descend d’une famille juive polonaise. Il choisit la nationalité française à 18 ans.
- Essai sur les données immédiates de la conscience, (lecture) Paris, Félix Alcan, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 1889.
- Matière et mémoire (lecture) Essai sur la relation du corps à l’esprit, Paris, Félix Alcan, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 1896.
- Le Rire. Essai sur la signification du comique, Paris, Félix Alcan, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 1900.
- L’Évolution créatrice, (lecture) Paris, Félix Alcan, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 1907.
- Le matérialisme actuel, (collectif), coll. « Bibliothèque de philosophie scientifique », Paris, Ernest Flammarion, 1913.
- L’Énergie spirituelle.(lecture) Essais et conférences, Paris, Félix Alcan, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 1919.
- Durée et Simultanéité. À propos de la théorie d’Einstein, Paris, Félix Alcan, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 1922.
- Les Deux sources de la morale et de la religion,(lecture) Paris, Félix Alcan, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 1932.
- La Pensée et le Mouvant. Essais et conférences, Paris, Félix Alcan, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 1934
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11-Georges Bernanos 1888-1948
Né en 1888 à Paris et mort en 1948 à Neuilly
« Ni démocrate ni républicain, homme de gauche non plus qu’homme de droite, que voulez-vous que je sois ? Je suis chrétien »
Dans ses œuvres, Georges Bernanos explore le combat spirituel du Bien et du Mal, en particulier à travers le personnage du prêtre catholique tendu vers le salut de l’âme de ses paroissiens perdus, ou encore par des personnages au destin tragique comme dans Nouvelle histoire de Mouchette.
Georges Bernanos est un auteur paradoxal et anti-conformiste. Pour lui, la France est fondamentalement dépositaire des valeurs humanistes issues du christianisme, dont elle est responsable à la face du monde. Royaliste, il applaudit pourtant « l’esprit de révolte » de 1789 : un « grand élan […] inspiré par une foi religieuse dans l’homme » et développe une pensée qui constitue, selon les mots de Jacques Julliard, « un rempart de la démocratie, même à son corps défendant ». Un moment proche de Maurras, il déclare ne s’être « jamais senti pour autant maurrassien », et dit du nationalisme qu’il « déshonore l’idée de patrie ». Catholique, Bernanos attaque violemment Franco et l’attitude conciliante de l’Église d’Espagne à son égard dans Les Grands Cimetières sous la lune.
Sous le soleil de Satan : inspiré du curé d’Ars- pour lire ce livre
La grande peur des biens pensants- pour lire ce livre
Journal d’un curé de campagne- pour lire ce livre
Les grands cimetières sous la lune-pour lire ce livre
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Frédéric Boyer 1961-
Frédéric Boyer (né en 1961) est un écrivain, poète, traducteur et éditeur français, dont l’œuvre, sans être confessionnelle, est profondément traversée par la foi chrétienne, la Bible et la quête du sens spirituel.
C’est un auteur chrétien au sens culturel, poétique et existentiel : il explore comment la Parole divine continue à parler au monde d’aujourd’hui, à travers le langage, la mémoire et le corps.
Parcours et profil spirituel
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Né en 1961 à Nîmes, diplômé de l’École normale supérieure, agrégé de lettres.
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Écrivain reconnu, directeur de collection chez Gallimard, il a dirigé la “Bible, nouvelle traduction” (Bayard, 2001), projet collectif réunissant exégètes, poètes et écrivains.
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Lauréat du Prix de littérature religieuse et du Prix de l’Académie française.
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Bien que souvent discret sur sa foi personnelle, son œuvre repose sur une méditation du texte biblique et du mystère de la parole incarnée.
Œuvres majeures et thèmes
1. La Bible, nouvelle traduction (2001, dir.)
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Traduction novatrice, poétique et inclusive, qui fait dialoguer exégèse et littérature.
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But : rendre la Bible vivante, lisible et audible pour le lecteur contemporain.
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Démarche spirituelle : retrouver le souffle originel des Écritures au-delà des formules figées.
2. Le Livre des vies (2010)
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Méditation sur la mémoire, la filiation et la parole transmise.
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L’écrivain interroge la trace du divin dans la vie humaine.
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On y retrouve un écho de la Genèse : l’homme comme être créé par la parole.
3. Parler, c’est prier (2012)
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Réflexion sur la puissance spirituelle du langage.
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Boyer y affirme que toute parole authentique, même profane, porte un souffle sacré.
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Thème chrétien majeur : l’Incarnation — Dieu se fait parole humaine.
4. Christ aux poings (2016)
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Ouvrage de méditation sur la figure du Christ souffrant, ancré dans le réel.
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Il s’agit d’un Christ de chair, de combat et de miséricorde, incarné dans le monde contemporain.
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Démarche : relire les Évangiles non comme dogme, mais comme expérience humaine de la présence divine dans la souffrance et l’amour.
5. Son métier de Dieu (2017)
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Dialogue entre foi, littérature et humanité.
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Boyer y explore comment la parole de Dieu agit dans le monde : non pas comme vérité imposée, mais comme appel, souffle, présence fragile.
Vision chrétienne et théologique
Frédéric Boyer ne cherche pas à « prouver » Dieu, mais à faire entendre la trace de Dieu dans les mots, les gestes et les histoires humaines.
Sa pensée s’enracine dans plusieurs convictions spirituelles fortes :
| Dimension | Vision chez Boyer |
|---|---|
| Foi | Chemin intérieur, non dogmatique, fondé sur l’écoute et la parole. |
| Parole | Lieu de rencontre entre le divin et l’humain ; chaque mot peut devenir prière. |
| Bible | Texte vivant, à relire et à réinventer à chaque époque. |
| Christ | Figure d’humanité et de compassion, présence dans le monde blessé. |
| Littérature | Lieu spirituel de révélation et de transformation. |
Boyer ne sépare jamais l’expérience poétique de l’expérience spirituelle : pour lui, écrire, c’est déjà prier et chercher Dieu dans les mots.
Style et ton
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Poétique et méditatif : chaque mot est pesé, vibrant, ouvert au silence.
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Biblico-moderne : mêle les références scripturaires à un langage contemporain.
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Humain et incarné : la foi n’est pas un système, mais une expérience vécue.
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Théologique sans dogme : il s’inscrit dans la tradition chrétienne, mais la revisite librement.
Thèmes récurrents
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Le langage comme lieu de Dieu
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La souffrance et la rédemption
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La présence du divin dans le monde humain
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La mémoire et la transmission
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L’espérance fragile
Citations clés
« Parler, c’est toujours un peu prier, c’est croire qu’un mot peut sauver. »
« Il faut traduire sans cesse la Parole, non pour la changer, mais pour qu’elle demeure vivante. »
« Dieu n’est pas au-dessus, il est au-dedans, dans la respiration même du monde. »
Synthèse
| Aspect | Analyse |
|---|---|
| Statut | Écrivain, poète et traducteur chrétien moderne |
| Foi | Spirituelle, incarnée, non dogmatique |
| Thèmes | Parole, incarnation, souffrance, espérance |
| Style | Poétique, méditatif, incarné |
| Influence | Renouvelle la lecture biblique contemporaine |
Conclusion
Frédéric Boyer est un auteur chrétien au sens le plus vivant du terme : il ne prêche pas une doctrine, mais fait entendre la présence de Dieu dans la parole, le souffle et l’humanité.
