Ces 7 et 8 décembre 2024, Notre-Dame de Paris se montre à nouveau au monde entier grâce à la retransmission télévisée en mondiovision de l’office de réouverture de la cathédrale puis celle de la messe dominicale à laquelle participeront de nombreux chefs d’état. Ces événements exceptionnels font écho à celui de son embrasement le 15 avril 2019, événement déjà diffusé dans le monde entier.
.Ce soir là, au plus fort du brasier, la couronne d’épines se retrouve dans les mains du capitaine Franck des pompiers de Paris. Il vient de briser avec beaucoup de peine et en prenant des risques, la vitre du reliquaire où elle se trouvait. Cette couronne d’épines est pour les chrétiens celle que les soldats romains avaient placée, par dérision et allusion au roi des juifs, sur la tête de Jésus qu’ils accompagnaient pour sa crucifixion. Le haut de la croix portait en effet cette inscription « INRI » abrévaition de Iesus Nazarenus Rex ludaeorum – Jésus le Nazôréen, roi des juifs.
Les délais de reconstruction de la cathédrale ont été tenus et ce sont de véritables exploits techniques et aussi artistiques qui ont été réalisés sur dons privés par près de deux mille professionnels sous les ordres du général Georgelin et de son adjoint puis successeur Philippe Jost à la tête de l’établissement public chargé de la reconstruction alors que Philippe Villeneuve était l’architecte en chef du chantier.
Mais au-delà de ces exploits et du monument lui-même, Notre-Dame est le symbole de la chrétienté à Paris. La France fut considérée fille aînée de l’Eglise par Jean-Paul II à cause du baptême de Clovis dont les historiens nous disent que l’évêque Rémi le baptisa avec trois mille de ses soldats un 25 décembre à Reims à une date restée incertaine comprise entre 496 et 511. Aujourd’hui, après cet élan du message de Jésus en Gaule au début du VIè siècle, nous assistons depuis les années soixante à une déchristianisation massive de la société.
Si on se penche vers le passé de la cathédrale c’est d’abord vers Viollet-le-Duc que l’on se tourne. Cet immense architecte mais aussi historien, travaillera à partir de 1845 et durant près de vingt ans à sa réfection. On retiendra principalement la reconstruction de la flèche culminant à 96 mètres, dépassant de 10 m la précédente antérieurement démolie entre 1786 et 1792 et initialement érigée au XIIIè siècle. Cette réfection de Notre-Dame, la plus importante, alors, depuis sa construction, fut confiée au projet déposé par Lassus et Viollet-le-Duc à la suite d’un concours organisé à la demande du roi Louis-Philippe. Cette demande du roi est sans doute inspirée par la longue campagne menée par Victor Hugo qui lança une diatribe contre la dégradation de Notre Dame de Paris et publia son roman éponyme en 1831, immense roman populaire s’appuyant sur l’histoire de Paris et celle de la cathédrale avec au centre le bossu Quasimodo et la belle gitane Esmeralda.
Parallèlement, et en 1835, l’Eglise a confié au dominicain Lacordaire qui rêve de refonder le christianisme sur des valeurs de progrès, de libertés et de justice, sept prêches magnifiques dans la cathédrale. La renommée de ceux-ci n’a d’égal que les sermons de Bossuet deux siècles auparavant et au même endroit et plus loins encore ceux de Maurice de Sully le créateur de l’édifice. En 1845, le même Lacordaire s’apprête à inaugurer pour la troisième année consécutive les conférences de l’avent durant lesquelles il redonne à Notre-Dame et, malgré sa dégradation physique, le lustre qu’elle avait du temps de Bossuet. Il est temps alors pour Viollet-le-Duc, bénéficiant du souffle de Victor Hugo et de Lacordaire de s’occuper du chantier de rénovation.
En remontant le temps, on arrive à cet événement exceptionnel au regard d’un chrétien et qui eu lieu le 19 août 1239. Ce jour là, le roi Louis IX dit saint Louis car canonisé en 1297, se présente devant les portes de Notre-Dame, pieds nus, en simple tunique et sans son habit royal, pour venir présenter la couronne d’épines. Celle-ci a été achetée 135 000 livres tournois représentant la moitié des recettes annuelles du royaume. Cet achat a été fait à l’empereur latin de Constantinople Baudoin II de Courtenay, son cousin. La sainte couronne est à Constantinople depuis qu’elle a été confiée en 326 par des chrétiens de Jérusalem à Hélène mère de Constantin, premier empereur romain baptisé.
