La malédiction progressiste et l’autoritarisme technocratique

 

 

A propos de l'inutilité et de l'ineptie des alternatives soi-disant vertes : http://partage-le.com/2015/03/les-illusions-vertes-ou-lart-de-se-poser-les-mauvaises-questions/

 

 

 

 

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Le progressisme culturel — l’idée que nous sommes destinés, en tant que civilisation, à aller de l’avant, à perfectionner et à sophistiquer toujours plus nos existences, qu’il est certain et normal que demain soit meilleur qu’hier, que nos conditions ne cessent de s’améliorer au fil du temps, et ce grâce au sacro-saint développement des sciences et des techniques —, au sein duquel les civilisés sont éduqués, s’attache à diaboliser le passé, de manière grossière, caricaturale et simplement mensongère. Le passéisme est alors un péché, moqué à l’aide des fameux « on ne va pas revenir en arrière ! »« ce que vous proposez c’est un retour à l’âge de pierre »« on ne va pas recommencer à s’habiller en peaux de bêtes et à s’éclairer à la bougie », etc.

Le bilan du progressisme et de l’autoritarisme technocratique

  • il n’y a plus que 2 véritables forêts sur Terre : l’Amazonie et le Congo

  Assèchement des lacs, des fleuves, des aquifères. Empoisonnement des eaux souterraines et des eaux de surface, surpêche, plastique, tuer les océans :  

-l’assèchement de 90% de la mer d’Aral, 4ième plus grand lac du monde , ou du lac Tchad dans le même pourcentage, par exemple.

-L’asséchement des fleuves : le fleuve Colorado n’atteint plus la mer. L’Indus, autrefois le 21ème  plus grand fleuve du monde — au débit de 200 kilomètres cube par an — n’est plus aujourd’hui qu’un « goutte à goutte qui touche à sa fin ». Le Rio Grande a perdu 80% de son débit. L’accomplissement suprême reste peut-être celui du fleuve jaune de Chine. Il s’agit du sixième fleuve le plus long du monde, avec plus de 5400 kilomètres. Un peu plus court aujourd’hui, puisque l’eau n’est plus gâchée mais utilisée ; 230 jours par an, il n’atteint plus l’océan.

l’asséchement des aquifères ( nappes ou terrains sous-terrains contenant de l’eau) : pour l’aquifère Ogallala aux Etats-Unis de 450 000 km2, les puits en certains endroits sont 90 m plus bas qu’au début du prélèvement. 21 des 37 plus grands aquifères du monde déclinent significativement, 13 d’entre eux sont au bord de l’épuisement. ( dont l’aquifère du bassin de l’Indus, au nord-ouest de l’Inde et du Pakistan qui est le deuxième sur-stress et le bassin de Murzuk-Djado en Afrique du Nord, le troisième. La vallée centrale de la Californie, très utilisée pour l’agriculture et en voie d’épuisement rapide. cf liste des aquifères)

Notre septième plus grand accomplissement concernant l’eau est l’empoisonnement des eaux souterraines  et de surface du monde. La quasi-totalité des plans et des cours d’eau du monde — des profondeurs océaniques jusqu’aux plus petits ruisselets — est contaminée par des toxines fabriquées par l’homme. En Chine, certains fleuves ont été tellement bien pollués que leur contact est toxique.

Il y a assez de plastique dans l’océan pour engendrer des plaques flottantes de la taille de grands états  –cf le septième continent-. Il y a assez de plastique pour qu’un poussin d’oiseau marin sur trois meure de faim sur certains sites de reproduction du pacifique, le ventre plein de plastique.

 Les scientifiques estiment que nous vivons aujourd’hui la sixième extinction de masse : 90% des grands poissons70% des oiseaux marins et, plus généralement, 52% des animaux sauvages, ont disparu ; depuis moins de 40 ans, le nombre d’animaux marins, dans l’ensemble, a été divisé par deux.

Les pays du monde, pris ensemble, produisent actuellement environ 50 millions de tonnes de déchets électroniques (ou e-déchets) par an, dont l’immense majorité (90%) ne sont pas recyclées.

La consommation globale d’eau douce actuelle (imaginez donc ce qu’il en sera demain !) est elle aussi d’ores et déjà largement insoutenable (c’est-à-dire que nous consommons l’eau des nappes phréatiques et des aquifères plus rapidement qu’ils ne se remplissent.

L’entité responsable de cette destruction, nous la connaissons bien, puisque la majeure partie d’entre nous, humains, y vit : il s’agit de la civilisation industrielle – l’organisation sociale dominante, aujourd’hui mondialisée.

Au niveau humain, les effets de la civilisation industrielle sont du même acabit : maladies (dont, bien évidemment, celles dites « de civilisation » : diabète, athérosclérose, asthme, allergies, obésité et cancer), dépressions, anxiétés et divers troubles psychologiques.

L’hybris

Toutes les civilisations sont infectées par une volonté de puissance délirante, l’hybris.

L’hybris, ou hubris, du grec ancien ὕϐρις / hybris, est une notion grecque qui se traduit le plus souvent par « démesure ». C’est un sentiment violent inspiré des passions, particulièrement de l’orgueil. Les Grecs lui opposaient la tempérance et la modération. Dans la Grèce antique, l’hybris était considérée comme un crime. Elle recouvrait des violations comme les voies de fait, les agressions sexuelles et le vol de propriété publique ou sacrée1. On en trouve deux exemples bien connus : les deux discours de Démosthène, Contre Midias et le Contre Conon. C’est la tentation de démesure ou de folie imprudente des hommes, tentés de rivaliser avec les dieux. Cela vaut en général de terribles punitions de la part de ces derniers.