Son œuvre renouvelle profondément la spiritualité littéraire contemporaine, en faisant de la Bible un texte poétique et existentiel, toujours à traduire, toujours à vivre.
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13-Gilbert Keith Chesterton 1874-1936
né en 1874 à Londres et mort en 1936 à Beaconsfield
Il a été en effet journaliste, poète, biographe et apologiste du christianisme.
Il est particulièrement renommé pour ses œuvres d’apologétique chrétienne ; même ses adversaires ont reconnu l’importance de textes comme Orthodoxie ou bien L’Homme éternel qui parvint à convertir l’écrivain C. S. Lewis au christianisme. Chesterton parlait souvent de lui-même comme d’un chrétien « orthodoxe ». Membre de la Haute Église anglicane, il se convertit au catholicisme en 1922. George Bernard Shaw, son « adversaire et ami », dit de lui dans le magazine Time : « C’était un homme d’un génie colossal.».
Orthodoxie : (traduction 17 mars 2010)
Histoire d’une âme, » autobiographie débraillée « , cet essai inclassable n’a d’autre prédécesseur que son livre-frère, Hérétiques, paru trois ans plus tôt. Découvert par Paul Claudel, qui en traduisit l’un des chapitres, célébré par Charles Péguy, Orthodoxie est un livre touffu, foisonnant d’images et d’idées, dans lequel Chesterton expose la vigueur de sa foi à coups de paradoxes et de fantaisies. Car le christianisme excentrique de Chesterton est une quête qui conduit à l’émerveillement de l’enfance, c’est-à-dire au royaume des fées. Dénonçant l’injustice capitaliste, les thèses matérialistes et déterministes (à commencer par la théorie de l’évolution), Chesterton leur oppose une faculté irréductible de l’homme, qu’aucune machine ne pourra jamais remplacer : son rire et sa joie.
L’Homme éternel : Il a été écrit en réponse à la profession de foi progressiste de l’écrivain H. G. Wells publiée en 1920 dans son livre Esquisse de l’histoire universelle (The Outline of History). Chesterton conteste, dans une certaine mesure, l’opinion de Wells selon laquelle la vie et la civilisation humaine sont un développement sans faille de la vie animale, et Jésus-Christ, qu’une figure charismatique parmi d’autres.
Ici, il tente d’illustrer le voyage spirituel de l’Humanité, ou du moins, de la civilisation occidentale. L’auteur Ross Douthat déclare : « Les grandes lignes de l’Histoire que dresse sereinement Chesterton, sont également le meilleur argument moderne en faveur du christianisme que j’aie jamais lu. Vous devez vous abandonner au style chestertonien, mais si vous le faites, attention : vous pourriez vous retrouver converti. »
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14-Paul Claudel 1868-1955
Né en 1868 dans l’Aisne à Villeneuve sur Fère , mort en 1955 à Paris.
dramaturge, poète, essayiste et diplomate français, membre de l’Académie française.
Claudel s’installe alors définitivement dans le château de Brangues, en Isère, qu’il avait acquis en 1927 pour y passer ses étés. Le travail littéraire, mené jusqu’alors parallèlement à sa carrière diplomatique, occupe désormais la plus grande part de son existence. Il reçoit à Brangues diverses notoriétés : des hommes politiques comme le président Édouard Herriot, ou des écrivains comme François Mauriac.
On peut aussi passer par l’exégèse biblique, à laquelle Claudel s’est consacré pendant presque toute sa vie50. Pour lui, la foi n’est pas seulement une persistance dans sa critique sur l’art, mais plutôt une nourriture pour son esprit et son âme. Il consacre plusieurs articles typiques à ce sujet : Vitraux des Cathédrales de France, la Cathédrale de Strasbourg, l’Art et la Foi, l’Art Religieux, etc. Il met en lumière l’esprit religieux partout où il le peut. C’est la façon pour lui d’exprimer sa méditation sur son intimité d’homme et de croyant. Il nous confie même parfois sa foi pour aider à comprendre ses textes. La Bible est perçue comme une œuvre poétique par Claudel54, qui le stimule à interroger et à commenter les tableaux avec un style qui parfois s’en inspire.
Paul Claudel a été très influencé par Arthur Rimbaud et Thomas d’Aquin. Son œuvre profondément marqué par la foi chrétienne, dont il a reçu la révélation en 1886, le jour de Noël. Élu à l’Académie française en 1946, il a consacré le reste de sa vie à l’étude de textes bibliques.
Le soulier de satin :Drame mystique, le Soulier de satin relate l’amour impossible entre Doña Prouhèze et le capitaine Don Rodrigue. L’action, qui s’étale sur vingt années, se passe à la Renaissance, au temps des conquistadors, et est découpée par l’auteur en quatre journées, suivant la tradition du Siècle d’or.
Paul Claudel lui-même commenta : « La scène de ce drame est le monde ». Sur sa pièce, il écrivit aussi : « Le sujet du Soulier de satin, c’est en somme celui de la légende chinoise, les deux amants stellaires qui chaque année après de longues pérégrinations arrivent à s’affronter, sans jamais pouvoir se rejoindre, d’un côté et de l’autre de la Voie lactée.
cf sur le site société Paul Claudel
L’annonce faite à Marie est un « mystère » en quatre actes
cf sur le site société Paul Claudel
Dans un « Moyen Âge de convention », Violaine, fille d’Anne Vercors, et fiancée à Jacques Hury, rencontre l’architecte Pierre de Craon, qui l’a autrefois désirée et a, depuis, contracté la lèpre. Violaine consent à lui donner, par compassion et charité, un baiser d’adieu. Mais la scène a été surprise par sa sœur Mara, amoureuse de Hury, et celle-ci va tout tenter pour nuire à sa rivale. C’est à ce moment que le père, Anne, annonce son intention subite d’abandonner la prospérité du domaine familial pour se rendre en Terre sainte laissant à Jacques le patronage de la maison et la main de Violaine.
À la suite du baiser donné à Pierre de Craon, Violaine contracte également la lèpre et, dénoncée par sa sœur, elle se voit reniée par les siens et abandonnée par son fiancé qui l’envoie dans une léproserie et épouse Mara. Elle se retire dans la forêt malade pour se vouer à Dieu. Mais voici que meurt l’enfant né du mariage de Mara et de Jacques. Désespérée, Mara va supplier la lépreuse dans sa caverne durant la nuit de Noël : elle ne l’aime pas, mais elle a foi dans la vertu de sa sainteté qui peut obtenir de Dieu un miracle. Violaine l’associe à ses prières et ressuscite l’enfant dont les yeux prennent alors la couleur des yeux bleus de Violaine alors qu’ils étaient noirs comme ceux de Mara.
