4 septembre 2024
Sur écritures spirituelles .fr
François Cassingena-Trévedy est né à Rome en 1959. Il a intégré l’Ecole Normale supérieure en 1978. Il est docteur en théologie – « L’expérience et l’esprit de la liturgie »-. Il est entré dans la vie monastique en 1980 à l’abbaye bénédictine Saint-Martin de Ligugé et a été ordonné prêtre en 1988.
« Chacun a le Dieu de son espace » écrit l’ermite Frère François, lui qui fait l’expérience de l’espace intérieur allé avec celui des sommets du Cantal, des arbres et des êtres qui peuplent ce paysage d’altitude. De ce monastère sans clôture, il nous écrit depuis sa place, à part. Il médite sur le destin du christianisme d’aujourd’hui, un effondrement de « tout un paysage religieux ». Ce destin ne se tient pas en dehors de lui. Il en arpente les impasses ou les chemins balisés ou incertains comme l’interrogation lancinante sur la « chair » comme support métaphysique, ou sur « l’ascension » spirituelle. Les Écritures saintes sont la source continue de ce livre fait d’étincelles qui nous projettent loin sur les sommets clairs. Et nous voilà, allégés des cailloux amassés dans nos credo intérieurs, libres de penser ainsi le « religieux ».
une interview du moine payasan dans l’été du Figaro le 23/08/2024
François Cassingena-Trévedy, retiré au coeur de l’Auvergne après des décennies de vie monacale en abbayes bénédictines, nous livre ici un journal de bord singulier, rythmé autant par les « travaux et les jours » d’un peuple de hautes terres – celui du plateau du Cézallier dans le Cantal – que par la succession des fêtes de l’année liturgique.
Au fil des pages, le lecteur comprend qu’il y a ici adéquation, sinon équivalence, entre le temps ordinaire des tâches les plus humbles, soumises aux aléas des saisons et des bêtes, et le temps liturgique qui élève l’âme par ses rites et ses chants. L’étable apparait alors « aussi sacrée que l’église », la traite devient un « exercice cultuel », et la bouse « la matière d’un poème ». Aucune provocation dans ces formules surprenantes, seulement le vécu d’un moine qui a choisi de s’engager dans la condition paysanne, comme jadis la philosophe Simone Weil avait voulu embrasser la condition ouvrière. Ce faisant, il participe par son écriture poétique à la promotion d’un monde rural aujourd’hui éprouvé, et à la réhabilitation du nom de « paysan » qu’il va jusqu’à attribuer à ce « Dieu caché » auquel il destine quotidiennement ses mélodies grégoriennes.