L’anarchisme chrétien

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L’anarchisme chrétien est l’une des variantes de l’anarchisme tel que couramment défini, mais avec des justifications spirituelles, et/ou couplées de spiritualité.

Il se fonde sur les enseignements de Jésus de Nazareth, tels qu’ils sont transmis par les évangiles, qu’ils soient canoniques ou gnostiques, mais appliqués dans leur dimension critique vis-à-vis de l’organisation sociale et fondés sur la liberté des êtres humains.

L’anarchisme chrétien se fonde, d’un point de vue politique, sur la notion de « révolution personnelle » par le changement de chaque individu et l’application des principes anarchistes et chrétiens dans le présent, et non dans l’attente d’un « Grand Soir ». D’un point de vue religieux, il se fonde sur une relation principalement directe et personnelle avec Dieu. Certains conçoivent aussi cela comme la recherche de « l’Évangile intégral », vécu spirituellement mais aussi socialement.

L’anarchisme chrétien entend formuler et actualiser la plupart des questionnements des premières sociétés chrétiennes, en se référant parfois jusqu’à l’expérience des communautés esséniennes pour justifier ses options spirituelles et politiques.

La prégnance de l’éthique de la relation à l’autre dans les évangiles semble induire une vision de la collectivité comme organisme spirituel, dont la société contemporaine ne traduit guère les plus simples impératifs.

Les penseurs :

 

Leon Tolstoï : L’historien Jean Maitron considère l’écrivain russe Léon Tolstoï comme « le principal représentant de l’anarchisme chrétien ». Il est connu pour avoir rédigé des principes anarchistes, auxquels il est venu par sa foi.

réédité 28 mars 2015

Cet ouvrage de Léon Tolstoï (1828-1910), censuré en Russie dès sa parution en 1893 et réédité par le passager clandestin pour la première fois depuis plus d un siècle, est le maître-livre qui influença de manière décisive Gandhi, alors jeune avocat en Afrique du Sud. Dans ce pamphlet virulent contre les États et les institutions de la violence, le grand écrivain de la terre russe dénonce la trahison des Églises, coupables à ses yeux de renier le « véritable christianisme ». Il martèle sa foi inébranlable en la non-violence et invite ses contemporains à faire le choix de l insoumission plutôt que de se rendre complices de l’ injustice.

réédité 21 janvier 2010

L’individu  » animé d’un immense amour-propre « , dont le but est d' » atteindre la perfection et le succès dans toutes les entre-prises, et d’obtenir ainsi l’admiration et les louanges de son entourage », cet individu-là, brusquement contrarié dans son élan par un détail qui l’insupporte, peut-il, tournant le dos au monde, se consacrer à Dieu ? Ou bien, pour être plus précis : si la décision d’un tel être se trouve motivée par le désir de montrer à tous son mépris, se peut-il que, libérant alors une religiosité jusque-là étouffée par son orgueil, il se délivre de la pesanteur grâce à la soumission aux règles monastiques et ascétiques ? Telle est, brièvement exposée, la problématique du Père Serge. Cette nouvelle qui, pour être souvent passée inaperçue dans l’oeuvre de Tolstoï, n’en constitue pas moins, en même temps que son écrit le plus serré, le plus fondamental, une parabole à la fois violente, sobre et universelle digne de prendre place parmi les grands témoignages spirituels.