À l’acte suivant, Violaine est tuée par Mara, toujours jalouse et, avant de mourir, elle obtient pour cette dernière le pardon de son père et de son mari. Et, tandis que la lèpre de Pierre de Craon a été mystérieusement guérie, Mara trouve enfin la paix dans le pardon, au son des cloches de l’Angélus dont le premier versicule donne son titre à la pièce : Angelus Domini nuntiavit Mariae (« L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie »). L’histoire de cette jeune fille Violaine devenant progressivement une sainte, assimilée à la Vierge Marie, donne finalement la signification de ce mystère : la « possession d’une âme par le surnaturel », comme l’a décrit Claudel lui-même.
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15-Olivier Clément 1921-2009
Olivier Clément (1921-2009) est l’un des grands auteurs et penseurs chrétiens du XXᵉ siècle, profondément enraciné dans la tradition orthodoxe et reconnu bien au-delà des frontières confessionnelles.
Converti à la foi chrétienne à l’âge adulte, il a cherché toute sa vie à articuler la spiritualité orientale et la pensée moderne occidentale, en faisant dialoguer la théologie, la philosophie et la poésie.
Parcours et contexte
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Né dans un milieu athée et anticlérical, il découvre la foi chrétienne à l’âge de 30 ans à travers la lecture des Pères de l’Église et la rencontre avec des penseurs orthodoxes.
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Devenu orthodoxe, il enseigne à l’Institut Saint-Serge à Paris et collabore avec des figures comme Paul Evdokimov, Vladimir Lossky ou Jean Meyendorff.
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Son œuvre a marqué le dialogue entre Orient et Occident, foi et modernité, mystique et engagement social.
Œuvres majeures et thèmes centraux
1. L’Autre Soleil (1959)
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Premier grand ouvrage spirituel.
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Thème : la résurrection comme lumière intérieure, soleil spirituel qui éclaire la vie humaine.
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Affirmation d’un christianisme joyeux, ouvert à la beauté et à la transfiguration du monde.
2. Le Visage intérieur (1978)
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Sans doute son livre le plus connu.
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Réflexion sur la personne humaine comme mystère et image de Dieu.
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L’homme n’est pas un individu isolé, mais un être de communion, fait pour la relation.
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L’âme y est conçue comme espace d’accueil du divin, lieu où le monde peut être transfiguré.
3. Sources : les mystiques chrétiens des origines (1982)
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Exploration de la spiritualité patristique : les Pères du désert, les mystiques grecs et byzantins.
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Clément montre que leur message reste vivant et universel : la prière, le silence, la compassion sont des voies pour habiter le monde spirituellement.
4. L’Esprit de Soljenitsyne (1975)
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Dialogue avec la pensée spirituelle et politique de Soljenitsyne.
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Clément y réfléchit à la liberté intérieure, au témoignage chrétien face au totalitarisme et à la responsabilité du chrétien dans le monde.
5. Dialogue avec le patriarche Athénagoras (1969)
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Entretien profond sur l’unité des chrétiens et la spiritualité orthodoxe.
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Le patriarche y affirme : « Sans l’Esprit Saint, Dieu est loin, le Christ reste dans le passé, l’Évangile est lettre morte. »
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Clément présente ici une vision œcuménique et vivifiante de la foi chrétienne.
6. Transfigurer le temps (1997)
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Méditation sur le rapport entre temps et éternité.
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La liturgie et la prière permettent d’« ouvrir le temps à l’infini ».
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Clément relie ainsi le cœur de la spiritualité orthodoxe à la quête moderne de sens.
Vision théologique et spirituelle
1. Théologie de la lumière et de la transfiguration
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Le cœur de sa pensée : la vie chrétienne est un processus de transfiguration — du monde, du temps, du corps et de la personne.
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Dieu n’est pas loin, mais présent dans la chair du monde.
2. Anthropologie de la communion
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L’homme est fait à l’image du Dieu Trinité : sa vocation est la relation, la liberté et l’amour.
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Refus du dualisme : l’esprit et le corps sont unis, le monde matériel est appelé à la divinisation (théosis).
3. Foi et modernité
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Clément ne fuit pas la modernité : il y discerne des désirs spirituels inassouvis, qu’il relie à l’espérance chrétienne.
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Il dialogue avec les non-croyants, les artistes, les philosophes.
4. Dimension œcuménique
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Passeur entre Orient et Occident, il plaide pour une unité spirituelle fondée sur la diversité des traditions.
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Il admire à la fois la profondeur mystique de l’Orient et la rationalité de l’Occident.
Style et ton
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Poétique et lumineux : Clément écrit avec une langue habitée, proche de la prière.
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Mystique et incarné : la théologie passe par l’expérience, la contemplation, le symbole.
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Accessible malgré la profondeur des thèmes.
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Il écrit souvent comme un pédagogue spirituel, pas comme un théologien académique.
️ Thèmes récurrents
| Thème | Interprétation chez Clément |
|---|---|
| Lumière / Transfiguration | La foi comme illumination du monde et du cœur |
| Communion | L’homme est relation : avec Dieu, les autres, le cosmos |
| Beauté | Chemin vers Dieu, reflet de la gloire divine |
| Temps et éternité | La liturgie ouvre le temps à l’infini |
| Dialogue | Foi en conversation avec la modernité et les autres religions |
Citations clés
« La foi chrétienne ne nous arrache pas au monde : elle nous apprend à y découvrir la lumière cachée. »
« Le christianisme est la religion de la beauté transfigurée. »
« Le visage de l’autre est pour moi le lieu de la révélation. »
Synthèse
| Aspect | Analyse |
|---|---|
| Statut | Auteur et théologien orthodoxe, grand penseur chrétien contemporain |
| Foi | Mystique, incarnée, ouverte au dialogue |
| Thèmes majeurs | Lumière, transfiguration, communion, beauté, temps |
| Style | Poétique, spirituel, accessible |
| Héritage | Pont entre Orient et Occident, tradition et modernité |
Conclusion
Olivier Clément est un auteur chrétien majeur du XXᵉ siècle, figure de la spiritualité orthodoxe moderne.
Son œuvre appelle à voir le monde comme un lieu de présence divine, à vivre la foi comme transfiguration, et à dialoguer avec la culture contemporaine sans renier la tradition.
Il incarne une pensée de la beauté et de la lumière, où le mystère chrétien devient expérience vivante et poétique.
16-Jacques Copeau -1879-1949
né en à Paris et mort en à Beaune aux Hospices, est une personnalité d’importance majeure dans le monde intellectuel et artistique français de la première moitié du xxe siècle, principalement dans le domaine du théâtre.
