Né en 1959, Michel Onfray est docteur en philosophie, et auteur de plus de cent livres traduits dans plus de vingt-cinq pays.
pour partie : interview de Michel Onfray sur familleschrétiennes.fr
Je pose l’hypothèse qu’Orwell est un penseur politique à l’égal de Machiavel ou de La Boétie et que 1984 permet de penser les modalités d’une dictature postnazie ou poststalinienne, et ce dans des formes dont j’examine l’existence dans notre époque.
Quand il m’a fallu synthétiser mon travail, j’ai proposé le schéma d’une dictature d’un type nouveau. Elle suppose un certain nombre d’objectifs : détruire la liberté ; appauvrir la langue ; abolir la vérité ; supprimer l’histoire ; nier la nature ; propager la haine ; aspirer à l’Empire.
La théorie du genre est le produit d’une société dont l’objectif est de mener une guerre totale à la nature afin de faire de telle sorte que tout, absolument tout, devienne artefact, produit, objet, chose, artifice, ustensile, autrement dit : valeur marchande. C’est, à l’horizon centenaire, la possibilité d’un capitalisme intégral dans laquelle tout se produira, donc tout s’achètera et tout se vendra. La théorie du genre est l’une des premières pierres de ce pénitencier planétaire. Elle prépare le transhumain qui est l’objectif final du capitalisme – autrement dit : non pas la suppression du capital, comme le croient les néo-marxistes, mais son affirmation totale, définitive, irréversible.
En ouvrant la PMA aux couples de femmes on l’intégre dans ce processus de dénaturation et d’artificialisation du réel. On nie la nature, on la détruit, on la méprise, on la salit, on la ravage, on l’exploite, on la pollue, puis on la remplace par du culturel. Par exemple, avec les corps : plus d’hormones, plus de glandes endocrines, plus de testostérone, mais des perturbateurs endocriniens tout de même ! Allez comprendre… Ou bien encore des injections hormonales pour ceux qui veulent changer de sexe. Cette haine de la nature, cette guerre de destruction déclarée à la nature, est propédeutique au projet transhumaniste.
Par ailleurs, je n’ai jamais été génétiquement père mais, par le fait d’un mariage avec la femme qui est l’œil vif sous lequel j’écris désormais suivi par l’adoption de ses deux grands-enfants, je suis devenu père et grand-père de l’enfant de celle qui est devenue ma grande fille : je ne suis donc pas contre une « filiation d’intention », puisque j’en incarne et porte le projet, mais le tout dans une logique où l’on ne prive pas l’enfant des repères auxquels il a droit. J’ai assez bataillé contre la métapsychologie de la psychanalyse freudienne pour pouvoir dire que je me retrouve dans le combat de certains psychanalystes qui s’opposent à cette disparition du père soit dans la promotion d’un double père soit dans celle d’une double mère.
Michel Onfray
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sur Médiapart : Michel Onfray. Théorie de la dictature
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20 AOÛT 2019
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PAR JEAN-PAUL BAQUIAST
Dans ce nouveau livre le philosophe politique et militant athée bien connu Michel Onfray analyse ce qu’il nomme les nouvelles formes de dictature Celles-ci enferment nos sociétés dans la soumission aux intérêts industriels et commerciaux voulant étendre partout le régime de la consommation facile et excluant toute critique politique que ce soit.
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En 2007, l’auteur prolixe nous a gratifiés d’une Théorie du voyage où il explorait les motivations à partir au loin. Il omettait cependant les deux conditions nécessaires à voyager : l’argent et la liberté. Sans cette dernière, impossible de partir. Or curieusement, dans son dernier livre, Théorie de la dictature, aucune entrave à la liberté de voyager n’est mentionnée. De nos jours, on va où l’on veut à condition d’avoir de l’argent. C’est que la dictature dont parle Onfray n’a plus rien à voir avec les catégories de la pensée classique (de l’Antiquité au XXème siècle). On emploie le même mot, mais on est entré dans une autre dimension.
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Cette dictature n’est douce qu’en apparence, car son aboutissement logique est de substituer à l’homme actuel autre chose : une enveloppe certes humaine, peut-être modifiée avec le transhumanisme, doté de réactions encore humaines, mais à l’intérieur, y aura-t-il toujours la liberté ? L’âme ( nous traduisons : la personnalité et l’indépendance d’esprit) n’aura-t-elle pas été définitivement chassée ?…
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Michel Onfray n’offre pas dans ce livre de perspectives permettant d’échapper à cette dictature. Certes en France les pouvoirs dominants n’ont pas encore totalement supprimé la réflexion et la critique. Son livre en est une preuve. Mais quel écho aura-t-il dans les grands médias qui nous imposent une actualité non dérangeante, conforme aux intérêts dominants, et qui donnent très peu de retentissement aux critiques, aussi fondées soient-elles, dès qu’elles deviennent un tant soit peu radicales.
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