témoignage de lecteur : Tolstoï est un monument de la littérature mondiale, la cause est entendue. Cela dit, j’ai parfois l’impression qu’Anna Karénine ou Guerre et Paix éclipsent un peu le reste de son oeuvre et c’est dommage. A côté de ces deux merveilles, ce cher Léon écrivit en effet bien d’autres choses, plus brèves, plus modestes en apparence, mais dans lesquelles son génie, à mon avis, n’est pas moindre… J’aime beaucoup, en particulier, cette longue nouvelle qui date de 1890 et qui est d’une force et d’une beauté à couper le souffle… L’histoire? Le Prince Kasatsky, un jeune homme promis à un avenir des plus brillants, découvre, la veille de son mariage, que sa promise l’a trompée avec le Tsar… Meurtri, il décide alors, à la surprise générale, de se retirer du monde et se fait d’abord moine, puis carrément ermite, repoussant toujours plus loin les limites de l’ascétisme dans une quête d’Absolu spirituel… Mais peut-on, justement, atteindre l’Absolu?… La sainteté n’est-elle pas un Idéal chimérique?… Conte philosophique, parabole métaphysique, ce bref récit est de ceux qui vous habitent longtemps… Il est certes conventionnel dans sa forme, mais quelle violence dans son mysticisme, quelle fureur dans cette quête de pureté! Certaines scènes sont d’une telle puissance qu’on les lit quasiment bouche bée… C’est du Bernanos à la puissance mille… Un vrai coup de poing à l’âme… Rarement la littérature a aussi bien parlé de la Foi!

Tolstoï  expose une philosophie assez similaire à celle de Bakounine avec une critique de l’État, du capitalisme, de l’exploitation, ainsi qu’une dénonciation du clergé et de l’Église orthodoxe.

Il exprime aussi son désir d’une société fondée sur des principes non violents. Il tente d’appliquer ses principes à sa vie. Il partage sa vieillesse entre l’agriculture et l’éducation d’autrui de manière totalement autonome de l’État ou de l’économie, ce qui est pour lui le rattachement à une sorte d’idéal.

Tolstoï, le plus chrétien des anarchistesHUGUES LACAILLE D’ESSE,

 

Jacques Ellul : Jacques Ellul est surtout connu pour son analyse critique de la société technicienne, ses cours sur Marx à l’IEP de Bordeaux et ses ouvrages sur la révolution. Converti au protestantisme à l’âge de 18 ans, il se revendique comme très proche de l’anarchisme, et est considéré comme un anarchiste chrétien.

On assimile généralement le christianisme au conservatisme social et politique et le fait est que les Églises ont toutes collaboré avec les pouvoirs en place, depuis l’empereur Constantin jusqu’au clergé orthodoxe sous Staline. Pourtant, Jacques Ellul montre, textes bibliques à l’appui, que le christianisme, envisagé dans son rapport à la politique, dispose à l’insoumission, à la dissidence, à la récusation même de tout pouvoir, de toute hiérarchie. La parution de ce livre violemment iconoclaste s’inscrit dans la nécessaire redécouverte du philosophe, sociologue, politologue et théologien le plus fécond de notre époque. Jacques Ellul bouscule, blasphème et prend à revers, comme à son habitude, toutes les idées reçues.

 

Jacques Ellul : le christianisme est un anarchisme – Alexis Bétemps sur Phillit.fr, 13 mai 2015

Ivan Illich : Ivan Illich (1926-2002) était un penseur du socialisme libertaire, venant d’une famille aristocratique, ayant d’anciens liens avec l’Église catholique, dont les écrits portaient sur la critique de la technologie, de l’utilisation de l’énergie et de l’enseignement obligatoire. En 1961, il fonde le Centre pour la formation interculturelle à Cuernavaca qui devient le fameux Centro Intercultural de Documentación (CIDOC), afin de « contrer » la participation du Vatican dans le « développement moderne » du soi-disant Tiers-Monde. Ce centre fonctionne de 1966 à 1976.

L’école obligatoire, la scolarité prolongée, la course aux diplômes, autant de faux progrès qui consistent à produire des élèves dociles, prêts à consommer des programmes préparés par les  » autorités  » et à obéir aux institutions. À cela il faut substituer des échanges entre  » égaux  » et une véritable éducation qui prépare à la vie dans la vie, qui donne le goût d’inventer et d’expérimenter.

L’auteur de Libérer l’avenir poursuit ici sa recherche, pour les nations riches ou pauvres, d’un autre mode de vie : l’école doit pouvoir devenir le principal lieu d’une rupture avec le conformisme.