Il y a aussi un fragment de la croix et un clou de la lance ayant percé le flanc droit de Jésus qui proviennent d’un don fait à Charlemagne en 799 par le St Sépulcre de Jérusalem puis transmis par son petit-fils Charles II à l’abbaye de Saint-Denis. Avec la couronne d’épines, ils constituent les saintes reliques du trésor de Notre Dame.
Ce trésor, d’abord conservé à la Sainte Chapelle puis en d’autres lieux durant la Révolution, fut redéposé à Notre-Dame le 10 août 1806. La couronne d’épines fait partie, avec le linceul de Turin, la tunique d’Argenteuil et le suaire d’Oviedo (Espagne) des plus grandes et précieuses reliques de la chrétienté. Cette relique explique aussi pour partie l’importance de cette cathédrale aux yeux du monde chrétien.
En remontant encore le temps, on arrive à Philippe Auguste et Maurice de Sully ce dernier, évêque de Paris. Il poursuit la construction de la cathédrale dont la première pierre est posée par le pape Alenxandre III en juillet 1162. Elle fut bénie en 1185 mais son achèvement devra attendre 1223. La cathédrale actuelle a donc plus de 800 ans d’âge.
Mais lorsque le pape Alexandre III pose la première pierre en 1162, il sait sans doute qu’il pose celle-ci sur des fondations plus anciennes mises en place en 1010 sous le règne du roi Robert, dit le pieux et fils d’Hugues Capet. C’est dire que les fondations actuelles de la cathédrale ont plus de 1000 ans d’âge.
Mais en remontant encore le temps, on découvre que ces mêmes fondations bâties autour de l’an mille ont été mises en place sur un site, celui de l’île de la Cité, sur lequel avait déjà antérieurement été érigées au moins deux autres cathédrales ainsi qu’un baptistère . La première est la basilique Saint-Etienne, la seconde, s’appelait déjà Notre-Dame, et le baptistère, Saint-Jean-le Rond. Selon Grégoire, évêque de Tours au VI è siècle, la première cathédrale Notre-Dame aurait été érigée en 555 par Childebert, roi d’Orléans, un des quatre fils de Clovis. C’est depuis le concile d’Ephèse en 430 de notre ère, qu’un culte officiel est rendu à Marie, mère de Jésus. Les constructions de cathédrales dédiées à Marie vont alors se développer en Gaule accompagnées généralement à cette époque de la construction d’une seconde cathédrale contiguë dédiée à un saint martyr et d’un baptistère . Les historiens notent ainsi en Gaule plus de 90 cathédrales dites doubles dont celles de Notre Dame et Saint Etienne à Paris. C’est donc depuis près de 1500 ans qu’une cathédrale s’élève sur l’île de la Cité témoignant ainsi et depuis l’époque gallo-romaine, de la transmission continue du message chrétien en Gaule qui deviendra la France après le traité de Verdun en 843.
En 550, à Paris, nous sommes alors et de façon incertaine entre 100 et 300 ans après l’arrivée des premiers chrétiens dans ce lieu qui s’appelait encore jusque vers 310, Lutèce, nom francisé de Lutétia donné par les romains. Antérieurement à cette date et selon les résultats des fouilles archéologiques à cet endroit, le site de l’île de la Cité abritait déjà un temple païen consacré à Vulcain ou Jupiter.
Le premier chrétien évangélisateur du lieu est Denis de Paris, premier évêque et saint patron de la ville, ce dernier titre qu’il partage avec sainte Geneviève, figure symbolique de la capitale et qui vécut deux siècles plus tard. Il fut un des 7 prédicateurs envoyés en Gaule par le pape Fabien – pape de 236 à 250. Sans certitude sur les dates, nous sommes alors vers 250 de notre ère et l’évangélisation de la Gaule vient de commencer. Denis est martyrisé avec deux de ses compagnons sur la bute Montmartre et enseveli sur les lieux de l’actuelle cathédrale à Saint-Denis .
Les racines chrétiennes de la Gaule devenue la France ont donc près de 1800 ans. Malgré la déchristianisation actuelle, elles ont fondé indéniablement notre civilisation dont Paris est notre vitrine et Notre-Dame, son phare.
Que Notre-Dame, aujourd’hui si belle, contribue à rééclairer et réenchanter la France et le monde !
pour aller plus loin : la page sur Notre-Dame de Paris
- Notre-Dame de Paris mort et résurrection :
2.Notre Dame de Paris du sang et des larmes
3. Notre-Dame de Paris : mort et résurrection