Manuscrit du Mémorial de Blaise Pascal, Bibliothèque nationale de France
Le mémorial de Pascal ( sur Wikipedia)
Ce texte d’une extrême brièveté est l’un des classiques de la spiritualité catholique et chrétienne en général.
Ces quelques lignes où Pascal exprime sa conversion à la personne de Jésus-Christ au moment même où il la vit ont valeur de paradigme, en raison des termes qu’il emploie mais aussi du caractère fulgurant de cette expérience mystique. Constamment réédité et commenté depuis la fin du XVIIe siècle, le Mémorial contient une triple invocation à Dieu régulièrement citée : « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants… »
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Le 23novembre 1654, c’est la nuit de feu de Blaise Pascal.
Pascal est un scientifique et philosophe du XVIIème siècle.
C’est un génie précoce. A 19 ans seulement, il invente la première machine à calculer.
Il apporte de nombreuses contributions scientifiques dans les domaines des mathématiques et de la physique.
Mais son œuvre prend une tout autre tournure à la fin de sa vie.
En 1654, Pascal a 31 ans.
On ne connaît pas la date précise, mais on sait qu’un jour, il se rend en carrosse chez un ami à Argenteuil. Alors qu’il traverse le pont de Neuilly, les chevaux s’emballent.
Ils foncent tête baissée vers le fleuve, là où il n’y a pas de garde-fou.
Ils se précipitent dans l’eau, mais heureusement pour Pascal, les laisses qui les attachaient au carrosse se rompent. Le véhicule s’arrête à quelques centimètres du précipice, si bien que le scientifique se retrouve la tête dans le vide.
Il y voit un premier signe de Dieu.
Le 23 novembre de la même année, entre 10h30 et 00h30, il vit une expérience d’extase. C’est sa « nuit de feu ».
Il voit et ressent la présence de Dieu. Dans un réflexe fulgurant, il se saisit de quelques feuilles qui se trouvaient non loin de lui et sur lesquelles il écrit tout ce qu’il est en train de vivre.
Il n’y a pas de description exacte de ce qu’il voit, mais plutôt celle de ses sentiments. Il écrit par exemple : « Joie, joie, joie, pleurs de joie », « certitude, joie, paix… ».
Le lendemain, il coud les feuilles entre elles, c’est ce qu’on appelle le « Mémorial » de Pascal.
Il garde constamment ces feuilles dans la doublure de sa veste. Il ne s’en sépare absolument jamais.
C’est pendant cette nuit-là que Pascal s’est véritablement tourné vers la religion.
Il va même commencer à écrire un ouvrage pour convaincre les athées de croire en Dieu. Un ouvrage dont le titre original est “Apologie de la religion chrétienne”.
Mais il meurt le 19 août 1662 avant de finir son projet. Il a 39 ans.
Les notes qu’il a rédigées dans sa dernière entreprise ont été rassemblées dans un ouvrage. Ce sont les « Pensées » de Pascal.
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C’est un accident de la circulation sur le pont de Neuilly en 1654, alors qu’il se rendait tranquillement à Argenteuil, dans le carrosse de son ami Artus de Roannez, qui va radicalement transformer la vie de Blaise Pascal (1623-1662) ; il y verra un signe que Dieu lui adressait.
…
Le 23 novembre 1654, Pascal eut alors une nuit d’illumination et d’extase.
Ce soir là, le naufragé incrédule saisit la bouée miraculeusement à portée de sa main. Il écrivit à la hâte ce qu’il voyait et ressentait, puis il cousit ce qu’on appelle depuis lors le Mémorial de Pascal, dans la doublure de son vêtement où on le trouva après a mort. Ce texte fort court, où de nombreuses phrases très brèves sont écrites sans verbes, témoigne d’une expérience bouleversante tout entière commandée par ces mots :
« Joie, joie, joie, pleurs de joie », « certitude, joie, paix… ».
Pascal se trouve en communion avec le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob, et non plus avec le Dieu des philosophes et de savants. Ce Mémorial consacre ce que l’on peut appeler la conversion de Pascal dont la vie se trouve désormais transfigurée :
« Je m’en suis séparé ; je l’ai fui, renoncé, crucifié.
Que je n’en sois jamais séparé ».
Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l’Evangile : « Renonciation totale et douce. »
Il trouve les mots pour développer avec logique et précision l’expérience profonde de conversion à Dieu qui fait d’un homme un chrétien : l’illumination soudaine, la paix avec Dieu, la joie du salut, la découverte de la véracité de l’Évangile, l’amour, le repentir, l’engagement dans une nouvelle direction, l’espérance d’une vie nouvelle…
Dès lors la vie de Pascal change du tout au tout et il consacre ses dernières forces au service de Jésus-Christ. Il cherchera, en particulier à écrire une Défense du Christianisme dont les pensées éparses, sont aujourd’hui rassemblées dans « Les Pensées de Pascal ». Sans le Pont de Neuilly, point de « Pensées »…
92 express, printemps 2007, p 74.
Jean Brun, La philosophie de Pascal, Que sais-je n° 2711, p 18.
José Loncke, Pasteur de l’Église de Courbevoie
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Fragment Contrariétés n° 14 / 14 – Papier original : RO 257-257 v° et 261-261 v°
“Double condition de l’homme”
D’où il paraît que Dieu, voulant nous rendre la difficulté de notre être inintelligible à nous-mêmes, en a caché le nœud si haut ou pour mieux dire si bas, que nous étions bien incapables d’y arriver. De sorte que ce n’est pas par les superbes agitations de notre raison, mais par la simple soumission de la raison, que nous pouvons véritablement nous connaître.
Ces fondements solidement établis sur l’autorité inviolable de la religion nous font connaître qu’il y a deux vérités de foi également constantes : l’une que l’homme dans l’état de la création ou dans celui de la grâce est élevé au‑dessus de toute la nature, rendu comme semblable à Dieu et participant de la divinité. L’autre, qu’en l’état de la corruption et du péché il est déchu de cet état et rendu semblable aux bêtes.
Ces deux propositions sont également fermes et certaines.
L’Écriture nous les déclare manifestement lorsqu’elle dit en quelques lieux : Deliciae meae esse cum filiis hominum. Effundam spiritum meum super omnem carnem. Dii estis. Etc. Et qu’elle dit en d’autres : Omnis caro foenum. Homo assimilatus est jumentis insipientibus et similis factus est illis. Dixi in corde meo de filiis hominum. ‑ Eccl., 3.
Par où il paraît clairement que l’homme par la grâce est rendu comme semblable à Dieu et participant de sa divinité, et que sans la grâce il est censé semblable aux bêtes brutes.