 » Si les outils ne sont pas dès maintenant soumis à un contrôle politique, la coopération des bureaucrates du bien-être et des bureaucrates de l’idéologie nous fera crever de « bonheur’. La liberté et la dignité de l’être humain continueront à se dégrader, ainsi s’établira un asservissement sans précédent de l’homme à son outil. « 

Dans ce texte phare, Ivan Illich amplifie et radicalise sa critique de la société industrielle. Dénonçant la servitude née du productivisme, le gigantisme des outils, le culte de la croissance et de la réussite matérielle, il oppose à la  » menace d’une apocalypse technocratique  » la  » vision d’une société conviviale « . Ce n’est que par la redécouverte de l’espace du bien-vivre, qu’Illich appelait la convivialité, que les sociétés s’humaniseront.

Felix  Ortt :

Après quelques années en tant qu’ingénieur, Félix Ortt trouve sa véritable vocation dans le militantisme : végétarisme, droits des animaux, anti-vivisection, droits de l’homme ainsi que celui des femmes, réforme sexuelle pour lutter contre les maladies vénériennes, l’anarchisme chrétien et les méthodes de guérison naturelles. Il a écrit pour (et vécu selon) chacune de ces disciplines.

Il est l’auteur d’un manifeste anarchiste chrétien. Émile Armand le cite dans l’encyclopédie anarchiste à l’article sur l’anarchisme chrétien/christianisme libertaire.

Jean Van Lierde : Jean Van Lierde est un militant pacifiste et antimilitariste belge, se définissant lui-même comme militant chrétien et en même temps comme libertaire.

Dorothy Day :

Dorothy Day (1897-1980) est une journaliste et une militante catholique américaine. Elle est devenue célèbre pour ses campagnes publiques en faveur de la justice sociale, des pauvres, des marginaux, des affamés et des sans-abris.

Née dans une famille épiscopalienne peu pratiquante, elle perd la foi puis devient une journaliste radicale, proche des milieux anarchistes et de l’ultra-gauche américaine. Après une vie de bohème et au moins un avortement, elle donne naissance à une fille, Tamar Theresa, et se convertit au catholicisme. Avec Peter Maurin, elle fonde le Catholic Worker Movement (« Mouvement catholique ouvrier »), qui défendait la non-violence et l’hospitalité envers les exclus de la société. Fervente dans sa foi, elle a aussi défendu l’orthodoxie morale chrétienne lors de la révolution des années 1960.

Le Catholic Worker Movement (Mouvement catholique ouvrier) commence par la création du journal The Catholic Worker dont le but était de promouvoir la doctrine sociale de l’Église. Des « maisons de l’hospitalité » se développent dans les quartiers pauvres de New York, ainsi qu’une série de fermes où des chrétiens vivent en communauté. Ces bâtiments sont ouverts à tous les pauvres qui souhaitent avoir un toit pour vivre. Day vit pendant un certain temps dans le Spanish Campd’Annadale (Staten Island), aujourd’hui démoli. Le mouvement se propage rapidement dans d’autres villes aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni ; plus de 30 communautés indépendantes mais affiliées au CW avaient été fondées en 1941. Aujourd’hui, il existe plus de cent communautés, y compris en Australie, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Irlande, au Mexique, en Nouvelle-Zélande et en Suède. Day a aussi été membre de l’Industrial Workers of the World.

document d’archive

Dorothy Day : la révolution du coeur 

Les mouvements

Jésus Freaks 

Jésus Freaks . fr

le Nouveau Monachisme. Inscrites dans la tradition monastique, ces communautés vivent la foi chrétienne, l’actualisent et la contextualisent pour notre société.
Ces communautés d’hommes et de femmes (célibataires, couples mariés et familles) partagent un style de vie basé sur des valeurs et une vision commune. Voici les douze caractéristiques qui définissent ce mouvement :