Hybris que nous observons aujourd’hui, par exemple, dans la démence incarnée par une ville comme Dubaï, avec ses pistes de ski en intérieur, ses guépards en animaux de compagnie, ses tours plus hautes les unes que les autres qui atteignent presque le kilomètre ( Burj Khalifa: 830m)& leurs restaurants ultra-chics, ses îles artificielles, ses chambres d’hôtels sous-marines, et sa résidence hôtelière agrémentée d’une forêt tropicale intérieure.

 Tout contrôler 

 La civilisation se caractérise également par une obsession  en lien direct avec l’hubris précédemment mentionné , par une pulsion inhérente à son existence : le besoin de tout contrôler. Cette culture du contrôle, nécessaire pour son expansion, fait que tout ce qui existe doit être analysé et au besoin refaçonné, restructuré, de manière à s’imbriquer dans son modèle machinique (artificiel) de développement.

Ce qui fait, par exemple, que des propriétés aussi indissociables de la vie que la mort et la maladie sont considérées comme inadmissibles et devant être combattues. D’où la philosophie transhumaniste des individus les plus puissants de la civilisation, qui rêvent de ne plus mourir et de posséder des corps bioniques, peu importe les coûts pour les autres espèces, pour l’environnement et l’équilibre de l’écosystème Terre.

Pierre Fournier écrivait à ce propos : « on a trop dit que le robot inquiète, c’est une illusion d’intellectuel. Il inquiète l’homme qui réfléchit, il plait aux autres. Ils ont peur de tout ce qui, sans eux, simplement, existe. Tout ce qui est vivant les menace. Tout ce qui se fabrique les rassure. »

 La plupart des habitants de la civilisation mondiale actuelle ne se soucient même plus de l’absence totale de démocratie. ( toutefois le mouvement actuel des gilets jaunes pourrait être  l’expression de cette prise de conscience d’une partie de la population). Ils sont dépossédés au point de n’avoir plus qu’une votation parodique comme influence, et soumis à des propagandes médiatiques ainsi qu’à la standardisation et au conditionnement éducatifs, la plupart se résignent et acceptent docilement ce qu’ils prennent alors pour une fatalité.

Soulignons le rôle de l’industrie du divertissement (jeux-vidéo, cinéma, film, télévision, musique, roman, etc.), un des plus puissants outils (et peut-être le plus puissant) de contrôle des populations. Son mot d’ordre, qui pourrait se résumer à « divertir pour dominer », repose sur des principes séculaires de contrôle des populations au sein des empires, aussi anciens que les combats de gladiateurs.

La malédiction progressiste et l’autoritarisme technocratique

 

Comme le rappelle Jared Diamond« Les chasseurs-cueilleurs pratiquaient le mode de vie le plus abouti et le plus durable de l’histoire humaine. En revanche, nous luttons toujours avec la pagaille dans laquelle l’agriculture nous a précipités, et il n’est pas certain que nous puissions nous en sortir. » 10 000 ans de civilisation basée sur l’agriculture, puis l’agriculture industrielle et enfin sur l’agro-pétro-chimie ont continuellement dégradé la planète ainsi que la psyché humaine, et nous en sommes désormais rendus au constat introductif de ce texte.

Les soi-disant technologies « vertes » ou « renouvelables », en plus d’être, à l’instar de toutes les hautes technologies, conçues et contrôlées de manière antidémocratique, s’avèrent également destructrices.

En plus (mais surtout à cause) de tout ceci, l’individu, au sein de la civilisation industrielle, en est réduit à n’être qu’un minuscule rouage passif (car dépossédé, rendu impuissant par les institutions du système) d’une machinerie qui le dépasse largement. Il n’exerce (quasiment) aucun contrôle sur les institutions qui le dominent.

La volonté de (continuer à) bénéficier des conforts qu’apportent et que permettent l’industrialisme (et ses hautes-technologies) et la mondialisation implique pareillement ces structures sociales hautement hiérarchisées ainsi que ces pratiques destructrices de l’environnement.

Cependant, et parce que l’évocation même d’un renoncement est une hérésie au sein de la culture progressiste, il est aujourd’hui impensable pour la majorité des civilisés d’abjurer le développement technologique. Mais puisque toutes les hautes-technologies sont destructrices de l’environnement (extractivisme, transports, pollutions innombrables à tous les stades de production, etc.), et parce qu’y renoncer purement et simplement est hors de question, la culture dominante s’échine à trouver des solutions technologiques à ses problèmes technologiques. D’où la culture des alternatives (« altermondialisme »), d’où le commerce « équitable », d’où les smartphones équitables, d’où les éco-véhicules, les énergies « vertes », les bioplastiques, et ainsi de suite. Toutes ces choses, au demeurant polluantes et destructrices, peuvent effectivement l’être parfois dans une (légèrement) moindre mesure. Malheureusement, la croissance démographique et la production par définition infinie (croissance et expansion obligent !) de nouvelles technologies balaient le moindre gain. Et les choses empirent.

 

 

 

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