C’est en 1903 que Copeau rencontre André Gide pour la première fois : c’est le début d’une amitié qui durera jusqu’à la fin comme en témoigne leur correspondance.
De retour à Paris en 1905, Copeau poursuit son métier de critique dramatique.
En 1925, Jacques Copeau se convertit au catholicisme, sous l’influence de Paul Claudel et du cercle Maritain à Meudon. Ce fait déterminant imprègne et oriente aussi bien sa vie que son œuvre, comme metteur en scène et dramaturge.
L’engagement chrétien de Copeau
En 1925, Jacques Copeau se convertit au catholicisme, influencé par des figures telles que Paul Claudel et le cercle Maritain. Cette conversion marque un tournant dans sa vie et son œuvre. Il rejoint la revue Jeux, tréteaux et personnages, fondée par Henri Brochet, une publication d’inspiration chrétienne. Cependant, Copeau met en garde contre un dogmatisme doctrinal qui pourrait nuire à la réalité même du théâtre. Il insiste sur le fait que la doctrine ne doit se formuler que lorsque l’autorité est acquise, soulignant ainsi la nécessité d’éviter un ton doctrinaire dans l’art théâtral Wikipédia.
Analyse de ses écrits
Les écrits de Copeau, notamment ses réflexions sur le théâtre, révèlent une profonde dimension spirituelle. Il perçoit le théâtre comme un moyen de relier les hommes entre eux, transcendant les barrières sociales et culturelles. Il considère l’art théâtral comme une vocation sacrée, une forme de prière vivante qui permet à l’homme de se rapprocher du divin. Cette approche est manifeste dans ses pièces telles que Le Petit Pauvre, qui, bien que présentant des accents mystiques, évite le piège de la propagande religieuse, offrant ainsi une puissance littéraire qui grandit l’œuvre Wikipédia.
Conclusion
Jacques Copeau est indéniablement un auteur chrétien, dont l’engagement spirituel a profondément influencé sa vision et sa pratique du théâtre. Ses écrits témoignent d’une quête de sens et d’une volonté de servir le divin à travers l’art, tout en préservant l’intégrité et l’essence même du théâtre.
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17-Charles de Foucauld 1858-1916
Né le à Strasbourg (France) et mort le à Tamanrasset (Algérie française), est un officier de cavalerie de l’armée française devenu explorateur et géographe, puis religieux catholique, prêtre, ermite et linguiste.
Il est béatifié le par le pape Benoît XVI puis canonisé le par le pape François.
En , alors qu’il est en classe de rhétorique, il commence à s’éloigner de la foi, avant de devenir agnostique. Il affirme plus tard : « Les philosophes sont tous en désaccord. Je demeurai douze ans sans nier et sans rien croire, désespérant de la vérité, ne croyant même pas en Dieu. Aucune preuve ne me paraissait évidente ». Cette perte de la foi se double d’un mal-être : il se trouve alors « tout égoïsme, toute impiété, tout désir de mal, j’étais comme affolé ».
À Saumur, il mène une vie dissolue, profitant à dix-neuf ans de l’important patrimoine dont il a hérité. Surnommé le « lettré fêtard », il profite alors de sa fortune pour faire venir des prostituées de Paris qui défilent dans sa chambre, et qu’il traite avec peu de respect. Cette attitude libertine se double d’une indiscipline volontaire et répétée. Il est puni de nombreuses fois pour désobéissance, quittant l’école sans autorisation, étant en retard, ne se levant pas le matin… Il a plus de dix-neuf jours d’arrêt simple et quarante jours d’arrêt de rigueur. Aux examens de sortie, Foucauld est classé 87e sur 87.
De février à octobre 1886, Foucauld loue une chambre à Paris près du domicile de sa cousine Marie de Bondy. Âgé de 28 ans, ayant regagné l’estime des membres de sa famille, son attitude change. Il s’intéresse à la spiritualité et se met à lire tant le Coran qu’« Élévation sur les mystères » de Bossuet, livre offert par Marie de Bondy. Il ne retrouve plus le plaisir d’antan dans les lectures coquines, qui le dégoûtent maintenant. Il mène une vie de plus en plus sobre, loin des frasques qui choquaient tant sa famille.
L’expérience au Maroc a été une révélation pour Foucauld. Il affirmera en 1901 : « L’Islam a produit en moi un profond bouleversement. La vue de cette foi, de ces âmes vivant dans la continuelle présence de Dieu, m’a fait entrevoir quelque chose de plus grand et de plus vrai que les occupations mondaines »
Sa méfiance vis-à-vis de la foi chrétienne s’estompe progressivement à travers les discussions avec sa cousine Marie de Bondy, au cours desquelles ils parlent religion. Marie de Bondy joue un rôle très important dans sa conversion. Il la décrit plus tard comme « l’ange terrestre » auquel il pourra se confier.
Charles de Foucauld exprime sa volonté de retrouver la foi. L’abbé Huvelin lui demande alors de se confesser, ce que Foucauld fait. Il lui donne ensuite la communion. C’est, d’après lui, une seconde révélation : « Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour Lui : ma vocation religieuse date de la même heure que ma foi : Dieu est si grand. Il y a une telle différence entre Dieu et tout ce qui n’est pas Lui. »
Ordonné prêtre à Viviers en 1901, il décide de s’installer dans le Sahara algérien à Béni Abbès. Il ambitionne de fonder une nouvelle congrégation, mais personne ne le rejoint. Il vit avec les Berbères, adoptant une nouvelle approche apostolique, prêchant non pas par les sermons, mais par son exemple.
Charles de Foucauld (1858‑1916) est considéré comme un auteur chrétien, et plus largement comme un spirituel et mystique catholique. Voici une analyse détaillée :
1. Contexte personnel et spirituel
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Charles de Foucauld est né dans une famille aristocratique française.
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Après une jeunesse marquée par le doute et la recherche de sens, il se convertit profondément au catholicisme en 1886, sous l’influence de lectures spirituelles et de rencontres avec des religieux.
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Il devient moine et ermite en Algérie, vivant parmi les Touaregs, en s’immergeant dans une vie de prière, de solitude et de service.
2. Son œuvre et ses écrits
Charles de Foucauld a laissé de nombreux textes spirituels, journaux et lettres, centrés sur :
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La vie contemplative : Il insiste sur la prière silencieuse, la méditation de l’Évangile et l’adoration du Saint-Sacrement.
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L’imitation de la vie du Christ : Il cherche à vivre pauvrement, humblement et dans la proximité avec les autres, comme le Christ.
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L’amour universel : Ses écrits reflètent un engagement pour l’amour de tous, y compris ceux qui sont éloignés de la foi, et la charité concrète.
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La foi vécue : Ses journaux et lettres montrent qu’il écrivait pour guider sa vie et celle des autres vers une relation authentique avec Dieu.