  1. Vivre dans des lieux abandonnés de l’« Empire ».
  2. Partager des ressources économiques entre membres de la communauté et ceux qui sont dans le besoin alentour.
  3. L’hospitalité envers les étrangers.
  4. L’opposition aux divisions raciales et sexistes au sein de l’Eglise et des communautés, associé à une recherche active d’une réconciliation juste.
  5. Une humble soumission au corps du Christ, l’Eglise.
  6. La formation intentionnelle sur le chemin de vie du Christ et dans la règle de la communauté selon le noviciat dans un mouvement monastique classique.
  7. Cultiver la vie communautaire entre les membres de la communauté intentionnelle.
  8. Soutenir les célibataires, les couples mariés monogames et leurs enfants.
  9. Proximité géographique entre les membres de la communauté qui partagent une règle de vie commune.
  10. Avoir le soucis de la terre que Dieu confie à chacun et soutenir l’économie locale.
  11. Travailler au rétablissement de la paix là où la violence fait rage et résolution des conflits au sein de la communauté selon le texte de Matthieu .
  12. S’engager dans une vie disciplinée et contemplative.

 

Le mouvement Jesus Radicals

Jesus Radicals

D’origine américaine, ce mouvement est aujourd’hui l’un de ceux qui mettent le plus en avant les connexions entre le christianisme et l’anarchisme.

 

vers la page Anarchism sur le site Jesus Radicals

Bibliographie

 

17 avril 2015

de Guillebon, Jacques  (Auteur), van Gaver, Falk (Auteur), Jean-Claude Guillebaud (Préface)

Journaliste et essayiste, Jacques de Guillebon est l’auteur de plusieurs essais remarqués, dont  » Nous sommes les enfants de personne » et « Frédéric Ozanam, la cause des pauvres ».
Journaliste, essayiste et écrivain voyageur, Falk van Gaver est notamment l’auteur de « l’essai Le politique et le sacré » et « du récit de voyage Le chemin du Mont. »
Ils ont publié ensemble « Le nouvel ordre amoureux ».

Anarchiste et chrétien ? Une équation impossible ?
Habitués aux clichés tardifs du type « ni Dieu ni maître », nous avons
oublié que l’anarchisme, comme le premier socialisme d ailleurs,
doit au christianisme plus qu à n’importe quelle autre doctrine ou
philosophie. Jacques de Guillebon et Falk van Gaver nous plongent
ici dans les eaux profondes de l insoumission à l’ordre des hommes.
Fleuve souterrain aux détours sinueux, l’anarchisme chrétien irrigue
depuis deux siècles la vie politique et intellectuelle du monde. Loin du
« catéchisme révolutionnaire » de Netchaïev, des bombes de Ravachol
et des cavalcades de Makhno, tantôt orthodoxe et tantôt hérétique,
cette anarchie religieuse fonde la pensée de la non-violence, inspire
les arts modernes, engendre la critique conjuguée de l’État et du
libéralisme. Les anarchistes chrétiens furent les premiers à s élever
contre un monde rapace livré à la technique. Pour eux, l « ordre sans
le pouvoir » est le dernier mot temporel des enfants de Dieu.

Une longue critique littéraire de AnarChrist sur Aleteïa

 

Actualité de l’anarchisme sur Relations

L’article qui ouvre le dossier, Sur les traces d’un héritage, énonce une utopie sociale subversive qui imprègne l’anarchisme : une rupture avec la fatalité, contraignant à accepter la domination comme allant de soi, alliée à une humanisation du monde. Les deux aspects fondamentaux et indissociables de l’amour du monde dont témoigne la tradition anarchiste sont en effet la révolte comme présence au monde, à la fois insoumise et amoureuse, et la fondation politique comme vo­lonté d’édifier la cité à partir des voix plurielles du peuple.

L’article de Gregory Baum situe historiquement les diffé­rents courants de pensée anarchistes, principalement l’anar­chisme communautaire, et montre l’influence que celui-ci a eu chez certains penseurs chrétiens. Y voyant une affinité avec la vie de Jésus, il a nourri leurs engagements auprès des appauvris et des exploités, contre les structures aliénantes et op­pressives du pouvoir.

sur le web

Actualité de l’anarchisme sur ReLations -février 2003

Chrétiens dans la mouvance anarchiste sur ReLations

 

 

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