Exemples de ses écrits :
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Journal et carnets : réflexions personnelles sur la vie spirituelle.
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Lettres aux religieux et aux fidèles : enseignements sur la prière, l’humilité et la charité.
3. Pourquoi il est chrétien
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Ses écrits sont profondément ancrés dans la foi catholique, et son objectif est d’aider les autres à vivre le christianisme de façon authentique.
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Il ne se limite pas à des enseignements théoriques ; il montre comment vérifier et transformer sa vie selon l’Évangile.
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Il a fondé une spiritualité simple mais radicale, qui a inspiré la congrégation des Petits Frères de Jésus, centrée sur la vie contemplative et l’humilité.
Conclusion
Charles de Foucauld est un auteur chrétien et mystique, car ses écrits, sa vie et son enseignement sont entièrement consacrés à vivre et transmettre le message du Christ. Sa dimension chrétienne est pratique, spirituelle et universelle, visant à incarner l’Évangile dans tous les aspects de la vie quotidienne.
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18-Hubert Lyautey 1854-1934
né à Nancy en 1854 et mort à Thorey en 1934. Obsèques nationales puis, à sa demande, inhumé à Rabat un an après.
Gagné dans les années 1880 par un scepticisme religieux qui l’angoisse, le capitaine Lyautey entame un long cheminement spirituel. Le questionnement intense auquel il se soumet ne l’éloigne cependant pas définitivement de l’idée de Dieu et de son admiration pour l’Église, dont il reste culturellement proche et dont il partage la plupart des positions morales, sociales et politiques. Il reste particulièrement lié à son condisciple le docteur Paul Michaux, figure emblématique de l’intelligentsia catholique parisienne et fondateur en 1898 de la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France.
L’approfondissement se construit pour Lyautey en trois étapes : recherche et questionnement de jeunesse face à son scepticisme naissant (« Je voudrais aimer Dieu, mais je n’arrive pas à le faire par gratitude » – ), fascination dans sa vie d’homme pour le Dieu des idées (« Mais l’admiration n’est pas l’amour ») et redécouverte apaisée du Dieu-Amour dans sa vieillesse98. À côté de Thorey se trouve la « colline inspirée », Sion, lieu de pèlerinage depuis des siècles. Un monastère confié aux missionnaires oblats y existe depuis le milieu du xixe siècle ; le maréchal le fréquente assidûment et reçoit les frères chez lui. Lyautey achève pleinement sa réconciliation avec l’Église le jeudi saint 1930 (), lorsque, après s’être confessé, il reçoit la communion du curé de Thorey, source d’une immense joie dont il s’ouvre quelques jours plus tard à son ami Wladimir d’Ormesson38(222) et qui ne le quitte plus jusqu’à sa mort.
Il redécouvre aussi la foi par le scoutisme et fait la connaissance d’un chef scout en route vers le sacerdoce, le futur père Patrick Heidsieck. Une correspondance naît entre le jeune prêtre qui devait partir pour la Pologne et le vieil officier qui, dès 1930, de-par ces échanges, reprend le chemin de l’Église, de la confession et de la prière à genoux tous les soirs. Lyautey brisait ainsi une longue période de traversée du désert religieuse et renouait avec une jeunesse où sa foi était ardente.
1. Contexte personnel et religieux
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Lyautey était catholique et sa foi influençait sa vision du monde, de la société et du service public.
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Comme militaire et administrateur colonial (notamment au Maroc), il cherchait à concilier autorité, ordre et humanité, en s’inspirant de principes chrétiens.
2. Son rapport au christianisme dans ses écrits
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Ses écrits, notamment dans ses rapports, mémoires et réflexions sur le commandement, contiennent des références à :
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La morale chrétienne, comme guide de conduite pour le militaire et l’administrateur.
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La notion de service et de responsabilité envers autrui, qui reflète une éthique chrétienne de charité et d’humilité.
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Lyautey valorise des qualités humaines et spirituelles (respect, justice, bienveillance) qui sont en harmonie avec les enseignements chrétiens, même si elles ne sont pas explicitement théologiques.
3. Pourquoi il peut être considéré chrétien
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Éthique et morale : Sa foi informe ses décisions et sa conception du devoir.
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Vision du rôle de l’homme et du pouvoir : Il insiste sur le service plutôt que sur la domination, ce qui reflète une inspiration chrétienne.
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Réflexion écrite : Ses notes et correspondances montrent qu’il se réfère à sa foi pour guider sa vie publique et privée.
Conclusion
Hubert Lyautey peut être considéré comme un auteur chrétien dans le sens moral et éthique, car sa foi catholique structure ses réflexions sur le service, le pouvoir et la responsabilité. Ce n’est pas un auteur spirituel ou théologique au sens strict, mais la morale chrétienne est présente dans sa pensée.
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19-Jacques Maritain 1882-1973
Né en à Paris et mort en à Toulouse, est un philosophe et théologien catholique français. Il est une figure centrale du thomisme au xxe siècle.
Agnostique élevé dans le protestantisme, Jacques Maritain se convertit à la foi catholique en 1906 et cette religion a profondément imprégné sa philosophie. Après une phase anti-moderniste, où il était proche de l’Action française, sans jamais y adhérer, il s’en éloigna et finit par accepter la démocratie et la laïcité (Humanisme intégral, 1936). Son œuvre fut liée de près à l’éclosion de la démocratie chrétienne, malgré les réserves de Maritain lui-même à propos de son organisation concrète. La connaissance de l’œuvre de Jacques Maritain a été profondément renouvelée par la publication en 2021 de sa biographie par Michel Fourcade, ainsi que par l’édition intégrale de sa correspondance avec Emmanuel Mounier, Paul Claudel, François Mauriac, Gabriel Marcel, Georges Bernanos, Yves Simon, Louis Massignon, Henri de Lubac, Edith Stein et Emily Coleman.
Le scientisme alors en vogue à la Sorbonne le déçoit assez rapidement ; il ne le considère pas comme étant capable de répondre à des questions existentielles d’ordre vital. Pendant l’année académique 1901-1902, Charles Péguy, confident de la crise intellectuelle et morale que traversent Jacques et Raïssa, les engage tous deux à suivre les cours d’Henri Bergson au Collège de France. Jacques Maritain se marie le . Il passe avec succès en 1905 l’agrégation de philosophie, où il est reçu sixième3. Parallèlement à sa déconstruction du scientisme, Bergson leur communique le « sens de l’absolu ». Par la suite, grâce notamment à l’influence de Léon Bloy qui devient leur parrain de baptême, ils se convertissent tous deux au catholicisme en juin 1906.
Il fut ambassadeur de France au Vatican de 1945 à 1948. Il avait épousé Raïssa Oumançoff, poète et philosophe juive convertie au catholicisme, autrice des Grandes Amitiés. Les œuvres complètes de Maritain sont co-signées avec Raïssa.
La philosophie de Maritain embrasse de larges champs de la pensée : cognition, morale, métaphysique, arts et politique.
- Volume 1 (1906-1920) [archive], 1986, 1175 p. (ISBN 2850493554 et 9782850493553), partiellement en ligne
- Volume 2 (1920-1923) [archive], 1987, 1329 p. (ISBN 285049366X et 9782850493669), partiellement en ligne
- Volume 4 (1929-1932) [archive], 1983, 1259 p. (ISBN 2850492752 et 9782850492754), partiellement en ligne
- Volume 5 (1932-1935) [archive], 1982, 1153 p. (ISBN 2850492507 et 9782850492501), partiellement en ligne
- Volume 8 (1944-1946) [archive], 1989, 1290 p. (ISBN 285049366X et 9782850493669), partiellement en ligne
- Volume 9 (1947-1951) [archive], 1990, 1297 p. (ISBN 285049366X et 2827103885), partiellement en ligne
- Volume 10 (1952-1959) [archive], 1985, 1234 p. (ISBN 2850493236 et 9782850493232), partiellement en ligne
- Volume 11, (1960) [archive], 1991, 1108 p. (ISBN 2827105497 et 2850494917), partiellement en ligne
- Volume 12, (1961-1967) [archive], 1993, 1212 p. (ISBN 2850494917 et 9782850494918), partiellement en ligne
- Volume 14 (1921-1944) [archive], 1994, 1217 p. (ISBN 2850495883 et 9782850495885), partiellement en ligne
- Volume 17, bibliographie, Index [archive], 2008, (ISBN 2827110326 et 9782827110322), partiellement en ligne
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20-Louis Massignon 1883-1932
Né en à Nogent-sur-Marne et mort en à Suresnes, est un universitaire et islamologue catholique français.
Professeur au Collège de France de 1926 à 1954, il a contribué à une meilleure connaissance de l’islam sur le plan académique, tout en prônant sur le plan spirituel la nécessité de la réconciliation des religions abrahamiques. Il est en cela un précurseur du dialogue interreligieux.
Fin mars 1908, il dirige une expédition pour explorer la forteresse sassanide d’Al-Okheïdir. Début mai, il est arrêté à Kût el-’Amâra par les autorités ottomanes. La région est en proie à la prochaine révolution des Jeunes-Turcs et le Français est considéré comme un potentiel espion. Il est forcé de rentrer à Bagdad sur un bateau remontant le Tigre. Bien que toute la lumière ne soit pas faite sur les événements, il se croit condamné à mort et tente vainement de se suicider. Il vit alors une expérience mystique, la Visitation de l’Étranger, qui marque son retour à Dieu et au christianisme.
Cette conversion au contact de l’islam s’inscrit dans le contexte plus large du renouveau catholique qui, en France, voit un nombre important de jeunes gens se convertir. On les appelle les « convertis de la Belle Époque »(Henriette Psichari, Les convertis de la Belle époque, Éditions rationalistes,
. Massignon va d’ailleurs rencontrer d’autres convertis, tels Paul Claudel, Jacques Maritain, ainsi que Charles de Foucauld qui a une influence décisive sur le cours de sa vie et devient l’un de ses maîtres spirituels.
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21-Charles Péguy 1873-1914
Né le à Orléans (Loiret) et mort pour la France le premier jour de la première bataille de l’Ourcq, le à Villeroy (Seine-et-Marne), est un écrivain, poète, essayiste et officier de réserve français. Il est également connu sous les noms de plume de Pierre Deloire et Pierre Baudouin.
Son retour au catholicisme, dont il avait été nourri durant son enfance, a eu lieu entre 1907 et 1908. Il confie en septembre 1908 à son ami Joseph Lotte : « Je ne t’ai pas tout dit… J’ai retrouvé la foi… Je suis catholique… » Cependant, son entourage remarquait depuis quelques années déjà ses inclinations mystiques ; ainsi, les frères Jean et Jérôme Tharaud se souviennent l’avoir fait pleurer en racontant les miracles de la Vierge, à la Noël 1902. Une confidence à demi-mot de Péguy44 laisse à penser que sa conversion intervint à la suite d’une lecture de l’Évangile de la Passion selon saint Matthieu45. Le paraît Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, qui s’inscrit clairement dans la perspective d’une méditation catholique et manifeste publiquement sa conversion. Plutôt que par le mot conversion qui sous-entendrait un rejet de sa vie passée, c’est par « un approfondissement du cœur » que Péguy retrouve la foi. Approfondissement qu’il exprime ainsi : « Ce n’est nullement par un rebroussement que nous avons trouvé la voie de chrétienté. Nous ne l’avons pas trouvée en revenant. Nous l’avons trouvée au bout. C’est pour cela que nous ne renierons jamais un atome de notre passé ». La réaction du public catholique au Mystère de la charité de Jeanne d’Arc est plutôt méfiante, même si L’Amitié de France et La Croix font une critique élogieuse de l’ouvrage. Son intransigeance et son caractère passionné le rendent suspect à la fois aux yeux de l’Église, dont il attaque l’autoritarisme et l’orientation bourgeoise, et aux yeux des socialistes, dont il dénonce l’anticléricalisme ou, un peu plus tard, le pacifisme, pour lui inopérant et, qui plus est, à contre-sens, quand l’Allemagne redevient menaçante.
À partir de 1911, Péguy qui est au tournant de la quarantaine, fait l’expérience des déceptions et des critiques des milieux académiques après les remous provoqués par l’essai polémique contre Fernand Laudet. Son pessimisme et sa détresse sont immenses, comme en témoigne son ami Daniel Halévy : « Ah, lui dit un jour Péguy, je ne savais pas que c’était ça la vie ! » Cet aveu de désespoir est suivi d’une frénésie de travail, moyen pour lui de tenter de lui échapper : « Je travaille tout le temps, tous les jours, je me sauve ainsi de descendre plus profondément », écrit-il le à son ami Charles Lucas de Pesloüan. Rédigés entre l’automne 1911 et le printemps 1912, les Quatrains, envahis de visions sanglantes, sont à la fois une imploration et le poème de ce désespoir46. Au milieu de ces difficultés, s’ajoute en 1912, l’inquiétude provoquée par la paratyphoïde de Pierre, son second fils ; Péguy fait alors le vœu de se rendre en pèlerinage solitaire à Chartres, du 14 au 17 juin, parcourant 144 km en trois jours. Alain-Fournier l’accompagne sur une partie du chemin. « J’ai fait un pèlerinage à Chartres. Je suis Beauceron, Chartres est ma cathédrale », avoue-t-il à son ami Joseph Lotte, ajoutant : « Notre Dame m’a sauvé du désespoir ». C’est ce pèlerinage qui, par la suite, inspira les pèlerinages de Chartres. Il fait à nouveau ce pèlerinage en 1913, du 25 au 28 juillet. Il écrit : « … J’ai tant souffert et tant prié… Mais j’ai des trésors de grâce, une surabondance de grâce inconcevable… ». Pourtant, Péguy n’a pas retrouvé la joie, mais seulement une sérénité précaire qui n’empêche ni regret ni mélancolie ; et il ne devient pas catholique pratiquant. Charles Péguy n’aurait jamais communié adulte et n’aurait reçu les sacrements qu’un mois avant sa mort, le 15 août 1914, à Loupmont, alors qu’il était sous l’uniforme.
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22-Ernest Psichari 1883-1914
(Né le à Paris et mort le à Rossignol) est un officier et écrivain français
En juin 1913, Psichari retourne dans la garnison du 2e régiment d’artillerie coloniale à Cherbourg. C’est là qu’il compose son livre, publié à titre posthume, Le Voyage du centurion (1916)7. Il s’agit de la transposition à peine masquée de son expérience et de son évolution spirituelle.
Longtemps à la recherche de certitudes intellectuelles, le jeune homme se tourne vers la foi catholique et la méditation, sous l’influence du RP Humbert Clérissac, un dominicain, et surtout de Jacques Maritain. Il se convertit au catholicisme, puis devient tertiaire dominicain de la Fraternité du Saint-Sacrement de Paris. Il se prépare à la prêtrise mais la guerre, qui éclate peu après, l’empêche de concrétiser son vœu.
Qui était Ernest Psichari ?
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Dates : Né en 1883 – mort en 1914 à la bataille de Rossignol (Première Guerre mondiale).
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Origines : Petit-fils d’Ernest Renan, rationaliste et critique religieux. Psichari, lui, suivra un chemin inverse.
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Parcours : Élevé dans un milieu agnostique et intellectuel, il traverse une crise existentielle qui le conduit à la foi chrétienne, plus précisément au catholicisme.
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Engagement : S’engage dans l’armée (artillerie, puis infanterie coloniale) et voit dans la vie militaire une forme de vocation spirituelle.
Sa conversion au catholicisme
C’est l’un des événements majeurs de sa vie. Sa quête intérieure le pousse à chercher un sens à l’existence, au-delà des idéaux rationalistes de son éducation.
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Il trouve dans le catholicisme une réponse à son besoin de transcendance, d’ordre, de sacrifice, et de fidélité.
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Il se convertit en 1906, après un séjour au Maroc. Il voit dans la religion une source de force, de discipline et de paix intérieure.
Principales œuvres et analyse
1. Le Voyage du Centurion (1912)
Résumé :
Roman initiatique inspiré par son expérience militaire. Un officier (le centurion) traverse le désert et, dans cette marche, vit une quête spirituelle, qui le conduit à la foi.
Analyse :
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Métaphore du désert comme lieu de dépouillement et de révélation intérieure.
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Forte influence biblique (le centurion romain de l’Évangile qui reconnaît Jésus comme le Fils de Dieu).
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Le militaire devient figure du croyant : discipline, obéissance, loyauté sont autant de vertus humaines que chrétiennes.
2. Terres de soleil et de sommeil (1913)
Résumé :
Œuvre de méditation et de contemplation, inspirée par ses séjours en Afrique.
Analyse :
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Le désert, à nouveau, est un espace mystique.
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L’homme confronté à l’immensité naturelle y cherche un sens supérieur.
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La nature devient un révélateur de Dieu.
Thèmes majeurs de son œuvre
| Thème | Explication |
|---|---|
| Foi et quête spirituelle | Psichari cherche Dieu à travers l’engagement, le silence, et le dépouillement. |
| Militarisme chrétien | Il voit l’armée comme une école de vertu, de service, de sacrifice. |
| Réaction contre le rationalisme | Il rejette l’héritage intellectuel de son grand-père Renan. |
| L’ascèse | Le désert, l’effort, la souffrance sont vus comme des moyens d’éveil spirituel. |
Postérité et importance
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Psichari meurt très jeune, en 1914, ce qui limite la portée de son œuvre.
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Il est considéré comme un précurseur de la littérature catholique engagée du XXe siècle (influence sur Bernanos, Mauriac…).
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Son cheminement spirituel et intellectuel fascine : d’un monde sans Dieu à une foi vécue avec rigueur.
Conclusion
Ernest Psichari est un écrivain catholique atypique : militaire, mystique, converti. Son œuvre explore la foi vécue dans l’action, dans la discipline et dans la quête de vérité. Il incarne un idéal de christianisme viril et exigeant, dans un monde en crise.
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23-Gustave Thibon 1903-2001
né en à Saint-Marcel-d’Ardèche et mort en dans la même commune, est un écrivain et philosophe français.
Métaphysicien et poète, toute sa formation s’est faite en dehors du système universitaire. À treize ans, en 1916, son père (paysan poète et érudit, grand connaisseur de Victor Hugo) étant mobilisé, il quitte l’école avec le certificat d’études primaires pour aider son grand-père à la vigne familiale.
Thomas d’Aquin et Jean de la Croix sont ses deux maîtres spirituels. En 1931, il fait la rencontre déterminante de Mère Marie-Thérèse (du carmel d’Avignon), devient tertiaire du Carmel, tandis que le P. Charles Henrion, disciple du bienheureux Charles de Foucauld discerne que sa véritable vocation est d’aller au devant des autres et de leur prêter, dans un souci de « philosophie concrète » ses mots et sa capacité de réflexion, ce qui le conduit à multiplier les articles et surtout les conférences jusqu’à un âge très avancé, tant en Europe qu’en Amérique.
En 1941, à l’instigation de son ami le père Joseph-Marie Perrin, il accueille chez lui la philosophe Simone Weil, qui veut, après son expérience d’ouvrière chez Renault, tenter une expérience analogue de travailleuse agricole. Il racontera qu’initialement il n’était pas favorable à la recevoir, mais que très rapidement après l’avoir rencontrée il reconnaîtra « un être supérieur » comme il n’en a jamais connu ; de leurs échanges naîtra, selon ses propres termes, une amitié « absolument indéfectible »
Pour Thibon, « si la poésie n’est pas cette évocation du monde qui demeure au-delà – et au travers – du monde qui passe, l’affleurement du monde réel dans le monde des apparences, elle ne mérite plus son nom : elle est alors badinage, travail de bon ouvrier, voire travail d’orfèvre, mais non poésie. Car la poésie vient de plus loin que l’homme : en cela le poète s’apparente au prophète. »
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Paul Valéry 1871-1945
écrivain, poète et philosophe français né en à Sète (Hérault) et mort en à Paris.
Durant la nuit orageuse du 4 au , alors qu’il est en vacances à Gênes dans la famille de sa mère, il connait ce qu’il décrit comme une grave crise existentielle. Il en sort non seulement résolu à « répudier les idoles » de la littérature, de l’amour et de l’imprécision, mais aussi à consacrer l’essentiel de son existence à ce qu’il nomme « la vie de l’esprit ». Les Cahiers dans lesquels il s’astreint à noter toutes ses réflexions au petit matin en témoignent. « Après quoi », ajoute-t-il en manière de boutade, « ayant consacré ces heures à la vie de l’esprit, je me sens le droit d’être bête le reste de la journée »6. Il oriente son esprit vers de nouvelles valeurs, qu’il estime incompatibles avec la création littéraire : la rigueur et la sincérité de l’esprit, et la connaissance de soi.
Il indique à plusieurs reprises qu’il considère cette nuit passée à Gênes comme sa véritable origine, le début de sa vie mentale.
(tiré de Revue du 3 è millénaire)
Poussé par un désir invincible d’aller plus loin, il se met à l’écoute des moindres oscillations de sa conscience : « Personne ne va au bout — à l’extrême nord humain — ni au dernier point intelligible, imaginable, ni jusqu’à un certain mur — et la certitude que là commence vraiment l’infranchissable. » C’est la tentation de dépasser cet infranchissable qui le meut. Et cette aspiration qu’il éprouve dans toute sa violence il la définit comme « la soif de l’âme élevée, inquiète et absolue », si proche alors de Simone Weil qui décrira quelque temps plus tard sa propre quête : « Appeler l’Esprit purement et simplement ; un appel, un cri. Comme quand on est à la limite de la soif, qu’on est malade de soif, on ne se représente plus l’acte de boire… On se représente seulement l’eau, l’eau prise en elle-même ; mais cette image de l’eau est comme un cri de tout l’être. » Mais cette démarche de Paul Valéry qu’il veut bien qualifier de « mystique » puisqu’il écrit : « Ce que je nomme Perfection élimine la personne de l’auteur ; et par là n’est pas sans éveiller quelque résonance mystique — comme le fait toute recherche dont on place délibérément le terme « à l’infini » , n’est cependant pas — à la différence de Simone Weil — une quête de Dieu car, pour lui, « il n’y a aucune raison d’appeler Dieu l’extrême de ce mouvement ».
Paul Valéry, mystique sans Dieu, ne tente pas d’accéder à un état de sainteté au sens religieux de ce terme ; il veut attendre non pas Dieu mais son Dieu, comme l’explique Ned Bastet, « dans cette expérience limite de l’existence qui communique l’illusion du divin ».
le poète est le premier à considérer que la discipline qu’il s’impose afin d’épurer son propre être lui procure les mêmes effets que doit procurer l’ascèse des croyants. Il reconnaît que « l’existence d’une répulsion égale à l’égard de toutes choses est la forme négative mais positivement sensible de ce qui doit se produire dans l’état d’oraison chez les croyants, avec substitution au Moi pur dans cette expérience (sienne) d’une sensation-Dieu »
L’ascèse poétique échappe au temps et crée une nouvelle dimension Mais l’absolu de l’être ne peut être qu’une figure délivrée du temps. Car, en se référant au passé ou à l’avenir, la pensée s’écarte de la personnalité et implique une distance entre l’être et le connaître. La contemplation est un phénomène instantané. Dès qu’elle s’installe, en effet, entre un passé et un futur, elle se charge de tout ce qui est inutile. Voilà pourquoi Paul Valéry tâtonne pour trouver l’accès à une autre dimension dans laquelle l’âme s’épanouirait dans un temps immobile. Or l’art seul permet de briser le carcan de la durée ou, du moins, de le modeler et de le reconstituer. Le poète s’émerveille devant la danseuse inspirée : « Regarde, mais regarde ! … Elle fait voir l’instant… O quels joyaux elle traverse ! … Elle jette ses gestes comme des scintillations !… Elle dérobe à la nature des attitudes impossibles, sous l’œil même du Temps !… »
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24-Léon Bloy :1846-1917
né en à Périgueux et mort en à Bourg-la-Reine, est un romancier et essayiste français.
En , il fait la connaissance de Jules Barbey d’Aurevilly, qui habite en face de chez lui, rue Rousselet (Léon Bloy habite au numéro 24). C’est l’occasion pour lui d’une profonde conversion intellectuelle, qui le ramène à la religion catholique, et le rapproche des courants traditionalistes
C’est Barbey qui le familiarise avec la pensée du philosophe Antoine Blanc de Saint-Bonnet, « une des majestés intellectuelles de ce siècle », dira Bloy plus tard. Par la suite, Ernest Hello eut également une très forte influence sur lui ; il semble même que ce soit lui qui l’ait incité à écrire.
Sa vie bascule à nouveau en 1877. Il perd ses parents, effectue une retraite à la Grande Trappe de Soligny (première d’une série de vaines tentatives de vie monastique), et rencontre Anne-Marie Roulé, prostituée occasionnelle, qu’il recueille, et convertit, en 1878. Rapidement, la passion que vivent Bloy et la jeune femme se meut en une aventure mystique, accompagnée de visions, de pressentiments apocalyptiques et d’une misère absolue puisque Bloy a démissionné de son poste à la Compagnie des chemins de fer du Nord.
C’est dans ce contexte passablement exalté que Bloy rencontre l’abbé Tardif de Moidrey, qui l’initie à l’exégèse symbolique durant un séjour à La Salette, avant de mourir brusquement. L’écrivain dira plus tard de ce prêtre qu’il tenait de lui « le meilleur » de ce qu’il possédait intellectuellement, c’est-à-dire l’idée d’un « symbolisme universel », que Bloy allait appliquer à l’histoire, aux évènements contemporains et à sa propre vie. Dès cette époque, il écrit Le Symbolisme de l’Apparition (posthume, 1925). Bloy sera associé à certaines influences qui s’exprimeront dans les mouvements les plus extrêmes du traditionalisme catholique, fortement imprégnés d’une eschatologie étroitement liée à l’apparition de la Vierge Marie à la Salette (1846), influences que l’on retrouvera, entre autres, dans Le Salut par les Juifs, signée par une ambivalence constante entre le Christ et l’Antéchrist.
De son œuvre, on retient surtout la violence polémique, qui explique en grande partie son insuccès mais qui donne à son style une force, un éclat et une drôlerie uniques. Pour autant, l’inspiration de Bloy est avant tout religieuse, marquée par la recherche d’un absolu caché au-delà des apparences historiques. Tout, selon Bloy, est symbole : reprenant le mot de saint Paul, il ne cesse d’affirmer que « nous voyons toutes choses dans un miroir » (1Cor 13,12), et que c’est précisément la mission de l’écrivain que d’interroger ce « grand miroir aux énigmes ». Certains voient en Bloy un anarchiste de droite ou « le modèle des pamphlétaires de droite », « récupération » dénoncée par Michèle Touret.
la dégradation de la figure christique dans l’oeuvre de Leon Bloy (Edouard Garancher)Philitt)
le salut par les juif ( lecture)
méditations d’un solitaire ( lecture)
un brelan d’excommuniés ( lecture)
je m’accuse ( lecture)